.'•.'iiiia'luîuv :ftKv .J'^W^>;\'ér / ;./'^ ''•■;:; ETUDES DE THEOLOGIE ET D'HISTOIRE DE LA SPIRITUALITE DIRECTEURS ETIENNE GILSON et André COMBES Professeur nu Collège de France Professeur à l'Institut catholique de Paris II : : DOGME ET SPIRITUALITÉ CHEZ SAINT CYRILLE D'ALEXANDRIE PAR HUBERT DU MANOIR DE JUAYE, S. J. Professeur à l'Institut catholique de Paris PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorboïine (V^) 1944 -i-:> / Nihil obsiai : Lutetiae Parisiorum, die 30 juïiii 1943 M. BITH s. j. Prsep..Prov. Franciae Imprîmahir : Lutetiae Parisiorum, die 7^ septembris 1943'.. A. LEGLERC vie. gen. V-.; ^'' ' ^V,^V AVANT-PROPOS Cette étude sur saint Cyrille d'Alexaïidrie a été achevée en l'atinée 1944, •quinzième centenaire de sa mort : pure coïncidence qu'il nous plaît cepen- dant de souligner. Dans le grand évêque que certains esprits nous ont •surtout montré comme un « méchant homme », un « pourfendeur id'hérétiques », un « nouveau Pharaon », faire voir, selon le mot du cardinal Mercier, un «grand théologien de la vie spirituelle» était une tâche à première vue paradoxale. En l'entreprenant, l'auteur s'est efforcé de se conformer aux règles de la méthode historique dont la première est sans contredit de sympathiser avec son héros. Puisse cet essai, malgré .ses déficiences, être utile à ceux qui s'intéressent à la théologie patristique, aux chercheurs qui voudront pousser plus avant les études cyrilliennes, -aux esprits qui désireront approfondir, pour leur édification propre, à la suite d'un des plus marquants Pères de l'Église, les rapports du dogme •et de la spiritualité. De même que j'ai largement exploité les travaux de mes devanciers en les citant et en les critiquant, je souhaite que cet essai de reconstruction de la pensée cyrillienne serve, en dépit de ses nombreux défauts, à d'autres travailleurs comme d'une nouvelle base de départ pour la recherche et pour la réflexion. Loin de se croire définitif, l'effort individuel s'appuyant lui-même solidement sur le passé n'a qu'un seul désir : celui d'être « dépassé » par de meilleurs pionniers. Il ne veut avoir d'autre récompense que de se sentir porté ou fécondé par un effort communautaire vers la Vérité. La pensée religieuse de Cyrille fut nourrie parla Révélation chrétienne, guidée par le dogme catholique, puis vécue et expérimentée courage u- -sement dans la pratique. Si l'on a pu signaler chez l'évêque alexandrin, non seulement des défaillances inhérentes à toute nature humaine ipais .aussi ces défauts que rend plus visible un caractère entier et dominateur, <« le zèle apparemment amer et précipité d'un intégriste », il est juste de b AVANT-PROPOS dire qu'il y eut chez notre héros non seulement une farouche énergie à défendre « la piété orthodoxe », mais « un effort de raison éclairée qui devait s'épanouir en oraison ». Et lorsque Cyrille demande aux moines du désert de ne pas se perdre en des recherches subtiles sur le dogme, lorsque lui-même par contre se lance en des controverses interminables- et passionnées, il obéit au même sentiment qui est de maintenir et de défendre le dépôt de la vraie doctrine et d'établir un plein accord entre la foi populaire et la théologie savante. Malgré les apparences contraires,, il ne s'égare jamais en un « dogmatisme abstrait », en des discussions qui n'auraient aucun rapport avec la vie spirituelle ; sa préoccupation est au contraire de maintenir la liaison entre la pensée et ses formules d'une part et, de l'autre, la piété et la vie des chrétiens dans l'Église de Dieu. L'effort de pensée et d'expression correcte n'est assurément pas chez C^yrille négligeable ; et c'est une satisfaction pour l'esprit de le voir dans ses écrits trinitaires éviter à la fois le trithéisme qui, péchant par excès, multiplie en quelque sorte l'unique nature divine, le modalisme qui mini- mise pour ainsi dire la réalité des trois Personnes divines, le subordina- tianisme enfin qui voulait établir dans le Dieu trine comme une gradation de valeur et une hiérarchie. Ses écrits sur la Trinité, profitant de toutes les acquisitions du passé anticipent déjà la synthèse damascénienne. Satisfaction pour l'esprit encore que de suivre dans les écrits christo- logiques la pensée pénétrante de l'évêque d'Alexandrie ; elle se dégage lentement des formules trop unilatérales, des étroitesses de parti et d'école ; elle s'affermit toujours davantage entre le nestorianisme qui divise et le monophysisme qui unifie à l'extrême et elle parvient à une pleine sérénité après l'accord de 433 avec les Orientaux, avec Jean d'Antio- che et le grand Théodoret, annonçant déjà les expressions du pape saint Léon dont la formule christologique devait s'imposer avec une extraordi- naire autorité dans les Églises, en Orient comme en Occident. Sans doute, nous ne trouvons pas encore chez Cyrille l'expression «une personne en deux natures » pour exprimer humainement l'inexprimable mystère du Logos Incarné. Mais les tâtonnements même de notre auteur pour s'approcher inconsciemment de la formule dogmatique de Chalcédoine ont été utiles et méritoires et l'on doit du moins à l'évêque théologien d'Éphèse une affirmation plus nette que chez Origène et Athanase de ce que les techniciens appellent « la communication des idiomes ». Si, à propos de l'Incarnation du Verbe, nous employons nous-mêmes au cours de cet ouvrage le terme « unité de personne » — qu'on nous permette cette remarque en ces pages liminaires — ce ne sera que pour la commodité du langage. Il est bien entendu que cette expression ne AVANT-PROPOS / peut être utilisée ici que p£ir uïie anticipation ; mais c'est une anticipation légitime et il ne s'agit pas d'un pur aïiachronisme puisque pour souligner l'unité d'être du Christ,' Cyrille se sert d'expressions sensiblement équiva- lentes à celle qui sera définitive. A l'époque où il vécut, la théologie grecque n'avait pas encore d'expres- sion déterminée pour désigner l'union des deux natures dans la « personne » , en chantant les grandeurs de cette créature privilégiée qu'est la Vierge Marie, mère du Sauveur, nous introduit en fait dans une spiritualité qui est à la fois non seulement trinitairc et christologique mais aussi, oserait-on dire, mariale. Cyrille n'a pas édifié une ecclésiologie, mais il nous a laissé tous les éléments pour la construire. L'Église en tant qu'organisme et organisation devait tenir une place importante dans un travail tel que celui que nous présentons au lecteur et nous n'avons pas voulu omettre d'exposer la doctrine cyrillienne du owjxa Xpicrrou, si étroitement liée à la doctrine trinitaire, christologique, sotériologique et mariologique et si profon- dément imprégnée de la doctrine paulinienne et johannique : « Je suis le cep, vous êtes les sarments », « Tout a été créé par Lui et pour Lui. Il est avant toutes choses et toutes choses subsistent en Lui : Il est le Chef du Corps de l'Église. Car Dieu a voulu que toute la plénitude habitât en Lui ; il a voulu par Lui réconcilier tout avec Lui-même aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, ayant fait la paix par le sang de sa croix. » L'Église est mère des chrétiens^ ; nous naissons d'elle en même temps que nous naissons du Saint-Esprit. Montrant le sens spirituel de la maternité virginale de Marie, Cyrille souligne que par le caractère surna- turel de sa naissance, le Christ voulait nous apprendre ce que c'est que naître du Saint-Esprit. Au baptême, le croyant naît du Saint-Esprit ; car comme l'annonçait saint Jean-Baptiste, le Christ est venu pour nous baptiser dans le Saint- Esprit et dans le feu et par là nous faire participer de son esprit filial. Si nous citiyoJis au Christ, Fils bicn-aimé en qui le Père a mis ses complaisances, nous sommes justifiés en Lui, nous revêtons le Christ,. (1) P. C. 71, 12U, 192 sq. AVANT-PROPOS » BOUS ne devons plus appeler Père quelqu'un de terrestre. Notre Père est dans les cieux ; nous sommes tous frères ; nous avons le témoignage de Dieu en nous^. Citer un passage d'une telle richesse spirituelle, c'est équivalemment montrer au lecteur que Cyrille n'est pas seulement le théologien de la Trinité, du Christ et de l'Église, mais aussi et peut-être surtout de cette réalité mystérieuse que la théologie postérieure appellera la grâce sancti- fiante. C'est du même coup faire entrevoir la contribution que peut apporter la doctrine de notre auteur à une doctrine ascétique et mystique. Sans doute les quelques textes où il nous parle de l'union de l'âme au Verbe, de la contemplation d'Adam, de la vie spirituelle comme restau- ration de l'intégrité paradisiaque, de la vision de Moïse, des paroles inefïables adressées à saint Paul, de la Transfiguration du Christ au Thabor, de la vision face à face promise aux élus, sont rares, souvent même laconiques ; et ils ne nous permettraient que des conjectures sur ce que pourrait être la mystique de saint Cyrille. On peut le regretter. Mais par ailleurs il faut affirmer que l'approfondissement de la vie surna- turelle exprimée par le dogme plonge le fidèle expérimentalement dans le courant de la vie divine à laquelle on accède par Je baptême, par l'eulogie sainte surtout. Cette expérience chrétienne approfondie et illuminée par le dogme s'enracine dans la vie sacramentelle et par conséquent dans la vie litur- gique mais dans une liturgie dont on comprend le sens spirituel et qui est une Adoration en esprit et en vérité. La vie chrétienne dans son prolon- gement intérieur et son achèvement fait cheminer l'homme du paradis d'Adam au paradis céleste ; le fidèle tend à la perfection de la vie angé- lique, bien plus, dans le Christ et par le Christ ressuscité il trouve la voie qui reconduit à la patrie. Il porte, cachées en lui-même, les arrhes de la gloire qu'il possédera dans l'au-delà. Si certains passages sur la contemplation d'Adam, celle de Moïse, celle du Christ sont réduits à une trop simple expression et à notre goiit trop succincts, par contre les textes sur la participation à la ïaature divine, la présence de Dieu daïîs l'âme juste, la ressemblance avec Dieu, sont nombreux et suggestifs. Purification et transformation de l'âme, passage de la mort et de la corruption à l'état de vie, réconciliation avec Dieu, rénovation, renais- sance, nouvelle création, retour à l'état primitif où l'homme avait été créé, élévation à un état meilleur, toutes ces notions que mentionne Cyrille pour décrire la sanctification du chrétien sont développées assez longuement. (1) Sur la foi droite, à Tiiéodose, P. G. r 6, 1185 A, B, C sq. et Pusey, vol. Vil, p. IIG, 10 AVANT-PROPOS La saïictification , nous dit-il, produit des effets admirables dans l'homme- justifié ; car elle atteint non seulement son âme mais son corps et tout son être ; elle diminue la concupiscence et la force des passions ; elle fortifie contre les tentations, rend la pratique du bien plus facile, engendre- les vertus, donne droit à l'héritage éternel du ciel. Cette sanctification consiste dans l'élévation à l'ordre surnaturel avec tous les privilèges qui en découlent : l'adoption divine qui nous fait fils de Dieu et frères du Christ, fils par grâce sans doute mais réellement semblables au Fils par nature ; elle est une participation à la nature divine qui nous déifie au plus intime de nôtre être. Sans doute c'est le Christ qui nous a valu cette sanctification surnatu- relle : il est notre justification et de sa plénitude nous avons reçu ces- richesses divines. Il est devenu le second Adam, la racine et le principe de l'humanité régénérée, le médiateur entre Dieu et les hommes, la. sour'ce de toute sainteté et de toute vie surnaturelle. Mais le Saint-Esprit, on sait avec quelle force CyriHe insiste sur ce point, est vertu sanctificatrice du Fils; il opère la transformation des justes et fixe sa demeure dans les âmes. Avec le Saint-Esprit, toute la Trinité opère et habite dans les âmes justifiées. Par son caractère hypos- tatique, le Saint-Esprit est le ' sanctificateur par excellence. Il sanctifîe- par la grâce (xàpiç) qui embellit l'âme et lui rend cette intégrité qui avait été enleyée par le péché ; mais la grâce qui n'est point séparée de l'essence du Saint-Esprit, à proprement parler ne lui sert point d'intermédiaire dans l'œuvre de la sanctification. C'est le Saint-Esprit lui-même qui imprime son image dans l'âme^. II est envoyé par le Père et par le Fils ; il se donne lui-même à ceux qu'il rend participants de la nature divine 2.. Ainsi traversée par la lumière de la foi qui lui est venue par l'Écriture,, la Tradition et le Magistère vivant de l'Église, la pensée cyrillienne est toute centrée sur la présence, l'anïour et l'imitation du Dieu Trinitaire ; elle se fixe sur cette unité d'amour entre le Père et le Fils, exemplaire de la charité qui doit régner entre chrétiens dans l'Église « corps du Christ »■ et ainsi s'installe dans l'âme une dévotion spéciale au Saint-Esprit qui réside en nous, nous sanctifie et par un modelage intérieur nous forme à sa ressemblance. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». « Qu'ils soient un comme nous sommes un ». Dogme trinitaire et perfection chrétienne se rejoignent théoriquement et pratiquement, dans la notion et dans la présence de la Charité. Avant de reconstruire cette pensée apparemment complexe, avant (1) Dialogue VII sur la Trinité, P. G. 75, 1088 B ; Trésor, ass. XXXIII, P. G. 75^. 597 A-G. (2) Dialogue VII sur la Trinité, P. G. 75, 1089 A-D. AVANT-PROPOS 11 d'en dégager l'essentiel dans toute sa pureté, il fallait replacer le penseur dans son époque et dans la région où il a vécu, situer le personnage dans son cadre historique, indiquer nettement les diverses influences qu'il a subies. Nous avons essayé de le faire dans l'introduction, en rappelant seule- ment pour mémoire les grands faits de la vie de Cyrille. Et, cela, sans chercher l'originalité, sans prétendre faire un exposé exhaustif et détaillé des événements assez embrouillés qui ont jalouiaé son existence, pour ne point. sortir des limites de notre sujet et disperser l'attention du lecteur. Une note liminaire sur les divers écrits de Cyrille avec les références à la patrologie grecque de Migne, auji éditions de Pusey (Oxford) et de Schwartz (Actes des premiers conciles œcuméniques) permet d'avoir une vue d'ensemble sur l'activité littéraire de notre auteur et mçt dès l'abord devant les yeux les sources où nous avons puisé. L'analyse des œuvres cyrilliennes ne nous a pas semblé utile pour réaliser notre propos ; Bardenhewer en a donné une étude suffisante. Restait la tâche principale : mettre en relief la pensée religieuse dans sa simplicité et sa plénitude, tout en lui laissant l'orchestration grandiose des multiples écrits où elle s'éparpille à la fois et s'enrichit en face des divers problèmes qui successivement se posent. Connaissance et amour de Dieu le Père (1^** partie), vie d'union au Christ, vie dans le Christ, avec Lui et par Lui (2® paj;i.ie), habitation du Saint-Esprit dans l'âme du juste et spécialement dans l'âme de la Vierge Marie, Mère de Dieu (3^ partie), communauté de vie divine dans les membres du CTÛfxa Xpiarou, membres unis au Christ et entre eux par la foi, l'amour et la grâce non moins que par l'organisation visible de l'Église (4^ partie), approfondissement de cette notion de perfection chrétienne qui consiste dans la charité, dont l'exemplaire est la charité trinitaire, l'amour mutuel du Père et du Fils, le Saint-Esprit qui établit en nous sa résidence, telle est la charpente du présent ouvrage. Ajoutons que cette foi que nous avons reçue de la Charité et de l'Église et à laquelle nous avons été engendrés par le baptême doit avoir pour compagnes les œuvres et les autres vertus et que par l'apostolat, sorte de génération spirituelle, on doit la communiquer aux autres. Et ainsi les fils de Dieu deviendront pères à leur tour, imiteront dans le temps et transmettront réellement la vie éternelle ; et tous, fidèles à leur prédestination, repro- duiront l'image du Christ, image lui-même du Père (5^ partie). En ces quelques mots, le lecteur trouvera les données essentielles du système, le plan d'ensemble de la construction, en même temps, pour employer une autre comparaison, qu'un fil conducteur l'empêchant de se perdre dans la forêt des symboles, dans le dédale des développements ou dans la poussière des analyses. 12 AVANT-PROPOS Il suivra Cyrille dans les circuits accomplis par un esprit toujours en éveil et toujours en cheratin ; il le suivra dans la vivacité de ses réparties, dans la violence de ses indignations, dans la sublimité de ses contem- plations. Et il se convaincra que cet adversaire redoutable d'un Julien ou d'un Nestorius, d'un Apollinaire ou d'un Arius, d'un Diodore de Tarse ou d'un Théodore de Mopsueste, que ce « méchatit homme », ce « pour- fendeur d'hérétiques », ce nouveau «Pharaon» n'était pas, de tous points, comme certains historiens nous l'ont montré, un personnage antipathique. Entraîné par l'amour de la vérité, Cyrille est même parvenu, en dominant à la longue ses défauts de caractère à la vérité de l'amour. Au reste, notre dessein n'était point d'écrire la vie d'un saint, mais de montrer, en justifiant le jugement porté par le cardinal Mercier, comment pour Cyrille la vie spirituelle plonge ses racines ou plutôt trouve ses normes dans le dogme et de quelle manière la charité, sommet de la perfection chrétienne, par un accord du cœur et de la pensée, s'origine dans la foi et dans la charité trinitaires. Les références développées de la cinquième partie mettent à portée du lecteur comme un enchiridion assez complet de la doctrine spirituelle cyrillienne. Certaines notes complémentaires permettent de se rendre compte des sources ou du moins des citations profanes, patristiques ou scripturaires que notre auteur a utilisées. D'autres notes au contraire étudient les fluctuations et les répercussions de sa pensée. Tandis que les Scholia sur V Incarnation du Monogène et le traité De la vraie foi, adressé à V empereur Théodose exposent une pensée simple, claire et modérée, les analhémalismes et la formule du symbole d'union de 433 qui ont valu à leur auteur les plus vives critiques de son vivant et jusqu'à nos jours, caractérisent des positions extrêmes, les Anaihématismes nous menant jusqu'aux confms du monophysisme, le symbole d'union nous montrant les concessions permises faites par Cyrille au dualisme aDtiochien. Ces dissertations cyrilliennes montrent quelle place tenait dans sa pensée et dans sa vie, le Christ authentique, principe, voie et consommation de la vie spirituelle. Sans doute, le présent ouvrage suscitera bien des critiques. Historiens ou philologues reprocheront à l'auteur une méthode trop théologique, un plan exagérément systématique tandis que les philosophes se plaindront au contraire d'une progression insufîîsamment dialectique. Tout effort de reconstruction objective comporte inéluctablement quelque risque et doit nécessairement donner sujet à des censures de ce genre ; car un trop grand souci d'objectivité énerve souvent l'effort de synthèse et une excessive préoccupation d'organisation des idées peut parfois nuire au respect qui est dû aux faits et aux textes. Qu'on me permette d'ajouter, en terminant, que j'ai eu perpétuellement AVANT-PROPOS 13 présent à l'esprit pendant la composition de ce livre, mes anciens auditeurs d'avant-guerre (Séminaire des Missions du Proche-Orient, Fourvière, 1931-1939), les séminaristes laborieux qui furent mes jeynes et sympa- thiques compagnons de captivité dans le Wurtemberg (1940), enfin mes élèves actuels de l'Université catholique d'Angers, mes auditeurs et auditrices de l'Institut catholique de Paris. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à M. H. Ch. Puech, directeur à l'École pratique des Hautes Études (Section des Sciences Religieuses) qui a bien voulu s'intéresser à ce travail et l'accepter comme thèse en vue du diplôme de la section. Je remercie M. Etienne Gilson et M. l'abbé A. Combes d'avoir accepté le présent Volume dans la nouvelle collection qu'ils dirigent chez M. Vrin, Ils ont jugé que dans ces Etudes de théologie et d'histoire de la spiritualité, non seulement les grands docteurs d'Occident mais aussi les Pères grecs devaient avoir leur place, et parmi eux, celui dont nous célébrons cette année le quinzième centenaire. Trop oublié par les historiens de la spiritualité, considéré par d'autres, presque exclu- sivement, comme un controVersiste passionné, Cyrille méritait de ne pas rester dans l'ombre. Il paraissait équitable de dissiper dans une certaine mesure le discrédit qu'on a longtemps jeté sur lui. Au sortir de la guerre 14-18, je suivais en Sorbonne et à l'École des Hautes-Études, sur les grands docteurs d'Occident, Augustin, Bernard, Thomas d'Aquin, Bonaventure, les leçons magistrales de celui qui devait devenir l'éminent professeur au Collège de France. Dès lors s'ébauchait dans mon esprit cet essai à la louange de Cyrille qui fut une des lumières de l'Église d'Orient, héraut de la Trinité et de la Théotokos, et fort justement appelé par l'archevêque de Malines « grand théologien de la vie spirituelle ». 9 février 1944. En la fête de saint Cyrille. P. S. — Le Père Yves de Montcheuil, professeur à l'Institut Catholique de Paris, quelques mois avant de tomber dans des circonstances particu- lièrement tragiques et glorieuses sur le sol du Dauphiné, a été l'un de •mes reviseurs théologiques. Avec une fraternelle émotion je lui dédie ces pages, pour que son nom mis en tête de ce livre soit la marque de la fidélité de notre souvenir. J'ai contracté une dette singulière de gratitude à l'égard du P. P. Henry qui m'a prêté son concours dans le labeur ingrat de la correc- tion des épreuves. /' INTRODUCTION L'Ëglise d'Alexandrie an débnt dn V^ siècle La littérature grecque chrétienne qui se développe entre la fin du premier siècle et le milieu du sixième, dans son incontestable continuité, car on ne peut y constater aucune rupture à proprement parler, présente aux yeux de l'historien, comrae un triple grouperaient. Sans trop insister sur la valeur absolue de cette classification, on peut du moins pour la clarté de l'exposé, la diviser en trois périodes dont la première, celle des origines, s'étendrait jusqu'à la paix de l'Église (313), dont la seconde irait de l'édit de Milan à la mort de Jean Chrysostome (410) et dont la troisième ne s'arrêterait que pour faire place à la littérature byzantine (410-527). Période de formation, âge d'or, et, enfin, lente mais irrémédiable décadence. Dans les trois premiers siècles, tandis que Rome s'éloigne de l'hellénisme, des foyers de culture orientale brillent d'un vif éclat, en Asie Mineure, à Antioche, en Syrie. Une vie spirituelle intense anime les églises de Sardes et de Trafics, de Magnésie et de Laodicée, de Sniyrne, d'Éphèse et d'Hiérapolis. Bientôt, à côté de cette Asie Mineure que saint Paul évangé- lisa et qu'édifia la vieillesse de saint Jean, Antioche et la Syrie, vers la fin du iii^ siècle, commencèrent à tenir une place de premier plan dans le développement de la pensée chrétienne. Avec les premiers docteurs gnostiques qui enseignent à Alexandrie pendant la première moitié du second siècle, l'Egypte pénètre dans la littérature. Aux environs de l'an 200, l'école d'Alexandrie, avec Clément et Origène, devient le flam- beau de l'Église. Au milieu des vicissitudes les plus diverses, l'influence de ces deux maîtres, celle d'Origène surtout, se prolongera longuement. Dans la deuxième période de la littérature grecque chrétienne, les trois provinces dont nous venons de parler, l'Egypte, la Syrie, l'Asie Mineure, restent des centres de rayonnement. Autour d'Antioche et d'Alexandrie l'église d'alexandrie au début du v^ siècle 15 surtout, gravitent les autres régions de l'Orient, la Palestine forme pour ainsi dire un trait d'union entre les deux foyers, s'orientant plutôt vers l'Egypte au iii^ siècle, se rattachant plutôt à Antioche au iv^. Antioche explique les deux Testanients au sens littéral ; l'histoire et les réalités lui' conviennent. L'allégorisme par contre séduit Alexandrie ; au didascalée, en interprétant les livres saints, on cherche d'instinct le sens spirituel ; on y goûte la mystique ; on est aimanté par le divin ; on se plaît à honorer le Verbe né avant tous les siècles plutôt que le Fils de Marie qui a établi sa demeure parmi nous. Le nesiorianisme qui divise à l'excès le Christ se développera à Antioche ; le monophysisme qui fusionne outre mesure les deux natures dans le Verbe incarné, trouvera dans l'Église d'Alexandrie ses partisans les plus fidèles. Diodore, Théodore, Chrysostome, Théodoret sont les noms les plus représentatifs de la tendance d'Antioche. Athanase, Didyme, Cyrille sont les porte-paroles d'Alexandrie. La lointaine Cappadoce recueille l'héritage des vieilles églises d'Asie Mineure, Smyrne, Éphèse, Laodicée. Durant tout le iv^ siècle, la Cappa- doce brillera du plus vif éclat. Basile, Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse, nourris aux plus pures sources de la tradition catholique, formés au plus illustres écoles de l'antiquité classique, produiront des œuvres, :sermons, lettres, traités théologiques, poésies qui sont parmi les œuvres les plus achevées de la littérature chrétienne. La dernière période de la littérature patristique chez les Grecs commence à la mort de saint Jean Chrysostome et des grands Cappadociens ; elle marque le début d'une incontestable décadence. Les grands noms se font plus rares : un Théodoret de Cyr est parmi les hommes qui honorent le plus l'Église. Le patriarcat de Constantinople, à partir de 381, acquiert une impor- tance qui ne fera que grandir. La vieille rivalité entre Antioche et Alexan- drie ne cessera de croître ; leurs écoles, leurs théologiens, leurs exégètes détermineront toujours des courants de pensée très accentués, souvent opposés. Egypte et Syrie restent encore les deux pôles de la pensée chrétienne, mais peu à peu Constantinople, la nouvelle Rome, se fera centre d'activité intellectuelle et littéraire ; cette centralisation née au V® siècle, trouvera au vi® siècle son plein effet. Les derniers noms de la littérature grecque chrétienne, ceux de Léonce de Byzance, de Maxime le Confesseur, de Jean Damascène peuvent presque se rattacher à l'histoire de la littérature byzantine. Ce tableau de la littérature grecque chrétienne que nous venons de brosser à grands traits nous aidera à situer dans son époque et dans son milieu, celui dont nous voulons étudier la théologie, le plus grand des successeurs d'Athanase sur le siège d'Alexandrie : Cyrille. Ce tableau était nécessaire; il reste insuffisant. En effet, le point de vue auquel nous nous plaçons dans l'étude de cette théologie cyrillienne doit ici être 16 INTRODUCTION précisé, ainsi que le véritable cadre en lequel il convient de la situer. Ce n'est pas sous son aspect purement dogmatique, moins encore dans ses développements polémiques et apologétiques, dans ses réfutation» d'uu Julien l'Apostat, d'un Apolliu'aire, d'un Diodore de Tarse, d'un Théodore de Mopsueste ou d'un Nestorius que la pensée de l'évêque d'Alexandrie sera soumise à l'analyse dans les pages qui suivent. Notre effort tend à autre chose, puisque sa théologie spirituelle est l'objet de nos recherches et de notre exposé. Ce sont les rapports qui existent, dans ses écrits, entre le dogme et la vie intérieure que nous- voulons mettre en relief. Cyrille n'est pas, en général, considéré comme un chef d'école en spiritualité ; les historiens de l'ascétisme et de la mystique n'ont jamais- souligné son originalité dans ce domaine. Il semble, au premier abord, qu'il y ait peu à glaïier dans ses livres, touchant la vie intérieure des fidèles ou la sienne propre ; il nous parle peu de lui ; il nous découvre peu ses sentiments. Rien non plus de comparable à la doctrine d'un Basile ou aux enseignements d'un Chrysostome. En vain chercherait-on chez lui ces développements sur l'ascétisme, sur la perfection, sur la virginité et le mariage, sur la pauvreté, sur la mortification, sur la contemplation, sur l'amour de la solitude, ou de la vie commune, sur l'apostolat, que , l'on rencontre chez Clément d'Alexandrie, chez Origène, chez Méthode d'Olympe^. Chez saint Athanase, le grand prédécesseur de Cyrille, sur le siège d'Alexandrie, nous trouvons une étroite union entre le dogme et la spiritualité en même temps qu'un christocentrisme accentué. Pour saint Athanase, comme pour les Çappadociens ou pour Chrysostome, le .Christ apparaît perpétuellement comme la source d'eau vive à laquelle doivent s'abreuver les fidèles^. Les écrits des évêques d'Alexandrie entre Athanase et Cyrille ne sont pas soulevés par la même foi et le même amour à l'égard de la personne de Jésus. Après Pierre II (373-381) et Timothée (381-385), Théophile d'Alexandrie (385-412), par l'étendue de son ambition, par l'énergie de son caractère, joue à la fin du iv^ siècle un rôle considérable ; mais la valeur de sa théologie et à plus forte raison de sa doctrine spirituelle est (1) Sur cette période de l'histoire de la Spiritualité, le. lecteur peut consulter : ViLLER, La spiritualité des premiers siècles chrétiens, Bloud et Gay. G. Bardy, La vie spirituelle d'après les Pères des trois premiers siècles, Bloud et Gay. Pourrat, La spiri- tualité chrétienne, Gabalda, t. 1. (2) On trouvera des pages suggestives sur la Vie divine communiquée, le Christ et l'Église, la Sagesse éternelle et la Sagesse créée dans L. Bouyer, L'Incarnation et VÉglise-Corps du Christ, dans la théologie de saint Athanase. Les éditions du Cerf,. Paris, 1943. ÉDUCATION PREMIÈRE DE CYRILLE 17 assez miïice. L'oacle de Cyrille et son prédécesseur immédiat sur le siège d'Alexandrie, fut un personnage antipathique qui écrivit beaucoup ; ses lettres sont passionnées, ses discours violents et retors. Trait notable surtout dans son attitude : il se servit de l'origénisme comnae d'une arme pour anéantir ses adversaires et il trouva moyen de mobiliser dans son parti un Jérôme contre Rufm et contre Jean de Jérusalem, un Épiphane •contre Jean Chrysostome. Les écrits de Théophile ne peuvent trouver place en aucune manière dans l'histoire de la spiritualité. , Éducation première de Cyrille A sa mort, Cyrille fut élu évêque d'Alexandrie (17 octobre 4i2). Le nouvel élu allait-il allonger la liste des médiocres qui s'étaient succédé depuis Athanase? Nous n'avons que de maigres renseignements sur les influences familiales et scolaires subies par Cyrille. Sa famille établie à Alexandrie où elle occupait une position honorable^, lui fît donner une éducation soignée ; toutefois celui qui en fut le bénéficiaire nous déclare qu'il n'a pas été exercé à l'élégance du discours attique^. Chez lui, en effet, vainement chercherait-on un grand souci de la forme, un art très poussé de la compo- sition ; il n'est pas assurément un écrivain de race, nous croyons cependant qu'il ne faut rien exagérer et un examen attentif de la langue de Cyrille montre que dans ce domaine, notre auteur n'a pas toujours été apprécié à sa juste valeur, _ „ La lecture de ses ouvrages, de ses homélies, de sa corres- Sources profanes '=' ' ' pondance atteste une forte culture ; elle manifeste une connaissance relativement approfondie des écrivains classiques. Ouvrez par exemple le Contra Julianiim imperatorem, vous serez étonné du 'nombre des autorités profanes invoquées par l'auteur. Aristote, Platon, Alexandre d'Aphrodise, Porphyre, Hermès, Plotin, Pythagore, Xénophon, Plutarque, Homère, Hésiode, Pindare, Sophocle, Euripide, Hérodote, j'en passe, sont successivement évoqués^. On objectera sans doute qu'il ne s'agit souvent que de simples allusions, ou que les auteurs ne sont probablement cités, en beaucoup de cas, que de seconde main. Il reste que le nombre important d'auteurs païens, allégués par Cyrille, philosophes, historiens, • (1) Mansi VI, 1005 sq. ; Harduin II, 332 sq. (2) P. G. 77, 429 ; voir aussi P. G. 77, 748 B, C. (3) Cf. à la fin du présent ouvrage. Note B. Les citations cVauleurs profanes du Contra Julianiim, p. 448 sqq. 18 INTRODUCTION poètes, grecs ou latiïis, mérite d'attirer l'attention. Son esprit, on le constate, ne s'est pas cultivé au seul contact de la Bible et des écrivains- ecclésiastiques, mais, dans une large mesure, grâce à la fréquentation des auteurs classiques du paganisme. Dans sa vie, point de songe effrayant comme celui de Jérôme, ni de regrets amers à la manière d'Augustin. Je ne sais si le sermon ou plutôt le traité où Basile apprend aux jeunes gens comment ils doivent lire les auteurs profanes lui est tombé sous les- yeux ; en tout cas, si les lettres humaines ne sont point des amies intimes, elles ne sont point restées pour lui des étrangères. . C'est principalement aux sources ecclésiastiques que Cyrille a puisé. Il s'est nourri de la lecture des Saints Pères,, surtout de saint Athanase et des Cappadociens. L'éloge d'Athanase revient perpétuellement sous sa plume. Qu'on lise pour s'en convaincre sa lettre aux moines d'Egypte'^, son Discours sur la vraie foi, aux Reines^,. sa Lettre à Jean d' A ntioche^ y sa Huitième homélie pascale^. D'autre part, si quelqu'un cherche à plaire à Cyrille, comme Alypius par exemple au Concile d'Éphèse, il le comparera à Athanase. Dans une autre occasion, Cyrille est même appelé « fils d'Athanase ))^. Autres sources Si Athanase, parmi les « docteurs de l'Église », a. exercé sur patristiques Cyrille d'Alexandrie une influence considérable, il n'a pas été le seul à modeler son esprit. Cyrille s'est formé par la lecture et la méditation des Pères. Dans la défense du huitième anathématisme, se trouve un passage qui nous renseigne sur ce point : il s'agit de la manière d'arriver à la vraie foi. A ce sujet, le divin Paul nous invite à être très attentifs, lorsqu'il nous dit : t Examinez-vous vous-mêmes, voyez si vous êtes dans la foi » (II Cor., XIII, 5). Car, bien que l'amour-propre le fasse parfois sortir de la voie droite et abandonner les vraies doctrines, l'esprit humain n'ose cependant pas se fixer, pour ainsi dire, défini- tivement, dans l'erreur. Il se corrigera facilement lui-même, en lisant avec soin les travaux des anciens Pères dont l'orthodoxie est unanimement reconnue ; alors il contrôlera sa propre foi. Toutes les âmes droites s'efforcent de suivre les enseignements de ces Pères ; car après s'être remplis de la doctrine évangélique et apostolique et après (1) A. C. O., I, 1, p. 11 sq. ; P. G. 77, 14 sq. [A. C. O. = Acla Conciliorum œcume- nicorum de Ed. Schwarlz, tome I, vol. 1]. (2) A. C. O. I, 1, 5, p. 65, lig. 22 ; P. G. 76, 1212. (3) A. C. O. I, 1, 4, p. 20, lin. 9 ; p. 30, lin. 9. (4) P. G. 77, 582 A. (5) A. C. O. I, 1, 7, p. 146, lin. 26 ; p. 151, lin. 35 ; cf. A. C. O., I, I, 6, p. 156, lin. 22. Nous citons et traduisons la plupart des textes importants sur Athanase dans nôtre- Note C, placée à la fin du présent ouvrage : V Argumentation patristique dans la contro- verse neslorienne, p. 454. SOURCES PATRISTIQUES 19" avoir puisé dans les saintes Écritures une foi absolument pure, possédant la parole de vie, ils ont été les flambeaux du monde^. Se nourrir de la doctrine évatigélique et apostolique puis de la doctrine des Pères, voilà ce que Cyrille enseigne aux autres ; lui-même a lu et relu les écrits de ceux qui l'ont précédé et qui ont été les « flambeaux du monde ». Le tableau que l'on trouvera plus loin donne une idée des Pères que Cyrille a pu compulser ; il s'agit de citations de Pères ou de simples allusions à leurs écrits^. Cette synopse qui concerne l'argument patristique dans la controverse nestorienne montre les autorités auxquelles Cyrille a recours et par conséquent aussi les auteurs, qu'à des degrés divers, il a pu fréquenter. Notre docteur a pris un contact suffisant avec les Pères pour pouvoir en tirer à propos des citations appropriées. Il les connaît si bien, il s'est tellement pénétré de leur doctrine surtout christologique que selon le mot célèbre d'Anastase le Sinaïte, il mérite d'être appelé o^payiç TCùv Trarépcov^. Dans un texte que nous avons précédemment cité, Cyrille nous disait que les Pères s'étaient nourris de la doctrine évangélique et apostolique, qu'ils avaient trouvé dans les Saintes Écritures la parole de Dieu et y avaient puisé une foi parfaitement pure. Notre docteur lui aussi s'est soumis au même régime. Les nombreuses citations, les rémi- niscences continuelles, son style même nous font sentir jusqu'à quel point il a lu, médité, goûté les Livres Saints. Peut-être les pressantes recomman- dations qu'avait données Athanase dans son De Virginiiaie et dans son Epître à Marcellin, avaient-elles eu quelque influence sur lui*? Isidore de (1) A. C. O., I, 1, 7, p. 48, lin. 16 sq. ; ibid., I, 1, 5, p. 129 ; P. G. 76, 347, 350. (2) Cf. infra, p. 448. NoteB. Nous renvoyons aussi le lecteur à des fragments d'un ouvrage dogmatique qui n'est pas parvenu jusqu'à nous. Il s'agit du Livre des lexîes, cité par Léonce de Byzance (P. G. 86, 1832), recueil de textes patristiques, comme celui dont parle Cyrille dans ses lettres (P. G. 77, 85, 296) Il y puisa les citations lues à Éphèse et celles qu'on trouve dans ses propres œuvres. Outre le passage indiqué par Léonce de Byzance, on a quelques fragments insignifiants dans P. G. 77, 145. (3) Anastase le Sinaïte, 'OSïjyéç, c. VII, P. G. 89, 113 D. Anastase lui décerne ce titre à propos de sa doctrine trinitaire, mais il ne le mérite pas moins pour sa doctrine christologique et pour son enseignement sur la sanctification. — F. Cayré, dans son Précis, t. II, p. 33 lui attribue le titre de docteur de la grâce sanctifiante. Cf. Bonnetain, art. Grâce dans Supplément au Dictionnaire de la Bible, col. 705 : « Lés Pères de l'Église,, en dehors de tout langage technique, avaient envisagé la grâce sanctifiante aussi bien que la erâce actuelle. Les Pères grecs, en particulier, depuis saint Irénée jusqu'à saint Cyrille d'Alexandrie, docteur de la vie surnaturelle non moins que de l'incarnation, avaient développé les merveilles divines en nous.» (4) De Vir.ginitate, 12 ; Ep. ad Marcellinum, I, 2 ; 2-9 ; 10 ; 11-12 ; 13-14 ; 27-29, etc. On trouvera quelques traductions intéressantes concernant surtout les Psaumes. dans F, Cavallera, St. Athanase, coll. La Pensée chrétienne, Paris, Bloud, 1908, p. 304-306^ '20 INTRODUCTION Péluse dont nous allons dire bientôt l'influence directe sur Cyrille avait déjà fait cette remarque : « Les divins écrits bibliques procurent un gain considérable à ceux qui s'approchent d'eux avec un grand sentiment de foi ». Le gain qu'en retira Cyrille fut en effet considérable ; il s'y plongea dans le grand courant de l'Esprit-Saint^. Il sut en apprécier la merveilleuse variété et cette parfaite unité qui vient de ce que tout gravite autour de la grande figure du Christ, La Bible est un vaste organisme qui s'accommode des diversités humaines les plus grandes, les inclinant toutes à un même dessein ^ S'il lisait les Pères, c'est presque toujours parce que ceux-ci ne faisaient que commenter l'Écriture Sainte et étaient remontés eux-mêmes à ceux qui étaient les vraies sources. Nous appelons sources du Sauveur les sa,ints prophètes, les évangélistes et les apôtres, tout remplis eux-mêmes du Saint-Esprit, ils sont comme des rivières répandant • dans ce monde les eaux d'une doctrine salutaire et qui vient du ciel : ils réjouissent la terre'. Certains textes des Pères cités par Cyrille ne sont pas autre chose qu'une exégèse d'un passage scripturaire difficile. Il en est ainsi par exemple d'un passage de Pierre d'Alexandrie qui n'est que l'explication des versets 28 et 35 du chapitre premier de saint Luc. Un texte d'Atticus n'est pas autre chose qu'une citation ou une explication de quelques versets inspirés*. Dans le florilège du Concile d'Éphèse, on trouve fréquemment l'expression jumelée : « Ot IlaTspeç xat yj rpa9-;^ » car les Pères et la Sainte Écriture ne faisaient qu'un dans sa pensée ; dans ses disputes théologiques, l'argument scripturaire et l'argument patristique ne peuvent se séparer. Qu'on lise son traité Sur la foi droite, aux Reines, on constatera la connaissance précise que Cyrille a du texte de la Sainte Écriture, le parti qu'il en tire pour soï^ exposé, en même temps que le lien étroit qu'il établit entre argumentation scripturaire et argumentation patristique. (1) Cyrille n'avait point de peine à admettre l'inspiration de l'Écriture, lui qui admettait déjà une sorte d'inspiration chez les Pères, surtout ceux de Nicée, Vaîicana, n° 1, A. G. O., 1, 1, 1, p. 12. Casinensis, n° 1, p. 5. Vaîicana, n° 6 ; A. G. 0., I, 1, 1, p. 34 ; Casinensis, n" 8, p. 27 et 2S ; P. G. 77, 108 G, D, etc. . (2) Sur Isaïe, 3, P. G., 70, 656. Je me souviens avoir lu une pensée analogue dans Théodore de Mopsueste. Inlrod. au commentaire sur Jonas « Unus idemque Veteris ac Novi Testamenti Deus, ... uno scopo sibi proposito », P. G. 66, 318. (3) Aux Reines, deuxième discours sur la vraie foi, P. G. 76, 1337. (4) Philipp. II, 6 ; Jean, I, 14 ; Ps. XIV, 6, 8. — ■ Les références de ces textes de Pierre d'Alexandrie et d'Atticus se trouvent à la fin de ce volume dans notre note G. U argumenlalion palrislique dans la controverse neslorienne, p. 454. LA BIBLE • 21' L'Ancien Testament comme le Nouveau sont par lui analysés, com- mentés, extraordinairement exploités. Dans V Adoration en Esprit et en Vérité et dans les Glaphyres, Cyrille s'attache surtout à montrer comment la loi ancienne prépare et figure la loi nouvelle. Dans ses Commentaires sur Isaïe, sur les douze petits prophètes, sur VÉvangile selon saint Jean (des autres commentaires ïious n'avons que des fragments), Cyrille s'efforce de faire comprendre le texte sacré, en se rapprochant plus que dans ses premiers ouvrages de l'explication littérale, mais jamais- cependant il ne perd l'occasion, quaïid il le peut, d'en dégager le sens- spirituel. Deux passages significatifs sur le sens historique et le sens spirituel de l'Écriture feront voir la pensée de Cyrille. Son idéalisme, qui est un. réalisme supérieur, un spiritualisme, respecte le réalisme historique : c'est sur lui qu'il prend son élan.. Ceux qui, dans les Écritures inspirées, rejettent l'histoire comme une frivolité, se- privent en quelque sorte de comprendre, comme il faut, ce qu'elles contiennent.. La spéculation spirituelle, bonne et utile, illumine l'œil de l'entendement et crée sans doute des esprits très éclairés. Mais lorsqu'un événement historique nous est présenté, par les Saintes Lettres, il convient alors de traquer (ôyjpaoôat.) l'utilité de l'histoire pour que l'Écriture inspirée soit à même de nous sauver et de nous secourir par tous les moyens y>\ Dans le Commentaire sur le livre d'Osée^, parlant de l'union de l'âme- avec Dieu par la connaissance et l'amour, il expose la doctrine classique du mariage spirituel, mais en insistant spécialement sur la vertu- d'humilité. Il y est entraîné par son souci de sauver le sens littéral de la- Bible. Voici comment il explique que le prophète a vraiment reçu de Dieu, juge souverain du bien et du mal, l'ordre de s'unir à la péche- resse. Cyrille s'insurge contre ceux qui énervent le sens littéral de la Bible, en le volatilisant trop facilement en des sens allégoriques et spirituels : [xsTaTrXdcTTûiv Se &auep tîjç laropiocç t/jv Siiva[xiv elc, èwoÊocç TcvsufxaTtxàç.- Pourquoi ne pas prendre ici au sens littéral, s'écrie Cyrille, l'ordre que Dieu donne à son prophète sous prétexte qu'il est indigne de la sainteté divine? Ce littéralisme, au contraire, a pour nous un sens mystique plus- sublime ; il symbolise l'union du Dieu de condescendance avec l'âme qui est à ses yeux toujours pécheresse et indigne de cette grâce. Le Christ n'a-t-il pas bu et mangé avec les pécheurs et les publicains, par amour du mépris et des méprisés? Le divin Médecin n'est-il pas allé spontané- ment vers les malades? Pourquoi donc ne pas prendre à la lettre le texte d'Osée? Ne trouve-t-on pas en fait par ce moyen la signification spirituelle- (1) Sur Isaïe, L. I, orat. 4, P. G. 70, 192 A. (2) Sur Osée, P. G. 71, 28 B, 32 G, 33 A. '22 INTRODUCTION la plus profonde? Dieu, dans sa miséricorde infinie, fait les premiers. pas vers la nature coupable pour s'unir à elle ; c'est bien cela ce que signifie l'union du prophète avec la pécheresse^. Ces deux textes choisis montrent parfaitement comment Cyrille respecte le sens historique de l'Écriture et comment il sait admirablement en dégager le sens spirituel. Jusqu'à présent, en parlant de l'éducation première de Cyrille, j'ai insisté sur ses lectures, lectures des Pères et lecture de l'Écriture Sainte ; parmi les influences subies par le jeune homme, deux surtout sont à signaler, celle d'Isidore de Péluse et celle de son oncle, Théophile d'Alexan- drie. Le nom même de l'abbé de Péluse évoque à notre esprit le souvenir des solitaires et des cénobites qui peuplaient alors une partie de l'Egypte. S'il est aisé de voir le rôle qu'a joué l'Écriture Sainte dans la formation spirituelle de Cyrille, il est plus difficile de préciser quelle a été sur lui l'influence du monachisme et du cénobitisme. Je songe surtout à une influence immédiate et directe, car le rayonnement de la vie monastique en Egypte était si grand que Cyrille ne pouvait pas, même à son insu, ne pas en subir le bienfait. L'Egypte fut le pays des solitaires et c'est surtout pendant le iv® siècle que la vie monastique s'y développa^. Antoine (251-356), et sans doute Pacôme (vers 290-346) avaient été des maîtres d'ascétisme pour Athanase ; l'on sait quelle estime Cyrille devait avoir pour le héros de Nicée. Macaire d'Egypte (vers 300- 390) puis son disciple Évagre le Pontique, né dans le Pont, à Ibora, vers 345, et qui, après le Concile de Constantinople, vint passer en Egypte les dernières années de sa vie, contribuèrent beaucoup au développement du monachisme dans ces régions. Vers cette époque, les moines devinrent une véritable puissance, qui n'était d'ailleurs pas seulement spirituelle.^ Schenoute, ou Schenoudi, d'Atrépé, l'une des gloires du monachisme au v^ siècle, commanda à des milliers de religieux et de religieuses. Il faut le citer ici, non point tant à cause du style imagé et populaire de ses lettres et de ses sermons que pour ses relations personnelles avec Cyrille : il accompagna l'évêque d'Alexandrie au Concile d'Éphèse. Cyrille lui-même a-t-il été moine ? A-t-il vécu parmi les cénobites du désert? A-t-il été initié à la vie intérieure par Isidore de Péluse? Les historiens se sont souvent posé ces questions sans pouvoir arriver à des conclusions certaines. Il y a du moins quelques (1) "H yàp oÙK èv Ïctw Xéytp qjatr) tiç écv, elv:i [loi, TtovTjpa yuvatxl xov 7rpoç7)TY)V CTUvaTtTsoôai,, xal t6 àxaGàprcp 4'^XYÎ xotvcùveîv éXéaGat, tov tou 0eou Aôyov. (2) Cf. P. Rescii, La doctrine ascétique des premiers maîtres égyptiens, Paris, Beau- chesne, 1931. CYRILLE ET LE MONACHISME 23-' points qui ne laissent aucun doute, en particulier l'autorité dont jouissait - Isidore de Péluse à cette époque^. Isidore naquit à Alexandrie aux environs de 360^. Supérieur pendant une quarantaine d'années d'un monastère situé aux environs de Péluse, Isidore mena une existence simple, calme, mais extraordinairement active et féconde. Sa volumineuse correspon- dance révèle un esprit ouvert, cultivé, subtil ; elle touche aux sujets les plus divers, mais surtout aux questions d'ascétisme et d'exégèse. C'est, sans doute, au monastère de Péluse qu'il connut Cyrille ; car celui-ci passa quelque temps au « désert ))^. R. Aigrain a minutieusement analysé la correspondance de Cyrille avec Isidore de Péluse. Cyrille appelle volontiers l'abbé de Péluse son « père ». Celui-ci vénérait de son côté profondément l'évêque d'Alexandrie, mais cette vénération ne l'empêchait pas de lui dire vertement sa pensée. Antinestorien déclaré, Isidore blâme néanmoins chez Cyrille « un excès d'animosité contre Nestorius ». Dans une autre épître, la septième, l'abbé recommande à l'évêque d'éviter dans la discus- sion tout ce qui aurait un caractère trop personnel : depone liligia. Mais cela ne l'empêche point de tenir très fermes ses positions sur la question de doctrine : Isidore propose une' formule excellente dans une de ses lettres (n° 5) pour maintenir les deux natures dans le Christ et après l'union de 433, entre Cyrille et Jean d'Antioche, il craint qu'on ait fait trop de concessions. Toute cette correspondance indique une véritable intimité entre le supérieur du monastère et l'évêque d'Alexandrie. Cette intimité aurait-elle eu son origine, dans un séjour prolongé de Cyrille « au désert »? ■Cyrille aurait-il été moine?... M. Béthune-Baker* affirme que l'ami d'Isidore de Péluse serait demeuré cinq ans au désert, mais il ne donne aucune référence pour étayer cette assertion. Tillemont, par ailleurs^, s'appuyant sur l'autorité de Bollandus, considère comme possible que Cyrille ait été moine. Voici ce qu'il nous dit à ce sujet : Il fut élevé par les mains de personnes saintes et orthodoxes, à qui il donne le nom de Pères, ce qui semble marquer les Prestres ou les Evesques d'Alexandrie ses prédé- cesseurs, ou les Pères des déserts puisqu'il peut avoir pratiqué quelque temps la vie monastique et en avoir été tiré par Théophile pour estre mis dans le clergé. Mais nous ne nous amuserons pas à prouver qu'il n'a jamaisété Carme. Bollandus croitqu'on peut luy rapporter une lettre de Saint Isidore de Péluse qui ne luy serait pas honorable. (1) Cf. René Aigrain, ad lettres de saint Isidore de Péluse, éd. critique del'aïicienne version latine contenue dans 2 mss du Concile d'Éphèse, Paris, 1911. Dans P. G. t. 78. (2) Cf. Facundius d'Hermiane, II, 4, P. L. 67, 573. (3) Bardenhewer, Les Pères de VÉglise, trad. fr. Paris, 1905, II, p. 213 ; doutes exprimés par Mahé, D. T. C. III, 2476. Cf. Lettre I dans édition Aigrain. (4) Cf. Neslorius and his îeaching, Cambridge, 1908, p. 57. (5) Cf. Lenain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1709, t. XIV, p. 268. '24 INTRODUCTION Car il reproche au moine Cyrille d'oublier l'exemple de la retraite de saint Jean, laquelle il avait autrefois imitée avec une grande ferveur ; d'avoir l'habit et l'extérieur d'un solitaire et de s'embarrasser du soin des affaires du monde ; de vivre dans le désert et de porter dans son âme par le tumulte d'une infinité de pensées, le bruit et la con- fusion des villes... Ce texte est assez piquant. Malheureusement les critiques ont encore des doutes et se demandent si la lettre dont il est ici question^ est bien adressée à Cyrille d'Alexandrie ou à un autre Cyrille. Ne nous attardons pas trop à chercher une certitude absolue et coïicluons en disant ^ que •d'autres lettres adressées par Isidore à Cyrille, où l'on trouve conseils ■et réprimandes^ permettent de considérer comme probable le séjour de Cyrille, comme moine, au monastère de Péluse ou dans quelque monastère voisin. Directe ou indirecte, l'iïifluence du monachisme sur Cyrille ne fut pas négligeable : il fait dans ses œuvres la louange du monachisme*. Inver- sement, notons-le, il se considère comme ayant une certaine juridiction sur les moines des environs d'Alexandrie et il ne se fait pas faute de leur donner des conseils et des directives. * L'influence de Théophile sur son neveu n'est pas "Théophile d'Alexandrie 'tiik ■ -, j , , . négligeable", mais de se rendre exactement compte en quoi elle a pu consister, voilà qui est moins facile. Rappelons du moins quelques faits. Lorsqu'on 403, Cyrille suivit son oncle au conciliabule du Chêne, il dut s'édifier du zèle farouche que déploya ce jour-là son oncle évêque, en faveur de ce qu'il considérait comme l'orthodoxie. Ce zèle, le neveu en donnera un jour des preuves. Le successeur de Théophile déposera au concile d'Éphèse le successeur de Chrysostome et d'Atticus, à moins de trente ans d'intervalle. Entre le caractère de Théophile et le caractère de Cyrille, il y avait plus d'un trait commun : ses contemporains l'ont noté. Même sang ; souvent, même politique. Souvent aussi, semblables furent les circon- stances dans lesquelles l'oncle et le neveu eurent à déployer l'ardeur de leur tempérament dogmatique et dominateur. Au conciliabule du Chêne (403), Cyrille avait appris comment Alexandrie «devait procéder à l'égard de Constantinople, c'est-à-dire en prenant les 'Choses de très haut. Dans une autre occasion, Théophile allait montrer (1) L. I, 25, P. G. 78, 198. (2) Cf. Cayré, Patrol., II, 20. (3) Vg. L. I, 311 ; P. G. 78, 362 ; L. L, 324, P. G. 78, 370. (4) P. G. 70, 1364, 1365. ,(5) SOCRATE, H. E., L. VII, c. VII, P. G. 67, 749. THÉOPHILE d'aLEXANDRIE 25' par son exemple comment il fallait apprendre aux moines à bien prier! Relater cet épisode aidera à mieux comprendre le milieu dans lequel; Cyrille a vécu et les différentes actions qui ont pu s'exercer sur son âme encore malléable. Théophile prétendait avoir la responsabilité des moines qui « peu- plaient » les solitudes d'Egypte, spécialement des moines de Nitrie. Au sujet de la connaissance de Dieu et du culte dû à la divinité, les théories anthropomorphites s'étaient répandues jusque dans le voisinage d'Alexandrie. Au dire de saint Épiphane^, Audius, fondateur de la secte anthropomorphite, avait commencé sa prédication à l'époque du Concile de Nicée ; exilé par l'empereur en Scythie, il n'en continua pas moins sa propagande ; il alla en Gothie où de nombreux païens se firent « Audiens » (disciples d 'Audius) et où s'érigèrent plusieurs monastères dont Épiphane loue la discipline religieuse. Des confins de la Chalcide et des bords de l'Euphrate où la secte s'était répandue, les théories anthropomorphites- s'étendirent vers l'ouest et pénétrèrent jusque sur le territoire qui dépendait de la juridiction de l'évêque d'Alexandrie^. Il en devait résulter un obscurcissement dans l'idée de la Transcendance divine. Une naïve excla- mation du moine Sérapion nous en est une preuve. On avait essayé de le guérir de son anthropomorphisme et par une longue argumentation de le convertir à une notion moins épaisse de la Divinité ; bouleversé par ce changement soudain opéré dans son attitude religieuse, il s'était écrié,, avec une tristesse qui fait penser à celle de Marie-Madeleine après la. Résurrection : «Malheureux que je suis, on m'a ôté mon Dieu... et je ne sais plus qui adorer ou invoquer». Pour purifier un culte si peu spirituel, l'oncle de celui qui un jour écrira dans des circonstances quelque peu analogues un ouvrage « Sur l'Adoration en esprit et en vérité », l'oncle de Cyrille juge nécessaire d'intervenir; dans une lettre pascale^, il attaque avec tant de virulence l'idée que se font de Dieu les pieux solitaires qu'il est à son tour traité d'hérétique et d'adversaire des Écritures : dans tout le désert de Scété, seul l'abbé Paphnuce accepte son encyclique ; le parti; de l'opposition se transporte à Alexandrie et menace de mort «l'impie Théophile » qui avait une manière si déplaisante de défendre la Trans- cendance divine et d'attaquer l'anthropomorphisme. Mais le rusé patriarche est oriental : il sait tempérer l'ardeur de son zèle pour l'ortho- (1) Adversus Haereses 70, P. G. 42, 340-374. (2) SocRATE, H. E., VI, 7 ; P. G. 67, 684 ; Sozomène, H. E., VIII, 11 ; P. G. 67, 1544 ; Cassien, coll. X, 2, P. L. 49, 821. (3) Celle probablement de 399 dont nous parlent Sozomène, Cassien et Gennade.. Cf. sur cette encyclique, Bardenhewer, Geschichîe der Altchristlichen Literalur, Bd. III, Freiburg, 1912, p. 116 et Giuseppe Lazzati, Teofilo d'Alessandria, ch. III à V.. 26 INTRODUCTION doxie par une diplomatie subtile qui lui fera trouver des mots habiles et volontairement équivoques : « Je vous ai vus comme le visage de Dieu », , s'écrie-t-il, oÛtwç etSov œç Gsou npôaoiizov ; puis Théophile condamne, pour mieux prouver sa sincérité, les livres d'Origène ; et il dénonce les a Longs Frères» comme origénistes^. Je me suis étendu assez longuement en parlant de l'oncle de Cyrille parce que, à mon avis, parmi les influences subies par le jeune homme, l'influence de l'oncle sur le neveu a été certainement notable, sinon toujours heureuse. Lorsque Théophile mourra, le 15 octobre 412, son neveu, malgré une assez forte opposition, lui succédera ; trois jours -après la mort de son oncle, le 18 octobre, il sera intronisé. Gomme son oncle, mieux que son oncle, il se dépensera, surtout dans ses rapports- avec les Juifs et avec les anthropomorphites, à faire connaître Dieu, le vrai Dieu, et promouvoir une « Adoration de Dieu en esprit et en vérité » et nous verrons bientôt les développements magnifiques que contiennent ses œuvres .sur «l'image de Dieu»; comme son oncle et d'une manière plus digne que Théophile, il sera aux prises avec l'Église de Gonstantinople ; comme son oncle, plus que son oncle même, il déploiera un zèle ardent dans l'enseignement de la doctrine comme dans le gouver- nement des moines et des fidèles. Activité littéraire et apostolique de Cyrille _„ ,.,,, . L'œuvre littéraire et théologique de saint Cyrille est Œuvre littéraire , , . w , i i , i • . une des plus considérables de la littérature patris- tique orientale. La controverse nestorienne divise comme en deux périodes l'activité du saint docteur. Avant 429, le patriarche commente l'Écriture Sainte ; à cette première partie de sa carrière, se rattachent les dix-sept livres De Vadoration et du culte en esprit et en vérité et les treize livres des Glaphyres, puis des commentaires allégoriques d'Isaïe, des petits prophètes, de saint Jean, d'autres encore. Outre cette œuvre exégétique importante où dominent les préoccupations morales et où sont appliquées les règles traditionnelles de l'École d'Alexandrie, il faut signaler l'immense effort orienté vers la réfutation de l'arianisme et vers un exposé du dogme trinitaire qui est une véritable mise au point de la question à l'usage de ses contemporains. Il a clos, serait-on tenté de dire, les controverses trinitaires, mettant ainsi le sceau à la doctrine orthodoxe en Orient, comme le fit en Occident saint Augustin par son (1) Sur la condamnation des Longs Frères, cf. A. Leiiaut, art. « Ammone le Parote », in Dicl. criiisloire et de Géographie ecclésiastique, t. II, col. 1312. ACTIVITÉ LITTÉRAIRE DE CYRILLE 27 De Triniiaîe. De cette époque, c'est-à-dire encore avant 429, datent le Trésor sur la sainte et consubstantielle Trinité et les sept dialogues Sur la sainte et consubstantielle Trinité. Nous en exploiterons les richesses, d'autant plus que nos trois premières parties se rattachent respectivement aux trois personnes divines. Tout à coup éclate l'affaire ïiestorienne. Cyrille gouvernait depuis •dix-sept ans l'Église d'Alexandrie, lorsqu'il entendit parler des sermons du nouveau patriarche de Gonstantinople ; abandonnant aussitôt les travaux pacifiques, il se lance en plein combat ; il se fait le champion de l'orthodoxie. Entre 430 et 432, son activité littéraire est débordante ; ■courtes brochures, pamphlets et tracts se succèdent : Cinq livres de contradictions contre les discours de Nestorius; De la vraie foi, d l'empereur Théodose II ; Aux Princesses, Arcadie et Marine ; Aux Impératrices, Pulchérie et Eudoxie ; Apologie pour les douze chapitres contre les évêques d'Orient; Lettre à Evoptius; Contre l'attaque des douze chapitres par Théodoret; Explication des douze chapitres rédigés à Éphèse; Apologie à l'Empereur..., je ne cite ici que les principaux ouvrages auxquels 'il faut ajouter des lettres et des sermons, en particulier les six homélies que beaucoup d'historiens considèrent comme ayant été prononcées à Éphèse^. Le théologien Sur la valeur de Cyrille comme théologien spéciale- de la vie spirituelle ment en Christologie, je m'en tiendrai, pour le moment, à cette appréciation d'un des spécialistes les plus éminents de la littérature grecque chrétienne : II est incontestablement parmi les plus grands ; sur le développement de la Chris- tologie, il a exercé une influence décisive. Les formules qu'il a trouvées, les preuves qu'il a indiquées ont été à maintes reprises adoptées officiellement par l'Église; celle-ci a mis le sceau à tant de marques de vénération, quand Léon XIII a accordé à saint Cyrille le titre de docteur s. L'idée que nous voulons signaler et souligner ici et dont la présente étude poussera à fond le développement, est la place importante qu'occupent dans ses ouvrages la personne du Christ et la doctrine de la grâce sanctifiante, Cyrille n'a pas composé, à proprement parler, d'ouvrage d'édification ; mais il n'en reste pas moins que sa piété transpire (1) La question assez complexe des anathématismes qui d'ailleurs a peu d'impor- tance dans cette étude sur la spiritualité sera traitée dans un appendice. Cf. note D à la fin du présent volume, p. 491. Sur la chronologie des œuvres de Cyrille, nous donnons plus bas quelques indications dans le Tableau synoptique p. 53 sq., et dans la Noie A, p. 441 sq. (2) G. Bardy, Littéralure grecque chrétienne, Paris, 1927, p. 146-147. « Ce digne successeur d'Athanase fut ... non seulement un homme d'action, mais un écrivain abondant et un penseur de premier ordre «. F. Gayré, Précis de Palrologie, t. II, p. 21. 28 INTRODUCTION à travers ses écrits, même à son insu, et que son amour de Dieu, du Christ^ de la Vierge Marie, de l'Église, fuse au milieu des argumentations le& plus abstraites ; sa vie spirituelle est si inten.se qu'elle soulève de je ne sais quelle ferveur les raisonnements les plus rigoureux ; elle communique une sorte d'enthousiasme à ses développements les plus subtils et les plus abstrus. C'est que toutes ces subtilités, ces iquances de pensée, ces apparentes abstractions, correspondent pour lui à une réalité très concrète ; sa ferveur a de la peine à ne point s'épancher : pour lui, la théologie du Christ comme celle de la grâce sanctifiante n'est pas seulement un système d'idées qui n'aurait qu'un rapport assez lâche avec la réalité quotidienne, mais elle est expérience personnelle et vie. Au delà des passions qui s'agitent et se soulèvent en lui, au delà de sa volonté de triomphe, de son ardente ambition, de son impulsivité, de son esprit de domination, qu'il a en grande partie hérités de son oncle,, il y a un zèle sincère de la vérité, un souci de ce qu'il appelle « une piété orthodoxe » qui le dévorent. Le Christ dans sa vie comme dans ses écrits tient une place unique ; on le constate, même dans les ouvrages qui précèdent la controverse nestorienne. C'est précisément parce que le Divin Rédempteur était le centre de sa pensée qu'il se trouvera si bien préparé à défendre la foi traditionnelle en Christologie. « Ce ne sont pas les controverses, a-t-on très justement écrit^, qui l'ont instruit sur le Christ ; c'est bien plutôt la science qu'il en avait qui l'a jeté dans ces luttes doctrinales dont l'enjeu était la réalité même de l'incarnation ». Ajoutons qu'il ne faut point séparer de sa Christologie, sa doctrine sur l'Eucharistie, aliment de la vie chrétienne, chair vivifiante par laquelle le communiant s'unit direc- tement et physiquement au Verbe de Dieu. Si la première partie de notre étude exploite surtout le Contra Julianum pour montrer la connaissance et l'amour de l'âme chrétienne pour Dieu son père, la deuxième partie fera voir, grâce surtout aux ouvrages contemporains de la querelle nestorienne, cette place centrale qu'occupe le Christ dans la vie chrétienne. Mais cette vie chrétienne, vie du Christ dans l'âme, est une vie divine, donc une vie trinitaire. Sans passer sous silence la nécessité de ce que la théologie postérieure appellera la grâce actuelle,^ grâce nécessaire pour la pratique de la Vertu et la réalisation de la Vraie sainteté, l'évêque d'Alexandrie s'attachera surtout à montrer la' nature et les grandeurs de cette sainteté du chrétien, en la référant à la sainteté substantielle dont elle est une participation et en insistant sur l'habitation de la Trinité en nous. Cette manière d'envisager la vie chrétienne était (1) Cayré, Z. c, tome II, p. 21. ACTIVITÉ APOSTOLIQUE DE CYRILLE 29 bien dans la ligne de saitit Jean, de saiïit Paul, et de la tradition. Cyrille reprit ce qu'avaient dit les anciens, en repensant, revivant et donc revivi- fiant en quelque sorte cet héritage dogmatique et spirituel. « Il le répéta à sa façon, écrit le P. Mahé^, en y mettant sa marque personnelle. Il rapprocha et souda en système des données restées avant lui trop éparses ; il rattacha le tout, mieux qu'on ne l'avait fait encore, au dogme trinitaire et à la Ghristologie. En même temps, l'ardeur de sa piété lui inspirait, pour exprimer sa foi, des formules dont rien dans les écrits antérieurs n'avait égalé l'audace ni la vérité. » Ce zèle, cette piété, qui transparaissent dans la composition de ses ouvrages, se manifesteront également à nos yeux si nous examinons quelle a été la vie apostolique de Cyrille. Le 17 octobre 412, Cyrille, après une assez chaude bataille électo- rale, succédait à Théophile sur le siège épiscopal d'Alexandrie. Nous ne connaissons que très imparfaitement les débuts de son épiscopat et nous ne pouvons nous fier entièrement à ce que nous dit Socrate : le récit de cet historien, sur plusieurs points, est visiblement empreint de partia- lité^. D'après ce qui ressort de ses écrits, Cyrille exerça un apostolat assez intense. Il baptise, il prêche, il préside les saints Mystères. Les traits saillants de son caractère sont l'énergie et le zèle ardent pour la défense de la foi orthodoxe. Le jeune évêque est un audacieux:, un lutteur. Il écarte avec vigueur tout ce qui pourrait ternir la pureté de la foi catho- lique ; il neutralise par son enseignement l'influence du Judaïsme, des Novatiens et du Néoplatonisme finissant. Un peu de passion et d'arbitraire a pu se mêler à cette ardeur^. 11 est difficile de se faire une idée nette du conflit qui se déclenche entre Cyrille et Oreste, le gouverneur de l'Egypte. Mais rien ne justifie les allégations de Socrate, lorsqu'il insinue que l'évêque dirigea lui-même la main qui égorgea l'amie du gouverneur, la célèbre néoplatonicienne, la savante et belle Hypathie*. Le témoignage de Socrate représente des racontars accrédités sur les rives du Bosphore dans un milieu naturellement hostile aux Alexandrins : on ne peut s'y fier. La lecture de Cyrille nous montre l'évêque sous un jour plus favorable ; si on les étudie avec impartialité, on est obligé de conclure qu'il exerça un apostolat sinon exempt de tout défaut, au moins d'un meilleur aloi. (1) J^ Mahé, La sandiftcalion d'après saint Cyrille, R. H. E., X, p. 31. (2) Hist. eccL, VII, 7, 11, 13 et sq. P. G. 77, 749, 757, 760, etc. (3) Cf. les Lettres d'IsiDORE de Péluse, £p. 1, 310, 323, 324, 370, P. G. 70, 361, 369, 392. (4) Hisl. eccl. VII, 15. P. G. 67. Lire sur Hypathie le mémoire de Schafer, dans The Catholic Universiiy Bullelin, octobre 1902, t. VIII, p. 441 sq. 30 INTRODUCTION C'est surtout en analysant ses sermons que nous pouvons nous rendre compte de son attitude à l'égard des fidèles et nous faire une idée de sa spiritualité pratique. Gomme Athanase et Théophile, il ^composait chaque année une homélie pour rappeler le jeûne^, et fixer la solennité pascale. Il cAseigne à ses fidèles la nécessité de la mortification, de la pénitence, de la victoire sur soi même ; il n'oublie pas qu'il a le devoir de corriger se& ouailles et ne ménage pas ses reproches quand ils sont mérités ; il flagelle les vices en même temps qu'il fait l'éloge des vertus^. Il rappelle à ceux qui sont sous sa juridiction la noblesse et les obligations de la vie chrétienne ; il exhorte à la prière, à l'aumône^, au pardon des injures*. Constatation assez piquante, Cyrille en qui certains ont diagnostiqué un tempérament porté à la mégalomanie, insiste sur la Vertu d'humilité : To uijjoÇ sv TaTcswoTTQTi.. La vraic grandeur consiste dans l'humilité^. Il convient surtout d'insister, nous semble-t-il, sur le zèle que Cyrille déploya dans la défense de la foi, au moment de la co^ntroverse nestorienne. Si on étudie les textes directement et objectivement, sans se laisser influencer par certains historiens qui n'ont jamais pu dominer l'antipathie naturelle qu'ils avaient contre l'évêque d'Alexandrie, on est obligé de conclure qu'une foi sincère et extraordinairement ardente remplissait l'âme de celui que Léon XIII devait élever à la fin du xix^ siècle au rang de docteur de l'Église et dont Pie XI, en décembre 1931, louait encore le zèle pour la vérité, en même temps que la charité véritable, celle qui concilie l'amour fraternel bien compris avec un ferme attache- ment à la doctrine de vie^. Dans la controverse entre Nestorius, évêque de Constantinople, et Cyrille, évêque d'Alexandrie, s'agissait-il simplement d'une querelle d'amour-propre entre deux rivaux, désireux de faire prévaloir leur système théologique ou leur siège ? La correspondance du pape Célestin et des évêques anti-nestoriens nous montre que c'était la foi même qui, à leurs yeux, était en question ; le salut des âmes et des églises était mis en péril par une innovation doctrinale que rien ne légitimait. Cela ressort clairement par exemple de la lettre de Cyrille aux moines d'Egypte. L'évêque d'Alexandrie s'effraye de ce que des étrangers soient venus troubler la foi des moines, cette foi qui a été transmise aux églises (1) Sur le jeûne, cf. P. G. 66, 546. (2) Cf. vg. les homélies de 419 et de 420, P. G. 77, 544, 561, (3) Vg. P. G. 69, 1105. (4) Vg. P. G. 68, 568, 715. (5) Cf. tout le développement sur Luc, XXII, 31-32, P. G. 72, 913-916. (6). Encycl. Lux Veritalis, dans Ada Aposlolicae Sedis, annus 23, vol. 23, 26 déc. 1931, num. 14. — Cf. la lettre encyclique de Pie XII, A. A. S., 20 mai 1944. T. 36, p. 129. ACTIVITÉ APOSTOLIQUE DE CYRILLE 31 par les saints apôtres et qu'ils doiVerit conserver dans leurs âmes comme une pierre précieuse^. Comment peut-on se demander. si la Sainte Vierge doit être appelée ou non Mère de Dieu ? Car si Notre-Seigneur Jésus-Christ est Dieu, comment la Vierge qui l'a mis au monde ne serait-elle pas mère de Dieu ? C'est cette foi que nous transmirent les saints disciples bien qu'ils n'aient pas fait mention de ce vocable ; c'est aussi l'ensei- gnement que nous avons reçu des saints Pères 2. Ce thème longuement développé dans la lettre aux Moines est repris par Cyrille dans sa première lettre à Célestin. L'évêque d'Alexandrie avoue qu'il trouverait beaucoup plus agréable de mener une vie tranquille ; en gardant le silence, on est bien sûr de ne s'exposer à aucun danger^. Mais ne serait-il pas coupable de se taire, quand il s'agit de choses aussi importantes, quand la foi corrompue par plusieurs se trouve en péril? Parce que Dieu en ces matières exige de nous la vigilance et parce que la coutume des Églises, coutume antique et depuis longtemps en usage, nous fait un devoir de communiquer à votre sainteté les affaires de ce genre, je suis obligé de vous écrire, pour vous faire savoir que Satan est en train de tout bouleverser, qu'il s'acharne contre les Églises de Dieu et que partout il met le trouble chez les fidèles. Cette bête néfaste et qui se complaît dans l'impiété ne restera jamais en repos. Jusqu'à présent j'ai gardé un profond silence et je n'ai absolument rien écrit à votre sainteté ni à quelqu'un de vos confrères dans le sacerdoce au sujet de celui qui administre maintenant l'Église de Constantinople, car je sais parfaitement que la précipitation en ces matières est nuisible. Mais parce que le malest maintenant presque à son comble, je considère qu'il est absolument nécessaire de rompre le silence et de vous raconter tout ce qui est arrivé *. Des textes comme celui-ci — et il n'y a pas lieu de ne pas les prendre à la lettre — indiquent chez leur auteur une ardeur de foi peu médiocre^ et en même temps un effort de patience, une lutte contre la précipitation ; ils attestent également la conscience que Cyrille avait de ses responsabilités épiscopales, la sollicitude qu'il avait pour son Église, le respect qu'il professait pour la. piété des fidèles dont le consensus, nous aurons l'occasion d'y revenir, était pour lui en un certain sens un critère de l'orthodoxie. Dans cette lettre à Célestin, Cyrille ne se contente pas de rester dans les généralités ; il entre dans les détails pour bien montrer que la vraie foi qui lui tient à cœur est en péril. Au lieu de prêcher simplement la morale aux fidèles, Nestorius s'est inis en tête d'enseigner une doctrine fort éloignée de la foi évangélique et apostolique. Bien plus, à Constan- (1)A. G. O., I, l,l,p. lleti, l,3,p.4. Cf.P. G. 77, 13B. (2) A. C. O., 1, 1, 1, p. 11, 1. 27. P. G. 77, 13. (3) A. C. O., I, 1, 5, p. 10. P. G. 77, 80 BG. (4) A. C. O., I, 1, 5, p. 10. P. G. 77, 80 BC. 32 INTRODUCTION tinople, Dorothée, évêque de MarciaïiopoJis, homme cupide, adonné à la flatterie et prompt aux audaces de langage, s'est même un jour écrié • dans une réunion publique en présence de Nestorius : « Si quelqu'un dit que Marie est mère de Dieu, qu'il soit anathème ! ». A ces mots, une clameur s'élève ; le temple soudain se vide ; personne ne veut plus parti- ciper aux saints mystères avec des gens qui professent une pareille doctrine^. Que devons-nous donc faire ? Nestorius ne veut ni revenir à résipiscence ni s'abstenir de prêcher de pareilles doctrines ; la foi du peuple de Gonstantinople de jour en jour s'altère ; les fidèles attendent que les maîtres orthodoxes viennent à leur secours. •Garder le silence est impossible. Que pourrons-nous répondre au jour du jugement, nous à qui sont confiées la dispensation de la parole et la garde de la foi, si nous nous taisons en face de l'erreur ? A un ami de Nestorius, Cyrille écrit dans le même sens ; il apparaît de plus en plus comme un confesseur intrépide de la foi, en face du danger qui la menace. Les laïques n'ont à rendre compte que d'eux-mêmes, mais ceux qui portent sur leurs épaules la charge du sacerdoce ont la responsabilité de tous les fidèles*. La figure de l'évêque d'Alexandrie contraste étrangement avec celle de certains pasteurs qui, même sans qu'ils s'en aperçoivent, sont devenus les victimes et les intermédiaires même de conceptions et de théories, de pensées et de préjugés, qui, issus de milieux étrangers et hostiles aii christianisme, viennent menacer les âmes des fidèles. On songe par exemple à un Synésius de Cyrène, contemporain et proche voisin de Cyrille ; Synésius ne reviendra jamais de sa première éducation philosophique ; zélé pour la défense du peuple et des opprimés, l'évêque •de Cyrène restera toujours indifférent aux controverses religieuses de l'époque. Celui .d'Alexandrie se fera, par-dessus tout, le champion du idogme ; il luttera, quoi qu'il lui en coûte contre les erreurs persistantes 'répandues naguère par l'empereur Julien, contre les erreurs naissantes d'un archevêque, fut-il même archevêque de la seconde Rome, celui de la Cité impériale. Les autorités de la terre pourront lui faire sentir leur puissance, il ne se dérobera pas par une attitude timide, il n'esquivera pas les résolutions franches et courageuses. Dans sa lutte énergique pour l'intégrité de la doctrine, il conquerra, à défaut d'une sympathie ou d'une popularité qu'attire peu la gravité impérieuse de son esprit, sa pure et .solide gloire de confesseur de la foi et de docteur de l'Église. A quinze siècles de distance, de tels exemples n'ont peut-être pas perdu toute leur (1) A. G. O. Ibid., p. 11. Socrate relate un fait analogue, H. E., VII, 32. (2) A. G. 0., I, 1, 1, p. 108. P. G. 77, 61 GD. CARACTÈRE DE CYRILLE 33 efficacité. Aussi peut-il être opportun pour notre édification, en inêm,e temps que nécessaire pour l'hagiographe et pour l'historien de la doctrine, de relire cette correspondance ardente où se révèle un caractère. Écoutons le langage qu'il tient à Nestorius. Ai-je le droit de me taire, puisque la foi a été lésée si manifestement et que tant de fidèles ont été induits en erreur ? Ne sommes-nous pas tous responsables devant le Tribunal du Christ ? N'aurons-nous pas à rendre compte d'un silence inopportun et inexcusable, nous que le Christ a précisément constitués prédicateurs de la parole ?... Soyez persuadé que je suis prêt à supporter les chaînes, la prison et d'autres épreuves de ce genre, bien plus, la mort même, pour la foi du Christ^. A Jean d'Antioche, Cyrille explique, pourquoi il s'est rallié à l'avis du synode d'Occident : entre les lignes transparaît encore l'ardeur de sa foi et son désir sincère d'être et de rester dans les sentiments de l'Église, le seniire ciim Ecclesia. Nous avons décidé d'adhérer pleinement à la sentence des évêques assemblés à Rome ; car nous redoutons de n'être pas en communion avec des hommes si éminents. Après tout, ce n'est pas une question de peu d'importance qui a causé leur émotion et provoqué, leur sentence, ma,is c'est la foi à sauvegarder, les troubles de toutes les églises à apaiser et l'édification commune du peuple à promouvoir^ Dans une troisième lettre adressée à Nestorius, Cyrille interpelle ainsi son adversaire : Qui pourra nous aider au jour du jugement et que pourrons-nous trouver comme excuse, si nous avons gardé le silence en face des blasphèmes prononcés par vous contre lui (le Christ) ? S'il n'y avait que vous de lésé par vos opinions et votre ensei- gnement, on en aurait eu moins de souci ; mais c'est toute l'Église que vous avez scandalisée. Ce n'est pas seulement parmi les habitants de Constantinople, mais c'est parmi les fidèles du monde entier que vous avez jeté le ferment d'une hérésie nouvelle et inouïe; car vos homélies sont colportées partout^. En citant largement Cyrille dans les pages précédentes, ce Le caractère ,, i.,. . . . ■ n est pas du tout un aperçu sur la controverse nestorienne que j'ai voulu donner*, mais je me suis simplement proposé de mettre en lumière certains traits de son caractère, certains aspects de son âme (1) A. G. O., I, 1, 1, p. 24. p. G. 77, 41 CD. (2) A. C. O., 1, 1, 1 ; Casin., n" 16 ; P. G. 77, 96. (3) A. C. O., 1,1,1; Casin., n^ S ; P. G. 77, 105. (4) Pour prendre une vue rapide de la controverse, on peut lire vg. J. Tixeront^ Histoire des dogmes, 7"^ éd., 1928, tome III, ch. 2 ; P. Batiffol, Le siège apostolique, 2" éd. 1924, p. 337-411 ; G. Bardy, Les débuts du Nestorianisme dans A. Fliche et V. Martin, Histoire de VÉglise, t. 4, p. 163-191 ; M. Jugie, Nestorius et la controverse nestorienne, Paris, 1912 et art. « Ephèse » dans Dictionnaire de Théol. catholique. Dans, le même dictionnaire, E. Amann, art. « A^es?on»s ». 3,4 INTRODUCTION trop souvent laissés dans l'ombre par des historiens qui, à force peut-être de manquer d'indulgence à son égard, ont presque fini par manquer d'objectivité. Il apparaît nettement — et les pages qui vont suivre confirmeront cette impression — ■ que l'esprit de foi de Cyrille était ardent et que sa bonne foi était entière ; elle reposait de plus sur un fondement réel, car il n'a pas été le seul à s'inquiéter de l'enseignement de Nestorius^. Il eut d'incon- testables défauts, ceux qui d'ordinaire sont inhérents à un caractère de sa trempe ; mais ce serait une erreur, nous semble-t-il, de soutenir que sa conduite, animée par un grand esprit de foi, ne fut pas aussi dans l'ensemble animée par l'esprit de charité. S'il manifesta, dans le feu de l'action, de l'impulsivité, de la nervosité, de la précipitation, ce dominateur a fini par bien dominer ses propres passions. Celui que ''on a appelé le «Pharaon » d'Egypte, qui, dans une lettre au cinquième concile œcuménique, a été traité de « méchant homme m^ parvint à modérer son ardeur excessive. Cet esprit d'une orthodoxie farouche, ce chef jaloux de son autorité qui usait de beaucoup de moyens pour réaliser ses fins, tantôt faisant une mobilisation impres- sionnante de clercs inférieurs, de parabolans et de moines, tantôt faisant agir sur les fonctionnaires de la cour impériale la toute-puissance des présents^, fit de plus en plus preuve de douceur, de patience et d'indul- gence. Ce dominateur dont l'action fut souvent au début si nerveuse, si précipitée, quand par exemple il voulut faire signer à l'épiscopat oriental les anathématismes avant de les avoir suffisamment expliqués, laissa apparaître de plus en plus les qualités foncières de son tempérament, au fur et à mesure que l'épreuve mûrissait son caractère et qu'il avançait ■en âge. Après avoir pacifié et "stimulé vers le mieux sa propre Église, on le vit aussi dans ses rapports avec les autres Églises progresser en sérénité, se laisser gagner par plus dé largeur d'esprit, par l'amour de la conciliation. Ses efforts, surtout après l'acte d'union de 433, quand il put marcher, la main dans la main, avec Théodoret et Jean d'Antioche, tendirent efficacement et inlassablement vers la réalisation de la paix et •de la charité entre les Églises. Tel est, réduit à quelques traits essentiels, le portrait de l'homme dont (1) Cf. sur ce point, H. du Manoir, Le symbole de Nicée au Concile d'Éphèse, dans •Gregorianum, 1931, vol. XII, p. 111 sq. (2) Cf. Mansi IX, 295 ; cette lettre, bien qu'on en ait dit, n'est pas de Théodoret. (3) Cf. P. Batiffol, Les présents de saint Cyrille à la cour de Constantino pie, dans jSiudes de Liturgie et d'Archéologie chrétienne, Paris, 1919, p. 154-179. INFLUENCE DE CYRILLE 35 nous allons examiner maiïitenatit la doctrine spirituelle dans ses rapports avec le dogme. On ne serait pas très éloigné de la Vérité en disant que cette doctrine reflète l'homme, à condition toutefois que l'on entende ici un Cyrille mieux connu qu'il ne l'est d'ordinaire, un Cyrille dont nous n'avons pas •de raison de nous défier lorsqu'au début de la trop fameuse controverse il nous fait cette confidence où il se livre tout entier : J'aime la paix ; il n'y a rien que je hais plus que les querelles et les disputes. J'aime tout le monde et si je iJouvais guérir un frère en perdant tout mon avoir et tous mes biens, je suis prêt à le faire avec joie ; car la concorde est ce que j'estime le plus... Mais il s'agit de la foi et d'un scandale qui atteint toutes les églises de l'empire romain... lia doctrine sacrée nous est confiée... Gomment pouvons-nous remédier à ces maux ?... Je suis prêt à supporter tranquillement tous les torts, toutes les humiliations, toutes les injures à condition toutefois que la foi n'en souffre aucun dommage. Je suis rempli •d'amour pour l'évêque N^torius, personne ne l'aime plus ardemment que moi... Si d'après le commandement du Christ, nous devons aimer nos ennemis eux-mêmes, n'est-il pas naturel que nous soyons unis par une affection spéciale à ceux qui sont nos amis et nos confrères dans le sacerdoce ? Mais quand la foi est attaquée, il ne faut pas hésiter à sacrifier notre vie elle-même. Et si nous craignons de prêcher la vérité parce •que cela pourrait nous causer quelque ennui, comment pourrons-nous, dans nos assemblées, chanter les combats et les triomphes de nos saints martyrs, étant donné que nous les louons surtout d'avoir réalisé ce mot de l'Ecclésiastique (IV, 28) : •Combats pour la vérité jusqu'à la mort^. Valeur doctrinale et influence Les jugements sont assez partagés au sujet de la valeur philosophique ■de Cyrille. Ueberweg^ prétend que l'évêque d'Alexandrie ne tient qu'une place insignifiante ou même négligeable dans l'histoire de la philosophie. Influence Si l'on considère la manière dont notre docteur met la raison sur Scheeben gu service de la foi, on est du moins obligé d'admettre qu'il mérite une meilleure appréciation. Scheeben avait beaucoup étudié Cyrille ; dans ses Myslerien des Christentums, parus en 1865, où il expose les mystères de la Religion chrétienne, comme formant « un tout orga- nique, un système de vérités, un cosmos mystique, reposant sur la Sainte Trinité^ », il s'inspire beaucoup des Pères grecs et en particulier de Cyrille d'Alexandrie. Il avait en efïet étudié Cyrille à fond et devait même se charger un jour de l'article « Cyrille » dans le Kirchenlexikon ; les éloges ne sont pas ménagés par le théologien allemand au docteur alexandrin ; (1) A. G. O., I, 1, 1, p. 108-109. P. G. 77, 61-64. (2) Ueberweg-Heinze, Geschichte der Philosophie, 8 aufl. II, p. 136. (3) Scheeben, art. Cyrillus, in Lexikon fur Théologie und Kirche, t. IX, col. 226. 36: INTRODUCTION il loue en particulier en des termes vigoureux, la rigueur de son argumen- tation, la forme et la force de sa dialectique, sa puissance de synthèse.- II va même jusqu'à comparer Cyrille à saint Thomas ; l'Alexandrin serait par rapport aux Pères grecs ce que l'Aquinate a été vis-à-vis des Pères- latins^. L'Aquinate d'ailleurs — puisqu'il est question de lui — Sur saint Thomas , ,, , -i. ti ^ • n n a pas ete sans être personnellement mfluence par Cyrille; sa théologie en général, sa christologie en particulier, sont émailiées de références ou d'allusions à la pensée religieuse de l'évêque d'Alex and rie 2. Sur Petau ^^ ^^^^ également quelle influence, Cyrille a exercée sur Denys- Petau^. Si le célèbre professeur du collège de Clermont s'est mépris, nous semble-t-il, dans l'interprétation de plusieurs textes cyrilliens, il n'en reste pas moins que la théologie du Père grec a fortement marqué la théologie de « l'aigle des Jésuites français » et que la conclusion fondamen- tale de son, système, concernant la présence substantielle des personnes divines, est due en grande partie à la fréquentation assidue du docteur alexandrin. Cette conclusion, pourrait-on dire, a été universellement^ acceptée ; dans ce qu'elle a d'essentiel, elle s'est imposée à l'assentiment général*. Or cette doctrine de la présence substantielle de la Trinité dans les âmes, sans laquelle il n'y a pas d'explication de l'état de grâce qui soit adéquate et qui fasse droit aux exigences de la tradition, Petau la trouvait admirablement exposée dans les écrits cyrilliens ; il a su en apprécier l'importance pour le Dogme et la Spiritualité. Nul plus que lui n'a peut-être mieux mis en relief sa valeur ; iJ l'estime praedara eî ad (1) « Dazu Kommt, dass er gegenûber der freieren Behandlungsweise bei den spateren Viitern danach strebt, eiiie strengere wissenschaftlisclie Méthode in Hinsicht auf systematische Ordnung, dialektische Porm und Schârfe, Knappe Zusammenfassung der Gedanken einzuhalten, und so zu den alteren griechischen Vâtern in âhnlicher Weise sich verhalt, wie z. B. der lil. Thomas zu den lateinischen ». Kirchenlexikon, art. « Cijrilhts ». (2) P. Renaudin, La théologie de saint Cyrille d'Alexandrie d'après saint Thomas, in Revue thomiste, 18 (1910) 171-184 ; 21 (1913) 129-136 ; du même, in Revue thomiste, 1934 ; du même, La Théol. de s. Cijr. d'Alex, d'après s. Thomas d'Aquin, Imprimerie Saint-Norbert, Tongerloo, 1937, — ■ Cf. J. Backes, Die Christologie des heiligen Thomas von Aquin und die Griechischen Kirchenvàler, Paderborn, 1931. J. Backes a montré que ]a documentation de s. Thomas d'Aquin est de beaucoup supérieure à celle des grands scolasliques surtout en ce qui concerne la connaissance de s. Cyrille d'Alex, et que les citations inauthentiques sont chez lui extrêmement rares. Cf. la controverse qui s'est élevée entre le P. Gardei] et M. Turmel au sujet du nombre des textes de Cyrille cités par saint Thomas dans le seul opuscule: ^^ Contra errores grœco- rnmn{J{evueihomisic, 1904, i.XJ, p. 20S et t. XU, p. 490). ■ (3) Petau, De Trinilale, 1. Vlll, p. 840, 848. (4) Cf. P. Galtier, art : Petau, dans Dict. de Théol. catholique. Col. 1334 sq. RAISON ET FOI , 37 frucium animorum jucundissima (c. IV. 5) ; elle s'impose, nous dit-il, à l'attention à la fois des théologiens et des auteurs spirituels ; les âmes chrétiennes sauront l'estimer à son prix : Jucundissima voluplate piorum demulcei animos ac Dei in nos boniiatem et munificentiam summopere ■commendat (G. IV, 9). La pensée d'une réalité si grande, si suave, si agréable doit les ravir ; elles doivent s'en délecter sans jamais être rassasiées : Rapit enim nos ad sese, ac sine saiietate détectât tantae rei ac iam suavis jucundaeque recordaiio (G. V, 8). Cette influence de Gyrille exercée sur des hommes aussi érainents que ceux que je viens de nommer — j'ai laissé de côté ici le rôle important joué par certaines expressions cyrilliennes dans les querelles monophysites ■et monothélites, ou dans les conciles sur l'union des Églises^ — nous incline déjà à penser qu'il n'était point un esprit médiocre. Une analyse minutieuse de ses écrits montre chez lui une curiosité toujours en éveil, une réflexion incessamment active. A côté de Vargumeni pairistique et de l'argument scripturaire dont nous avons parlé et sur lesquels nous reviendrons, nous aurions pu faire une place à V argumentation de raison, celle précisément que nous signalait Scheeben. .Si notre docteur s'incline devant le mystère, ce n'est qu'après avoir conduit sa raison jusqu'au seuil. Sans doute, quand il s'agit d'un mystère, l'intelligence ne peut pleinement le comprendre, la langue ne peut parfaitement l'exprimer et il faut bien s'incliner dans le silence et dans la foi^, devant ce qui nous dépasse, mais l'esprit humain ne doit pas pour autant glisser vers l'oisiveté. Gyrille n'encourage pas la torpeur intellectuelle ; l'appétit naturel de connaître, la faim qu'ont les fidèles du pain de la doctrine sont pour lui des occasions d'explications •dogmatiques. S'il ne veut pas supprimer le mystère^, s'il n'admet pas que les simples fidèles et même les moines se lancent dans des spéculations trop subtiles*, il encourage toutefois grandement ceux qui veulent se rendre à eux-mêmes et rendre aux autres raison de leur foi. Le texte de Pierre (7. Petr., III, 15) ; cuivis rationem nos poscenti de ea quae in nobis est spe, se rencontre souvent sous la plume des Pères d'Éphèse dont Gyrille ■était le chef de file^. (1) Cf. à la fin de ce présent ouvrage nos Excursus D et E « Les anathémastismes de •Cyrille et son pseudo-monophysisme » et « Destin de la doctrine christologique •cyrillienne jusqu'au sixième concile œcuménique », p. 491 sqq. (2) Sur Saint Jean, L. IV, P. G. 73, 603 et Pusey, F. I., p. 483-644. (3) A. C. O., I, 1, 1, p. 53, P. G. 73, 603 ; Mansi IV, 1248 sq. ; P. G. 75, 1074 sq., 1150, 1078. (4) A. C. O., I, 1, 1, P. G. 77, 11. (5) Cf. vg. P. G. 72, 128 A ; Winleriana, p. 344, 1. 42 ; Valicana, p. 24, 1. 8, p. 51,. î. 17. 38 INTRODUCTION Donc, modér£ition dans l'activité de l'esprit, mais nulle oisiveté ; car il faut se nourrir mentalement du pain de la doctrine pour faire passer ensuite cette doctrine daijs la vie. Modération dans l'activité de l'esprit en ne, se laissant pas entraîner à tout vent d'opinion et en ne s'entêtant .pas dans son sens individuel ; car en fin de compte il n'y a que le Magistère vivant de l'Église qui soit infaillible. Il ne convient absolument pas qu'emportés par le désir de subtiliser et par une vaine curiosité nous abandonnions la très antique tradition de la foi qui partie des saints apôtres est parvenue jusqu'à nous ; il ne convient pas de soumettre à des recherches exagérées ce qui dépasse la capacité de notre esprit, ou bien de vouloir juger de tout en dernier ressort, mesurer tout d'après notre sens individuel en disant témérairement : ceci est exact, ceci ne l'est pas. Comme il serait préférable et plus utile de laisser au Dieu infiniment sage les raisons de ses décrets et de ne pas critiquer d'une manière impie ce qu'il a jugé bon de faire. Ne l'entendons-nous pas dire lui- même ouvertement : « Mes jugements ne sont pas comme vos jugements, ni mes voies comme vos voies ; mais autant le ciel est distant de la terre, autant mes voies se distin- guent de vos voies et mes pensées de vos pensées »^. Donc, en bien des cas il ne faudra pas se laisser entraîner par un appétit intellectuel mal discipliné en cherchant à comprendre les mystères eux-mêmes, en voulant tout juger en dernier ressort, en oubliant que le& voies et les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres. Lorsqu'une innovatioa suspecte semblera s'introduire dans la foi, vers quels maîtres faudra-t-il se tourner pour rester dans la vérité? Les simples fidèles le savent bien,, guidés qu'ils sont par le bon sens et par le Saint Esprit lui-même. Magistère Us attendront l'appui des maîtres orthodoxes (tcùv ôpOoSo^cov de l'Église SiSaaxàXcùV ETrixoupiav) ; ils s'aiguilleront d'emblée vers le magistère vivant, responsable de la doctrine, porteur de vérité, qui seul peut donner des explications authentiques, et dont le silence prolongé pourrait à la longue, écrit Cyrille à Célestin, constituer un véritable danger^. Et cette activité de l'esprit est cause, dans certaines conditions, d'un réel progrès ; s'il ne convient pas de faire des additions à la doctrine évangélique et apostolique, s'il ne faut pas dépasser les limites que le& Pères ont établies^, l'intangibilité de la Tradition toutefois ne doit pas être comprise en un sens trop rigoriste. L'acceptation de la profession de foi de Charisius dont nous parlerons plus loin montre bien que les Pères d'Éphèse et leur coryphée Cyrille reconnaissaient du moins implicite et exercite à l'Église enseignante, c'est-à-dire dans le cas présent à eux- (1) A. G. O., I, 1, 1, p. 53, P. G. 76, 1159. (2) Vaticana,n° 144 ; A. G. O., I, 1, 5, p. 11, P. G.. 77, 84. (3) Alheniensis, n° 105 et Coll. Casin., n° 142, A. G. O., I, 1, 7, p. 146. CHARITÉ INTELLECTUELLE 39 mêmes, le droit et le devoir d'opposer à de nouvelles erreurs de nouvelles explications et définitions ayant pour but de conserver la foi dans sa pureté et de promouvoir le développement du dogme. Aux inventions hérétiques, ils opposent une réfutation, sans rien ajouter sans doute de substantiellement nouveau aux vérités de foi, mais en les faisant s'épanouir davantage et en les faisant rayonner pour le plus grand bien des fidèles. Ainsi l'esprit ne reste pas inactif et, à condition de se replonger ■dans le grand courant de l'Esprit-Saint, de s'incorporer à la vie commu- nautaire spirituelle de l'Église, il y a possibilité de progrès, si l'on entend par progrès un approfondissement de la tradition, un retour enrichissant au point de départ, une remontée vivifiante et purifiante vers les sources. Toute autre méthode conduirait à l'hérésie. Charité A côté de cette activité de l'esprit, voici une autre qualité intellectuelle demandée par Cyrille : l'ouverture d'esprit, la charité intellectuelle. Il ne faut pas croire que tout ce que disent les hérétiques soit hérétique ; Cyrille le déclare nettement à Euloge : Il n'y a pas à rejeter et à fuir tout ce que disent les hérétiques, car pour beaucoup de choses ils sont d'accord avec nous^. Et c'est un fait que Cyrille s'emploiera à diffuser la science d'Origène purifiée de ses scories ; sans aller jusqu'à encourager, comme Basile, une lecture systématique des auteurs profanes^, il ne se fera pas faute de citer les païens. Si dans ses ouvrages sur la Trinité, ou dans la dispute nesto- rienne — sauf erreur de ma part — il n'allègue aucune autorité de ce genre, dans son commentaire sur Jonas on trouve cités deux vers de Lycophron,*sur Hercule englouti et rejeté ensuite par le monstre marin. Cyrille trouve tout naturel de faire ce rapprochement entre Hercule et Jonas^. Ailleurs il ne dédaigne pas de. parler deux fois des nymphes*, mais c'est surtout dans le Contra Julianum qu'il trouve profit à alléguer les auteurs profanes, notamment les philosophes néoplatoniciens. Citations de seconde main, sans doute, car une trop grande parenté se reconnaît avec celles que l'on trouve dans la Cohortatio du Pseudo-Justin, dans le (1) Il s'agit ici d'Origène, 'd'Eusèbe d'Émèse, d'Apollinaire, d'Eusèbe de Césarée. P. G. 74, 225 A. Cf. P. G. 77, G, D ; j'ai déjà dit comment Cyrille avait dû être mis en garde contre Origène par son oncle Théophile qui, dans sa campagne bruyante, avait trouvé moyen de mobiliser saint Jérôme lui-même. — ■ Sur l'origénisme, P. G. 77, 372, 373. (2) P. G. 31, 564 sq. (3) P. G. 71, 616. (4) P. G. 71, 132. 40 INTRODUCTIOlSf Prolreplique^ et le premierdivre des Stromaies de Clément d'Alexatidrie^ dans les Chroniques et le onzième livre de la Préparation évangéUque d'Eusèbe, pour croire que Cyrille a puisé immédiatement aux sources. Mais qu'il se soit servi du Pseiido- Justin, d'Eusèbe et de Clément d'Alexan- drie pQur ses citations païennes, ce n'est de notre part qu'une conjecture. Un fait reste certain : celui des citations païennes, de Porphyre ou d'Alexandre, par exemple, et la constatation faite par Cyrille lui-même que, chez les païens, quelques écrivains s'accordent, au moins partielle- ment, avec la pensée chrétienne. Voilà qui dénote un esprit ouvert et actif. Culture Cet homme d'action qui s'adapte à son temps, qui est en contact. humaine ^vec Je peuple fidèle et le connaît bien, est aussi un intellectuel ; il a le goût de la lecture et de la spéculation, il est un esprit cultive, Tillemont pense qu'il connaissait le latin. Est-ce en cette langue qu'il aurait écrit une lettre à Sixte III? D'après une notice contenue dans le manuscrit n° 6 (ix^, x^ s.) de la Bibliothèque du Patriarcat grec de Jérusalem et publiée pour la première fois par l'Archimandrite Hippolyte en 1922, il parcourut tout le cycle des études grecques et latines^. Il n'a pas seulement lu et entendu, mais il a beaucoup réfléchi, recueillant intelligemment les conclusions stables des controverses antérieures et s'efforçant d'une manière personnelle de soutenir la lutte contre les- hérétiques ; il discute et argumente volontiers, peut-être trop, mais il le fait avec logique, avec clarté, avec pondération, en sorte qu'Arnauld a pu dire de lui qu'il est « le plus scolastique de tous les Pères^ ». L'appétit spirituel des fidèles lui est une occasion d'expliquer le dogme et la morale ; il abandonne volontiers, quand il le faut, la composition de ses ouvrages, ou les premières places dans les synodes, pour s'adonner à ce magistère plus humble, puis il revient à ses études ou à ses disputes, enrichi, grandi par ce détachement même et cette apparente condescendance ; car rien n'est plus instructif pour lui que le sens des fidèles. Le consensus L^ vertu de ce consensus fidelium, dont d'ailleurs il ne fidelium méconnaît pas les déviations possibles, se constate particu- lièrement dans l'élaboration des dogmes sensibles au cœur ou de ceux qui intéressent le eôté pratique du christianisme, comme sa morale et sa (1) On pourra pour la lecture du Proîreplique s'aider de la traduction récente de Cl. MoNTDÉsERT. Collection « Sources chrétiennes », éditions du Cerf, Paris, 1943. (2) Je me base sur F. M. Abel, O. P. « Parallélisme exégélique » dans Vivre et Penser, 1" série, Gabalda, 1941, p. 97 ; cf. Néa Sion, 1922, p. 593, (3) Arnauld, Perpétuité de la foi, 1. V, c. XIV, 1672, t. II, p. 493. LE SENS DES FIDÈLES '41 ■piété. Cela est surtout vrai pour ce qui concerne la piété mariale ; les fidèles devancent par les intuitions du cœur le raisonnement hésitant 'du théologien, se scandalisant des témérités des doctes. Cyrille, dès le •début de la controverse nestorienne, le sait bien ; il attribue une impor- tance capitale aux protestations de la conscience chrétienne^. Cette révolte collective du peuple et des moines contre ceux qui rejetaient le iheotokos n'était pas seulement la clameur vulgaire d'un clan, le scandaleux tapage de quelques bateliers, mais un redressement spontané de la ■conscience catholique blessée dans la piété de sa foi, une opposition instinctive du sens chrétien, la grande voix de la dévotion universelle voulant dominer une innovation de mauvais aloi^. En ce qui concerne les rapports du Dogme et de la Piété, cette attitude de l'évêque d'Alexandrie en face du sens chrétien et le rôle de ce consensus fidelium dans la définition formulée par les Pères d'Éphèse méritaient d'être ■signalés: ces points sont du plus haut intérêt pour notre étude. Dans l'âme -de Cyrille s'alliaient la science du théologien et la foi du simple fidèle ; entre les deux s'établissait une sorte de conditionnement réciproque qui le maintenait dans l'orthodoxie ; et si l'on songe qu'à cela s'ajoutaient la responsabilité de sa charge pastorale et la grâce spéciale inhérente à cet ■état et la certitude d'être en union avec Rome, on comprend comment son esprit devait s'enraciner de plus en plus fermement dans la vérité religieuse et s'entêter saintement dans sa pensée qui était la pensée de l'Église. Sécurité doctrinale, équilibre, avec toutefois un peu d'étroitesse et de rigidité d'esprit en ce qui concerne la rédaction et la défense des anathématismes, telle est l'impression que l'on garde de Cyrille, après l'avoir longuement fréquenté. Et, pour en revenir au point de vue de l'esprit métaphysique qui nous occupait précédemment, il faut dire que si on ne constate pas en Cyrille l'envergure d'Origène, le génie et surtout le charme d'Augustin, il n'en reste pas moins au point de viie philosophique un esprit solide et sûr et personnel ; les grandes questions qui touchent à la vie la plus haute et la plus intime de l'humanité l'inquiètent ; on sent chez lui un effort prudent mais vigoureux et souvent couronné de succès pour les résoudre, pour se faire une vision bien à lui du monde et pour repenser personnel- lement le dogme. (1) Cf. p. Clément, Le sens chrétien et la Maternité divine de Marie aux /F" et Fe siècles de V Église, Bruges, 1929, p. 68, 72 sq. et du même, R. P. Clément Dillens- ■CHNEiDER, La mariologie de S. Alphonse de Liguori, t. I et II, 1934 (passim). (2) Cf. P. Jacquin, O. p. Le Concile d'Éphèse, dans Vie intellectuelle, t. XII ({1931 ), p. 25-26. 42 INTRODUCTION Spéculations S'agit-il du dogme trinilaire et de son rôle dans la sanctifica- sur la Trinité tion, on peut faire plus, nous dit-il, que de croire fermement par la foi ce qui a été révélé ; pour donner de la Trinité quelque notion approchée, on peut recourir à des analogies, à des exemples^. A une époque où les controverses trinitaires étaient presque terminées et oît les formules, dogmatiques étaient pour ainsi dire, définitivement établies, on est étonné de voir notre docteur chercher des rapprochements entre la Trinité chrétienne et Id Trinité plotinienne. Chez les philosophes grecs eux-mêmes nous trouverons la connaissance de la Trinité. Ils disent en effet que les trois êtres sont étroitement unis entre eux, sans aucun inter- médiaire, et que l'âme qui occupe le troisième rang est avec l'Intelligence qui occupe le second dans le même rapport que l'Intelligence avec le premier. Le mystère de la Trinité des Personnes dans l'unité de nature devait aussi amener inévitablement Cyrille en face du problème de la distinction^. Dans le vocabulaire cyrillien se i'encontrent fréquemment, comme chez~ les deux Grégoire ou saint Basile, les termes hodpecjiç,, Sia9opà, xaT'sTrtvoiocv, Les traduire exactement est une tâche malaisée ; souvent il ne s'agit pas de distinction proprement dite, mais de division, de séparation. Parlant de l'unité divine dans la Trinité des Personnes, peut-être laisse-t-il déjà entrevoir une théorie de la distinction : Nous reconnaissons comme une et consubstantielle, dans l'identité de gloire, la sainte et adorable Trinité^. Ni trithéisme, Inséparables l'une de l'autre, car le Père est dans le Fils, et ni modalisme ]e Fils est dans le Père, les hypostases sont distinctes^. Il n'y a qu'une seule nature divine, mais en trois hypostases^, il n'y a qu'une seule divinité, non pas trois dieux^. Évitant à la fois le tri- théisme qui péchant par excès multiplie l'unique nature diyine, le moda- lisme, qui minimise la réalité des personnes divines, le subordinatianisme (1) Trésor, ass. 6, P. G. 75, 80 sq. (2) Sur l'Unité trinitaire, cf. P. G. 76, 240 ; P. G. 75, 141. On pourra consulter sur ce point Sébastien Guichardan A. A. Le problème de la simplicilé divine en Orient et en Occident aux XJV^ etXV^ siècles : Grégoire Palamas, Duns Scoi, Georges Scholarios, Lyon, 1933, p. 43 sq. La distinction chez les Grecs, en tenant compte des remarques de V. Grumel, A. A. Grégoire Palamas, Duns Scot et Georges Scholarios devant le pro- blème de la simplicité divine, dans Échos d'Orient, p. 84, janvier-mars 1935. (3) Discours aux Reines, sur la vraie foi, I, P. G. 76, 1204 ; Pusey, p. 156-157. (4) Premier Dialogue sur la Trinité. P. G. 75, 697 ; Sur saint Jeari, XIV, II, 23 ; P. G. 7i, 237, 289 sq. ; Pusey, t. II, p. 451, 496 sq. ; Trésor, ass. 12. P. G. 75, 181. (5) \AoL yàp ^ OedTYjToç çiiatç èv Tptolv- ÛTrooràoeotv ISixatç voou|j!,év7). Contre Nestorius, 1. V, ch. VI, P. G. 76, 240. (6) 0(5 tC TTOii cpa[j,ev sic rpeïç on (?) ©eoùç -î) Trtanç, àXX' elç [ilccv GeàryjTa tyjv è» TptaSi TCpo 54 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ŒUVRES CYRILLIENNES e) Fragments sur les Psaumes, P. G. 69, 699-1294, sur les livres de Samuel et des Rois, P. G. 69, 680-697, sur les Proverbes, sur le Cantique des Cantiques, P. G. 69, 1277-1293. Sur Jérémie et Baruch, sur Ezéchiel et Daniel, P. G. 70, 1451-1461. A propos des fragments, sur Ezéchiel, cf. L, Mariés, Hippolyte de Rome, sur les bénédictions d'Isadc, de Jacob el de Moïse. Les Belles Lettres, Paris, 1935, p. II, ch. II, p. 31-33. f,) Commentaire sur saint Jean (commencé avant 429). Ed. Pusey, 1-3, Oxford, 1872. — P. G. 73 et 74, 9-756. Cf. J. Mahé, La date du Commentaire de saint Cyrille d'Alexandrie sur l'Evangile selon saint Jean, dans Bulletin de Littérature ecclésiastique, 1907, p. 41-45. Marïc, Cyrille sur Jean VI, 54 dans Bogolovska Smoira, Zagreb, 1923, p. 296-306. g) Fragments sur saint Matthieu, P. G. 72, 365-471, sur les épîires aux Romains, P. G. 74, 773-856, aux Corinthiens, P. G. 74, 856-952 et aux Hébreux, P. G. 74, 953-1005. RiJCKER, Bibtische Zeiischrifi, 1921, p. 337 sq. Lebon, Fragments arméniens sur l'épîire aux Hébreux, dans le Muséon, 1931, p. 69-114 ; 1933, p. 237-246. h) 156 Homélies sur saint Luc (après 428). — Conservées daïis une traduction syriaque. P. G. 72, 475-950. Ed. R. Payne Smith, Oxford 1858-1859 (édition syriaque et version anglaise). G. A. RucKER, Die Lukas-Homilien des ht. Cyrillus, Breslau, 1911. W. Wright, Fragments of the Homilies of Cyril of Alexandria on the Gospel of saint Luke. Londres, 1874. J. SiCKENBERGER, Tcxtc und Untcrsuchungen, 34, 1 (1909). II. Œuvres dogmatiques. a) Trésor sur la sainte et consubsiantielle Trinité (avant 425). Cet ouvrage comprend 35 chapitres où sont réfutées les erreurs d'Arius et d'Eunomius et où se trouve exposée et défendue la consubstanbialité du Verbe et du Saint-Esprit. Il porte le nom de « Trésor » car il comprend le trésor de la science théologique. P. G. 75, 9-654. Cyrille y fait allusion dans le Commentaire sur saint Jean, P. G. 73, 93, et Pusey, t. I, p. 81 ;. il mentionne le Trésor dans la Préface des sept dialogues sur la Trinité, P. G. 75, 657. Le Trésor fut écrit avant 426, du vivant d'Atticus (P. G. 77, 41). TABLEAU SYNOPTIQUE DES ŒUVRES CYRILLIENNES 55- b) Sur la sainte et consubstantielle Trinité. Sept dialogues (vers 425). Cet écrit ressemble beaucoup au Trésor en s'efforçatit d'exposer la doctrine de façon positive. Les dialogues 1 à 6 traitent de la consubstantialité du Fils ; le septième dialogue traite de la consubstantialité du Saint-Esprit. — P. G. 75, 658-1124. L'écrit « sur la Sainte (et vivifiante) Trinité » est de Théodoret de Cyr. P. G. 75, 1148-1189. Cf. Prestige, 'AYÉ[v]vy)Toç and ys[v]v7]T6ç and kindred words dans Journal of îheological studies, . 1930, 184 sq. c) Sur le Symbole sacré (vers 438). Bref exposé du Symbole de Nicée. Lettre 55. P. G. 77, 289-320. O, Bardenhewer, Bibliothek der Kirchenvâter II, 12, 1935... Traduction allemande. III. Œuvres anti-nestoriennes. . Ph. E. Pusey, Oxford, 1875, 1877; E. Schwartz, A. C. 0. I,, vol. I. . a) Contre les blasphèmes de Nesiorius. Cinq livres de réfutation (vers 430 et après le De Recta fide). Cyrille répond aux sermons prononcés par Nestorius en l'année 428. — Pusey, Oxford, 1875, p. 54-240. Schwartz, A. C. 0. I, vol. 1, pars 6. P. G. 76, 9-248. Cet ouvrage de Cyrille est signalé par lui- même dans les lettres 44, 45, P. G. 77, 228, 237. — Nestorius est cité dans le titre et dans la préface, 1. II, P. G. 76, 9, 60. b) Sur la foi orthodoxe, d l'empereur (430). Dans cet écrit adressé à Théodose II, et composé avant la lettre d'indiction du concile (Mansi IV, 1109) l'auteur expose les erreurs christologiques depuis les gnostiques jusqu'à Nestorius. P. G. 76, 1133-1200 et Pusey, p. 1-10, 12-152. Pusey, Oxford 1877 (avec une version syriaque de Rabbulas d'Edesse). Schwartz, A. C. 0., Vaticana, vol. I, pars I, 42 sqq. O. Bardenhewer, Bibliothek der Kirchenvâter II, 12, 1935 (trad. ail.). c) Sur la foi orthodoxe,' aux princesses et aux reines (année 430). Cyrille envoie un premier exposé christologique à Arcadie ' et Marine, sœurs de Théodose, puis un second à Pulchérie sœur aînée de l'empereur et à Eudoxie impératrice. Dans le second, il mentionne le premier (cf. P. G. 76, 1341). Pusey, Oxford, 1877. '56 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ŒUVRES CYRILLIENNES ScHWARTz, A. C. 0. pars 5, 26 sq. P. G. 76, 1201-1336 et Pusey, p. 154-263 (aux princesses). P. G. 76, 1336-1425 et Pusey, p. 263-334 (aux reines). d) Apologie à l'empereur (après 431). Cyrille justifie après son retour en Egypte la conduite qu'il a suivie dans le procès de Nestorius, à Éphèse, Pusey, Oxford, 1877. ScHWARTz, A. C. 0. pars 3, 75 sqq. P. G. 76, 453-488 et Pusey, p. 425-456. e) Douze anathémalismes contre Nestorius (430). Denzinger, 113 sqq. P. G. 77, 120-121. Cf. Sonvay, The Catholic Historical Beview, Washington, 1926, p. 627-635. A. Deneffe, Der Dogmatische Wert der Anathemaiismen Cyrils datis Scholastik, t. VIII, 1933, p. 64-68 et p. 203-216. Puig de la Bellacasa, Esiudios Ecclesiasiicos, Madrid, 1932, 5 sqq. P. Galtier, Les anathématismes de saint Cyrille et le Concile de Chalcédoine, dans Recherches de Science religieuse, 1933, p. 45-57. :f) Pour défendre ses anathématismes, Cyrille compose trois écrits : 1. Une Explication des douze chapitres rédigée pendant la captivité de C. à Éphèse (Mansi IV, 1419, en 431). — P. G. 76, 293-312 et Pusey, p. 240-260. ' 2. Une Apologie des douze chapitres, contre les évoques orientaux (431). P. G. 76, 316-386 et Pusey, p. 260-382. Cyrille mentionne cet ouvrage dans les Lettres 43, 44, 45, P. G. 77, 224, 228, 237. 3. Une autre apologie en réponse à l'attaque de 'Théodoret contre les douze chapitres (431). h' Apologelicus contra Theo- deretum {P. G. 76, 388-452 et Pusey, p. 388-498) est dans les éditions Migne et Pusey précédé d'une lettre à Evoptius (P. G. 76, 385-388 et Pusey, p. 384-388) où Cyrille remercie son correspondant de lui avoir envoyé le factum de Théodoret. ScHWARTz, A. C. 0. pars 5, 15 ad 25 ; pars 6, 107-146 ; pars 7, 33-65 ; vol.. 5, 116-165, 249 sqq. O. Bardenhewer, Biblioihek der Kirchenvàter, 3, 12. Trad. ail. (1935). :;g) Quelques traités sur l'Incarnation, l'union hypostatique et la Theotokos. Scholia sur r Incarnation du Monogène. P. G. 75, 1369-1472 et Pusey, p. 498 sq, — Cet opuscule fut composé au début de la controverse nestorienne. TABLEAU 'SYNOPTIQUE DES ŒUVRES CYRILLIENNES 57' Le Christ est un (Dialogue). P. G. 75, 12534362 et Pusey, 394-425. Contre ceux qui ne veulent pas confesser que la Sainte Vierge est mère de Dieu. P. G. 76, 259-292. Fragments d'uu écrit Contre Diodore (de Tarse) et Théodore (de Mopsuesie). Extraits dans P. G. 76, 1437-1452 d'après Mansi, t. IX, 230 sq. — Pusey,. p. 492-538, a donné un plus grand nombre d'extraits, les uns en grec, d'autres en syriaque, d'autres, en latin. Le traité contre Diodore et Théodore a pu être composé vers 438. 0. Bardenhewer, Bibliothek der KirchenvàierS, 12 (1935) (trad. ail.). IV. Œuvres polémiques visant d'autres hérésies que le nesto- RIANISME. a) Contre les Synousiastes (parti le moins modéré des Apollinaristes). Nous n'en possédons que des fragments. Ed. E. Ph. Pusey, Oxford, 1872, 3, 476-491 (texte grec). Mai, Bibliotheca riova Palrum, t. II, p. 445-451 et P.. G. 76' 1427-1435 (trad. latine). - ' b) Contre les Anthropomorphites. Ce traité sous sa forme actuelle ne provient pas de Cyrille, mais d'un auteur inconnu qui.se servit pour la rédaction de deux petits ouvrages de, Cyrille (Ad Tibe- rium et De dogmatum solulione). Cf. infra, p. 73. Pusey, Oxford, 1872, p. 545-602. P. G. 76, 1065-1132. V. Pour la sainte religion des chrétiens contre les livres de: l'athée Julien. Dix livres (composés vers 433-441). Julien l'Apostat avait écrit en 363 trois livres Adversus Galilaeos. Des trente livres cyrilliens, n'ont été conservés que les dix premiers, avec lesquels on peut recons- tituer presque en entier le premier livre de Julien. P. G. 76, 503-1064. Neumann-Nestle, p. 42-63 ef 64-87. Lagrange, L'Hermétisme. Quatre citations de saint Cyrille d' Alexandrie dans Bévue Biblique, 1925, p. 388-396. P. Regazzoni, // « Contra Galilaeos » dell' imperaîore Giuliano e il « Contra Julianum » di San Cirillo Alessandrino dans Didas- kaleion, anno VI-1928, fasc. III, p. 1-114. R. Arnou. La séparation par simple allérilé dans la v~ Trinité Ploiinienne » dans Gregorianum, t. II, 1930, p. 181 sq. P. DE Labriolle, La réaction païenne. Etude de la polémique -58 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ŒUVRES CYRILLIENNES anlichréiienne du /^r au VI^ siècle, spécialeraent- IV® partie, ch. II. Paul Allard, Julien V Apostat, t. III, p. 107-123. 'VI. Il reste 29 lettres pascales de morale pratique (pour les atmées 414-442). Parmi les 88 lettres que nous possédons (17 sont adressées à Cyrille), il faut surtout noter les trois Lettres œcuméniques; on les appelle ainsi parce qu'elles otit été louées par les Conciles œcuméniques d'Éphèse, de Chalcédoine et de Constantinople (553) : Ep. 4, Ep. 17, Ep. 39. P. G. 77, 9-390 (Lettres diverses) ; P. G. -77, 391-982 (Lettres ou homélies pascales). Ed. E. Schwartz, A. C. 0. {passim); E, Ph. Pusey, Oxford, 1875, I. sq. (Epp. 3 œcum). 0, Bardenhewer, Biblioihek der Kirchenvâler, 3, 12, 1935. Chr. Papadopoulos, Lettres pascales, dans Ecclesiasticos Pharos, Alexandrie, 1932, p. 25-45. P. Galtier, Les analhémaiismes.... dans Recherches de Science religieuse, 1933, p. 45-57. VII. Il ne nous reste que peu d'Homélies de Cyrille. Migne, P. G. 77, 981-1116 donne 17 homélies diverses, plus cinq fragments. Ces pièces devraient être soumises à un examen très sérieux. Les Homiliarum fragmenta publiés par Pusey, à la suite du Commentaire sur saint Jean, t. III, p. 452-476, 538-545 ont chance d'être authentiques. Parmi les homélies de Migne sont probablement de Cyrille : h'homil. III prononcée devant Paul d'Émèse à Alexandrie, col. 989 sq. (fragment) ; Vhomil. XII ; l'homil. XX, contre l'expression Osocpopoç àv6poi7roç, Pusey, p. 460. — Nous indiquons plus loin celles qui sont certainement apocryphes. Toutes les autres, même celles indiquées comme ayant été prononcées à Éphèse, y compris le IV®, sur la Vierge Oeotoxoç, col, 992-996, seraient à examiner de près et à discuter. Ed. E. Schwartz, A. C. 0. I, vol. 1, pars 2, 92 sqq. ; pars 4, 14 sq. ; pars 7, 173. — ■ 0. Bardenhewer, Munich, 1934 (version allemande). Ch. Martin, Un discours prétendument inédit sur l'ascen- sion, dans Revue d'histoire ecclésiastique, 1936, 345 sqq. YIII. La Table pascale (pour les années 403-512) adressée à l'empereur Théodose II est perdue. Mais nous possédons dans une version arménienne une lettre qui l'accompagnait. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ŒUVRES GYRILLIENNES 59 Fr. C. GoNYBEARE, The Armenian version of Révélation and Cyril of Alexandria' s ■ Scholia on the Incarnation and Episile on Eastér, edited from the oldest ms. and eïiglished, Londres, 1907. Recensé par Mercati, dans Theologische Revue, Munster, p. 126 sq. Sur la liturgie de Cyrille cf. S. Euringer, Anaphorae oethiopicae, Zeitschrifl fur Semitistik, 1933, 44 sqq. et 264 sqq. RiJCKER, Orient chrétien, 1926, p, 143 sq. IX. Dialogue de Cyrille avec les diacres Anthime et Etienne. Il traite surtout les questions eschatologiques. En copte. Appartient proba- blement au vi^ siècle. Dans notre étude sur Cyrille, nous ne tenons aucun compte de ce dialogue. Ed. : W. E. Crum et A. Ehrhardt, Strasbourg, 1915 (avec une version allemande). X. Le Livre des textes cité par Léonce de Byzance. P. G. 86, 1832 et dont nous avons quelques fragments insignifiants dans P. G. 76, 145, est sans doute un recueil de textes patristiques comme celui dont parle Cyrille dans ses lettres. P. G. 77, 85 B, 296 AB. Il y puisa les cita- tions lues à Éphèse ou transcrites dans ses propres œuvres. , XI. Le De synagogœ defectu signalé par Gennade {P. L. 58, 1092) et dont Migne fournit un fragment (P. G. 76, 1421-1422) se confond sans doute avec le De adoratione ou les Glaphyres. XII. Les écrits Contra pelagianos dont parle Photius, Bihliotheca, cod. 54. P. G. 103, 93 ont complètement disparu. XIII. Il faut classer parmi les apocryphes un certain nombre d'écrits conservés dans l'édition de Migne : a) Le IIspl T% Tou Kuptou svavOpcoTUTjascùç. P. G. 75, 1419-1478. Cf. Alb. Ehrhard, Theolog. Quartalschrift, 1888, p. 179-243, 406-450, 623-653. — Cet ouvrage est de Théodoret. b) Le Ilspt T^ç àyiaç xal ^cùottoiou TpiàSoç, P. G. 75, 1148-1189, trouvé par le cardinal Mai dans le m;ême manuscrit Vatican 841 qui avait fourni l'ouvrage précédent. c) Le De sancîa Trinitate, P. G. 77, 1119-1174, inter dubia. — Reproduction presque textuelle, sauf quelques passages vers le milieu, du De fide orthodoxa de saint Jean Damascène. d) Les Collectanea imprimés dans P. G. 77, 1176-1289, ne peuvent être utilisés comme œuvre de Cyrille puisqu'on y trouve des passages entiers de saint Maxime ou d'autres interprètes. £) Le De Incarnatione Verbi Dei, P. G. 75, 1413-1419 et le Dialogus cum Nestorio, P. G. 76, 247-256, sont des compilations de date postérieure. 60 TABLEAU SYNOPTIQUE DES ŒUVRES CYRILLIENNES /; h'homil. X, p. G. 77, 1G16-1029 : eiç to (xucttixov Ssïtcvov, écrite à une date postérieure, contre les moines acémètes (col. 1028), au temps des discussions sur o stç ttjç àytaç TpidcSoç (col. 1028, 1029). g) h'homil. XI (col. 1029-1049) : Encomium in sandam Mariam Deiparam, cf. Ehrhard, dans Rômische Quarialschrifi, 1889, p. 97-113. h) h'homil. XIII (col. 1049-1072) dont la christologie a une tendance fortement antiochienne. i) La lettre LXXX^ à Optimus est de saint Basile (cf. P. G. 32,. 953 sq). et la lettre LXXXVIII d'Hypathie à Cyrille est un faux. N. B. — Je signale en terminant l'article : Chaînes exégéiiques grecques de Mgr R. Devreesse, dans le supplément' au Dictionnaire de la Bible, col. 1084-1234. On y trouvera d'importants renseignements sur les œuvres exégétiques de saint Cyrille d'Alexandrie. Dans son mémoire sur Liberatus de Carihage et la date de l'apparition des écrits diomjsiens, Melun, 1930, M. H. Ch. Puech analyse un passage de Liberatus sur lequel on s'est parfois appuyé pour conclure à l'existence des écrits dionysiens au début du v^ siècle. Ce texte de l'archidiacre de CarLhage appartient au ch. X du Breviarium causse Neslorianoruni et Euiychianorum, P. L. 68, 991 AB, reproduction Garnier (Paris 1675). M. H. Ch, Puech au cours de cette discussion expose la dernière période de la vie de Cyrille et les circonstances de composition de VAdversus Diodorum et Theodorum. Dans Eludes plotiniennes, I Les états du texte de Plotin, P. Henry s. j., étudie les sept textes de Plotin cités par Cyrille dans le livre II (P. G. 76, 604) et dans le livre VIII {P. G. 76, 917-924) du Contra Julianum. Voir aussi du même auteur, But. crit. et. plot, dans Nouv. Rev. théol., 1932, p. 733. Dans son récent article : « L'aclivilé littéraire de saint Cyrille d' Alexandrie jusqu'à 428, essai de chronologie et de synthèse, paru dans Mélanges E. Podechard, Lyon, 1945, p. 161-174, M. G. Jouassard confirme par de nouvelles précisions les résultats auxquels uous avons ici-même personnellement abouti. Des difficultés de toutes sortes ne nous ont pas permis de publier encore notre Essai sur la terminologie christologique de saint Cyrille d' Alexandrie: Cet essai historique et philologique aurait normalement dû paraître avant le présent ouvrage sur la pensée religieuse du grand docteur alexandrin. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ŒUVRES CYRILLIENNES 61 Titulaires des patriarcats pendant la première moitié du V^ siècle ROME ALEXANDRIE ANTIOCHE CONSTANTiNOPLE JÉRUSALEM ■ S. Innocent I S. AthaUase Flavien Grégoire de Cyrille (401-417) (t373) Pierre II (373-381) (381-404) Naziance (dép. 381) (t386) Timothée Porphyre Nectaire Jean de (381-385) (404-414) (382-397) Jérusalem (386) S. Sozime Théophile Alexandre S. Jean Praylius (417-418) (385-412) (414-416) Chrysostome (397-404) (t420) S. Boniface I S. Cyrille Théodote Arsace Juvénal : (418-422) (412-444) (416-428) Jean (428-441) (404-406) Atticus (406-426) (420-458) S. Gélestin I Dioscore Domnus Sisinnius (422-432) (444-451) (441-449) (426-428) S. Sixte III Proterius Maxime Nestorius (432-440) (451-457) (Timothée Oelure) (450-455) Basile (428-431) Maximiaïius (431-434) S. Proclus S. Léon I Timothée Salefa- (434-446) (440-461) faciol Flavien (446-449) Anatole (449-458) Gennade (458-471) m PREMIÈRE PARTIE LA CONNAISSANCE ET L'AMOUR DE DIEIT CHAPITRE PREMIER LE SYMBOLE DE NICÉE ET SON PREMIER ARTICLE Théologie cyrillienne Le plan suivi daiis cette étude, pour grouper les et Symbole de Nicée éléments de la doctrine spirituelle de Cyrille d'Alexandrie, ou plus précisément pour montrer les rapports qui existent dans sa théologie entre le dogme et la spiritualité, est à la fois commode et conforme à une méthode objective. li n'est autre que le plan même du symbole trinitaire de Nicée ; les trois premières parties du présent ouvrage correspondant à la connaissance et à l'amour du Père céleste, à la place du Christ dans la vie chrétienne, à l'habitation et à l'activité du Saint- Esprit dans l'âme ; la quatrième partie ne se rattache pas directement au symbole de Nicée puisque le symbole ne contient pas d'article sur l'Église, mais elle s'y rattache indirectement en ce sens d'abord que l'Église y est considérée comme corps du Christ et temple du Saint-Esprit ; de plus, les derniers mots du symbole mentionnant « l'Église catholique et apostolique » constituent, pour ainsi dire, la signature de cette formule traditionnelle de foi. Avant d'aborder l'étude de dogme et de spiritualité qui correspond au premier article du symbole, il convient de montrer la place qu'a tenue dans la pensée et dans la théologie de Cyrille d'Alexandrie, le Symbole de Nicée^. Ce sera du même coup justifier le plan que nous avons adopté et montrer son objectivité. La Tradition a toujours été pour Cyrille le critère de la vraie foi et la base de son argumentation théologique. Pour légitimer ses positions dogmatiques, il se réclame des ancêtres, il prouve qu'il n'innove rien, (1) Voir entre autres, Epilre 55 sur le Symbole, P. G. 77. €6 LE SYMBOLE DE NICÉE ET SON PREMIER ARTICLE il s'efforce de montrer qu'il répète la doctrine et les mots mêmes de ses prédécesseurs. L'objet de la foi est la vérité révélée qui s'origine aux apôtres et se transmet de génération en génération. Aux moines d'Egypte, Cyrille recommandera « de garder toujours, comme une pierre précieuse insérée dans leurs âmes la foi qui a été transmise aux Églises par les Saints Apôtres ))i. Le mot de «tradition » (TrapàSoatç) revient sans cesse sous la plume de Cyrille, comme d'ailleurs sous la plume de ses contemporains, le pape Oélestin ou Jean, évêque d'Antioche ; car c'est en confrontant une doctrine avec la tradition qu'on peut discerner si elle est orthodoxe ou hétérodoxe. « Si quelqu'un prétend vous enseigner quelque chose d'autre que ce que vous avez reçu, qu'il soit anathème ». Cet avertissement de l'apôtre aux Oalates (I, 9) exprime exactement la pensée de Cyrille et des Pères, ses contemporains^. Dans sa lettre à l'empereur Théodose, Cyrille s'indigne de voir aban- donner « la tradition très antique de la foi qui, partie des saints apôtres, est parvenue jusqu'à nous». Pourquoi cet abandon? Cédant à une curiosité intellectuelle exagérée et mal réglée, on cherche à comprendre les mystères eux-mêmes. Voulant juger de tout en dernier ressort, on oublie que les voies et les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres^. Dans un commentaire sur l'Évangile de saint Jean, Cyrille avait déjà fait remarquer que, quand il s'agit d'un mystère, ni l'intelligence ne peut pleinement le comprendre, ni la langue ne peut parfaitement l'exprimer : il ne reste qu'à s'incliner devant ce qui nous dépasse, dans le silence et dans la foi : aicùnj] xai niaxei rfi ùizkp vouv Tifjidofxevov*. Si les mystères dépassent la raison humaine et ne peuvent être com- muniqués que par révélation, le dépôt révélé doit être considéré comme intangible ; on ne peut y ajouter ou y retrancher quoi que ce soit. Toute innovation, toute soustraction doit être considérée comme une hérésie. Or, à l'époque de Cyrille, dans la deuxième moitié du iv^ siècle et au début du v^, le Symbole de Nicée était pour ainsi dire un abrégé de la Tradition ; il résumait en une formule commode les vérités révélées ; il était d'un usage si fréquent qu'il servait de critère d'orthodoxie : on •employait même parfois indifféremment les termes de « symbole » et de « foi ». (1) A. G. O., I, 1, 1, page 11 ; P. G. 77, 14 b. (2) A. G. O., I, 1, 1, p. 61, 1. 13 ; A. G. O., I, 1, 2, p. 33, 1. 29. ; A. G. 0., I, 1, 5, p. 66, 1. 18 ; Aîheniensis, n° 24, A. G. O., I, 1, 7, p. 33, 1. 25, p. 49, 1. 8. (3) Voir le texte que nous avons déjà traduit ci-dessus, dans notre Introduction, p. 38. A. G. O., I, 1, 1, p. 53. P. G. 76, 1159. (4) Sur saint Jean, liv. IV, P. G., 73, 603 ; Pusey, t. I, p. 483, 644. THÉOLOGIE CYRILLIENNE ET SYMBOLE DE NICÉE 67 Nous en avons par exemple pour preuve ce passage de saint Basile : A ceux qui professent une autre foi et veulent passer à l'unité des orthodoxes, ou •à ceux qui désirent se faire initier à la doctrine de la vérité, il faut enseigner la foi récrite par les bienheureux Pères dans le concile qui s'est autrefois réuni à Nicée. Mais •cela est aussi utile pour ceux qu'on soupçonne professer une doctrine erronée, et qui •cachent leur erreur, grâce à des subterfuges et à des arguments spécieux. Car cette foi, pour eux aussi, suffit. En effet, ou bien ils guériront leur mal occulte ; ou bien en continuant de le cacher, ils seront convaincus de fraude et nous fourniront ainsi une défense facile au jour du jugement, lorsque le Seigneur fera apparaître les choses «achées dans les ténèbres et les pensées secrètes des cœurs. C'est pourquoi il faut qu'ils confessent ce qui a été formulé par nos Pères à Nicée et avec le sens exact que les mots signifient. Il y en a, en effet, plusieurs, qui corrompent dans cette foi la doctrine de la vérité et détournent le sens des mots d'une manière arbitraire. Gomme à l'époque de saint Basile, le symbole de Nicée, à l'époque que nous étudions et spécialement au moment de la controverse nestorienne, représentait pratiquement la Tradition. Aussi devint-il en un certain •sens le point de départ de l'argumentation théologique : il apparaissait comme la règle de foi grâce à laquelle on pouvait et on devait mesurer la rectitude d'une doctrine. Nous allons le montrer en constatant de quelle manière il a été invoqué avant, pendant et après le Concile d'Éphèse, comme critère d'orthodoxie. Avant le Concile Avant le Concile,, le symbole est cité en partie ou en entier d'Éphèse dans la lettre de Cyrille aux moines d'Egypte^, dans sa troisième lettre à Nestorius^, dans son discours aux Reines^, dans les •cinq livres où il réfute les « blasphèmes » de Nestorius*. Pour que nos pensées soient conformes à la vérité, il faut qu'elles se modèlent sur le symbole. Défense d'y ajouter un seul mot ni même d'en changer une .syllabe ; pour réfuter toutes les hérésies, le symbole suffît^,. (1) A. C. 0., I, 1, 1, p. 12, 1. 32, P. G. 76, 16 B. Sur l'utilisation du symbole de Nicée au Concile d'Éphèse, cf. Gregorianum, a. XII (1931), vol. XII, p. 104-137. Parmi les autres études récentes sur les symboles de foiauxiveetve siècles. Cf. S. Gon- zalez, El Simbolo de S. Gregorio de Nisa y su posicion entre los simbolos de Capadocia, • dans Gregorianum, a. XIX (1938), vol. XIX, p. 130 sq. Sur le texte authentique du Symbole de Nicée, cf. Ortiz de Urbina, in Orienlalia Chrisliana Periodica, 1936, .330-350, et J. Lebon, Nicée-Constantinople. Les premiers symboles de foi, dans Revue .d'histoire ecclésiastique, 1936, p. 537-547. (1) A. C. O., I, 1, 1, p. 35, 1. 1. P. G. 77, 169. (2) A. C. 0., I, 1, 5, p. 63, 1. 9, P. G. 76, 1204, (3) A. G. 0., I, 1, 6, p. 29, 1. 3 et 24 ; p. 32, 1. 30 ; p. 79, 1. 5, P. G. 76, 49 ; 60 ; 176. (4) A. G. O., I, 1, 4, P. G. 77, 176 D. 68 LE SYMBOLE DE NICÉE ET SON PREMIER ARTICLE Le symbole de Nicée Pendant le Concile d'Éphèse, le recours au symbole- au Concile d'Éphèse est fréquent. Les Pères se le font lire au début de la première séance. Qu'on récite d'abord la foi, que composèrent les trois cent dix-huit Pères et évoques réunis autrefois à Nicée, afin qu'on puisse comparer avec cet exposé les propositions- doctrinales; celles qui s'accordent avec cet exposé seront confirmées; celles qui en diffèrent seront rejetées^. On ne peut guère exprimer plus nettement que le symbole de Nicée est une pierre de touche de l'orthodoxie, la règle de foi à laquelle il faut, tout référer. Dans cette première séance du Concile, on donne ensuite lecture de la seconde lettre de Cyrille à Nestorius et otti demande aux Pères de juger si le contenu est ou n'est pas conforme au texte du symbole de Nicée. Ceux-ci attestent que l'exposé de la doctrine faite par- Cyrille est rigoureusement exacte. Firmus, évoque de Césarée de Cappa- doce, affirme qu'il n'y a rien d'erroné dans cette lettre, rien de contraire à la foi ; elle est plutôt une confirmation de la foi. Juvénal de Jérusalem,. Memnon d'Éphèse et d'autres témoignent de la parfaite conformité de la doctrine de Cyrille avec le symbole de Nicée. Flavien de Philippe affirme que cette lettre est comme une lumière qui fait mieux connaître la foi de Nicée. Acace de Mélitène, ami de Nestorius, avoue que l'Église, depuis le début, n'a pas enseigné une autre doctrine que la doctrine de Cyrille. Amphiloque de Side prétend que cette lettre est l'expression fidèle de la Tradition apostolique. Fidus de Joppé la considère comitie dictée par le Saint-Esprit lui-même. De fait, cette deuxième lettre à Nestorius n'est guère qu'un commen- taire du symbole de Nicée. Lorsque tous les Pères, ou presque tous, eurent donné leur avis sur l'accord entre la lettre de Cyrille et le symbole, Palladius, évêque d'Amase, se leva et proposa qu'on lût la lettre de Nestorius, afin d'en confronter le conte Qu avec le symbole de Nicée. Nous avons les témoignages d'un bon nombre d'évêques sur le désaccord flagrant existant entre la doctrine nestorienne et la (f foi » des 318 Pères. Cette double confrontation prouve suffisamment l'importance accordée par les Pères au symbole de Nicée dans la première séance du Concile d'Éphèse (22 juin 431). Le symbole tint une place considérable dans les autres séances, spécialement dans la 6<^ session qui se tint dans la maison de Memnon, le 22 juillet. C'est dans cette séance que fut promulgué le décret interdisant de prononcer, d'écrire, de composer un symbole différent du symbole de Nicée. (1) A. G. 0., I, 1, 2, p. 12, Mansi IV, 1138. APRÈS LE CONCILE d'ÉPHÈSE * 69 Après le Concile Le symbole est constamment invoqué dans l'explication d'Éphèse des 12 anathématismes, rédigée pendant le séjour de 'Cyrille en prison. L'archevêque d'Alexandrie a de nouveau recours « à la foi des bienheureux Pères qu:i se réunirent autrefois à Nicée et y exposèrent la doctrine de la foi vraie et irrépréhensible m^. Dans la correspondance de Cyrille après la paix de 433, le symbole est plus que jamais allégué comme autorité incontestable. A l'évêque de Mélitène, Acace^, l'archevêque d'Alexandrie, écrit : Ils voulaient supprimer tout ce que j'avais écrit dans mes lettres, dans mes tomes ■et dans mes livres, pour n'adhérer qu'à la seule foi qui avait été formulée par nos Saints Pères de Nicée. Je leur ai répondu : A l'exposé de la foi de nos Pères de Nicée, ;ixous adhérons tous, san,s rien changer à ce qu'il contient ; il est en effet exact et irrépréhensible et il ne convient pas de chercher quelque, chose de mieux. Qu^ant à ce que nous avons écrit contre les blasphèmes de Nestorius, jamais on ne pourra nous .'forcer d'admettre que cela aussi n'est pas parfaitement orthodoxe. Cyrille fait encore mention du symbole dans son épître à Succensus^. Dans sa lettre à Donat de Nicopolis, où il annonce la bonne nouvelle de l'union des Églises, il raconte comment ses adversaires lui avaient •demandé « de supprimer ce qu'il avait écrit contre Nestorius et, tout cela étant annulé, d'adhérer au seul symbole exposé par les Pères -à Nicée »^. On pourrait sans doute allonger cette série de textes ; ceux qui ont été indiqués donnent le droit d'affirmer qu'avant, peïidant et après le Concile d'Éphèse, le rôle joué par le symbole de Nicée fut considérable. Dans les négociations qui devaient aboutir à l'accord de 433, le symbole • de Nicée reparaît encore. Tandis qu'après la condamination et l'exil de Nestorius, le tribun Aristolaus s'occupait, au nom de l'Empereur, de réconcilier Antioche et Alexandrie, Rome, où le pape Sixte III avait succédé à Célestin, sollicitait le vieil Acace de Bërée de servir de média- teur^. Sur le conseil de Jean d'Antioche et de ses partisans, Acace envoya -à Cyrille le tex:te d'une proposition tendant à prendre comme règle de foi le symbole de Nicée, complété par la lettre de saint Athauase à Épictète : Restons dans la foi des Saints Pères de Nicée ; elle contient la doctrine évangélique ■ et apostolique et n'a pas besoin d'additions... Laissons de côté les points qui ont été (1) A. G. O., I, 1, 5, P. G. 76, 293, 312 ; Pusey, p. 240-260. Nous employons indiffé- :remment, au cours de ce travail, le terme «évêque » ou «archevêque» pour désigner le chef de l'Église d'Alexandrie et nous ne traiterons pas la question de l'origine du vpatriarchat. (2) A. G. O., I, 1, 4, p. 21, P. G. 77, 183. (3) A. G. O., 1, 1, 6, p. 158, I, 11, P. G. 77, 240 A. sq. (4) A. G. O., I, 1, 4, p. 31, P. G. 77, 249 G. (5) Synod., n. 144, A. G. O., I, 4, p. 93, P. G. 84, 660. 70 LE SYMBOLE DE NICÉE ET SON PREMIER ARTICLE récemment introduits soit pa,r ses lettres, soit par les capitula... Contentons-nous de l'antique législation des Pères, nous conformant à la parole de celui qui a dit : « Ne- dépasse pas les limites que tes pères ont établies «^ Dans sa réponse, Cyrille fit remarquer à l'évêque de Bérée que lui-même et les siens consentaient volontiers à s'en tenir exclusivement au Concile de Nicée, mais dans tout ce qu'il avait écrit, «il n'y avait rien qui ne s'accordât parfaitement avec les Saintes Écritures ou avec le symbole de foi qui fut exposé par les Saints Pères, à savoir par ceux qui jadis se réunirent à Nicée m^. Enfin, quand se fit l'accord de 433, le symbole de Nicée se trouve encore avoir une place d'honneur dans le formulaire que proposait l'évêque d'Antioche. On lit en effet ce paragraphe dans les deux lettres de Jean et de Cyrille : Comment il faut penser et s'exprimer sur le compte de la Vierge, Mère de Dieu, et sur le mode de l'Incarnation du Fils Unique de Dieu, nous le dirons sommairement, non dans le but d'ajouter quelque chose, mais dans celui d'expliquer ce que nous- avons reçu des Saintes Écritures et de la Tradition des Pères, sans prétendre ajouter quoi que ce soit au symbole de foi proposé par les Saints Pères de Nicée. Car, ainsi que nous l'avons déjà dit, ce symbole suffît parfaitement à l'exposé de la religion et à la réfutation de toute hérésie. Ce que nous disons d'ailleurs est moins pour prétendre résoudre le mystère, que pour réfuter, par la confession de notre propre faiblesse, ceux qui nous reprochent d'expliquer les questions qui dépassent notre intelliger^ce'. D'un bout à l'autre de la controverse nestorienne, on constate que le symbole de Nicée occupe une place de premier plan. Les deux parties se reprochent mutuellement d'être infidèles au symbole ; Cyrille accuse Nestorius de n'en point comprendre le sens ; Nestorius reproche à Cyrille de n'en pas respecter la lettre et d'y ajouter le mot Osotoxoç. Les Orientaux blâment Cyrille d'y avoir fait bien d'autres additions et en particulier d'avoir voulu imposer la doctrine des anathématismes. Toute l'argumen- tation de Cyrille tend à prouver par des arguments scripturaires et patristiques que son interprétation du symbole est la seule vraiment légitime et orthodoxe^. (1) Aiheniensis, n. 105, et Coll. Casin., n. 142; A. C, O., I, 1, 7, p. 146. (2) Aiheniensis, n. 107 ; Casinensis, n. 145, p. 97. (3) Cf. Leîlre de Jean d'Antioche; P. G. 77, 170 et lettre de Cyrille P. G. 77, 174. Lire dans : Liberaii diaconi Breviariam, Caput VII, P. L. 68, 982-983, le récit de l'accord de 433. Cf. H. Ch. Puech, Liberatus de Carlhage et la dale de l'apparition des écrits dijonisiens, Melun, 1930. (4) Nous avons indiqué jusqu'ici les principaux passages où il est question du Symbole de Nicée dans les collections grecques : Valicana, Seguierana, Aiheniensis. Voici les références aux collections latines (le premier nombre indique la page, le second la ligne) : Coll. Veronensis, 13, 20 ; 14, 29 ; Coll. Casinensis pars prior. 6, 4; 21, 1 ; 28, 12 ; 60, 31 ; 76, 7 ; 83, 25 ; 120, 38 ; cf. 129, 24 ; pars altéra, 62, 17 ; 209, 29 ; 14 ; 83, 35 ; 84, 36 ; 96, 5 ; — Coll. Winteriana, 1, p. 343. — Coll. Palalina, 74, 16 ; 80, 28 ; 43 ; 193, 24 ; 212, 13 ; Coll. Sichardiana, 313, 36. APRÈS LE CONCILE d'ÉPHÈSE 71 Nous venons de montrer la place du symbole de Nicée dans la contro- verse hestorienne et par conséquent dans les écrits christologiques de Cyrille. Il est clair que notre tâche aurait été plus aisée encore, si nous avions fait porter notre étude sur les écrits trinitaires. Notre ambition, dans les pages précédentes était de justifier, le plan que nous avons suivi dans le présent ouvrage. Adopter comme schéma de notre travail le schéma même du Symbole de Nicée, était, je le répète, un procédé commode ; en même temps, c'était se tracer pour le dévelop- pement des idées un itinéraire tout à fait conforme à la pensée cyrillienne. Dieu, le Christ ; le Saint-Esprit, l'Église et poi^r conclusion la perfection chrétienne de l'âme humaine en laquelle habitent les trois personnes ■divines, tel est, si j'ose dire, le fil d'Ariane qui nous permettra de ne point nous perdre dans le dédale des notions religieuses dans lequel l'étude des écrits cyrilliens nous invite à pénétrer. La connaissance et l'amour de Dieu, d'un Dieu qui a pour nous une tendresse paternelle, sera facilitée et réalisée par l'union de notre pensée, de notre volonté, de notre cteur, de toute notre vie au Christ, Verbe Incarné. Le Saint-Esprit, Esprit de Vérité et de Charité, Esprit du Père et Esprit du Fils, envoyé par le Père et le Fils, vient résider dans l'Église et dans l'âme, en sorte que l'une et l'autre doivent être remplies de la plénitude de Dieu. L'ascèse, la tendance à la perfection chrétienne, ne viennent pas dans la théologie cyrillienne en premier lieu ; elles suivent nécessairement, mais elles n'épuisent en aucune façon la plénitude, l'essence du Christia- nisme. Lorsque nous devenons chrétiens, notre existence est élevée au niveau de la vie divine qui s'extériorise non seulement dans le domaine strict de l'éthique par nos actes moraux, mais dans tout notre être. Cette vie divine semée dans nos âmes au baptême envahit tout notre' être, imprègne toute notre existence, si nous n'y mettons pas obstacle, et se diffuse par l'apostolat. Le Christianisme n'apparaît pas comme une simple morale, mais comme une religion, la religion des enfants de Dieu, une religion en esprit et en vérité, une saisie par l'Esprit, une vie en Dieu, dans le Christ. Essayons de pénétrer dans cette théologie cyrillienne toute ruisselante de vie divine en abordant le problème de la connaissance et de l'amour de Dieu dans sa doctrine spirituelle. La foi en Dieu le Père est le premier article du symbole des 318 Pères^, C'est donc par elle qu'il faut commencer. 1) Cf. Coll. Aîheniensis, n° 74. A. C. O., I, 1, 7, p. 89, 1. 3-13 : ïltOTeùofxev eîç è'va €)eov TraTÉpa TravToxpâxopa, TuàvTCùv ôpaTwv te xal àopaTCiv 7roir)Tr)v. CHAPITRE II EXISTENCE ET NATURE DE DIEU Présence L'exercide de la présence de Dieu est considéré par Cyrille comme' de Dieu fondamental ; il est constamment recommandé par lui aux. fidèles. Ceux-ci doivent penser le plus souvent possible à Dieu, à sa présence, à sa volonté, à sa bonté, à sa puissance, à sa justice^ en un mot à sa Providence, à sa Paternité. Connaissance En ce qui concerne la connaissance que les fidèles peuvent de Dieu avoir de l'Être suprême, Cyrille, sans faire une théorie' très explicite de la question, tient le milieu entre ce que l'on appellera plus tard l'anthropomorphisme et l'agnosticisme. Nous avons déjà dit un mot des Anihropomorphites à propos de Théo- phile dans la première partie de ïiotre introduction. Cyrille combattit vivement les Aùthropomorphites dont la secte avait encore des partisans- assez nombreux au v^ siècle ; il jugea bon, ainsi que l'avaient fait avant lui Hilaire, Chrysostome, Sévérien de Gabala, Jérôme, et de son temps, Augustin et Théodoret, de réduire ces esprits étranges que le littéralisme- exégétique induisait en erreur. Ils retournaient totalement le sens de l'Écriture et faisaient Dieu à l'image de l'homme. Les tenants de cette théorie, dont on constate l'influence manifeste dès le iv^ siècle, préten- daient s'appuyer sur l'Écriture et se fonder sur le texte de la Genèse, I, 26 : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance », Puisque- l'homme formé du limon de la terre est fait à l'image de Dieu, xax etxovoc. 0eou, c'est donc que Dieu lui-même a un corps. D'autres textes des. Livres Saints où l'auteur inspiré prête à Dieu des yeux, des oreilles, des> mains, des pieds^ étaient appelés à la rescousse. (1) Ps. IX, 28 ; ISAïE, LI, 10 ; LXI, 1 ; Dan. VII, 9. CONNAISSANCE DE DIEU 73 Il est difficile de se faire une idée parfaite de la lutte de Cyrille contre les aïithropomorphites, par l'écrit Karà 'Av0pco7rofjLopcpt.Tc5v^ ; car sous sa forme actuelle, cet écrit n'est pas de sa plume. Toutefois, seuls les derniers -chapitres XXIV-XXVIII — extraits des sermons sur la Nativité de Grégoire de Nysse — sont absolument inauthentiques. Les vingt-trois premiers chapitres ne sont guère qu'une maladroite compilation de deux petits écrits composés par Cyrille, le IIpoç TL6épiov et le Ilspl SoyixaTCùv iTTiXticyscoç. Dans sa lettre à Calosyrios, Cyrille nous apprend que, de son temps, il y avait encore un bon nombre d'anthropomorphites parmi les moines de Calamon. En termes assez vifs, il combat l'opinion répandue parmi les moines d'Arsinoë dont Calosyrios était évêque. Dieu devait avoir une forme humaine, car s'il a créé l'homme xaV stxova 0eou, il faut en conclure, puisque l'homme a un corps, que l'essence divine est àv6po)Tcoet,S-^ç ou àv0pco7r6[Aopcp7). Dieu, réplique Cyrille, est Esprit pur, c'est-à-dire absolument immatériel ; l'image de Dieu n'est pas à chercher -dans le corps mais dans l'âme.^. Transcendance Eln luttant contre l'authropomorphisme et en luttant aussi divine contre la doctrine erronée d'une connaissance compré- hensive de Dieu, Cyrille insiste beaucoup sur la Transcendance divine. Il faut afïirraer que les choses qui sont dites de Dieu sont bien au-dessus des exemples ■ d'ici-bas... Dieu les surpasse, puisqu'il est au-dessus de la substance, et que, dans les •choses crées, il n'y. a aucune ressemblance adéquate et parfaite dont nous puissions nous servir pour exprimer l'image de la Sainte Trinité... D'ailleurs, il convient dé dire une chose à ce sujet, c'est que notre langage cache la gloire du Seigneur. En effet, tout cet effort de langage et la méthode employée pour parler convenablement de l'ineffable majesté divine sont bien déficientes. Nous ne devons point nous troubler de la faiblesse de notre langage, mais bien plutôt croire que l'ineffable nature divine est au delà de notre possibilité d'expression et de la péné- tration de notre esprit; c'est de cette manière que nous montrerons vraiment notre .piété». Même insistance sur la Transcendance divine dans un autre passage du Commentaire sur saint Jean, à propos de ces mots du Christ : « Je ne suis pas de ce monde » : Vous, en effet, vous êtes de ce monde, c'est-à-dire des choses qui sont d'ici-bas. Moi, je ne suis pas de ce monde, c'est-à-dire, je suis d'En-Haut. Dieu, en effet, surpasse tout le créé, non pas assurément en le dominant par des sommets montagnetix et une élévation spatiale ; car c'est une sottise que de concevoir comme étant dans l'espace '.ce qui n'est pas un corps ; mais en surpassant toutes les choses créées par les préro- (1) P. G. 70, 1065-1132. (2) P. G. 76, 1068 ; Pusey, In D. Joannis evangelium, Oxonii, 1872, III, 603-607. (3) Sur saint Jean, I, 3 ; P. G. 73, 85, et Pusey, t. I, p. 72 sq. 74 EXISTENCE ET NATURE DE DIEU gatives ineffables de sa nature, le Verbe déclare qu'il est de cette substance, non pa& l'œuvre, l'effet, mais le fruit et le Fils. Remarquez qu'il n'a pas dit : « J'ai été fait des choses d'En-Haut », mais bien plutôt : « Je suis », afln de montrer qu'il existait éternellement avant tous les siècles avec son Père^. La divinité n'est pas dans le lieu, mais elle n'est absente d'aucun être ; elle les- remplit tous, elle les pénètre tous et est à la fois en dehors de tous et en tous^. Les fidèles doivent être remplis de la pensée de cette immensité et de- cette éternité ; ils doivent s'incliner devant la Transcendance, tendre à vivre dans un perpétuel sentiment de la présence de Dieu. Tout en luttant contre l'anthropomorphisme et en insistant sur la Transcendance divine, Cyrille est loin de repousser la possibilité d'une- véritable connaissance de Dieu. Il ne suffît pas de savoir que Dieu existe, il faut encore avoir à son sujet des idées convenables et justes^ Théologie H 6st vrai que cette « Théologie » est avant tout une « théologie négative négative ». Dans son ouvrage sur la Trinité, nous en avons la preuve lorsque parlant du Fils qui possède en commun la nature divine avec le Père, il fait cette remarque : Il est connu du Père et seul II connaît Dieu le Père. En effet on ne peut pas voir et aucun des mortels ne peut découvrir ce qu'est véritablement en elle-même cette- nature supérieure. Car nous croyons qu'il subsiste et qu'il existe ; mais il est absurde- de chercher à savoir ce qu'il est selon sa nature, alors qu'elle ne peut être comprise La nature de Dieu, en effet, surpasse toute intelligence*. Cette « théologie négative » est dans d'autres passages fortement atténuée et nous sommes parfois invités à contempler les attributs divins.. De l'ordre, de la beauté, de la grandeur, de la puissance qui brillent dans- le monde, Cyrille, conformément à la doctrine du Livre de la. Sagesse (chap. XIII) et à celle que l'on trouve chez saint Paul, parvient à la croyance en un Dieu, suprême artisan du mtonde, doué d'une sagesse, d'une beauté, d'une puissance transcendantes. On ne trouve malheureusement dans les fragments du Commentaire sur les Livres Sapientiaux^ aucune explication des versets du cha- pitre XIII de la Sagesse. Mais, dans les fragments du Commentaire de l'Épître aux Romains, se rencontre une courte glose sur la Connaissance de Dieu : il s'agit du chapitre XI, verset 20. (1) Sur sainl Jean, VIII, 23 ; P. G., 73, 805 ; Pusey, t. II, p. 12 sq. (2) Sur sainl Jean, XI, 9 ; Pusey, t. II, p. 705 ; P. G. 74, 205. (3) Sur saint Jean, VIII, 55 ; P. G. 73, 928, et Pusey, t. II, p. 124 sq, (4) P. G. 75, 872 G, B. Cf. Glaphijres sur l'Exode, 1,2; P. G. 69, 466. (5) P. G. 69, 1277-1293. THÉOLOGIE NÉGATIVE 75 Comment connaît-on par la création sa puissance éternelle ? — Parce que, comme toutes les choses créées sont d'une nature caduque et sont appelées à l'existence dans le temps, il apparaît que le Créateur de ces choses doit être absolument incorruptible et éternel. Donc (les incroyants) n'auront aucune excuse au jour du jugement^. C'est datis le Conîra Julianum que l'on trouve les passages les plus explicites sur la connaissance de Dieu et la contemplation des attributs divins ; ils se terminent souvent en élévation dogmatique et en prière. Cyrille note que les païens, comme Plutarque, Hermès, Hésiode, soïit parvenus à une certaine connaissance de Dieu ;. l'Écriture, elle-même, ajoute-t-il, affirme que les païens sont inexcusables de ne pas reconnaître Dieu. Car, dit l'Écriture inspirée, comme il leur convenait de reconnaître Dieu, Créateur et architecte de l'Univers, en voyant la belle harmonie des choses créées, ils ont manqué à ce point de sagesse que ce sont ces choses mêmes par lesquelles ils auraient dû s'élever à la connaissance de la vérité qui les ont induits en erreur. Dans tout le développement qui précède 2, l'ordre moral et l'ordre physique sont mis en parallèle ; Cyrille, comme nous l'avons dit, tournant son regard intérieur vers les profondeurs du cœur humain et contemplant le ciel étoile au-dessus de sa tête, affirme que le monde des âmes comme celui des astres se trouve régi par des lois : il y a un législateur qui oblige et sanctionne. A la démonstration de l'existence de Dieu se trouve mêlée une justification de la Providence morale qui récompense les bons et punit les méchants, et cet ordre moral trouve son pendant dans l'harmonie du monde sensible, dans le mouvement régulier dés astres, du soleil, de la lune et des saisons. Les païens eux-mêmes comme Aristote, comme son disciple Alexandre, pouvaient s'élever jusqu'à cette notion de Provi- dence que l'on trouve dans l'Écriture et que chante en particulier David dans le psaume 103, verset 19 : « Il a fait la lune pour marquer les temps et le soleil qui connaît l'heure de son coucher ». Cyrille conclut : Donc, pE^r l'ordre et par le mouvement harmonieux des choses que nous voyoïis, il apparaît clairement qu'elles sont soumises aux lois d'un législateur. « Les cieux, en effet, racontent la gloire de Dieu et le firmament annonce les œuvres de ses mains »^. Si quelqu'un, par les yeux de l'esprit, dépasse les choses qui apparaissent à nos sens et s'élève au-dessus de tout ce qu'on voit, et pénètre la créature qui tombe sous l'intel- ligence et la science, il trouvera qu'elle est régie, elle aussi, par des lois convenables, obéissante, docile, et servant Dieu qui est au-dessus de tout. Les anges et les archanges (1) Commentaire sur VEpîlre aux Romains, P. G. 74, 776. Sur les fragments cyril- liens en général et ceux de cette épître en particulier, consulter Rûcker, Biblische Zeilschrifl, 1921, p. 337 sq. (2) Contre Julien, 1. III, P. G. 76, 624 sq. (3) Ps. 18, 1. 76 EXISTENCE ET NATURE DE DÏEU servent Dieu et le vénèrent par des hymnes perpétuels, chacun selon sa capacité de louange. Le divin prophète Isaïe dit avoir vu le Seigneur des armées assis sur un trône élevé, et les Séraphins l'entourant et faisait monter leurs chants vers Lui par des hymnes alternés. David, lui aussi, chante : « Bénissez le Seigneur, vous, ses anges, qui êtes puissants et forts, et qui exécutez ses ordres, en obéissant à la voix de sa parole. Bénissez le Seigneur, vous toutes, ses armées, qui êtes ses serviteurs et qui exécutez sa volonté !»^. Ce passage donne une idée assez exacte de la nianière de Cyrille ; on constate ici-bas, ordre, beauté, obligation morale, contingence ; ce fait sert de base de départ ; le raisonnement s' accompagne bientôt chez Cyrille de la prière ; il se transforme en élévation dogmatique, en sorte que ce qui apparaît tout d'abord comme une preuve de raison s'achève et s'épanouit soudain en oraison. Notons dé plus que la vie atlgélique, toute de louange, de service et de conformité à la volonté divine est présentée aux hommes comme un idéal supérieur qu'ils doivent s'efforcer de réaliser. Connaissance L'ascension de l'âme vers Dieu, quand l'âme est spontanée de Dieu droite, est toute spontanée ; par un élan naturel, l'homme s'élève vers son créateur. Dans les Glaphijres, Cyrille fait remarquer que l'âme humaine porte en quelque sorte, en elle-même une connaissance innée de Dieu qui l'incline à l'honorer et à le servir. Il existe comme une loi nécessaire et innée qui la meut et une connaissance spontanée qui la pousse à concevoir un être supérieur à ïious et incomparablement meilleur que nous, c'est-à-dire Dieu". Dans son ouvrage contre Julien, même insistance : Nous disons que la connaissance de Dieu .est gravée dans la nature (sYxaTa6e6X^oTai) humaine et que le Créateur a inséré (svstvat) en lui la science naturelle des choses qui sont utiles et nécessaires au salut. Il convenait que celui pour qui de si grandes choses avaient été préparées, puisse aller tout droit à la vérité à partir du devenir du monde, de l'ordre qui y règne, de sa beauté, de sa conservation dans l'être, et qu'il puisse voir combien grandes, chez celui qui amène toutes choses à l'existence, sont la sagesse et la puissance, lesquelles surpassent toute intelligence*. Connaissance La connaissance religieuse dont nous venons de constater et moralité ]a^ possibilité et le caractère spontané, n'est pas sans affinité avec la moralité de la vie. Fréquemment, Cyrille revient sur le chapitre des conditions morales requises pour la recherche de la Vérité divine, par exemple, à propos du texte : «Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu )) ; expliquant cette nécessaire xà0apc7i.ç, il emprunte plutôt le langage (1) Ps. 102, 20, 21. Contre Julien, 1. III, P. G. 76, 625. (2) Glaphijres sur la Genèse, 1. I, P. G. 69, 36. (3) Contre Julien, 1. III, P. G. 76, 653. SYMBOLISME ET ANALOGIE 77 de l'Écriture que celui de la philosophie. Cette parenté entre intelligence et volonté, entre conduite de la vie et lumière religieuse, transparaît surtout dans le Commentaire sur VÉpître aux Romains et dans les nombreux textes de cette épître qui émaillent le Contra Julianum. La déchéance de l'âme est une entrave dans sa marche en avant, et miême, elle lui fait parfois perdre la trace de Dieu ; la vérité retenue captive par l'injustice ne perd pas pour autant toute sa force d'affirmation ; si elle ne peut s'exprimer en fruits de paix et de contentement, elle se manifeste par la colère de Dieu qui éclate' et tombe comme la foudre du ciel. Cyrille, à plusieurs reprises, décrit comment les païens se sont asservis au monde sensible et ont échangé «la gloire du Dieu immortel pour des images représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, des reptiles »^. D'ailleurs, comme les dieux avaient des mœurs déplorables, ne fallait-il point pour ne pas leur faire honte, en avoir de pires encore^? Bref, pureté, charité, sainteté, sont en liaison directe avec la connaissance du vrai Dieu, qui est un Dieu de pureté, de charité, de sainteté ; pour se rapprocher de Lui, il faut mener une vie pieuse et détachée^. Dans son ouvrage Sur V Adoration en esprit et en vérité, Cyrille rappelle que les vrais adora- teurs doivent être purs et exempts de toute tache pour se présenter devant Dieu*. C'est parce que les descendants de Noé se laissèrent aller à leurs passions qu'ils perdirent la véritable idée de Dieu qui jusqu'alors était restée intacte ; ils se mirent à adorer le soleil, la lune, les étoiles, les éléments du monde, le feu et l'eau, l'air et la terre et même les morts ; ils commencèrent à pratiquer l'astrologie et à tirer des augures du vol des oiseaux ; l'obscurcissement de leur esprit apparaît comme une consé- quence naturelle de la corruption de leurs mœurs. Symbolisme Reste maintenant à analyser le, dynamisme par lequel l'esprit et analogie q^j ^q s'arrête, ne s'attache et ne s'asservit pas au sensible doit utiliser tout ce qui tombe sous les sens pour prendre son élan vers Dieu ; le regard humain se pose sur le monde sensible et dégageant la ressemblance plus ou moins grande qu'a tout être avec le Créateur, il atteint, dans une certaine mesure, l'Être Suprême en son essence. Les choses sensibles apparaissent comme un symbole (ct6(jl6oXov), un signe (^. Les traits essentiels sont nettement accusés : caractère gratuit et •universel de la volonté salvifique de Dieu, respect de la liberté humaine, rôle de la prescience divine et affirmation d'une particulière dilection pour les élus. Dieu n'aveugle et ne rejette personne* ; il fait entendre sa voix à tous les hommes : Voici que Jésus appelle tout le monde (aiijXTtavTaç) à Lui ; il n'est personne qui ne participe à la grâce delà vocation ; en disant tous, ilentendbienqu'iln'y a absolument personne d'exclu°. Le salut des prédestinés dépend à la fois de la grâce divine et de la liberté humaine ; Cyrille souligne ces deux éléments essentiels. Dans le problème" de la destinée et de la prédestination, il faut tenir compte, d'une part du rôle de la prescience de Dieu et du secours gratuit venu d'En-Haut. Toute inclination qui nous porte à la justice nous vient de Dieu le Père. (1) Sur notre naissance de l'Esprit-Saint qui nous conforme au Fils bien-aimé du Père. Cf. Sur la vraie foi, à Théodose, P. G. 76, 1185 A, B, C sq. et Pusey, vol. VII, p. 116. Sur le modelage intérieur du Saint-Esprit, £)iaZo(7«e VII surla Trinité. P. G. 75, 1088-1089. (2) Sur Origène. Cf. In Rom., P. G. lé, 841, 1123 sq. ; P. G. 11, 296 sq. ; P. G. 13, 501 sq. ; P. G. 12, 1160 sq. — Sur Chrysostome, cf. In Eph. I, Hom. 1 sq. ; P. G. 62; In Rom. hom. XV sq. P. G. 60. (3) H. D. Simonin, in D. T. G. art « Prédestination », t. XII, 2, col. 2830 sq. Voir aussi d'ALÈs, D. A., art. « Prédestination », col. 205, et Ed. Weigl, Die Heilslehre..., ,p. 302-310, 326-343. (4) P. G. 72, 792 ; P. G. 74, 973 ; Pusey, t. II, p. 328. (5) Sur réptlre aux Romains, VIII, 30, P. G. 74, 828 D. PRÉDESTINATION 89" D'autre part, la liberté humaine doit garder son libre jeu : Dieu exige la coopération à la grâce. Un texte cyrillien touchant la liberté humaine a fait difficulté aux regards de certains exégètes mais il nous semble que les passages que l'on trouve, sur le même sujet, dans le Contra Julianum (1. X), dans les Commentaires sur saint Luc, sur saint Jean et sur Isaïe, ainsi que dans le Discours aux Reines sur la vraie foi, sont suffisamment lumineux pour l'éclairer^. C'est dans V Adoration en esprit et en vérité, que se trouve ce passage où Casimir Oudin, un des critiques du xvii^ siècle les plus sévères pour Cyrille, voyait la négation de la liberté de l'homnae : Il ne serait pas improbable de croire que ceux qui sont plongés dans le péché ont donné en quelque sorte la mort à leur âme et qu'ils ont glissé vers ce grand malheur non de leur propre gré, mais forcés, pour ainsi dire, à la transgression et à l'offense envers Dieu, à cause de l'inclination au mal que l'esprit de l'homme subit depuis son enfance et à cause de la loi de la concupiscence indomptée qui tyrannise ses membres^ On pourrait d'abord lui objecter avec Dom Ceillier, comme nous le disions plus haut, que si i'évêque- d'Alexandrie s'exprime avec embarras en cet endroit, il parle plus clairement en d'autres de la liberté, recon- naissant en termes exprès, qu'on est « libre pour faire le bien et pour s'abstenir du mal ». De plus, Oudin ne semble pas attribuer une suffisante importance au., petit adverbe àcTcsp qui atténue sans aucun doute la rigueur de l'expression incriminée, tout de même que certains «quodam modo » adoucissent un bon nombre des affirmations les plus catégoriques d'un saint Thomas d'Aquin. Même nuance dans un passage du Commentaire sur Isaïe: Comme le bienfait de la clémence d'En-Haut nous rend très courageux eténergiques vis-à-vis du mal, de la même façon lorsque nous tombons sous la colère divine, il est alors de toute nécessité en quelque sorte — Tiâcdc ttoç àvdcyxv) — qu'on soit asservi aux vils plaisirs". Ici encore se trouve un adverbe qui affaiblit singulièrement la rudesse de certains mots. La préoccupation principale est ici de commenter les versets 4 et 5 du chapitre 64 d'Isaïe, à la lettre, sans changer la disposition des termes. Or voici ce que dit le prophète : « Voici que vous étiez courroucé, et nous (1) Discours aux reines sur la vraie foi, or. II, c. IX. P. G. 76, 1345 D ; Sur saint Jean, I, 10 ; P. G. 73, 148. D ; XVII, 12, 13, P. G. 74, 524 C, 521 ; XIII, 18, P. G. 74, 128 D et 129 A ; Sur saint Luc, XXII, 57, P. G. 72, 928 D ; Sur Isaïe, P. G. 70, 1399. (2) De l'Adoralion en esprit et en vérité, 1. VIII, P. G. 68, 581 C. (3) P. G. 70, 1399. J'emprunte cette traduction au R. P. F. M. Abel, 0. P., et renvoie le lecteur à son étude intitulée '.Parallélisme exégétique enlre S. Jérôme et S. Cyrille d'Alexandrie, dans Vivre et Penser, ire série, Gabalda, 1941, p. 94-119 et p. 212-230. '90 PROVIDENCE DE DIEU ET PRÉDESTINATION • étions coupables. — Nous étions tous semblables à un homme impur et toutes nos justices étaient pareilles à un vêtement souillé ». Cyrille se scandalise, comme nous l'avons déjà vu à propos du texte d'Osée, de ce qu'on ait voulu faire violence au texte : Il a paru bon à certains exégètes d'aborder ce texte suivant un autre sens. Ils inter- vertissent en effetl'ordre des mots etpar conséquent la force des concepts pour arriver à cette phrase : Ecce nos peccavimus, et lu iralus es nobis. La colère divine, disent- ils, n'a pas été la cause de leurs fautes. C'est parce qu'ils se sont livrés aux dérèglements ■que Dieu s'est courroucé. Ces exégètes ont eu peur, semble-t-il, que l'on fît de la colère •divine la cause du péché. Il n'y a aucune crainte à avoir sur ce point car il n'est pas dit que la ' colère divine est la cause du péché. Ce qui est vrai c'est que Dieu est irrité de ce que nous sommes plongés dans l'orgie, devenus pécheui;s et infâmes ; nous tombons alors comme- des feuilles mortes ; le vent nous emporte comme de la poussière... Ce qui est vrai, c'est que si le Seigneur ne n.ous donne pas la force spirituelle, nous sommes vaiïicus par le péché. Le Psalmiste ne dit-il pas :« Dieu est le Seigneur des vertus» [Ps., 118, 14, 15) ; et sur les lèvres du Christ ne trouvons-nous pas cet enseignement : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean, XV, 5). Et David ne chante- t-il pas : « Tu es la gloire de leur puissance » (Ps., 88, 18), afïïrmaïit qu'il ne faut pas attribuer le bien que l'on fait à soi-même, mais à la seule puissance de Dieu : «Ce n'est pas dans mon arc que j'espérerai et mon glaive ne me sauvera pas. C'est vous qui nous sauvez de ceux qui nous frappent » {Ps., 43, 7, 8), Ce qu'il faut donc retenir du texte d'Isaïe, sans chercher plus loin pour le moment, c'est qu'avec la grâce de Dieu nous sommes forts et vigoureux pour résister au mal et que sans la grâce de Dieu, nous ne pouvons que succomber. Il y a là un mystère que notre pauvre regard humain ne peut pas arriver à sonder parfaitement. Le regard de Dieu transperce les profondeurs du temps, de l'espace et des êtres ; il connaît les mystères de l'âme humaine et de l'avenir ; de toute éternité, il a prévu l'usage bon ou mauvais que l'homme ferait de sa liberté. Il a haï Esaû parce qu'il a prévu qu'il serait méchant ; il a aimé et favorisé Jacob parce qu'il a prévu sa bonne conduite ; la pres- cience, TTrpoyvwCTtç, respectueuse de la responsabilité humaine, accompagne toujours l'élection gratuite, 7) xar' èxXoyyiv -/â-piç,. Quant à la mystérieuse npôQzaïc, paulinienne, voici comment Cyrille tente de l'expliquer : Assurément, tout concourt au bien pour ceux qui aiment Dieu et ont été appelés .:selon le propos. Mais de qui est le propos ? Que signifient ces mots : xarà 7rp60eaiv ? PRÉDESTINATION 91 TCaxà 7cp60e(jiv n'est pas autre chose que xaxà j3oiSXy)ci.v. C'est pourquoi ceux dont il ■est question sont appelés xaxà poiiXvjaiv tivGv. Mais s'agit-il seulement de celui qui appelle ou bien aussi de ceux qui sont appelés ? Toute inclination qui nous porte à la justice nous vient de Dieu le Père. Le Christ a dit en effet un jour : « Personne ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne l'attire ». Cependant, en cette matière, celui-là ne s'écartera pas de ce qu'il convient de dire s'il affirme que certains •ont été appelés selon le propos, et de celui qui appelle, et aussi selon leur propos à eux*. Entre le propos divin et le propos humain, il y a solidarité et même une sorte d'adaptation. Il les appela à la jouissance de si grands biens, et cela, non pas actuellement, mais longtemps d'avance, puisque par sa prescience ineffable, il avait vu bien avant leur naissance ce qu'ils seraient. Sachant en effet par avance qu'ils seront tels,. il prépara longtemps d'avance des biens proportionnés aux sentiments qu'il avait à leur égard. Comment donc serait-il possible qu'il les négligeât puisqu'il avait préparé dès avant leur naissance les récompenses de leur choix, TrpoatpéCTeoç, puisqu'il les appelait dans ce but »? Les citations que nous vetioïis de faire et les passages que nous venons d'indiquer dotinent une idée de la manière dont Cyrille se posait le problème ■de la Prédestination, Ils complètent ce que, dans les pages précédentes, nous avons dit de Dieu, de Dieu-Providence, de Dieu-Père. Nous approfondirons dans les chapitres suivants cette notion de la Paternité divine et les sentiments de respect, de confiance et de dévoue- ment à son égard en étudiant Celui qui est le Fils par excellence, puis l'Esprit de vérité et d'amour résidant dans le juste et mettant sur ses lèvres le cri filial : Abba, Père. Alors se dessineront distinctement les lignes maîtresses de la doctrine cyrillienne, sur le rôle du Dieu Trinitaire dans l'œuvre de notre divinisa- tion et sur la nouvelle vie de connaissance et d'amour, celle du Fils par nature, à laquelle l'homme à été appelé par grâce à participer, A la fin de cette première partie, il convient de prendre une vue d'ensemble sur l'œuvre du salut et de la sanctification et de déterminer dans cet ensemble quel est exactement le rôle de Dieu le Père. Le Logos Incarné et l'Esprit viendront diviniser l'homme. Comment cela? En le reformant selon « l'archétype de l'image, à savoir le caractère du Père ))^, Quel est le terme de la prédestination ? La conformité à l'image ■du Fils, lui-même image du Père*, Quel est l'aboutissement de cet itiné- (1) P. G. 74, 828 A, B ; Pusey, vol. Ill, p. 220. (2) Cf. VIII, 28 et VIII, 30, P. G. 74, 828 A, B et 829 A, B ; Pusey, vol. HI, p. 220- ■222. Voir aussi d'autres développements sur la Prédestination, P. G. 71, 281 ; 72, •298 et 74, 128, 521, 833 sq. (3) Sur la Trinité, dia.l. VII, P. G. 75, 1089 A. (4) Hom. pasc, X, P. G. 77, 617 D, — Sur Isale, 66, 18-19, P. G. 70, 1445 C. 92 PROVIDENCE DE DIEU ET PRÉDESTINATION ra.ire spirituel que le Fils et le Saint-Esprit nous font suivre? Le retour- au Père. Tout vient du Père ; tout retourne au Père^. Enfin si notre sancti- fication est opérée conjointement par les trois. personnes de la Trinité,, peut-on se faire une idée plus précise du rôle qui appartient au Père? Cyrille répond d'une manière imagée à cette question en commentant Jean XV, 1 : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron ». Pour quelle raison donc appelle-t-il vigneron son Père ? C'est que le Père n'est ni- oisif ni inactif à notre ég£^rd, pendant que, dans le Saint-Esprit, le Fils nous nourrit et nous maintient dons le bien. Notre rétablissement est comme l'œuvre de toute la sainte et consubstantielle Trinité, et c'est à travers toute la nature divine que passent,, dans tout ce qui se fait par elle, la volonté et la puissance. Pour cette raison, ... notre salut est vraiment l'œuvre de l'unique déité. Et, bien qu'à chaque personne semble être attribuée quelque chose de ce qui est fait à notre égard ou opéré dans la créature, nous ne croyons pas moins que tout est du Père par le Fils dans l'Esprit (Tcàvxa laxt Trapà Tou Ilarpàç Si' TEou êv IIveiif/aTi). Tu seras donc tout à fait dans le vrai en pensant que le Père nous nourrit dans la piété par le Fils dans l'Esprit : de même il fait fonction de vigneron, c'est-à-dire il observe, surveille et a soin de notre rétablissement par le Fils dans l'Esprit^. Et cet Esprit qui nous ramène au Père, d'où procède-t-il ? Cet Esprit, « puissance sanctificatrice qui perfectionne les imparfaits » procède physiquement du Père^, de ce Père qui est le principe, la source, la racine de la divinité^ qui a comme propriété personnelle r« agennésie »^, qui engendre son Fils ab œlevno, non par une génération charnelle, mais par une génération spirituelle d'un caractère tout spécial et mystérieux^. Nous insisterons dans les pages qui vont suivre sur la divinité de l'Esprit et la divinité du Fils ; ces développements ne devront point apparaître aux yeux du lecteur comme un hors-d'œuvre, dans cet ouvrage sur le dogme et la spiritualité, puisque notre spiritualisation, notre sanctification dépendent du dogme même de la divinité du Logos Incarné et de l'Esprit. Pour que le Fils en effet puisse nous diviniser, il faut qu'il soit Dieu et semblablement, pour que le Saint-Esprit puisse nous diviniser, il faut qu'il soit Dieu. Lorsque Cyrille s'adresse à des interlocuteurs ou à des correspondants qui admettent le fait de la divinisation, il part de ce terrain commun, de cette base d'entente, de cette concession qui lui est faite, pour prouver la divinité du Fils. Même après Nicée, il peut rester encore quelques hérétiques retardataires ou invétérés qui ont besoin de cet enseignement. (1) Sur saint Jean, XI, 10, P. G. 74, 541. (2) Sur saint Jean, XV, 1, P. G., 74, 333 D-336 B. Cf. ibid., VI, 45 ; P. G. 73, 556 B-D- (3) Trésor, ass. 33 ; P. G. 75, 597 A. (4) Sur saint Jean, I, 1, P. G. 73, 25 et Pusetj, t. I, p. 18 sq. (5) Trésor, ass. 31, P. G. 75, 44 sq. et ass. I, P. G. 75, 25. (6) Sur la Trinité, dial. 2, P. G. 75, 780 et Trésor ass. 5, P. G. 75, 76 sq. ' PRÉDESTINATION 93 Avec d'autres adversaires qui n'admettent pas le fait de la divinisation, 'Cyrille prouvera par les arguments classiques, celui des miracles, des prophéties, de la transcendance absolue du Christ, la divinité du Logos Incarné. Ce dogme est à ses yeux de première importance, puisqu'il faut — cette affirmation revient comme un leit-motiv — que le Fils soit Dieu pour pouvoir nous diviniser. Si le Logos de Dieu est une créature, comment sommes-nous unis à Dieu et déifiés ..(0eo7roioiijis0a) par l'union avec Lui ? ^ Il en est de même du Saint-Esprit. Si notre théologien n'insiste guère sur les preuves de la divinité du Saint-Esprit, pour prouver ensuite la déification, du moins part-il du fait de notre déification par le Saint-. Esprit — dogme communément accepté — pour prouver la divinité de la troisième hypostase trinitaire^. Dans toutes ces discussions, la divinité du Père n'est jamais mise en •question. Si entre les noms de Dieu et de Père, il y a la distinction que nous avons signalée plus haut, d'ordinaire, lorsque Cyrille parle de Dieu, il s'agit de Dieu le Père^. Mais une difficulté se présente. La création doit-elle être attribuée à la Trinité ou à Dieu le Père ou purement et simplement à Dieu ? La divinisa- tion doit-elle êtr,e attribuée au Père, au Fils, au Saint-Esprit, de la même manière? Les textes sont si complexes et si nombreux, comme nous le verrons au cours de cette étude, que l'on ne peut répondre d'emblée à ces questions. Notons d'abord que notre docteur semble ignorer la distinction que la théologie postérieure instituera entre propriété et appropriation. Remarquons ensuite que si toute la Trinité semble concourir à la création de l'homme*, cette création de l'homme qui a été une création dans la (1) Trésor, ass. 20, P. G. 75, 284, 333 C. (2) Cf. J. Mahé, Là sanctiflcalion d'après saint Cyrille d'Alexandrie, dans Revue ■d'hist. ecclés., t. X, 1909, p. 38. (3) Sur saint Jean, XVII, 6-8, P. G. 74, 500 et Puseij, t. II, p. 681 sq. ; sur saint Jean, I, 1, P. G. 73, 25 et Pusey t. I, p. 18 sq. — Sur la Trinité, dial. II, P. G. 75, 780. (4) En lisant dans Genèse I, 26 ces paroles de Dieu : « Faisons l'homme à notre ■image », Cyrille pense que ce pluriel indique un dialogue entre les personnes divines. Dial. IV sur la Trinité, P. G. 75, 881 ; sur saint Jean 1, 2, P. G. 73, 536-540 ; I, 5, P. G. 73, 84 ; Trésor, 29, P. G. 75, 433 ; I, P. G. 75, 25 ; Contre Julien, 1, P. G. 76, 536-540, — Notons en passant que Cyrille, partageant sur ce point le sentiment de beaucoup d'autres Pères, par exemple TertuUien, Grégoire de Naziance, Basile, Épiphane, Chrysostome, Hilaire, Isidore de Péluse, date du Nouveau Testament la révélation de la Trinité. Cf. Sur saint Jean, XII, 20, P. G. 74, 84 : Où yàp ^Setoav TcpÔTepov T^ç ày^aç xal Ô(jioouctCou TpidcSoç xoùç Xéyouç cl è^ 'lapafiK, àXX' oùSè ir^ç -7cveu(i,aTixîiç XaTpe[aç t})v Siivafxtv. C'est aussi après Cyrille le sentiment de Grégoire Je Grqnd et de saint Thomas d'Aquin. Notons toutefois qu'avec quelques Pères (v. g. 94 PROVIDENCE DE DIEU ET PRÉDESTINATION justice originelle coïncide en fait et historiquement avec la divinisation,^ abstraction faite du moins de l'Incarnation Rédemptrice. Ces considérations nous amèn,erit à expliquer davantage la pensée de l'évêque d'Alexandrie sur les divers degrés de ressemblance divine dans l'homme. Celui-ci a été créé originellement dans Vaphiavsia^ comme nous venons de le dire : ce qui fait que dès sa création, il était déjà divinisé en quelque sorte. Toutefois, Cyrille distingue deux ordres. Le souffle de Dieu, celui du Père, en d'autres termes, l'Esprit du Fils, le Saint-Esprit, a été imprimé « comme un sceau de sa propre nature » à l'homme arrivé déjà à la propriété de sa nature parfaite, composé de ses deux éléments : l'âme... et le corps^». Il n'est donc pas téméraire de dire que Cyrille distingue l'ordre de la nature créée, «nécessairement sujette à la corrup- tion »^ et au retour à son origine qui est le néant* et une participation de la nature créée à la nature incrééè, incorruptible et indestructible par essence (ôcçOapTOV xa^ àv6Xs0pov oùfftooScoç)^. Cette affirmation est confirmée davantage en notre esprit par la dis- tinction cyrillienne des deux ordres de similitude divine que l'on trouve dans l'homme. Une première similitude fut donnée à Adam avec sa nature raisonnable et libre ; une similitude supérieure était due à la présence du Saint-Esprit et elle le faisait participer à l'incorruptibilité qui est une propriété essentielle de la nature. divine. Il est dit fait à l'image (èv sExdvi,) de Dieu en tant qu'animal raisonnable, enclin à la vertu (9iXàpeTov) et préposé aux choses terrestres. Telle est la première similitude et voici la seconde^ : Il a été formé à l'exemple de la beauté £^rchétype et perfectionné à l'image du créateur (xaT'slxova toO Kxtaavroç), soutenu en vue de toute espèce de vertus par la force de l'Esprit qui habitait en lui^. Notons en passant que cette double similitude n'est pas déduite par Cyrille, comme on le voit dans les textes précités, des termes de la Genèse Grégoire le Grand, Épiphane, Haer., VIII, 5, P. G., 41, 212), Cyrille accorde aux Patriarches et aux prophètes quelque connaissance de la Trinité, mais il la refuse au reste du peuple : cf. Conlre Julien, I, P. G. 76, 532-540. (1 ) Sur saint Jean, I, 9, P. G. 73, 145 A. (2) Sur saint Jean, XIV, 20 ; P. G. 74, 277 A-D. Cf. Glaphyres sur la Genèse, I, P. G. 69, 20 BG ; sur la Trinité, dial. IV, P. G. 7S, 908. (3) Hom. pasc, XV, P. G. 77, 744 A. (4) Sur saint Jean, I, 4 ; P. G. 73, 88 B. Cf. XIV, 20, P. G. 73, 277 A, (5) Sur saint Jean, I, 14, P. G. 73, 160 B. Cf. Sur la Trinité, dial. VII, P. G, 75, 1081 D. (6) Contre les Anihropomorphiles, ép. à Calosyr., P. G. 76, 1069-1072. Cf. Sur saint Jean, XIV, 20, P. G. 7d, 277 D. (7) Sur saint Jean, XIV, 20, P. G. 74, 277 A-D. Cf. Sur Mallh., XXIV, 51, P. G. 72, 445 G. RESSEMBLANCE DIVINE 95 I, 26, s'txt&v et 6iioi(ùaiq ; et sur ce point, il se distingue de certains Pères qui voit dans zixéiv la première similitude et dans o[Loi(ùGiç, la seconde, ou inversement^. La similitude supérieure, d'après Cyrille, fut perdue par le péché ; la nature d'Adam n'était pas en effet complètement spiritualisée^ et fixée dans le bien^, Adam se laissa tromper par le tentateur, « l'inventeur du péché* » ; il désobéit au commandement que lui avait donné son Créateur^ et aussitôt, « il fut rejeté et tomba hors de Dieu et de l'union avec le Fils opéré par l'Esprit »^, Tout ce qu'il ne possédait pas de son propre fond (ol'xoGev), ou « par essence »', il le perdit. Le péché détruisit en lui la ressemblance divine supérieure^. Le Saint-Esprit s'en alla et avec lui, disparurent les privilèges et les vertus gracieusement accordés par le Créateur. La mort et la corruption firent leur entrée dans le monde^ ; le règne du démon et du péché commença i°. Le sinistre cortège qui fait suite à la corruptibilité réapparut ; la laideur, l'impuissance, la tyrannie des instincts rebelles^^, c'est-à-dire la concupiscence (rJjv xarà TràvTWV 7)(i,(ov TupavvTjoracrav àfxapT^av) que Cyrille distingue du péché originel proprement dit (t-/)V èv 'ASà[x TtapàSaciv). Mais le péché originel n'a pas eu que pour Adam des conséquences désastreuses. Toute la descendance de celui qui est devenu corruptible naîtra mortelle, privée de l'à^ôapCTta, cette ressemblance divine supérieures^. Et si Ton demande comment les hommes ont pu ainsi devenir pécheurs par la faute d'un autre, comment ils ont pu être tenus responsables d'un péché qui n'est point personnel, Cyrille, loin de nier te fait en donne l'explication suivante : (1) Cf. Contre les Anîhropomorphiles, X, P. G. 76, 1085 B-1088 G. (2) Sur la vraie foi, aux Reines, or. II, 43 ; P. G. 76, 1396 B. Cf. Sur Vép. aux Hébr.^ VII, 27, P. G. 74 975 G. (3) P. G. 75, 336. (4) Sur l'ép. aux Rom., V, 12, P. G. 74, 784 B. Cf. Glaphyres sur la Genèse, I, P. G. 69, 20 D, 21 A. — P. G. 74, 275, 908. (5) P. G. 69, 20 ; P. G. 68, 148 ; P. G. 74, 275, 908. (6) Sur la Trinité, dial. IV, P. G. 75, 908 D. (7) Sur la Trinité, P. G. 75, 1016 A. Cf. Sur saint Jean, VII, 39, P. G. 72, 753 G ; Sur la'vraie foi, aux Reines, II, 43, P. G. 76, 1396 B (comme elle n'était pas de la nature engendrée çùaetùç yevTjTTiç qui ne possède pas l'immutabilité par essence, oôotûiScoç). (8) Contre les Anthropomorphiles, X, P. G. 76, 1096. (9) P. G. 74, 813 ; P. G. 77, 209. (10) P. G. 74, 329 ; P. G. 77, 448, 888. (11) Sur l'épître aux Romains, V, 3-12, 18-19 ; P. G., 74, 781 D-789 B. — Contre Julien, III, P. G. 76, 641 B G. P. G. 78, 657, 672, 908 (sur la distinction entre concu- piscence et péché originel). (12) et. SurVépître aux Romains, V, 18, P. G. 74, 788 G-789 B. •96 PROVIDENCE DE DIEU ET PRÉDESTINATION Lorsqu'Adam fut tombé sous l'empire du péché et eut été soumis à la corruption, aussitôt les passions impures s'emparèrent de la nature dé la chair. Notre nature devint .malade de la maladie du péché par la désobéissance d'un seul, c'est-à-dire Adam. Et ainsi plusieurs ont été constitués pécheurs, non pas qu'ils aient péché avec Adam, puisqu'ils n'existaient pas encore, mais parce qu'ils ont cette même nature qui esx, soumise à la loi du péché ^. Livrés à leurs propres forces, les fils d'Adam sont impuissants à récupérer J 'image divine supérieure, l'immortalité perdue. L'homme sur la terre, subjugé par la mort, comment devait-il retourner à l'incor- Tuptibilité ? Il était décessaire de rendre à la chaiç mourante la participation à la puissance vivifiante de Dieu. Or la puissance vivifiante de Dieu le Père est le Logos Monogène. C'est donc celui-ci qu'il nous envoya comme sauveur et libérateur, et il devint chair. Non qu'il ait subi aucune modification ni aucun changement en ce qu'il n'était pas ; il ne cessa non plus d'être Logos. Mais né selon la chair d'une femme, il s'est approprié le corps (pris) d'elle, afin de s'implanter lui-même en nous par une union indissoluble et de nous rendre plus forts que la mort et la corruption. Il a revêtu notre cliair, afin de la ressusciter de la mort et de frayer ainsi le chemin du retour vers l'incorruptibilité, vers la chair qui s'était livrée à la mort^. Le Christ est donc venu accomplir cette Rédemption qui est une « restauration de l'antique beauté de la nature » (to àp^atov tt]? cpiiaecoç àvaxo[Jii.aà(i,£Voi. xàXXoç), élévation « à la dignité au-dessus de la nature » {sic TO UTTÈp cpùaiv àE,i(ùyLOL). Cette dignité n'est autre que la filiation divine adoptive (uioôsata) qui nous vaut les titres de fds de Dieu et même de Dieu, selon le psaume 82^. Le Christ devenu notre frère aîné nous fait connaître et aimer le Père ; il nous montre le chemin du retour au Père ; il nous manifeste ses attributs et ses perfections ; du Père, il est l'envoyé* ; du Père, il est l'image^ ; du Père enfin, il est la gloire^. (1) P. G. 74, 788. Cf. Contre les Anlhropomorphites, P. G. 76, 1092; Pusey, t. III, p. 560. (2) Sur saint Luc V, 19, P. G. 72, 908 D-909 A. — Cf. Sur saint Jean, XIV, 5-6, P. G. 74, 192 B ; Sur la Trinité, dial. V, P. G. 75, 968 CD. (3) Sur saint Jean, I, 12, P. G. 73, 153 B. (4) Cf. Sur saint Jean, 8, 42. (5) Sur saint Jean, XIV, 19, Trésor, XII, P. G. 75, 184-185 ; Glaphijres sur ■VExode II, P. G. 69, 465 ; Sur Zacharie, 2, 10-12, P. G. 72, 40 ; Sur saint Jean, XVII, ■26, P. G., 74, 577 ; Sur saint Luc, 6, 12, P. G. 72, 581 ; Sur saint Jean, XVII, 6, P. G. 74, 500 A ; Dial. sur la Trinité, III, P. G. 75, 812 B. (6) Sur saint Jean, 13, 31-32, P. G. 74, 153 D et Pusey, II, 379 ; Sur saint Jean, 14, 12-13, P. G. 74, 248-249 et Pusey, II, 460 ; Sur saint Jean, 17, 1, P. G. '74, 480 A ; S, 54, P. G., 73, 925 D ; 4, 22 et 6, 38 P. G. 73, 309 et 540 ; 12, 27 et 17, 2, P. G. 74, 92 C et 481 B ; 8, 49-50, P. G. 73, 913 G et Pusey, II, 113 ; Sur les Ps., 71, 19, P. G. 69, 1184 D ; Contre Nestorius, IV, P. G. 76, 188 ; II, P. G. 76, 104 B ; Aux Peines, sur la vraie foi, P. G., 76, 1404 A ; Dialogues sur la Trinité, VI, P. G. 75, 1025 A. DEUXIÈME PARTIE LA PLACE DU CHRIST DANS LE DOGME ET DANS LA VIE CHRÉTIENNE CHAPITRE PREMIER LA DIVINITÉ DU CHRIST Le Verbe préexistant et son Incarnation Dans le chapitre précédent sur la connaissance et l'amour de Dieu, le lecteur a déjà eu maintes occasions d'entrevoir la place occupée par le Verbe Incarné dans la doctrine spirituelle de saint Cyrille. Il nous faut maintenant aborder la deuxième partie du symbole de Nicée et montrer, •d'après notre docteur, le rôle capital que doit jouer le Christ dans la vie iutérieure du chrétien et dans le dogme^. Le Verbe Incamé est Dieu : toute une partie de la Christologie de Cyrille est consacrée à démontrer cette vérité. La connaissance que le chrétien aura de Dieu, de Dieu-Providence, de Dieu le Père, l'amour que le chrétien aura pour Dieu, pour Dieu Providence, pour Dieu le Père, dépendra de la connaissance et de l'amour qu'il aura pour le Verbe Incarné, Fils Unique . de Dieu, médiateur unique entre Dieu et l'homme, venu ici-bas pour nous révéler le Père. L'Incarnation du Verbe de Dieu, l'apparition de Dieu sous. forme humaine approfondit, achève et amène à sa perfection la connaissance que nous pouvons avoir de Dieu, en même temps qu'elle facilite et augmente notre amour pour Lui. Enfin « si l'homme est devenu Dieu, c'est que le 6s6ç est d'abord devenu àvOpcoTTOç ». (1) Cf. Coll. Aiheniensis, n° 74, A. C. O., I, 1, 7, p. 89, 1, 3-13. Uiaxeùojxe^ xal •elç ëva xôpiov'Ivjoouv Xptaxèv t6v Ylàv tou 0eou, yevvrjOévra IktoD Ilarpôç TOvMovoyevîi, TOUxéoTiv èx TTJç oùaCaç tou IlaTpdç, 0e6v èx ©eoij, 9C0Ç èx çoxôç, 0e6v àXYjGivèv Ix 0eoi5 àX7]0LVOu, YEVVir]6évTa où 7cot7]0évTa, ô(J(.oo6ai.ov t^ lïaxpi, 81' o5 xà iràvxa èyévexo xà TE èv x(ji oùpavûi xal xà Iv x^ yfi, xôv Si' -^(xàç xoùç àv0ptf)7uouç, xal Sià xt)V rwitrépocv y.el(ùT(Xi 8k Sià ttjv TauxoTTjTa xîjç çiioetùç ô- IIaT7)p ccù-vcù, oÛTOi xal i][ieïç aùrqi xa0ô yéyovev ôtvOpwTuoç xal aÙTOç Se ï)[xïV' (1045 G)». Lire tout le passage: P. G. 73, 1044 B-1048 G et le commentaire très fouillé qu'en donne L. Janssens dans l'article : Noire Filiation divine d'après Cyrille- d'Alexandrie dans Ephemerides Iheologicae Lovanienses, mai 1938, t. XIV, p. 233-278. DIVINITÉ DU CHRIST DANS SAINT JEAN 105 Cette doctrine de l'Incarnation qui nous occupe en ce moment est résumée par Cyrille dans une sorte de symbole qui se trouve dans son «écrit De la vraie foi aux Reines. Voici ce passage important : Et nous disons que c'est le Logos lui-même, le Fils unique engendré d'une façpn •ineffable de l'essence de Dieu le Père, l'auteur des siècles, celui par qui et en qui tout ■existe, la lumière véritable, la nature qui vivifle tout, ... qui dans les derniers temps, par la bonne volonté du Père, pour sauver la race humaine tombée dans la malédiction et soumise à cause du péché à la mort et à la corruption, a pris la semence d'Abraham, selon les Écritures, et a participé au sang et à la chair, c'est-à-dire est devenu liomme. Ayant pris la chair et l'ayant faite sienne, il a été engendré selon la chair par la sainte et 0eot6xoç Marie. Mais bien qu'il fut semblable à nous et qu'il eût écono- ^miquement revêtu la forme d'esclave, il demeura dans la divinité et la majesté qu'il avait par nature ; car il n'a pas cessé d'être Dieu en se faisant chair, c'est-à-dire horrime semblable à nous. — • Immuable par nature en tant que Dieu, il est resté ce qu'il a toujours été, ce qu'il est, ce qu'il sera toujours, et en même temps il a été appelé Fils 'de l'homme*. La divinité du Christ, de ce Christ venu pour nous divinise;:, pour nous conférer une parenté véritable avec Dieu, est un fait si important aux yeux de Cyrille qu'il nous faut pour bien exposer sa pensée passer rapide- ment en revue les preuves qu'il en donne. Divinité du Christ d'après la Sainte Ecriture Divinité du Christ ^^^^ Cyrille, la divinité du Christ se trouve clairement affirmée affirmée dans les deux sources où nous puisons notre dans saint Jean j^-^ l'Écriture et la Tradition^. Tandis que les Pères de l'école d'Antioche considèrent surtout l'humanité du Christ, Cyrille fidèle à la tradition alexandrine fait plutôt porter ses spéculations théologiques sur la di\inité du Logos Incarné. Aussi trouvons-nous •souvent cité par lui le texte du prologue de saint Jean : « Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous» (Jean, I, 14). Voici comment notre auteur argumente dans la 17® homélie pascale. Le Christ était aussi Dieu dans l'humanité. Aussi peut-on dire que ce qui était né était Dieu selon la nature et que la Vierge qui l'avait enfanté n'était pas seulement mère de la chair, comme les autres mères, mais bien plutôt mère du Seigneur Dieu qui revêtit notre ressemblance*. (1) Sur la vraie foi, aux Reines, I, P. G. 76, 1205 et Pusey, p. 157. (2) Scholia sur Vîncarnalion du Monogène, P. G. 75, 1400 D ; Ep. 45 à Succensus. J>. G. 77, 229 D ; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1204 C ; 1209 D. (3) Hom. pasc. 17, P. G. 77, 676-677. 106 DIVINITÉ DU CPRIST Dans sa lettre aux moines d'Egypte, même référ'^nce au texte d& saint Jean^. Dans la défense de son cinquième anathématisme^, dans- son explication du symbole^, dans ses cinq livres contre Nestorius, le verset précité de saint Jean est en grande partie le point de départ de- son argumentation*. Ce texte de saint Jean n'est évidemment pas le seul que Cyrille allègue' à l'appui de sa thèse ; il a aussi maintes fois recours au texte de saint Luc, I, 35 : « C'est pourquoi le saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu ». Et à ce propos, il soulèvera la question suivante : «Le Fils de Marie est-il en vérité Fils de Dieu, au sens fort, ou bien le désigne-t-on simple- ment par ce nom, en lui donnant un sens atténué»? Notre docteur" n'hésite pas un seul instant à répondre que le Fils de Marie est vraiment une hypostase divine, la deuxième hypostase de la Trinité, Le Logos s'est fait chair par l'opération du Saint-Esprit dans le sein de la Viçrge, Mariep.. Divinité affirmée C'est vraiment une grande folie de la part des Juifs de par les prophètes n'avoir pas reconnu ce qui a été annoncé dans l'Ancien Testament sur la divinité du Christ par les Prophètes^. David, Baruch, Isaïe, Moïse n'avaient-ils point parlé du Messie? « Dieu, nous dit David, viendra d'une manière visible et il ne se taira pas» (Ps., 49, 3). «Il a apparu sur la terre, affirme Baruch, et il a conversé parmi les hommes » (III, 38). Moïse songeait au Rédempteur lorsqu'il parlait de la «face de Dieu » {Genèse, 32, 31). Bien plus, la naissance miraculeuse elle-même est chantée par Isaïe : «Voyez, la Vierge a conçu et enfanté un fils et on. lui donnera le nom d'Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous » (Isaïe, VII, 14). On trouve tous ces passages dans l'ouvrage de Cyrille contre l'empereur Julien; celui-ci .prétendait que le Monothéisme biblique s'opposait à la divinité du Christ, que Moïse, les Prophètes et les Apôtres n'ont pu reconnaître le Christ comme Dieu, puisqu'ils n'admettaient qu'un, seul Dieu'. Cyrille le réfute victorieusement. (1) Lettre 1 aux moines d'Egypte, P. G. 77, 17 C, D. (2) Explic. des 12 anath. P. G. 76, 403 B (Pusey, vol. VI, p. 249, 1. 13). (3) Ep. 55 sur le symbole, P. G. 77, 304 A. Cf. Hom. pascale 20, P. G. 77, 840 C ;, Ep. 46 à Succensus, P. G. 77, 240 B. (4) Contre Nestorius, liv. 1, P. G. ^iS, 16 B ; cf. Scholia sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1399 C, D ; Ep. 55 sur le symbole, P. G. 77, 297 C. ^ (5) Luc I, 35 est cité fréquemment, v. g. : Mansi, IV, 1 184, Labbe, III, 507 ; A. G. O. I, I, Gesta Ephesina, n° 54, p. 39, 1. 19 ; A. C. O. I. I, pars V, 65, 1. 32 ; P. G. 76^ 1212. (6) Contre Nestorius, liv. III, P. G. 76, 140 D (Pusey, vol. VI, p. 155, 33). (7) Contre Julien, liv. VIII, P. G. 76, 900 G ; liv. X, 1004 C. NOMS DONNÉS AU CHRIST 107 Autres affirmations ^^ ^^^^^ ^® parler des preuves de la divinité du Christ dans le tirées de l'Ancien Testament. Celles que l'on trouve Nouveau Testament ^^^^ j^ Nouveau sont longuement exposées dans la première lettre aux Reines^. Outre le fait de la divinité du Christ, les prophètes nous apprennent aussi le lieu et les circonstances de sa naissance^. Au moment de l'entrée du Logos daïis le monde, voici que l'ange atiuonce à la Vierge Marie : « Le Saint-Esprit viendra sur toi et la force du Tout-Puissant te couvrira de son ombre ; c'est pourquoi le saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Luc, I, 34-35)^. Le Verbe se fait chair ; il naît dans la grotte de Bethléem. Auss:jtôt, voici que retentit le cantique des Anges : «Gloire à Dieu dans les hauteurs et paix aux hommes sur la terre »*. Car « Dieu envoya son propre fils, né de la femme ))^. Aussi peut-on dire du Logos : « Alors qu'il était riche, il s'est fait pauvre afin que nous devenions riches par sa pauvreté »^. Le Fils Unique a adopté « la postérité d'Abraham et ir s'est rendu semblable à ses frères »''. Noms donnés Examinons maintenant, à la suite de Cyrille, les noms au Christ dont se sert l'Écriture Sainte pour désigner le Christ. Nous constaterons que Dieu a clairement montré que le Fils, né de la Vierge, doit être nommé Dieu fait chair^. L'écriVain inspiré se sert du mot « Emmanuel » pour nous enseigner que Dieu est apparu sous forme humaine^. Il n'y a que Lui qui puisse être appelé « Emmanuel » ; car Une seule et unique fois s'est produit cet événement formidable, ce fait extra- ordinaire « Dieu avec nous », quand on lé vit sur terre passer son existence au milieu des hommes (Baruch, III, 38). Le nom de Jésus-Christ nous révèle également cette manifestation de Dieu dans la chair^'^.Par la bouche (1) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1276 A, B (Pusey, vol. VU, p. 213). (2) Ps. 131, 6 ; MiCHÉE, 5, 2 {Hom. div. 5, P. G. 77, 1000 G). (3) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1276 A, B ; Explic. des 12 analhém. P. G. 76, 305 G. (4) Luc, II, 4, Hom. div. 15, P. G. 77, 1089 G ; Hom. pasc. 10, P. G. 77, 612 A ; Scholia sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1395 A. (5) Gai. IV, 4, Contre Nesiorius, liv. III, P. G. 116 D ; Hom. pasc. 17, P. G. 77, 776 D ; Hom. pasc. 13, P. G. 77, 693 D ; Marie, mère de Dieu, P. G. 76, 285 G. (6) // Cor. 8, 6. Hom. pasc. 17, P. G. 77, 773 B. (7) Hebr. II, 16-17 ; Hom. pasc. 24, P. G. 77, 745 A. (8) Le Christ est un, P. G. 75, 1257 D (Pusey, vol. VII, p. 337, 30). (9) Sur Isaîe, P. G. 70, 204 D ; Trésor, P. G. 75, 516 B. (10), Sur la deuxième aux Corinthiens, P. G. 74, 917 G (Pusey, Sur saint Jean, III, 322, 4). 308 DIVINITÉ du' christ même de l'Ange, ce nom de Jésus fut doané^, car comme Dieu fait homme, il devait sauver le monde 2, Il a été appelé Christ, c'est-à-dire Oint ; car son humanité est ointe par le Saint-Esprit. Cette humanité n'a pas été seulement dotée d'une force divine ; comme cela eut lieu pour les Patri- arches et les Prophètes. Non, dans le cas présent, il y a quelque chose de plus ; l'onction, pour le Christ, a été une sanctification substantielle, c'est- à-dire qu'elle réalisait la présence plénière, totale, du Principe même^. Sans doute, la mère d'un simple chrétien peut être appelée la mère d'un Christ, d'un consacré, d'un « oint » ; mais il n'y a que la mère de Jésus qui puisse être appelée « mère de Dieu »*. Le Fils de Marie est aussi appelé le « Premier né » entre beaucoup de frères et par l'appellation de « Fils unique », il est élevé au-dessus de toute créature^. Témoignage Comme attestation de la divinité du Christ, nous de Jean-Baptiste et des avons le témoignage des disciples et le propre iscip es e sus témoignage de Jésus. Cyrille note le témoignage de saint Pierre, de saint Jean-Baptiste, de saint Jean l'Évangéliste, de saint Thomas et de l'ensemble des apôtres. Quand Jésus posait à saint Pierre cette question : « Qu'est-ce que les hommes pensent du Fils de l'homme ? », l'apôtre répond : « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant » (Matth., XVI, 13-16). Il ne dit pas: «Le Fils est en toi; mais tu es le Fils du Dieu vivant, identiquement le même avant et après son Incarnation ». Beaucoup sont des Christs, par grâce, mais il n'y en a qu'un qui soit Fils de Dieu, par nature ; c'est pourquoi saint Pierre emploie l'article : le Christ, le Fils de Dieu^ Il n'avait pas vu le Logos, tel qu'il était en lui-même, pour ainsi dire dans sa nudité et sans le vêtement de la chair, YUfxvôv xat àffapxov, mais il avait devant les yeux le Logos apparu dans la chair et dans le sang. Cependant il confessa la divinité du Christ et le Christ a sanctionné cette profession de foi : «Bienheureux es-tu, Simon, fils de Jonas ; car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux »'. (1) Luc, I, 31 ; Sur la vraie foi, à Théodose, P. G. 76, 1176 C, et Pusey, vol. VII, 94, 10. (2) Sur Jsaïe, P. G. 70, 1036 D. (3) Surl'épîlre aux Hébreux, P. G. 74, 961 B, G ; Sur la vraie foi, aux Usines, P. G. 76, 12'^0 D ; Sur saint Matthieu, P. G. 72, 365 A; cf. Ep. 1 aux Moines d'Egypte, P. G. 77, 29 B ; Ep. 55 sur le symbole, P. G. 77, 317 G. (4) Ep. I aux Moines d'Egypte, P. G. 77, 20 C. (5) Trésor, P. G. 75, 401 C. (6) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 421 D ; Hom. pasc. 8, P. G. 77, 576 A. (7) Matth. XVI. 16-17 ; Le Christ est un, P. G. 76, 1312 C, et Pusey, vol. VII, p. 382. \ \ TÉMOIGNAGE DE JÉSUS SUR LUI-MÊME 109 Même témoignage de la, divinité du Christ sur les lèvres de saint Jean- Baptiste. Lorsqu'il vit Jésus venir vers lui, il s'écria : «Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde. C'est de lui que j'ai dit : Un homme vient après moi, qui est passé devant moi, parce qu'il était avant moi »^. Au témoignage du Baptiste fait écho celui des apôtres. A la vue de leur Maître marchant sur l'eau, ils s'écrièrent : « En vérité, tu es le Fils de Dieu ». Cette confession de la divinité du Christ était accompagnée d'un serment : en vérité 2. Par l'Incarnation, l'invisible est devenu visible ; l'incompréhensible saisissable ; et c'est pourquoi saint Thomas, après avoir mis sa main dans les plaies faites par les clous de la crucifixion, s'écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ))^. Notons enfin cette confession de la divinité du Christ faite par les apôtres et que l'épître de saint Jean nous rapporte : « Nous avons vu de nos yeux la vie éternelle^ c'est à dire le Verbe du Père »*. Témoignage A.U témoignage des disciples, Cyrille ajoute le de Jésus lui-même témoignage de Jésus sur lui même. Le Christ pose cette question à l'aveugle né qu'il venait de guérir : « Crois-tu au fils de Dieu? » Le miraculé répondit : « Qui esl-il afin que je crois en lui? Jésus lui dit : «Tu l'as vu ; et celui qui te parle, c'est lui-même» (Jean, IX, 36-37). L'aveugle-né n'a pas vu le Logos en lui-même mais sous la forme humaine ; cependant le Christ affirme : « Tu l'as vu^ ». Lorsque Philippe demande à son Maître : « Seigneur, montrez-nous le Père et cela nous suffit », le Christ lui répond : « Le Père et moi, nous ne sommes qu'un ; qui me voit, voit le Père »^, et dans sa conversation nocturne avec Nicodème, Notre-Seigneur apprend à son hôte qu'il est descendu du ciel, qu'il .ne parle pas « d'une manière humaine », • mais « d'une manière céleste »'. Dans son commentaire de saint Matthieu, ch. 22, v. 42 sq., Cyrille montre que le Christ se fait connaître comme le Seigneur de David et donc comme Dieu^. (1) Jean, I, 29-30 ; Le Christ est un, P. G. 75, 1312 B. (2) P. G. 75, 1312 D. (3) Dialogues sur la Trinité, P. G. 75, 937 B, C ; Sur saint Jean, P. G. 74, 733 B (Pu3EY, Sur saint Jean,lîl, 151). (4) I Jean, I, 1-2, Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1284 C. (5) Ep. 55 sur le symbole, P. G. 77, 305 B. (6) Jean, XIV, 8, 11, Hom. pasc. 10, P. G. 77, 629 A; Dialogues sur la Trinité, P. G. 75, 923 D ; Sur saint Jean, P. G. 73, 52 A. (7) Jean, III, 10-13 ; Hom, pascale 8, P. G\ 77, 569 A, B. (8) Marie est Mère de Dieu, P. G. 76, 289 B, C. 110 DIVINITÉ DU CHRIST Les œuvres du Christ Ce n'est pas seulement par ses paroles que le preuves de sa divinité Christ affirme sa divinité ; il fait remarquer que les œuvres qu'il accomplit attestent son autorité suprême et sa puissance créatrice ; elles rendent témoignage ; ne reconnaît-on, point un arbre à ses fruits : « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, vous ne me croyez pas. Mais si je les fais, lors même que vous ne voudriez pas croire en moi, croyez à mes œuvres»^. Ce n'est pas seulement d'une manière purement exté- rieure, pour ainsi dire, qu'il revêt la dignité divine mais il est véritable- ment Dieu lui-même, en personne^. Aussi les Juifs auraient-ils pu facile- ment reconnaître sa divinité par ses miracles^. Il agissait comme ayant la Toute-Puissance*. Il dit au lépreux : «Je le veux, sois purifié » et il fut purifié. Il ordonne au fils de la veuve : « Jeune homme, je te le dis, lève- toi » et le jeune homme se leva^. Il commande à la mer : « Garde le silence et tais-toi » et les flots s'apaisèrent^. Il impose les mains à un malade et le guérit, en lui montrant par là que le Verbe agit par la médiation de la chair et communique de cette fayon une vertu divine'. Enfin lorsque les Juifs dans leur aveuglement clouent leur Maître à la croix, la terre se mit à trembler : Le soleil cacha ses rayons et l'obscurité se fit par toute la terre... La terre se fendit et le monde inférieur laissa échapper les âmes des saints. Comment tout cela a-t-il pu s'accomplir, si ce n'est parce que Dieu était dans la chair et que lé monde était irrité de la manière infâme dont ce Dieu avait été traité 8. Cette doctrine de la divinité du Christ se retrouve dans tous les ouvrages de Cyrille ; mais dans certains traités, elle est développée avec plus d'ampleur, par exemple dans les Cinq livres contre Nesiorius^, dans son Dialogue avec Nesîorius^^, dans l'ouvrage qu'il écrivit Contre ceux qui ne veulent pas reconnaître que la Sainte Vierge est Mère de Dieu^^. Si, après toutes les preuves que l'on vient de voir, quelqu'un a encore des doutes sur la divinité du Christ et demande en particulier dans quel passage de la Sainte Écriture se trouve affirmée la Maternité divine de (n Jean, X, 37 sq. (2) Hom. pasc. 8, P. G. 77, 568 A. (3) Hom. pasc. 24, P. G. 77, 893 G. (4) Hom. pasc. 8, P. G. 77, 568 A. (5) Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 80 A (Pusey, vol. VI, p. 198) ; Ep. 1 aux moines d'Égijpie, P. G. 77, 32 A. (6) Marc, IV, 39, Hom. pasc. 24, P. G. 77, 893 G. (7) Sur Luc, P. G. 72, 549 D ; 552 B. (8) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1268 D; Pusey, vol. VII, p. 207 sq. (9) P. G. 76, 9-248. (10) P. G. 76, 249-256. (11) P. G. 76, 256-592. \ \ PREUVE PATRISTIQUE DE LA DIVINITÉ DU CHRIST 111 Marie, Cyrille répond en disant que l'ange l'a clairement affirmée aux bergers : « Il vous est né aujourd'hui, leur dit-il, un Sauveur qui est le ^'Christ Seigneur » (Luc, 2, 11). Il ne dit pas : « qui sera Seigneur » ou « dans lequel le Seigneur habitera », mais « qui est le Seigneur ». Même affirmation de la divinité du Christ dans les Actes des Apôtres. Il s'agit du passage où, en la personne de Corneille, saint Pierre reçoit les Gentils dans l'Église. Voici les faits : sur l'ordre d'un ange, le centurion Corneille envoie chercher saint Pierre ; celui-ci après avoir été gratifié d'une vision se rend à Césarée auprès de Corneille, l'interroge, lui adresse un discours et l'admet enfin au baptême avec ses compagnons, après que le Saint-Esprit fut descendu sur eux. Or dans le petit discours du chef -des Apôtres se trouve ce témoignage : « Il a envoyé la parole aux enfants d'Israël, en annonçant la paix par Jésus-Christ, c'est lui qui est le Seigneur de tous » {Actes, X, 36). Saint Pierre dit. : « La parole, c'est-à-dire le message de salut par Jésus-Christ vous a été envoyé ». Puis, il nous révèle qui est Jésus-Christ : « Celui-ci est le Seigneur de tous ». Donc celle qui l'a porté est Mère de Dieu. Même affirmation sur les lèvres d'Elisabeth, mère de Jean-Baptiste, lorsque remplie du Saint-Esprit, elle s'écria en s'adressant à Marie : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d'où m'est-ii donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? »^. Argument de tradition et argument de raison en faveur de la divinité du Christ Preuve L'Écriture et la Tradition sont pour Cyrille les règles certaines patristique dg [q^ foi2^ Aussi, quand il parle de la Maternité divine de Marie, allègue-t-il toujours, à côté des passages de l'Écriture, la tradition des Pères. Il y insiste d'autant plus que Nestorius faisait constamment remarquer que les Pères et spécialement le symbole de Nicée n'avaient jamais donné à la Sainte Vierge le titre de «Mère de Dieu »2. Dans sa première lettre aux moines d'Egypte, Cyrille s'appuie sur l'autorité de saint Athanase. Celui-ci, nous dit-il, a été la lumière de l'Église (1) Marie est Mère de Dieu, P. G. 76, 284 A, B. (2) Sur saint Jean, P. G. 73, 533 A, «la voie royale», et Pusey, Sur sairil Jean, l, 489 ; Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 72 C. (3) Ep. I au clergé de Constantinople, P. G. 77, 64 B ; Contre Nestorius, liv. I, P. G. 76, 45 B; LooFs, Nestoriana, p. 167, 7; 171, 9; 295, 4; Nau, Le Livre d'Héraclide, p. 154. 112 DIVINITÉ DU CHRIST d'Alexandrie et tout le monde admirait sa science théologique ; or il a. donné à Marie le titre de Mère de Dieu^. Pour étayer sa thèse, notre docteur apporte une preuve patristique dans le premier écrit qu'il adressa aux Reiïies^. Oïl y peut lire un certain . nombre de textes de saint Athanase, d'Atticus, d'Antiochus, d'Amphi- loque, d'Amon, évêque d'Andrinople, de Jean de Constaïitiïiople, de Sévérien, de Vital et de Théophile ; il prétend pouvoir en aligner bien d'autres, car de nombreux Pères ont donné à la S.ainte Vierge ce titre de Mère de Dieu^. Dans la lettre à Acace de Bérée se trouvent des passages- de Basile, de Grégoire et d'Atticus*. Profession de foi L'argumentation théologique de l'évêque d'Alexandrie des 3i8 Pères qq fonde enfin sur la profession de foi des 318 Pères, c'est-à-dire des Pères du Concile de Nicée. « Les Pères, nous dit-il, y parlaient sous l'inspiration du Saint-Esprit »^. Dans le symbole de Nicée ne se lit pas le mot Theoîokos, mais ce que signifie ce mot s'y trouve par le fait que le symbole enseigne la naissance et l'Incarnation du Fils de Dieu^. Cyrille eut enfin une autre occasion d'expliquer sur ce point le symbole de Nicée, dans une lettre adressée à certains Orientaux qui, précisément, s'appuyaient sur cette profession de foi pour soutenir leur théorie'. Argument A l'argument scripturaire, à l'argument patristique, à l'argu- de raison ment de tradition, Cyrille ajoute un argument de raison. Le Fils de Marie a eu une naissance digne d'un Dieu : preuve qu'il n'était pas un homme ordinaire, mais un. Dieu qui s'est fait chaire La naissance de l'Emmanuel s'est produite d'une manière extraordinaire (1) Ep. I aux moines d'Egypte, P. G. 77, 13 B (Cyrille cite un texte d'Athanase, . Contre les Ariens, III, c. 29) ; Ep. 14 à Acace, P. G. 77, 97 B ; Hom. pasc. 8, P. G. 77, 572 A. (2) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1209-1221, et Pusey, vol. VII, p. 161-170. (3) Sur la vraie foi, aux Peines, P. G. 76, 1217 G et Pusey, vol. VII, p. 167, 21.. (4) P. G. 77, 97 B ; Apologie pour les 12 anatliémalismes contre les Orientaux, P. G. 76,. 324 C, D. (5) Ep. I aux moines d'Egypte, P. G. 77, 16B; Ep. 4à Nestorius, P. G. 77, 45 A, B ;. Explication des 12 anathématismes, P. G. 76, 296 C, D ; Lettre 40 à Acace, P. G. 77,. 184 D ; Ep. 46 à Succensus, P. G. 77, 240 A. (6) Lettre 10 au Clergé de Constantinople, P. G. 77, 64 B, C. (7) Lettre 52 à Donat., P. G. 77, 249 C. (8) Hom. div. 13, P. G. 77, 1065 D (Kal [xàpTUç àÇtàTutOTOç, i] atppaylç ty)? 7rap0E-- vtaç |xou). ARGUMENT DE RAISON EN FAVEUR DE LA DIVINITÉ 113 •et merveilleuse ; il est né d'une Vierge qui n'a pas coïinu l'union, charnelle^. Un homme ordinaire ne naît pas ainsi ; cette façon miraculeuse dont le Christ est entré. dans le monde témoigne en faveur de sa divinité 2. Pour l'évêque d'Alexandrie, il n'y a donc aucun doute possible : le Christ fils -de Marie est Dieu, la deuxième personne de la Trinité. L'on devine par là déjà le rôle qu'il va être amené à jouer dans la vie intérieure du chrétien, dans sa déification. Mais avant de montrer cette place du Christ, il reste une question à traiter et sur laquelle Cyrille s'est longuement étendu dans la controverse nestorienne : l'unicité de personne dans le Christ. (1) Homélie pascale 30, P. G. 77, 980 A (7TapaS6Çoç, àneipoy&yLOu) ; Hom. div, 15, P. G. 77, 1093 B. (2) Apologie pour les 12 chap. contre les Orientaux, P. G. 76, 321 B (Pusey, vol. VI, ,:p. 268, 29-30). CHAPITRE II L'UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST Position du problème Remarques Que la doctrine de l'unité d'être dans le Verbe Incarné soit préliminaires une des parties les plus originales et aussi l'un des points- les plus difficiles à exposer de toute la théologie cyrillienne, personne ne le contestera. — Certains interprètes ont exagéré comme à plaisir la tendance mon ophy site du patriarche d'Alexandrie : d'autres n'ont pas su voir et faire remarquer ses conceptions et sa terminologie très spéciales. Avant d'aborder cette étude sur la doctrine de l'unité d'être, nous avertissons dès maintenant le lecteur que nous utiliserons ici quelquefois le mot « personne » pour la commodité du langage ; il est bien entendu que cette expression ne peut être employée, en traitant de la doctrine cyrillienne, que par une anticipation légitime ; étant donné la pensée de notre auteur sur l'Incarnation, nous pensons qu'il ne s'agit pas là d'un anachronisme et l'analyse minutieuse des expressions cyrilliennes que nous allons - instituer justifiera, nous l'espérons, notre manière de parler. Terminologie Cette remarque préliminaire étant faite, il nous paraît christologique indispensable de dire quelques mots sur les controverses- thcologiques du iv^ et du v^ siècles pour souligner l'imprécision de la terminologie christologique à cette époque. Les malentendus sur la terminologie entre docteurs également orthodoxes par la pensée furent fréquents et durables. Au prix de nombreux tâtonnements, après des luttes souvent très âpres, les esprits étaient, à la fin du iv^ siècle, à peu près parvenus à s'entendre sur la manière de formuler le dogme trinitaire. Tandis qu'on disait en Occident : una naiura vel subsianiia et très- APOLLINAIRE ET LES ANTIOCHIENS 115> personas, on disait en Orient : [lia. cpiiaiç î) oùa^a, Tçieïç, UTZoaxàaeiç, 7) xpicc TirpocroJTra. Les Occidentaux transportèrent en général cette termino- logie dans la théologie de l'Incairnation : en Jésus-Christ, disaient-ils, il y a deux nJatures, la divine et l'humaine et une seule personne, celle du Fils unique de Dieu ; parmi les écrivains faisant exception, on peut citer Mari us Mercator qui sans doute influencé par le vocabulaire cyrillien parle d'une seule naiura du Verbe Incarné. En Orient, l'esprit grec trouvait une difficulté à concilier dans le Christ l'unité de personne avec la dualité des natures. Comment concevoir que- la nature humaine du Christ, nature individuelle, complète, 'semblable à la nôtre hormis le péché, ne fût pas une véritable personne humaine? Cela étant admis, que devenait alors l'unité du sujet et de la personne,, réclamée par la foi? Apollinaire et Apollinaire de Laodicée pour résoudre le problème,, les Antiochiens supprima dans la nature humaine, l'intelligence et la liberté et pensa que le Verbe dans son assomption active, suppléait à ce qui manquait à l'humanité. Certains docteurs de l'école d'Antioche, comme Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste, considérant cp^Giç et ÛTroairaaiç comme syno- nymes en christologie,, partant ainsi qu'Apollinaire du principe qu'une nature individuelle et complète est nécessairement une personne,, affirmèrent qu'il y avait en Jésus-Christ deux natures-personnes. Comme l'orthodoxie traditionnelle réclamait l'unité personnelle de l'Homme-Dieu, certains imaginèrent une sorte de personnalité supérieure', résultat de la compénétration amoureuse de deux natures-personnes. C'est ce qui amena Nestorius, l'évêque de Constantin ople à parler d'un TrpoccoTrov d'union^. La synonymie de cpiiaiç et de \)n6ax(x.Giç s'étendit en partie au mot TTpoacoTTOv en tant que ce mot désigne le sujet individuel par opposition au prosôpon de l'union tel que l'expliquent Théodore de Mopsueste et Nestorius. On se rend dès lors compte que la terminologie de l'oîxovojjiia ne cadre plus du tout avec celle de la ôeoXoyia, Apollinaire de Laodicée, Diodore de Tarse, Théodore de Mopsueste et Nestorius de Constantinople ne représentaient pas tout l'Orient. La plupart des évêques qu'on désigne au concile d'Éphèse sous le nom d'Orientaux étaient d'accord avec les (1) Sur le système nestorien, outre ; E. Amann, Did. Théol. cath. art: Nestorius, — • M. JuGiE, Nestorius et la controverse nestorienne, Paris, 1912. — M. Jugie, Nestorius jugé d'après le livre d'Héraclide, dans Échos d'Orient, t. XIV, 1911, p. 65-75. M, Jugie, La terminologie christolo gigue de saint Cyrille d'Alexandrie, dans Échos d'Orient, 1912, p. 12-27. — Ce dernier article a été spécialement utilisé dans la. composition du présent chapitre. rll6 UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST Occidentaux sur le fond de la doctrine et même sur les formules. Ils disaient SiSo ^tScieiç et sv TrpoatoTtov, deux natures et une personne. Quant à Û7r6CTTaa(.ç, les uns comme André de Samosate en faisaient un synonyme de TrpocTCùTcov et rejettaient expressément les Siio ùnocsxdasiç, après l'union i; les autres, comme Théodoret, évêque de Cyr, identifiaient pratiquement ÔTroaxaaiç avec 91^01?^. , Orientaux Occidentaux et Orientaux n'avaient d'ailleurs pas la même et manière d'envisager les deux natures, les premiers prenant occidentaux ^q mot « nature » dans le sens abstrait de la chose possédée par l'unique personne, les seconds considérant surtout la nature con- crète et individuelle. Il faut noter d'autre part une certaine imprécision chez les Alexandrins, antérieurement à la controverse nestorienne. — Tandis que certains, à la suite d'Origène, parlaient de la nature humaine et de la nature divine du Christ, 6e^a xai àvôpwTcb-/) çiionç^, d'autres pour mieux mettre en relief l'unité du sujet évitaient à dessein de dire deux natures, Siio çtiaetç et adoptaient la terminologie apollinariste. Pierre le Martyr, par exemple, reconnaissait une seule hypostase et un seul prosôpon dans le Christ, (x^av UTCoorTacrtv xat 7tp67coç) dans Pusey, Sur saint Jean, II, 54, 23 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 560 D (0e6ç ts ^nâpyjcùv èv xaùx^, y.cd àvOpcùTroç) ; de même 701 B ; Sur saint Matthieu, P. G. 72, 416 C ; Fragments sur VÉpllre aux Hébreux, P. G. 74, 1005 B (àç èv èvl 0e6ç te Ô[aou xal àvOpoiTcoç) ; Sur saint Jean, P. G. 73, 581 A (etç èÇ àjjttpoïv) dans Pusey, Sur saint Jean, 1, 54, 25; de même Sur saint Luc, P. G. 77, 484 C, 556 B. (3) Lettre 4 à Nestorius, P. G. 77; 48 C et Pusey, vol. VI, p. 8, 26-27. Il ne faut pas distinguer comme le font les Nestoriens une double filiation dans le Verbe incarné et diviser le Christ en deux personnes, le Fils par nature de Dieu et le fils de David, que le Verbe a élevé à l'adoption par son inhabitation en lui. Cf. P. G. 75, 1293 AB. Contre Nestorius, P. G. 76, 209 B-212 A, 56 A. (4) Lettre 17 à Nestorius, P. G. 77, 112 B et Pusey, vol. VI, p. 22, 7. (5) Trésor, P. G. 75, 333 A. (6) P. G. 75, 364 A. (7) Lettre 40- à Acace, P. G. 77, 189 D ; Lettre 44 à Euloge, P. G. 77, 228 A. (8) Lettre 17, à Nestorius, P. G. 77, 120 B sq. ; cf. 2, 3, 4, 6, 7, 8, Anath. Cf! Explic. des 12 Analh. P. G. 76, 296 C-312; Apolog. pour les 12 anath. contre les Orientaux, P. G. 76, 316-385 ; Apolog. pour les 12 analh. à Théodose, P. G. 76, 392 B-452 C. Les passages sur l'Unité du Christ sont innombrables.Voici les principaux: Sur V Adora- 120 UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST Pr^euve C'est encore sur l'Écriture Sainte et sur la Tradition que . scnpturaire Cyrille va s'appuyer, pour prouver l'unité personnelle du Christ. Et tout d'abord sur le texte du Prologue de Saint Jean : « Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous » (I, 14). Puisque le Christ est « Dieu dans l'humanité », la Sainte Vierge, qui a enfanté le Verbe selon la chair est réellement mère du Seigneur et mère de Dieu^. Le fameux texte de saint Paul aux Philippiens (II, 5, 11) : « Alors qu'il était dans la forme de Dieu, il ne considéra pas comme une rapine d'être semblable à Dieu, mais il s'est anéanti lui-même en prenant la forme d'esclave», constitue, pour Cyrille, une autre preuve de l'unité de personne dans le Christ. Celui qui divise le Christ ne peut pas donner de preuve de la vérité de cette assertion, puisque, selon l'enseignement paulinien, c'est celui-là même « qui était dans la forme de Dieu, qui s'est anéanti en prenant la forme d'esclave »^. Si l'apôtre a pu dire «Le Seigneur de gloire a été crucifié» (/ Cor., II, 8), c'est qu'il croyait à l'unité de personne dans le Christ, Comment, s'il n'en était pas ainsi, aurait-il pu l'appeler le « premier-né parmi les morts », celui-là THQine dans lequel et par lequel le Père a tout fait? {Coloss., 1, 18). C'est pourquoi le Seigneur Jésus, à la question « Qui est le Fils de Dieu? », répond délibérément à la première personne par un « Je » catégorique. Ailleurs, en se désignant lui-même, il affirme : « Tu l'as vu », « Celui qui te parle, c'est lui », « Celui qui me voit, voit le Père », « Moi et le Père, nous sommes un »^. Aussi, dans son entretien nocturne avec Nicodème, pouvait-il certifier que « Personne ne monte au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'Homme » (Jean, III, 12-13). Il s'agit iion en esprit et en vérité, P. G. 68, 708 B ; Sur saint Jean, P. G. 73, 629 B, C ; 776 B ; Sur saint Jean, P. G. 74, 157 A; 300 C ; 564 B ; Fragments sur VÉpllre aux Hébreux, P. G. 74, 1005 G ; Dialogues sur la Trinité, P. G. 75, 940 B ; Contre Nestorius, livre I, P. G. 76, 24 G ; 97 A ; 108 B ; 129 D ; 136 B ; 141 B ; 169 A ; 228 D ; Dialogue contre Nestorius, P. G. 76, 252 C ; Sur la vraie foi, à Tliéodose, P. G. 76, 1157 B; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1284 D ; 1340 A; Lettre 1 aux moines d'Egypte, P. G. 77, 40 A ; Lettre 18 au clergé et au peuple de Conslanlinople, P. G. 77, 125 A ; Lettre 31 à Maxim. P. G. 77, 152 D ; Lettre 55 sur le symbole, P. G. 77, 301 G ; Lettre 59 à Aristol., P. G. 77, 324. (1) P. G. 76, 257 C. Hom. pascale 17, P. G. 77, 776 D ; Scholia sur VIncarnallon du monogène, P. G. 75, 1391 D ; Apologie pour les 12 chapitres contre les Orientaux, P. G. 76, 320 B. (2) Lettre I aux moines d'Egypte, P. G. 77, 24 A, B ; Dialogues sur la Trinité, P. G. 75, 692 D ; Contre Nestorius, livre 5, P. G. 76, 221 G; Hom. pascale 15, P. G. 77, 737 G ; Lettre 55 sur le symbole, P. G. 77, 312 D ; 301 B, C ; Scholia sur l'Incarnation du Mono- gène, P. C. 75, 1383 B ; Lettre 50 à Valer., P. G. 77, 260 D ; Sur la vraie foi, aux Reines, 11, P. G. 76, 1257 G; Apologie pour les 12 anath. contre Théodose, P. G. 76, 440 G. (3) Sur l'Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1225 D (Pusey, vol. VII, p. 91). PREUVE SCRIPTURAIRE DE' l'UNITÉ D'ÊTRE 121' du Fils de l'homme, ïié de la femme. Comment admettre qu'il est descendu- du ciel, saïis affirmer par là même l'unité de personne dans le Christ^? L'invisible ne s'est fait visible que dans l'Incarnation ; et c'est en ce sens qu'il a déjà été vu et annoncé par les Prophètes^. Celui que Thomas a reconnu comme son Seigneur et comme son Dieu est identiquement le même être que celui que l'on pouvait voir et toucher ; et c'est lui-même en personne, qui a été cloué à la croix^. Même affirmation de l'unité de personne, dans les paroles de Jean- Baptiste, au J^ourdain ; en montrant le Christ, le précurseur s'écrie : « Celui qui vient après .moi est passé devant moi, parce qu'il était avant moi» (Jean, I, 15). Et encore : «Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde. C'est de lui que j'ai dît : Un homme vient après moi qui est passé devant moi, parce qu'il était avant moi » (Jean, I, 29-30)*. Le Christ est Celui qui était hier, qui est aujourd'hui et sera dans l'éternité^ Il est celui qui peut dire de lui-même : « Avant- qu'Abraham fut, je suis » (Jean, VIII, 58). Saint Pierre a témoigné non seulement en faveur de la divinité du Christ, mais aussi en faveur de l'unité de personne. Notre-Seigneur ne lui a pas demandé : « Que pensez- vous du Logos, mais que pensez-vous du Fils de l'homme»? Pierre lui répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Et Jésus, de ratifier cette confession en disant qu'elle était une révélation du Père céleste^ ; ailleurs, dans sa conversation avec l'aveugle-né, il fait bien voir qu'en, lui ne doivent point être séparés le Dieu et l'homme'. Preuve L'évêque d'Alexandrie, passant de l'étude de l'Écriture Sainte patristique ^ celle de la Tradition Pairisiique, trouve toujours le même enseignement sur l'unité de personne. Voici par exemple ce qu'écrit Atticus, évêque de Constantinople : « Celui qui était sans la chair, est devenu chair à cause de toi. Le Logos est devenu chair. Celui qui, à cause de sa nature incorporelle, ne pouvait être touché, peut maintenant (1 ) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1316 B ; Contre Nesiorius, liv. III, P. G. 76, 137 B ; Sur saint Jean, P. G. 73, 249 G, D ; Sur saint Jean, P. G. 73, 601 A. (2) Cf. Ps. 49, 3, Hb. III, 3 ; Contre Nestorius, livre V, P. G. 76, 241 A, B et Pusey, vol. VI, p. 234. (3) Contre Nestorius, liv. V, P. G. 76, 241 B ; Sur saint Jean, P. G. 74, 736 A. (4) Contre Nestorius, liv. III, P. G. 76, 136 G, D ; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1312 B ; Fragments sur les Actes des Apôtres, P. G. 74, 768 G, D. (5) Contre Nestorius, livre IV, P. G. 76, 177 B. (6) Sur saint Luc, P. G. 72, 649 A. (7) Scholia sur l'Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1408 A. (Pusey, vol. VI, p. 571, 12-13) ; Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 105 A ; Sur l'Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1236 G, D. 122. UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST -être touché ». Même déposition est faite par Jules, évêque de Rome : «Le Fils de Dieu n'a pas pris un homme, en sorte que quelqu'un d'autre ■ existerait à côté de lui ; mais alors qu'il était Dieu parfait, il est devenu en même temps homme parfait »i. Cyrille, d'ailleurs, n'a point besoin 'd'alléguer les témoignages d'un évêque de Rome ou d'un évêque de Cons- tantinople ; il peut se prévaloir de l'autorité d'Athanase son plus illustre prédécesseur sur le siège épiscopal d'Alexandrie. « Dans un seul et même être se fait l'union de deux éléments différents dans leur essence, à savoir ,1a divinité et l'humanité. De ces deux éléments, il n'y a qu'un seul Christ w^. Si l'on considère l'ensemble des passages de l'Écriture Sainte et de la Tradition, on est obligé d'admettre, nous dit Cyrille, un mode spécial "d'union dans le Christ. Critique ^ ^^ faut pas seulement dire que le Logos a « habité » de Nestorius dans le Fils de Marie, comme Nestorius l'affirme^. L'union ne consiste pas dans une union purement extérieure et morale ; le Christ n'est pas seulement un Christ « porteur de Dieu » ou un « homme sanctifié par Dieu », semblable à ceux qui ont été faits participants de la nature divine par la grâce. Une réalité infiniment plus grande est exigée par les textes : le Christ est véritablement Dieu, apparu sous forme humaine. Saint Paul exprime cette vérité quand il écrit : « Lorsque la plénitude des temps est venue, alors Dieu envoya son Fils né de la femme »*. Il est Dieu fait chair ; il s'agit donc d'une union tout ce qu'il y a de plus intérieure^. Le Logos n'est pas descendu de Dieu dans un homme, comme la grâce du Saint-Esprit est descendue dans le cœur des saints Prophètes, mais Il est devenu lui-même chair, c'est-à-dire homme »^. Le commentaire du texte de VEpîire aux Hébreux, ch. I, 7-9, fournit à notre auteur l'occasion de préciser la différence qu'il y a entre le Christ et les prophètes'^. Il fait remarquer que même en ne tenant compte que des noms donnés au Christ, il ne peut-être question d'une simple « habitation ». Si les adversaires se représentent l'union comme ne commençant qu'après (1) Apologie pour les 12 anath. contre les Orientaux, P. G. 76, 544 A et Pusey, vol. VII, p. 306, 10. (2) Hom. pose. 8, P. G. 77, 572 A. (3) Explication des 12 anath. P. G. 76, 304 C ; Sur la vraie foi, à Théodose, P. G. 76, 1169 A; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1220 A; Sur saint Jean, P. G. 74, 557 D j Lettre 45 à Succensus, P. G. 77, 236 A ; Hom. pasc. 12, P. G. 77, 664 A. (4) Gai., IV, 4-5, Lettre 1 aux moines d'Egypte, P. G. 77, 28 D. (5) Hom. pasc. 17, P. G. 77, 776 A. (6) Sur saint Jean, P. G. 73, 629 B, C et Pusey, Sur saint Jean, I, 577, 6 sq. ; Explic. ■ des 12 anath., P. G. 76, 304 B; Scholia sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, ,1394 A. (7) Marie est mère de Dieu, P. G. 76, 264 D. CRITIQUE DE NESTORIUS 123 3a naissance du Christ, il faudrait dire que celui-ci n'aurait été «oint» qu'après sa naissance ; dans ce cas, la Sainte Vierge ne serait pas plus mère du Christ que mère de Dieu^. Après sa naissance, une nouvelle union véritable ne peut plus se réaliser 2. Pour qu'elle existe, il ne suffit pas que deux êtres soient rapprochés dans une même dignité et reçoivent les mêmes honneurs. Pierre et Jean étaient des saints et des apôtres ; tous deux avaient été élevés au même honneur et avaient reçu le même pouvoir, la même grâce, du Christ et du Saint-Esprit. Comme aux autres apôtres, le Christ avait dit : «Vous êtes la lumière du monde » (Matth., V, 14). Faut-il, pour autant, les considérer comme un seul homme ?^ Si l'Incarnation se réduit simplement à ce fait que le Logos a habité dans le Fils de Marie, il faudrait en conclure que l'Incarnation ne convient pas seulement au Christ. Dans ce cas, le Logos se serait fait homme bien souvent, et non seulement le Logos, mais même le Père et le Fils ; car les trois personnes de la Trinité habitent dans tous les Justes (//. Cor., VI, 16 ; Jean, XIV, 23 ; Hébreux, III, 16)*. Pour le même motif, il ne convient pas d'appeler Elisabeth, mère du Saint-Esprit, bien que Jean son fils ait été rempli du Saint-Esprit, avant sa naissance. Autre chose est la participation à la grâce et autre chose l'Incarnation^. Saint Pierre s'écrie : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Matth., XVI, 13-16) ; il ne dit pas : «Le Fils est en toi m^ Rappelons-nous le témoignage de Dieu le Père, au baptême de Jésus : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complai- sances » (Matth., III, 17). Il n'est pas simplement ici question du Verbe, mais de la seconde personne de la Trinité dans son union avec la chair. Et il n'a pas dit :, « En celui-ci est mon fils », mais « Celui-ci est mon fils », désignant par « celui-ci », celui qui est avec la chair'. Quand saint Paul écrit que la plénitude de la divinité habite dans le Christ, il ne veut pas parler d'une simple participation, d'un simple don de la grâce, mais d'une habitation corporelle, d'une union substantielle^. Même affirmation (1) Marie est mère de Dieu, P. G. 76, 265 B. (2) P. G. 76, 265 G. (3) Contre Neslorius, liv. II, P. G. 76, 65 B sq. (Pusey, vol. VI, p. 98). (4) Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 52 D sq;. ; Scholia sur V Incarnation du Mono- gène, P. G. 76, 1395 G. (5) Contre Nestorius, liv. I, P. G. 76, 40 D sq. (6) Hom. pasc. 8, P. G. 77, 576 A. (7) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1312 G, D. (S) S(0(xaT(.xû)ç, 6 èoTt oùaitoSûç (Sur la vraie foi, aux Reines), P. G. 76, 1364 A; Scholia sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1398 A, B. Sur les différents sens de : atù{iaTixc5ç, chez Gyrille, voir les références indiquées dans notre table des mots grecs à la fin de ce volume. En ce qui concerne l'usage de ce mot dans l'exposé de la doctrine eucharistique, cf. H. de Lubag, Corpus Mijslicum, L'Eucharistie et l'Église au moyen âge, chez Aubier, note D, corporaliter et ato(ji,aTixci5ç, p. 362. 124 UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST dans Isaïe (ch. 45, 14) ; en parlant prophétiquement du Christ, il écrit : « En toi est Dieu », mais il s'empresse d'ajouter : « et il n'y a pas d'autre Dieu que toi », comme pour souligner l'unité de l'être^. Le Christ n'est pas seulement un instrument de Dieu, comme Moïse ; il était Dieu lui- même et David ne s'est pas trompé lorsqu'il a chanté sa divinité dans les psaumes^. D'après ce que nous venons de voir, le Logos et le Fils de Marie sont donc un seul et même être, une seule et même personne. Cyrille sait bien que ses adversaires parlent aussi d'un Verbe devenu homme. Mais cela ne peut se faire que si le Verbe lui-même s'est fait chair, c'est-à-dire s'il a fait sien un corps terrestre par l'union la pliis intime possible. Cette union-là, véritable, hypostatique, est absolument nécessaire pour la vraie foi^. Le Fils unique est devenu homme, non pas, comme Nestorius l'affirme par une simple liaison (xarà CTuvà9ei.av àuXûç) ; mais par une union réelle et véritabiC (xa8' evcùctiv àX7j6^) ; il n'y a pas d'autre manière de se représenter l'unité du Christ*. Le mot ouvotcpsta ne signifie qu'une égalité d'honneur et de dénomination^ ; Cyrille ne l'emploie qu'une seu'e î-As pour désigner l'union dans .'e Christ ; d'ailleurs ce passage se trouve dans un traité écrit avant la controverse nestorienne*" et le mot (juvàcpeia se trouve rapproché de l'expression xa6' svcoaiv. Terminologie christologique eyrillienne Mode d'union L'union de la nature divine et de la nature humaine doit être une union véritable ; il ne s'agit pas seulement d'une communauté de mom, de dignité, d'autorité, d'une convergence dès volontés'. Cette union entre Dieu et l'humanité dans le Christ est désignée par des expressions telles que : ctijvoSoç, cpSjjLSaCTiç, cuvSpofx-;^, àvàXY)ij;tç, TrpoaXYj^'iç et même èyoCxTjCTiç et xaxotxTjatç. Les deux dernières sont (1) Contre Nestorius, liv. III, P. G. 76, 113 A, B (Pusey, vol. VI, p. 134). (2) Cf. Ps. 88, 7 ; Lettr§ première aux moines d'Egypte, P. G. 77, 32 B, 33 B. (3) Contre Nestorius, liv. I, P. G. 76, 17 B et Pusey, vol. VI, p. 60, 6. (4) Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 60 D et Pusey, vol. VI, p. 94, 5 sq. (5) Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76,^65 G ; 89 D ; liv. III, 117 B ; Lettre 17 à Nes- torius, P. G. 77, H2B,C; Apolog. pour les 12 Analh. contre Théodose, P. G. 16, 405 G ; Scholia sur l'Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1385 A ; Explication des 12 analh., P. G. 76, 300 G, D ; cf. 11" analh., P. G. 76, 312 A, B ; 372 B sq. ; 448 B sq. ; Ehrhard^ Die Cijrill von Alexandrien zugeschriebene Schrift, p. 409. (6) Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 1032 D, (7) Aux textes déjà cités dans l 'avant-dernière note, ajouter : Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 60 D ; Lettre 4 à Nestorius, P. G. 77, 45 G ; 3<= anathématisme, P. G. 77, 120 G, Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 64 B ; liv. III, 136 B ; Défense des 12 anath. contre Théodose, P. G. 76, A28 A ; Contre ceux qui ne veulent pas admettre que Marie est mère de Dieu, P. G. 76, 265 G. MODE d'union dans LE CHRIST 125 rarement employées par Cyrille ; car elles rendent un son quelque peu nestorien^. Il se sert surtout de l'expression hcùGiç^ ou évorv)*;. Souvent ■des épithètes ou des formules viennent préciser sa pensée ; elles sont -difficiles à traduire en français ; car le vocabulaire technique n'était pas encore formé. Il s'agit d'une union véritable, réelle, intime, physique, d'une union selon la vérité^. Notre docteur accumule les adjectifs pour exprimer l'intimité, l'inté- riorité, la rigueur absolue de cette union ; elle est, nous dit-il, indissoluble, mystique, merveilleuse, inexprimable, elle surpasse toute expérience, toute pensée humaine : cccppaaTOc;, àuoppvjToç TravTeXwç, àpprixcùç, àncpi- •voTjToç, aTroppTjTCoç xal UTrèp vouv, àStàCTTcaaTOç, àStaipércoç, l^aipsTcoç, .(jLucTTtxT], TrapaSo^cùç. Saint Cyrille est le premier à avoir employé l'expression svcocjtç xa0' ÙTcocrTacrtv, L'union « selon l'hypostase » s'oppose avant tout à l'interprétation nestorienne, à l'union purement extrinsèque, à l'union exclusivement morale; elle exprime une union véritable, réelle, substantielle. L'idée fondamentale qui se retrouve danâ les écrits cyril- liens est celle-ci : la Sainte Vierge a enfanté le Verbe uni à la chair^. Nous saisirons mieux encore la pensée de Cyrille sur l'unité d'être, en (1) Cf. Rehrmann, Die Christologie des hl. Cyrillus, j>. 302 sq. et Ehrhard, Die Cyrill von Alexandrien zugeschriebcne Schrift, p. 203 sq. (2) Anath.4et5 ; Lettre 17 à Neslorius, P. G. 77, 120 G ; Lettre 1 aux moines d' Egypte, P. G. 77, 28 D ; Homélie pascale 17, P. G. 77, 776 A ; Lettre 40 à Acace, P. G. 77, 192 D ; Lettre 44 à Euloge, P. G. 77, 225 D ; Contre Nestorius, liv. II, P. G. 76, 60 D. (3) "EvcùcTiç àXTjO^ç, Contre Nestorius. liv. II P. G. ?■6ai,ç et unoarQuaic; sont parfois synonymes de TcpoatoTcov et désignent l'individu subsistant en lui-même. En ce sens, Cyrille se servira de la formule : une seule nature incarnée de Dieu le Verbe. Examinons les textes cyrilliens qui justifient la pre- ire proposition ., , 4. . j- > T 4. ' ^ miere proposition, c est-à-dire ceux ou le terme ^ucnç est appliqué à la nature humaine du Christ. Voici que maintenant le Verbe apparaît à la face de Dieu dans un état nouveau. Il n'est plus simplement Verbe et incorporel, comme il était au commencement, mais il est dans la forme et la nature qui est la nôtre àXX'èv [J-opçT) te xal 96021 1:7] xaô' ï][xàç.. (1) Loofs, Leonlius von Byzanz, dans Texte und U nlersuchungen, t. III, 1887, p. 43, 46, 48. — Cf. art. Chrislologie du même auteur dans Jiealencyclopœdie fur proîeslan- iische Théologie, t. IV, p. 50. — Rehrmann, Die Chrislologie des hl. Cyrillus von Alex, sysiemalisch dargeslelll, Hildesheim, 1902, p. 289, 318 sq. — Mgr Duchesne,, H^e ancienne de l'Église, t. III, p. 405. — Sur l'histoire du mot ÔTréaTaoïç, cf. Erdin, Das Worl Jlyposlasis, Herder, 1939. (2) Isidore de Péluse trouve certaines contradictions apparentes dans les écrits de Cyrille et lui en fait des remontrances qui semblent exagérées : Xp-J) os, Qav\J.àcsie,. aTrpeTtTOV [Jiéveiv àel oots oeauTW èvavx^ov 9ai.v6[j(,evov. Ei yàp xà vuv yeypafjLfJLéva. oQi Toïç TTpoTÉpoiç àvTe^ETàaeiàç, 7) xoXaxeCaç çav/ja^) tjTceiiGuvoç, 7^ eùxepstàç Siàxovoç,- Ep. 324, P. G. 78, 369 G. PHYSIS, HYPOSTASE ET PROSOPON 127 Nous affirmons, en effet, que c'est dans cet état qu'il se montre maintenant, et qu'il amène sous les regards de Dieu le Père la nature de l'homme, t'Jjv toC àv0ptf»Tcou çiiatv, qui cependant était détournée de lui à cause de la transgression en Adam^. Comme la nature de l'homme était incapable de détruire la mort, le Verbe de Dieu, source dévie, s'est revêtu de la nature soumise à la mort, c'est-à-dire de notre nature, de la nature humaine, tJjv Gavàxto xàxoxov TjfXTréoxeTO cpiiaiv, tout' èctti t})v xa0' iniSiç, •J^yOUV T7]V àv8pwTcb7)v^. Celui qui s'est anéanti attend l'appel du Père qui l'investit du sacerdoce, dignité qui ne convient pas à sa nature, mais bien à la nôtre, c'est-à-dire à la nature humaine, tout' èaxi zfj àvOpwTT^vyj dont il est devenu participant^. Votre Excellence a parlé de la passion du Sauveur avec beaucoup de justesse et d'intelligence, lorsqu'elle a affirmé que le Fils unique de Dieu n'a pas souffert dans sa propre nature, en tant que Dieu, les douleurs du corps, mais qu'il les a endurées par sa nature terrestre, ^f^ xoïxfi cf^asi*. Il a subi la mort selon la loi de la chair et dans notre nature é çiioet t^ xa0' y](J!,àç TeGvTjxciç^ Puisque l'Écriture inspirée déclare que le Christ a souffert par la chair, il vaut mieux que nous nous en tenions à ce langage que de dire qu'il a souffert par la nature de l'humanité, t^) çiSoei ttjç àv6pco7t6T7)Toç. Cette façon de parler toutefois ne déformerait pas le sens du mystère si certains n'en faisaient un mauvais usage". Dans la christologie cyrillienne, le mot (p^aiç, est donc assez souvent appliqué à la nature humaine du Christ ; il est synonyme de oùa^a et désigne l'essence spécifique tout comme les expressions ô Xoyoç tou uôç elvai et TrotoTTjç cpucrtxY). Sous la plume de Cyrille, on trouve des expres- sions comme celle-ci : [lii cpiicnç yj aÙTT) aapxoç ts xai Osottjtoç'. Notre, docteur dit aussi bien et plus souvent : ÉTepoïa xarà ttjv (^^aiv^ Ôsotyjç Te y.cà càp^^, que STSpa xaToc tov tou ttûç etvai Xoyou^, ou : êv TuotoTTjTt (1) Exposé sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1400 BG. (2) Exposé sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1376 AB. Cf. plus bas, ibidem^ P. G. 76, 1409 : Bien que le Verbe monogène de Dieu soit vie par nature, cependant parce qu'il a revêtu un corps mortel, ètueiS'}) Se Tqi 6avocT<{) xaToxov •^(jOTéoxefo oc5(ji,a, par un effet de la bonté de Dieu, il goûta pour tous les hommes la mort par sa propre chair. (3) Exposé sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1388 A. Un peu plus haut, dans le même écrit, col. 1360 C, on lit encore : t^ç sv6)6elo7)ç aÛTtp çiioetùç, SîjXov ôti tîjç àv6ptû7utv7]ç. (4) Deuxième lettre à Succensus, P. G. 77, 244 B. Le mot « nature » est aussi appliqué ici à la nature divine. (5) Exposé de la vraie foi, à Théodose, P. G. 76, 1200 A. (6) Deuxième lettre à Succensus, P. G. 77, 245 B. (7) Exposé sur la vraie foi, à Théodose, P. G. 76, 1141 B. Ci . Défense des analh.. contre les Orientaux, P. G. 76, 329 : ÉTépaxaTà cj)\iai,v LStav 7) cdcp^ sTspoç xaTà t6v Tyjç ISiaq çiiaecùç Xôyov ô Movoyevi^ç. (8) Contre Nestorius, P. G. 76, 64 A. (9) Contre Nestorius, P. G. 76, 85 A. Dans le même tome, col. 89 B, on lit : xaTà tov- T^ç çiiaetùç Xôyov. 128 UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST Il n'est pas éLon,nant que notre docteur ait proclamé dans le sens •chalccdoiiicn «deux natures après l'union», aussi bien avant qu'après sa controverse avec les Orientaux. Voici quelques passages : Les natures qui se sont rapprochées pour former une unité véritable sont, il est vrai, différentes; mais dos deux résulte un seul Fils et Christ, non que la différence des natures ait été supi)rlmécpar suite de l'union, maisparce que la divinité et l'humanité, unies d'une manière ineftable, constituent l'unique Fils et Seigneur Jésus-Christ^. Notre docteur n'interdit pas de distinguer deux natures après l'union, mais seulement de les séparer l'une de l'autre, de manière à en faire deux sujets^. Un passage plus explicite encore se trouve dans les 5c/io/ies surVIncar- nalioii. Il ne faut donc pas diviser l'unique Seigneur Jésus-Christ en homme à part et en Dieu à part, mais nous disons qu'il n'y a qu'un seul Jésus-Christ, tout en sachant la différence des natures et en les maintenant l'une et l'autre sans confusion^ Dans cette manière de s'exprimer, y a-t-il vraiment un souci de diplomatie? En maintenant deux natures sans confusion après l'union, notre théologien parle son langage naturel qui commençait à être la façon courante de s'exprimer. S'il tint un autre langage, sans d'ailleurs aban- donner le premier, il y a été contraint par la nécessité de réfuter unie «rreur subtile. , (1) Ldire de Ctjrillc à Neslorhis (Ep. 4), P. G. 77, 45 C. (2) Dcuxicme Mire à Neslorhis. Après avoir affirmé que l'humanité et l'a. divinité sont autres on essence, xarà tov toG tcûç etvai Xôyov, il ajoute : ô t^ç êvcôcreoùç Xôyoç oÙK «yvosï [j,èv T7JV Stacpopàv, è^îoTTjCTi Se ty)v Staipeaiv, où ouy^étov % àvaxpivôSv xàç çûoELç. P. G. 76, 8&B. — 'A Euloge de Gonstantinople, Cyrille déclare quel'on ablâmé IMestorius non pas pour avoir dit daiix natures, mais pour les avoir séparées de manière à détruire la véritable eyoïatç. P. G. 77, 225 A. (3) Où Siopiaxiov oùv àpa xôv êva Kùpiov 'Itqoouv Xptaxàv, elq tScxtôç (icv8pci)Trov, xal elç 0eov ISixcùç, akl' ëva xal tov aùxov 'Irjcroijv XpioTov (p tw (xtjSevI, (aôcXXov Se TravTeXwç oùSév. Exposé sur la vraie foi, à Théodose, 13. P. G. 76, 1153 B. (3) Aùo Se Tàç êvoiGetaaç ÔTCoaxàaeiç el'xouv çiiaeiç, liyav oùx àxoTrov, èXkà. xax' aiT^av àxoXouôov. Déf. des analh. contre Théodoret, P. G. 76, 404 B. (4) Défense des anathématismes contre Théodoret, P. G. 76, 401 A. Cet ouvrage se trouve dans Piisey, p. 382-498. (5) Défense des analh. contre Théodoret, P. G. 76, 396 C. (6) Voir par exemple, P. G. 77, 48 C, 65 B. 1130 UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST que de lui attribuer l'idée d'une nature humaine anhyposiaiique, 'cjcnsc aes aiialli. contre Théoaovei, P. G. 76, 401 A. Sur ridentllé essentielle de la di.ctriiie cyi'illieinie et les conditions indispensables au rétablissement de la paix qui' oui lieu en A'd'à. cï. Noie 1)., p. ÎJUS. NATURE HUMAINE DU CHRIST 133 'duelles, comme réalités. Et lorsque son adversaire parlera d'une nature humaine après l'union, Cyrille considérera comme orthodoxe cette manière de parler^. Écarter toute idée d'existence séparée et indépendante pour la nature humaine du Christ, maintenir que le Verbe Incarné est le sujet aussi bien des attributs humains que des attributs divins, voilà la grande préoccupation de l'évêque d'Alexandrie, celle qui se remarque dans tous ses écrits antinestoriens et qui en est l'âme. Cyrille a déclaré plusieurs fois que la pointe de ses fameux chapitres ou anathématismes n'était dirigée que contre Nestorius^. Il a signé le symbole d'union de 433 parce que ce document écartait suffisamment la division nestorienne. S'il rejette la formule : S6o tpijcjstç ûçecjTcocjat, àSiaipsTCoç, la raison en est qu'elle est équivoque et pourrait abriter l'erreur de l'évêque de Constan- tinople^. Nous nous convaincrons encore davantage de cette pensée fondamentale du docteur alexandrin en examinaïit les expressions dont il se sert pour désigner l'humanité du Christ. Il évite avec soin tout ce qui pourrait suggérer qu'elle est un sujet distinct de Dieu le Verbe, une nature indépen- dante, une vraie personne, une (piiatç au sens nestorien. Nature humaine La nature humaine que le Fils de Dieu a prise est désignée du Christ pg^^. }es mots : oàp^, acùp,a, to àvôpoiTrivov, àvôpWTioTTjç, dcvGpcoTreia [xop97], Ta TjfjLSTspa, to TcpocrXYjcpôév, Ta auT^ç (àvOpcùTCOTVjTOç), TO (p£poij(jL£Vov, èv sl'Set, T6) xa6' ■y)[i.aç, ev Totç xa0' •yjpiàç, yéyovE xa0' 7][xaç, 7] Toî) SoiiXou [AopcpY). Cyrille rejette l'expression àv6pco7rov oi.voCka.ix- Sàvetv comme entachée de nestorianisme*. Mais il n'en reste pas moins qu'à ses yeux la nature humaine est parfaite^. En ce qui concerne la divinité du Christ, Cyrille emploie généralement pour la désigner un terme concret^. Pour insister sur le fait qu'il n'y a pas deux êtres, deux prosopa dans le Christ, il recourt volontiers aux expressions (1) Nous lisons dans le môme écrit contre Théodoret, P. G. 76,393 0,397 D : L'Enfant né (de la Vierge) est appelé Emmanuel : Dieu, il n'est pas séparé de la nature humaine, àv0p ; Compendium Iheologiœ, ch. 211, etc., mais il fait remarquer que cette expression, si elle n'est point fausse, est insuffisante et que l'union hypostatique n'a pas consisté précisément à faire de la nature humaine «l'instrument» de la nature divine. Cf. Al. Janssens, dans son ouvrage D'e Heilswerking van der verheerlijkien Chrislus, Brussel, 1932, pp. 173-178,,a recueilli un grand nombre de passages de saint Thomas qui rappellent des textes de Cyrille. 140 UNICITÉ DE PERSONNE DANS LE CHRIST Ne^Loi'ius n raison do distinguer deux natures, celle de la chair et celle du Verbe; seuleinont, uprcs les avoir distinguées, il ne veut plus avec nous en confesser l'union. Nous, en olïdt, unissant tout cela, nous confessons que le même est un seul Christ, un seul Fils, un seul Se:gneur, une seule nature de Dieu en un mot, mais une nature incarnée. Ne pouL-un pas en dire autant de chaque homme ? Lui aussi est (fait) de deuxuitures diverses, du corps et de l'âme. E.t il est très exact que notre raison, notre pensée n'ignore point ce qui ies distingue ; et cependant en les unissant, nous n'obtenons qu'une seule nature d'homme. Par conséquent d'admettre la diversité des natures n'oblige pas à diviser en deux le Christ unique^. Toutefois « compa.raison >> n'est pas « raison » ; elle n'a pour Cyrille qu'une portée restreinte ; elle servira, par exemple, à montrer que, malgré ce qu'il appelle l'unité de la nature incarnée, la souffrance n'affecte pas dans le Christ le Verbe lui-même. Quand on nous ampute un membre ou quand 6n nous crève un œil, notre âme elle-même se trouve-t-elle atteinte pour autant? Ainsi en est-il pour le Verbe dans le Christ^. Pour réfuter le fameux dilemme de Nestorius : ou la Vierge n'est point mère de Dieu, ou elle donne naissance à la nature du Verbe, Cyrille fait encore allusion « au corps qui nous appartient ». Si vous niez, nous dira-t-on, que la nature du Verbe soit née de la chair, comment pouvez-vous dire que la Vierge a enfanté Dieu ? — Voici notre réponse : Si l'Écriture enseigne que le Verbe né du Père s'est uni sans confusion et selon l'hypostase à la chair, c'est que le corps né de la Vierge, qui lui a été uni, ne lui était pas étranger (oùx ^v àXX6Tpiov aÙToG). Au contraire, tout comme notre corps à nous nous appartient, ainsi et très exacternent, le corps du Monogène lui appartenait à lui et pas à un autre : voilà comment il est né selon 1^ chair^. L'adversaire du condamné d'Éphèse ne s'est jamais écarté de cette conception traditionnelle de l'union hypostatique. Dans ses essais d'expli- cation de l'Incarnation du Verbe, ses formules et ses comparaisons revenaient toujours à une union du Logos à la chair prise de la Vierge. Le Logos eu fait sa chair propre. Qu'on relise entre autres textes sa Leilre aux clercs de Conslantinople, le symbole d'union, la leilre IV à Nestorius, ou ses doux Lcllres à Succensus, on s'en convaincra facilement^. Pour abréger, je ne cite ici qu'un passage de la lettre à Nestorius et de la douxiènio lettre à Succensus me réservant de parler plus loin du symbole d'union, à propos des objections qui ont été soulevées contre la doctrine cyrillienne. (1) A Enlofjc, épître 4-1, P. G. 77, 225 B. (2) Frugtiictils arméniens du commentaire sur VépUre aux Hébreux, publiés par M. Lkiîon, dans le Mnscon de 1931 (t. 44), p. 10. (3) Conlrc Ncslorins, 1, 1, P. G. 76, 20 D. (4) j. élire aux clercs de Conslaniinople, P. G. 77, 64 G et 65 A ; Symbole d'union, P. G. 77, 180G ; Leilre IV à Neslorius, P. G. 7?',45D-48B ; Lettres à Succensus, P. G. 77, 232 G; 236 G; 240 D ; 244 B. v\ \ \ OBJECTIONS 141 Le Fils de Dieu s'est uni une nature humaine au point de la faire vraiment sienne. La lettre à Nestorius KaTacpXuapoucrtv exprime cette vérité ,traditionnelle concernant l'unité du Christ avec une merveilleuse ; fermeté. Après le Concile d'Éphèse, le Concile de Chalcédoinc et le pape, ; saint Léon ont reconnu dans ces formules l'expression de la foi univer- selle. Cyrille précise à son adversaire «le sens où l'on dit que le Verbe de Dieu s'est incarné et sest fait homme » {ri t6 capxcoOvîvai, xal èvav- ■ôpcoTryjorai SirjXot t6v èx ©sou Aoyov). Cela signifie qu'il a fait sienne la chair où se sont produits ces phénomènes de vie et de mort : Si on le dit né selon la chair, c'est que, uni à elle dès le sein (de Marie), il s'est appro- prié la naissance de sa propre cliair... Ainsi disons-nous qu'il a souffert et qu'il est ressuscité... : le corps qui est devenu sien ayant enduré ces (souffrances), nous disons que lui-même a souffert pour nous : lui, l'impassible, se trouvait, en effet, dans le corps qui souffrait (•îjv yàp ô àTuaOrjç te tô TcàoxovTi GcojjiaTi,). C'est de la même manière que nous concevons sa mort... Son corps à lui... «ayant goûté la mort», on dit que lui-même l'a «goûtée ». Ce qui ne veut pas dire qu'il ait fait l'expérience de la mort dqns sa nature divine, ... mais que sa chair à lui a «goûté la mort ». De même encore pour la résurrection de sa chair : elle est sa résurrection à lui, ... parce que son corps a été rappelé à la vie. Et voici maintenant, avant d'aborder les objections, le passage de la lettre à Succensus où Cyrille recourt à la comparaison du composé humain pour expliquer l'unité du composé théandrique. On peut parler d'unité non seulement dans les êtres qui sont simples par nature mais aussi dans ceux qui sont unis xaxà oùvôectiv tel que l'homme, composé d'une âme et d'un corps ^. ^^, ,. Contre cette doctrine cyrillienne de l'unité du Christ, on Objections , ,, ^oo • objecte souvent le symbole d union de 433, souscrit par l'évêque d'Alexandrie pour se réconcilier avec les Orientaux ; mais ce point ne crée pas une difficulté sérieuse. Plusieurs des amis de Cyrille lui avaient déjà de son temps reproché d'avoir abandonne sa position première ; il se serait, à leur avis, laissé exagérément entraîner par l'iisprit de conciliation.. Dans ce nombre, on peut ranger Isidore de Pélusc, ce même Isidore qui, quelques années plus tôt, avait accusé d'apollinarisme l'évêque d'Alexandrie, à cause de son opposition trop violente à NcsLorius^. (1) El yàp xal etç ^éyotTO izpbq 7)(j,(ov ô (jiovoyevTjç Tloç tou ©eou aEcrapxcù[J!.évoç xal .ivav8p<ù7ry)aaç, oô Trécpupxai Sià touto,. xaxà t6 èxeboiç Soxouv, oure [jltjv eiq t-/]V t^ç oapxoç 9\!>civ [xexaTtstpotTTjxsv y) tou Aoyou cpûoiç, àXX' oùSè tj t7)ç oapxoç elç x'f]V aùxoi) • dXX* Iv IStéxTjxi. x^ xaxà ) le progrès en sagesse et par là de diviser en deux le Christ un, ce n'est pas l'existence d'une ignorance humaine chez le Sauveur qu'il discute, mais c'est une incompréhension de la loi de communication des idiomes qu'il relève, de cette loi qui est une conséquence de l'Unité du Christ 2. Cette mention de l'ignorance humaine du Christ et de son progrès eti sagesse nous rappelle précisément le second sujet que nous avions annoncé au début de ce chapitre et qu'il nous faut maintenant, malgré sa difficulté, courageusement aborder. La science du Christ Psychologie ^ est d'un grand intérêt pour nous de chercher dans les écrits du Christ ^g l'évêque d'Alexlandrie ce qui concerne la psychologie du Christ en général et les infirmités humaines que le Sauveur a bien voulu porter pour se rendre semblable à nous. Cyrille connaît et cite les textes oii saint Paul nous affirme que le Seigneur a pris sur lui toutes les faiblesses de la nature humaine sauf le péché en sorte que nous ayions un Pontife qui puisse, par expérience personnelle compatir à toutes nos misères. Dans le Commentaire sur saint Jean, le docteur alexandrin souligne aussi les traits qui rapprochent intimemen,t le Christ de nos vies, de nos joies et de nos tristesses humaines comme de nos besoins les plus communs :- la faim, la soif ou le repos. Mais l'activité de l'intelligence du Christ et de sa volonté sont deux points spécialement dignes d'attirer notre attention. Nous traiterons ailleurs de la volonté du Christ et de sa soumission au commandement de son Père^. Dans ces pages, il sera question de la science du Christ et de son ignorance, réelle ou apparente. Sujet qui se rattache étroitement, on le conçoit déjà, et on le verra, dans la suite, davantage encore, au problème de l'unité du Christ qui faisait l'objet du précédent chapitre. Des travaux importants ont été faits ces dernières années sur cette partie de la christologie cyrillienne. Plusieurs sont excellents ; il serait (1) Cf. J. TiXERONT, Hist. des dogmes, p. 70, n° 4. (2) Hom. pasc, 17, n" 3, P. G. 77, 780 _D. (3) Cf. chap. VI de cette deuxième partie. Le Sacrifice où nous parlons de l'offrande spontanée du Christ, de son obéissance, de l'obligation qu'il avait de mourir. — Sur la psychologie des passions dans le Christ, cf. Trésor, XIV, P. G. 75, 397 A ; Sur saint Luc, 22, 42, P. G. 72, 921. SCIENCE DU CHRIST 151 présomptueux de ne pas les utiliser : aussi exploiterons-nous avec reconnaissance les dissertations du P. Schulte, du P. J. Lebreton et du P. Dubarle et emprunterons-nous parfois leurs traductions, sans les modifier considérablement^. Science Dans la première partie de sa carrière, c'est-à-dire jusqu'à du Christ 428, Cyrille d'Alexandrie combattit surtout l'Arianisme ; il oppose à ses adversaires l'argumentation des Pères qui l'ont précédé, spécialement de saint Athanase^. Il faut lire dans les Dialogues sur la Trinilé^ et dans le Trésor sur la sainte et consubstantielle Trinité^ les (1) Cf. Petau, Dogm. iheol., de Incarnat., 1. XI, c. I-IV ; A. Vacant, art. Agnoèles dans le Dici. de Théol. caih. ; E. Schulte, Die Enîwicklung der Lehre vom menschlichen Wissen Christi bis zum Beginne der ScholasUk, Paderborn, 1914 ; J, Maric, De Agnoe- iarum doctrina. Argumentum patristicum pro omniscienîia Christi hominis relaliva (Zagreb, 1914). — J. Lebreton, Histoire du dogme de la Trinité, t. I, 1927. 'Note G, p. 567-576. — • Dubarle, O. P. LHgnorance du Christ dans saint Cyrille d'Alexandrie, in Ephemerides theologicœ lovanienses, janv.-mars, 1939, p. 11 sq. — R. P. Schwalm, . Les controverses des Pères grecs sur la science du Christ dans Bévue thomiste, 1904, p. 12- ■ 47 ; 257-297. - (2) Les textes les plus importants d'Athanase sur cette question se trouvent dans le troisième discours contre les Ariens, 42-49 (P. G. XXVI, 412-428), dans la deuxième lettre à Sérapion, 9 (621-624), dans le De Incarnatione et contra Arianos, 7 (993) Cf. Or. III, 38, (404 c) sur les interrogations posées par le Christ, et 51-53 (429-436) sur son progrès]. — Nous avons déjà dit l'influence d'Athanase sur Cyrille. En ce qui concerne cette controverse sur l'ignorance du Christ, Cyrille invoquera souvent le principe sotériologique souvent formulé par son illustre devancier : « Le Christ a voulu se charger de toutes nos infirmités pour les guérir toutes. » Comme Athanase {Or., III, 43), Cyrille fait remarquer que dans les textes Me. XIII, 32, et Mt. XXIV, 36, se trouve le terme uî6ç et non pas l'expression ô ulàç tou ©eoû. «Cependant, l'œuvre de saint Cyrille,, écrit le P. Lebreton, op. cit., p. 570, est bien personnelle : on y reconnaît une pensée consciente d'elle-même qui détermine le choix des arguments et leur donne leur orientation. » - ' (3) Dialogues sur la Trinité, VI, P. G. 75, 1069-1073. Le Christ comme Dieu n'ignore rien, mais parle ici comme homme et a voulu prendre nos infirmités (cf. 1064 A). A la question indiscrète des apôtres, le Christ leur répond en se mettant à leur point de vue, comme s'il n'était qu'un simple homme : sÏTrep tiç zh\ 4itXàç v.cà v.ax' aôxoùç àvÔpcùTuoç ZTZÏ y^ç, xal oûx excùv çiioet t6 eïvat 0e6ç (1073 A). — Voir aussi une explication du texte évangélique dans le Commentaire sur Zacharie, 105, P. G. 72, 252 qui appartient à la même période. (4) Trésor sur la sainte et consubstantielle Trinité, XXII, P. G. 75, 363-380. — Le P. J. Lebreton, op. cit., p. 570, ramène à quelques points principaux que je résume ici l'argument cyrillien : (a) Le Christ sait tout, puisque Verbe et Sagesse de Dieu. Cette science di'^ine n'a pas été voilée par l'Incarnation. Cyrille au contraire part souvent de ce qu'a dit ou fait le Verbe incarné pendant sa vie mortelle pour prouver sa science parfaite. (6) Cependant le Christ a dit : « Le Fils ne sait pas », et en parlant ainsi, il n'a pas menti. 152 CONSÉQUENCES DE l'UNITÉ DU CHRIST passages où il discute les textes évangéliques sur l'ignorance du jour du .jugement (Me. XIII, 32 et Mat. XXIV, 36) pour se faire une idée de sa position à cette époque de sa vie. A partir de 428, la controvei^se se déplace. Son nouvel antagoniste ■ Nestorius lui impose des préoccu- pations nouvelles,- mais la pensée de Cyrille reste la même. Les textes importants se trouvent pour cette période dans la Défense des ana- ihéinaiisines^ l'Apologie contre les Orientaux^, l'Exposé de la vraie foi, aux Reines.^ (c) Ces deux affirmations, en apparence contradictoires, se concilient surtout par l'Incarnation : Cyrille en rapportant d'autres explications données par les Pères les complète par la considération de l'incarnation du Christ et des misères humaines qu'il a voulu porter. D'autres Pères avaient dit que le Christ avait parlé de la sorte pour ■ne pas contrister les apôtres. Cyrille le pense aussi (P. G. 75, 31Çi-211), mais il ajoute que le Fils de Dieu « pouvait ainsi parler parce qu'il était devenu chair et qu'il s'était approprié les infirmités de la chair » ; on ferait la même remarque au sujet de l'argu- ment tiré des questions posées par Dieu à Adam et à Caïn (P. G. 75, 377 A). Le plus souvent, la considération de l'incarnation est la seule que propose Cyrille : il fait observer que l'ignorance est le lot qui convient à l'humanité ; le Christ a voulu la porter comme nos autres misères, comme la faim et la soif. [d) Dès cette époque, Cyrille est cependant soucieux de sauvegarder l'unité du Christ ; jamais il ne concédera que le Christ ait ignoré : c'est pour lui un abaissement consécutif à l'incarnation (TaTcewwaiç), une disposition voulue {oly.ovo\ji Oixovotitov, P. G. 75, 377 A, — Olxovop,eï, P. G. 75, 377 D. — Olxovofiixûç, P. G. 75, 158 CONSÉQUENCES DE l'uNITÉ DU CHRIST Interrogations L'interrogation en soi semble être un aveu d'ignorance et- du Christ cependant le Christ interroge les amis de Lazare au sujet du lieu de son ensevelissement^ ; il interroge l'apôtre Pierre, à Gésarée de Philippe^ ; il interroge Philippe dans le déserta Même si l'on n'explique pas les textes scripturaires par une ignorance de l'humanité du Christ, - ils ne constituent pas plus une objection à sa divinité que les interrogations- faites par Dieu dans l'Ancien Testament à Caïn (IV, 9) et à Adam (Gen. III, 9)*. Si en vue d'un but utile, on peut interroger sur ce qu'on sait, le Logos incarné peut bien déclarer qu'il ignore et même ignorer en tant qu'homme, afm d'être semblable à ses frères^. Les interrogations du Christ sont faites selon une « économie » spéciale et une disposition voulue et sage. Anastase le Sinaïte qui d'ailleurs appelait Cyrille, o-çpayiç tù>V' Tcarépcov, distinguait dans son Dux vise, trois sens selon lesquels on peut appliquer au Christ le mot ocxovofxtxcoç : 1° pour qualifier les actions,, comme manger, dormir, grandir, consécutives au fait de l'Incarnation ; 2° pour désigner des actions qui ne sont pas absolument nécessaires en soi, mais qui ont été accomplies par condescendance parce qu'elles ont pu être utiles au salut de certains. Ainsi pour éviter le scandale, le Christ se serait soumis au rite de la Circoncision. Enfin le mot oîxovo[ji,i,xclîç serait parfois employé pour désigner les économies secrètes de certains gestes mystérieux, comme la malédiction du figuier^. Ces remarques d' Anastase le Sinaïte sur la terminologie en usage chez les Pères grecs- 380 A. Olxovo[jieï, P. G. 75, 376 BC. — On peut ajouter : oJxovofitxtoç Défense du 4^ anath. P. G. 76, 416. — Olxovo[xfav„ Contre les Anîhropomorphites 14, P. G. 76, 1101. — Olxovofxtav, Trésor, XXVIII, P. G. 75, 424 D. — Otxovo[/,Caç, SchoUes sur V Incar- nation, 13, P. G. 75, 1388 B. (1) Le Christ savait où Lazare était enseveli ; il le demande pourtant ; il en agit de même pour le dernier jour : 'QaTceçi o5v olaovoyLiaq rivàç ëvexev xb (x^ elSévat tcoG- xeÏTai AàÇapoç ëçaoxev, oûtcù xal Trepl tîjç fjfxépaç xal ty^ç <ûpaç, xâv X^yy) yà] slSévai,. Xp-ZjotlJLÔv Tt xal àyaGàv olxovojxûv, toûto tcoisï • oïSe yàp àç Qeàç, P. G. 75, 376 B. (2) Le Christ savait d'avance la réponse que lui ferait le chef des apôtres : oôxouv oJxovojjtsï • Ti TToXXàxtç T^ç àyvotaç t6 cx^fxa, P. G. 75, 375 BC. (3) Il connaît la réponse de Philippe (Jean, VI sq.). Il sait comme Dieu, il peut ignorer comme homme afin d'être semblable à ses frères : elSàç yàp àç Beoç X6yoç, Sùvaxai àç 6cv0p<ù7coç àyvoetv, Kva xaxà Ttdcvra TOtç àSeXçoîç Ô(aoi6>6^, P. G. 75, 377 B. (4) On ne peut être surpris que le Verbe de Dieu qui a interrogé Adam et Caïn en use ici de même, xôcv olxovofxûv ti. 5(pï)ci[j.ov \xy] sESévai Xéyjr) t/jv rjfiépav àç. àvôpfùTTOç, xairot Ttàvra elSojç wç C09[a toC Ilarpéç, P. G. 75, 377 A. (5) P. G. 75, 377 G. (6) Le docétisme fait un mauvais usage du mot : olxovojJL^a. Les hérétiques appellent «économique» ce qui ne serait arrivé, d'après eux, qu'en apparence et en faux- semblant, t6 wç êv cpavTacrfo: xaï Sox7)a-et ytv6(ievov. 'OSyjyoç, c. II, P. G. 89,^ 85 D-88 A. CONNAISSANCE PROPHÉTIQUE DU CHRIST 159 peuvent être profitables aux lecteurs de Cyrille d'Alexandrie, spécialement lorsqu'il s'Igit de l'ignorance réelle ou apparente du Christ. Connaissance Cyrille a-t-il parlé d'une connaissance prophétique dans prophétique le Christ? On peut alléguer quelques textes qui semblent y faire allusion. En fait, ils ne nous apportent aucune réponse bien claire. Dans la défense, du quatrième anathématisme contre Théodoret, nous l'avons signalé plushaut, Cyrille ne nie pas que le Christ a eu une connais- sance des événements, plus ou moins semblable à celle des prophètes; il reproche simplement à l'évêque de Cyr d'avoir fait de l'Emmanuel un prophète et un homme théophore, lorsqu'il dit que la « forme de l'esclave » a reçu du Verbe qui l'habitait, des révélations limitées^. Un texte invoqué par le P. Schulte pour prouver cette connaissance prophétique, mieux interprété par le P. Dubarle, ne nous donne aucun résultat au sujet d'une connaissance par révélation prophétique communiquée à l'intelligence humaine du Christ. Voici le passage : Il (le Christ) dit qu'il ignore. Dieu n'ignore pas ; mais si le Verbe lui-même, bien qu'étant Dieu est devenu et a été appelé homme, qui ignore l'avenir selon sa propre nature et les limites de l'humanité, mais l'apprend fréquemment par révélation de Dieu, ne t'étonne pas s'il accepte l'abaissement de l'ignorance". Le P. Dubarle, supprimant le point mis par Migne avant «ne t'étonne pas » ne voit dans ce texte qu'une seule période. Après avoir exposé d'abord une des raisons de l'ignorance du Verbe, l'Incarnation, Cyrille conclut que cette ignorance n'a rien d'étonnant. Quant à la proposition relative « qui ignore l'avenir», elle ne serait qu'une prémisse du raisonnement et non pas une affirmation inconditionnée se rapportant au Christ. Il faudrait donc pour suivre la pensée de Cyrille opérer une légère rupture de la construction grammaticale et rapporter le pronom relatif non pas au Christ-homme, mais à l'homme en général et abstrait. Cyrille dit «qui ignore xarà ys t7]v îStav çtioriv ». Jamais l'humanité du Verbe incarné n'est appelée par l'évêque d'Alexandrie sa nature propre ; la divinité est sa nature propre ; le Verbe s'est seulement approprié la nature humaine^. Un texte tiré de la. Défense du quairième anaihémaiisme contre Théodoret paraît un peu plus révélateur. Malheureusement la pensée de Cyrille se trouve exprimée au milieu d'un raisonnement « ad hominem » : on ne {l)Défensedu 4<^anath, contre Théodoret, P. G. 76, 412B et 416 B.. (2) Commentaire sur saint Matthieu, 24, 36 ; P. G. 76, 444 G. (3) Le Christ attribue l'ignorance à son humanité, et non pas à sa propre nature (Tyj àvOptùTrâTTjTt xal où Tyj olxetq: çiioet rà aYvoetv 7repi0f0if]a(,v), Trésor, P. G. 75,. 373 A. 160 CONSÉQUENCES DE l'uNITÉ DU CHRIST peut donc avoir à son sujet qu'une certitude relative. Il est vraisemblable d'admettre qu'il exprime cependant sa propre manière de voir, lorsqu'il dit, adoptant un instant les modes d'expressions d'Antioche, « la forme d'esclave savait que la passion serait le salut des hommes et la source de la vie pour les mortels^ ». Science du Christ II 6st fort opportun de se rappeler les conceptions et Résurrection générales de Cyrille sur la place de la Résurrection dans le mystère de l'Incarnation, lorsqu'on étudie le problème de la science du Christ. A la Résurrection, le Christ est devenu pleinement le <;hef de l'humanité dégénérée^ ; à la Résurrection, s'est accomplie à la perfection «l'économie » restée jusque-là inachevée ; à la Résurrection, le Verbe a pleinement réalisé ou plus précisément « manifesté » les qualités appartenant à son humanité en vertu de l'union^. L'ignorance attribuée au Christ prend fin à la Résurrection. Nous en avous un indice dans un texte du Trésor sur la sainte eî consubsiantielle Trinité^. Avant la Résurrec- tion, à l'interrogation des apôtres sur l'heure et le jour du jugement, le €hrist qui comme Verbe et Sagesse de Dieu savait ces choses, a répondu : « Je ne sais pas », pour ne pas contrister ses disciples et à cause de l'incarnia- tion. Ressuscité, avant de remonter aux cieux, il répond aux apôtres qu'il ne leur appartient pas « de connaître les temps et les époques établis par lePère»(Act.,I,7). « Si le Christ avait ignoré, il aurait dû dire simplement : Je vous l'ai déjà dit, je ne sais pas ». Le P. Schulte et le P. Dubarle voient dans ce passage, et semble-t-il à juste titre, une réelle différence entre les deux moments : avant et après la Résurrection. Sans doute l'opposition est plus fortement marquée chez Origème^ et chez Athanase^, mais Cyrille ne paraît pas se séparer radicalement de ses illustres devanciers puisqu'il n'enseigne pas expressément l'ignorance du Christ ressuscité et les mots de son commentaire, vuvl Ss et tots suggèrent entre les deux moments une réelle différence. Après la sortie glorieuse du tombeau, un changement est intervenu : le Sauveur au moment d'entrer dans (1) Défense dû i° analh., P. G. 76, 417 AB. (2) 'ÂTcapx'^ TTJç àvaveou(jiévif)ç çiiaeojç TÔxe y^Yovev ô Xpioxoç, Ôte çpovrtoaç oôSèv Tcov Tou Gavàxou ^zcs\i(ùv àveStco TcàXiv. Sur saint Jean, 7, 39, P. G. 73, 756 G. (3) Commentaire sur saint Jean 20, 17, P. G. 74, 696 A. — Contre Nestorius, P. G. 76, '209 G, 212 D-213 A, 220 A. Le mot àTCOçabto signifie aussi bien « manifester s que « rendre effectivement » dans P. G. 76, 209 G et 220 A. (4) Tô, Oôx oîSa, 9Y]oîv àç àvôpcoTTOç, è^ouctav ë/cov xal toG elneï\> Sià tô yewéaQcti par amour pour son Père et par amour pour nous ; il •s'est offert par charité en sacrifice^. Le chrétien, comme le Christ, doit se donner à Dieu et au prochain. L'offrande spirituelle, c'est nous-mêmes que nous devons offrir par la mort au péché 2. Le don de soi à Dieu se manifeste par le don de soi au prochain ; la loi de charité embrasse indistinctement Dieu et le prochain, dans un même amour. Le prochain est aimé pour Dieu et en Dieu^. L'union au Christ-Modèle est une union au Christ souffrant et bienfai- sant ; elle se manifeste surtout par les vertus d'obéissance, de patience et de charité ; cette union au Christ-Modèle est aussi une union au Christ ■glorieux par laquelle le chrétien mène, dès ici-bas, une vie céleste et quasi angélique. Union H 116 faut point passer sous silence l'union au Christ- an Christ-Roi Juge devant qui le chrétien doit se tenir toujours présent en pensée dans un sentiment de respect et de confiance, l'union au Christ- Roi sur lequel Cyrille a de très beaux passages. Le pape Pie XI en a cité plusieurs dans son encyclique Ouas primas sur le Christ-Roi (11 décembre 1925). Le Christ est pour Cyrille le Roi de la Création et du genre humain. Sa royauté vaut certainement pour le domaine spirituel ; .sur ce point, Cyrille est d'accord avec Augustin, Cyrille de Jérusalem, Grégoire de TMaziance, Jean Chrysostome*. Parle-t-il aussi d'une royauté du Christ •dans le domaine temporel ? D^une royauté qui serait comme le dira la théologie postérieure, directe ou. indirecte ? Nous n'osons pas nous pro- noncer à cet égard ; les textes ne nous paraissent pas assez clairs. Mais ce que l'on peut affirmer, c'est qu'à cette dignité royale du Christ appartient le pouvoir suprême de légiférer, en particulier celui d'abroger l'Ancien Testament et de promulguer la loi nouvelle. (1) P. G. 76, 1336-1425, et 10» anathématisme, avec les défenses et les explications de cet anathématisme. Sur le Christ modèle des vertus, voir la dernière partie du présent ouvrage. Cf. P. G. 72, 913 A. (2) L. XVI de V Adoration en Esprit et en Vérité. (3) L. VII et VIII de VAdoralion en Esprit et en Vérité, P. G. 68, 480-588 ; Sur saint Jean, 1. X passim ; P. G. 74, 281-444; Pusey, t. II, p. 489-629. On trouvera l'exposé de cette doctrine sur la charité dans notre cinquième partie. (4) Sur saint Jean, 1. 12, P. G. 74, 620 G-621 A. Sur la royauté du Christ en général : P. G. 74, 618 B, C, D ; P, G. 74, 620 C, D ; 622 B, G, D. Un bon nombre de théologiens «cotistes, spécialement ceux de l'ordre de Saint François, en traitant de l'absolue primauté et royauté universelle du Christ, se plaisent à citer longuement Cyrille 'd'Alexandrie. Ils se réclament aussi de lui à propos de la thèse scotiste sur le motif «de l'Incarnation. Cf. P. ChrysostomEj Le motif de l'Incarnation. II n'entre pas dans .le cadre de cette étude de traiter ici ce problème. 168 PLACE DU CHRIST DANS LA VIE CHRÉTIENNE Ce que l'on peut affirmer aussi, c'est qu'à cette dignité royale appartient- la fonction de Juge, en ce qui concerne le jugement particulier et le jugement général^. Union Enfin l'union au Chrisi-Prêîre et au Christ-Sauveur au Christ-Sauveur occupent aussi, on le conçoit facilement, une large place dans ses œuvres. Dans son exposé sotériologique, Cyrille insiste principalement sur deux textes de saint Paul : Hehr., II, 14 et Rom., VIII, 3. Dans Hébreux, II,, 14, Cyrille voit la guérison de notre corps mortel ; dans EomainSyYlll, 3,. la délivrance de notre âme pécheresse. Il cite souvent aussi un troisième texte, II Cor., V, 15, pour montrer la surabondance des mérites de la croix et la nécessité de nous les appliquer par notre vie. La mission du Rédempteur était de ramener toutes choses à l'état primitif où Dieu les- avait créées ; pour arriver à cette restauration, il devait condamner le péché dans sa chair, détruire la mort par sa propre mort et nous faire enfants de Dieu 2. S'incarner, passer quelques années sur la terre auraient suffi, s'il n'avait dû être que notre modèle et notre maître^. Mais pour l'expiation. du péché, la destruction de la mort, la réconciliation avec Dieu, sa mort apparaissait comme nécessaire*. Voilà pourquoi, par amour pour nous et pour se conformer à la volonté de son Père, le Verbe Incarné a accepté librement les souffrances de la Passion et la mort sur la Croix^. Il s'est offert en victime expiatoire pour notre rançon* ; il a souffert à cause de nous et pour nous Bi "yjjjiôcç xal UTrèp yjjxwv'. Lui seul est mort pour tous lés hommes ; il s'est fait péché pour nous et sa mort nous a rachetés^. D'ailleurs, ce ne sont pas seulement les hommes,, mais aussi les anges qui doivent en un certain sens leur sainteté aux mérites du Verbe Incarnée (1) Sur Joël, P. G. 71, 389 D. Notons en passant qu'aux yeux de Cyrille, tous le& détails que racontent les Juifs au sujet des assises solennelles qui se tiendront dans^ la vallée de Josaphat ne méritent guère créance. (2) Sur saint Jean, XIV, 20, P. G. 74, 273 ; Pusey, t. II, p. 481 sq. (3) P. G. 74, 273 ; P. G. 76, 724 ; P. G. 72, 686. (4) Sur saint Jean, XII, 23 ; XV, 12 ; P. G. 74, 84, 384 ; Pusey. t. II, p. 311-577, (5) Le Christ est un, P. G. 75, 1352 et Pusey, p. 415. (6) P. G. 75, 1337. (7) P. G. 79, 424 ; P. G. 73, 565. (8) P. G. 69, 549. Il s'agit d'après L. Janssens, dans ce texte des Glaphyres sur le Lévitique, non point d'une gratta Chrisli Bedempioris, mais d'une gratia Chrisli capiiis^ donnée en vue du Christ même sans présupposer la chute d'Adam. (9) P. G. 69, 549 ; P. G. 68, 625. UNION A LA PASSION ET A LA RÉSURRECTION 169 Ajoutons, enfin, que par son Incarnation rédemptrice, le Christ est •devenu le second Adam, la racine et le principe de l'humanité régénérée^, le médiateur entre Dieu et les hommes^, la source de toute sainteté et de toute vie surnaturelle 3. Par lui nous a été conférée la filiation divine. Union à la Passion ^yi"!^^^» ^^^^^ rattacher directement la déification à la et à la mort mort du Sauveur, comme il l'attribue formellement du Christ ^ l'Incarnation, souligne avec force le rôle salutaire du sacrifice du Christ, en présentant sa mort comme la cause de la destruc- tion de notre mort et la source de notre vie nouvelle. Voici par exemple un texte expressif du Commentaire sur saint Jean. Le mort n'aurait pas pu être détruite d'une autre façon si le Sauveur n'était pas mort ; il en est de même pour chacune des affections (TraGôliv) de la chair*. Un passage du Commentaire de Vépître aux Hébreux reprend la même idée sous une autre forme : La mort du Christ est devenue comme la racine de la vie, la destruction de la corrup- tion, la suppression du péché et la fin de la colère^. En général, ce sont surtout les effets négatifs de la Rédemption que notre théologien rattache à la mort du Christ. On le voit dans les passages q[u'on vient de lire, comme dans ces lignes du Commentaire de Vépître aUx Romains : Le Logos s'est fait chair et habita parmi nous uniquement pour subir la mort de la chair et triompher par là des principautés et des puissances, et réduire à néant celui- là même qui tenait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire Satan ; pour enlever la corruption, iChasser avec elle également le péché qui nous tyrannise, rendre ainsi inopérante l'antique malédiction que subit la nature de l'homme en Adam comme dans les pré- mices (àTtapxYj) du genre et dans la racine première". Loin donc d'oublier le rôle salutaire du sacrifice du Christ, Cyrille •magnifie l'efficacité de cette mort et il affirme que sans elle, « le mystère de l'économie selon la chair » aurait été « inutile pour nous »'. (1) P. G. 68, 617. (2) p. G. 73, 1045. (3) P. G. 73, 773 sq. (4) Sur saint Jean, XII, 27, P. G. 74, 92 D. Cf. Sur saint Jean, XX, 19-20. P. G. 74, 705 D ; Apol. contre les Orientaux, anath. XII, P. G. 76, 381 G. (5) Sur Vépître aux Hébreux, II, 14, P. G. 74, 965 B. (6) Sur Vépître aux Bomaim,, V, 3, P. G. 74, 781 D. <7) Sur la i" aux Cor., XV, 12 ; P. G. 74, 897 A. 170 PLACE DU CHRIST DAIfS LA VIE CHRÉTIENNE Union ' Nous avons déjà vu et nous aurons encore roccasioiï à la Résurrection de montrer l'importance que Cyrille attribue à la et à Ascension Résurrection du Sauveur. Nous sommes ressuscites avec lui et nous sommes assis avec lui dans le cieF? « Quand le Seigneur est revenu à la vie et que d'un geste, il s'est offert à Dieu son Père, comme les prémices de l'humanité, alors assurément nous avons été transformés à une nouvelle vie^ ». De même que les apôtres ont reçu le Saint-Esprit du Christ ressuscité, ainsi les fidèles participent par le baptême à cette résurrection du Christ ; spirituellement ressuscites, ils doivent mener une existence vraiment céleste ; ressuscites avec le Christ, ils doivent chercher les choses d'en haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu ; ils doivent goûter lés choses d'en haut non point celles qui sont sur la terre [Col.,. 3, 1-2). Imitant le Christ ressuscité d'entre les morts, ils doivent mourir au péché et vivre pour Dieu [Rom., 6, 9-10) ; dans le Christ ressuscité,, prémices de ceux qui dorment, ils sont tous vivifiés, mortifiés selon la chair, vivifiés selon l'esprit (I Cor., 15, 20-22 ; I Pierre, 3, 18). Tous- ces textes sur la Résurrection, Cyrille aime à les citer, à les commenter,, à en faire jaillir le sens spirituel. Il nous invite aussi à méditer sur- l'ascension du Christ et à voir comment toute l'humanité se trouve engagée dans ce mystère. Ce n'est pas le Verbe, dépourvu de la chair^ écrit Cyrille, qui est glorifié dans le ciel ; en tant qu'homme, il est un de nous; comme Fils, il est consubstantiel au Père. Comme homme, il apparaît devant la face de son Père, pour nous approcher tous en lui. du Père, et c'est comme Fils qu'il s'assied à la droite de son Père, pour transmettre la gloire de l'adoption à tout le genre humain. Nous pouvons^ ainsi témoigner avec saint Paul que nous sommes assis aux cieux dans le Christ, puisque ce qui est propre au Fils est devenu l'apanage commun, de la nature humaine^. Des textes de ce genre sur l'Incarnation, comme- (1) Voir supra texte cité, p. 105. (2) Voir texte cité p. 165, Incorporation au Christ. (3) Sur saint Jean, XIV, 2, 3, P. G. 74, 184 CD : « àvéSï) .... àç, àvOpwTtoç àauvifjôtùç te: xal Çévtoç ètAçaviaGîjvai, ô TràXat yu[ji.vàç àv0p<û7u6T7)TOç Aéyoç. Ai' ■^(Jt.aç Se toûto xal 'ÔTzkp riyL&v l'va xal wç àvOptOTTOç eûpeÔelç, àç Ttàç èv Suvàfxet, xal [lexà aapxèç àxoécfaç xa06Xou, « KàOou èx SeÇtûv (Jiou », t^ç uloOeofaç t-îjv S6Çav, ôXqj Si' éauTou jrapa- TcéfJicJjT) T(p yévei. EIç yàp ècTiv y)[jitov, xa06 TréçTjvev (5cv6pciJTUoç, èx SeÇfcùv xou ©sou xal- IlaTpèç, ti xal ûvrèp Tcàodcv èoTiv ttjv xxtaiv, xal ôjxooùaioç Tqi ESito yevv/jTopi, xa06 TcéçTjvev èÇ aÙTOu ©sàç èx 0eou, acd tpcoç èx çcotôç xarà àX:r)0eiav. 'Evetpav^Gv] toIvuv no\i yeyovdTaç Sià t^v àpxatav TiapàSaaiv, çrT'/jcJ'jr) TràXiv àç èv 7rpoa(i)7Ccp tou IlaTpéç • xexà0ixev, àç Tlôç, ïva xal 7\[LS.Ï(; wç uîol Si'aiirou xpirj^jtaT^atofxev xal rèxvaOeou. Aide toi touto xal ôlIauXoç xoivà Tyî çiiaei t^ àv0ptù7ue(qt Ta elq aÙTèv ISixûç yeyov6Ta SiSàoxov cpTjolv, Ôti. xal « SuviQyeipev -/ifiSç xal ouvexàGiaev èv toïç èTcoupavtoiç èv XpioTqi (Eph., II, 6). — • Trésor, ass. XX, P. G. 7S, 329 D : Xa[jiêcivsi tô Ôvofxa xô ÙTcèp ttôcv ôvofxa, IV ÉCHANGE ET SOLIDARITÉ 171 sur la Passion, la mort, la Résurrection et l'Ascension de Notre-Seigneur nous invitent à étudier davantage la doctrine de notre auteur sur la médiation du Christ, notre Frère, sur notre Filiation adoptive qui est une participation de sa Filiation divine naturelle, et enfin sur la causalité instrumentale de son humanité. De telles considérations basées sur les rapports de solidarité et d'échange qui existent entre le Christ et nous^ fondées sur la consubstantialité que le Christ a. avec Dieu et avec les hommes ne peuvent que nous faire voir plus clairement sa place dans le dogme et dans la vie chrétienne^. Le Chrétien, frère du Christ et fils de Dieu Relations L'Incarnation est un échange. Le mot de saint Paul apprenant d'échange £^ux Corinthiens que Jésus-Christ s'est fait pauvre pour eux afin de les faire riches par sa pauvreté est un thème que Cyrille affectionne. Dans les Glaphyres sur la Genèse, dans ses Commentaires sur Isaîe, sur saint Luc, sur les Actes, dans ses Homélies pascales, il le cite et le commente^.. Le Fils a assumé ce qui est nôtre et nous communique ce qui est sien^ ; tout en étant Dieu, il a pris la forme d'esclave pour nous donner de seS' propres biens* ; il a partagé notre condition pour nous permettre de participer à ses prérogatives^. ÛOTcep èv aÙT9 xal eîç rbv oOpavàv sloepx6(xe0a xal ê(jiq)avi^6(Jis6a tîç> Ilarpl, oÛtc». TràXw èv aÔTcp SoÇaÇéfjievoi xal ôt{;o6(j(,Euoi xal uîol 0eoG xPW^'^^^^y-^^- Cf. Commen- taire sur VépUre aux Hébreux, IX, 24, P. G. 74, 985 C. (1) Toutes ces questions ont été exposées par L. Janssens, dans les Ephemerides theologicœ lovanienses, « Notre Filiation divine d'après saint Cyrille d'Alexandrie », t, XV, 1938, p. 233-278. — Cette importante contribution est fort utile pour bien comprendre sur un sujet aussi important la pensée du docteur d'Alexandrie. (2) II Cor., VIII, 9. Cf. Sur saint Luc, X, 23, P. G. 72, 676 A ; Sur les Actes, II, 28, P. G. 74, 761 B ; Sur Isaîe,53, 10-12, P. G. 70, 1189 B ; Le Christ est un, P. G. 75, 1288 C ; Homélie pasc, XVII, P. G. 77, 113 D ; Glaphyres sur la Genèse. P. G. 69, 325 D, etc. (3) Sur saint Luc, XI, 2, P. G. 72, 688 B. (4) Sur saint Luc, XI, 2, P. G. 72, 688 A : "EXa6E yàp SoiiXou (j.opç-ï)v.... h' -rjniv Ta éauTOU xap^oT^Tai. Cf. Le Christ est un, P. G. 75, 1268 C. (5) Sur saint Matthieu, XXIV, 36, P. G. 72, 444 D-445 A : rÊY6va[ji.ev yàp xaT aùvb^ •^(xeiç, èTTEiS'^ Yéyovs xa0'Y|[jiaç ô aÔT6ç. 172 PLACE DU CHRIST DANS LA VIE CHRÉTIENNE Rapports de Dans le Christ, le Père a restauré toute la nature dans son solidarité état primitif^. Tout ce qu'il y a dans le Christ est devenu notre apanage^. Prières^, affections*, actions^, mystères du Christ* ont une signification pour le genre humain tout entier. Coftsubstantiaiité L'Incarnation est un échange par lequel nous sont du Christ transmis les dons divins. En tant que Dieu, le Christ est consubstantiel au Père possédant vraiment avec le Père une gloire qui est à la fois la gloire du Père et la sienne propre'. Nous avons déjà indiqué les textes par lesquels Cyrille affirme que par l'identité de la substance divine^, toute la Trinité est consubstantielle' et que pour les trois personnes, il n'y a qu'une seule divinité ^o. Inutile donc d'y insister. «1 Consubstantialité Consubstantiel avec Dieu, le Christ est consubstantiel du Christ aux hommes par sa naissance humaine^^. Emmanuel, avec les hommes -^ ^^^ j^-^^ ^^^^ ^^^^^ y^^ ^^ nousi2, entrant en union physique avec nous par la chair^^; entre lui et nous, il y a solidarité réelle (1) De V Adoration en esprit et en vérité, 1. VIII, P. G. 68, 552 B : 'Ev XpioTqi ô ©eàç xal IlaT^p 6Xïjv àvomk&x'vei eôOùç 7cp6ç t6 èv àpxaïç t'Jjv çiiow. (2) Trésor, ass. XX, P. G. 75, 333 B : "Ooa yàp èv Xptox^, Taûra xal sEç ■^{Jtôcç. (3) Trésor, ass. XXIII, P. G. 75, 384 G ; Sur les psaumes, II, 8, P. G. 69, 723 B. (4) Sur l'éptlre aux Romains, VI, 6, P. G. 74, 796 CD ; Sur saint Jean, XII, 27, P. G. 74, 89 A, 92 D. (5) Sur saint Luc, X, 23, P. G. 72, 676 G ; Sur Saint Luc, IX, 1, P. G. 72, 641 A ; sur saint Luc, IV, 35, P, G. 72, 548. (6) Trésor, ass. XX, P. G. 75, 333 B ; Sur saint Luc, XVIII, 31, P. G 72, 861 G ; Sur saint Jean, l, 29, P. G. 73, 192 GD, etc. (7) Sur saint Jean, ï, 14, P. G. 73, 163 A. (8) Gf. Dans notre introduction, le sous-titre « Ni trithéisme, ni modalisme », p. 42. Trésor, ass. X, P, G. 75, 131 G : TauTérvjç oôataç. Gf, Sur saint Jean, XVII, 22, 23, P. G. 74, 563 D ; Sur saint Jean, XX, 22, 23, P. G. 74, 761 B ; Sur la Trinité, dial. III, P, G. 75, 853 G ; Sur la Trinité, dial. 1, P. G. 75, 693 D ; Exposé sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1272 G, etc. (9) Sur saint Jean, XX, 24, 25, P. G. 74, 724 G. (10) Sur saint Jean, XIV, 28, P. G. 74, 321 B : èvàç Ôvxoç ènl ts Ilarpàç xd TJou T^ç ôedxTjToç Ôpou. (11) Défense du XI anath. contre les Orientaux, XI, P. G. 76, 373 A : KaÎToi yàp rà (CT<ô[xa XpiOTou) Toïç ■^(xerépotç CT(xaai,v ôfxoysvèç, v^youv ô|jt,ooiiaiov (YeysvvTjTat yàp SX yuvatxàç) ÏSiov aùxoG, ôç 597)7, voeïxai xal "kéysTca. (12) Sur saint Jean, VIII, 29, P. G. 73, 844 D : Meô' •^(xcov ô 0e6ç.... tout ëoTtv etç èÇ •^^(xcov. (13) Sur Za Trinité, dial. III, P. G. 75, 853 G. LE CHRIST, NOTRE FRÈRE 173 et effective^. Le Verbe devait prendre notre chair pour que nous soyons en lui^ ; il a habité en tous par un seuF ; par la chair qu'il s'est unie, il nous a tous en lui*. Parce que le Verbe nous a en lui, en tant qu'il a porté la nature humaine, son corps s'appelle aussi notre corps ^ Si le Christ ayant vaincu le péché dans sa propre chair a pu nous transmettre cette grâce, c'est que nous lui sommes consubstantiels par la nature de la chair^ ; toutes les pensées, les actions, les prières, les affections corporelles du Christ ont un retentissement dans l'humanité, parce qu'il a porté la même chair que nous ; notre nature tout entière a été soustraite à la corruption ; car nous étions tous dans le Christ et en lui l'humanité est ressuscitée'. Le Christ En s'incarnant, en s'unissant physiquement à lui par la notre frère chair^, le Christ nous a conféré la dignité' de frères®. Cyrille souligne fréquemment cette double conformité des fidèles avec le Christ, physique et spirituelle ; il insiste volontiers sur cette parenté intime avec (1) Le Christ est un, P. G. 75, 1268 G : OûxoCv àvaYxatcùç ô &v xal è ÔTràp/wv YEYévvïjirai xaxà adcpxa, xà. ^^(xwv e?ç éauxôv (xeraôe^ç, ha. xà oapxèç yzv'^iwia.Ta., TouréoTiv, Y](j,eïç cl çOrtpTof ts xal àTco^iifxevot, (xévtùfxev èv aÔTtji, fôia Xoi7t6v ^xovti Ta :f){jLcov, ïva xal TjtxEiç xà aÔTO-rj ^àcxovTéç ye [ji.'îjV, oûx v.it'zhv yzvia^ca aéi.ç)xa, Tàv èx 0eou Aéyov, i^f oi yévvriaiv ÛTUofxstvai. t})v xaTa aàpxa Ix yuvatxéç, àvatpouat tïjv olxovopitav. (2) Même texte que ci-dessus : Le Christ est un, P. G. 75, 1268 G. — Nous expliquerons plus loin, 1V« partie, ch. I, p. 316 sq. ,les textes cyrilJiens affirmant que toute la nature humaine est d'une certaine manière dans le Christ. (3) Sur saint Jean, I, 1.4, P. G. 73, 161 G : èv KÔcoi .... ô Adyoç èox-^vwae Si'lvôç. (4) Contre Nesiorius, 1. III, P. G. 76, 160 B. (5) Sur saint Jean XIV, 20, P. G. 74, 280 B : -^(xaç è'x<ùv èv éaurto, xa0à tJjv ii[isxépa.v 7re6py)xs cpiiortv xal c7tivov ; Sur saint Luc, II, 7, P. G, 72, 488 A ; Sur saint Luc, VI, 4, P. G. 72, 581 A ; Sur saint Luc, XI, 2, P. G. 72, 688 G ; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1304 D ; Sur saint Jean, X, 14, j?. G. 73, 1048 G ; Sur saint Luc, II, 17, P. G. 72, 485 D : « ....(jLOVoyev}]?, xaG' ô Aéyoç sotIv sx IJarpôç • âSeXçouç xaxà «péatv oùx iyciv oùSè ÉTéptii xivl auvTaTT6[i.evoç. (1) Sur la première aux Corinthiens, XV, 20, P. G. 74, 901 G ; Hom. Pose, XXVI, P. G. 77, 916 B ; De V Adoration, 1. XII, P. G. 68, 785 A. — Sur Isaîe, VIII, 18, P. G. 70, 237 D ; De l'Adoration, I. VII,-P. G. 68, 504 B ; Sur le psaume A4, 8, P. G. 69, 1040 G ; Sur Isaîe, 61, 1-3, P. G. 70, 1353 A, textes où l'on trouve des expressions comme celles-ci : àSeXçoTcç xaxà X'^P'''^» o^Jtei-éTïjç f) Sià Toi5 IIveùtJLaTOç, oîxebt xs xai àSeXçol 8ià Tou (ieTaXaxsiv àyiou IIveii(j!,aTO<;, olxelcùaiç, etc. (2) Glaphyres sur la Genèse, 1. V, P. G. 68, 260 A ; ibid. 1. XV, P. G. 68, 1009 A ; Glaphijres sur les Nombres, P. G. 69, 625 G ; Sur saint Jean, I, 12, P. G. 73, 153 AB ; Sur Isaîe, 61, 1-3, P. G. 70, 1353 A ; Dialogue sur la Trinité V, P. G. 75, 976 G ; Hom. pasc, 19, P. G. 77, 836 BG, etc. (3) Contre Nestorius, 1. III, P. G. 76, 124 D-129 B. (4) (t Gomme le Verbe de Dieu habite en nous par l'Esprit, nous sommes élevés à la dignité de l'adoption, ayant en nous le Fils lui-même, auquel nous sommes rendus conformes par la participation de son Esprit, et en conséquence nous disons avec une assurance pareille à celle du Fils : Abba. Père ». Trésor, ass. 23, P. G. 75, 569 B. CONDITION ORIGINELLE D'ADAM 175 irères qui lui sont semblables et portent l'image de la nature divine. C'est ■ainsi que «le Christ est formé en nous», en tant que l'Esprit nous élève -pour ainsi dire de notre condition humaine à celle du Fils. Il est impossible • évidemment que le Verbe transforme la créature en la nature de sa propre divinité, mais la ressemblance avec lui est imprimée en ceux qui sont •devenus participants de sa nature divine par la participation du Saint- "Esprit et la beauté de son ineffable divinité brille dans les âmes des saints. Il ne faut donc pas négliger ni supprimer cette effigie divine et spirituelle qu'il y a en rious, puisque précisément le Seigneur de toutes choses s'est abaissé et anéanti à cause de nous, pour nous enïioblir et nous conférer la ■ dignité de cette fraternité divine. Condition originelle Frère du Fils, grâce à l'Incarnation, nous sommes d'Adam p£^J. Je fait même Fils du Père. Est-ce à dire qu'avant la chute, en dehors, semble-t-il, de l'économie de l'Incarnation, Adam s'est trouvé privé de toute parenté avec Dieu? Nous avons déjà vu qu'il n'en est rien ; mais il est indispensable d'approfondir à la suite de Cyrille 'Ce problème, d'examiner ce que le Christ nous a vraiment apporté de nouveau en venant lui-même à nous,' pour mieux saisir la place qu'il occupe dans la nouvelle économie comme celle qu'il doit occuper dans la vie chrétienne. Cyrille est loin de minimiser les textes scripturaires relatifs à la condition originelle d'Adam. Le premier homme fut doté d'un ensemble de privilèges ■surnaturels qui l'élevait à une haute dignité. Par le souffle de vie, dont parle la genèse, c'est le Saint-Esprit lui-même qui lui fut communiqué^ ; en Adam, se trouvait ainsi un principe d'incorruptibilité et d'une certaine stabilité dans la Vertu^ qui devait lui donner un jour la possession du cieF. Toutefois, l'on peut se poser la question de savoir, si aux yeux de ■Cyrille, Adam était au même sens que nous, fils de Dieu? L'ancienne , grâce, comme la nouvelle, était-elle une véritable filiation divine? Filiation divine Le problème a été souvent discuté et mérite de l'être*. d'Adam n nous a semblé utile de signaler ici les textes cyrilliens qui touchent à cette question. La place centrale du Christ dans le dogme (1) Sur saint Jean, XIV, 20, P. G. 74, 277 ABCD. — Saint Épiphane dans l'Anco- rdtus, 55 (édit. HoU., t. I, p. 65 et P. G., 43, 116 A) interprète le souffle divin de vie ■^ comme étant la création de l'âme. (2) Sur saint Jean, Vil, 39, P. G. 73, 752 G. (3) Sur le psaume, 72, 20, P. G. 69, 1184 B. (4) E. Weigl, op. cit., p. 283, parle d'« une filiation divine d'Adam, mais reconnaît i la supériorité de la filiation divine néotestamentaire , quant à son mode de réalisation. » ..L. Janssens, dans l'art, cité, que nous avons largement utilisé, soutient que, pour 176 PLACE DU CHRIST DANS LA VIE CHRÉTIENNE et dans la vie chrétienne, d'après la doctrine cyrillienne n'est-elle pa» remarquablement mise en valeur, lorsqu'on se rend mieux compte de la supériorité de la condition ïiéotestamentaire sur la condition originelle?' Le Christ est venu nous apporter plus qu'un retour à l'état originel ;. la filiation divine néotestamentaire l'emporte de beaucoup sur l'état primitif d'Adam. L'économie nouvelle surpasse la première à cause de notre solidarité avec le Christ. Le Verbe Incarné, envoyé par le Père,, second principe du genre humain, est venu nous apporter une régénération spirituelle parfaite. Toute la nature humaine portée par le Christ a contracté avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit une parenté radicale,, principe de notre relation surnaturelle à Dieu, à laquelle Cyrille donne le nom de filiation. Sans doute, Cyrille admet que l'on peut nommer tous- les hommes, enfants de Dieu, en tant que Dieu les a engendrés en quelque sorte comme un Père par la création^. Si l'on considère la condition originelle des hommes faits à l'image de Dieu, rois de la création, encline à la vertu, on peut dire en un sens plus vrai encore que les hommes sont les enfants de Dieu 2. SuDériorité Mais ce n'est que dans la nouvelle économie, que l'on peut de la nouvelle appliquer cette expression au sens strict et lui donner sa. économie signification plénière. Dans son Commentaire sur Isaîe, Cyrille proclame la supériorité de la filiation divine des chrétiens sur celle d'Adam en affirmant qu'elle est parfaite ; elle s'établit par la. médiation du Christ ; elle a motivé la venue du Christ ; elle a été donnée lors de l'Incarnation du Verbe^. Trois textes méritent ici d'être men- tionnés. Le premier est tiré d'une homélie pascale ; le second du De Adoralione ; le troisième se trouve dans le Commentaire sur Joël. Dans la sixième homélie pascale, après avoir souligné la domination du diable sur l'humanité. Cyrille note l'insuffisance de Moïse, des- prophètes et de toute créature pour le redressement de l'humanité déchue,, Cyrille, l'arrivée du Christ fixe le moment auquel la grâce de l'adoption est accordée aux hommes par la sanctification de l'esprit. Entre autres textes, cf. Sur Isaîe, 3, 5, 6,. P. G. 70, 889 D. — « Il n'est donc pas étonnant, écrit encore L. Janssens, loc. cit. p. 269, que nous ne lisions nulle part dans les écrits de Cyrille qu'Adam aurait reçU' l'Esprit d'adoption ». Cfr. Tobac, art. « Grâce », col. 329, dans Dicl. Apol. Foi cath. (1) Cf. Sur saint Jean, XI, 49, P. G. 74, 69 B. (2) Cyrille a plusieurs fois mis en évidence cet aspect de l'image divine. Cf. Glaphyres- sur ta Genèse, 1. I, P. G. 69, 20 CD. — Epist. ad Calosyrium, P. G. 76, 1068 D-1072 A. — Sur l'interprétation des textes sur l'image de Dieu, dans la tradition patristique cf. entre autres Strucker A., Die Gottebenbildlichkeit der Menschen in der chrisllichem Liîeratur der ersten zwei Jahrhunderte, Munster en W., 1912. (3) Sur Isaîe, 43, 5, 6, P. G. 70, 888 D-889. SUPÉRIORITÉ DE LA NOUVELLE ÉCONOMIE 177 ^uis il affirme que le Verbe, par son union à notre chair, a transformé notre ^condition en un état meilleur que l'ancien i. Dans le passage emprunté au De Adoralione est instituée une compa- raison entre deux époques de l'humanité. Au commencement, le temps -de la vie humaine était saint « en Adam » ; car celui-ci n'avait pas encore violé le commandement de Dieu, ni méprisé les préceptes divins. Toute- fois, le second temps est encore plus saint, c'est-à-dire le temps « dans le 'Christ », le second Adam ; car, l'humanité a été alors délivrée du péché •et restaurée en vue d'une nouvelle vie dans l'Esprit^. Le troisième texte, tiré du Commentaire sur Joël étend et précise •davantage la comparaison entre le premier et le second Adam. L'Esprit •donné à Adam n'est pas, par suite de la chute, resté dans la nature ^humaine ; mais quand le Verbe s'est incarné, il a reçu, en tant qu'homme, son propre Esprit, qui est resté en lui comme le second principe du genre îhumain ; nous sommes donc rétablis dans une condition incomparable- ment meilleure et nous obtenons, d'une façon parfaite, la régénération par l'Esprit^. Cyrille insiste sur cette permanence de l'Esprit dans le ■Christ et par lui dans l'humanité. Il fallait après la chute d'Adam que le Yerbe immuable se fît homme pour recevoir l'Esprit et nous le commu- niquer d'une manière stable. Dans la nouvelle économie la communication ■de l'Esprit présente un caractère de stabilité qu'elle ne possède pas dans le cas d'Adam, parce que la nature humaine est plus intimement unie à la divinité par le mystère de l'Incarnation que par le fait de la Création. De tous ces textes, L. Janssens croit pouvoir conclure que « la parenté radicale de l'humanité avec Dieu, application immédiate de notre consub- stantialité au Christ, ressortit exclusivement à l'économie de l'Incarna- ■tion », (1) P. G. 77, 765 G. (2) De l'Adoration, 1. 17, P. L. 68, 1076 D : «..., TÎjç àv6p<î)7TOU J^OJïjç ày^oç (jièv ^v ■ô èv àpxY) XP'^'^oÇj ^^ ^'^ '^V TîpoTràTopt toG yévouç 'ASàfj, o^tcou TrapaXiicravTt, xà èvTSTaX- (iéva xal xôv 6eC«v àXoyTjCïavTi 7tpooTaYtJ(.âTo>v écywç Se xal ttoXù yLSiQciV, ô èv èaxà-roiç, TouxécTiv ô èv XpioTqi), Ô êoTi, SeÔTspoç 'ASà(x, àvaaxotxetôSv t6 ysvoç èx tûv Stà jxecou ou[j(.6e67)x6Twv elç xaivàn^xa t^toviç èv Ilvsiifxan. (3) Sur Joël, II, 8, P. G. 71, 380 AB : AlSorai (xèv t6 Tlve\i[i.(x. tco 'ASà(x èv àpxfî, 7cX-})V où [j(,e[ji.èvy)xev rfi àv6pt»)7cou çiicrei. Atavéveuxe yàp eîç xb TcX7](j(,(J.eXèç xal rcapci)- Xioèev elç àiiaprioLV. 'EtueiS'J) Se è7i;Tcî)xeucs ttXoôctioç fî)v ô Movoyevyjç xal [izQ* ■/jjjiôjv àç ôcvôptùTuoç t6 ÏSiov àç èTcaxTÔv êSè^axo Ttveufxa, (j(,e(i,évir]xsv en' aùxov . ëçv] yàp oûxfùç 'IcùàvvYjç ô eùayyeXtox^ç, ïva xal èv rjfiïv xaxoixi^cjY) XotTràv, àç tîStj tie(iev7]xàç èv XTÏ xou yévouç. àrcapx^ Ssuxépqt, xouxéaxt Xptoxqi ' xaxcov6[xaaxat yàp Sià xouxo ^al Seùxspoç 'ASà(x. Cf. Sur saint Jean, VII, 39, P. G. 73, 753 G-756 AB. 178 PLACE DU CHRIST DANS LA VIE CHRÉTIENNE Notre filiation Outre la parenté radicale avec Dieu qui se réalise pour- divine toute l'humanité dans le Christ au moment de l'Incar- nation, il y a comme nous avons déjà l'occasion de le dire une parenté strictement surnaturelle, une filiation divine adoptive, basée sur la parenté radicale : le Christ, comme médiateur et nouvelle racine de l'humanité, communique individuellement aux fidèles l'Esprit d'adoption^. Il a communiqué pet Esprit aux apôtres avant le jour de la Pentecôte mais après sa Résurrection^ ; il le communique aux fidèles par le Baptême^. Le Christ a une médiation supérieure à celle de Moïse ; cette médiation est tout d'abord efficace per meritum et satisfactionem ; par elle a été extirpé le péché qui se trouvait entre Dieu et nous; par elle tous les- hommes. depuis la chute d'Adam ont été atteints car elle est rétroactive ; cette médiation s'étend aussi bien aux siècles passés qu'aux derniers, temps*. Mais nous avons une autre raison d'appeler le Christ médiateur ; car il a rapproché et uni en lui l'humanité et la divinité qui se trouvaient à une distance immense l'une de l'autre^. Il s'agit ici de la médiatioft physique du Christ qui ne commence qu'avec la constitution de l'Homme- Dieu par l'Incarnation et qui détermine le surcroît que comporte la récapi- tulation. C'est par cette médiation physique que nous sommes fils dans- le Christ et par lui ; il nous communique l'Esprit d'adoption. (1) Nous avons déjà parlé plus haut, p. 204, de la parenté radicale et physique, causée par un fait réel, l'Incarnation, P. G. 73, 1045 C et de la parenté supérieure pour ceux' qui acceptent la foi, P. G. 73, 1045 D-1048 A. — La parenté radicale seule ne suffît pas au salut : tous les juifs étaient du sang et de la race d'Abraham, mais ayant perdu, la foi du patriarche, ils sont privés de la parenté avec lui. La filiation surnaturelle ne- se réalise que dans les fidèles. Cf. aussi, P. G. 74, 20 BC. (2) « Ce n'est qu'après sq résurrection que le Christ donna l'Esprit d'adoption. Mais- le bienheureux Jean était parti avant cette donation de l'Esprit. Aussi, bien que nous soyons inférieurs en vertu à ceux qui ont pratiqué la justice sous la loi, nous sommes - cependant par le Christ dans une condition supérieure. » Sur saint Matthieu, XI, 11, P. G. 72, 400 A. — Les apôtres sont les premiers qui ont reçu l'esprit d'adoption : Glaphyres sur la Genèse, 1. I, P. G. 69, 133 C ; ibid., 1. V, P. G. 69, 233 B ; Sur saint- Jean, XX, 22, P. G. 74, 717 A. L'Esprit ne fut pas donné avant la glorification du Christ : Sur saint Jean, Vil, 39, P. G. 73,. 757-760 A. Mais il fut donné aux apôtres, avant la Pentecôte par une insufflation corporelle du Christ : Sur Joël, II, 28, P. G. 72, . 376 D-380 D ; Sur saint Jean, XX, 22, 23, P. G. 74, 716, 717 ; Sur saint Luc, P. G. 72, 618 D-620 A ; 568 D ; Sur la 2" aux Corinthiens, I, 21, 22, P. G. 74, 921 C. (3) Sur le baptême : Sur saint Luc, P. G. 72, 497 A, 500 A ; Sur Vép. aux Romains,. I, 3, P. G. 74, 773 B ; Sur saint Jean, XIX, 32-37, P. G. 74, 677 AB ; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1188 A ; Sûr VIncarnation du Monogène, P. G. 75, 1240 B ; Sur Isaïe, XLV, 9, 10, P. G. 70, 961 C ; XXV, 6, 7, P. G. 70, 561 D ; Sur l'Adoration,.. 1. XV, P. G. 68, 1009 A ; Glaphyres sur l'Exode, 1. II, P. G. 69, 441 A. (4) De l'Adoration, 1. II, P. G. 68, 245 A B. (5) Dialogue sur la Trinité, I, P. G. 75, 692-693. moïse ET LE CHRIST 179^ Moïse et La comparaison entre Moïse ei le Christ nous fera voir le Christ l'excellence du médiateur du Nouveau Testament. «La loi, écrit saint Jean, a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ », Cyrille commente magnifiquement ces versets dans son Commentaire sur saint Jean. Quant au fait de la médiation, Moïse fut dans l'antiquité la figure du Christ, en ce qu'ila administré parfaitement les dons divins aux fllsd'Israël. Cependant, la médiation de Moïse ne fut que ministérielle, celle du Christ au contraire est libre et plus profonde,, puisque le Sauveur atteint en vertu de sa nature les deux termes entre lesquels il est médiateur, d'une part l'humanité, d'autre part Dieu le Père. En effet, d'une part,il est Dieu par nature, en tant qu'il est le Fils unique de Dieu, qu'il n'est pas séparé de la substance du Père mais qu'il existe en elle comme il procède d'elle ; d'autre part, il est homme, en tant que, par son Incarnation, il nous est devenu semblable, afin d'unir- par lui-même à Dieu ce qui en était très distant par nature^. Moïse n'avait qu'une médiation fonctionnelle ; il n'était qu'un homme et il n'a que fidèlement transmis à soii peuple ce que Dieu lui avait donné. Le Christ au contraire est Homme-Dieu ; sa médiation est physique.- Daïis l'unité de sa personne, il réunit la nature humaine et la nature divine et devient ainsi le trait d'union^ entre l'humanité et la divinité, éloignées- l'une de l'autre d'une distance infinie, comme le créé et l'incréé^.. L. Janssens, après une étude approfondie de la pensée cyrillienne, a. résumé en un saisissant parallèle les traits caractéristiques de la médiation de Moïse et de celle du Christ : « Moïse, écrit-il* ne va pas au delà des figures, le Christ est la vérité^ ; Moïse, le médiateur des anciens fut ser- viteur avec des coserviteurs, le Christ, le Fils naturel de Dieu, est parmi les siens comme un fils parmi les fils, comme un frère parmi les frères par position^ ; Moïse a effectué pour les Juifs la parenté avec Dieu en vertu de la loi ; le Christ opère une union spirituelle avec le Père ; le rôle de Moïse égale celui de la loi, le Christ donne une grâce nouvelle' ; les biens procurés par Moïse sont matériels et sensibles ; ceux que le Christ accorde sont spirituels^ ; Moïse était incapable de conduire jusqu'à Dieu, le Christ a opéré ce rapprochement par la sanctification^ ; Moïse (1) Sur sainl Jean, IV, 46, P. G. 73, 429 B. (2) Sur saint Jean, X, 14, P. G. 73, 1045 C ; ibid. XIV, 5, 6, P. G. 74, 192 AB ; Dialogue sur la Trinité, III, P. G. 75, 853 C ; Sur la vraie foi, à Théodose, XL, P. G. 76, 1193 B. (3) Dialogues sur la Trinité, I, P. G. 75, 692-693 ; Sur saint Jean, X, 14, P. G. 73,. 1045 G. (4) Cf. L. Janssens, loc. cit., p. 266. (5) De l'Adoration, 1. IX, P. G. 68, 593 A. . (6) De l'Adoration, 1. VIII, P. G. 68, 580 A ; Contre Julien, 1. III, P. G. 76, 668 B. (7) Sur Osée, II, 12, P. G. 71, 92 B-93 A. (8) Sur Zacharie, IX, 7, P. G. 72, 68 B C D. (9) De l'Adoration, 1. II, P. G. 68, 236 A. 180 PLACE DU CHRIST DANS LA VIE CHRÉTIENNE «n'était que l'interprète des lois divines, le Ghrist donne lui-même des lois^ ; Moïse était appelé auprès de Dieu, le Christ n'a pas besoin d'appel, parce qu'il est toujours avec son Père^ ; Moïse ne pouvait point s'approcher de Dieu sans la médiation du Christ, le Christ est le seul médiateur par lequel on peut s'unir au Père^. Dans un passage du commentaire sur saint Jean, Cyrille affirme enfin que c'est la médiation physique du Verbe Incarné qui nous donne l'adoption : Les juifs ne furent appelés que symboliquement à l'adoption par la médiation de Moïse ; aussi ne furent-ils baptisés qu'en lui, dans la mer et la nuée. Ceux, au contraire, •qui s'élèvent à l'adoption divine par la foi au Ghrist, ne sont pas baptisés dans un être créé, mais dans la sainte Trinité elle-même, par la médiation du Verbe, qui s'est uni à la nature humaine par la chair qu'il a prise et qui est en même temps substantielle- ment uni à son Père, en tant qu'il est Dieu par nature. C'est ainsi, en effet, que ce qui •est esclave obtient la filiation, en vertu de la participation du Fils naturel et qu'il est en quelque sorte appelé et promu à la dignité propre au Fils. Voilà pourquoi nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes en effet, parce que nous avons reçu en vertu de la foi la régénération par le Saint-Esprit*. Efficacité de ^^ P®^*' ^® demander si, d'après Cyrille, l'humanité du l'humanité Christ a l'efTicacité de nous communiquer la grâce, en vertu ^ "^ de son union hypostatique ou en Vertu de sa grâce acciden- telle. J'emploie ici la terminologie d'une théologie postérieure, mais cet usage me paraît j ustifié puisque nous avons trouvé dans les écrits cyrilliens les réalités que recouvrent' ces expressions. Cyrille s'est posé le problème •dont nous parlons et voici sa réponse : La nature dé la chair n'étant pas vivifiante par elle-même, qu'a-t-elle en plus dans celui qui est réellement Dieu ? C'est qu'elle est unie au Verbe, qui est la vie en vertu de sa nature. Le Verbe remplit son propre corps de la force vivifiE^nte de l'Esprit, et parce que ce corps lui est intimement uni et qu'il lui a prêté toute sa puissance vivifiante, ce corps peut être nommé esprit. C'est donc le Verbe qui a rendu son propre corps vivifiant, en tant qu'il l'a transformé dans sa propre puissance. Comment ? Le comment est inaccessible à notre esprit, inexprimable pour notre langue ; il est à vénérer par le silence et par la foi qui dépasse l'intelligence ^ N'y a-t-il pas, dans ce texte, l'attribution à l'humanité du Christ d'une •causalité qui s'exerce en vertu de l'union hypostatique (Slà tÔ âxpcùç TjvtoCTÔai aÙTûi) ? De plus la formule employée pour exprimer le caractère (1) De VAdoralion, 1. II, P. G. 68, 213 B. (2) Glaphgres sur l'Exode, 1. III, P. G. 69, 524 C. (3) Glaphijres sur VExode, 1. III, P. G. 69, 524 B. (4) SursainlJean, ï, 13, P. G. 73, 156 G D. Cf. Glaphyres sur VExode, 1. III, P. G. 69, -497 ABC; ibid. 512 B C D ; Sur Isaïe, î, 1, P. G. 70, 17 CD, etc. (5) Sur saint Jean, VI, 64, P. G. 75, 604 B-605 A. DOCTRINE EUCHARISTIQUE 181^ inexprimable de l'efficacité de l'humanité du Christ rappelle les expres- sions dont Cyrille se sert pour imposer le même silence respectueux et la même foi en face de l'ineffable mystère de l'Incarnation^. Enfin, l'évêque d'Alexandrie invoque l'union hypostatique chaque fois qu'il appelle le corps du Christ l'instrument du Verbe dans les miracles^, dans- la donation de l'Esprit^, dans l'Eucharistie. Doctrine Avant de parler de la participation du Saint-Esprit, — eucharistique ^e qui fera l'objet de notre troisième partie — nous allons précisément aborder dans le chapitre suivant la doctrine eucharis- tique de Cyrille. Elle nous fera mieux voir la place que doit occuper, le Verbe Incarné dans le dogme et la vie chrétienne. ParJ.'Eulogie mystique nous participons en quelque sorte d'une façon physique à la chair et au; sang du Christ*. Parler d'une union affective entre le Christ et le commu- niant ne suffît pas pour expliquer les textes scripturaires^ et les compa- raisons employés par notre docteur, l'union de deux morceaux de cire fondus ensemble ou le mélange de la pâte et du levain^, montrent bien que pour lui l'union entre le corps du fidèle et le corps eucharistique du: Christ, est si réelle ,qu'elle peut être comparée à un mélange et à une fusion de corps matériels^. Sur ce contact réel se fonde une réalité ultérieure, plus importante encore dans l'achèvement de notre union, surnaturelle à Dieu, à savoir une participation accidentelle à la divinité du Fils^. Dans ses actions et son enseignement, le Verbe Incarné s'est servi de son corps comme d'un instrument^. Le corps du Christ est devenu vivifiant et sanctifiant en vertu de son union hypostatique avec le Verbe^®'" (1) L. Jansseiis remarque que Al. Janssens dans son ouvrage, De Heilswerking van deriverheerlijklen Chrisius, Brussel, 1932, pp. 173-178 montre très bien l'évolution que subit la pensée de saint Thomas avant d'en arriver à la causalité de l'humanité du. Christ in linea efficienîise, et qu'un grand nombre des textes du docteur angélique cités rappellent presque à la lettre des phrases de Cyrille. (2) Voir surtout les textes suivants : Sur saint Matthieu, P. G. 72, 389 B G D ;. 452 G, sur saint Luc, P. G. 72, 556 B, 549-552, 768 A. Sur saint Jean, P. G. 74, 181 A,. 564 G. (3) Sur rincarnation du Monogène, P. G. 75, 1241 A B. (4) Sur saint Jean, XV, 1, P. G. 74, 341 CD. (5) Sur saint Jean, XV, 1, P. G. 74, 341 B. (6) Sur saint Jean, XV, 1, P. G. 74, 341 D ; Sur saint Jean, VI, 56, P. G. 73, 584 GD sur saint Jean, VI, 57, P. G. 73, 584 GD. (7) Sur saint Jean, P. G. 74, 564 G. (8) Sur saint Luc, P. G. 72, 909 G : ixepàv èoti t6 xaxà (xéôsÇtv ayexiyài'^ •^[i.ôcç ^etV' èv èauToïç t6v Tl6v.... (10) Cyrille sur ce point s'en réfère aux Pères, surtout à saint Athanase. Défense des- 12 chapitres contre les Orientaux, P. G. 76, 375 AB ; Contre Neslorius, P. G. 76, 1164 Bt; èpyavov ; Sur rincarnation du Monogène, P. G. 75, 1216 A, etc. 182 PLACE DU CHRIST DANS LA VIE CHRÉTIENNE et par le contact matériel de son corps le Christ transmet la sanctification et opère ses miracles^. De ce principe général qui régit le rôle de l'humanité du Verbe Incarné, l'efficacité du corps eucharistique comme nous allons le voir, dans le chapitre suivant, n'est qu'une application immédiate. Participation Nous nous servirons, pour conclure ce chapitre, de deux et Imitation mots souvent employés par Cyrille qui résument bien les rapports que nous avons avec celui qui est le Fils de Dieu par excellence : participation, (jisOe^iç, et imitation, yXiiriaiç. Nous ne sommes pas identifiés avec le Fils de Dieu. Le Verbe est Fils par nature ; nous sommes fils par participation et par imitation ou adoption. Le Verbe n'a pas reçu de l'extérieur sa dignité de Fils^ ; il est le fruit éternel de la substance du Père^ ; de lui seul, on peut dire réellement et au sens propre qu'il a Dieu comme Père* et qu'il est substantiellement en lui^. Notre dignité à nous est adventice et ajoutée de l'extérieur*, donnée par le Verbe^ ; elle dépend de la libéralité divine^, de la bonté de Dieu^ ; nous ne sommes fils que par grâce^^^et nous pouvons perdre ce privilège^^. La comparaison du fer rougi au feu^^ aide à comprendre cette union au Verbe Incarné qui n'est que relative et accidentelle^^, et qui ne supprime pas la différence des natures^^.Nous participôAs à la nature divine du Fils comme le fer participe à la chaleur du feu et la beauté de l'inexprimable divinité resplendit dans nos âmes^^. Le Père, voyant en nous la ressem- blance spirituelle avec son Fils, nous aime dorénavant comme ses enfants^^ (1) Sur saint Mallh., P. G. 72, 389 D ; Sur saint Luc, P. G. 72, 768 A ; Sur saint Jean, P. G. 74, 181 A, etc. (2) Sur saint Matth. P. G. 72, 389 BC, 452 G ; Sur saint Luc, P. G. 72, 556 B, 549- 552 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 564 G ; Exposé sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1320 A. (3) Sur saint Jean, P. G. 74, 29 G. (4) Sur saint Jean, P. G. 73, 348 D. (5) Sur saint Jean, P. G. 73, 163 A : oùottoScoç èvuTràpxœv. (6) Contre Nestorius, P. G. 76, 169 G. (7) Sur saint Jean, P. G. 73, 348 D ; P. G. 73, 232 BG. (8) Sur saint Jean, P. G. 73, 128 D ; ibid. P. G. 74, 577 B. (9) Trésor, ass. XII, P. G. 75, 189 B. . (10) Trésor, ass. XII, P. G. 75, 189 G. (11) Sur saint Jean, P. G. 73, 589 CD ; Trésor, P. G. 75, 199 B. (12) Sur saint Jean, P. G. 74, 25 G ; Dialogues sur la Trinité, P. G. 75, 977 B. (13) Trésor, ass. XII, P. G. 75, 200 B. (14) Contre Nestorius, P. G. 76, 129 AB. (15) Trésor, P. G. 75, 189 B. (16) Sur saint Jean, P. G. 74, 292 B. PARTICIPATION ET IMITATION 183 ' Fils de Dieu, nous le sommes aussi par adoption ou par imitation. Dans le Commentaire sur saint Jean, dans la douzième homélie pascale, dans le Trésor, Cyrille rappelle que ce qui est par, adoption est subordonné à ce qui est par nature, que ce qui est par imitation et ressemblance est postérieur à ce qui est selon la vérité ; ce qui est par adoption est toujours fait à l'imitation de ce qui est par nature puisque les images sont toujours ordonnées à leurs causes exemplaires^. Comme toute paternité dans les cieux et sur la terre tire son nom du Père, parce qu'il est réellement Père ; de même toute filiation tire son nom du Fils parce qu'il est seul Fils naturel et véritable, procédant de la substance du Père^. En tant qu'ordonnés au Fils naturel^ et par ressemblance avec lui*, nous sommes- fils par adoption. La cause de cette ressemblance avec lui est que nous participons au Fils par le Saint-Esprit^. Nous sommes aimés comme des Fils, à cause de notre ressemblance avec le Fils réel et naturel. Si notre dignité n'est pas de la même nature que celle du Fils, elle en est néanmoins une imitation très exacte^. Moi seul, je suis né du Père comme Fils véritable et naturel; tous les autres sont flls par adoption en tant qu'ils me ressemblent et qu'ils s'approchent de ma gloire : car les images imitent toujours les archétypes'. Ces mots que Cyrille place sur les lèvres du Christ condense les affirma- tions précédentes et pourront nous servir de conclusion. Notre participa- (1) Sur saint Jean, P. G. 73, 884 CD : cd yàp stx6veç àd Trpàç Ta àpxéTUTca,. — Sur saint Jean, P. G. 73, 589 C : ri (jiév èaxt tô xarà çùciv, t£ Se tô Ik tou xaxà cpiioiv, àç aùrb (juVTi8é(jievov, ÔTcep èaxl rà xarà Géoiv. — Sur saint Jean, P. G. 73, 153 G : t6 (piioet Xéyov ëTepov ïyei Tqi xarà 6laiv xaî, xqi xaxà [li^rfiiv ih xax' àXirjôeiav. — Hom. pasc. P. G. 77, 688 C : SeiSTSpov (xév tou çiiaei t6 xaxà 6éatv, vioiTspov Se toO XttTà àX-^jôsiav t6 xaTà id[iyiaiv xal ôfioidTTjTa tJ)V Tcpàç aÙTÔ. — Trésor, ass. XXXII, P. G. 76, 469 C : xb xaxà 6éoiv àel 7rp6ç (jt,C(Ji7]civ tou xaxà çùaiv ylvexai. (2) Sur saint Jean, I, 14, P. G. 73, 213 B ; Sur les psaumes 81, 1, P. G. 69, 1205 B. (3) Sur saint Jean, 1, 14, P. G. 73, 213 B : rcpèç ôv xai, yjjxsïç xaxà ôéaiv [xopçorifxeôa. — Hom. pasc., XXIV, 3, P. G. 77, 896 B : ulol {xèv yàp ôsou xarà ôéaiv ïjfjieïç, àç Trpéç ye tôv cpiioet. xal è£, aÙTOu Ysvv7)0£vTa Tt6v. (4) Sur saint Jean, I, 12, P. G. 73, 153 A ; Trésor, ass. XII, P. G. 7â, 205 C. Sur saint Jean, XVII, 24, P. G. 74, 568 A, etc. (5) Dialogues sur la Trinité, VII, P. G. 7ô, 1097 C. — Sur saint Jean, I, 12, P. G. 73, 153 A : MÉTOXot yàp yByovàxeç, aÙTOu Sià tou nveii(xaTOç, xaTso(ppaYta0r][jiEV sic ôfjioiÔTYjTa Tïjv Tcpàç aÙTÔv. (6) Sur sainf Jean, XVII, 24, P. G. 74, 568 A : tou 7upàY(j,aT0ç àxpiêeaTaTT] [iiixr]ai<;. — Ibidem, XX, 17, P. G. 7;^, 700 C. (7) Sur saint Jean, VIII, 42, P. G. 73, 884 CD. 1184 PLACE DU CHRIST DANS LA VIE CHRÉTIENNE .tion ({xéôs^iç) à la nature divine par l'Esprit imprime dans nos âmes les traits divins du Fils ; elle fait de notre filiation adoptive une imitation {[li^Lriaic,) de sa filiation naturelle et nous place à côté de lui dans l'amour • du Père : notre dignité surnaturelle de fils par adoption (xaxà 6écyiv) .trouve sa cause exemplaire dans la relation du Fils naturel à son Père^. (1) Sur saint Jean, I, 13, P. G. 73, 153 D-156 A : Où yàp in xp^KiaT^^ouat Té)tva 'çapx6ç, ôeoû Se (iaXXov ïtaxà Oéoiv •^(ev^>^][la.xa.... ïva (jlt^ tiç oÏ7)Tat .... eEç ' aTcapàXXaxxov ' ô[Ji,oi6T/]Ta Tpéxetv rqi MovoyEveî, J'ai traduit ôéaiç non par «position», mais par « adoption », puisque ce sens, lorsqu'il s'agit de la langue juridique est donné dans tous :les bons dictionnaires. Je ne comprends pas pourquoi plusieurs d'entre les auteurs que J'ai cités ci-dessus n'ont pas « adopté » cette traduction si légitime et si obvie. CHAPITRE V L'EULOGIE MYSTIQUE Principaux textes Les textes eucharistiques chez saint Cyrille- sur l'Eulogie vivifiante gont très nombreux^. A chaque instant, il est question de l'Eulogie mystique ou de l'Eulogie vivifiante. Quelquefois ce sont de courtes allusions, un mot, une phrase, comme dans l'Adoration en esprit et en vérité^, dans les Glaphyres^, dans le Commen- taire sur Isaîe^. Ailleurs ce sont de longs développements et un exposé plus suivi de la doctrine ; ainsi dans les Commentaires sur saint Matthieu^,. (1) La doctrine eucharistique de Cyrille d'Alexandrie a été très étudiée ces derniè- res années. Il'serait présomptueux de prétendre apporter une contribution nouvelle • en ce domaine,; nous profiterons au maximum des travaux qui ont été faits, en les résumant, et reproduisant presque à la lettre parfois les conclusions et les traduc- tions de ceux qui nous ont précédés ; pourrions-nous mieux faire que de suivre de près des maîtres aussi bien informés? Cf. surtout Struckmann, Die Eucharistielehre des heiligen Cyrill von Alexandrien, et Mahé, L'Eucharistie d'après saint Cyrille d'Alexandrie dans R. H. E., t. VIII, 1907, p. 676. Je dois un hommage de reconnais- sance au P. Mahé, naguère spécialiste des questions cyrilliennes, pour les conseils qu'il m'a prodigués et pour la permission qu'il m'a donnée d'utiliser ses travaux et ses traductions. En ce qui concerne les passages sur l 'Eucharistie-Sacrifice, voiries commen- taires de M, DE La Taille, dans Myslerium fidei, 2" édition, p. 8, 13, 19, 21, 24, 25, etc.. (2) P. G. 68, 261 ; 285 B ; 297 D sq. ; 416 D, 501 B, 604 G ; 708 C ; 709 D ; 793 B sq. 1072 A. (3) P. G. 69, 29 B, G ; 428 A sq. ; 553 A. (4) P. G. 70, 561 A. (5) P. G. 72. 452 sq. 186 EULOGIE MYSTIQUE sur saint Luc^, sur saint Jean^ et dans les écrits contre Nestorius et ses partisans^. En lisant ces textes sans idées préconçues, on ne tarde pas à se rendre • compte que «réalisme et vivification, selon les mots de MgrBatiffol, sont les deux termes capitaux de la doctrine de Cyrille ». On découvre égale- ment sans peine la marche de sa pensée : « sa dialectique est préoccupée : surtout de l'efficacité de la communion* ; elle «part de la foi à la vivifi- cation opérée par l'Eucharistie et en conclut la présence réelle de la chair ■ du Christ dans le sacrement ». Cyrille indique d'ailleurs lui-même l'enchaî- : nement de ses idées, dans son Commentaire sur saint Luc: Cherchons dans la mesure de nos forces le sens du mystère eucharistique. Dieu avait créé toutes choses pour l'immortalité ; ... mais par la jalousie du diable, la mort entra . dans le monde. Le tentateur poussa le premier homme au péché et à la désobéissance, et le flt tomber sous la malédiction divine... Comment l'homme dominé maintenant par la mort pouvait-il retrouver l'immortalité ? Il fallait que sa chair mortelle parti- cipât à la puissance vivifiante de Dieu. Or la puissance vivifiante de Dieu, c'est le >.6yoç... Le Logos se flt homme... Et la chair mortelle qu'il s'unit, il l'immunisa contre la corruption et la rendit vivifiante... Mais il fallait qu'il vînt en nous divinement (OsoTupsTccoç) par le Saint-Esprit et qu'il se mélangeât pour ainsi dire à nos corps par sa chair sacrée et son sang précieux : c'est ce que nous avons en eulogie vivifiante comme dans du pain et du vin (sous la forme de pain et de vin, sous les apparences du pain et du vin ?). L'homme pécheur, pour retrouver la vie et l'immortalité, doit s'unir au corps de Celui qui est la vie par nature. Or, l'Eulogie mystique nous procure cette immortalité que nous avions perdue. Par conséquent « l'Eulogie mystique est le corps vivifiant du Verbe Incarné »^. Tel est le raisonnement fondamental de Cyrille. Venons maintenant aux détails et suivons-le dans le développement de sa croyance à l'efficacité de la com- munion et au réalisme eucharistique, sans oublier comme certains l'ont fait parfois sa doctrine du sacrifice ; ce dernier point nous paraît de la plus grande importance. En effet, bien que le culte eucharistique n'ait (1) P. G. 72, 905-912. (2) P. G. 73, p. 529 D-521 C ; 560-585 ; 601 C-604 D ; P. G. 7i, 341 A-344 D ; . 528 A, D ; 553 C, D ; 557 B-561 ; 564 C, D ; 660 B, G, D ; 725 C, D ; P. E. Pusey, In D. Joannis Evangeliam, t. I, pp. 475, 15; 476, 27 ; 514-536; 551, 14-553, 28; t. II, pp. 541, 14-544, 15 ; 706, 31-707, 26 ; 730, 23-731, 14 ; 733, 29-737 ; t. III, p. 2, 22-3, 16 ; 88, 6, 89, 10 ; 144, 27-145, 20. (3) Analhém. 11, P. G. 77, p. 121 C ; Contre les blasphèmes de Nestorius, 1. 4, c. 4 ; Apologie contre les Orientaux, anath. 11, P. G. 76, 373; Sur la vraie foi, à Théodose, . 38, P. G. 76, 1189B-1192B et Pusey, p. 124, 9-130, 6 ; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1281 A, B et Pusey, p. 217, 20-218, 4; Le Christ est un, P. G. 75, 1360 A- 1631 A et Pusey, pp. 421, 10-423, 14. (4) P. Batiffol, Études d'histoire et de théologie positive, 2" série : L'Eucharistie, ;pp. 282, Paris, 1905. (5) P. G. 68, 501 B. EFFICACITÉ DE l'eULOGIE SUR LES AMES 187 pas changé essentiellement au cours des siècles, toutefois certains aspects -de ce culte n'ont été mis au premier plan que tardivement. Si l'on veut pleinement comprendre la pensée de Cyrille, il faut résolument se dégager de certaines manières de voir plus modernes. Certes, les chrétiens ont toujours adoré l'Eucharistie ou plutôt le Christ présent en elle ; mais •dans les premiers siècles, l'Eucharistie n'a point arrêté pour ainsi dire sur • elle-même la prière des chrétiens ; en elle plus que la présence du Christ, ils considéraient Vacie de son sacrifice qui fait de lui l'adorateur parfait ; le premier devoir du chrétien sera d'adorer avec le Christ, en communiant ■ avec Lui, en esprit et en vérité. Le sacrifice achevé, les Saintes Espèces n'étaient point l'objet de culte public ; on les conservait pour l'usage des malades ; les fidèles en temps de persécution les emportaient même chez eux pour communier. Mais nous ne trouvons pas encore à l'époque de Cyrille ce développement du culte de la présence réelle qui, à partir dii IX® siècle, devait aboutir par un très lent et sûr progrès en des gestes, des ■ dévotions et des cérémonies spéciales. Pour satisfaire le désir des fidèles ■de voir et d'adorer l'hostie, on inséra dans la messe un rite nouveau, l'élévation de l'Hostie. Puis il y eut des expositions de l'Hostie en dehors de la messe, plus tard l'institution de la Fête-Dieu. Par un effort de recons- truction historique, essayons de décrire la doctrine cyrillienne de l'Eulogie mystique, en restant fidèles, aux textes mêmes de notre auteur. Efficacité Notre-Seigneur disait aux Juifs, en leur annonçant .de l'Eulogie mystique l'Eucharistie : «Je suis le pain de vie... Celui qui sur es mes mange ma chair et boit • mon sang a la vie éternelle »^. Cyrille répète à son tour : « La participation au Christ est vie et sanctification» : Zcùt] xcd àytacyfxoç y] Xpiarou [lexox^^- H revient •^constamment sur cette idée que la chair du Christ donne la vie et l'incor- ruptibilité à celui qui la mange. Notre-Seigneur se montre aux Juifs en leur disant : « Je suis le pain de vie », pour leur apprendre que s'ils veulent être immunisés contre la corruption et la mort, ils •doivent participer à celui qui a, la puissance de vivifier et qui détruit la corruption et la mort... Ceux qui reçoivent en eux le pain de vie, auront pour récompense l'immor- talité ; à l'abri de la corruption et de tous les autres maux, ils monteront vers les espaces éternels de la vie selon le Christ'. C'est une vie bien supérieure à la vie charnelle et matérielle que nous •donne l'Eulogie mystique. (1) Jean, VI, 51-54. (2) P. G. 69, 428 A. <3) P. G. 73, 560 D; 561 D ; Pusey, In Joannem, t. I, p. 514, 15. 188 , EULOGIE MYSTIQUE Ceux qui auront reçu le Christ dans la communion goûteront quand même la mort- charnelle à cause de leur nature, mais cela ne doit pas les affliger. Ils seront soumis- comme les autres à la fln commune de tout homme ; mais selon la parole de saint Paul^ «ils sont vivants pour vivre éternellement à Dieu y>^. L'Eucharistie, en pénétrant en nous, guérit toutes les faiblesses et le» maladies de nos âmes. L'argent impur, si on le fond avec du plomb, en est complètement purifié ; car le- plomb s'empare de toutes les souillures du métal fondu. De la même façon le Christ agit sur nous. Alors que nous étions impurs, il s'est mélangé à nous corporellement et spirituellement (awtJiaTixtùç xal 7tveu[xaTtxc5ç) et il a ainsi fait disparaître les souillures qui étaient en nous. Il enlève nos péchés, afin que par lui et à cause de lur nous soyons purs et brillants*. Cyrille, en d'autres passages^, nous dit que l'Eucharistie est un remède qui rend la santé spirituelle, adoucit la loi de la chair et de la concu- piscence. Elle est une force qui nous aide à éviter le péché et à mortifie:^ nos passions et raniine en nous la piété envers Dieu. Quand le corps du Christ est reçu par une âme pure et sainte, les effets sont encore plus- magnifiques : augmentation dé la sainteté, affermissement de la volonté dans le bien, énergie pour persévérer dans la vertu^. Efficacité Ce n'est pas l'âme seule qui a part à cette bienfaisante sur les corps influence de la chair du Christ. Le corps lui aussi en est vivifié et sanctifié. II fallait, oui, il fallait non seulement que l'âme fut renouvelée dans la nouveauté de la vie par le Saint-Esprit, mais encore que ce corps grossier et terrestre fût sanctifié- par une communion corporelle conforme à sa nature, et qu'il reçût lui aussi l'incor- ruption^. L'Eulogie mystique est le germe de vie qui donnera au corps le pouvoir de ressusciter au dernier jour. «Celui qui mange ma chair et boit mon. sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour», a dit Notre- Seigneur. Cyrille commente ainsi la parole du divin Maître : « Je le ressusciterai au dernier jour ». Au lieu de dire : « Mon corps ressuscitera celui qui le mange », il dit : « Moi, je le ressusciterai », pour montrer qu'il ne fait qu'un avec sa chair... Moi donc, dit-il, qui suis en lui par ma chair, je le ressusciterai au dernier jour. Il est impossible en effet que Celui-là ne triomphe pas de la corruption et ne détruise pas la mort, qui est la vie par nature. Par conséquent, bien que la mort... condamne le corps humain à la corruption, cependant, parce que le Christ est en nous- (1) P. G. 73, 561 D. (2) P. G. 68, 297 D. (3) P. G. 68, 793 B, C ; P. G. 73, 585 A. (4) P. G. 68, 793 C. (5) P. G. 73, 580 A, B et Pusey, In Joan., t. I, p. 531, 12. EFFICACITÉ DE l'eULOGIE SUR LES CORPS 189 par sa chair, nous ressusciterons nécessairement. Une étincelle, cachée dans un tas de paille, conserve la semence du feu ; ainsi Notre-Seigneur par sa chair cache la vie 'fin nous et l'y conserve comme un germe d'immortalité^. Il ne faudrait pas conclure pourtant qu'il n'y aura pas de résurrection pour les infidèles ou les mauvais chrétiens qui n'auront jamais communié. •Cyrille a prévu l'objection et a pris soin d'y répondre. Mais, dira-t-on, en ce cas, ceux qui n'ont pas reçu la foi au Christ et n'ont pas parti- 'Cipé à sa chair, ne revivront pas au temps de la résurrection ? Quoi donc ? Est-ce que toute créature ne sera pas rappelée à la vie ? Assurément, toute créature ressuscitera... Tous les hommes ressusciteront, à la ressemblance de celui qui s'est ressuscité pour nous et qui contenait en lui' tous les hommes... Tous ressusciteront ; ceux qui auront .fait le bien pour la résurrection de la vie, comme il est écrit ; mais ceux qui auront fait le mal, pour la résurrection du jugement. Or ressusciter pour le châtiment, être rappelé à la vie pour les supplices, mç semble plus terrible que la mort. La vraie vie dans le Christ est la vie dans la sainteté, le bonheur et la joie sans fin... C'est celle-là qui est promise à ceux qui auront participé à la chair vivifiante*. Tous ressusciteront, mais la Vraie résurrection, la résurrection pour la vie, est réservée à ceux qui auront été sanctifiés par la Chair du Verbe incarné. La «vraie vie selon le Christ» serait-elle donc, d'après Cyrille, un privilège conféré par l'Eucharistie? Et la communion serait-elle nécessaire au salut éternel ? Dans le commentaire du texte de saint Jean, 6, 54 : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous », il semble prendre strictement à la lettre la parole de Notre-Seigneur. Ceux-là, dit-il, restent sans aucune participation à la vie de sainteté et de bonheur, qui n'ont pas reçu le Fils par l'Eulogie mystique'. C'est là un avertissement à l'adresse de «ceux qui, par mauvaise volonté, n'ont pas encore accepté la foi au Christ ». Il avait déjà tenu un langage à peu près semblable aux fidèles baptisés : Puissent-ils le comprendre enfin, ces fidèles baptisés qui ont goûté la grâce divine ; par leur négligence à venir dans les églises, par leurs délais à s'approcher de l'Eulogie du Christ, en dépit des prétextes de piété mal entendue qu'ils mettent en avant pour ne pas communier, ils s'excluent de la vie éternelle en refusant d'être vivifiés ; et cette abstention, malgré ses apparences de religieux respect, tourne à leur malheur et à leur ruiné. Ils devraient plutôt faire appel à leur courage et à toute l'énergie de leur ■âme pour se purifier de leurs péchés, faire tous leurs efforts pour mener une vie probe, •et s'approcher alors avec confiance de la communion vivifiante »*. Il ne faudrait pas toutefois exagérer le sens des textes cyrilliens qui ^semblent affirmer la nécessité absolue de l'Eulogie mystique pour le salut (1) P. G. 73, 581 B, C et Pusey, In Joan., t. I, p. 533, 5 ; cf. P. G. 74, 344 B. (2) P. G. 73, 565 D sq. et Pusey, In Joan., t. I, p. 520, 12. (3) P. G. 73, 577 B et Pusey, In Joan., t. I, p. 529, 22. (4) P. G. 73, 527 A, B et Pusey. In Joan., t. I, p. 475, 30. 190 EULOGIE MYSTIQUE mais plutôt les concilier avec une autre série de textes qui nous- parlent de la participation au Saint-Esprit. A côté de cette dernière participation, la bénédiction mystique apparaît comme une seconde forme de grâce. Nous participons donc au Verbe, doublement, spirituelle- ment et corporellement, comme nous le verrons bientôt affirmer par notre auteur très explicitement. Le Christ peut non seulement habiter en nous- spirituellement mais aussi corporellement^. La communion est réservée à ceux qui sont déjà sanctifiés dans l'Esprit^ ; la seconde forme de la grâce présuppose, comme nous allons le voir, la participation du Saint- Esprit^. Sa nécessité n'est donc que relative ; par l'Eucharistie s'opère l'achèvement de la perfection surnaturelle*. L. JaDssens, dans son article sur la Filiation divine écrit très justement : « L'Eucharistie achève notre parenté avec le Verbe^, notre communion avec le Père^, notre participa- (1) Sur Vépître aux Romains, YIÏI, 3, P. G. 74, 820 B : MeTeGX'^xa(ji.ev aÔTOU (tou- Adyou) TcveufxaTtxôjç xe xat co>(xaTtxcoç. "Oxav yàp xal r\\ixv èvauX^J^exai Xpiaxàç. Stà ToO àytou nve6(i.aToç xal Stà t^ç [AUCJTtxîjç eôXoyfaç... Voir à propos de atûfjtaTixûç ; H. DE LuBAC, Corpus Mysiicum, note D. Corporaliter et acûfiarixôç, p. 362 sq. «Si, en Occident, écrit le P. de L., l'adverbe corporaliter est tardif, on trouve beaucoup plus tôt acù^AaTixôç en Orient. Ainsi, à plusieurs reprises, dans saint Cyrille d'Alexandrie. De part et d'autre, l'adverbe s'applique à la présence eucharistique. Néanmoins,. ato[ji,aTi.xtùç ne constitue pas un précédent à corporaliter. De l'un à l'autre, il n'y a point passage. C'est que, malgré leur apparente analogie, les, deux adverbes tirent de leur contexte respectif une signification toute différente ». Le P. de L. cite à ce propos deux passages de Vin Joannem, 1. 10, P. G. 74, 341-344, et 1. 11, col. 364-365 et il conclut : « Cyrille, on le voit, tient à ce acùfxaTixcùÇ, qui lui paraît propre à assurer le caractère réaliste, « physique » de la participation du fidèle au Christ. L'adverbe a chez lui un sens à la fois eucharistique et ecclésial, selon le double enseignement, ici mêlé, de saint Paul et de saint Jean. ... La pensée de Cyrille est proche de la pensée • de Grégoire (de Nysse), elle la complète et la prolonge. La présence corporelle dont parle ici Cyrille, tout en étant le fruit du sE^crement, se continue bien 8U delà du moment de la communion : c'est une présence qui demeure jusqu'à la vie éternelle. Le cwfjiaTixtoç de Cyrille ne se situe donc pas en deçà, mais en quelque sorte au delà de son 7cveo(xaTixô>ç : « même corporellement », « par une participation non seulement spirituelle m£^is corporelle ». (2) Sur saint Jean, XX, 17, P. G. 74, 696 D : Toïç yàp oûtcm (3e6a7rTtCT(xévoiç oùx èvoixsï (rà àyiov Ilveijfxa). 'ETcàv 8è tou àytou Ilvzù[iaxoq aTcoSeixQetev [iéroxoi, xàxe xai écTixeaOai tou SwTÎjpoç Yjfxûv XpioTOÛ t6 xœXùov oùSev... Ttov àyfcov ttjv (xéôsl^iv ToTç 7)yiaCT(xévotç èv IIveùtiaTt. (3) Sur saint Jean, XX, 17, P. G. 74, 696 BGD ; ibidem, XX, 26, 27, P. G. 74, 725 CD. (4) Glaphijres sUr le Lévitique, P. G. 69, 576 D :... 7rpooàyo[xév te Ttji àyffj) Pa7iT[c|jt,aTt (touç TTtaTeuovTaç) xocl TsXetoufxev èv al'pian Aiaôi^xrjç aJcovtou... — Saint Thomas d'Aquin notera plus tard {3^, qu. 73, a. 3) que les effets essentiels de l'Eucharistie sont déjà produits par le baptême. (5) Sur saint Jean, XVII, 3, P. G. 74, 488 A : Si'9)ç Ttp l^tôvTi, xaî, ÇfOOTCOtcp TTpoooi- xeto\i|j.e0a A6ycj). (6) De r Adoration, 1. 17, P. G. 68, 1076 B : 0etjj te xal Harpl 91X0I te xal yvfî)pi[i.oi. Sur saint Jean, VI, 35, P. G. 73, 517 D : [xeÔé^el Trjç tStaç aapx6ç, èvTi0Eb7)ç 7)(jLtv- T^V TOU 0EOU (XETOXV"" RÉCEPTION DE l'EUCHARISTIE 191 ♦ tion à la nature divine^, en ajoutant à ces relations surnaturelles déjà existantes une nuance spéciale et un caractère souverainement intime puisqu'elle les réalise moyennant un contact très réel entre notre corps. et celui du Verbe». Réception fréquente Ces affirmations montrent en quelle haute estime de l'Eucharistie Cyrille tenait la vivification eucharistique. L'on n'est plus surpris de l'entendre exhorter avec insistance tous les chrétiens., même les moins fervents, à s'approcher de la Table Sainte. Si nous avons un vif désir de la vie éternelle, si nous vouL ns avoir en nous celui qui procure l'immortalité, n'imitons pas la négligence de ces gens qui refusent de recevoir l'Eulogie. Ne nous laissons pas tromper par les spécieux prétextes de piété que le diable est habile à inventer pour notre perte. Mais, il est écrit, dites-vous, « celui qui mange de ce pain et boit de ce calice indignement, mange et boit sa propre con- damnation ». Je me suis examiné et je me.suis trouvé indigne. Et quand donc serez-voùs dignes, répondrai-je à ceux qui parlent de la sorte ? Quand vous présenterez-vous devant le Christ ? Si vos chutes vous empêchent d'approcher, et si vous ne devez jamais cesser de tomber, vous resterez donc sans jamais participer à la sanctification qui vivifie pour l'éternité ? Allons, prenez la résolution de mener une vie meilleure et participez à l'Eulogie, bien persuadés que vous y trouverez un remède non seulement contre la mort, mais aussi contre vos malî^dies »". Conditions L'Eucharistie, bien entendu, ne peut être reçue que par de réception ceux qui ont la grâce baptismale : . Les incirconcis, c'est-à-dire les impurs, ne doivent pas toucher le corps sacré du Seigneur, mais ceux-là seulement qui ont été purifiés par la circoncision spirituelle... Et pour que cette circoncision spirituelle se fasse, il faut que le Saint-Esprit habite en nous par la foi et le saint Baptême... Mais ceux qui sont devenus participants du- Saint-Esprit, rien ne les empêche plus de toucher le Christ notre Sauveur. C'est pour cela, — pour indiquer que la sainte communion convient aux sanctifiés — que les ministres des divins mystères crient : « Les choses saintes aux saints »^. Nature de l'union Cette transformation de tout notre être par l'Eucharistie eucharistique ne se voit pas et ne se sent pas : c'est un mystère qui n'a rien de matériel ni de palpable. Mais c'est une réalité pourtant très certaine, un article essentiel de notre foi, proclamé par toute la Tradition et que nous devons croire avec reconnaissance, sans chercher, à la façon des Juifs, le comment. Cyrille fait ici une allusion à l'incrédulité des Juifs disant de Notre-Seigneur : « Comment celui-ci peut-il nous donner (1) Sur sdinl Jean, XVII, 23, P. G. 74, 565 A. (2) P. G. 73, 584 D sq., et Pusey, In Joan, t. I, p. 535, 26. (3) Sur saint Jean XX, 17. P. G. 74, 696 B, D, et Pusey, In Joan., t. III, p. 118, 29. • Voir plus haut, note p. 190, n. 2. 192 EULOGIE MYSTIQUE •sa chair. à manger »? Cette transformation est un don de Dieu, mais Dieu n'est-il pas le maître de ses dons ; et celui qui avait créé l'homme immortel, ai'est-il pas capable de lui rendre l'immortalité? Celui qui est la vie par nature, pourrait-il s'unir et se mélanger à nous, sans nous donner la vie? L'eau est froide par nature ; ms^is si on la, verse dans un vase et qu'on l'approche ■du feu, elle oublie pour ainsi dire ses propres qualités pour prendre les propriétés du feu. De la même façon, nous, qui sommes corruptibles par la nature de notre chair, nous déposons nos faiblesses par le mélange avec la vraie vie et nous recevons les propriétés de la vie^. Cyrille décrit cette union du Christ avec le communiant «Comparaisons en recourant, selon son habitude, à des comparaisons tirées •de la vie quotidienne. Si l'on unit ensemble deux morceaux de cire, ils apparaissent intimement fondus l'un dans l'autre. De même, à mon sens, celui qui reçoit la chair du Christ notre Sauveur •et boit son sang précieux, ne fait plus, comme il dit lui-même, qu'un avec lui ; il est en 'quelque sorte fondu et mélangé avec lui par la communion, de telle façon qu'il est dans le Christ et que le Christ est en lui. C'est ce que le Seigneur nous enseigne dans l'Évangile selon saint Matthieu, quand il dit : « Le royaume des Gieux est semblable au levain qu'une femme prend et mêle à trois mesures de farine, jusqu'à ce que le tout soit levé... Un peu de levain fait lever toute la pâte, dit saint Paul. Ainsi la plus petite eulogie s'empare de tout notre corps et le remplit de sa propre énergie, et de la sorte le Christ est en nous et nous sommes en lui »". Ce que ces , comparaisons cherchent à faire comprendre, c'est une ■union réelle, plus profonde même que l'union morale par la charité ; «'est, nous dit Cyrille, une participation physique ([xéOeÇtç cpuaixT)). Il est très vrai que nous sommes unis au Christ spirituellement (TcveufjiaTtxâjç) par la charité parfaite, par la foi simple et droite et par une conscience pure et vertueuse ; ■c'est notre croyance que nous ne pouvons pas désavouer... Mais oser dire que nous m'avons avec lui aucune union selon la chair (ouvaçeÊaç t^ç xaxà oàpxa), c'est se mettre en contradiction flagrante avec les Écritures inspirées. Car c'est bien par le ■(1) P. G. 73, 580 A et Pusey, In Joan., t. III, p. 531, 4. ' (2) P. G. 73, 584 B sq. et Pusey, In Joan., 1. 1, p. 535, 5. Comparaison de la cire sur '■saint Jean, VI, 56, P. G. 73, 584 C D : "Q,anep jàp eï tiç xrjpôv sxéptçt ouvà^ieie xirjptù "TcàvTCùç Stqttou xal ëxepov êv ÉTépc») YéyovÔTa xaxô^iSTat ' xbv aùxov, oï(jiai, xpoTTOV xal ô t))v aàpxa Sex6(J.evoç tou StùTÎjpoç ykxûv XpiOTOÎ), xal Trbcùv aùroî) xb t[(xiov al'fxa, ;Xa0(x çTjotv aùrèç, sv àç Trpèç aùxàv eûptaxexai ouvavaxipvàixevoç &av:sp xal àvafjLtyvù- :(jiEVOç aùxqj 8ià x^ç (xexaXiQiJjsoç, àç év xpioxqi [xèv aûxôv sûpJoxeoGai, Xpioxàv Se a5 -TràXiv èv aùxqj. Comparaison du levain. Sur saint Jean, VI, 57, P. G., 73, 584 C : "Clanep o5v ô niaùXoç çïjatv, on « (zixpà 2^5(i,7j ôXov x6 (pùpayia Çuj^oï », oûxcoç oIiyIotti TrcéXtv sôXoyta . • Suit de nouveau la comparaison des deux morceaux de cire fondus, ensemble, pour expliquer en quoi consiste cette participation physique: Celle-ci n'est d'ailleurs pas une union substantielle du genre de l'union « hypostatique » entre le Verbe et son humanité. ] Qu'un incrédule rie vienne pas nous dire : Mais si le Verbe, qui est vie par nature,, habite en nous, le corps de chacun de nous devient donc lui-même vivifiant ? Nôri^ car il y a une grande différence entre la participation relative (tiéGei^tç oxeTix'i^), par. laquelle le Fils est en nous, et l'union par laquelle il a fait sien le corps né delà Sainte Vierge en s'ihcarnant. En venant en nous, le Verbe ne se fait pas homme, il ne s'est incarné qu'une fois*. , , La terminologie de Cyrille paraît au premier abord assez compliquée et même contradictoire, mais quand on l'examine plus attentivement, les difficultés s'évanouissent. La (jiéGs^iç (pManci] que nous avions liotée plus haut ne s'oppose pas, de soi, à, la, [lide^iç ct^stixt]. L'union eucha- ristique peut être dite (jcéôs^iç çuaix"/), en tant que nous recevons réelle- ment et physiquement le corps du Christ ; elle peut être appelée (xéôe^tç (rxe.Tiy.il, union relative, non substantielle, par comparaison à l'union hypostatique. . (1) P. G. 74, 341 A sq. et;PusEYj InJùan., i. II, p.' 541, 24 ; cf.. P. G. 76,. 1189 B. (2)- P. G. y^, 564 C et Pusey, In Joan., t. III, p. 2, 26 ; P. G. 74, 869 Ç et Pusey, In Joan., t. III, p. 263, 24. ; (3) Où xocrà o/éaiv Ttvà |jt6vï]V.;., àXXà xal xaxà tiéOe^iv çuoixifjv. P. G. 74, 341 C, d: ■ ■■ '■ ' -• •■■ ■■■ '■•• ■ ■ ••■ ■•' • ■ (4) P. G. 72, 909 C, D. .,■.,, î 194 EULOGIE MYSTIQUE Rémarquons, en outre, qu'en parlant de l'Incarnation, Cyrille insisté sur rivû)gt.ç xaxà aàpxa, ou l'Ivcùcriç «puaik'^g, taindis qu'en parlant def l'union eucharistique, il n'est plus question que de auvàcpsia xaTa.cràpkaç et de [xsôs^iç cpuaixTQ ou. CT5^sTi.xY)., .., i i Union Unis au Christ par la communion, nous sommes en entre les chrétiens même temps, et par le fait même, unis entre nous, dans le, Christ La prière de Notre-Seigneur : « Qu'ils soient tous un ^ comme vous, Père, vous êtes en moi et moi en vous, qu'ils soient aussi un en nous» (Jean, XVII, 81), fournit à î'évêqae d'Alexandrie l'occasion du développement suivant : Il (Notre-Seigneur) demande le lien delà charité, delà concorde et de la paix, afln que les fidèles soient réunis dans line unité spirituelle (év6Tr)Ta tJjv 7ïveu(j!.aTix'/)v) , à l'imi- tation de l'union physique et substantielle du Père et du Fils... Gela est ■VTai,'mâis il faut examiner le texte;de plus près : « Gomme vous. Père,, vous êtes en moi et moi en vous, qu'ils soient aussi un en nous »... et nous verrons qu'à l'imitation de l'identité substantielle de la Trinité, l'unité que nous devons former entre nous et avec Dieu,, ■doit être aussi une unité physique : çuoixtjv tJjv év6T7)Ta^. Cette unité physique se réalisera entre tous les disciples du Christ malgré la distinction de leurs corps. Pour arriver à former entre nous et avec Dieu cette unité, pour nous mélanger en- quelque sorte les uns aux autres, nous qui avons corps et âmes distincts, le Fils Unique, Sagesse et Conseil du Père, a inventé un moyen admirable. En donnant son corps à manger dans l'Eùlogie Mystique à ceux qui croient en lui, il les fait concorporels avec lui et entre eux (éauTtp ts auocjrt&tiouç Kcd àXXi^Xoiç êmoTeXeZ). Qui pourrait désormais séparer et priver de l'union physique (çuoix^ç êvôioewç) qu'ils ont entre eux ceux qui sont enchaînés ensemble dans l'unité avec le Christ par la participation à son corps sacré ? Si tous nous participons à un seul pain, nous ne formons tous qu'un seul corps, car le Christ ne peut pas être divisé". Les chrétiens, fils adoptifs du Père, sont donc unis entre eux dans l'Esprit et dans le Verbe Incarné. L'Eùlogie saihte aussi bien que la participation du Saint-Esprit sur laquelle nous reviendrons dans notre quatrième partie unit les fidèles non seulement au Christ mais aussi entre eux^. Bien que nous soyons tous des individus distincts, chacun ayant son propre corps et sa propre âme, toutefois par son corps eucharistique qui iait un seul corps de nous tous, le Christ nous unit à Dieu et entre nous. (1) P. G. 74,556Asq. ;557CetPusEY,/nJoara.,t. II,pp. 731,25;733,20. Çf.np| est la vëritaible source de bénédiction et de vie ; il s'est fait pa,ih vivant, pour donner là vie au monde^. Chair Cette chair du Christ que nous donne l'Eucharistie n'est pas^ vivifiante comme le prétendait Nestorinsy une chair ordinaire, celle d'un homme sanctifié et déifié' par son union; avec le Verbe. La communion eucharistique:, nous dit Cyrille, n'est pas- une «anthropophagie »; La chair: d'un homme, comme nous, fût-il sanctifié par le Verbe, ne saurait donner- la vie : car de toute chîiir purement humaine, il est vrai de dire : « la chair- ne sert de rien «.Seule la chair du, Verbe Incarné peut être vivifiante*.! Par elle-même, la nature de la chair n'est pas vivifiante, Aucune chose créée ne- vivifie ; toutes au contraire ont besoin d'être vivifiées °. Quandnous prenons part à l'Eulogie mystique et que nous ïecevons la chair sacréer-- du Christ notre Sauveur, ce n'est pas comme une chair ordinaire que nous la recevons, ■ — Dieu nous garde d'un, pareil sacrilège! — ni comme la chair d'un homme sanctifié- et associé au Logos par une union de dignité... Le Seigneur nous dit : « En vérité, en vérité, je vous le déclare, si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme et si vous ne- buvez son sang... » Mais ne vous imaginez pas que cette chair du. Fils de l'Homme- soit la chair d'un homme comme nous (comment la chair d'un homme serait-elle vivifiante ?); c'est la propre chair de celui qui s'est fait et' a été appelé Fils de • l'Homme à cause de nous". D'oii vient ce privilège accordé à la chair du Christ? Par elle-même, de son propre fond, elle n'a pas la puissance de vivifier puis qu'elle est-, semblable à notre chair. C'est au dogme chrîstologique que Cyrille demande la raison de la vertu vivifiante de l'Eucharistie. (1) P. 'G. 76, 196 sq. ; cf. P. G. 7S, 561 A, D. - (2) P. G, 73, 584 A et PusEY, in t/oon., t. I, p. 534, 14. . • .. (3) P. G. 72, 905 C. (4) Cf. P. G. 76, 189 D sq. (5) P. G. 73, 601 G et Pusey, In Joan., t. I, p. 551, 15.. (6) P. G. 73, 113 G, D. • • ■• ' •' C! CHAIR VIVIFIANTE 199 Il faut le répéter, la chair ne peut servir de rien pour la sanctification et la viyifî- iCEition de ceuxqui la reçoivent, si l'on s'en tient à sa propre nature. Mais sil'on considère et en Lui. (l) P. G. 68, 268 A, B. TROISIÈME PARTIE XE SAINT-ESPRIT DANS LA VIE CHRETIENNE PNEUMATOLOGIE ET MARIOLOGIE CHAPITRE PREMIER PNEUMATOLOGIE Ecrits sur Le Symbole de Nicée, après les articles sur la foi en Dieu le Saint-Esprit Iq père, et en Jésus-Christ, son Fils unique, comporte un article sur le Saint-Esprit. Se conformant au plan du Credo, le présent ouvrage, dans sa troisième partie, correspondra, dans une certaine mesure, à la troisième partie du symbole : IIiCTTeùofjiEV... xal sic t6 àytov IIvEUfi-a^. L'étude de l'activité du Saint-Esprit dans l'âme des fidèles suppose une vue d'ensemble de la Pneumatologie cyrillienne et demande tout d'abord que le lecteur sache dans quels écrits se trouve exposé, d'une manière synthétique ou sporadique, l'enseignement du docteur alexandrin sur ce point. Dans le Commentaire de saint Jean^, Cyrille enseigne que le Fils, Dieu de Dieu, image parfaite du Père, ne reçoit pas le Saint-Esprit par simple participation. Tandis que dans le livre XI du même commentaire, Cyrille s'attarde à démontrer la divinité du Saint-Esprit, sa consubstantialité au Père et au Fils, son immanence dans le Père et le Fils^, il consacre presque tout le livre V à traiter de l'inhabitation du Saint-Esprit dians les âmes*. Après 428, au cours de la controverse nestorienne, Cyrille a bien souvent l'occasion de revenir sur la Pneumatologie. C'est ainsi que dans le neuvième ■anaihémaiisme, il fait remarquer que la gloire dont le Christ est doté par le Saint-Esprit, n'est pas une gloire étrangère, car le Saint-Esprit est son (1) Cf. Coll. Aiheniensis, n° 74. A. G. O., I, 1, 7, p. 89, I, 3-13. (2) L. II, P. G. 73, 189-397 ; Pusey, t. I, p. 167-362. (3) L. XI, P. G. 73, 446-608 ; Pusey, t. I, p. 645. ,(4) Sur saint Jean, L. V, P. G. 73, 704-892. 222 PNEUMATOLOGIE propre esprit ; il revient sur ce sujet et s'explique dans les défenses et- commentaires de cçt anathématisme^. Cyrille ne parle guère qu'en passant du Saint-Esprit dans ses homélies- et dans sa correspondance. C'est surtout dans le Trésor et dans l'ouvrage De la Trinité consubstantielle que nous trouvons, développée avec ampleur, la doctrine pneumatologique. Deux chapitres du Trésor, les chapitres 33- et 34, sont spécialement consacrés au Saint-Esprit : toute la démonstration va à prouver que le Saint-Esprit est Dieu et de même nature que le Fils^. Dans l'ouvrage De la Trinité consubstantielle, adressé comme le Trésor à un ami de Cyrille nommé Némésinos, le dernier dialogue a pour but de prouver la divinité du Saint-Esprit^. Divinité Lecteur fervent des Saintes Écritures et spécialement de du Saint-Esprit saint Paul et de saint Jean, Cyrille n'a point de peine à prouver la divinité du Saint-Esprit à ceux qui seraient tentés de la nier.. Que le Saint-Esprit soit Dieu par nature, l'Écriture, nous dit-il, le déclare formellement*. Le Saint-Esprit est consubstantiel et égal au Père et au. Fils^, mais il a une hypostase distincte de celle du Père et du Fils^, tout en étant dans le Père et dans le Fils par identité de nature'. Entre autres textes dont se sert saint Cyrille pour prouver la divinité du Saint-Esprit, il faut citer II Cor., III, 17 : ô Se Ktiptoç tô TcveupLasartv.- Comme les interprétations de ce passage sont très diverses^, il peut être intéressant pour nous de noter celle de l'évêque d'Alexandrie. (1) Anathémalisme 9, P. G. 77, 120-121 ; Apologie contre les Orientaux, P. G. 76,. 316-386 et Pusey, p. 260-382 ; Apologie contre Théodoret, P. G. 76, 385-452 ou Pusey, p. 382-498 ; Explication des 12 chapitres, P. G. 76, 293-312, et Pusey, p. 240-260 ; Apologie à Théodose, P. G. 76, 453-488, et Pusey, p. 425-456 j Contre ceux qui ne veulent pas reconnaître que la Sainte Vierge est mère de Dieu, P. G. 76, 259-292 ; Le Christ est un, P. G. 75, 1252-1262, et Pusey, p. '394-425. (2) Trésor, P. G. 75, 575-617. (3) P. G. 74, 1120. Je rappelle pour mémoire que ce traité a été composé après le- Trésor, mais avant 426, donc du vivant d'Atticus de Constantinople. Il en est fait mention dans la P. G. 75, 657 et aussi dans la première lettre à Nestprius {Ep. II, . P. G. 77, 41). Lequien, dans ses Dissertaliones (P. G. 94, 199-200) s'est trompé en plaçant la composition du Trésor et du De Triniiate, après 433. Cf. Ehrhard, Theol. . Quartalschrift, 1888, p. 185, note 2. (4) P. G. 75, 573, 1080 ; Trésor, ass. 33, 34, P. G. 75, 565 ; Dialogue sur la Trinité, VII, P. G. 75, 1076 sq. (5) Lettre 55, P. G. 77, 316 ; cf. P. G. 74, 261, 449. (6) Sur saint Jean, XVI, 14, P. G. 74, 449 ; Pusey, t. II, p. 635 ; P. G. 77, 117..- (7) Sur saint Jean, XIV, 11, P. G. 74, 216 ; Pusey, t. II, p. 431 sq. (8) Sur ce texte, Cfr. HoLzivïEisTEn, Dominus auiem Spiritus est, Innsbruck, 1908 P. Prat, Théol. de saint Paul, II, p. 221-226. DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT 223 Trois interprétations principales se rencontrent. Quelle sera celle de Cyrille ? La première interprétation rapporte KtSptoç à Dieu le Père, et traduit : «le Seigneur est l'Esprit», au même sens où on lit chez Jean, IV, 24 : « Dieu est esprit»^; la deuxième interprétation rapporte K6pioç au Christ^. Enfin la troisième l'entend du Saint-Esprit, et traduit : « Le Seigneur (dont il s'agit dans ce passage de l'Exode) est le Saint-Esprit ». Cette troisième interprétation est très fréquente chez les Pères Grecs, qui, contre les pneumatomaques, prouvent par ce passage la divinité du Saint-Esprit^. Elle a été adoptée par l'auteur du Trésor de la sainte ei consubsîantielle Trinité^. Ajoutons que le Saint-Esprit est l'image, l'énergie, la puissance, la qualité, ttoiott]?, du Fils^. Complément de la Trinité^, fruit de l'essence divine', il procède^, d'une part substantiellement de l'essence divine* ; mais il procède aussi d'autre part du Fils, de la nature du Fils ; il est le propre esprit du Fils^°. En définitive, il procède du Père par le Fils^^, et comme il procède du Père et du Fils, il est envoyé par le Père et par le Fils, et c'est ainsi qu'après l'Incarnation du Fils et l'envoi de l'Esprit^ cet Esprit viendra habiter dans l'Église et dans l'âme des fidèles. (1) HiLAiRE, De Trinitale, II, 32, P. L. 10, 72 ; Raban Maur, P. L. 112, 177 ; Cajétan, in h. I. — • Parmi les théologiens modernes : Franzelin, De Deo uno ^, p. 380 ; Jungmann, De Deo uno*, p. 78 ; Chr. Pesch, De Deo uno, p. 68. (2) Origène, In Exod. hom.,XU, 4 ; P. G. 12, 385 ; In Thren, IV, 20, 116 (G. C. S., p. 276) ; In Luc. hom., 26, P. G. 13, 1868 ; Didyme, De Trinit., III, 23, P. G. 39, 589 ; De Spir. S., 54, 58, P. G. 39, 1079, 1081 ; Marius Victorinus, Advers. Arian., III, 15^ P. L. VIII, 1110; Ambroise, De fide, 1, 87, PI L. 16, 549, Jérôme;, In Is., XI, 1, P. L. 24, 144. (3) Athanase, Ad Serap.,î, 6, P. G. 26, 545; Basile, De Spir. S., 21, P. G. 32, 164 j Ps. Basile, C. Eunomium, V, 1-2, P. G. 29, 725, 741 ; Grégoire de Nysse, Conîra Eunomium, 7, P. G. 45, 744 ; De Spiritu Sanclo, P. G. 46, 697 ; Didyme, De Trinilale, III, 23, P. G. 39, 928 ; Épiphane, Adversus Ilœres., 74, 13, P. G. 42, 500 ; Chrysost. In h. L, P. G. 61, 448 ; Théodoret, In h. 1., P. G. 82, 397 ; parmi les Pères latins, on pourrait citer Ambroise et Augustin. (4) Trésor, 35, P. G. 75, 653. (5) P. G. 75, 572, 588, 604 ; P. G. 74, 292, 541. (6) au[i7i:>.-r)pcù[xa. Trésor, ass. 34. P. G. 75, 508 B, (7) P. G. 75, 617. (8) TTpoxeïfat, IxTropeiieTai. Lelire 55, P. G. 77, 316 ; cf. P. G, 75, 585 ; P. G. 73,^ 244. (9) P. G. 75, 1117. (10) P. G. 74, 301, 444, 608 ; P. G. 75, 600, 608, 1120, 1093. (11) P. G. 74, 449, 709. 224 , PNEUMATOLOGIE Procession Fidèle à la conception athanasienne, Cyrille considère du Saint-Esprit le Saint-Esprit comme le terme de la Trinité, et le Fils •comme intermédiaire entre le Père et le Saint-Esprit^. Bien que parfois, il fasse usage de l'expression èx ïlairpôç x<û TbD^, il semble préférer la formule èx Ilarpoç Si' Ylou. Rappelons que l'on a prétendu trouver des fluctuations dans la pensée cyrillienne sur ce point. A y regarder de près, il ne semble pas que la pensée de Cyrille ait varié, au sujet de la seconde procession. Dans son neuvième anathématisme, après avoir écrit que le Saint-Esprit procédait ■du Fils, le patriarche d'Alexandrie aurait cessé d'enseigner qu'il «procédait du Fils ou pai* le Fils, pour l'appeler simplement le propre Esprit du Fils, comme lui étant consubstantiel ». Théodoret se vante à ce propos d'avoir, par ses attaques, débouté Cyrille de sa position^. Mais les diverses défenses que Cyrille a faites de ses anathématismes et les écrits postérieurs à la paix de 433 montrent que la doctrine cyrillienne en cette matière n'a pas subi de modification*. On se souvient de l'origine du débat. Pour combattre Nestorius qui attribuait les miracles du Christ à une grâce extrinsèque, Cyrille fut conduit à affirmer explicitement la deuxième procession. Dans le neuvième anathématisme, Cyrille soutient que le Sauveur opérait par le Saint-Esprit parce que celui-ci était son propre esprit. Il commenta ces deux mots ■dans l'explication qu'il donna des douze anathématismes : Le Christ possédait le Sïtint-Esprit, comme lui étant propre, comme venant de Lui, comme Lui appartenant naturellement et substantiellement ; et c'est ainsi qu'il «opérait des miracles. Jean d'Antioche, pour parer le coup dont était menacé son ami Nesto- rius, mobilisa deux de ses sufîragants, l'évêque de Samosate et l'évêque ■de Cyr. Dans l'écrit que composa alors le docte Théodoret, toutes les phrases de Cyrille sont passées au crible, tous ses termes sont épluchés. Voici ce que nous lisons à propos de la dernière phrase du neuvième anathématisme : S'il dit que l'Esprit est propre du Fils, en tant qu'il est consubstantiel et qu'il procède du Père, nous le confessons avec lui, et nous tenons cette phrase pour orthodoxe. Mais s'il prétend qu'il en est ainsi, parce que l'Esprit tient son existence ou du Fils ■on par le Fils, nous rejetons cette phrase comme blasphématoire et comme impie. (1) P. G. 75, 576 sq. (2) P. G. 74, 585 ; P. G. 76, 1408; (3) P. G. 83, 1417 ; Apologie contre Théodoret, P. G. 76, 432; P. G. 76, 432; Lettre à Jean d'Antioche, P. G. 83, 1484-1485 ; P. G. 83, 1484. (4) Apologie contre Théodoret, P. G. 76, 433 ; Explication des 12 chapitres, P. G. 76 308, 309 ; Apologie des 12 chapitres contre lès Orientaux, P. G. 77, 356-368. PROCESSION DU SAINT-ESPRIT 225 Au fond, Théodoret et Cyrille ne nient ni l'un ni l'autre la procession par le Fils. La pensée de l'évêque de Gyr appara,ît nettement, dans sa correspondance avec Jean d'Antioche. Il s'y plaint de voir reparaître, dans les anathématismes, l'hérésie depuis longtemps éteinte d'Apollinaire. De plus, Théodoret semble croire que pour Cyrille, le Saint-Esprit n'est qu'une créature du Fils. Dans sa réfutation, l'évêque d'Alexandrie ne prit pas la peine de relever cette insinuation de l'évêque de Gyr. Quelques siècles plus tard, les partisans de Photius argueront de ce silence pour conclure que Cyrille s'était rétracté sur ce point de doctrine. Nous ne serons pas si sévères, car pour expliquer ce silence de Cyrille, il n'est pas besoin de recourir à cette conjecture qui cadre d'ailleurs bien mal avec les e:xplications que le docteur alex:andrin publia dans la suite. L'explica- tion la plus obvie n'est-elle pas de dire que l'évêque d'Alexandrie ne voulait pas laisser égarer la discussion loin de l'erreur nestoriennè qui le préoccupait avant tout? C'est pourquoi je suis assez incliné à penser que Cyrille, écartant toute question de mots inopportune, se contenta de défendre son anathématisme en se plaçant au seul point de vue qui touchait à la querelle nestoriennè^. Il n'est pas inutile de remarquer que Cyrille d'Alexandrie a été considéré comme l'un des défenseurs les plus autorisés du Filioque au début du v^ siècle. Les polémistes catholiques, tels que Vekkos et Allatius qui se sont efforcés de réfuter les théories de Photius, citent fréquemment Cyrille et lui empruntent un certain nombre de textes favorables à la thèse romaine. Le Nestorianisme, nous l'avons déjà dit, faisait du Christ un homme sanctifié par la descente du Saint-Esprit, et par l'effusion de la grâce du .Saint-Esprit dans son âme. Pour réfuter Nestorius, Cyrille s'efforce de mettre en lumière les relations qui existent entre Fils et le Saint-Esprit, en développant la théologie de ses devanciers du iv^ siècle, en particulier celle de saint Athanase et de saint Basile. Il aboutit à cette conclusion (1) On confronte souvent la théologie de Cyrille avec celle de Théodoret. Comme ini- tiation à la théologie de Théodoret, j'ai déjà signalé en passant les articles de Marcel Richard, Notes sur révolution doctrinale de Théodoret, dans Revue des Sciences philos, et théoL, 1936 ; L'activité littéraire de Théodoret avant le Concile d'Éphèse, dans Revue des Se. philos, et théol., 1935 ; Fragments de Théodoret contenus dans la chaîne de Nicétas sur saint Luc, dans Revue biblique, janvier 1934 ; Un écrit de Théodoret sur l'Unité du Christ après l'Incarnation, dans Revue des Se. ecclésiastiques, janvier 1934. Pour cette dispute entre Cyrille et Théodoret, cf. Hugues Etiierianus, De haeresibus graecorum î, 2, P. G. 202, 236 ; Bessarion, Declaratio aliquorum quae in oratione dogmata pro unione conlinenlur, P. G. 161, 611-614; Garnier, De fide Theodoreli, P. G. 84, 395-401 ; Allatius, Vindiciae sijnodi Ephesinae, p. 31-51, 226 PNEUMATOLOGIE que le Samt-Esprit procède du Fils, quant à son origine en même temps que du Père. a) Cyrille affirme d'abord maintes fois que le Saint-Esprit est le propre, du Fils : l'Siov tou YLou. Le Saint-Esprit est la puissance du Pils^. Possédant le Saint-Esprit non par participation, mais comme son bien propre, le Christ projette l'Esprit de sa propre plénitude comme le Père lui-même et le donne sans mesure à ceux qui sont dignes de le recevoir^. Il le donne non pas avec mesure, èx [jiéTpou, mais sans mesure, parce qu'il le donne 1^ tSiou Tz'kï]ç> Kpày(jiaToç ttjv àpx7)v, elç ocTrav o5to> t6 yévoç y] tou àyià^eoGai Xomôv Sia6aCvoi Xc'P'Ç' (3) Sur saint Jean, I, 32, 33, P. G. 73, 208 B : "QoTcep o5v t^oJT) xaxà çiiciiv ÛTcàpxcov à7té0ave xaxà oàpxa Sl'rjfxaç, l'va vixyjot) xèv Gàvaxov Û7t;èp r](jicov xal ÔX7]V éauxcS auvavaax'/jcry] xy]V çùoiv • Ilàvxeç yàp ^\xzv èv aùxco, xa0à yèyovev àvGpcoTCOç ' oûxw xal xo Hveufjia Sé^exai Si' rjfJiaç, l'va Ttàaav àytàaiQ xy)V cpiiciv. Où yàp éauxàv èi(çs)à\a(ù'^ ekrikoQev, àXX' iva Tcàaiv 7)[i,îv àpxh >tal ôSoç xal 06pa ysvr]xai xôJv oùpav^wv àyaOôiv. (4) J'ai déjà exposé cette question dans Gregorianum, vol. XIX (1938), p. 573-603 ; vol. XX (1939), p. 83-100; vol. XX (1939), p. 161-188; vol. XX (1939), p. 481-506. (5) Sur saint Jean, I, 9, P. G. 73, 145 A. (6) Sur saint Jean, XIV, 20, P. G. 74, 211 A-D ; Sur la Trinité, dial. IV, P. G. 74, 908 ; Glaphijres sur la Genèse, I, P. G. 69, 20 B, C. l'eSPRIT-SAINT dans les AMES 233 «et indestructible par essence qui l'avait rendu participant de sa propre nature : En effet, il souffla sur son visage un souffle de vie, c'est-à-dire l'Esprit du Fils. €ar c'est Lui, la vie, avec le Père, contenant toutes choses dans l'existence. ' Ce soulïïe divin n'était donc point l'âme, mais l'Esprit-Saint que le Créateur a imprimé « comme un sceau de sa propre nature », à l'homme « déjà arrivé à la propriété de sa nature parfaite, composé de deux éléments : l'âme... et le corps ))^. La présence du Saint-Esprit donnait à l'homme une ressemblance divine supérieure à celle qu'il avait déjà par sa nature raisonnable et libre; ■cette similitude au second degré le rendait incorruptible. Mais voici qu'Adam par suite de sa désobéissance « fut rejeté et tomba hors de Dieu et de l'union avec le Fils opérée par l'Esprit «^ et par le fait même perdit sa ressemblance divine supérieure, son incorruptibilité, tout ce qu'il ne possédait pas de son propre fond ou par essence^. Issus d'Adam, devenus corruptibles, les hommes abandonnés à eux-mêmes n'auraient pu récupérer l'immortalité perdue ; mais Dieu le Père les releva et les appela à une nouvelle vie par son Fils. De la même manière que l'homme a été façonné au début, il sera réformé. Dieu le Père, au commencement par son propre Verbe, prit de la pous- sière de la terre, comme il est écrit, façonna un corps humain, l'anima, et, par la participation de son propre Esprit, le fit resplendir. « Il souffla sur sa face un souffle de vie », est-il écrit. Mais il arriva à l'homme, par sa désobéissance, de tomber dans la mort et de déchoir de son ancienne dignité. Alors, à nouveau. Dieu le Père le releva et lui remit ses dettes, et l'appela à une nouvelle vie par son Fils. Le Fils le releva, pour ainsi dire, en tuant la mort par la mort de sa chair sacrée, et haussa jusqu'à l'immortalité la race humaine. Car c'est pour nous que le Christ est ressuscité. Afin donc que nous sachions que c^était lui qui, dès le début, avait été le « démiurge » de notre nature, et qui, lui-même, nous avait signés de son Esprit-Saint, le Sauveur, à nouveau, pour les prémices de sa nature ressuscitée, donne l'Esprit à ses saints apôtres- en soufflant visiblement sur eux. Moïse raconte qu'à la Création, Dieu souffla au visage de l'homme un souffle de vie. De la même façon qu'au début il a été façonné, l'homme est réformé ; et de même qu'alors, il avait été fait à l'image de son auteur, de même maintenant, par la participation de l'Esprit, il est refait à la ressemblance de son Créateur... Pour s'approprier la déification opérée par le Verbe Incarné, les hommes ■doivent s'unir à Lui par une sincère conversion du cœur*. (1) Sur la Trinilé, dial. 4, P. G. 75, 908 D. (2) Contre les Anihropomorphiîes, P. G. 76, 1096 ; Ibid., VIII, P. G. 76,1092 A, B ; Sur la vraie foi aux Reines, or. II, 43, P. G. 76, 1936 B; Sur Sainî Jean, VII, 39, p. G. 72, 753 C; Sur la Trinilé, dial. IV, P. G. 75, 908 D, 1016 A. (3) Sur saint Luc, XIX, 2, P. G. 72, 865 ; V, 5, P. G. 72, 832B ; Sur saint Jean, VI, 47, P. G. 73, 560 A ; VI, 70, P. G. 73, 629 A. (4) Glàphyres sur l'Exode, II. P. G, 69, 432 A. 234 PNEUMATOLOGIE . . Pa.r « la grâce du baptême et l'illummation de l'Esprit »^ s'obtiennent la pleine participation au Verbe Incarné et «la gnose parfaite et véri:- table » du Christ. Le baptême qui fera des hommes les fils adoptifs de Dieu agira à la fois sur l'âme et sur le corps ; l'Esprit ne sera pas étranger à cette activité sanctifiante, divinisante : Puisque l'homme est composé et non simple par nature, puisqu'il est un mélange de deux éléments : un corps sensible et une âme spirituelle, il lui fallait également un double traitement, qui fût en quelque sorte homogène avec chacune des deux parties^ Or, par l'Esprit est sanctifié l'esprit de l'homme ; par l'eau, sanctifiée elle-même, le corps. Car, de même que l'eau versée dans des récipients et exposée aux rayons du feu s'approprie la puissance de celle-ci, de même l'eau sensible, élevée par la vertu de l'Esprit à une puissance divine et ineffable, sanctifie à son tour ceux auxquels elle est appliquée^ (L'eau baptismale) nous purifie de toute souillure, de sorte que nous devenons un temple saint de Dieu et communiquons à sa divine nature par la participation au Saint-Esprits La communion eucharistique perfectionne l'action déifiante du Baptême ; Cyrille souligne surtout la vivification que l'eulogie procure au corps*. Sanctification, La divinisation du chrétien, dans son âme et dan» œuvre de la Trinité son corps, est-elle faite, d'après Cyrille, uniquement par le Verbe Incarné et par l'Esprit-Saint ? N'attribue-t-il aucun rôle à Dieu le Père dans la justification? Si oui, les trois personnes divines- habitent-elles dans l'âme au même titre, ou bien le Saint-Esprit s'y trouve- t-il présent à un titre spécial ? Dieu est-il dit habiter dans les justes méta- phoriquement ou par un nouveau mode de présence? La présence de Dieu produit-elle dans l'âme quelque chose de spécial et est-elle suffisam- ment expliquée par la grâce habituelle ? Quelle relation y a-t-il entre la grâce et cette présence? Autant de questions qui ont fait couler des flots d'encre dans l'histoire de la théologie. Nous n'avons point la prétention de creuser à fond le problème et de donner ici des réponses définitives, mais simplement de préciser les points qui touchent de plus près l'étude dogmatique de la spiritualité de saint Cyrille. (1) Sur sainl Jean, III, 5, P. G. 73, 244 D-245 A. (2) Sur saint Luc, XXII, 8, P. G. 72, 904 ; Glaphijres sur la Genèse, I, P. G. 69, 29 C ; Glaphijres sur les Nombres, P. G. 69, 625 C. (3) Sur sainl Jean, VI, 54 ; P. G. 73, 577 B-580 A et 581 ; VI, 35, P. G. 73, 520 D- 521 A ; XVI 1, 3, P. G. 74, 488 A ; Glaphijres sur les Nombres, P. G. 69, 625 C ; Contre les Anlliropomorphiies, P. G. 76, 1073. (4) Surl'épltre aux Épliésiens, P. G. 7S, 610-611 ; Hom. pascale, X, 132 B, P. G. 77,. 618-619 ; Sur la Trinité, dial. 7. SANCTIFICATION, ŒUVRE DE LA TRINITE 23^ Il faut d'abord affirmer que pour lui, Dieu n'habite pas dans les justes métaphoriquement, mais par un nouveau mode de présence. Il est de plus incontestable que pour Cyrille, la Trinité tout entière coopère à la sanctification du chrétien. Quelques textes plus importants doivent être remis ici sous les yeux du lecteur. Le Christ leur dira, après sa résurrection, de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'y attendre la promesse du Père. Promesse exprimée en disant : « Je prierai le Père et II vous enverra un autre Paraclet».,. Car l'Esprit appartient en propre à Dieu le Père ; et non moins en propre au Fils, non comme s'il s'agissait de deux substances distinctes, ou d'une substance existant séparément en chacun d'eux. Mais parce que du Père et dans le Père est naturellement le Fils, vrai fruit de sa substance. Celui-ci s'attribue naturellement le propre esprit du Père^, Esprit qui procède du Père, mais qui est donné aux créatures par ^e Fils Lui-même, non comme le ferait un serviteur on un auxiliaire, mais de la manière dont Celui qui procède de la propre « oùaia » de Dieu le Père peut être donné à ceux qui le méritent p^r le Verbe consubstantiel, dont l'Esprit est l'éclat, de par la lumière de sa propre subsistance, demeurant en Lui et y étant toujours indivisible et séparé. Nous disons que le Christ a sa subsistance personnelle, mais qu'il est en son propre Père et son propre Père en Lui. L'Esprit du Père est l'Esprit du Fils et du Père qui l'a envoyé et promet de faire demeurer cet Esprit dans ses saints, mais le Fils le donne comme lui s^ppartenant en propre, à cause de l'identité substantielle qui l'unit au Père... C'est l'Esprit qui nous unit, et, pour ainsi dire, nous fait sympathiser avec Dieu j sa réception nous rend participants de la nature divine ; et nous Le recevoiis du Fils, et par le Fils, du Père.'.. L'Esprit est la véridique image de la substance du Fils Unique, et, selon le mot de saint Paul : « Ceux qu'il a connus d'avance. Il les a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils » ; les âmes en qui II habite, l'Esprit les rend semblables à l'image du Père, c'est-à-dire au Fils. Ainsi toutes choses, par l'intermédiaire du Fils, sont ramenées à ce Père dont II procède, grâce à l'Esprit^... Tous ces passages font bien voir que pour Cyrille, les trois personnes de la Trinité concourent à notre salut. Voici encore un texte non moins explicite à propos de la parole du Christ : « Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron »*. Nous avons déjà eu l'occasion de le citer à la fin de notre première partie. Le Père n'est ni oisif ni inactif à notre égard, pendant que, dans le Saint-Esprit, le Fils nous nourrit et nous maintient dans le bien. Notre restauration est comme l'œuvré de toute la sainte et consubstantielle Trinité, et c'est à travers toute \a. nature divine que passent dans tout ce qui se fait par elle la volonté et la puissance. Pour cette raison, ... notre salut est vraiment l'œuvre de l'unique déité. Et bien qu'à chaque personne (1) Sur saint Jean, XVII, 18, P. G. 74, 540-541. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 545. (3) Sur saint Jean, P. G. 74, 541. (4) Jean, XV, 1. 236 PNEUMATOLOGIE semble être attribuée quelque chose de ce qui est fait à notre égard ou opéré dans la créature, nous, ne croyons pas moins que tout est du Père par le Fils dans l'Esprit^ Habitation On se rappelle les discussions indéfinies auxquelles a du Saint-Esprit donné lieu le problème de l'habitation du Saint-Esprit dans l'âme des justes^. Il nous sera permis de noter quelques-unes des réflexions que nous a suggérées sur ce sujet une lecture attentive de saint Cyrille. Des textes que nous avons déjà cités, il apparaît nettement tout d'abord que l'habitation n'est pas une propriété exclusive du Saint-Esprit ; Cyrille connaît trop bien certains passages scripturaires pour nier que le Père et le Fils fassent aussi en nous leur demeure. Mais pourquoi insiste- t-il tellement sur l'inhabitation du Saint-Esprit ? Le Cardinal Franzelin, qui se sert volontiers des lumières de la théologie latine pour interpréter les Pères grecs, soutient que dans le texte du De Trinitaie, dialogue 7, l'habitation est attribuée au Saint-Esprit par appropriation^. D'autres textes où l'habitation semble propre au Saint-Esprit ne tolèrent-ils ou n'exigent-ils pas un autre genre d'explication? Celui-ci, par exemple, du Trésor. L'Esprit-Saint opère en nous par Lui-même, nous sanctifiant vraiment et nous unissant à Lui-même ; et par conjonction et union de nous à Lui, Il nous fait parti- cipants de la nature divine*. ' Cyrille veut-il insister ici sur une opération spéciale au Saint-Esprit à laquelle ne coopéreraient pas le Père et le Fils? Depuis le moyen âge mais surtout depuis Lessius et Petau, ce problème a été souvent discuté. Il le fut en particulier par Scheeben et le P. de (1) Sur saint Jean, XV, 1, P. G. 1i, 333 D-336 B. Cf. S,nr saint Jean, VI, 45, P. G. 73, 556 B-D. En ce qui concerne l'activité du Saint-Esprit dans l'Ancien Testament, voir ci-dessus p. 425-427. (2) Petau, De Trinitaie, L. VIII, ch. 4-7. Dogmala theologica, éd. Vives, t. III, p. 453- 495 ; Scheeben, Dogmalik, t. III, n°« 683-684 ; 869-870 ; de Régnon, Études positives sur la Trinité; Kohlhofer, iS, Cyrillus Alexandrinus de sandificatione, Wurzbourg, 1866 ; Mahé, dans Revue d'Histoire ecclésiastique, t. X, 1909, 30-40 ; 469-492 ; La sanctification d'après saint Cyrille d'Alexandrie; P. Galtier, Temples du Saint- Esprit, dans Revue d'Ascétique et de Mystique, oct. 1926, p. 402 sq. et L'inhabitation en nous des Trois Personnes, Paris, 1928, P« partie ; Oberdoerffer, De inhabitatione Spiritus Sancti in animabus justorum. Tournai, 1890, p. 21 sq., 67 sq., 94 sq. ; J. F. de Groot, De leer van den heiligen Cyrillus van Alexandrie over de heiligmakende Genade; dans Theol. Sludien, 1913, t., XXXI, 343-358 et 501 sq. ; Th. Strotmann, De Spiritu S. et sancliftcalione, ex operibus S. Cyrilli Alexandriae episcopi, Diss. Romae, 1925 (Instit. Pontif. Orient) ; A. Stolz, Der Heil. Geist und die Heiligung des Christen, dans Bened. Monalschr., Beuron 12 (1930), p. 189-197; J.-B. Wolf, O.S.B. Commenta- tiones in S. Cyrilli Alexandrini de Spiritu sancto docîrinam (Wurzbourg, 1934). (3) Franzelin, De Trinitaie, p. 643. (4) Trésor, 34, P. G. 75, 598. OPÉRATION DU SAINT-ESPRIT 237 Régnon^. Des théologiens de mérite^ ont passé au crible les différentes explications qui ont été données de l'habitation de Dieu en nous ; ils se sont efforcés de prouver que cette habitatioh était commune aux trois personnes et qu'il n'y avait pas d'opération propre au Saint-Esprit^ pas d'union propre au Saint-Esprit, pas de donation spéciale du Saint- Esprit. Pas d'opération jj j^'y ^ p^g^ iq^^ d'abord, pour Cyrille d'opération propre au Saint-Esprii au Saint-Esprit. Notre docteur n'a jamais enseigné en un sens absolument strict et exclusif une spécialisation parmi les Personnes divines. Toute apparence d'une distribution de rôles qui ferait de l'une ou l'autre des trois Personnes le principe d'une opération quelconque à laquelle toutes n'auraient point la même part est attentatoire à l'unité divine. Cyrille crut un jour avoir découvert une opinion de ce genre sous la plume de l'évêque de.Constantinople. Celui-ci aurait expliqué la réali- sation de l'Incarnation en attribuant au Saint-Esprit d'avoir formé le corps du Christ dans le sein de Marie, au Fils de l'avoir habité, au Père de l'avoir glorifié au baptême. Il y aurait eu aussi une pareille distribution de rôles dans la vocation des apôtres : le Fils les aurait choisis, le Père les aurait sanctifiés, le Saint-Esprit leur aurait accordé le don deslangues^, Cyrille dénonce la sottise de cette assignation à chacune des trois Personnes d'une opération particulière. S'il est vrai que chacune a son hypostase propre, tout ce qu'elles font cependant, c'est le Père qui le fait par le Fils dans l'Esprit. Que le Père, pour parler notre langage, se mette en mouvement pour exécuter une œuvre quelconque, le Fils exécute absolument cette même œuvre dans l'Esprit ; et quoi que vous disiez accompli par le Fils ou l'Esprit, tout cela cependant vient totalement du Père ; c'est par la sainte et consubstantielle Trinité tout entière que parvient à son terme, quel qu'il soit, l'agir et le vouloir divin*. Et un peu plus loin, dans le même écrit Contre Nesîorius, il ajoute : C'est donc anéantir le glorieux mystère de la Trinité, que de procéder ainsi comme (1) Ni Scheeben' ni le P. de Régnon ne réservent au Saint-Esprit le privilège d'une union spéciale avec l'âme. Scheeben l'admet aussi pour le Fils [Dogmalik, t. I, § 125, n° 1065 ; 1074 ; t. II, § 169, n» 847). Le P. de Régnon (Éludes sur la S. Trinité, t. IV, p. 537 sq.) admet un mode de présence spécial pour chacune des trois personnes. (2) Cfr. surtout P. Galtier, Vhabilalion en nous des Irois personnes, le fait, le mode, Paris, 1928. Cette étude à laquelle nous avons empruntée mainte traduction nous a été fort utile pour la rédaction de ce chapitre. (3) Contre Nestorius, 4, P. G. 76, 169 D. (4) Contre Nestorius, P. G. 76, 172 A. 238 PNEUMATOLOGIE à un partage de l'une quelconque de ses œuvres et d'attribuer à chacune de ses hypos- tases ce que ne fait pas une autre^. C'est là le comble de la folie. Puisque tout, c'est le Père qui le fait par le Fils dans l'Esprit, et que rien ne saurait être,f ait autrement quepar Dieu le Père, il faut manif este- ,ment avoir perdu le sens pour partager et attribuer en propre aux hypostases une œuvre quelconque (ô ratç ÔTToaTàceai xaTa(xep(^o>v ISixÔîç xàç sttI yé Tiaw Ivepye^aç) ''. / La vocation, par conséquent, des apôtres est l'œuvre commune des trois Personnes :/ ils ont été choisis ; choisis, ils ont été sanctifiés et faits orateurs par la divinité une/ c'est-à-dire par le Père, au moyen du Fils, dans l'Esprit^. Car l'œuvre de la Sainte Trinité est une, et, quoi que fasse ou décide le Père, le Fils le fait ou le décide pareillement, et de même l'Esprit. Répartir donc les activités entre les hypostases, pour que chacune ait lai sienne en propre, c'est tout simplement introduire trois dieux distincts et coni,plètement séparés les uns des autres. L'unité de nature dans la Trinité exige, en effet, que, pour toutes ses œuvres, il ne se produise en elle qu'un mouvement unique, et dire qu'une des hypostases peut se porter à agir tandis que les autres restent inactives, c'est, par conséquent, pratiquer entre elles une large coupure*. Cyrille applique en particulier à la justification cette doctrine générale. La justification, qu'elle soit attribuée au Père ou au Fils, nous vient également de l'un et de l'autre, car le Père n'agit que par le Fils, qui est sa vertu propre^. ■ Pas d'union ^'^^ ^'^ ^ P^^ d'opération propre au Saint-Esprit, n'y propre a-t-il pas du moins union propre du fidèle justifié à la au Saint-Esprit troisième Personne de la Trinité? On sait que les études de Petau sur la théologie dés Pères grecs l'amenèrent à conclure non pas à une action mais à un mode de présence du Saint-Esprit, un mode d'union avec nous qui lui serait réellement et (1) Ibidem, 177 D-180 A : T'^v tou \jMaxy\plo\i S6Çav xaracrsîst 7rp6ç rb fxy;Sèv, jieptÇcov (ÛoTcsp TÎjç àylaq TpiàSoç ttjv èizl Ttcrt tûv Spcofiévfov èvépyetav, kyi&avfi te tûv ÔTTOcxàCTetûV àTrové[i.(jjv [Sixûç, Ô fXT] TteTcpaxev fj érépa. — On trouve la même doctrine dans les Dialogues sur la Trinité: "Eort (xèv xa6' ùnàaracsiv ÎSix'^v TravréXeioç ô narJjp, 6\ioi(ùc, Se xal ô TE6ç xaî, ir6 Ilveuixa. 'AXX' ri svàç... Sv)[zioupYix7) BsXvjotç, èç' ÔTtpTcep av XéyoïTo yevÉaôat Tuxàv Ivépy7](j!.a (i.èv aôrou, tcXvjv Sià Tcàorjç ëpxsTai tïjç ôedxTjToç, xal T^ç ÔTièp XT^oiv éotIv o^aLaç àTcoxéXscTfxa, xotvôv fjièv Ûonsp xi, TtXTjv xal ESixcoç sxàoT({i TcpootJÎTraj rcpéTrov, 7rou, xal ôXy)ç 6cv XéyoïTo t^ç oijofaç, xal éxàoxvjç ÔTtoaTà<7eti)ç iStxôç. (P. G. ?'5,'1057 D). . (3) P. G. 76, 180 A. •. (3) P. G. 76, 180 B. (4) P. G. 76, 180 G-D. On pourrait trouver la même doctrine chez saint Augustin : Sur saint Jean, tract. 20, 3, P. L. 35, 1557-1558; Coni. serm. arian., 15, P. L. 42, 694 ; chez Saint Jean Giirysostome, In Jo. hom. 84, 7, P. G. 59, 471 ; Saint Basile, De Spirilu Sando, 22, 53, P. G. 32, 165 D ; Ibid.lQ, 37, 133, B-C ; Saint Grégoire de Nysse, Quod non sint très dii, P. G. 45, 125 B-128 A ; Ibidem, 128 D-129 A, etc. (5) Cyrille d'Alexandrie, Sur la Trinité V, P. G. 75, 988 D-989 B. \ \ \ UNION AU SAINT-ESPRIT 239 ^exclusivement propre. Petau ne songea nullement à reprendre la théorie •de Pierre Lombard et à contester comme lui la réa'ité du don créé de la .charité^. Pour faire droit aux affirmations de l'Écriture et des Pères, il lui semblait qu'il fallait admettre pour le Saint-Esprit comme un rôle .de premier plan, lui assurant comme une prise de possession personnelle de nos âmes^ et il se basait en grande partie pour étayer sa théorie sur des textes de saint Cyrille d'Alexandrie. Le P. de Régnon avait déjà relevé dans cette opinion de Petau plus d'une exagération. Le P. Galtier, revenant à la charge^, s'est efforcé de montrer que finalement notre union à Dieu se réduit à une relation consécutive à une opération et qu'il n'y a pas lieu d'entendre les formules qui la concernent en un sens plus étroit -et plus réellement personnel que celles qui visent l'opération d'où elles résultent. Le P. Galtier fait en particulier appel pour prouver sa thèse à notre grand évêque alexandrin dont l'autorilé, en cette matière, serait hors de pair. Suivons quelques instants l'éminent professeur de la Grégorienne dans cette excursion à travers les écrits de notre docteur. L'union divine, qui, d'après l'auteur du Commentaire sur saint Jean, caractérise les cœurs purs, en s'établissant par le Fils dans l'Esprit, se définit d'abord par l'union avec le Père : t^ Tcpoç ©eov évcâcret*. Pour faire notre paix avec Dieu, c'est en effet au Père lui-même, bien que par le Fils, qu'il nous faut adhérer : ty)V 7rp6ç ©sàv etpi^vï]v ffuvOTQcrofzev, aùrcp tû) Harpl Si' Ttou xoXXtiitJtevoi^. Notre génération spirituelle consiste à entrer en communication avec la nature divine, en recevant la participation • du Fils : Oe^aç çiicreûiç àvaSeixv6(jis6a xoivwvol ttjv Tlou Xa^ovreç (jléOs^iv^. Le Christ habite donc aussi en nous ; il le fait assurément par le Saint- Esprit, mais c'est lui quand même, et par lui-même, qui établit, entre le fidèle et Dieu, l'union spirituelle qui le rend sien'. (1) Tlieol. dogmata: De Trinitate, 1. 8, cp. 6, n°^ 3-4. (2) Petau s'attache d'abord à montrer que notre régénération comporte une mystérieuse et très substantielle présence en nous des trois personnes divines. Nous devons à leur possession, plus qu'à notre transformation par la grâce d'être constitués vraiment les temples du Seigneur. Cf. Tlieol. dogmala: De Trinitate, cp. 4, n"» 5-11 ; cp. 5, n"» 8 et 11 ; cp. 6, n°^ 1 à 4. C'est seulement à partir du n° 6 de ce chapitre 6 -que Peiau aborde la question de l'union pripro au Saint-Esprit. (3) P. Galtier, Vliabilalinn en nnus des trois personnes divines, p. 26 sq. (4) Commentaire sur saint Jean, XI, 12, P. G. 74, 569 A. (5) Commentaire sur saint Jean, P. G. 74, 509 C. (6) Sur la Trinité, A, P. G. 75, 904 A-B et cf. 905 A : 0elaç cpiioetoç xotvtùvoî. cy/éoei, Tf) Trpoç YL6v. (7) 'EvauX^î^exat Se xal aOxàç Xpiariç, Sià tou àyCou StjXov Ôti IIvErifjLaToç, auvdcTTTCov eJç o5K£tÔTV]Ta Tï]v Trv£U[jtaTtxr]V Si' éauroij rip 6s^ xal IlaTpl rèv èyvwxdTa aÛTOv. Sur saint Jean, XI, 12, P. G. 7é, ^ùll A. 240 PNEUMATOLOGIE Le Fils est en nous : il y est corporellement, comme homme, par l'Eucharistie ;; mais aussi, spirituellement, comme Dieu. Et c'est comme tel, par la vertu et la grâce de l'Esprit qui lui appartient, qu'il communique à notre esprit une vie nouvelle et nous- rend participants (xotvcovo\iç) de sa divine nature. Le lien donc de l'unité, que nous avons avec Dieu le Père c'iest le Christ... C'est par lui, comme médiateur (au titre de son humanité), que se parfait notre union avec Dieu le Père. Lui en effet, il est vraiment fils de Dieu par nature ; il a avec son Père une union substantielle ; puis donc que,, comme nous venons de le dire, nous le recevons en nous corporellement et spirituelle- ment, nous entrons par le fait même en participation et en communion de la nature- divine^. Le Fils, eix s'unissant lui-même à nous, nous unit directement au Père.. Cette union néanmoins avec le Fils ou' avec le Père s'établit aussi par le Saint-Esprit. Si, [par impossible], il nous arrivait de demeurer privés de l'Esprit, nous ne- soupçonnerions même pas que Dieu fût en nous, et, si nous n'avions pas été gratifiés de l'Esprit qui constitue enfants, nous ne serions aucunement les enfants de DieuV Car, ce qui nous relie et nous unifie en quelque sorte avec Dieu, c'est l'Esprit. Lui reçu, nous devenons participants de la nature divine, et c'est ainsi que par le Fils et- dans le Fils nous recevons le Père lui-même^; Non seulement l'Esprit du Christ nous unit à notre Sauveur*, mais ce n'est que par l'Esprit que le Christ a pu unir à son Père sa nature humaine.. L'union avec Dieu ne peut pas s'établir par une autre voie : ... sanctifiée par son union avec l'Esprit, la chair s'élève jusqu'au Verbe divin et par lui jusqu'au Père^ Tout saint qu'il est par nature, en tant que Dieu, bien qu'il donne lui-même le- Saint-Esprit à toute la création pour lui assurer la consistance dans l'être et la sancti- fication par participation, le Christ cependant, à cause de nous, est sanctifié dans le- Saint-Esprit. Et il ne suit point de là qu'un autre que lui le sanctifie : c'est lui-même plutôt qui agit ainsi sur lui-même pour la sanctification de sa chair (Oôx ÉTépou tiv6ç: aÔTOv àytàÇovTOÇ, aÙTOupyouvToç 8è (jlôcXXov lauxqj Ttpàç àyiaoy-bv t^ç ISÊaç oapxéç). Car il reçoit l'Esprit qui lui appartient en propre : il le reçoit comme homme, et, comme Dieu, il se le donne à lui-même". Car explique Cyrille, il en est de l'union de Dieu avec nous comme de son action sur nous : Il ne saurait se mettre en rapport avec la création que par le Fils et dans l'Esprit. - Pour habiter dans ses saints et leur révéler ses mystères. Dieu le Père a l'Esprit qui est de lui, en lui, et est son esprit propre ; ce qui ne doit pas faire songer pour celui-ci à un subordonné s'acquittant de la tâche pour laquelle il est engagé : rien de tout cela.. (1)P. G. 74, 564 G-565 A. (2) P. G. 74, 545 A. (3) P. G. 74, 544 D-545 A. (4) T6 auvevûaav rjfxaç xqi StOT^pi XpiaTÛ to âytov Ilveijfxa aùxoC èoTiv. Sur saint' Jean, 74, 333 A. (5) Sur saint Jean, XI, 12, P. G. 74, 564 B. (6) Sur saint Jean, X, P. G. 74, 548 B ; cf. 549 D et 560 A. UNION AU SAINT-ESPRIT 241 •Présent en lui substantiellement et procédant de lui sans division ni séparation d'aucune sorte, il manifeste comme lui étant propre ce qui est à celui en qui il est et de qui il est^ Comme l'action du Sain,t-Esprit, la présence du Saint-Esprit est la présence même du Fils et du Père, et, pour les relations au dehors des Personnes divines, il n'y a pas lieu de distinguer, semble-t-il, union et opération. Bien que chaque Personne ait son hypostase propre distincte •des autres, la présence ou la communication, tout comme les paroles, l'activité et la gloire et, en général, tout ce qui tient à la nature, leur est ■commun à toutes^. Dans un autre passage que nous avons déjà deux fois mentionné, '^Gyrille répète qu'il ne saurait être question pour le Saint-Esprit ni pour les deux autres Personnes, d'un rôle leur appartenant en propre. Comme la racine de la vigne fait passer dans les sarrnents les qualités de son espèce, le Verbe assure, aux saints une certaine parenté (t-Jjv olovel • CTuyysveiav) avec la nature de Dieu le Père et la sienne en leur donnant le Saint-Esprit. C'est pour les saints le fruit de leur union aVec le Verbe ; ■ celui-ci alimente ainsi leur piété et produit en eux la science de toutes les vertus et de toutes les bonnes œuvres. C'est à propos de la parole du ■ Christ rapporté par saint Jean^ : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron » que Cyrille traite la question de la participation du Père et du Fils à notre sanctification*. La preuve d'une union spéciale exigerait quelque chose de plus ; mais "Pétau n'a pu trouver ce surcroît de preuve dans saint Cyrille. Il faudrait que notre union avec le Saint-Esprit eût pour effet propre et direct de nous faire participer à quelque chose qui, (de soi, appartienne au Saint- Esprit exclusivement et à titre personnel. Ce ne serait qu'à ce prix qu'on pourrait concevoir cette union comme étant pour lui d'un autre ordre que pour les autres Personnes. Il faudrait, en d'autres termes, pour que le Saint-Esprit pût s'acquérir un droit strictement personnel, qu'il devint capable d'un acte lui appartenant en propre. Cet acte légiti- merait avec un être quelconque des relations qui ne seraient pas absolu- ment communes aux autres Personnes. Il faudrait à une Personne divine une nature, c'est-à-dire un pouvoir d'action dont elle eut l'exclusive propriété. Or cela fait totalement défaut au Saint-Esprit comme d'ailleurs (1) Sur saint Jean, U, P. G. 74, 452 B-G. Dans un autre passage (P. G. 74, Ail G), ' Cyrille explique qu'agir lui-même, c'est pour le Père, agir par son Fils, en sorte que l'action du Verbe soit l'action même du Père. (2) Ilàvra 8y] TràvTtov, TrapouaÊa te xal Xôyoï... xai (xéOeÇiç, èvspyeta te xal S6^a, xal ôoa T7)V Oelav xaxaxaXXuvet cpijoiv. Sur la Trinité, P. G. 75, 1093 D-1096 A. (3) Jean XV, 1. (4) Sur saint Jean, XV, 1, P. G. 74, 333 D-336 B. — Gf. Sur saint Jean, VI, 45, .P. G. 73, 556 B-D. 242 PNEUMATOLOGIE au Père, Le Fils seul, en s'unissant un.e i^ature humaine s'est assuré, pour- ainsi dire, ce prolongement ou cette extension de sa Personne. Au titre de son humanité, un mode de présence lui a été possible que les deux autres Personnes ne sauraient partager avec lui. En bref, le Saint-Esprit n'ayant absolument rien qui lui appartienne en propre, on ne saurait concevoir d'union se terminant, en tant que telle, à sa seule Personne. Sans doute nous ne trouvons pas chez saint Cyrille toute cette démons- tration, mais les textes pneumatologiques que nous lisons dans ses écrits, confirment ce que nous venons de dire. Il est facile de constater — et les passages que nous avons cités en sont déjà une preuve — que l'effet propre et direct, attribué par notre docteur à notre union avec le Saint- Esprit, consiste dans la participation à la nature divine, qui est commune aux trois Personnes. Pour le Fils, s'unir à nous dans l'Esprit, c'est nous- faire entrer en communion avec sa nature à lui et avec celle de son Père^.. Consubstantialité Le but de saint Cyrille en Pneumatologie n'est pas de- du Saint-Esprit revendiquer en faveur de la troisième Personne une avec 16 irBTB ^. t-ti et le Fils opération ou un rôle singulier dans 1 œuvre de la sanc- tification, mais de réfuter l'hérésie contestant son identité de nature avec le Père et le Fils ; c'est pourquoi l'on retrouve dans cette polémique la., considération de l'effet propre de l'union' au Saint-Esprit. Par lui-même il nous rend participants de la nature divine ; par lui, vie, charité, sainteté propres à la nature du Père et du Fils nous sont communiquées : lui aussi' est donc bien cette même charité, cette même sainteté, cette même vie,, avec les deux autres Personnes, il partage réellement la même nature divine. Ne faut-il pas être totalement dépourvu de sens et d'esprit pour ranger parmi les- créatures celui par qui et en qui la nature de la divinité est en nous?... Si le Saint- Esprit rend sages les êtres susceptibles de sagesse, il faut absolument admettre qu'il. est lui-môme la Sagesse. Or la Sagesse, avons-nous dit, c'est Dieu^. Nous sommes rendus conformes au Christ, et le Christ grave en nous son image, par le Saint-Esprit, qui lui est semblable par nature. L'Esprit est donc Dieu puisque- c'est lui qu' rend conforme à Dieu, en procurant par lui-même à ceux qui en sont dignes la participation à la nature divine^. Puisque le Saint-Esprit, par sa présence en nous, nous rend conformes à Dieu^ (a\)[i.[L6pci>o\}(; 0eôi), ... c'est donc qu'il est de la divine essence*. L'idée d'attribuer un caractère vraiment personnel à cette unions de l'Esprit lui est complètement étrangère. Pour lui, répétons-le,.. ( 1 ) Voir les textes déjà cités : P. G. 74, 544, 545, 548, 549, 560, 564, 565,, 577.. (2) Sur la Trinité, Vil, P. G. 75, 1121 C-D. .(3) Sur la TriniU, P. G. 75, 1089 B-C. (4) Trésor, 34, P. G. 75, 585 A ; 609 A et D. CONSUBSTANTIALITÉ DU SAINT-ESPRIT 243'- rhumamité du Christ n'obtient la participation à la nature divine que par son union au Saint-Esprit ; le Verbe, çn tant que Dieu, a voulu sanctifier d'abord sa chair, puis par sa chair, nous avons, à notre tour, été sanctifiés ; à l'union hypostatique, le Verbe a ajouté l'union par simple participation (ct^^etixôç SîjXov Ôti xal où cpuCTtxwç)^ qui lui est commune avec nous. En tant qu'homme, le Verbe Incarné qui est saint par sa nature divine, a acquis une sainteté par participation semblable à la nôtre ((XS0SXTCÙÇ àyiaafxov tov èv [lede^ei)^. Or, aux yeux de Cyrille, l'union au Saint-Esprit qui nous est commune ^ avec le Christ n'apparaît pas du tout comme étant d'ordre personnel ; elle nous est présentée comme logiquement postérieure à la prise de possession personnelle par le Verbe de sa propre chair : jusque dans l'état d'union hypostatique, la nature humaine en demeure susceptible^. Quand elle en reçoit le bienfait, si c'est encore au Verbe en personne qu'elle en est redevable, elle ne l'obtient néanmoins de lui que dans l'Esprit. Ce n'est pas un autre que lui — ■ le Verbe — qui sanctifie (le Christ en tant qu'homme), c'est lui-même plutôt qui travaille par lui-même (aÙToupyouvxoç Se (jlôcXXov éauTqi) à la sanctification de sa chair ^ Sa chair a été sanctifiée par l'Esprit à la manière du reste de la création, en ce sens que le Verbe, saint par nature, a oint en lui — en l'Esprit' — son propre temple ^ Il n'est guère possible de dire en termes plus clairs que cette onction, . cette sanctification n'appartient en propre ni à l'une ni à l'autre des deux Personnes. On ne saurait dès lors attribuer à Cyrille la pensée d'une union personnelle de l'Esprit assurant à nos âmes la participation de la nature divine, que l'union personnelle du Verbe n'a point par elle-même assurée à la sienne. L'union d'une Personne, par là même qu'elle est d'ordre vraiment personnel, demeure impropre à procurer par elle-même l'union des autres. Si donc il est avéré que Cyrille rattache à notre union - à l'Esprit notre union au Fils et au Père, c'est qu'à ses yeux cette union n'est point d'ordre personnel. L'Esprit, Mais une objection peut venir à la pensée, par cela vertu sanctificatrice même que le Saint-Esprit nous est présenté comme agent de notre sanctification, comme sainteté substantielle dont la participation peut seule nous rendre saints i^ous-mêmes. Le fait ferme- (1) Sur saint Jean, XI, 12, P. G. 74, 564 B. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 548. (3) Sur saint Jean, P. G. 74, 549 B-C ; cf. Sur la Trinité, 6, P. G. 75, 1008 D. (4) Sur saint Jean, P. G. 74, 548 B. (5) Ka0' ô(Aot6Tif]Ta TT]? àXX7]ç xTfoetùç tov fôibv év aÛTco xaraxp^ovToç vaov toO xaxà «pùciv àybu xal èx Ilarpàç 8vtoç Aôyou. P. G. 74, 549 D. fi "244 PNEUMATOLOGIE ment attesté par saint Cyrille que le Verbe lui-même n'ait pu sanctifier son humanité qu'en lui communiquant le Saint-Esprit, ne suffirait-il point à prouver que la troisième Personne possède en propre le privilège de déifier les créatures en se donnant à elles ? Ces considérations ont été précisément celles sur lesquelles s'est appuyé Petau pour donne!* à sa i preuve une force démonstrative. Nous suivrons encore ici le P. Galtier dans l'analyse de l'argumentation de Petau et dans celle des textes cyrilliens que l'auteur des Dogmata iheologica utilise pour établir sa thèse. D'après Petau, Cyrille considérerait le pouvoir de sanctifier comme appartenant en propre au Saint-Esprit ; car il est la sainteté substantielle, la vertu sanctificatrice de Dieu. Rôle que Petau appelle non d'efficience, mais d'union. Ainsi s'expliquerait que toute l'antiquité ait parlé de notre union, non seulement à la nature divine mais à la personne même de l'Esprit ; ainsi s'expliquerait que Cyrille le désigne comme l'agent personnel de la sanctification (aùroupyov) et lui reconnaît comme à la • Sovàfxiç àyt-aaTix-]^, à la vertu sanctificatrice, le pouvoir de produire la sanctification par lui-même (auToupyetv). Il y aurait là un trait de personne et, dans l'œuvre de la sanctification, un rôle qui appartiendrait exclusivement à la personne du Saint-Esprit^. Sans admettre telles quelles, toutes les conclusions de Petau, le P. de Régnon ne semble pas rester insensible à son argumentation. Peut-on croire qu'enseignant aux fidèles le difTicile mystère de la sainte Trinité, ils (les Pères) aient, dans une même phrase, distingué les deux premières personnes par leurs noms vraiment personnels, et latroisième par un nom purement appropriatif ^? Ce qui a paru incroyable au*P. de Régnon .n'a pas étonné saint Thomas. Pour l'Aquinate, tandis que le Père est appelé Père, parce qu'il est seul à engendrer, et le Fils appelé Fils parce qu'il est seul à procéder par voie de génération, le Saint-Esprit, dans la Trinité n'est ni le seul à être un esprit saint, ni le seul à être amour ou à être donné. L'usage seul a liait que ces divers noms lui soient appliqués en propre^. Cela ne veut pas dire qu'ils sont de pures étiquettes, sans fondement dans la Personne à laquelle elles sont appliquées. Le Saint-Esprit est saint et principe de sanctification et amoiir, tout aussi réellement que le Père est père et que le Fils est fils ; chacune des propriétés d'où dérivent ces mots est vraiment sienne et s'identifie même avec sa personne. On peut donc la caractériser par là, l'opposer de (1) Petau, Dogmala théologien, De Trinitate, 1. VIII, cp. 6, n° 7. (2) P. DE RÉGNON, Éludes posilives sur la Trinité, t. IV, p. 313. — Voir p. 526 sq. les critiques du P. de Régnon sur la théorie de Petau. (3) Voir dans la Somme théologique, la qu. 36, a. 1, c. ; qu. 27, a. 4, ad 2» ; qu. 28, a 4, c ; qu. 37, a. 1 ; qu, 38, a. 1, ad 2«' et 3™ ; a. 2. ESPRIT, VERTU SANCTIFICATRICE 245- ce chef à tout être qui\ne possède point ces mêmes propriétés, arguer par exemple de son nom de saint et de sanctificateur pour établir sa. divinité à l'encontre des êtres qui ne possèdent point également en propre la sainteté, tout co^mme du nom de Fils on déduit la divinité du. Verbe par opposition aux créatures. Toutefois les noms de la troisième Personne ne lui conviennent pas aussi exclusivement que ceux de la. seconde et de la première. Telle est la conclusion à laquelle aboutissait saint Thomas lorsqu'il interprétait les Pères grecs. Il faut se demander, de plus, si les Pères grecs et nommément Cyrille d'Alexandrie en présentant le pouvoir sanctificateur comme appartenant en propre au Saint-Esprit ont prétendu nous y faire reconnaître le trait qui' le distingue réellement du Père et du Fils : à cette condition seulement, on pourrait discerner chez lui la pensée du rôle vraiment et exclusivement personnel qu'on croit lui devoir attribuer. Or il a présenté le pouvoir- sanctificateur du Saint-Esprit, comme lui étant commun aVec le Père et le Fils. Interprétet autrement les textes de l'évêque d'Alexandrie serait se tromper grossièrement et prendre ce qui distingue le Saint-Esprit • des créatures pour ce qui le distingue des autres personnes divines. Ici encore, nous n'avons pour le prouver qu'à suivre pas à pas l'analyser textuelle instituée par le P. Galtier ; elle est aussi minutieuse que ^ convaincante^. C'est pour l'opposer aux agents de sanctification créés, que Cyrille- applique au Saint-Esprit l'expression, agent personnel' de, sanctification (aÙToupyov,... aÙTOupyeïv). Anges ou prophètes n'ont point d'eux- mêmes et en eux-mêmes le pouvoir de se sanctifier ; quand ils en reçoivent la mission, ils ne peuvent donc communiquer qu'une sainteté reçue du. dehors, par participation (ë^coôev, .... 'èx [zetox^ç). Tel serait aussi, d'après les hérétiques, le pouvoir de sanctifier à reconnaître au Saint- Esprit^. Celui-ci n'aurait point ce pouvoir de lui-même et par nature,, mais seulement par participation, â la manière par exemple dont un vase de métal tient du feu le pouvoir de réchauffer ; rempli lui-même de sainteté par Dieu, il en ferait part ensuite aux créatures^. Le nom de saint né serait point pour lui un nom d'essence mais de fonction*. Cyrille se récrie car ce serait dire que la sanctification dans l'économie nouvelle,, comme la loi dans l'économie ancienne, nous viendrait par une créature^. (1) Cfr. P. Galtier, Vhabilalion en nous des trois personnes, p. 59 sq. (2) Trésor, 34, P. G. 75, 581 D. (3) Trésor, 34, P. G. 75, 593 A. (4) AetToupY^aç [xàXXov ^Trep oùotaç èarai. 07)[ji,avTixov Touvofjia aÙTtï», xal où xl èoxt- xarà fùaiv èx toutou jjtav0àvo[j,sv, àXX' ô xi TÉTaxTai Trotetv. P. G. 75, 596 D. (5) 'Ayiâ^ov xal évouv •^[J.aç éauTqi 8tà TÎjç 7rp6ç cc^xb auvaçelaç, 6e[aç te ç\icretùç.. àTTOTeXouv xoivtùvoiiç. P. G. 75, 597 C. 246 PNEUMATOLOGIE L'expression (aÙTOupyov, aÙTOupyetv) relevée par Petau ne trahit aucune opposition du Saint-Esprit aux autres Personnes ; dans un autre passage du Commentaire de saint Jean, elle est même appliquée également au Fils : bien que le Verbe incarné, se sanctifie, comme homme, dans l'Esprit, ce n'est point un autre que lui, c'est lui-même qui travaille par lui-même à la sancti- fication de sa chair^. Cette sanctification est même rattachée au Père ; l'idée d'un sanctifi- cateur intermédiaire entre lui et les êtres créés est une invention de l'hérésie^. ' Être sanctifié par l'Esprit c'est l'être par le Fils et par le Père en personne. Le pouvoir sanctificateur lui appartient bien en propre, mais il ne se distingue par là que des sanctificateurs créés. A ce point de vue, il n'y a entre le Saint-Esprit et le Fils ou le Père aucune différence réelle ; la sainteté qu'il communique n'est point un bien de personne mais un trait de son essence. Aussi Cyrille en tire-t-il une preuve facile et irréfutable de sa divinité. Contre les hérétiques qui ne reconnaissent au Saint-Esprit qu'un pouvoir de sanctification reçu, comme chez tous les êtres créés, par investissement du dehors, il pose en thèse que, loin d'être saint, comme nous, êx [xsTOX^ç T% Tou 0eou HaTpoç, il l'est, au contraire, par nature et substantiellement, cpiiaei xal oùaiœSwç^. Pour le prouver, il demande à ses adversaires d'indiquer quelle peut bien être sa nature propre, si la sainteté n'est chez lui qu'un accident survenu du dehors. Ce qui est saint par participation est comme un vase qui reçoit une sainteté adventice. •C'est donc d'abord autre chose en soi-même et dans sa propre nature : ainsi de l'homme, de l'ange et de la créature raisonnable en général, A eux donc, puisqu'ils ne craignent pas d'attribuer à l'Esprit une sainteté reçue de Dieu le Père par participation et non point par nature, de dire ce qu'il est en lui-même et pour sa part (t^ ttot' àpa xa6* èauxb xal tSta^évTCùç èaxtv). Mais nous avons la réponse des Écritures : de lui elles disent uniquement qu'il est saint. Ce n'est donc point par participation ou par com- position (oôk SX (jLeT0X7)ç, oùSè êx ouv0éaecoç) qu'il est saint ; il est essence et natur©. sanctificatrice, qualité, si j'ose ainsi parler, de la divinité du Père, tout comme la douceur l'est du miel ou le parfum de la fleur*. Notre théologien a uniquement en vue ce qui met le Saint-Esprit à (1) Sur saint Jean XI, 1°, P. G. 74, 548 B : aùxoupyouvToç Se (jiàXXov éauTtp 7up6ç oi.yicca[ibv tt]? ISiaç aapxoç. On trouvera dans C. Boyer, De Graîia Divina, Rome, 1927, p. 137 à 141 d'utiles précisions sur l'inhabitation du Saint-Esprit dans l'âme du juste. (2) Trésor, 34, P. G. 75, 597 A. (3) Trésor, P. G. 75, 593 A. (4) Trésor, P. G. 75, 593 D-596 A. ESPRIT, VERTU SANCTIFICATRICE 24T part des êtres créés qualifiés également de saints et nullement ce qui le distingue du Père ou du Fils. L'Écriture en donnant constamment à l'Esprit le nom de saint ne désigne point parla, comme l'ont rêvé ces inconsidérés, un de ses accidents. Non : elle nous montre- ce qu'il est par nature, comme ferait celui qui, voulant donner la définition de l'homme etindiquer ce qu'il est par essence, dirait : animal raisonnable, mortel... Concluons donc : s'il est saint par nature {xaxà cpiiaiv), ce n'est pas dii dehors que lui vient d'être tel ; c'est lui, au contraire, qui, étant vertu naturelle (èvépyeia çuaix^rj), vivante et sub- sistante (èvu7u6aTaToç), de l'essence divine, donne à la" créature sa perfection en la sanctifiant et la rendant participante de lui-même^. Cyrille en donnant une expression négative à sa doctrine, va rattacher plus étroitement encore le pouvoir de sanctifier à la nature et par suite nier plus nettement que ce pouvoir soit d'ordre strictement personnel. Si l'Esprit n'est saint que par participation, son nom, au lieu de signifier son essence (oùatav), signifierait plutôt sa fonction ; nous n'apprendricnê point par lui ce • qu'il est dans sa nature (xaxà çiiaiv), mais ce qu'il ia reçu mission d'accomplir. Selon son essence {xcct oùatav), il serait autre chose .que saint, et sa vertu propre serait autre que la vertu sanctificatrice, ajoutée, prétendent-ils (à sa nature)*. D'ailleurs, Cyrille revendique également pour le Fils le pouvoir de sanctifier.; il l'appelle saint substantiellement^. Saint par nature il appartient au Fils de sanctifier*. Les hérétiques sont mis en demeure de prouver, pour le Fils comme pour l'Esprit, que sa sanctification est seulement un don qui lui a été fait^ et qu'elle lui est venue par participa- tion^. Mais les hérétiques ne pourront rien démontrer en ce sens ; car le Fils possède la sanctification en propre parce qu'il a en lui la nature divine, . qu'il en est le fruit et que la sanctification appartient en propre à la nature qui l'a engendré'. C'est la divinité qui possède en propre "la sanctification ; si l'Esprit le manifeste et le communique, c'est qu'il est saint dans sa nature^. Il en est pour l'Esprit du pouvoir de sanctifier comme de celui de (1) Trésor, P. G. 75, 596 B-C. (2) Trésor, P. G. 75, 596 D. (3) OùaiœScoç UTrdcpxtov ooçta, zal ^(ù^... ôcioç, dcyioç, àyaôéç. Sur saint Jean, XI, 7, P. G., 74, 497 D-500 A. (4) "AYtàÇet yàp OLÙxoQ, &ywq civ xaTà çiicfiv. Sur la Trinité, 6, P. G. 75, 1017 B. — 'Aylaî^EL y] àXY)0eta, TOÙTécrTtv ô TJoç. Contre Neslorius, 4, 2, P. G. 76, 180 B. (5) EI'top sotIv èv Ttcp t6 r)Y!.âc0ai Sot6v. Sur la Trinité, 6, P. G. 75, 1020 A. (6) 'Ev (JieGéÇet yéyovev àyiaofxou. Sur la Trinité, P. G. 75, 1017 D. (7) "EveaTi yàp (ô àytao(jL6ç) Tf) àXigôûç Getq: te xal ÛTcèp TràvTa cp\iaei, ^q ÈTcemep éaxl xapTTOç ô A6yoç, sÇei Sy) tuou TràvTCùç wç l'Siov èv èauxùi TÎjç tskoùotiç aÙTOv cçiûasac, t6v àytaafxov. P. G. 75, 1008 D. (8) "IStov OeoTirjToç ô àyiaG(j,ôç, o5 t6 Ilveijfxa SeiXTixov • "Aytov yàp xaxà (f^aiv. P. G. 75, 1009 D. '248 PNEUMATOLOGIE commuriiquer la Vérité ou de rendre sage. Sage par nature et non point par participation parce qu'il est l'Esprit de la Sagesse, il garde en lui la totalité de l'opération du Fils et manifeste dans sa propre nature celle où il a son origine ; il est également saint par .nature parce qu'il est du Père saint. Il est saint en tant que « qualité naturelle de la divinité sainte, qui : se découvre en lui tout comme dans le Père et dans le Fils^ ». Sa commu- nauté de nature avec les deux autres Personnes le rend essentiellement • saint et lui permet de communiquer la sanctification divine, en se communiquant lui-mêm« : Dieu, en effet, étant saint par nature, l'Esprit se trouve (aussi) substantiellement saint, et (voilà pourquoi) on peut entrer par lui et en lui en participation du Dieu sainte Ce dernier texte ne contredit pas la thèse fondamentale que le pouvoir • de sanctifier appartient essentiellement à l'Esprit. Cyrille se pose l'objec- tion suivante à lui-même et y répond victorieusement. La sanctification ne lui appartient donc pas en propre (où/ (oç 'iSiov) ; elle lui est conférée et il la confère à la créature de la part de Dieu ^. Non, va répondre le docteur alexandrin,. D'avoir la sainteté du Fils et du Père et de ne l'avoir qu'en vertu de sa procession, ne fait poi|it que cette sainteté lui appartienne moins en propre ou qu'il l'ait, lui aussi, par participation : c'est au contraire la preuve que cette sainteté est aussi essentielle au Saint-Esprit qu'aux deux autres personnes. Celui qui est du Fils, dans le Fils et le propre du Fils (èÇ aùxou te xal èv aùrco xal l'Stov aÙToG), comment pourrait-il donc le recevoir par participation ? Sanctifié à la . manière de ceux qui sont hors de lui, il serait étranger par nature à celui dont il est appelé le propre*. Tout comme le Fils, parce qu'il est consubstantiel à Dieu le Père et en est le Verbe, manifeste sa pensée (xà aÙToGXaXet)... et n'a pas d'autre vouloir que le sien, ... de même pour le Saint-Esprit à l'égard du Fils. Il manifeste la pensée du Christ (xà XptaTOU XaXeT),,parce qu'il est son Esprit et que, pfir suite de leur complète identité de nature, il a la même pensée et la même parole. Il est donc saint, non point par participation ou en vertu d'une relation au Fils purement extrinsèque, mais par nature et en vérité, parce qu'il est son Esprits Au lieu d'être pour lui une espèce de titre de gloire ou de supériorité, comme le sont pour ses créatures les noms de Principauté, de Trône ou de Domination, son nom de Saint exprime plutôt ce qu'on pourrait appeler sa qualité substantielle (oEovet ttjç (1) Oîovet Tiç TcoioTVjç 9uai.X7) tîjç àyfaç te xal aoçTJç GEéTi^TOç, t^ç coç èv lïaxpl xal Tlqi voou(jt,év7]ç (oÛTCo), xal (èv) aôrco xc^ IIvEtifiaTt. P. G. 75, 1012 C. (2) Sur la Trinité, 7, P. G. 75, 1120 A. (3) Sur la Trinité, 7, P. G. 75, 1120 B-C. (4) Ibidem, P. G. 75, 1120 G. (5) Ibidem, P. G. 75, 1121 A. ESPRIT, VERTU SANCTIFICATRICE 249r^ oôoi({)Souç TcoiéTYjToç SeiXTtx6v), tout comme le fait pour le Père celui de Père et pour le Fils celui de Fils^. Ces derniers mots cités n'insinueraieii,t-ils pas que la sainteté, tout comme la paternité et la filiation, constitue un véritable trait de personne ? Si l'on suit attentivement l4 raisonnement dans lequel s'insère- ce rapprochement, si l'on ne perd point de vue le but et les adversaires qui sont visés, l'objection ne peut pas même se poser. Cyrille dans le passage précédemment cité ne fait aucune allusion à ce qui constitue les Personnes en tant que telles ou à ce qui le^ distingue les unes des autres ; il ne songe qu'à écarter le sens figuré des noms qui servent à les désigner. Le Saint- Esprit possède bien de lui-même la sainteté qu'il communique. De même que les Ariens appelaient le Verbe, fds, mais en ne donnant à ce mot qu'un sens diminué et métaphorique, ainsi serait-ce une erreur de donner à la troisième Personne le nom de saint avec une Valeur seulement relative.. De même qu'il est absurde et insensé de nommer homme celui qui est homme- véritablement et de concevoir autre chose à côté, ainsi est-il de la dernière sottise d'appeler saint le Saint-Esprit et de ne pas l'honorer comme saint par nature mais de le rejeter violemment hors de sa place dans une autre nature... Et comme la marque delà dernière ineptie serait de donner à Dieu lé nom de Père et de penser qu'il ne l'est pas, ou de nommer Fils le Fils et de dire qu'il ne l'est pas, comment excuser l'ignorance de ceux qui osent dépouiller de la sainteté naturelle celui qui est par nature et véritable- ment le Saint-Esprit ? ^ La conclusion qui termine la, démonstration est d'une remarquable, précision. Si donc Dieu est saint par nature, et si l'Esprit que nous voyons être de lui et en lui est saint (également) par lui-même, d'où pourrait bien venir entre eux une distinc- tion quelconque — quant à l'essence bien entendu ? ^ La sainteté de l'Esprit envisagée dans cette discussion est uniquement la sainteté propre à l'essence divine et commune aux trois Personnes. Pour discerner ce qui les distingue et ce qui appartient en propre à chacune d'elles, Cyrille n'a égard qu'à ce en quoi se manifeste leur manière d'être particulière (ô tyjç UTtàp^eoiç TpoTcoç), c'est-à-dire à leur hypostase ou à leur relation. Aussi ne relevant plus alors dans le nom de la troisième Personne le trait de sa sainteté, notre théologien n'en retient que ce qui insinue un rapport entre elle et les deux autres. Le P. Galtier, à la fm de cette discussion magistralement menée, cite un dernier texte où l'on peut noter combien reste vague et indéterminée,. (1) Dialogue VII sur la sainle Trinilé, P. G. 75, 1121 B. (2) Ibidem, P. G. 75, 1121 B. (3) Tiç aveï-t] Xoitcov ô t7)ç èTepoTTjToç TpoTcoç, 97)[xi. 8s T7)ç xaT'oùoiav, P. G. 75, 1121 G. ' . . 250 PNEUMATOLOGIE par comparaison surtout avec celle du Père et du Fils, la manière d'exister (ô T% uTràp^scoç TpoTToç) attribuée au Saint-Esprit. Son mode propre de procession n'est désigné par aucun nom spécial. La relation, d'où vient à la troisième personne son hypostase propre n'apparaît que dans le fait d'être de l'Esprit du Père et de l'Esprit du Fils. Ainsi, avait-on établi la personnalité du Verbe ; par le fait même qu'il était Verbe du Père, il ne pouvait pas être le Père lui-même. Le mot Père montre qu'il a engendré ; le mot Fils montre qu'il a été engendré. De /même pour le nom donné à l'Esprit : oij y peut voir qu'il a son origine en Dieu le Père • (êaxtv ÈK Tou naTp6ç) et qu'il appartient aussi en propre au Fils (ÏStov xal aÙTou tou Tloû), à la manière — sauf l'hypostase et la vraie subsistance — dont nous appar- tient à nous, hommes, notre esprit^. Il reste, après tout cela, une question toujours pendante : si le pouvoir -de sanctifier appartient également aux trois Personnes d'où vient que ce pouvoir ne puisse s'exercer que dans le Saint-Esprit? Le fait que le Verbe, lors même qu'il sanctifie par la communication de sa personne, ne sanctifie néanmoins que dans et par le Saint-Esprit, n'est-il pas la preuve que celui-ci possède en propre quelque chose de spécialement ordonné . à la sanctification ? Cyrille s'était fait poser précisément cette question à propos du Verbe et de son Père. Notre docteur venait d'expliquer que le Fils étant saint par nature, en tant que Dieu, s'est sanctifié comme nous en tant qu'homme, en oignant lui-même son temple de son Esprit. — Mais alors, objecte-t-on, pourquoi attribue-t-on au Père sa sanctification?^ «Parce que répond simplement Cyrille, tout est du Père par le Fils, dans le Saint-Esprit. » En d'autres termes, il en est de la sanctification comme des autres > opérations divines ; il n'y a pas à distinguer entre elles, car elles , s'accomplissent suivant la même loi ; le fait qu'il n'y ait de sanctification que dans l'Esprit n'implique pas qu'il soit plus spécialement ordonné à cette œuvre que ne le sont le Père et le Fils. Que ces opérations qui ont leur principe dans le Père ne s'accomplissent que par le Fils et n'aboutissent au dehors que dans le Saint-Esprit, c'est le mystère de l'activité divine en elle-même, non point de la manière dont son influence nous atteint. Remarquons d'ailleurs, en passant, que toutes les opérations divines, précisément parce qu'elles s'accomplissent suivant la même loi, servent également à prouver la divinité du Saint-Esprit. Dans son Trésor (assert. .34) Cyrille raisonne pour chacune des oeuvres de Dieu ou du Christ comme il le fait pour celle de la sanctification. Puisque par l'Esprit, le Christ donne (1) P. G. 75, 1092 B. . (2) nûç oîiv ô Tl(xrr\p aùrov àyiâ.aoi.1 XéyeTai ; Sur la Trinité, 6, P. G. 75, 1017 A-B. GRACE CRÉÉE 251 •des lois^, délivre de la servitude^, fait des miracles^, remet les péchés*, -vivifie^, renouvelle la créature*, manifeste l'intime de Dieu', distribue ses dons^, crée^, expulse les démons, c'est que l'Esprit, tout comme le Père et leFils^'^,abien la nature divine. De tout ce que nous venons dédire, il ressort que Cyrille est totalement étranger à la conception qui lui a été prêtée par Petau d'une intervention du Saint-Esprit dans nos âmes lui appartenant à titre personnel et lui demeurant exclusivement propre. ■ , Dire qu'il nous sanctifie directement et immédiatement par 'Grâce créée ^ . \ , , ,, . . ,, . Lm-meme, ce n est pas repousser 1 existence d une grâce que la théologie postérieure appellera « grâce créée », mais c'est admettre en ■ même temps que la présence de Dieu ou du Saint-Esprit (grâce incréée d'après le vocabulaire de la théologie plus moderne), une transformation •de l'âme elle-même par le fait de cette présence ; et c'est précisément ce que les théologiens dans la suite appelleront la « grâce créée ». Cyrille ne se sert pas de cette terminologie, mais il admet la réalité que cette termi- nologie exprime. Si on le faisait discuter avec les théologiens qui vinrent après lui, il n'admettrait pas que le Saint-Esprit soit «cause formelle» de la sancti- fication ou de l'adoption ; et cependant, il ne concéderait pas que le Saint-Esprit produise seulement les dons des justes. En plus des dons, jnous dit-il, le Saint-Esprit s'imprime lui-même, en sorte que l'homme n'est pas seulement image de la grâce mais image de Dieu. Toutefois, il ne faut pas faire tenir à Cyrille ce qu'il ne dit pas : l'on voit bien d'après le contexte que ce n'est pas une théorie sur la grâce incréée et la grâce créée qu'il veut exposer, ni une habitation divine, propriété exclusive du Saint-Esprit, dont il veut parler. Ce ,. qu'il veut prouver, c'est purement et simplement la divinité du Saint-Esprit, d'après le fait que nous sommes déifiés par sa réception. Si le Saint-Esprit n'était pas Dieu Lui-même, mais la créature nous communiquant quelque forme créée, nous serions les images de cette forme (images de la grâce) et jion images de Dieu ; mais si le Saint-Esprit est vraiment Dieu, nous communiquant .sa forme, sa ressemblance, il nous fait semblables à Dieu, images de Dieu ; en cela, (1) Trésor, ass. 34, P. G. 75, 600 D. (2) Ibidem, 601 B. (3) Ibidem, 604 B. (4) Ibidem, 604 G. (5) Ibidem, 605 B-C. (6) Ibidem, 608 A-B. (7) Ibidem, 612 D-613 B. (8) Ibidem, 613 B. (9) Ibidem, 616 G. .(10) Ibidem, 116 D. 252 PNEUMATOLOGIE toutefois, il n'y a rien. qui ne soit tout à fait cohérent avec notre doctrine ; en eiïet^. par le nom de la grâce, nous voulons dire la similitude même de Dieu imprimée en nous par le Saint-Esprit, et la relation à lui, à savoir par participation^. En tenant compte de l'ensemble des textes, il faut affirmer d'une part la présence du Saint-Esprit lui-même dans l'âme et d'autre part une autre * réalité « qualité » de l'âme, distincte mais inséparable de la « grâce incréée ».- En un certain sens, l'Esprit-Saint est lui-même la « forme » de notre divinisation, car tout intermédiaire créé, séparable de la grâce incréée est superflu. Basile l'avait déjà noté. D'autre part, comme il est impossible d'identifier toutes les conséquences de notre sanctification avec la personne même de l'Esprit divin, il est impossible que cet Esprit soit une « forme », . une «qualité», un habitas, s^iç de notre âme. Voilà pourquoi on peut raisonnablement conclure que Cyrille admet, à côté de la grâce incréée du Saint-Esprit substantiellement présent dans le chrétien, une grâce, créée, inséparable mais distincte de la première^. Activité ^^ Saint-Esprit, disionsrnous, habite par sa substance du Saint-Esprit dans l'âme juste et il y agit directement par sa substance ans ame ^^ ^^^ seulement par sa vertu (svspyeia). Il' y agit par- simple présence et son acte de présence suffit à transformer l'âme et par- l'âme le corps. Pour que notre âme soit enrichie de la présence de Dieu, il ne suffît pas que nous- recevions un Esprit étranger à la divinité et substantiellement distinct d'elle : il faut que ce soit son propre Esprit^. Cette même puissance sanctificatrice (Sévotfxiv àytaaTixïjv), qui procède physi- quement du Père, qui perfectionne les imparfaits, nous disions qu'elle est l'Esprit- Saint. Il est superflu d'imaginer que la créature soitsanctifiéepar quelque intermédiaire (Sià [xéaou Tivôç), puisque la philanthropie de Dieu ne dédaigne pas de se pencher- jusqu'aux plus petits des êtres et de les sanctifier par le Saint-Esprit, tous étant son œuvre... Si l'Esprit-Saint n'opère pas en nous par Lui-même (oC)x aùxoopYeï), s'il, n'est pas par nature ce que nous entendons (de lui), si c'est par participation (iETOxixûç x«l(zeTci:X7j7TTtxtùç qu'il est rempli de sainteté de la part de l'essence divine, et s'il ne fait que nous transmettre (èxTïéfZTret) la grâce qui lui a été donnée, il est matiifeste que la grâce du Saint-Esprit nous est administrée par une créature, ce qui (!) De Triniîale, dial. 7, P. G. 74, 1090. (2) Voir les textes du Trésor, ass. 33, P. G. 75, 597 A-C et surtout du VII<^ dialogue sur la Trinité, cité plus bas, P. G. 75, 1088 B-1089 G. Le P. Mahé en commentant ce dernier passage écrit : « Ce que Cyrille repousse ici, c'est une grâce qui serait distincte et séparée du Saint-Esprit.)) Cf. J. Mahé, La sanclificalion d'après saint Cyrille d'Alexandrie, loc. cit., p. 485. — Nous pouvons noter aussi, avec J. Gross, que dans le texte du Commcnlaire de VÉpître aux Romains, III, 21, P. G. 74, 780 A où il est parlé d'vme « grâce justifiante )> (Sixaiouaa x°'P''Ç)j l'expression paraît désigner l'ensemble- des dons divins qui opèrent la justification. (3) Dialogue VU sur la Trinité, P. G. 75, 1093 A. ACTIVITÉ DU SAINT-ESPRIT DANS l'AME 253 îi'est pas vrai. Car, par Moïse ou par les anges est la Loi ; par notre Sauveur, au •contraire, la grâce et la vérité. C'est donc par lui-même que l'Esprit-Saint agit en nous, aÙTOupyàv àpa Ta Ilveufjia èv i][ûv, nous sanctifiant vraiment, nous unissant à Lui par le contact avec Lui (évouv ^[aôcç lauTqi Sià tt]? Tupàç aùxà auvaçs^aç) et nous ren- dant participants de la nature divine^. Nous lisons une doctrine plus explicite encore que ce texte tiré du Trésor, dans des passages à^ Commentaire sur saint Jean. Nous devenons participants de la nature divine et pour cela, nous sommes dits nés •de Dieu et appelés dieux. Ce n'est pas seulement par la grâce (oô X'^P''''^' (j!.6vov) que Jious sommes élevés à cette grâce surnaturelle ; c'est que nous possédons Dieu habitant •et demeurant en nous... Nous sommes les temples de Dieu selon saint Paul, parce que le Christ habite en nous^. Il y avait dans les saints Prophètes une très riche illumination du Saiiit-Esprit, qui les rendait capables de prévoir l'avenir et de conneiître les choses cachées. Mais dans les fidèles du Christ, il n'y a pas seulement cette illumination du Saint-Esprit, c'est l'Esprit Lui-même, nous ne craignons pas de l'afllrmer, qui habite et séjourne en jious^. A. Ne disons-nous pas que sur terre l'homme a été fabriqué à l'image de Dieu ? B. Assurément. A. Ce qui nous confère l'image divine et nous imprime, à l'instar d'un sceau, la beauté supraterrestre (t6 ÛTcepx6op,iov xàXXoç), n'est-ce paë l'Esprit? B. Mais non comme Dieu, dit-il, comme ministre de la grâce divine seulement. A. Ce n'est donc pas lui-même, mais la grâce qui, par lui, nous est imprimée ? B. Cela me paraît vrai. A. Il semblait donc appelerl'homme image de la grâce plutôt qu'image de Dieu... — ■ Mais lorsqu'il a été établi dans l'être, il a été formé semblable à Dieu, le souffle de vie lui ayant été insufflé. Après avoir perdu sa sainteté..., il n'a pas été rappelé à la beauté primitive et antique d'une autre façon qu'au début. Le Christ, en effet, souffla sur les saints apôtres en disant : « Recevez l'Esprit-Saint »... Si la grâce conférée par lui était séparée de l'essence de l 'Esprit, pourquoi le bienheureux Moïse ne dit-il pas clairement qu'après avoir produit l'être vivant, le démiurge de l'univers lui a insufflé la grâce par le souffle de vie ? Et le Christ (pourquoi ne nous dit-il pas) à nous : Recevez la grâce par le ministère du Saint-Esprit ? Or, le premier jiit : Souffle de vie ; c'est que la nature de la déité est vie véritable ; s'il est vrai qu'en elle nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes. La voix du Sauveur dit à son tour : Esprit-Saint ; ce même Esprit qu'il fait en vérité habiter et qu'il introduit dans les âmes des croyants, par qui et en qui il les change ■dans la forme primitive, c'est-à-dire en Lui, en sa propre ressemblance au moyen de la sanctification, nous renouvelant de la sorte vers l'archétype de l'image, savoir le -caractère du Père, ... le Fils. Mais la similitude (ô[xotcocnç) |)arfaite et physique du Fils est l'Esprit. Configurés à celui-ci par la sanctification, nous sommes façonnés à l'exemple de laforme ([zopçif)) même de Dieu. Voilà ce que nous enseigne la parole de l'Apôtre : «Mes enfants, s'écrie-t-il, que j'engendre de nouveau jusqu'à ce que soit formé le Christ en vous ». Or, il est formé par l'Esprit qui, par lui-même, nous restaure selon Dieu. Puis donc qiie nous sommes formés selon le Christ, que lui-même est bien (1) Trésor, ass. 33, P. G. 75, 579 A-C. (2) Sur saint Jean, I, 13, P. G. 73, 157 B. (3) Sur saint Jean, VII, 39, P. G. 73, 757 A-B. 254 PNEUMATOLOGIE gravé et reproduit en nous par l'Esprit, comme par quelqu'un qui lui est physiquement, semblable (ùç Si' ôtiotou çuatxûiç toG TTvetStJLaToç) , l'Esprit est Dieu, lui qui rend sem- blable à Dieu, non comme par une grâce ministérielle, mais comme en se donnant lui-même^ au juste en participation de la nature divine. B. Je n'ai rien à reprendre à ce qui vient d'être dit. A. Nous sommes appelés et nous sommes temples de Dieu et même dieux. Pourquoi donc ? Interroge les adversaires, si effectivement, nous ne participons qu'à une grâce- nue et privée d'hypostase (eÏTcep è(J[xèv (kXr\Q&ç (|;tX7Jç xal àvuTCOCTTdcTOu X(i«ptTO<; (iSTOxoi)? Mais il n'en est pas ainsi. Car nous sommes des temples de l'Esprit qui existe et subsiste ; à cause de lui, nous sommes également appelés dieux, en tant que, par- notre union à Lui, nous sommes entrés en communion avec la divine et ineffable nature. Si l'Esprit qui nous dcilie (0EO7i;oioijv) par lui-même est vraiment étranger et séparé quant à l'essence de la nature divine, nous avons été frustrés de notre espérance, nous parant de je ne sais quelle vaine gloire. Comment seriens-nous alors encore des- dieux et des temples de Dieu, d'après l'Écriture, par l'Esprit qui est en nous ? Car ce qui est privé d'être Dieu, comment conférerait-il cette qualité à d'autres ? Mais nous sommes réellement des temples et des dieux... L'Esprit divin n'est donc pas d'une essence différente de celle de Dieu (èTepoiiCTtov irpàç Qeàv)^. Tous ces textes montrent bien que le Saint-Esprit est Dieu, qu'il habite par sa substance dans l'âme juste, qu'il y agit non pas seulemeiit comme de loin et par intermédiaire, par sa vertu, mais directement et immédiatement, en personne, par sa présence substantielle. Cyrille n'insiste pas seu.ement sur la présence substantielle en nous de l'Esprit divin, mais sur le fait que l 'Esprit-Saint est l'Esprit du Fils et l'Esprit du Père. Le Fils est l'image de son Père et, dans un certain sens, Cyrille l'indique dans d'autres passages, il doit imiter son Père dans sa Paternité même. Le Fils Incarné, en un certain sens, deviendra donc Père à son tour ; non point Père de celui dont II est le Fils, naais Père par l'amour des hommes, Père par rapport h ceux qui deviendront ses enfants : c'est la génération spirituelle de l'apostolat, qui fait enfanter d'autres Christs^. (1) J. Gross auquel j'emprunte la traduction de ce passage fait remarquer très justement qiie le éaurtp du texte doit ici de toute évidence être changé en éauTO. (2) Dialogue Vil sur la Trinité, P. G. 75, 1088 B-1089 D. Cf. P. G. 76, 905 A. (3) Cfr. quelques textes suggestifs sur la paternité sacerdotale ou spirituelle au début de notre note suTrargumenlalion paîrisiique, p. 455 sq, à la fin de ce volume. L'apôtre enfante spirituellement des fils par l'éducation religieuse et la prédication : ' « Mes enfants, que j'engendre de nouveau jusqu'à ce que soit formé le Christ en vous ». Arrivé à la stature de l'homme parfait, le chrétien est capable de transmettre le aTtÉpfxa Toij 0SOU. A propos de l'esprit paternel du Christ, on cite quelquefois ce texte de saint Augustin, Tractatus 75 : c Post promissionem Spiritus Sancti, ne quisquam putaret, quod ita eum Dominus daturus fuerit velut pro seipso, ut non et ipse cum eis esset futurus, adjecit atque ait : Non relinquam vos orphanos, veniam ad vos. Quamvis ergo nos l^ilius Dei suo Patri adoptaverit filios, et eumdem Patrem nos voluerit habere per gratiam, qui ejus Pater est per naturam : tamen etiam ipse circa nos paternum. affectum quodammodo demonstrat, cum dicit : Non relinquam vos orphanos ». LE BAPTÊME 255 L'Esprit-Saint est don.c le terme et comme le résumé de la Trinité. L'Esprit-Saiiit Vient habiter dans l'âme des fidèles, il y installera l'Esprit filial qui fait dire : Abba, Père, esprit de respect, de confiance et d'amour par rapport au Père qui est dans les cieux. En même temps, il installera dans l'âme un esprit paternel et apostolique, celui qui nous rend parfaits comme le Père céleste est parfait, un esprit de génération spirituelle, celui qui faisait dire à saint Paul : « Mes enfants, que j'engendre de nouveau jusqu'à ce que soit formé le Christ en vous », celui qui doit animer l'évêque dans son Église, celui qui anime l'Église elle-mêmte, véritable mère, elle qui nourrit les bons et les méchants^ et qui engendre les âmes à la vie spirituelle par le baptême. Le Baptême Par le baptême, disons-le en terminant. Dieu vient habiter l'âme et transfigure iiotre nature. L'âme est revêtue d'une beauté extraordinaire, d'une dignité «au-dessus de la créature »^. L'Esprit-Saint «parla sancti- fication et la justice » introduit en nous une certaine conformation divine {deiccj Tivà (xopçcùoriv)^ ; il nous imprime un sceau* ; il nous fait passer à un autre état (etç etépav Ttvà (ji.e0iCTTY]criv ëÇiv)^. Il nous rend conformes au Christ, savoir par la qualité qui est dans la sanctification (Sià TÎîç sv àyiaorfi.^ 7roi,6T7}Toç)^ ; le Christ est «gravé et reproduit en nous »'. Et ainsi, nous retrouvons cette affirmation que nous avions déjà notée : la reproduction du Christ en nous par une sorte de modelage intérieur et extérieur. Si le chrétien peut imiter les exemples extérieurs du Christ, son amour de Dieu le Père et son amour des hommes, son esprit filial et son esprit apostolique, c'est parce que le Saint-Esprit est présent en lui d'une présence qui le sanctifie en le transformant, intimement, moralement, ontologiquement, sans panthéisme, en Dieu même. Le Christ est formé en nous en vertu d'une forme divine que le Saint-Esprit nous Infuse par la sanctification et la justice s. (1) Sur Isaïe, 54, 1-3; 60, 13-14; 63, 19; P. G. 70, 1195, 1337, 1397; P. G. 71, 120, 92 sq. (2) Cf. Dial. 1 sur la Trinité, P. G. 75, 676 B. (3) Sur Isaïe, 44, 21-22 ; P. G. 70, 936 B ; Dialogue VI sur la Trinité, P. G. 75, 1013 D. (4) Sur la vraie foi aux Reines, or. II, P. G. 78, 1384 D. (5) Sur saint Jean, XVI, 6-7, P. G. 74, 433 C,-D. (6) Hom. pasc, X, P. G. 77, 617 D ; Sur Isaïe, LXVI, 18-19, P. G. 70, 1445 C. (7) Dialogue VII sur la Trinité, P. G. 45, 1088 B-1089 D. (8) Sur Isaïe, P. G. 70, 936. 256 PNEUMATOLOGIE Ainsi le Christ ava,it achevé son, œuvre terrestre ; mais il fallait nous rendre parti- cipants de la nature divine du Verbe, et changer totalement notre vulgarité pour prendre la tenue du royaume céleste : ce qui ne pouvait se faire que par la participation de l'Esprit. Le moment favorable à cette descente de l'Esprit était bien celui qui suivit le départ du Christ Sauveur. Quand II vivait corporellement avec ses fidèles, le Sauveur, sans doute, leur paraissait le distributeur d,e tous les biens. Mî^is ayant dû remonter vers son Père, ne devait-il pas rester par l'Esprit avec ses stdorateurs, et être présent -en nos cœurs par la foi, afin que le possédant en nous, nous puissions crier avec confiance « Abba Père », et courir aisément à toute vertu et nous montrer invincibles aux tentations du diable et au mépris des hommes, ayant toute force en l'Esprit^ ?.,, De même qu'au commencement l'homme avait été fait à l'image de son créateur, ^insi maintenant, pgr la participation de l'Esprit, il est refait à l'image de son propre artisan. Que ce soit la forme du Sauveur que l'Esprit imprime dans les âmes qui le reçoivent, comment en douter après ces paroles que Paul adressait à ceux que leur lâcheté a v£^it fa it retomber aux observances légales : « Mes petits enfants que j 'engendre à nouveau jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous ». Le Christ, dit-il, ne saurait être formé autrement que par la participation a,u Saint-Esprit et une vie selon l'Évan- gile. Aussi, comme dans les prémices de son patrimoine revivifié, pour l'immortelle gloire, àl'image de Dieu, le Christ à nouveau fait habiter le Saint-Esprit en ses disciples". L'Esprit-Saint s'était éloigné de l'humanité, lui qui seul pouvait conserver et imprimer en nous un caractère divin (donné au premier jour) ; mais à nouveau le Sau- veur nous en a fait présent et ainsi nous restitue notre ancienne dignité, en nous façonnant à sa propre image". * Vax ces textes, je veux clore cette étude sur la Pn,eumatoIogie de saint Cyrille d'Alexandrie. Dans les pages précédentes qui, suivant le plan même du Symbole de Nicée, orientaient successivement l'esprit et le cœur vers chacune des trois personnes de la sainte et indivisible Trinité, le lecteur, en s'étonnant au premier abord du manque d'originalité de cette doctrine, a dû se laisser peut-être gagner, peu à peu, par son ortho- doxie traditionnelle, par sa solidité dogmatique, par son ampleur qui tient compte de toutes les donnée? de la foi, par cette plénitude ruisse- lante qui étale tant de richesses spirituelles, enfin par son extraordinaire simplicité. Connaître et aimer de tout son cœur Dieu notre Père, com- prendre pratiquement et vitalement le rôle central et l'indispensable médiation du Christ, enfin se laisser modeler par l'Esprit qui façonne le Verbe en nous ; voilà pour Cyrille l'authentique perfection chrétienne, ■dont la Vierge Marie, Mère de Dieu, va nous donner maintenant un merveilleux exemple. (1) Sur saint Jean, XVI, 7, P. G. 74, 433. (2) Sur saint Jean XX, 22, 23. L. XII, P. G. 74, 716. <3) Sur saint Jean XII, 39, L. V, P. G. 73, 757. CHAPITRE II MARIOLOGIE \ Nous avons eu déjà l'occasioii de parler de Marie, mère de Jésus, dans notre seconde partie ; il était en effet impossible de parler du fils sans parler de sa mère. Dans les ouvrages de Cyrille, la Mariologie se trouve d'ailleurs étroitement mêlée à la Christologie, puisque la contro- verse nestorienne s'est déclenchée à propos du vocable Gsotoxoç. Un approfondissement du sujet s'impose à nous pour différentes raisons : tout d'abord, parce que parmi les créatures, Marie, après l'humanité du Christ, apparaît comme ayant réalisé au plus haut degré la perfection chrétienne, et par ses prérogatives et par ses vertus ; ensuite parce que fîlle de Dieu, mère de Dieu, en union très spéciale avec le Saint-Esprit, elle se trouve être le Tabernacle par excellence du Très-Haut, le Temple de la Trinité ; enfin, à cause de ses rapports avec l'Église. C'est en considération de ces relations avec l'Esprit-Saint et avec l'Église que nous insérons notre étude mariologique à cet endroit de notre ouvrage, à la fin de la Pneumatologie et avant la quatrième partie, qui traitera de l'Ecclésiologie^. Idée centrale Marie possèe une incomparable perfection. La clef de de la Mariologie cette perfection ce n'est pas son ascendance, davidique,. mais c'est sa maternité qui est ime maternité réelle et une maternité divine. Tous les autres privilèges de Marie, sa virginité avant l'enfante- ment, pendant l'enfantement, après l'enfantement, l'absence en elle de (1) S'il n'est point fait mention de la Sainte Vierge dans le symbole de Nicée, du moins en est-il parlé dans presque tous les autres symboles : « Je crois ^u Fils... qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie ». Cf. Neubert, Marie dans VÉglise anlénicéenne, l''» partie, ch. IV. Marie dans le symbole, p. 136 sq. et DicL Apol. de la Foi catholique, art. «Marie». Période patristique. 258 MARIOLOGIE tout péché, sa dignité, le culte dont elle est l'objet, tout cela découle de sa maternité divine ; idée centrale que Cyrille voulait et a réussi à mettre en valeur au concile d'Éphèse de 431. Maternité humaine et divine Ascendance Sur l'ascendance davidique, Cyrille a beaucoup insisté en davidique répondant aux attaques de Julien qui avait jadis prétendu que les prophéties ne s'étaient pà,s réalisées en Jésus et que celui-ci n'était pas le Messie. Pour l'Apostat, la divergence des généalogies rapportées par saint Matthieu et saint Luc montrait bien que Joseph ne descendait pas de Juda^. Cyrille répond que l'affirmation de l'empereur défunt est purement gratuite ; il attend les preuves et, en les attendant, il affirme, textes scripturaires à l'appui, la descendance davidique de Jésus et de Marie ^. Maternité Nous avons déjà, mainte fois fait allusion à ce point, spéciale- humaine ment quand nous avons parlé de l'humanité véritable de Jésus ; mais il faut traiter à fond cette question si importante de la maternité -véritable de Marie, au point de vue physique, avant de parler dé sa maternité divine^. A propos de cette double maternité, Antioche et Alexandrie s'accusaient mutuellement de docétisme, de manichéisme, de gnosticisme, d'apollina- risme, d'arianisme. Essayons de débrouiller les fils de l'écheveau. Rappe- lons d'abord que la négation du terme Théotokos était aux yeux de Cyrille d'origine arienne. Tandis qu'en Egypte, on découvrait dans les expressions nestoriennes des ressemblances avec les formules gnostiques et docètes*, à Antioche et à Constantinople, on prétendait que Cyrille •avait subi l'influence de l'apollinarisme et même du manichéisme. Ce qui (1) Contre Julien, L. VIII, P. G. 76, 888 B. (2) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 365 G, 368 A ; Glaphyres sur la Genèse, P. G. 69, :349 D ; Sur Isaîe, P. G. 70, 208 A ; 70, 1140 B ; Sur saint Luc, P. G. 72, 932 A, 484 A et 485 A, B ; Sur Zacharie, P. G. 72, 228 G, et Pusey, Sur les 12 Prophètes, II, 498, 5 ; Sur saint Jean, P. G. 73, 304 D, et Pusey, Sur saint Jean, l, 276, 15 ; P. G. 73, ll'i, K, «t Pusey, Sur saint Jean, I, 708, 19 ; P. G. 73, 220 D, et Pusey, Sur saint Jean', I, 197, 7; P. G. 73, 761 A, D, et Pusey, Sur saint Jean, I, 700; P. G; 73, 221' A, et Pusey, Sur saint Jean, I, 772-773. (3) Sur les origines du dogme de la maternité humaine et de la maternité divine, cf. E. Neubert, Marie dans l'Église anténicéenne. Première partie. Marie dans le dogme. Sur l'histoire du mot Qeoxàxoq, cf. H. du Manoir, Essai sur la Terminologie christologique de saint Cyrille d'Alexandrie (en préparation). (4) Contre Neslorius, livre I, P. G. 76, 24 D, et Pusey, vol. VI, p. 65 sq, % MATERNITÉ HUMAINE 259 «st vrai, c^est que conformément à la tradition alexandrine, Cyrille insistait sur la divinité plutôt qne stir l'humanité du Ghrist^. Toutefois Cyrille a- bien' mis en' lumière là maternité physique de Marie. Le Logos tout-puissant, écrit-il à Nestorius, aurait pU- aisément se iormer un corps sans naître d'une femme, et faire son apparition ici-bas •de la même manière que le premier liomme^ aux premiers âges du monde. , Mais celiai' aurait été' un prétexte pour nier le f^it de l'Incarnation 2. Manès, le fondateur du manichéisme, ce (poÈvfa'd'iofjtocjirôÇj enseignait qUë lé Christ n'avait pas de c&rps réel® et que l'Incat-nation' n'avait eu' lieu qu'en apparence*. Pour Cyrille, c'est e3iacte"ffient le contraire' qui' constitue la vérité; Le Logos< s'est soumis aux lois de' la nature humiBtinë. Il est die la •«semence d'Abrahatti» {Hebr., 2^ 13) ; il s'est montré à tous cbïîïme un homme' vérit^iblë et la' Sainte Vierge' est! devenue la médiatMcé, qUi lui- a permis de participer comme nous à' la chair et aU sang% Sans quai on ne pourrait dire de Lui, « Dieu avec nous ». Il est né, de la femme, homme pat-fait, sans péché sans doute, mais il était homme réellement et non pas seulement en apparence^. . Le prophète Isaïe ne nous trompe pas lorsqu'il nous affirme : « La Vierge concevra et elle enfantera un Fils et on l'appellera Emmanuel» (Isaïe, 7 14). Pure vérité, encore, quand l'archange Gabriel s'adressa à la Sainte Vierge et lui dit : «Ne craignez pas, Marie... Vous concevrez dans votre :sein et vous enfanterez un fils » (Luc, 1, 30 sq.)^. Isaïe nous donne de nouveau une preuve certaine de son Incarnation lorsqu'il nous annonce que l'Emmanuel se nourrira de beurre et de miel'. •(Isaïe, 7, 15). « Un fils nous est né, un Fils nous a été donné », s'écrie-t-il encore (Isaïe, 9, 6) réfutant par avance la doctrine dès Manichéens. Puisque le Prophète parle d'une véritable naissance et de l'enfantement (1) Nau, Le Livre d'Héraclide, p. 155. «Gela ressemblait aussi aux Manichéens parce qu'il aurait souffert tout en étant impassible » ; p. 156 « qu'il (Cyrille) soit mani- chéen, vous lui en rendez témoignage » ; p. 91 «ils appielaient Manichéens ceux qui ■donnaient le nom de Mère de Dieu à la Bienheureuse Marie ». Cf ; Loofs, Nesloriana, p. 191, 24 et 192, 14. (2) Contre Nestorias, livre 1, P. G. 76, 21 A, B, et Pusey, vol. VI, p. 63. (3) Homélies diverses, P. G. 72, 1061 D. (4) Conîré Nestorius, livre 1, P. G. 76, 21 Aj B (è*i> (x6vat<;.çavTocdtatç}j et Pusey, vol. VI, p. 63, 14. (5) Scholia sur VXnearnalion du Monogène, P. G. 75, 1373 D (... ysyc^^ûç ttjç -^ab* •^[j!,5tç àv8po>7c6Tr)TOç teXeCtùç êxû^cfVjç xaTà t6V'ÏSiov' Xàyov) ; Pusey, vol; VI, p. 506, 18 ; Sur V Incarnation du' Moriogènè, P. G. 75, 1208 G ; Homélies diverses, 15, P, Gl 77, 1092 G. (6) Ep. 39 à Jean d'Anlioche, P. G. 77, 177 D. (7) Sur la Genèse, P. G. 69, 380 G. 260' MARIOLOGIE d'une femme, comment peut-on, encdre songer à une naissance apparente- et à un corps apparent^? Le corps du Christ était un corps bien réel 2. Comment s'il n'en était pas ainsi, les apôtres auraient-ils pu dire qù'ils- avaient contemplé et touché le Verbe de Vie? L'apôtre Thomas a touché ce corps sensible et visible qui a été pendu à la Croix et il a reconnu lé Christ comme son Seigneur et son Dieu^. No'tre-Seigneur a pleuré sur la mort de Lazare, comme il a pleuré la. chiite prochaine de Jérusalem, Tout cela n'est pas une fiction. Le Christ voulait nous prouver sa tristesse ;■ sans ces larmes bien visibles, son angoisse- nous serait restée à tout jamais cachée*. Tout cela, Notre-Seigneur l'a accompli, pour nous montrer qu'il s'était fait homme non pas en apparence mais bien réellement, en naissant en- toute vérité d'une femme. Rieri de ce qui est humain ne lui est étranger,, sauf le péché. Tous les sentiments humains du Christ ont donc une raison, d'être et une Véritable consistance ; ils n'ont pas été annihilés par le fait que le Verbe assumait la nature humaine mais ils lui ont été soumis pour que la nature humaine dans le Christ soit élevée à une condition divine^.. Le Christ s'est fait homme pour nous sauver et c'est à la lumière de la Rédemption que Cyrille étudie le mystère de l'Incarnation^. Par la faute d'Adam, l'humanité avait péri, l'humanité devait retrouver- son état surnaturel, l'incorruptibilité, l'immortalité ; pour. cette sublime: récupération, la chair humaine devait participer à la force vivifiante - de Dieu'. Celui-ci envoya son propre fils, principe de vie divine, de cette vie éternellement jaillissante^. Une nouvelle vie est alors conférée à l'humanité ; tout ce qu'avait perdu le genre humain est retrouvé ; tous- les dommages qu'il avait subis sont réparés^. Mais ce n'est pas tout. Le Christ est le second Adam^", De même qu'Adam a été à l'origine de notre mort et de notre damnation, ainsi le- (1) Sur Isaîe, P. G. 70, 253 C, D. (2) Sur les Ades des Apôtres, P. G. 74, 768 C, (3) Contre Neslorius, livre V, P. G. 76, 241 B (Pusey, vol. VI, p. 34). Sur Sophonie^. P. G. 71, 980 C. (4) Sur Luc, P. G. 72; 880 A, B. (5) Sur Luc, P. G. 72, 921 C, D. (6) Sur saint Jean, P. G. 74, 273 D, et Pusey ; Sur saint Jean, II, 482. (7) Sut- Luc, P. G. 72, 908 D. (8) Sur Luc, P. G. 72, 908 C. D ; Trésor, P. G. 75, 405 C, D. (9) Weigl, dans son étude Die Heilslehre des heiligen Cijrillus von Alexandrien,. Mayence, 1905, p. 46 sq., note à juste titre que Cyrille insiste davantage sur l'élévation, de l'humanité tombée et la réparation des dommages subis que sur l'offense faite à... Dieu et lavée par le Sacrifice rédempteur. (10) Sur Matthieu, P. G. 72, 408 D. MATERNITÉ HUMAINE 261 'Christ est la source de notre vie et de notre élévation^. Le Christ est la « seconde souche du genre humain et le principe de l'humanité qui retrouve par la sanctification son intégrité »2. En face de tous les adversaires d'une Incarnation véritable, Cyrille tient en substance ce langage : pour sauver l'humanité, il fallait que le Logos se fît homme ; sans quoi notre corps n'aurait pu échapper à la corruption^. « Ce qui n'est pas assumé n'est pas :sauvé »*. Voilà pourquoi le Logos s'est fait chair afin que par la mort il «nlevât le pouvoir à celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire .au démon, et qu'il délivrât ceux qui par la crainte de la mort auraient été tenus toute leur vie en esclavage [Hébreux, II, 14-15). «Le Fils unique est semblable à nous, c'est-à-dire homme parfait ; il s'est uni à nous le plus étroitement possible afin de retirer notre corps mortel de la perdition où nous étions tombés ; il s'est approprié l'âme humaine pour la rendre plus forte que le péché, en déversant sur elle la force, la fermeté, l'immu- tabilité de sa nature comme un bain salutaire»^. Le Sauveur a donné sa >chair comme rançon pour racheter la chair de tous^. Dans le commentaire •cyrillien sur saint Jean, nous lisons ce passage suggestif : « L'Évangéliste dit précisément que le Logos s'«st fait chair pour désigner par là la créature d'après ce qui a souffert le plus, afin que l'on voit en même temps la blessure -etle remède, le malade et le médecin, ce qui a été frappé de mort et celui qui l'a rappelé A la vie'. Ainsi devait s'accomplir d'une manière magnifique le mystère de l'Économie^. C'était précisément à cause de l'union de la chair avec le Logos, de l'union la plus étroite qui soit, puisque la chair devenait la chair même •du Logos, que l'humanité pourrait être délivrée de la corruption. « De même que le fer, si on l'approche d'une flamme ardente, prend aussitôt l'appa- *rence du feu, et reçoit en communication le pouvoir même de l'élément vainqueur, ainsi la nature de la chair ne reste pas dans son, ancien état lorsqu'elle est assumée par Je Logos impérissable et vivifiant, mais elle échappe à la corruption et à la ruine en /les dominant"». (1) Sur la Genèse, P. G. 69, 29 D ; Sur les Nombres, P. G. 69, 620 D. (2) Sur Isaïe, P. G. 70, 588 B ; Dialogues sur la Trinité, P. G. 75 853 G ; Sur saint Matthieu, P. G. 72, 408 D ; P. G. 72, 365 G j Sur saint Jean, P. G. 73, 205 D, et Pusey, Sur saint Jean, I, 184. (3) Contre Nestorius, livre I, P. G. 76, 21 G. (4) Sur saint Jean, P. G. 74, 89 D, et Pusey, Sur saint Jean, II, 318, 9. (5) Sur r Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1213 A, B, et Pusey, vol. VI, p. 61 sq. (6) Sur r Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1216 A. (7) Sur saint Jean, P. G. 73, 760 C, D. (8) De l'Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1213 D, Pusey, vol. VI, p. 64, 11. (9) Homélie pascale, 17, P. G. 77, 785 D-788 A. Cf. Contre Nestorius, liv. 4, P. G. 76, Ji89 D. 262 MARIOLOGIE Dans un langage de plus en plus réaliste, Cyrille ajoute : « Si le Logos^ n'était pas devenu réellement chair, quel dos aurait-il offert à ses bour- reaux? Quelles joues aurait-il présenté aux coups? En quel sens aurait-on pu dire que son côté a été traversé par la lance ? Si le Logos ne s'était pas fait chair, le Christ n'aurait pas pu mourir pour nous et il ne serait pas ressuscité. Car comment une ombre ou une apparence aurait-elle pu mourir?». Et il conclut : nous considérons de tels dires comme des fables^. Le fait de la Maternité véritable de Marie n'empêche pas que saint Cyrille désigne le Christ comme un «homme céleste » 2. Dans sa lettre à Jean d'Antioche, il se défend contre le reproche qu'on lui fait d'avoir dit qu'il n'avait pas pris son corps de la Vierge, mais l'avait apporté du. Giel : Ignorent-ils le point de départ de toute cette dispute sur la, foi ; elle n'a été engagée • que parce que c'était précisément notre ferme conviction que la Sainte Vierge était. Mère de Dieu ? Si Notre-Seigneur Jésus-Christ n'est pas né de la Vierge, mais a pris • son corps du Ciel, comment pourrions-nous encore la nommer « Mère de Dieu » ? Qu'aurait-elle enfanté, sinon l'Emmanuel ? On ne peut que sourire en face de ceux qui: imaginent contre n,ous des plaisanteries de ce genre. La prophétie d'Isaïe (7, 14) et. l'annonce de l'Archange Gabriel (Luc, 1, 31) manifestent la vérité. Quand nous disons que Notre-Seigneur Jésus-Christ est descendu du Ciel, nous avons devant les yeux ce ■ mot de Saint Paul : « Le premier homme venant de la terre est terrestre, le second- homme venant du Ciel, est céleste » (I Cor., 15, 47) et le mot du Sauveur lui-même : « Personne ne monte dans le Ciel si ce n'est celui qui est descendu du Ciel, le Fils de l'Homme » (Jean, 3, 13). . Mais de ces mots, nous ne tirons pas cette fausse conclusion que le Christ a pris sai chair du Ciel; l'esprit du prophète montre à notre pensée d'autres cheminements^.. Malgré son ascendance charnelle de Marie, cette expression «homme céleste » appliquée au Christ trouve sa justification puisque le Verbe de Dieu est descendu du Ciel et a pris la forme d'esclave ; mais il restait ce qu'il était, c'est-à-dire Dieu. Il faut le considérer comme un seul être, comme une personne, avec la chair qu'il s'est appropriée*. Et si on l'oppose à Adam, en tant qu'homme céleste, cela ne suppose pas néces- sairement qu'il y ait une différence de nature mais une différence de manière d'être moral et de comportement^. Cyrille n'est pas de ceux qui. croient à une naissance simulée et à une assomption fictive de la nature (1) Sur VIncarnalion du Monogène, P. G. 75, 1196 C, D ; Pusey, vol. VI, p. -23 sq. (2) Sur saint Jean, P. G. -74, 552 C ; Pusey, Sur saint Jean, II, 729 ; Sur saint Malthiau, P. G. 72, 401 C. (3) Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 940 A. (4) Ep. 39 à Jean d'Antioche, P. G. 77, 180 A, B ; cf. Sur le Psaume 49, P. G. 49,. 1076 A. (5) Sur la première aux Corinthiens, P. G. 74, 909 )B, C ;Pusey, Sur saint Jean, III,.. 314. MATERl^lITÉ HUMAINE 263 tiumaine^. Il ïi'est pa,s de ceux qui disent que le corps est venu du ciel -sous prétexte que la nature impérissable ne devait pas prendre la chair -d'un corps périssable, ni subir la faute qui souille^. Cyrille déclare au contraire dans sa lettre au prêtre Eusèbe qu'il n'a jamais changé d'opinion sur ce point et que l'on ne pourra nulle part trouver dans ses ouvrages ou dans sa correspondance quelque chose dans ce sens^. Toutefois la nature humaine que le Logos a reçue de la Vierge Mère n'était pas une nature universelle ; le Christ est un homme individuel comme nous. Certains critiques, spécialement parmi les théologiens protestants, ont reproché aux Pères grecs d'avoir subi une influence platonicienne et d'avoir prêté au Christ une nature universelle*. Cyrille, selon eux, ne parlerait pas d'un homme individuel ; car le Christ n'est pas homme comme Pierre et Paul; «il est le commencement d'une humanité ». Sans doute, le patriarche égyptien emploie des expressions parfois un peu vagues et imprécises en parlant de la nature humaine dans le Christ ; elles pourraient à la rigueur être interprétées dans le sens d'un réalisme exagéré si elles n'étaient pas replongées dans le contexte de son œuvre totale. On trouve des passages comme «tous nous étions dans le Christ »... « En tous par un seul, le Logos est venu habiter »^. Mais en aucune manière, Cyrille n'a voulu priver le Logos fait homme «d'une nature humaine individuelle. D'après tout l'exposé cyrillien, le Christ apparaît' dans son être et dans son activité comme un homme individuel : son Incarnation ne le rend pas différent d'un homme ordi- naire ; il a faim, il a soif, il verse des larmes brûlantes sur la mort de ;son ami, tout comme l'un de nous. « Par là, on devait précisément recon- naître, qu'il était un homme, et comme homme, semblable à nous »*. « Il ne serait jamais venu à l'idée de Cyrille, écrit WeigF, que pour transmettre la grâce à l'universalité des hommes et élever le genre humain .à l'état surnaturel et à une participation de la nature divine, le Christ ait assumé une nature universelle ». Jamais ses adversaires antiochiens ne (1) Sur l'Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1197 C, D ; Pusey, vol. VI, p. 27 sq. (2) Sur Luc, P. G. 72, 937 A. (3) Ep. 54 à Eusèbe, P. G, 77, 289 B. (4) Krûger, par exemple, dans Hauck, Bealenzijklopàdie f. prol. Theol., 3" édition, '.IV, p. 381. Cf. LooFs, Leoniius von Byzanz: Texte und Unter., 1887, p. 48, la nature humaine dans le Christ est la nature humaine non individualisée; Ehrhard, Lilera- .rische Handweiser, 1896, p. 1 sq. ; A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichle, 4« édit. 1909, p. 167. (5) Sur saint Jean, P. G. 73, 161 G ; Pusky, Sur saint Jean, 1, 141. (6) Sur saint Luc, P. G. 72, 528 D. (7) Die Heilslehre des hl. Cijrillus von Alex., p. 68. 264 MARIOLOSIE lui reprochèrent, malgré leur mentalité aristotélicienne (et cet argument est très fort), une idée de ce genre. Le Christ devait, pour détruire la corruption de la nature humaine, expérimenter la vie humaine individuelle. Le Logos devenu chair est précisément pour l'humanité tout entière le nouveau principe de vie, comme Adam était pour tous le commencement de la mort et de la corruption-*^. De même qu'en Adam toute l'humanité éta,it tombée, ainsi dans le Christ toute l'humanité devait être régénérée. Le Christ accomplit cette- régénération en prenant la forme d'esclave, en s'unissant le plus intime- ment possible la nature humaine et devenant un homme comme nous^ tout en restant Dieu comme son Père. C'est ainsi qu'il réalisa notre salut 2. I] (le Christ) a pris toute la nature humaine en lui, pour une vie sainte et sans tâche- lorsqu'il est devenu homme et est apparu sous la forme humaine^. Parce qu'il (le Christ) nous porte en lui, en tant qu'il a porté la nature humaine, le corps du Christ s'appelle aussi notre corps''. Enfin Cyrille applique le principe de saint Paul : « Comme par un seul la mort, ainsi par un seul le salut y>^. Si Adam était un homme individuel, et Cyrille n'a jamais pensé qu'il en fût autrement, le Christ l'est pareillement. Le but de l'Incarnation, c'est que le Christ devienne la tête de l'humanité. Pour que la Rédemption s'accomplisse, il fallait véritablement que le Logos se fasse homme, dans toute l'acception de ce terme. Voilà pourquoi dans ses écrits christologiques. et sotériologiques, Cyrille revient perpétuellement sur cette idée : « Marie a enfanté le Logos, selon la chair. Le Saint-Esprit est venu couvrir Marie de son ombre et dans le sein de la Vierge s'est formé l'humanité du Christ». Cyrille va même plus loin et entrant dans le détail, il souligne un synchro- nisme qui fait voir le lien qui existe entre Incarnation et Rédemption. Le Vendredi, nous dit-il, a été le jour de l'Incarnation comme il a été le jour de la mort du Christ ^ (1) Sur la Genèse, P. G. 69, 144 C ; Sur 1 Cor., P. G. 7é, 880/81 ; Sur Isaïe, P. G. 70, 588 B ; Dialogue sur la Trinilé, P. G. 75, 853 C ; Sur Zacharie, P. G. 72, 96 G. (2) Sur saint Jean, P. G. 7 à, 473 C, D [... ztzzItzzç) àç àvâpwTCOÇ 8t' Yjfjiaç xal ÔTcèp- 7)[JLCov àvsêîco XpiOToç); PusEY, Sur saint Jean, II, 657. (3) Sur 11 Cor. P. G. 74, 946 D ; Pusey, Sur saint Jean, III, 345. (4) Sur saint Jean, P. G. 74, 280 B ; Pusey, Sur saint Jean, II, 486 ; cf. Sur sainB Jean, P. G. 74, 432 B (il nous porta par sa chair); Contre Nestorius, liv. I, P. G. 76. 1 7 A (xai Stà TYJç èvco0etyx parties e,t;assurément de d,eux. parties inégales^ il est cependant un hon^me, yn être yiyant^. En bi^ef : « Le Logos de Dieu le Père est né de la Vierge qui ne fut appelée .qu'à jouer le rôde de médiatrice et d'instrument, pour enfanter selon la chair celui qui était uni à la chair. L'Emmanuel est Dieu. Celle qui a enfanté le Dieu qui est apparu pour nous doit être nommée mère de Dieu »^. Telle est la pensée directrice et la conclusion de son argumen- tation antinestorienne^. (1) Ep. 17 à Neslorius, P. G. 77, 10,9 C (iStav qcÔtyjv ((jàp>ta) 7u6i7)(7à[ji,evo.ç èx (jLYjTpaçX Ep. 4 à Neslorius, P. G. 77 (sE, a^xy^c, [XYjTpaç èv«0e[ç) ; Apol. pour le,s J.2 ,chap. contre Théodoret, P. G. 76, 396 D ; Scholies sur Vlncarnalion du Moiiogène, P. G. 75,. 1397 B. (2) Contre Nestorius, liv. III, P. G. 76, 156 A (ô xai èv (XTJrpqc dsàq), et Pusey, vol. VI,. p. 167, 1. (3) Marie est mère de Dieu, P. G. 76, 265 C. (4) Ep. 17 à Nestorius, P. G. 77, 109 C. (5) Ep. 1 aux moines d' Egypte, P. G. 77, 21 B-D ; Contre Nestorius, liv. I, P. G. 76,. 37 A, B. (6) Homélie pascale 17, P. G. 77, 777 C. (7) Ep. 1 aux moines d'Egypte, P. G. 77, 13 B, 21 A ; 29 B ; 40 A ; Ep. 4 à Nesto- rius, P. G. 77, 48 D ; Ep. 19 au clergé et au peuple de Conslantinople, P. G. 77, 125, A ;. Ep. SI à Maxime de Constantinople, P. G. [77, 153 B ; Ep. 46 à Succensus, P. G. 7f, VIRGINITÉ DE MARIE 267 Au fond, la négation du terme ôsotôxoç n'est pas autre chose que la négation de la divinité même du Christ^. Et l'on sait avec quelle force Cyrille a affirmé et prouvé cette divinité. Il n'y a pas lieu de revenir ici sur les preuves qu'il en donne. La maternité divine de Marie, sur laquelle insistent les écrits cyrilliens de la controverse nestorienne et l'un des plus importants des anathé- matismes, est inséparable du dogme de l'unité d'être en Jésus-Ghrist. Parce que Jésus est Dieu et homme en un seul et unique être, Marie qui est sa Mère, est mère de Dieu. D'une part, il est certain que Marie est mère de Jésus et que Jésus a une humanité réelle^ D'autre part, il est certain que Jésus est Dieu et n'a pas d'autre personnalité que celle du Verbe de Dieu^. Donc Marie est mère de Dieu ; elle est la mère du Verbe divin. Mais cette maternité divine ne fait pas de Marie une déesse ; cai^ elle n'a pas enfanté la divinité*. Virginité de Marie Virginité L'intégrité corporelle de Marie est affirmée à maintes reprises en général par le docteur alexandrin. Cette virginité qui, pour Cyrille, ne fait pas l'ombre d'un doute, est même une preuve de la divinité du Christ et de la maternité divine^. Cette naissance du Christ n'est pas celle d'un homme ordinaire ; Dieu 229 C, D ; Ëp. 50 à Valère, P. G. 77, 257 D ; Ép. 54 à ArisL, P. G. 77, 324 A ; I" Ana- lhèm.,P. G. 77, 120 B, G ; Contre Neslorius, liv. I, P. G. 76, 28 C ; Marie esî mère de Dieu, P. G. 76, 260 B, C ; 278 B ; 284 B ; Explication des 12 chapitres, P. G. 76, 296 C, D ; Apologie pour les 12 chapitres contre Théodôrel, P. G. 76, 396 D ; Un est le Christ, P. G. 75, 1261 C; 1273 D sq. ; Scholies sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1400 D ; Sur la 2« aux Corinthiens, P. G. 74, 917 B ; Sur saint Luc, P. G. 77, 484 B. (1) Ép. 16 à Juvénal, P. G. 77, 104 C ; Un est le Christ, P. G. 75, 1273 D sq. (2) Scholies sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1213 A, B et 1373 D; Pusey, vol. VI, p. 61, 506, 18 ; P. G. 75, 1208 G. Hom;div. 15, P. G. 77, 1092 C ; Ep. 39 à Jean d'Antioche, P. G. 77, 177 D ; Sur la Genèse, P. G. 69, 380 C ; Sur Isaîe, P. G. 70, 253 G, D ; P. G. 70, 588 B ; Sur les Actes des Apôtres, P. G. 74, 768 C ; Contre Nestorius, liv. Y ; P. G. 76, 241 B, et Pusey, vol. VI, p. 34 ; Sur saint Luc, P. G. 72, 880 A, B ; 921 G, D ; 908 C, D ; 489 G ; 528 D ; 909 A ; Sur saint Jean, P. G. 74, 273 D ; 73, 205 D ; 74, 89 D ; 552 C ; 73, 161 G ; 74, 473 G, D ; 280 B ; P. G. 75, 405 G, D, etc. (3) Ép. 17 à Nest., P. G. 77, 109 C ; Ép. 4 à Nest., P. G. 77, 45 D ; Apologie pour les 12 chapitres contre Théodose, P. G. 76, 396 D ; Sholies sur l'Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1397 B ; Contre Nestorius, liv. III, P. G. 76, 156 A ; Marie est mère de Dieu, P. G. 76, 265 G ; Ep. 1 aux moines d' Egypte, P. G. 77, 21 B, D, etc. Gf. notre deuxième partie, chapitre premier, Divinité du Christ, p. 105. (4) Ép. 1 aux moines d'Egypte, P. G. 77, 22 A ; Hom. pascale, 17, P. G. 77,. 777 G ; Hom. div. 15, P. G. 77, 1093 A, etc. (5) Hom. div. 13, P. G. 77, 1065D. 268 MARIOLOGIE seul peut venir au monde de cette façom-^. Dans sa treizième homélie pascale, on lit ces lignes : La Vierge qui t'a enfanté disait : « Mon esprit a exulté en Dieu, mon Sauveur », lorsque l'Esprit-Saint l'a revêtue de son ombre*. Considère, fidèle auditeur, comment la très Sainte Vierge a salué Dieu son fils. Elle lui dit : « Mon Dieu », à cause de sa nature divine, « mon fils », à cause de la chair qu'il a pris de moi : je n'ai pa,s en effet enfanté un homme ordinaire mais un Dieu Incarné. Ma virginité en est un puissant témoignage. Ne méprise pas, ô homme, ce vêtement que Dieu a pris de moi, pour ne pas fï^ire injure à celui qui s'en est revêtu. Ne méprise pas le tabernacle, car en vérité il n'a pas été fait de main d'homme pour celui qui en est l'habitant. Ne sépare pas la lumière de la lampe qui est ma chair poiir ne pas avoir le malheur d'éteindre celui qui a illuminé le monde, et s'est fait homme sans l'intervention d'un homme. Car je n'ai pas connu d'homme (Luc, I, 34) bien que j'aie connu Dieu qui s'est fait homme en moi*. Cyrille réfute les affirmations de ceux qui nient la naissance miracu- leuse de Notre-Seigneur et blessent par leurs blasphèmes la dignité de Marie, Mère de Dieu. Rien d'ailleurs n'est allégué pour justifier ces interprétations de mauvais aloi. Les Juifs savaient bien que Marie avait cor^çu avant son mariage, mais ils ne savaient pas qu'elle avait conçu du Saint-Esprit ; ils pensaient qu'elle avait été séduite par un païen... que Jésus était le fruit de cette union, qu'on l'attribuait à Joseph, mais qu'en réalité l'enfant était né d'un adultère, et qu'il était illégitime*. Voilà pourquoi les . Juifs posèrent si souvent à Jésus la question : «Où. est ton père? ». Les Juifs croyaient qu'il ne savait pas de qui II était né^. Quand le Christ parlait de son Père et qu'il disait par exemple : « Je dis ce que j'ai vu chez mon Père r»^, ils ne songeaient pas le moins du monde au Père qui est. dans les cieux, mais ils pensaient à Joseph, du moins à un père terrestre'. Avec leur mentalité charnelle, ils s'imaginaient qu'une femme ne pouvait pas avoir d'enfant autrement que par son union avec un homme^. S'ils se trompaient aussi grossièrement, il ne fallait pas en chercher la cause ailleurs que dans leur ignorance et leur manque de foi. Est-ce que le prophète Isaïe ne leur avait pas annoncé ce qui devait se passer : « Voici que la Vierge a conçu et elle enfante un (1) Apolog. pour les 12 chap. contre les Orientaux, P. G. 76, 321 B, et Pusey, vol. VI, p. 268, 25. (2) Luc, I, 47 et 35. (3) Hom. div. 13, P. G. 77, 1068 A. (4) P. G. 73, 876 D ; 881 C, D, et Pusey, Sur saint Jean, II, 77 et 82 ; Sur Osée, P. G. 71, 113 C, et Pusey, Sur les 12 Prophètes, I, 93. Comparer avec Origène, Contre' Celse, I, 28 ; 32 ; 38. (5) Sur saint Jean, P. G. 73, 792 A ; 789 B, et Pusey, Sur saint Jean, 1, 726-27. (6) Jean, VIII, 38. (7) Sur saint Jean, P. G. 73, 876 C, et Pusey, Sur saint Jean, II, 77. (8) Sur saint Jean, P. G. 72, 881 Cj et Pusey, Sur saint Jean, II, 82. VIRGINITÉ DE MARIE 269 fils »^. Tous ceux qui croient que Jésus est né de Joseph- ou d'un, mariage adultère auraient pu connaître son véritable père s'ils avaient porté leur attention sur ce fait que le Verbe de Dieu s'est fait homme, à- cause de nous, comme le dit la Sainte Écriture 2. Pour Cyrille, Marie a toujours été et est toujours restée vierge, avant, pendant et après l'enfantement. Il n'emploie pas cette formule, mais il enseigne le fait qu'elle exprime. Virginité . de Marie Dans son ouvrage intitulé Marie est mère de Dieu, avant l'enfantement Cyrille nous montre l'ange Gabriel annonçant à Marie qu'elle concevra, sans perdre sa virginité (tyjv ôc^pavrov cî\SXX7]t|;iv)^. Dans ses Scholies, on lit également, à propos de l'Incarnation du Verbe, ces lignes significatives : - Il est né d'une vierge, mais il a une mère qui n'a pas usé des droits du mariage*. On pourrait multiplier les citations ; elles vont toujours dans la même: direction de pensée^.. Il a pris son corps dans la nature humaine, non point par suite d'union conjugale^ mais de la Sainte Vierge, d'une manière nouvelle, extraordinaire, et à rencontre des. lois de la nature". C'est dans le même sens qu'il explique le passage d'Isaïe (VIII, 3) : « Et je m'approchai de la prophétesse et elle conçut et enfanta un fils »', Le livre des Proverbes fournit aussi au docteur alexandrin une confir- mation de la thèse de la virginité unie parium. «Yàhweh m'a créée au com- mencement de ses voies )>^. «La sagesse s'est bâtie une maison» (IX, 1). Le creavii me indique, pour Cyrille, qu'il ne s'agit pas du Verbe dans sa nature divine, mais dans son humanité, c'est-à-dire du corps né de la Sainte Vierge^. Tout converge dans l'Écriture Sainte et dans la Tradition pour aiïermir (1) ISAÏE, VII, 14. (2) Sur sainl Jean, P. G. 73, 792 B, et Pusey, Sur saint Jean, I, 727. (3) P. G. 76, 289 A. (4) Scholies sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1397 P, et Pusey, vol. VI, p. 548, 12. (5) Sur saint Jean, P. G. 73,2A0 ;SurIsaîe,P. G. 70, 1172B ; Sur Habacuc,P. G. 71, 877 B ; 912 A ; Hom. pascale 17, P. G. 77, 776 A ; Contre Nestorius, liv. I, P. G. 76, 17 G ; Hom. div. 15, P. G. Z7, 1090 D ; Ep. 1 aux moines d'Egypte, P. G. 77, 13 B ; Ep. 4 à Nestorius, P. G. 77, 45 G ; Sur saint Jean, P. G. 73, 713, etc. (6) Contre Julien, P. G. 76, 929 A. (7) Sur Isaïe, P. G. 70, 221 A, G. (8) Prov. VIII, 22. (9) Trésor, P. G. 75, 261 G, D. 270 MARIOLOGIE l'esprit de Cyrille dans la croyance en la virginité de Marie. Le Christ, com- memcement de tout, origine de l'Univers, second Adam, a été produit par le Saint-Esprit, afin de nous communiquer ensuite la grâce^. Il est « fils de Dieu », Geotoxoç^. A notre tour nous devons être appelés «fils de Dieu», en tant que dans le Christ premier-né, comme le dit Paul, nous sommes nés à une vie divine^. Dans le Christ, se trouvent les prémices de ceux qui devaient être sanctifiés par le Saint-Esprit, qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. Il est né selon la cha,ir, du Saint-Esprit, comme l'aîné, afin que nous puissions analogiquement nous aussi naître à la vie spirituelle*. Dans ce que l'Écriture Sainte nous dit de Moïse, Cyrille trouve encore, grâce à son interprétation allégorique, une indication au sujet de la merveilleuse naissance du Christ. L'évêque d'Alexandrie fait remarquer qu'on ne trouve pas dans le chapitre second de l'Exode de renseignements précis sur le père de Moïse ; l'écrivain emploie une expression indéterminée, qui signifie par avance que le Sauveur véritable du peuple devait être sans père ici-bas ; car Joseph n'était pas son père selon la chair^, La naissance de Cyrus est enfin pour Cyrille une image prophétique de la naissance extraordinaire du Christ. Les parents de Cyrus appartenaient en effet à des nations différentes ; son père Cambyse était un Perse et sa mère venait de la Médie. Or, le Christ dans sa nature humaine avait pour mère la Sainte Vierge, laquelle est semblable à nous ; mais en vain chercherait-on parmi les hommes le père du Christ, car celui-ci était d'une nature essentiellement différente de la nôtre, supérieure au monde et divine. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la réponse que Notre- Seigneur donna aux Juifs lorsqu'il leur dit : « Vous, vous êtes d'en-bas ; moi, je suis d'en-haut » (Jean, VIII, 23)^. Il est vrai que Marie elle-même a désigné Joseph comme le père de Jésus, au moment de la perte et du recouvrement de l'enfant dans le temple de Jérusalem. Mais lorsque Marie disait : «Votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés» (Luc, II, 48)', c'était, nous dit Cyrille, à cause du soupçon des Juifs ; car elle savait bien que Jésus n'était pas le fils de Joseph'. (1) Sur saint Luc, P. G. 72, 485 A ; Le Christ est un, P. G. 75 ,1273 B, G, et Pusey, vol. VII, p. 350. (2) Sur les Actes des Apôtres, P. G. 74, 769 B. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 485 A. (4) Sur Isaïe, P. G. 70, 221 B; Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 1005 G. (5) Sur V Exode, P. G. 69, 396 A. (6) Sur la Genèse, P. G. 69, 92 D. (7) Sur saint Luc, P. G. 72, 508 D. VIRGINITÉ DE MARIE 271 Toutefois Marie, dira-t-on, s'est soumise à la loi de la purification? •Grand argument apporté par les Ariens^ contre la naissance virginale. Cyrille prétend qu'on a bien tort de voir dans ce fait une difficulté. :Sans doute, les lois de la purification avaient dans l'Ancien Testament une valeur universelle ^ ; mais quand Marie a accompli cette prescription, il ne s'agissait pour elle que d'un acte de consécration. Tout fils premier-né 'devait en effet être consacré au Seigneur^ : elle est venue offrir son fils. Dans son commentaire des textes de la purification, Cyrille ne se préoccupe d'ailleurs — notons-le en passant — ■ que de la virginité anîe parium et non pas de la virginité in partît^. Car il considère la prescription lévitique dans son premier stade, c'est-à-dire, purification à cause de la ■conception et non à cause de l'enfantement. Il faut relire pour s'en con- vaincre certains passages de son Commentaire de saint Luc et de V Adoration en esprit et en vérité. En ce qui concerne la conception, Marie ne tombe pas sous l'obligation de la loi. Considère en effet, s'il te plaît, avec attention, la teneur précise de la loi*. Elle dit : fia femme», non pas «toute femme, quelle qu'elle soit», mais celle qui a conçu un fils, après avoir reçu une semence, sera considérée comme impure ». Or nous disons que le corps divin a été conçu par le Saint-Esprit, formé d'une manière ineffable dans le sein de la Sainte Vierge, autrement que par l'application des lois de la nature ihumaine. Le premier-né des Saints n'avait nul besoin d'une semence humaine. Lui qui létait l'origine de ceux qui sont nés de Dieu par l'Esprit, de ceux dont il est dit qu'ils ;ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais •de Dieu » (Jean, I, 13). Donc, la Sainte Vierge n'était pas soumise à la loi, elle qui n'a ;reQu aucune semence, msiis a mis au monde pour nous le divin enfant par l'opération •du Saint-Esprit »". (1) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1213 D, et Pusey, vol. VII, p. 164. (2) Lévitique, XII, 2. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 500 D ; Cf. Luc, II, 23 ; Exode, XIII, 2 ; Nombres, Vril, 17, et Lévitique, XXVII, 26. (4) Rehrman, dans Die Ghristologie des hl. Cyrillas, p. 389, ne semble pas avoir :sufiisamment mis ce point en lumière. Voir aussi Doller, Die Reinheits und Speise- ■geselze des Alten Testamentes. Munster, 1917, p. 11. (5) Lévitique, XII, 2. (6) Sur saint Luc, P. G. 72, 500 B, C, et Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 1005 B, C. Il faut lire lespagessur saint Luc qui suivent le texte que nous avons traduit, ■spécialement P. G. .72, 501 D. On y trouvera la répétition de la même doctrine de la virginité ante partum. A titre de curiosité, on pourra lire également (Cf. Sur 'l'Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 1008 B, C) les notions d'embryologie exposées par Cyrille pour expliquer les 40 et 80 jours de purification exigés, selon que l'enfant .était un garçon ou une fdle. 272 MARIOLOGIE Virginité de Marie ^^ ^^ ^"^ concerne la virginité in paria, l'argumen- dans l'enfantement tation de Cyrille présente les mêmes caractères de* ^ ^^^* clarté et de fermeté que pour la virginité dans la- conception, Isaïe depuis longtemps l'avait annoncée (Isaïe, VII, 14)^,. La naissance extraordinaire de Jean-Baptiste était un prélude à ce mystère : Elisabeth le conçut alors qu'elle était déjà avancée en âge.. Dans le sein de sa mère, le petit Jean-Baptiste exulta de joie lorsque se- fit entendre la salutation de Marie à sa cousine. Quant à Zacharie, il retrouva l'usage de la parole et tous ses dires eurent une portée prophé- tique, • La Sainte Vierge conçut et porta l'enfant divin dans ses entrailles sans avoir eu: d'union charnelle", L'Évangéliste insiste sur ce fait que Marie a été fiancée à Joseph, pour' bien montrer que la conception a eu lieu au temps des fiançailles, qu'elle s'est produite, miraculeusement, en dehors des lois de la nature humaine^. Jésus n'est pas le fils de Joseph ; celui-ci n'a été pris comme père que par' un décret divin lui donnant une place spéciale dans l'économie du salut*.. Marie n'a reçu aucune semence^. Le corps saint et immaculé est né de la Sainte Vierge par l'opération du Saint- Esprit dans la puissance du Père*. Le Verbe lui-même, puissance du Père, en couvrant de son ombre la. Sainte Vierge, s'est formé un corps, mais par la puissance du Saint- Esprit'. C'est pour montrer que cet événement s'est accompli mystérieu- sement, en dehors des lois de la nature que le prophète nous dit : « Qui. nous expliquera sa génération»?^ Quelques exégètes pensent que dans la prophétie d' Isaïe (VII, 14),. il faut traduire le mot hébreux 'Almah non point par uapôévoç mais par veScviç. Cyrille n'est pas de cet avis ; le mot 7rap6svoç exprime le- mystère de la virginité dans la Maternité dont on trouve un écho dans. (1) Sur Isaïe, P. G. 70, 204 C. (2) Sur saint Jean, P. G. 73, 876 C, D ; Sur la vraie foi, à Théodose, P. G. 76, 1185 B. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 484 D. (4) Sur saint Jean, P. G. 73, 793 A ; Sur la Genèse, P. G. 69, 352 C. (5) Sur Isaïe, P. G. 70, 204 D ; Sur r Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 1005 C ; Sur saint Luc, P. G. 72, 484 D ; 500 C, (6) Sur saint Luc, P. G. 72, 753 B ; 500 C ; 720 B ; Sur Isaïe, P. G. 70, 204 D j Sur la vraie foi; aux Reines, P. G. 76, 1276 B ; Sur l'Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 1005 B, C ; Zpéché^. Il est i)eu Vraisemblable que Cyrille ait admis une exception à la loi universelle du péché d'origine ; il insiste en particulier sur ce fait que le •Christ est lé Sauveur de tous. Marie a elle aussi besoin d'être rachetée (debitum peccaii originalis),. Elle est le buisson ardent, sans doute, mais ^ce buisson ardent est un buisson d'épines et les épines sont dans la Sainte Écriture l'image du péché. Toute chair est péché... en tant qu'elle est chair. Dans la Sainte Écriture, l'épine ■désigne le péché*... L'Immaculée Conception est pour nous exigée par la Maternité divine ; il fallait que le corps du Christ se formât dans un corps pur et immaculé. Pour Cyrille, la sainteté et la pureté du Corps du Christ viennent d'abord ■de ce fait qu'il a été formé, d'une manière surnaturelle, par la puissance du Saint-Esprit, dans le sein de la Sainte Vierge. En second lieu, le corps du Christ est « le temple du. Verbe de Dieu qui habite en Lui, de ce Verbe qui sanctifie sa propre chair par le Saint-Esprit »^. Sauf peut-être dans un texte du Commentaire de saint Luc, il ne semble pas que Cyrille ait isoupçonné quelque chose de plus, concernant la production du corps du Christ dans le corps de l'Immaculée*. Mais la pensée de l'Immaculée Conception est cependant présente d'une manière latente, serait-pn tenté 4e dire, dans beaucoup de passages du docteur alexandrin. Quand il parle de la Vierge, y] Ilapôsvoç, il ne s'agit sans doute pas seulement de la con- ception et de la naissance miraculeuses du Christ ; ce terme comporte, sans doute, une signification plus large et les épithètes qu'il ajoute y) àyiaTcava- -yla, Tràvayvoç, a%pavToç, vravà/pavroç, a[jito[xoç, suggèrent l'idée d'une perfection morale, d'une pureté immaculée, d'un sommet absolu de . sainteté ^ (1) P. G. 74, 788, 789 A, B; et Pusey, In John., III, 187. Gf. Contre les Anthropo- .morphiles, P. G. 76, 1092, et Pusey, f. III, p. 560. Cf. Weigl, Die Heilslehre des hl. Cyrillas von Alexandrien, p. 36-45. (2) Contre les Anthropomorphites, P. G. 76, 1129 A. (3) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 408 G. (4) Sur saint Luc, P. G. 72, 492 G, D. (5) Ép. 55 sur le Symbole, P. G. 77, 304 A ; Sur Joël, P. G. 71, 340 D ; Sur Aggée, P. G. 71, 1060 G, et Pusey, Sur les 12 Prophètes, II; 278, 24. Cf. Kosters, Maria, die unbefleckt Empfangene. Regensburg, 1905, p. 19-45, et sur â[jLO>{xoç, Passaglia, J)e immaculalo Deiparae semper Virginia conceptu. Neapoli, 1855* 284 MARIOLOGIE Culte Quelle qu'ait été la pensée de Cyrille sur l' Immaculée- envers Marie Conception, Marie a été élevée par le fait de sa maternité- divine à une exceptionnelle dignité, à une singulière perfection. Elle engendre son Créateur. Elle porte en elle Celui qui l'a faite et qui, comme Verbe, est présent dans le monde entier. Elle est. créature, mais nulle créature n'est plus près de Dieu et n'a de rapports plus intimes avec Dieu, que Marie, sa mère. Aussi, à cette Mère de Die-u qui, comme nous l'avons- vu, est restée Vierge et n'a jamais été souillée par aucune faute person-;, nelle, doit-on rendre un culte spécial. Marie en effet est une créature d'élite, élevée bien au-dessus de la masse des autres femmes ; elle a une valeur de position à nulle autre pareille ; elle est un être d'exception, car il n'y a pas d'autre exemple de maternité virginale. Aussi Cyrille ne se fait pas faute de la louer ; il accumule les comparaisons avantageuses, les titres d'honneur et de gloire dans le panégyrique de la Vierge Mère qu'il prononça au concile d'Éphèse ou du moins qui reflète l'essentiel de sa pensée. Il fait sienne par anticipation et avant la lettre la formule 'De- Maria, numquam satis, lorsque, soulevé par un grand sentiment de joie et une poussée d'enthousiasme, après le triomphe d'Éphèse, il s'écrie : Salut, Marie, Mère de Dieu, Trésor sacré de l'Univers, flambeau inextinguible, Cou- ronne de la Virginité, Sceptre de l'orthodoxie, Temple incorruptible, Tabernacle de Celui que le monde ne peut contenir, Mère et Vierge^... Cette joie enthousiaste de Cyrille éclate aussi dans un court billet adressé peu après le concile à son clergé et à son peuple d'Alexandrie. Il décrit l'impression des Éphésiens à l'annonce de la condamnation et de la. déposition de Nestorius : « Sachez que le sacré concile s'est assemblé le 28« jour de Payni dans la grande église d'Éphèse appelée Marie Mère de Dieu, après y avoir pstssé le jour entier, nous avons enfln condamné l'impie Nestorius qui n'avait pas osé paraître devant la sainte assem- blée. Nous avons rendu contre lui une sentence de déposition et nous l'avons déclaré déchu del'épiscopat. Nous étions environ deux cents évêques. Depuis le matin jusqu'au^ soir, tout le peuple de la ville avait stationné devant l'église, attendant le jugement, de la sainte assemblée. Quand on connut que le misérable était condamné, tous d'une voix unanime, commencèrent à bénir le sacré concile et à rendre gloire à Dieu, de ce- que l'ennemi de la foi était écrasé. Pour nous, on nous escorta avec des torches depuis la sortie de l'église jusqu'à notre logis, car déjà il faisait nuit. C'était dans toute la ville joie débordante et feux allumés. Même des femmes marchaient devant nous portant des cassolettes d'où l'encens fumait. Le Sauveur, parce qu'il peut tout, montra sa gloire à ceux qui la lui voulaient ravira » IJEncomium que nous trouvons à un autre endroit dans les œuvres de (1) Hom. i, P. G. 77, 992. Nous citons le texte presque intégralement dans les pre- mières pages de la cinquième partie. (2) Ep. 24, P. G. 77, 137. .CULTE ENVERS MARIE 285 ♦Cyrille^ est comme nous l'avons dit, d'une date postérieure et n'a pas ^té prononcé par le docteur alexandrin. Mais il n'en reste pas moins dans la ligne de sa pensée est comme un écho lointain etamplifié et probablement fidèle de l'enthousiasme d'Éphèse. Amour du Christ Cyrille nous montre le Christ lui-même comme le type pour sa mère le plus parfait que l'on puisse imaginer de la dévotion à Marie. Sur la Croix, le Christ oublie ses souffrances pour ne penser qu'à .sa mère. Le Christ se.préoccupa du sort de sa Mère; comme si Lui-même, à ce moment, n'avait pas ressenti l'acuité de terribles souiîrances. Il confia Marie à la garde de Jean, son ■disciple bien-aimé... et lui ordonna de la prendre avec lui et de s'occuper d'elle comme un fils ; il dit à sa Mère de considérer comme son enfant le disciple bien-aimé qui devait s'acquitter avec tant de délicatesse et d'amour de son devoir filial. Par ce merveilleux •exemple, le Christ voulait inculquer dans nos âmes ce commstudement de la Loi : « Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient longs »*. L'Évangile nous rapporte encore un bel exemple d'amour filial du Christ envers Marie. La scène se passe à Gana oii l'on célébrait des noces. Le Christ y était présent avec sa mère, mais l'heure du Christ n'était pas encore venue. De là, cette réponse : «Ti èjxol xal crol, yiivai ; » à la requête de sa mère (Jean, II, 3). Marie avait formulé cette demande : « Ils n'ont plus de vin », en s'appuyant sur son ■autorité maternelle, ayant confiance dans la soumission de son fils et dans sa puissance • divine qu'elle connaissait depuis longtemps^. Par pitié pour sa Mère, le Christ accomplit le miracle qu'il avait refusé de faire auparavant. La femme (yuvri) eut sur Notre-Seigneur une grande influence puisqu'elle put lui persuader de faire le miracle, qu'il ne pouvait pas d'ailleurs lui refuser, étant •son fils*. C'est par ce beau texte sur la toute-puissante intercession de Marie sur son Fils que nous terminerons ce chapitre que délibérément nous avons rattaché à la Pneumatologie ; car Marie nous apparaît comme la :sainte par excellence et la sanctification se rattache à l'Esprit ; de plus, tous les privilèges de Marie sont comme des corollaires de sa Maternité -divine, et c'est le Saint-Esprit qui a formé l'humanité de Jésus en Marie : Cyrille le répète souvent. En suivant l'itinéraire indiqué au début de cet ouvrage, nous nous acheminons, après avoir examiné les rôles de Dieu notre Père, du Christ (1) Hom. div. 11, P. G. 77, 1029 G sq. (2) Exode, XX, 12; Sur saint Jean, P. G. 74, 664 B, C, et Pusey, Sur saint Jean, III, 91 sq. ; Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 513 D. (3) Sur saint Jean, P. G. 73, 729 D, et Pusey, Sur saint Jean, I, 671. (4) Sur saint Jean, P. G. 73, 225 G, D, et Pusey, Sur saint Jean, l, 202. 286 MARIOLOGIE notre frère, et de l'Esprit notre sanctificateur, vers l'étude de l'Église, Notre dissertation sur la Mariologie nous prépare déjà à un tel sujet; car si Marie est la mère de Jésus-Christ, l'Église est la mère des membres de son corps mystique^. Entre Marie et l'Église, il y a des rapprochements à faire que Cyrille a soulignés nettement ou qu'il a laissé entrevoir. Souvenons-nous par exemple de cette phrase du panégyrique d'Éphèse : « C'est par vous (Marie), que les Églises ont été fondées dans l'univers entier »2. Non seulement l'Église dans une certaine mesure doit son établissement à Marie, Vierge mère ; mais l'Église est comme Marie, une Mère restée Vierge qui nous enfante par le Saint-Esprit à une vie divine. Certains auteurs aiment à citer, à ce propos, ce passage : « Célébrons par des chants de louange Marie la"^ toujours Vierge, la Sainte Église, et son Fils et époux immaculé ! A lui la gloire dans tous les siècles des siècles. Amen » . Mais le texte et sa traduction malgré leur beauté nous, paraissent bien incertains et nous n'oserions en faire état pour prétendre que Cyrille a poussé jusqu'à ce point- les rapprochements entre Marie et l'Église. (1) P. G. 71, 120, 92 sq. (2) Homélie, IV, P. G. 77, 992 G, (3) Homélie IV, P. G. 77, 996 G : F^voito 8è, 7)[ji,aç Tpé(jt.etv xal Trpooxuvetv t7]V èvoTYjxa... xal Tpéfxetv xal cé6siv t7]V àStàoTaTOV TptaSa • ôfjLVoGvTaç t'Jjv àeiTcàpôevov- Maptav, SïjXovdTt t^v àylav *ExxX'/}otav, xal tov TaÙTYjç Ytov, xal vufjiçîov àantXov.- "Oti aÙTco Y) 86Ça eiç toùç altovaç tcov aîcivcov. 'AfX'ifjv. QUATRIÈME PARTIE L'ÉGLISE, CORPS DU CHRIST ET TEMPLE DU SAINT-ESPRIT 10 CHAPITRE PREMIER L'ÉGLISE, ORGANISME VIVANT La relation qui existe entre le mystère de l'Église et les autres mystères ne pouvait guère échapper à l'attention de Cyrille. Il est difficile de préciser quels étaient les termes exacts du symbole de foi qu'il avait l'occasion de commenter au cours de ses prédications. Observons toute- fois, pour nous rendre compte d'une manière approximative des formules en cours, que le symbole apostolique parlait de la « sainte Église catho- lique » et que celui de saint Épiphane qui remonte au iv® siècle soulignait l'unité, la catholicité, l'apostolicité de l'Église : 7TtaTeu6[xev stç (xiav xaôoXixvjv xal aTroCTToXtxVjv 'ExxXvjcr^av. Dans la communauté d'Alexan- drie comme dans les autres communautés chrétiennes, on expliquait le symbole de foi aux catéchumènes et aux. néophytes ; le jour du baptême, l'évêque le commentait dans une homélie au peuple; nous savons que Cyrille n'a pas manqué à ce devoir traditionnel. L'É rse Dans la controverse nestorienne, le Symbole de Nicée dans les symboles tient une place irnportante ; on a toujours recours à de foi jyj^ nous l'avons vu, pour juger si une doctrine est orthodoxe ou hétérodoxe ; il ne contient pas d'article spécial sur l'Église, mais il se termine par un anathème prononcé par «l'Église catholique et apostolique»... to6tov)ç àva6s|iaT[^ei v) xa0oXix7) xal aTrocrToXixTj 'ExxXYjcia^. Ce sont ces deux mêmes épithètes que nous rencontrons dans la troisième lettre de Cyrille à Nestorius. Après avoir demandé à l'archevêque de Constantinoplè de penser et d'enseigner ce que pensent (1) Lé symbole de Constantinoplè dont on allait bientôt faire usage mettait en relief la sainteté de l'Église : elç [liav àyfav xaôoXix^v xal à7roaToXiX7)v 'ExxXrjoCav. Sur-ce symbole, cf . J. Lebon, Nicée-Consianiinopîe. Les premiers symboles de foi dans. Bévue d'Hist. eccL, 1936, p. 537-547. 290 l'église, organisme vivant et enseignent les évêques d'Orient et d'Occident, à xal-^jxstç Tcàvreç, ot'xz xaTà TTjv 'EoTrépav xal 'E^xxv èTi^axoTcoi, xal StSaCTxaXoi, xal XaGv yjYoïi- |jt,evoi,, il fait précéder le symbole de cette introduction : « Voici la foi de l'Église, catholique et apostolique, que professent unanimement tous les évêques orthodoxes, d'Orient et d'Occident : AÛty) yàp ttîç xa0oXix% xal àTroCTToXixyjç 'ExxXvjCJtaç 7) tt^cttiç -^ (juvaivoucrtv à^avreç, oÎts xaxà T7)V 'Earcépav, xal ttjv 'E^av ôpOôSo^oi tnicmoTtoi^. Enfin la profession de foi de Charisius, qui fut approuvée par les Pères d'Éphèse, compjortait un article sur l'Église, faisant suite à l'article sur le Saint-Esprit « consubstantiel au Père et au Fils » et précédant les articles sur la résurrection des morts et la vie éternelle : TticrTe^co... xal 'elç TO nvsu(ji,a t^ç àXTjOs^aç tov TcapàxXTjTov, ôfxootiatov IlaTpl, xal Tlcp, xal etç àyiav xaGoXtxyjv 'ExxXTQctav, sîç î^oi'Jjv atwviov^. Ce n'est point par un simple hasard que cet article sur l'Église «sainte et catholique », fait suite à l'article sur le Saint-Esprit. Dans la pensée de Cyrille, comme dans l'enseignement traditionnel à cette époque, l'Église apparaît comme l'union de l'Humanité à Dieu, comme un prolon- gement de l'Incarnation Rédemptrice, comme une participation à l'Esprit : ... Le Fils unique de Dieu, qui apparaît à nos regards dans la substance même du Père, et qui tient en sa nature son Père tout entier, est de cliair, selon l'Écriture ; se mêlant (àvapLiy^iiç) pour ainsi dire à notre nature, psir une union ineffable avec un ■corps de cette terre. Ainsi ce Dieu véritable est-il devenu, en toute vérité, un homme céleste, non un homme porteur de Dieu, comme le disent certains qui ne comprennent pas exactement la profondeur du mystère ; mais, il était dans un seul et même être, Dieu et homme. Il unissait de la sorte en Lui deux natures par elles-mêmes très distantes, et il faisait communier et participer l'homme à la nature divine (Qeiccç, Se <ç)ùaz(ù<; xoivc«>v6v ts xcà ^éTo/ov). La communion de l'Esprit-Saint, en effet,, est •descendue jusqu'à nous ; l'Esprit a habité en nous aussi. Gela a pris un commencement dans le Christ et s'est réalisé dans le Christ le premier. Lorsqu'en effet il est devenu semblable à nous, c'est-à-dire homme, il a été oint et consacré, quoique en sa nature divine, en tant qu'il vient du Père, il sanctifiât lui-même par son propre Esprit le (1) Coll. Valicana, n. 6, A. G. O. I, 1, 1, p. 34, et P. G. 77, 203. (2) Coll. Atheniensis, n. 76, A. G. O. I, 1, 7, p. 97, 1. 15-24. Ce Charisius comparut .•à la sixième session du Concile, le 22 juillet. Prêtre de l'Église de Philadelphie, il vint irendre compte que deux prêtres de Constantinople, Anastase et Photius, avaient donné 'des lettres de recommandation pour les évêques de Lydie à deux de leurs confrères, les prêtres Antoine et Jacques. Jïicques, étant venu à Philadelphie, convertit quelques quartodécimans et quelques novatiens. Mais au lieu de leur faire signer le symbole de Nicée, il leur avait présenté une profession de foi nestorienne, Les nouveaux con- vertis avaient accepté de très bonne foi ce symbole, et Charisius qui avait voulu inter- venir fut bel et bien traité d'hérétique et excommunié. Il en appelîiit aux Pères du «concile d'Éphèse. Ceux-ci, après avoir écouté la profession de foi personnelle de Cha- risius, n'y trouvèrent rien à reprendre. On lut ensuite le symbole hérétique que le prêtre Jacques avait fait signer aux quartodécimans de Lydie et que dénonçait Cha- risius. ÉGLISE ET SYMBOLES DE FOI 291 temple de sa chair, et tout l'Univers qu'il a créé, dans la mesure où. tout doit être sanctifié. Le mystère qui s'est passé dans le Christ est donc le commencement et le moyen de notre participation à l'Esprit et de notre union avec Dieu^. Deux aspects Daiis notre exposé de la doctrine ecclésîologique de Cyrille, de l"Ëgiise l'on ne trouvera peut-être aucun document nouveau, mais une nouvelle synthèse et une nouvelle analyse des textes majeurs. L'évêque d'Alexandrie n'a pas composé un traité sur l'Église, comme il l'a fait pour la Trinité ou pour l'Incarnation ; l'Ecclésiologie, sous son •double aspect : Église-Organisme, Église-Organisation, occupe toutefois une place importante dans ses écrits. Sur ses deux aspects porte notre enquête ; il nous a semblé que non seulement au point de vue ■de la théologie spéculative ou historique, ce travail pouvait offrir un réel intérêt, mais il nous a paru nécessaire de l'insérer dans cette étude sur le fondement dogmatique de la spiritualité de saint Cyrille. Pour compléter, ■en effet, ce que nous avons dit de la vie du Saint-Esprit dans lés âmes des fidèles, rien ne sera plus utile que d'étudier le mystère de l'Église, en tant qu'elk est vivifiée organiquement par l'Esprit du Christ, en tant qu'elle •est Corps du Christ. L'Église, considérée d'abord comme un organisme vivant, doit être aussi examinée" sous un second aspect, je veux dire, dans «a constitution visible. Cet aspect visible et hiérarchique de l'Église une, sainte, catholique et apostolique nous amènera à traiter la question de l'unité ecclésiastique par l'évêque, le métropolitain et le corps épiscopal. Par cette voie ascendante, nous serons conduits à aborder le problème 4u primat du Pontife romain chez saint Cyrille d'Alexandrie. Église, «L'Église est appelée le Corps du Christ et nous en organisme vivant sommes les membres ». Cette formule que nous lisons dans le Commentaire sur saint Jean^, et qui pourrait servir d'exergue à (1) Sur saint Jean, XI, 11, P. G. 74, 557. Dans l'édition de Pusey, t. II, p. 734. Je rappelle que l'édition de P. E. Pusey, S. Cyrilli Alexandrini opéra (7 vol., Oxford, 1868-1877) qui. au point de vue critique, est préférable à celle d'Aubert, est malheu- reusement incomplète ; on y trouve les Responsiones ad Tiberium et le De Dogmalum solulione que l'édition Migne ne contient pas. Pour ce qui concerne les versions fran- çaises des textes, j'ai souvent mis à profit, en les modifiant cependant quelquefois, les traductions fragmentaires déjà existantes : E, Amann, Le dogme catholique dans les Pères de VÉglise, p. 330-341 ; E. Mersch, Le Corps mystique du Christ, t. I, 1936, p. 487-524; du même, Filii in Filio,daLnsNouvelleIievuethéologique, mai-août 1938 ; L. Malevez, L'Église dans le Christ, dans Recherches de Se. Relig., t. XXV, 1935, p. 280 sq. ; L. Janssens, Notre filiation divine d'après saint Cyrille d'Alexandrie, dans Ephemerides theologicae Lovanienses, mai 1938, p. 233-278 ; Mahé, La sanctification d'après saint Cyrille d'Alexandrie, dans Revue d'Histoire ecclésiastique, Paris, 1909, p. 30-40 et 469-492. (2) Sur saint Jean, XVII, 20 et 21, liv. II, 11, P. G. 74, 557 sq. 292: l'église, organisme vivant cette esquisse de l'ecclésiologie cyrillienne, ne suffirait pas cependant à exprimer les richesses et les nuances de pensée du docteur alexandrin, lorsqu'il essaie de décrire «l'unité spirituelle»^ qui doit se réaliser entrfr les hommes, à l'imitation de celle qui existe entre le Père et le Fils, dans. l'Esprit-Saint ; nous rencontrerons une foule d'autres comparaisons^, celles de là. famille ou du royaume, du champ ou du troupeau, de la maison,, du temple ou du tabernacle spirituel, du mariage ou de la cité faite de. pierres vivantes. Sans rien sacrifier de l'analyse conceptuelle,. Cyrille use; à profusion des métaphores et des symboles ; sachant parfaitement, d'avance, qu'il ne pourra jamais parvenir à «comprendre» le mystère;; dans son ardeur à saisir le donné révélé, il l'investit pour ainsi dire par convergence d'images. Cette méthode comporte des avantages et des; inconvénients ; les métaphores sont parfois disparates ; elles n'ont pas; toujours une cohésion parfaite ; elles se meuvent sur des plans différents;; si bien que le théologien, habitué à la froide clarté des concepts, à la. rigoureuse discipline des abstractions, se trouve en maintes circonstance&- quelque peu désorienté. Chaque comparaison, pour Cyrille, a pour but de mettre en lumière un aspect spécial du mystère de l'unité dans la pluralité, de l'identité- dans la diversité. Sans s'astreindre à vouloir composer une sorte de^ crescendo, sans s'obliger à .avertir constamment ses lecteurs ou ses audi- teurs qu'il passe du plan « physique » c'est-à-dire ontologique, -au plan «moral» ou inverscinenL, le grand docteur alexandrin retient l'une ou. r autre de ces figures selon le but qu'il veut atteindre ; il les combine et les superpose, comme on ferait de différents harmoniques, pour éclairer- les intelligences, pour mieux faire valoir tel ou tel enseignement spirituel,, pour mettre davantage en lumière les leçons ascétiques et mystiques qu'il se propose de donner aux âmes. La comparaison de V organisme y/yanf offrait à Cyrille une image et une formule beaucoup plus parfaite que les autres, de l'Unité spirituelle et de cette union du Christ et de l'Église que, dans son ouvrage Sur- V Adoration en esprit et en vérité, à la suite de l'auteur de l'épître aux Colossiens, il désigne par ces deux mots : [marripiov XptaTou, le mystère: du Christ 2. L'image du corps, — Cyrille ne dit jamais « corps mystique du Christ » - — a d'abord l'avantage sur les autres images tirées du monde inorganique ou du monde organique non-humain de désigner quelque chose qui nous touche de plus près ; elle aide aussi à faire mieux comprendre la croissance de la vie divine dans l'humanité, la spiritualisation de la chair par le- (1) Sur la première Épîlre de saint Pierre, 2, 6, 7, P. G. 74, 1013. (2) Sur r Adoration en esprit, el en vérité, 2, P.. G., 68, 237. ORGANISME VIVANT 293 -jtveufxa. Par l-Esprit-rSamt nous est communiquée la vie même de la Trinité. Ce rôle de l'Esprit-Saint, principe d'union et de distinction, par lequel s'accomplit l'organisation spirituelle de l'humanité, est fortement marqué dans la doctrine cyrillienne. Ajoutons, comme autre caractère de cette doctrine, qu'elle s'articule en étroite relation avec les dogmes de L'Incarnation et de l'Eulogie mystique. L'Humanité du Christ est rendue 'vivifiante par son union à la Vie ; le corps « individuel » du Christ auquel nous communiquons grâce à l'eulogie mystique, corps que la théologie postérieure appellera plus tard « corps eucharistique », opère en nous ce que le Verbe opère en Lui. On pourrait distinguer trois acceptions : •d'abord le corps individuel du Christ, en second lieu le corps eucharistique •du Christ, enfin le corps social du Christ, qui est précisément l'Église," l'Église inséparable du Christ et de l'Eucharistie. L'Unité Entre l'unité de la Trinité et l'unité de l'Église se situe ^Scam^aUon^' l'unité de l'Incarnation. et l'Église Cyrille en exposant le mystère de la Trinité divine met constamment l'accent sur l'unité ; il n'y a qu'une seule divinité dans la Trinité^, une seule divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit 2, une seule nature en trois hypostases^. C'est l'unité même qui existe entre le Père et le Fils que les chrétiens doivent essayer d'imiter et de réaliser, dans leurs relations d'ici-bas : communauté de vie qui, si totale qu'elle soit, ne supprime d'ailleurs pas la distinction des personnes*. Entre l'unité de la Trinité et l'unité de l'Humanité, il y a des rappro- ^chements à faire. Il importe, tout d'abord, de remarquer que c'est la Trinité, en tant que telle, qui a présidé à la création de l'homme ; celui-ci a été fait à l'image de la Trinité, puisque c'est la Trinité elle-même qui a prononcé ce décret : «Faisons l'homme à notre image ))^. Cyrille va même plus loin et il se risque parfois, pour inculquer plus profondément la 4octrine de la consubstantialité du Père et du Fils dans l'esprit de ses lecteurs, à établir un parallèle entre l'unité de nature des personnes 'divines entre elles et l'unité de nature des hommes entre eux, Dans sa pensée, d'ailleurs, l'unité de nature des personnes divines reste supérieure (1) Sur la Triniîé, Dialogue III, P. G. 75, 793. (2) Sur saint Jean, X, 34, P. G. 74:, 29 ; Pusey, t. II p. 260. (3) Contre Nestorius, 1. V, ch. VI, P. G. 76, 240. (4) Au sujet de l'identité et de la différence, de l'unité et de la distinction : Sur .saint Jean, XIV, 11, P. G. 74, 216 ; Pusev, t. II, p. 431-432; ibidem, XVII, 6-8, JP. G., 74, 500 ; Pusey, t. II, p. 681 ; Sur la Trinité, dial. I, Vil, P. G. 75, 669,'676, .•697, 71-2, 1092 ; dial. IV ; P. G. 75, 869 ; dial. VI, P. G. 75, 1053. (5) Sur saint Jean, XVII, 6, 8, P. G. 74, 500 ; Pusey, t. Il, p. 68. : ^4 l'Église, organisme vivant à l'unité qui existe entre les hommes^. En fait, c'est l'Incarnation qui v8b faire le passage entre l'unité de la Trinité et l'unité qui se réalise à l'inté- rieur de l'humanité rachetée. Mais en quoi va consister cette unité supérieure? Comment faut-il comprendre le passage de saint Jean (ch. XVII, 22) : «Qu'ils soient un comme nous sommes un » ? Dans son souci de rendre le dogme de la Trinité plus assimilable, Cyrille souligne l'amour réciproque du Père et du Fils et il en déduit pour les hommes le devoir de la charité. Mais une^ lecture attentive montre que saint Cyrille ne confond pas du tout ce que nous appellerions volontiers le plan « réel » et le plan « intentionnel ». Les processions trinitaires ne sont pas pour lui des opérations volontaires- et l'union des Personnes divines est une union «physique» avant tout. Vivement désireux d'illuminer les intelligences par la mystérieuse lumière- qui vient de la foi et de sa formulation dogmatique, désireux surtout d'exciter la piété et la charité dans les âmes qui lui sont confiées, le patriarche passera constamment, et souvent sans avertir, du plan « physi- que », ontologique, réel, au plan moral, éthique, intentionnel. Sa charge pastorale l'y invitait, l'y obligeait même ; et il ne se croyait pas. toujours- astreint à montrer en toutes occasions à ses auditeurs, souvent peu; cultivés ou peu préparés à de telles spéculations, sur quel point d'appui solide se fondait son enseignement moral. Cette remarque a son importance ; elle dissipe par avance toute équi- voque ; notre lecteur ne sera point dérouté dans la suite si, au cours de notre exposé, nous rapprochons des textes qui pourraient paraître aa premier abord disparates. Mais par ce rapprochement discret et suggestif,, nous ne voulons cependant pas forcer Cyrille à dire ce qui n'est pas sa. pensée ; nous n'avons point l'intention de la systématiser au point de la. fausser. Inutile par exemple de s'attarder ici longtemps sur le rapport qui existe pour lui entre l'ontologique et le moral. De même, nous n'insisterons^ pas sur les textes où l'on peut apercevoir un rapport entre les missions. du Fils et du Saint-Esprit et le mystère de l'Incarnation rédemptrice^. Nous voudrions du moins indiquer brièvement ici le lien qui rattache l'Église, au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et mettre en pleine lumière; ce qui était, pour notre exposé, resté dans l'ombre dans nos chapitres précédents : je veux dire le trait d'union établi par l'Incarnation entre l'Église et la Trinité. Un bref rappel de ce que nous avons vu sur les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption vont nous introduire sans, hiatus au mystère même de -l'Église. (1) Sur la Trinité, dialogue I, P. G. 75, 676 ; VII, P. G. 75, 1093. (2) EpisL 55, P. G. 77, 117, 316; P. G. 75, 585, 600, 1009; 1093, 1117, 1120;; P. G. 73, 244, 173 ; P. G. 74, 301, 417, 449, 608, 709 ; P. G. 173, 1188, 1408. UNITÉ â95 L'homme, d'après Cyrille, et spécialement l'âme de l'homme, ont été créés et élevés à l'image et à la ressemblance de Dieu ; mais le premier homme a détérioré cette similitude^. Dans sa miséricorde infinie. Dieu décida de restaurer sa créature dans son état primitif^; ayant même de toute éternité prévu la faute d'Adam, il avait de toute éternité résolu de le sauver^. Ce plan de restauration, dû à la seule bonté divine*, annoncé à l'avance par les prophètes^, exécuté quand le monde eut suffisamment pris conscience de sa misère et de son impuissance, comportait l'Incar- nation, la mort et la résurrection du Fils de Dieu^. Pour expier le péché' et réconcilier le monde avec Dieu^, la mort d'un homme ordinaire ne suffisait pas^, ni même la mort des apôtres^*' ; mais par l'Incarnation rédemptrice, la nature humaine pouvait retrouver son état originel et la possession du Saint-Esprit. Retrouver l'état originel n'est pas assez dire : car, dans le mystère de r Incarnation, la divinité se trouve plus étroitement unie à la nature humaine que dans la création et sanctification du premier homme ; le premier Adam avait reçu l'Esprit, mais il pouvait le perdre à cause de son instabilité, et de fait il l'a perdu pour toute la nature ; le Christ Sauveur, par contre, uni immuablement à notre nature, nous a obtenu l'Esprit comme un don stable. Ce n'est pas tout : si on examine avec attention les textes cyrilliens sur l'état primitif d'Adam et la récapitu- lation opérée dans la nouvelle économie néo-testamentaire, l'on constate que si le premier Adam avait reçu de très grands privilèges surnaturels Gomme l'incorruptibilité, la domination des passions, la participation à la nature divine par le Saint-Esprit, il n'avait pas toutefois de parenté radicale, CTuyyéveia, avec Dieu, et en tant que créature, il se trouvait,, bien que participant à la nature divine, à une infinie distance du créateur ; ce n'est que dans l'Incarnation que s'est produit le mystérieux contact et le parfait rapprochement. Cyrille ne dit nulle part que le premier Adam avait reçu l'esprit d'adoption ; mais, pour lui, l'esprit d'adoption nous est communiqué comme un privilège de la nouvelle économie, par la (1) P. G. 68, 149, 244 ; 73, 205. (2) 'Avaxofjttoat TîàXiv xod àvaXa6eîv elç ÔTcep ^v èv àpxh "^à TCp6ç àvéfxoiov êxTrertTM- xôra TéXoç. — P. G. 74, 273. (3) P. G. 75, 292 ; 296 ; 69, 28. (4) P. G. 76, 295 sq. ; 72, 908, (5) P. G. 70, 937. (6) P. G. 69, 156 ; 74, 789, 817 ; 75, 1352; 76, 1292. (7) P. G. 76, 21, 1292. (8) P. G. 74, 295. (9) P. G. 76, 1292. (10) P. G. 74, 585 ; 76, 1057. ,296 l'église, organisme vivant . médiation physique du Christ^. Le Christ, Verbe incarné, est le seconci Adam, la racine et.le principe de l'humanité fégénérée^, le "médiateur entr& Dieu et les hommes^, la source de toute sainteté et de toute vie surna- turelle*. Or avant de remonter au ciel, le Christ a établi l'Église, pour continuer ici-bas et jusqu'à la fin des temps son œuvre, rédeiriptrice : Il en est la pierre angulaire^. Il a disparu le jour de l'Ascension, mais II demeuré parmi nous dans l'Église. Après l'Ascension, l'Église en qui le Christ et l'Esprit sont présents, et agissent, est à son tour la source de toutes le» grâces^, la source unique, en sorte qu'il faut y entrer, au moins spirituel- lement, et y entrer librement pour résoudre le redoutable problème de: son saluL'^. C'est donc par l'Incarnation rédemptrice et par l'Église, que vont se réaliser désormais l'unité de l'Humanité et de la Divinité et l'unité supérieure qui doit relier les hommes entre eux. Unité supérieure à celle qu'ils avaient en Adam puisque :c'est le Fils de Dieu lui-même qui est venu «réunir en un "seul corps les, enfants de Dieu qui, sont dispersés». L;'unité mystérieuse que Vont avoir tous les' hommes dans l'Église^ entre eux, et avec le Saint-Esprit et le Verbe Incarné, est' un point sur lequel Cyrille attire constamment l'attention^ ," . • C'est par l'humanité du Christ que les hommes vont devenir, en un sens plus strict ;qu'ils ne l'étaient, en Adam, fils de Dieu et temples du Saint-Esprit. Fils de Dieu, nous le sommes; en quelque' sorte naturèliement en Lui et en Lui seul ;• par participation et selon la grâce, par Lui, dans l'Esprit. De même donc que là qualité de monogène est devenue propre à l'humanité dans le Christ, parce qu'elle est unie au Verbe dans l'écopomie du salut, ainsi est-il devenu propre au Verbe d'être premier-né et d'être le premier parmi beaucoup de frères, parce qu'il s'est uni à la chair". (1) P. G. 74, 160, 268 A-281 A. (2) P. G. 68, 617. (3) P. G. 73, 1045. , : (4) P. G. 73, 1045 sq. ; 1029 sq. (5) P. G. 70, 968. (6) P. G. 71, 405 ; P. G. 74, 948 ; Pusey, t. III, p. 357. (7) P. G. 70, 1336. (8) Sur la distinction entre la filiation divine d'Adam et notre filiation divine néotestamentaire, cf. Sur saint Jean, XI, 49, P. G. 74, 69 B ; Sur Isaîe, XLIII, 5, 6, P. G. 70, 888 D-889. Voir notre seconde partie p. 175 à 178, où ce sujet a été traité. (9) Sur la vraie foi, ù Théodose, 30, P. G. 76, 1177. , , UNITÉ SPIRITUELLE 297 L'unité Sans insister davantage ici sur cette théologie de la Filiation spirituelle a.d6ptivei et de la Fraternité^, nous voudrions analyser ici le procédé de développement littéraire employé par Cyrille, lorsqu'il explique en quoi consiste et comment se réalise «l'unité spirituelle». Découvrir partout des symboles des réalités spirituelles, se servir des comparaisons plus sublimes tirées de la vie artistique, et surtout des humbles détails ' ûe la vie prosaïque quotidienne, voilà pour lui le sûr moyen de faire comprendre à ses lecteurs l'unité physique et l'unité morale qui relient Jes chrétiens entre eux, le omnes unum sint. Les hommes sont un par leur consubstantialité ; ils le sont parce qu'ils 'ont été élevés en. Adam à l'état surnaturel ; ils le sont dans le Christ qui s'est uni à eux physiquement par sa chair dans son Incarnation et dans . son Eucharistie ; ils doivent l'être par la profession d'une même foi, par la communion de la charité, par l'accord des pensées et des cœurs dans TEsprit. Ils doivent ratifier moralement, consciemment et librement l'unité «physique » surnaturelle que le Christ par son Incarnation et son Eucharistie a instituée, en sorte que l'union qui doit exister entre eux soit comme l'image et le monnayage dé l'unité du Père et du Fils dans la très sainte et consubstantielle Trinité. Le saint ne se lasse pas de répéter après l'Apôtre que le Christ ne peut être divisé (/ Cor., 1, 13), que ceux qui participent à l'eulogie mysti- que ne font qu'un corps (/ Cor., X, 17) et que ce corps est indivisible. Ou encore, que le Christ est la tête, et l'Église le corps composé de membres, qu'il faut édifier le corps du Christ, et que toutes les nations sont appelées à devenir participantes de la promesse dans le Christ {Eph., 111,5, 6 et IV, 14, 16). Et si nous sommes tous concorporels les uns avec les autres dans le Christ, et non seulement les uns avec les autres, mais encore avec Lui qui vient en nous par sa chair, comment ne serions-nous pas uii tous, et les uns dans les autres et dans le Christ ? Le Christ est en effet le lien de l'unité, parce qu'il est un seul et même Dieu et homme^. (1) Elle a été exposée par E. Mersch, dans deux articles de la Nouvelle Revue Théologique: Filii in Filio, mai 1938, p. 551-583; cf. spécialement p. 571-575 pour ce qui concerne Cyrille. L. Janssens, dans un article des Ephemerides Theologicae Lovanienses, mai 1938, p. 233-278, Notre Filiation divine d'après saint Cyrille d'Alexan- drie, a fait une étude très attentive de la question, étude à laquelle nous avons déjà souvent renvoyé le lecteur, surtout dans notre deuxième partie. (2) Cf. Sur saint Luc, II, 7, P. G. .72, 485 C, D, 488 A ; II, 17, P. G. 72, 485 D ; VI, 4, P. G. 72, 581 A ; XI, 2, P. G. 77, 688 G ; Sur saint Jean, X, 14, P. G. 73, 1048 G ; Contre Neslorius, 1. III, P. G. 76, 124 D-125 C ; Glaphtjres sur la Genèse, 1. V, P. G. 69, 229 D ; Sur l'Exode, 1. II, P. G. 69, 436 B ; Sur le Psaume XXÏ, 23, P. G. 69, 840 A ; Sur les Actes, XIII, 33, P. G. 74, 769 A; -Sur Isaîe, VIII, 18, P. G. 70. 240 A ; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1304 D ; 75, 1305 A. (3) P. G. 74, 560 ; Pusey, t. II, p. 375. ' "298 l'église, organisme vivant %■ Autour de ce texte tiré du Commentaire sur saint Jean, ch. XI, v. 11, 011 en poutrait grouper une foule d'autres où souvent l'exigence de la ratification morale, le précepte de l'union est encore mieux mise en valeur. Le Christ n'est en aucune façon divisé, mais il demeure un et entier en tous. Il est notre paix ; car il nous unit les uns aux autres dans la concorde, et par lui-même. Il nous unit à Dieu dans l'Esprit^. Recevant tous en nous-mêmes le même unique Esprit, c'est-à-dire l'Esprit-Saint, nous sommes par là mélangés tous ensemble et avec Dieu. Quoique nous soyons- distincts les uns des autres et qu'en chacun habite l'Esprit du Père et du Fils, cet Esprit cependant est un et indivisible ; il réunit donc par lui-même les esprits mul- tiples et distincts, les rendant en quelque sorte un seul esprit en Lui. De même que la vertu de la sainte chair rend concorporels entre eux ceux qui la reçoivent, de la même façon à mon avis, l'Esprit un, qui vient habiter en tous, les mène tous à l'unité spiri- tuelle. Aussi saint Paul, déclare-t-il : « Vous supportant tous en charité, gardez avec soin l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix. Soyez un seul corps et un seul esprit, comme vous avez été appelés, en une seule espérance de votre vocation. Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Père de tous, qui est sur tous et par tous et en tous » {Eph. IV, 3-6). Et en vérité, si l'unique Esprit de Dieu réside en nous tous, seul le Père de tous sera Dieu en nous et II amènera par son Fils dans l'unité entre eux et avec Lui, ceux qui participent de l'Esprit*. Que nous soyons spirituellement attachés au Christ par des sentiments de charité parfaite, par une foi droite et inébranlable, par notre amour de la vertu et la sincérité de nos convictions, notre doctrine ne s'y oppose pas ; nous déclarons nous-mêmes que tout cela est très exact. Mais si l'on dit que nous n'avons avec Lui aucun rattachement selon la chair, nous allons montrer qu'on est en opposition avec l'Écriture sainte... Qu'on nous dise, en effet, quelle est alors la raison d'être et la vertu de l'eulogie mys- tique ? Pourquoi vient-elle en nous ? N'est-ce pas pour introduire en nous corporel- lement le Christ, par la participation et communion de sa chair ?... Nous lui devenons concorporels par la réception de l'eulogie mystique et nous devenons un seul corps avec lui comme l'ont été les saints apôtres. Le Christ n'â-t-il pas dit que leurs membres ou plutôt nos membres à tous étaient les siens ? Il est écrit, en effet : « Ne savez-vous pas que vos membres sont les membres du Christ ? » (/ Cor., VI, 15). Et le Sauveur dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en Lui » (Jean, VI, 56). Il faut ici bien remarquer que le Christ ne parle pas d'être en nous par un rapport d'affection mais par participation physique. De même que si quelqu'un façonnait ensemble deux morceaux de cire et les faisait fondre au feu, il les réduirait à n'être qu'un, ainsi, par la réception du corps du Christ et de son précieux sang. Lui est en nous, et, nous, nous sommes unis en Lui. Ce qui est né corruptible ne pouvait autrement être vivifié qu'en étant mélangé au corps de la vie elle-même, c'est-à-dire au Monogène. Si tu ne veux pas te laisser persuader par mesparoles, crois au moins au Christ, qui crie : « Qui me mange a la vie éternelle ! » (Jean, VI, 54-55). La vie éternelle, c'est en vérité la chair de la vie, c'est-à-dire du Fils unique^. Il faut se borner. Dans une multitude d'autres passages où . Cyrille parle de l'unité et explique le précepte de l'unioTn, on voit très nettement (1) Sur l'Adoration en esprit et en vérité, XV, P. G. 68, 973. (2) Sur saint Jean, XI, 11, P. G. 74, 561. (3) 3ur saint Jean, X, 2, P. G. 74, 341-344. IMAGES ET SYMBOLES 299 qu'il distingue comme un premier plan ontologique, « physique », et Un second plan solidaire du premier où il s'agit des obligations morales et surnaturelles. Ce second plan a, certes, lui aussi sa réalité puisque notre vie éternelle en. dépend. Il ne faut pas trop demander à Cyrille d'expli- cations sur cette ontologie surnaturelle, sur les rapports qui existent entre ce que la théologie postérieure appellera, par un souci légitime de distinction, le « dogme » et la « morale ». Cyrille distingue mais ne sépare jamais « dogme » et « morale » dans sa pensée ; si sa lutte contre les Ariens, contre les Apollinaristes, contre "Nestorius, l'entraîne, assez avant, dans le champ de la spéculation, on constate que dans l'accomplissement de sa charge pastorale, dans l'instruction de ses « ouailles », il évite les subtilités stériles, il insiste sur tout ce qui a valeur de vie, il enseigne une morale spécifiquement chrétienne et théologique dont les principes se rattachent aux dogmes mêmes de la Trinité, de l'Incarnation, de l'in- corporation par la grâce au Verbe Incarné. Images ^ f^ut aVouer pourtant qu'il passe avec une telle aisance et symboles (jgg comparaisons qui ne sont que de pures métaphores à des symboles' qui ont Valeur de réalité, que le lecteur se trouve parfois désorienté dans cette luxuriante forêt. Les pages qui suivent où nous alignons et analysons les images qui ont quelque parenté avec celle du corps mystique et dont notre docteur se sert pour inculquer le dogme et le précepte de l'unité spirituelle, sont fort significatives à ce sujet. Ëpoux Cette image fréquemment employée par Cyrille signifie l'union et épouse du Christ et de l'Église et l'union de l'âme à Dieu. Elle était déjà en usage avant lui ; mais comme elle peut se prêter à diverses applications, examinons en détail le parti qu'il a su en tirer. Dans le Commentaire sur le livre d'Osée^, Cyrille voit dans l'union du prophète avec la pécheresse une image de l'union de Dieu avec l'âme, toujours "indigne de cette grâce. Nous avons eu l'occasion d'expliquer ce texte dans notre préface. Il est inutile d'y revenir ici. C'est pour signifier l'union du Christ et de l'Église plus encore que celle de l'âme à Dieu que Cyrille se servira de la comparaison de l'époux et de l'épouse. Dans le Commentaire sur saint Jean, c'est l'humanité tout entière qui est considérée comme la fiancée ou l'épouse du Christ ; par le baptême se (1) Sur Osée, P. G. 71, 28 B, 32 C, 33 A, cf. supra, p. 21. 300 l'église. ORGANISME VIVANT fait l'union ; ce rite unit les néophytes avec Dieu et tous les fidèles entre eux^. Dans les Glaphyres, Cyrille voit dans Rachel^ et dans Rébecca^ une image de l'Église, épouse du Christ. Dans le Commentaire sur le Cantique, il devait revenir encore sur cette idée ; il la précise en indiquant que les fidèles et la hiérarchie sont l'épouse du Christ et que les membres prin- cipaux de la hiérarchie sont les évêques, les prêtres, les diacres, les docteurs et les pasteurs*. L'Église, épouse du Christ, est aussi considérée par Cyrille comme une Mère : elle nourrit les bons et les saints^. : Il arrive rarement au docteur alexandrin de développer une seule métaphore, à l'exclusion des autres. Est-ce incapacité de pousser jusqu'au bout les comparaisons ou souci de montrer comment elles se ressemblent ou se complètent? En tout cas, ce fait pittoresque s'avère facile à constater. ^Parfois la comparaison de l'union de l'âme et du corps voisine avec celle du pain que l'homme s'incorpore, ou même avec celle de l'union des époux qui ne forment entre eux qu'une seule chair ; on devine ici la préoccupation de montrer l'unité physique qui existe dans le Christ entre les natures divine et humaine ou entre le Christ et le chrétien qui participe à l'eulogie mystique. En parlant dans les Glaphyres sur la Genèse des différentes Églises qui sont réparties dans le monde, Cyrille explique qu'elles sont pour ainsi dire comme de nombreuses épouses que le Christ a acquises par son sang et qui constituent une seule maison et une seule famille^; la comparaison du mariage est continuée et achevée par celle de la maison et de la famille. Cyrille a de la peine à maîtriser sa pensée, à la canaliser, à la discipliner par le développement d'une seule métaphore ; du moins reste-t-il tenace en son dessein qui est de mettre en valeur la notion d'unité. Voici un autre passage qui commence par la comparaison du pain et s'achève par celle de l'union conjugale. * Nous avons été en effet rendus membres d'un même corps (aùcrCTOfioi) par l'eulogie mystique. Mais nous avons été d'une autre manière unis entre nous, parce que nous (1) Sur saint Jean, livre II, ch. 3, 29, P. G. 73, 264. Pour Ambroise, Basile, Hilaire de Poitiers, c'est surtout la synagogue qui est considérée comme épouse. A la mort de son premier mari, c'est-à-dire à la fin de l'Ancien" Testament, elle s'unit au Christ. Sur le baptême, principe d'unité, cf. P. G. 71, 145, 804. (2) Justin, Dialogue avec Tryphon, 133, 3, et Irénée, Adversus Haereses, 4, 21, 3, P. G. 7, 1045-1046, avaient fait avant Cyrille, P. G. 69, 231-233, la même comparaison entre Rachel et l'Église. (3) Glaphyres, 4, 2, P. G. 69, 184. Cf. Éptlre à Barnabe, 13, 3. (4) Sur le Cantique, l, 14 ; 5, 15 ; 7, 4 ; P. G. 69, 1282, 1290 sq. (5) Sur Isaîe, 54, 1-3; 60, 13-14 ; 63, 19 ; P. G. 70, 1195, 1337, 1396 ; P. G. 71, 120, 92 sq. (6) Glaphyres sur la Genèse, 5, 4 et 5, P. G. 69, 246 et 249. CEP ET SARMENTS 301 avons été faits participants (xoivwvol) de la nature divine par l'Esprit. Il habite en effet les âmes des saints et comme le Bienheureux Jean l'a dit : « En cela, nous savons qu'il est en nous (I Jean, III, 24) par l'Esprit qui nous est donné ». Il est donc notre vie, notre justification.^Et il est aussi écrit : « Donc, comme par la faute d'un seul dans tous les hommes en condamnation, ainsi et par la faute d'un seul, en tous les hommes en justification ûe vie... » (Rom. V, 18). Il n'est donc pas du tout étonnant que, même dans le premier Adam, le mystère du Christ ait été alors annoncé, non par l'image d'une parfaite ressemblance, mais par une image antithétique. Celui-là était en effet le principe de notre race pour la mort, pour la malédiction, pour la con- damnation ; celui-ci précisément pour tout le contraire, pour la vie, pour la bénédiction,, pour la justification. Le premier, en effet, s'un,it à la femme en une seule chair et par là en périt ; mais le Christ unissant à Lui l'Église par l'Esprit; la libère et la sauve, et. la rend supérieure à la malice du démon »i. Si, en terminant cette enquête sur la comparaison du lien conjugial,. nous cherchons à savoir à quel moment s'est accomplie l'union du Christ et de l'Église par l'Esprit, un fragment du Commentaire sur le Cantique nous apprendra qu'elle s'est effectuée sur la Croix : Il appelle jour de ses noces le jour de sa Passion où il s'est uni à l'Église par son sang^ Cep et sarmentK H ne faut pas s'étonner que . Cyrille, exégète du Pasteur et brebis quatrième évangile, ait souvent développé ces compa- raisons dont le Christ s'était servi pour expliquer l'union spirituelle qui doit exister entre lui et les siens. Les commentaires les plus importants sur l'Église, bergerie et vigne mystique, se rattachent à l'explication des chapitres dixième et quinzième de l'Évangile de saint Jean^ ; l'auteur y fait une plus large place aux considérations ascétiques qu'à la doctrine ecclésiologique proprement dite ; il y mêle des discussions trinitaires et christologiques qui sont d'un grand intérêt* ; il souligne la consubstan- tialité du Christ, cep de la vigne, aVèc les hommes qui en sont les rameaux, rapproche cette comparaison johannine de la comparaison paulinienne de l'Église, corps du Christ^, insiste sur ce que la théologie postérieure (1) Glaphyres sur la Genèse, I, P. G. 69, 29 B, C. (2) Sur le Cantique, 3, 11, P. G. 69, 1288. (3) P. G. 74, 332-400 ; P. G. 73, 1044-1048. (4) P. G. 7 à, 332-341. (5) L'influence de saint Jean se manifeste constamment dans la théologie cyrillienne. Pour ce qui concerne les images, parallèles à celle du Corps du Christ, outre celles du troupeau et de la vigne, notons celles du temple et du tabernacle (livres IX et X de V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 78, 588-725 ; Sur saint Jean, 1. IV, P. G. 73^ 528-704 passim). — Les fragments des commentaires sur les Épîtres aux Romains, aux Corinthiens, aux Hébreux nous prouvent que la pensée paulinienne est aussi familière à Cyrille. Cf. Ep. aux Romains, P. G. 74, 773-756 ; Pusey, t. III, p. 173-248 ; Ép. aux Corinthiens, P. G., ibid., 856-952 ; Pusey, t. III, p. 249-361 ; Ép. aux Hébreux P. G., ibid., 953-1005 ; Pusey, t. III, p. 362-440, 302 L ÉGLISE, ORGANISME VIVANT appellera la gratia capiiis^. Enfin, il fait remarquer que le Christ vivifie non seulement le corps considéré dans son ensemble, mais qu'il exerce ^aussi une influence sur chacune des âmes en particulier. Les rameaux les plus importants en qui le Père est glorifié d'une manière spéciale sont les apôtres envoyés par le Christ ; ils iront de l'avant ; Us produiront beaucoup 4e fruit ; ils gagneront les âmes par leur prédication 2, Expliquant en quoi consiste la mission apostolique qui a pour but la ■gloire du Père et le salut des hommes, Cyrille montre que c'est par l'amour de Dieu et l'amour du prochain que les apôtres entreront et resteront dans l'amour du Christ et dans l'amour du Père, dans l'union au Christ «t dans l'union au Père : « Paître les brebis et les agneaux, ce n'est pas autre chose que d'aimer le Christ y>^. Voilà pourquoi saint Pierre, avant de recevoir la charge de pasteur suprême a dû répondre à la question du Christ : «Pierre, m'aimes-tu?». Ainsi, après l'acte de foi dont nous parle saint Matthieu au chapitre 16 de son évangile, la mission de Pierre a pour principe, pour occasion ou pour condition, l'acte d'amour que nous rapporte avec émotion l'évangéliste saint Jean*. C'est d'ailleurs aussi par la foi et par la charité [Rom., XI, 20 et Eph., III, 18) que le chrétien est inséré dans le Christ. Pour décrire cette insertion, Cyrille ne pourra pas s'empêcher de rapprocher l'image de la vigne de celle de l'olivier dont parle saint Paul ; son homonyme de Jérusalem l'avait fait avant lui dans ses Catéchèses^. (1) Dans son article des Ephemerides theologicae Lovanienses, mai 1938, que nous avons déjà cité, L. Janssens a fait un examen minutieux des textes sur la grâce (page 276, note 225). Le lecteur est invité à retrouver dans Cyrille « des exemples typiques qui illustrent les distinctions que les théologiens établissent habituellement dans le traité de la grâce ». A savoir : 1° La gratia Dei seu conditoris. Adam a été élevé à l'état surnaturel, en tant que le Créateur lui a communiqué le Saint-Esprit ; 2° La gratia Christi capitis, donnée en vue du Christ, sans même que soit présupposée la chute d'Adam. Cyrille en parle à propos des anges quand il dit que le Christ est aussi la sanctification des esprits supraterrestres ( Glaphyres sur le Lévil., P. G. 66, 549 C) ; 3° La gratia Redemploris, grâce des hommes après la chute ; il faut de plus distinguer ici une double influence du Christ, dans l'ordre de la causalité morale et finale {3ur V Adoration en esprit et en vérité, 1. II, P. G. 68, 245 A, B, influxus Christi per merilum et satisfactionem) et dans l'ordre de la causalité efficiente {1" dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 692 sq.). Ds^ns le premier cas, la Rédemption est rétroactive et atteint tous les hommes depuis la chute ; dans le second cas, où il s'£^git de la gratia Christi capitis au sens strict, V influxus gratiae requiert la présence actuelle de la cause et se limite à la nouvelle loi : il y a ici une médiation physique du Verbe Incarné par laquelle l'esprit d'adoption nous est communiqué. (2) Sur saint Jean, 15, 16; P. G. 74, 389-392. (3) Sur saint Jean, 15, 11-13; P. G. 74, 381. (4) Nous reviendrons plus loin sur les Commentaires cyrilliens de Matthieu, XVI, et de Jean, XXI, 15-18. , (5) Catéchèses, 1, 4 ; P. G. 33, 373 ; 20, 7; P. G. 33, 1084. FOI ET BAPTÊME 303 .L'implantation de la foi dans les âmes de ceux qui vont devenir des « croyants », des « fidèles », se fait d'ordinaire par le baptême à la suite de la prédication. L'Église, la mère des croyants^, fondée sur la foi de Pierre^, constitué pasteur visible par le Christ, premier et éternel pasteur ■des fidèles^, l'Église, épouse du Christ, mais, aussi comme nous allons le voir bientôt, temple spirituel, a pour fondement les apôtres sur lesquels «ont édifiés les « croyants »* ; c'est par la prédication apostolique de la foi que l'Église s'est répandue dans le monde^, et c'est par le baptême que les fidèles sont faits aiSfxcpuTOt. avec le Christ ; le baptême est comme ime transplantation, ou plutôt comme une greffe. Mais il faut retourner ici le concept de la greffe ; c'est l'olivier sauvage qui est inséré sur l'olivier fructifère ; l'homme devient alors participant de la sève du Christ ; cette :sève est l'esprit du Christ lui-même par lequel on est enraciné dans le •Christ {Col., 2, 7) : cette mystérieuse opération se fait par la grâce, la foi et la charité 8. La grâce, xo^P^Ç» ^^ ^^^^ qu'elle est richesse, force, vêtement, ornement -de l'âme, sceau imprimé en elle', peut être considérées comme une qualité, 'TioiÔTYjç^ ; mais ce n'est pas tout : elle est la présence même du Saint- Esprit dans l'âme ou du moins elle est inséparable de cette présence. Le ■Christ n'a-t-il pas dit : Recevez la grâce que le Saint-Esprit communique ? Le Saint-Esprit transforme les âmes à l'image de Dieu, non par une -grâce qui lui serve d'instrument, mais en se donnant lui-même comme participation de la nature divine*. Le Christ communique donc l'Esprit, et il le fait après sa résurrection ; il le communique d'abord aux apôtres, ensuite par les apôtres aux fidèles ; c'est de la plénitude du Christ que tous nous avons tout reçu, et d'abord l'Esprit^^ Le Saint-Esprit, vertu :sanctificatrice du Fils, opère au baptême la transformation des justes et .fixe sa demeure dans les âmes^^. S'il y a un lien étroit entre la communication de l'Esprit et le baptême, il en existe un autre non moins indissoluble entre la foi et le rite baptismal. (1) P. G. 71, 120, 89 sq. (2) P. G. 75, 865. (3) P. G. 72, 424. (4) P. G. 70, 344, 940. (5) P. G. 70, 1368. (6) Sur saint Jean, 15, I ; P. G. 74, 333-347. (7) P. G. 68, 268, 272, 273, 752 ; P. G. 71, 65, 321 ; P. G. 72, 401, 445 ; P. G. 73, 153, 205 ; P. G. 74, 264, 572 ; P. G. 75, 1088 ; P. G. 76, 1384 ; P. G. 77, 617. (8) P. G. 77, 617. (9) P. G. 75, 1089. (10) P. G. 69, 552 ; P. G. 73, 169 ; Pusey, t. I, p. 148 ; P. G. 75, 1888 sq. (11) P. G. 74, 1088, 801. 304 l'église,. ORGANISME VIVANT Le baptême, porte d'entrée' du royaume des cieux, instrument de la sanctification qui lave les souillures de l'âme, sans qu'il soit besoin de s'humilier par les exercices de la pénitence^, unit les néophytes avec. Dieu et tous les fidèles entre eux^ dans l'unité du Christ et de l'Église. Comme il n'y a qu'un seul Christ, il n'y a qu'une seule foi et un seul baptême ;. dans cette foi, tous les fidèles" doivent rester unis. S'en séparer comme les hérétiques, c'est se perdre, car les sarments détachés du cep cessent de vivre^. Le baptême est inséparable dé la foi, en ce sens encore que dans- les rites d'initiation, on faisait précéder la cérémonie d'une triple pro- fession de foi*, et le rite lui-même qui faisait passer les catéchumènes à une nouvelle vie, celle du Christ et de l'Église, était souvent désigné par l'hendiadys : TuiaTtç xod pàTTTicrfxa^, La foi inséparable du baptême est de plus, en droit, inséparable de la charité ; dans ses Homélies pascales et dans son ouvrage Sur V Adoration en esprit et en vérité, Cyrille se plaît à le répéter. La vie chrétienne, vie d'union au Christ, exige que l'on joigne à une foi droite et pure, la pratique des bonnes œuvres; sans les œuvres, la foi est morte et ne suffit pas au salut ; la charité et les bonnes œuvres sont, pour les chrétiens,, le critère de la sincérité de leur union au Christ^. Baptisés dans sa mort,, vivifiés par sa chair'', les fidèles sans lui ne peuvent rien faire ; mais, avec sa grâce, sève divine, aidés de sOn secours efficace,, unis à lui comme les sarments au cep, ils porteront beaucoup de fruit®. Je ne résiste pas au plaisir de transcrire encore ces lignes des Glaphyres sur la Genèse, on l'image de la vigne mystique si chère à saint Jean est. rapprochée de celle qu'affectionn^^it saint Paul. Il est la tête ; et nous, nous sommes son corps et ses membres. Et il est, Lui, la vigne ;. et nous, nous avons été insérés comme des rameaux, liés ensemble dans l'unité, selon. l'Esprit, par la sanctification". (1) P. G. 68, 504, 853. (2) P. G. 71, 145, 804. (3) P. G. 69, 552; D/aZ. "On eïç ô XpioT6ç; P. G. 75, 1256; Pusey, p. 335. (4) P. G. 73, 1008. (5) P. G. 70, 40, 573 ; P. G. 74, 696. Dans les Glaphyres sur la Genèse, 4, 12, P. G. 69,. 224-225, Cyrille appelle l'Église Sainte, la multitude des « croyants », ou encore la réunion des croyants qui, par la foi dans le Christ, ont obtenu l'unité avec Dieu. IL semble bien avoir uniquement en vue ceux qui sont lavés par le baptême. (6) P. G. 70, 1040 ; 72, 776 ; 74, 125, 524 ; 76, 1201. (7) Dial. "On sXq à XpiGTÔq, P. G. 75, 1360. (8) P. G. 68, 173 ; 70, 1216 ; 72, 776 ; 74, 524. Origène avait déjà enseigné, un siècle auparavant, en cette même ville d'Alexandrie, que nous avons été plantés dans le Ctirist ; ceux qui ne produisent pas de bons fruits dans l'Église, occupent inutilement «une bonne terre, le Christ mystère de l'Église ». Sur Jérémie, ,18, 5; P. G. 13, 473. (9) Glaphyres sur la Genèse, VI, 3; P. G. 69, 296. On pourrait noter en passant comme ayant quelque analogie avec la comparaison de la vigne, les passages où Cyrille TEMPLE ET TABERNACLE 305 Teinple Nous venons déjà de voir de nombreuses coniparaisôns •et tabernacle auxquelles Cyrille fait appel comnie pour cerner et exprimer •de plus près le mystère de l'Église et de son Unité jL'Église est aussi com- parée à un bercail, à un édifice, à une cité; elle est la Jérusalem nouvelle^; elle est comme un navire voguant sur les flots du monde et transportant les fidèles dans la patrie des saints^. Mais un des symboles les plus usités par notre auteur est celui du Temple. De ce temple spirituel, les apôtres, à commencer par Pierre, sont les fondements inébranlables^. Le Christ est la pierre angulaire de cet édifice dans lequel tous ont également accès au Père dans l'unité de l'Esprit ; le Christ entraîne, attire tous les chrétiens à Lui sur la Croix ; par l'efîusion de son esprit, il habite en tous comme un temple. Il s'unit tous les hommes pour qu'ils soient un entre eux, comme le Père et le Fils sont un dans l'Esprit-Saint. Église Temple, Église Tabernacle de l'Esprit, c'est une idée centrale de l'ecclésiologie cyrillienne ; elle revient comme un leit-motiv dans presque tous ses ouvrages, notamment dans les chapitres 3 et 10 de V Adoration en Esprit et en Vérité, dans la plupart de ses commentaires de l'Ancien Testament (Genèse, Isaïe, Michée, Sophonie, Zacharie) dans ses ouvrages exégétiques sur le Nouveau Testament (Luc, Jean, Épître aux Romains, première ,Épître de saint Pierre)*. Quelques particularités sont ici à noter : dans l'Adoration en Esprit et en Vérité, le Tabermacle de l'Ancienne Loi est présenté comme un type rde l'Église ; dans le Commentaire sur saint Jean, Cyrille en parle surtout <;omme d'une figure du Christ^ ; le plus souvent, il est l'image de l'âme .en qui habite l'Esprit. Ces divers sens sont d'ailleurs fréquemment mêlés, ■et, comme nous l'avons déjà remarqué, les autres comparaisons de ■emploie l'expression «racine vivifiante». Le Père est racine vivifiante. Sur saint Jean, IV, 3; P. G. 73, 585; le Christ, lui aussi, est pour toute sa race une nouvelle racine vivifiante : Hom. pasc, 27, 4; P. G. 77, 948 ; Contre Nestorius, I, I; P. G. 76, 17; JP. G. 68, 617. (1) P. G. 71, 209, 389 ; P. G. 69, 246, 249. (2) P. G. 69, 1264. (3) P. G. 70, 344, 940, 968 ; P. G. 75, 865. (4) Sur l'Adoration en esprit et en vérité, 1. IX et X, P. G. 73, 588, 725. • (5) Sur V Adoration en esprit et en vérité, III et XI, P. G. 66, 298 et 774 ; Glaphyres ^sur la Genèse, 4, P. G. 69, 202 ; Sur Isaïe, II, 12 ; 44, 23 ; 45, i 3 ; 49, 14-15 ; 54, 4-5 ; 54, 16- 17; 57, 17-21; 60,4-7; 62,4; 66,1-3; 66, 10-12; P. G. 70,333,940,968, 969, 1065, 1200, 1216, 1277 ; 1325-1329 ; 1372 ; 1433 ; 1437. Sur Michée, 35 et 48 ; P. G. 71, 689 et 717 ; Sur Sophon. 46, P. G. 71, 1020 ; Sur Zacharie, 27, 33, 55, P. G. 72, 73-76, 100, 141 ; Sur saint Luc, 2, 7 et 20, 17 ; P. G. 72, 493-496 et 888 ; Sur saint Jean, I, 14, P. G. 73, 164 ; II, 49; P. G. 74,m, 13; P. G. 74, 165-168; 15, I, P. G. 74, 333, 17, 20; P. G. 74, 555-558 ; 19, 16-18, P. G. 74, 653 ; Sur l'Épttre aux Romains, 15, 7, P. G. 74, 853 ; £ur la première Épltre de saint Pierre, 2, 6-7, P. G. 74, 1013. 306 l'église, organisme vivant l'union conjugale ou de la vigne mystique se trouvent rapprochées de- celles du Temple et du Tabernacle : elles s'harmonisent et se complètent^ Ainsi, par exemple, dans le Commentaire sur le Cantique, qui devrait insister, semble-t-il, avant tout, sur l'union des époux, nous trouvons- une explication très détaillée de la structure du Temple mystique^. Dans le livre des Trésors sur la sainte et consubstantielle Trinité, se ren- contre une de ces formules lapidaires dont Cyrille est coutumier; il va y ramasser toute sa pensée sur le problème qui nous occupe. En même- temps qu'il exprime avec force l'unité du Père et du Fils, l'unité du Fils- et de l'humanité, l'unité des fidèles entre eux, il rapproche les compa- raisons du Temple et du Corps, et il en montre l'équivalence tout comme il l'avait fait ailleurs à propos de la comparaison du Corps et de la Vigne. Mystique. Puisqu'il a pris le corps humain, il nous appartient. Mais II a en Lui le Père... Commet je suis en eux et le Père est en moi, dit-il, ainsi je veux que vous soyez parfaits, en sorte que vous soyez uhis les uns aux autres en une certaine unité et que vous soyez: tous en moi comme un__corps et que par là je vous porte tous comme en un temple'.- Le symbole Les images scripturaires qui gravitent autour de la notion de du pain manducation spirituelle, entre autres Mt 13, 33 et Le. 13,. 21, I Cor., 10, 17 et Rom., 11, 6, ne pouvaient échapper au regard attentif de Cyrille. Saint Paul avait avant lui étroitement uni la comparaison du pain et celle du corps ; le docteur alexandrin n'eut point de peine à' rejoindre la pensée de l'apôtre, souvent elliptique, à la dépasser dans une certaine mesure, à l'amplifier, à l'orchestrer. Le style de Cyrille,, parfois si abstrait, si froid, peut à volonté devenir extraordinairement imagé et presque somptueux. Puisque nous faisons une remarque en passant sur le style et la tournure d'esprit de saint Cyrille, nous pouvons- signaler ici que cet écrivain violent et atrabilaire, en même temps que contemplatif et mystique, sait passer avec aisance de l'inVective la plus- mordante contre un Julien ou contre un Nestorius à des élévations- dogmatiques de haut vol, à des développements théologiques qui s'épanouissent en une prière apaisée. C'est ce qui a lieu spécialement lorsqu'il donne plein essor à sa piété eucharistique. Sa doctrine eucharistique ayant été exposée dans notre seconde partie,, nous ne signalons ici que ce qui est étroitement apparenté avec le sujet de notre étude sur l'unité. On devine d'ailleurs la difficulté spéciale que l'on rencontre sur ce point particulier lorsqu'il est question du pain. (1) Sur le Cantique, 5, 15, P. G. 69, 1289. (2) Trésor, ass. 12, P. G. 75, 204. Je reviendrai sur ce texte p. 316. SYMBOLE DU PAIN 307" eucharistique, il ne s'agit plus simplement d'un symbole, mais d'un symbole qui est aussi une réalité. Nous ne formons qu'un seul pain et un seul corps parce que nous- sommes unis entre nous et avec le Christ ; la raison de cette unité est d'abord le corps du Christ qui, tout en étant distribué aux milliers de fidèles dispersés dans le monde, conserve cependant toute son intégrité puisqu'il est donné tout entier à chacun. Cette mystérieuse unité a égale- ment sa source dans l'Esprit du Christ dont tous s'abreuvent dans l'eulogie mystique, et, déjà même, avant, par le baptême. La première raison" est clairement mise en lumière dans le Premier dialogue sur la Trinité^ ; la. deuxième est expliquée plus ou moins longuement dans une foule de passages de V Adoration en Esprit et en Vérité, des commentaires exégé- tiques, et des écrits polémiques contre Nestorius^. C'est avant tout dans- son Commentaire sur saint Jean, à propos de la manne, de la multiplication des pains et de la prière sacerdotale du Christ, que Cyrille expose avec le plus d'ampleur le parallèle entre l'union spirituelle et l'union eucha- ristique. Pour que nous tendions vers l'unité (elç évà-njTa) avec Dieu et entre nous, et que- nous soyons mêlés ensemble {auvava(jiioYcb(xeQa), bien que nous soyons divers indivi- duellement par les difïérences de chacun, quant aux âmes et quant aux corps, le- Monogène a eu l'idée d'un moyen qu'il inventa par sa propre Sagesse et par le conseiL du Père. En effet, en, bénissant les croyants en soi dans un seul corps, c'est-à-dire en son propre corps, par la participation mystique, Il les a rendus concorporels avec Lui et entre eux. Qui en effet séparera et écarter^ de cette union physique (çuoixîjçi Ivàaecoç) entre eux ceux qui sont unis jusqu'à l'union au Christ par ce saint corps unique ? Le Christ, en effet, ne peut pas être divisé. Voilà pourquoi l'Église est aussi, appelée le corps du Christ et nous, nous en sommes les membres, àvàjjLEpoç, selon la, pensée de saint Paul (/ Cor., 12, 27). Parce que nous sommes tous unis au Christ unique par son saint corps, nous qui dans nos corps le recevons, lui, un et indivisible, nou& devons être les membres du Christ lui-même plus encore que nos propres membres.. Pour ce qui concerne l'union dans l'Esprit, nous suivrons à^peu près la même route dans nos considérations et nous dirons encore qu'ayant reçu un seul et même Esprit, je veux dire l'Esprit-Saint, nous sommes tous en quelque sorte unis entre nous et avec Dieu. Bien qu'en effet nous soyions plusieurs, pris séparément, et qu'en chacun,, le Christ fasse habiter l'Esprit du Père et son pr.opre Esprit, l'Esprit est cependant un et indivis. Lui qui rassemble dans l'unité par lui-même les esprits de chacun existant (1) p. G. 75, 697. Il est intéressant de comparer ce passage avec celui de Grégoire. DE Nysse, Oraison caléchétique, 37, P. G. 45, 93, et un autre de Chrysostome, In Hebr. cap. 10, hom. 17, 3, P. G. 63, 131. (2) Sur VAdoraiion en Esprit el en Vérité, 9, P. G. 66, 611 ; Sur la l'" épître de saini Paul aux Corinthiens, 12, 9 et 12, P. G. 74, 888 et 889 ; Contre Nestorius, 4, 5, P. G. 76, 194. Une des formules les plus pleines est peut-être celle des Glaphyres sur la Genèse: Siiooo[xot. (ièv yàç) yzy6va.\j.ev aÙTfp St' tiikoylaq tîjç [luotiktiç,. 'HvtijieGa 8è xal xa6* Êxepov rpÔTTov, ôti t^ç Qeiccç, aùrou cpiioetoç yBy6va[izv xotvcovol Sià tou nvéoptaToç. P. G. 69, 29. Nous avons traduit le texte entier ci-dessus :cf. Époux el épouse, p. 300- 301. '308 l'église, Organisme vivant séparément — • c'est-à-dire en tant qu'ils ont une individualité selon l'existence — et qui les fait apparaître comme ne formant en lui-même qu'un seul être. De même, en effet, que le pouvoir de sa chair sainte rend ouctctci)(xouç ceux en qui II est, de même, si je ne me trompe, l'Esprit unique de Dieu, habitant d'une manière indivisible en tous, les amène tous inéluctablement à l'unité spirituelle {npbc, évéxYjTa t-})v 7uveu(i.aTtx';^v)^. A l'appui de ces affirmations, Cyrille allègue ici les yersets 3-6 du cha- pitre IV de VÉpîire aux Éphésiens^. On /pent rapprocher , de la compa- raison du pain celle du levain transformant toute la pâte ; le Christ est le levain, le ferment céleste ; le fidèle est comme une pâte à laquelle le Christ se mêle ; il y* a contact, parfaite compénétration, mystérieuse vivification^. La chair du Christ est une chair vivifiante ; par la réception de l'Eucharistie, par la participation des fidèles au pain «spirituel», « mystique », « vivifiant », qui provient de l'eulogie*, la chair du Christ fait vivre d'une vie nouvelle, céleste, divine, immortelle. L'Esprit-Saint, par sa présence active et transformante, préside à cette œuvre de vivifi- cation et de déification^. Par la communion au sacrifice du Christ, la vie même du Fils de Dieu réellemerit présent sur les tables des Églises, est communiquée aux fils adoptifs ; car II est alors réellement présent dans l'assemblée et II s'immole en sacrifice. Après la bénédiction des oblats, il n'y a plus de vin ordinaire ; il a fait place au sang précieux du Christ dont les mérites infinis ont largement compensé nos fautes^ ; il n'y a plus que les apparences du pain. (1) Sur saint Jean, 17, 20 et 21, liv. II; P. G. 74, 557 sq. (2) L'importance ecclésiologique de VÉpllre aux Éphésiens n'a point échappé à la méditation attentive du patriarche d'Alexandrie. Il cite avec prédilection le texte paxnoslra: ccîixbq sotiv t) slprjVT) y)[jlcûv et les versets 14-16 du chapitre 4 qui l'encadrent. Autres passages souvent cités : Eph., 2, 14-18 ; 3, 5-6 ; 5, 29-32. (3) Sur r Adoration en esprit et en vérité, P. G. 65,626 ; Sur saint Jean, P. G. 73,584. (4) Cyrille emploie exclusivement le terme « eiikoyicc », pour désigner l'Eucharistie. Il y ajoute souvent des épithètes qui en précisent le sens ou en indiquent les effets : ■^tùOTTOioç [Adoration, 7 ; Contre les Orientaux, II ; Commentaire sur saint Matthieu, 26, 27 ; Commentaire sur saint Luc, 22, 19) ; TrveojxaTtx':^ {Adoration 6) ; [xucttix'^ [Adora- tion, 2 ; Glaphyres sur la Genèse, I, et Sur le Lévitique; Commentaire sur saint Luc, 4, 38 ; Sur Habacuc, 2 ; Sur VÉpîire aux Romains, 8, 3 ; Dialogue sur la Trinité, I ; Contre Nestorius, 4, 5 ; Épître synodale, 7 ; Commentaire sur saint Jean [passim]) ; eùXoyta XpiaTOÛ (Adoration en esprit et en vérité, 12) ; dans VÉptlre synodale, 7, le mot eôXoyfa se trouve une fois au pluriel. Il est probable que vers la fin du iv^ siècle et la première partie du v» siècle, le terme d'eùXoy^a était à Alexandrie le terme courant pour désigner le sacrement du Ginùst. L'emploi de ce vocable a un fondement biblique au moins aussi solide que le terme « eùyoLpiaxlcc ». Cf. première multiplication des pains : Mt. 14, 19 ; Me. 6, 41 : Luc, 9, 16 ; deuxième multiplication des pains : Mo. 8, 7 ; institution de l'Eucliaristie, eùXoyeïv pour la bénédiction du pain et eûxaptOTeiv (Mt. 26, 26 sq. ; Me. 14, 22 sq.) pour celle du vin. L'origine véritable du mot eukoyioc appliqué aux -saints mystères semble être / Cor., 10, 16 : TtOTrjpiov xriq eùXoytaç Ô eôXoyoufiev. (5) Sur saint Jean, XI, 9-12, P. G. 74, 512-571. (6) P. G. 74, 656. LE PAIN VIVANT 309' ; Le Seigneur a dit d'une façon démonstrative : Ceci est mon corps, et : ceci est mon sang ; pour que nous ne considérions pas ce qui paraît comme de simples figures, mais afin que mous sacliions bien que les oblats ont été en toute vérité transformés au corps et au sang du Christ par la puissance ineffable du Dieu qui peut tout^. Le pain, dans l'eulogie mystique, n'est donc pas simplement un pur symbole, mais il est aussi présence réelle ; ce qui paraît n'est pas une simple figure mais la réalité même du Corps du Christ. De plus dans- l'accomplissement de ce mystère, il ne s'agit pas d'une simple présence, mais d'un véritable sacrifice continuant celui de la Croix, avec cette différence toutefois que le sacrifice d'immolation du Christ est sacrifice non sanglant^. La communion au sa.crifice du Christ fait entrer les fidèles- en participation de la vie divine et éternelle du Fils de Dieu ; car le Fila- est Vie, en tant qu'il est engendré par le Père qui est vivant. Et son corps sacré qui est en quelque sorte mêlé et mystérieusement uni à ce: Verbe qui appelle tout à la vie, est lui aussi vivant. Puis donc que la, chair du Sauveur est devenue vivifiante, unie qu'elle est à celui, qui par nature est la vie, je veux dire au Yerbe de Dieu, quand nous le mangeons, nous recevons en nous la vie, lui étant unis comme ^Ue-même l'est au Verbe qui habite- en elle^ Dès lors, il ne faut pas s'étonner qu'après Chrysostome et Cyrille de Jérusalem, le patriarche d'Alexandrie trouve insuffisant lé concept d'union morale et recoure à celui de contact physique, d'union physique,, pour exprimer l'union eucharistique*. Il reste cependant bien entendu que cette union physique requiert des dispositions mora]e,s de la part des fidèles : foi, pureté, charité. Lorsqu'après avoir assisté à la Bénédiction mystique des oblats qui se- céjèbre dans l'Église et ne se célèbre que dans les Églises orthodoxes,:, lorsqu'après avoir reçu dans leurs mains le Corps du Christ, les chrétiens- (1) P. G. 72, 452, 912. (2) P. G. 72, 297, 905. (3) Sur saint Jean, IV, 2, P. G. 73, bll. Cf. Sur saint Jean, P. G. 73, 601, 604, 522,. 581, 964 ; Contre Nestorius, IV, P. G. 76, 192 ; Sur la vraie foi, à Théodose, XXXVII, P. G. 76, 1188 ; Apologie contre les Orientaux, P. G. 76, 373, 376; Sur saint Luc, IV, P. G. 77, 522) Dia/of/iie "Oti sÏç ô XpiOTÔç, P. G. 75, 1269. On pourrait multiplier ces références aux passages cyi'illiens où est affirmée l'unité de l'humanité du Christ avec le Verbe et en même temps la vertu vivifiante de sa chair, la communication de vie incorruptible, éternelle et subsistante qui est faite à ceux qui entrent en contact physique avec elle et qui s'en nourrissent. Relire spécialement le 11° Anathématisn^e et les explications que Cyrille en a données. (4) Sur saint Jean, 15, I, et 17, 21, P. G. 74, 341, 560 ; Cyrille de Jérusalem, Catéch:22, 3, P. G. 33, 1100; Chrysostome, Sur saint Matthieu, hom. 32, 5, P. G. S8, 743-744 ; Sur la première, Épitre aux Corinthiens, hom. 24, 2, P. G. 61, 200 ; Sur saint Jean, 46, 2-3, P. G. 59, 260. 310 l'église, organisme vivant se nourrissent de cet aliment spirituel, ils sont vivifiés, sanctifiés, corps et âmes^ ; ils sont unis au Christ aussi intimement que deux morceaux ■de cire fondus ensemble ^ ; ils sont par la plus petite parcelle d'eulogie rendus .forts contre la corruption et contre le démon^ ; récupérant la santé spirituelle, ils auront désormais la force de s'abstenir du péché et de mortifier leurs passions* ; la chair du Christ les transforme en sa propre excellence, c'est-à-dire en immortalité et en vie^. A ce perfectionnement individuel, il faut ajouter les effets sociaux de cette participation au Corps du Christ. Tous les fidèles ne forment qu'un seul et même être, grâce à la puissance unitive du Corps du Christ, un et indivisible ; la communion au Corps du Christ est la racine et le principe de l'unité catholique ; elle est la consommation de l'unité. Tous nous sommes, par la nature, enfermés en nos individualités. Mais d'une autre ifaçon, tous ensemble nous sommes réunis. Divisés en quelque sorte en personnalités bien distinctes, par quoi un tel est Pierre ou Jean, ou Thomas, ou Matthieu, nous sommes comme fondus en un seul corps dans le Christ, en nous nourissant d'une seule chair. Un seul Esprit nous marque pour l'unité, et comme le Christ est un et indivisible, nous tous ne sommes plus qu'un en Lui. Aussi, disait-il à son Père céleste : a Qu'ils soient un comme nous sommes un »*. Ce texte est un exemple de plus oîi nous voyons Cyrille rapprocher l'unité du Père et du Fils dans la Trinité, l'unité physique et spirituelle ■du Chrétien au Christ par l'Incarnation et l'Eucharistie, l'unité des Chrétiens entre eux. Mais comme le baptême nous confère déjà, d'après saint Cyrille, une réelle unité spirituelle, celle qui accompagne normalement l'union eucha- ristique est d'un ordre plus parfait. Le baptême est un rite par lequel nous acquérons une certaine incorporation au Corps du Christ, l'esprit •d'adoption, l'Esprit du Fils qui nous fait dire : Abba, Père. Nous sommes régénérés par l'eau qui purifie et l'accent est mis avant tout sur la foi par laquelle nous adhérons au Christ. Quand il s'agit de l'eulogie mystique, l'accent est mis plutôt sur la vertu de charité. Le fruit suprême de l'Eucharistie, lien de l'unité, sera (1) Sur Michée, II, 5, P. G. 71, 668 B ; P. G. 73, 481 ; Pusey, t. I, p. 440 ; Sur samf Jean, XVII, 28, 29, P. G. 74, 564 D, 565 A. (2) Sur saint Jean, VI, 56 ; P. G. 73, 584 C, D ; Pusey, t. I, p. 535 ; Sur saint Jean, XV, I, P. G. 74, 341 D. (3) P. G. 68, 285 ; P. G. 69, 428. (4) P. G. 68, 793. (5) Sur saint Jean, IV, 2, P. G. 73, 577-578. (6) Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 695-697 ; cf. aussi Sur saint Jean, XVII, II, P. G. 74, 516 D, 517 A ; Sur saint Jean, XVII, 20, 21, P. G. 74, 560 A, B, C. Cf. supra, p. 194, les textes que nous avons traduits ou cités dans la 2''partie, chap.4. UEulogic /nysiique. Efficacité. Union entre les chrétiens dans le Christ, UN SEUL PAIN 31 1 l'unanimité, la concorde, le pardon des injures, le dévouement au pro- chain ; Je Christ ne peut pas être divisé ; les membres du Christ doivent donc éviter tout ce qui peut briser, favoriser tout ce qui peut confirmer les relations fraternelles. Entre tant de passages magnifiques et convain- cants^, on n'a que l'embarras du choix. Pour nous fondre dans l'unité avec Dieu et entre nous, quoique nous ayons chacun une personnalité distincte, le Monogène a inventé un merveilleux moyen ; par un seul corps, le sien propre, Il sanctifie ses fidèles dans, la communion mystique, le» faisant un seul corps avec lui et entre eux. Nulle division ne peut survenir à l'intérieur du Christ. Unis tous à l'unique Christ par son propre corps, le recevant tous, Lui un et indivisible, en nos propres corps, nous sommes les membres de ce corps unique,, et II est ainsi pour nous le lien de l'unité*. Ici plus encore que dans les comparaisons précédentes sur le mariage,, la vigne ou le temple, apparaît le lien étroit qui rapproche le symbole du* Pain du symbole de la réalité du Corps du Christ, sous son double aspect eucharistique et ecclésiologique. Le Christ est le pain du ciel qui vivifie tous les hommes ; à cause de son indivisibilité, il unit entre eux tous les fidèles, tous les membres du corps unique dont II est la vie. Ce n'est pas la manne, figure de l'eulogie, qui est le pain du ciel, dit le Christ, mais bien plutôt moi qui descends du ciel, qui vivifie tous les hommes et qui m'insère en^ ceux qui me mangent, par la chair que je me suis unie. Devenant participants de l'Esprit, noussommes unis au Sauveur de tous et les una aux autres. Nous devenons aussi concorporels en ceci, que «le pain étant un, nous devenons tous un seul corps ; car tous nous participons à l'unique pain » (/ Cor., X, 17).. Le corps du Christ, qui est en nous, lie dans l'unité puisqu'il n'est en aucune fafion; divisée Les passages importants que nous venons d'analyser et de coordonner introduisent déjà fort avant dans l'intelligence de la doctrine de l'Église, Corps du Christ ; les symboles dont Cyrille se sert nous font entrer, mieux qu'une dialectique abstraite, dans le mystère de l'Unité spirituelle. Cela est incontestable ; mais il n'y a rien toutefois dans les exemples que nous avons donnés jusqu'à présent qui nous incline à affirmer une grande originalité de pensée. Les comparaisons employées par le saint docteur sont exactement celles de l'Écriture et s'imposent. à tous. Remarquons de plus qu'en ce qui concerne la combinaison des images,, le critique n'aura pas lieu de faire apprécier une réussite extraordinaire. Disons seulement que le goût du temps laissait sans doute à Cyrille plus (1) Sur la charité. fraternelle et le dévouement au prochain, lire en particulier: Adoration en esprit et en vérité, 1. VII et VIII, P. G. 68, 480-588 ; Sur saint Jean, 1. X, passim, P. G. 74, 281-444 ; Pusey, t. II, p. 489-629. Cyrille cite et commente souvent : I Cor., X, 17 ; / Cor., XII, 27 et Eph., V, 30. (2) Sur saint Jean, XI, II, P. G. 74, 560, Cf. Contre Nestorius, P. G. 76, 125-129.. (3) Contre Nestorius, IV, P. G. 76, 193 sq. .'312 l'église, organisme vivant 'de liberté que de lids jours, qu'il en profite largement pour unir et briser les images et les corriger l'une par l'autre, et qu'il use de ce procédé dans un but qui est apparemment plus pratique qu'artistique. Nous avons cherché quelque passage plus synthétique, donnant vue •sur l'ensemble organisé, hiérarchisé des images sacrées ;niais nous n'en avons point trouvé. On ne peut nier cependant que l'image de l'« Orga- nisme vivant » qu'il ne faut point séparer de celle du mariage reste pour Cyrille comme pour saint Paul la plus parfaite de toutes ; elle se trouverait .au sommet de cette hiérarchie. Examinons donc maintenant le symbole de l'Organisme vivant; il apparaît comme l'aboutissant de l'image classique du Royaume de Dieu et finalement rejoint Celui qui est plus qu'une image : le Christ même qui est l'Église^. L'expression Et s'il est vrai que nous comprenons mieux les choses- «corps du diable» en précisant ce qu'elles ne sont pas, signalons que Cyrille emploie parfois l'expression « corps du diable » par opposition au « Corps •du Christ ». Ainsi dans son Commentaire sur Habacuc^, où il rappelle que tous ceux qui adhèrent à Dieu sont un seul esprit avec Lui, il fait remarquer que pour une semblable raison tous ceux qui adhèrent au diable forment aussi un seul corps avec lui ; les mages Venus d'Orient pour adorer le Christ ont été autrefois les instruments du diable et ils ne devaient certes pas être comptés parmi les moindres. Cette manière de parler du « corps du diable » que nous rencontrons chez Cyrille avait quelque fondement dans l'Écriture; elle se trouve, dans la tradition: patristique avant le v^ siècle, chez saint Irénée ou chez saint Basile par exemple^. Je n'ai pu me rendre compte si notre docteur dans l'emploi de cette formule avait subi quelque influence, et en particulier s'il avait .eu connaissance du Commentaire sur l'Apocalypse et du Livre des Règles de Tychonius dans lesquels le célèbre donatiste exposait en Occident, •entre 380 et 385, cette théorie du corps du diable, avec force développe- ments^ (1) Cf. Gregorianum, XIX, 1938, pp. 573-603. — Si l'on veut juger de l'originalité «relative » de saint Cyrille sur la question ici étudiée, on pourra utiliser l'ouvrage du P. Tromp, Corpus Christi quod est Ecclesia, tome I, Romae, 1937, où se trouvent ■•commodément réunis les matériaux nécessaires pour une étude comparée des Pères de l'Église. (2) Sur Habacuc, 23, P. G. 71, 877. (3) Mt. 12, 25-28 ; Jean, 8, 44 ; / Jean, 3, 8-12; Irénée, Adv. Haeres. 5, 25, 1-4 ; 5, 28, 2; 5, 29, I ; P. G. 7, 1189-1192, 1198-1199, 1202; Basile, In Psalm., 7, 8, P. G. 29, ■248. (4) F. BuRKiTT, The Book of Rules of Tyconius, dans Texts and Sîudîes III, i, Gam- ibridge, 1894. Cf. Siint Augustin, De dodrina chrisliana, 3, 30, 42 ; 3, 37, 55, P. L. 34, ;81-90. . CORPS DU DIABLE. 313;- L'expression ^^ ^^^ "^^ expression que certains chercheront sans «corps mystique» doute en vain chez Cyrille, celle de «corps mystique inusitée - ^^ Christ » ; il se. contente de dire à propos de l'Église « corps du Christ » tout comme saint Paul et les autres Pères. Cependant, . il se sert fréquemment du mot « (jluçtixÔç » pour décrire le mystère de l'Église, le « (xi)crT7)piov XpiaTou »^. Le mot « (xuuTtxoç «^ est employé également, lorsqu'il parle de l'eulogie, du sacrifice de l'autel ou du mystère de la Rédemption^. Commentant, le verset 14 du prologue de saint Jean, Cyrille appelle «union mystique» l'union jies membres entre eux à- l'intérieur du Corps mystique*. Ces remarques de détail au sujet de l'expression «corps du diable», qui se trouve chez saint Cyrille, et «corps mystique», qui ne s'y trouvé;, pas, ne présentent pas un intérêt capital. Ce qui est plus captivant et plus profitable, c'est l'étude de la doctrine elle-même, d'autant que,, comme on l'a très justement fait remarquer, elle atteint chez saint Cyrille le plus haut degré de perfection auquel elle soit parvenue dans l'Église d'Orient^. C'est surtout l'union spirituelle des chrétiens au Christ et des chrétiens entre eux qu'il décrit avec prédilection. Malheureusement, ces descriptions sont souvent un peu éparses dans ses ouvrages et comme noyées au milieu d'autres développements ; il faut faire effort pour les chercher, les dégager, les coordonner, les mettre à leur place dans la pensée organique de l'auteur. Idées : S'il fallait ramener à quelques grandes idées la doctrine principales cyrillienne de l'Organisme spirituel, nous nous servirions- volontiers de ces mots : unité, diversité, communion des membres à la tête et des membres entre eux, croissance, consommation dans V unité. Le principe à.' unité est le Christ-chef, le Christ-tête, l'Esprit du Christ,. l'Esprit-Saint. Mais le Saint-Esprit est aussi un principe de différenciation, et la tête du corps connote une diversité de fonctions, une multiplicité de membres. Le thème naguère développé par Grégoire de Naziarice sur «l'animal hétérogène », l'adage si cher à saint Jérôme : non omnia possunt (1) Sur V Adoration en esprit et en vérité, 2, 6, P. G. 68, 237 ; Glaphyres sur le Lévitique et Commentaire sur saint Luc, 22, 19. (2) MuoTiXT) TpdcTreî^a, Sur VAdoralion, 3 et Sur le Ps. 22, 5 ; 6eîov ji-uoT-ripiov, Contre Nestovius, 4, 3 ; 4, 6 ; t6 ôsïov yjfxcov (xuoTYjptov, .Co/ifre Nestorias, 4, 5 ; fftùTTjpicoSsç , (j.uGT'irjpi.ov, Sur saint Matthieu, 26, 26. Le mot (jiuoTtxôv Seïtcvov se trouve dans l'homélie X ; mais comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, nous ne considérons pas cette homélie comme authentique. (3) Sur saint Jean, P. G. 73, 161, 1045, 1048 ; P. G. 74, 20; P. G. 74, 261 ;. Trésor,, ass. i5.,P. G. 75,292. (é) Sur saint Jean, P. G. 73, 161. {b) E. Mersch, Le Corps mystique du Christ, tome I, i). à87. ^14 l'église, organisme vivant cmnes, et surtout les remarques de saint Paul sur la diversification des membres dans un même corps {Rom., XIII, 4-5 ; / Cor., XII, 12-27), ■Cyrille les reprend, les explique, les amplifie. Il ne montre pas seulement • comment il y a une division de l'activité, comment chaque organe a son opération propre, comment la hiérarchie et les fidèles, évêques, prêtres, diacres, moines, Veuves, vierges, personnes mariées, diaconesses, ont selon les âges, les degrés, les professions, les états, leurs obligations parti- culières, mais il enseigne comment tous doivent être unis à la tête et • doivent collaborer entre eux ((xsGs^tç, (xstoxv), xoivoavia) pour l'édifi- cation du corps du Christ. La vie de l'Église, comme celle de l'individu, comporte de plus un • devenir, une croissance (au^Tjcnç), un développement extensif et intensif. Le terme du progrès vers lequel s'achemine l'Église et ses membres est la vie éternelle et la consommation dans l'unité, lorsque le Fils fera hommage au Père de toutes les choses soumises et que Dieu sera tout -entier en tous^. Remaroues Sans reprendre en détail la doctrine cyrillienne de :sur l'Ecclésiologie l'Organisme mystique dont nous venons de rappeler cyn lenne ^qq traits essentiels — unité, diversité, croissance et •consommation de l'unité — on nous permettra de présenter ici quelques remarques qui nous feront voir plus clairement comment l'ecclésiologie -xyrillienne se situe en continuation de sa doctrine trinitaire, pneumato- (logique et sotériologique, et comment se concilient harmonieusement dans la pensée du grand docteur l'aspect intérieur et mystique et l'aspect extérieur, visible, hiérarchique et juridique de l'Église, en d'autres termes, l'Église-Organisnie, l'Église-Organisation. Le Christ Tout d'abord", remarquons que Cyrille passe aisément de l'idée • et l'Église ^q Aoyoç habitant parmi nous à celle de son corps qui est l'Église, L'unité de l'Église, corps du Christ, vient précisément de (1) « Notre retour vers Dieu, qui se fait par le Christ, notre Sauveur, ne s'opère que par la communion et la sanctification de l'Esprit. Ce qui nous élève vers le Fils et nous unit ainsi à Dieu, c'est l'Esprit. En le prenant en nous, nous devenons parti- cipants et commnniants à la nature divine. Or nous le recevons par le Fils, et, dans le Fils, nous recevons le Père». Sur saint Jean, XI, 10, P. G, 74, 545. « L'Esprit est .l'image parfaite de la substance du Fils, comme Paul l'a écrit : « Ceux qu'il a discernés, il les a prédestinés à devenir conformes à l'image de son Fils » (Rom., VIII, 29). Il rend .ANS LE CHRIST 317 un temple». De -quelle manière faut-i! comprendre cette inclusion de l'humanité dans le Christ ? Différentes interprétations ont été proposées. Sans vouloir traiter ici le problème à fond, nous voulons simplement suggérer sinon un principe de solution' au moins une nouvelle direction de recherche. '. Assurément l'adhésion de Cyrille à la Révélation n'est pas subordonnée à une philosophie ; mais il n'a pas pu ne pas chercher, peut-être même à son insu, à systématiser les données de la Révélation en fonction dé certains principes rationnels. L'unité réelle des humains, leur consubs^ tantialité, et plus précisément encore, la consubstantialité du Christ avec les hommes est pour lui une idée fondamentale. Le problème se pose de savoir dans quelle philosophie Cyrille s'est représenté à lui-même et a présenté aux autre.s, spontanément, cette indéniable consubstantialité qui existe entre la' tête et les membres, entre la vigne et les sarments, «ntre le Verbe Incarné et ses frères selon la chair et par grâce, les hommes. Certains ont cru pouvoir relever dans les œuvres de Cyrille une influencé plalonicienne. En 1887, F. Loofs, dans son étude sur Léonce de Byzance, en 1896, Ehrhard dans un article du Literarische Handwèiser, plus récem- ment encore en 1909, A. Hamack, dans la quatrième édition de son- Histoire des Dogmes, pensaient trouver dans les œuvres du grand docteur alexandrin, l'affirmation d'une union du Verbe à la nature humaine' universelle, sans préjudice d'ailleurs de l'assomption d'une humanité individuelle comme la nôtre^. Ceux qui ont fait la critiqué de cette première explication ont d'abord^ souligné que les textes cyrilliens allégués n'ont pas une résonance spécia- lement et exclusivement platonicienne. Ils ont observé de plus que ce serait pour ainsi dire mettre une contradiction dans la pensée même de Cyrille. On ne voit pas très bien comment « l'homme en soi » de Platon,' plus réel que les individus qui participent de lui, pourrait s'identifier à' une humanité individuelle privilégiée, qui serait dans le cas celle du Christ. Car il resterait à expliquer en quoi consisterait dans ce système l'individuation de cet Idéal-Réel ou pour employer une expression quelque peu hégélienne que nous ne trouvons pas encore chez Cyrille, en quoi consisterait dans ce système l'individuation de cet Universel concret. Et il faudrait le faire en tenant compte de tous les éléments admis par Cyrille dans l'Incarnation : persistance de la divinité, existence d'une (1) Nous avons déjàindiqué plus haut les références principales, F. Loofs, Leonlius von Byzanz, «Texte und Untersuchungen », 1887, p 48; Ehrhard, Literarische Handwèiser, 1896, p. 1 sq. ; A. Harnack, Lehrbach der Dogmengeschichie, 4^ édit. 1909, T. H., p. 167. On peut y ajouter l'article de Kruger, dans la Eealenzyklopâdie fur proieslantische Théologie, 3o édit., IV, p. 381. 318 l'église, organisme vivant humanité individuée semblable à la nôtre, exclusion de tout doeétisme et de tout apollinarisme. Pour toutes ces raisons, il ne nous semble pas que l'on ait, jusqu'à présent du moins, rendu parfaitement compte de la pensée cyrillienne, en la faisant entrer dans des cadres strictement platoniciens. D'autres interprètes se sont lancés sur une autre piste et ont cru découvrir dans les œuvres de Cyrille une influence ansioîélicienne. C'est dans ce sens par exemple que la pensée du grand docteur a été interprétée par E. Weigl, dans l'ouvrage si méritant qu'il lui a consacré et qui parut quatre ans avant la quatrième édition de l'histoire des dogmes d'Adolphe Harnack^. L. Janssens a fait une critique très poussée de cette position ; il montre que pour trois raisons la pensée de Cyrille ne peut être moulée dans des cadres aristotéliciens. La première raison est tirée du fait que Cyrille met en parallèle la consubstantialité des hommes et celle des personnes divines. Puisqu'il n'y a qu'une seule divinité dans le Père et dans le Fils, et qu'entre le Père et le Fils, il y a unité numérique de la substance concrète, la comparaison des deux consubstantialités n'aurait aucune signification, si l'on voulait rendre compte de la consubstantialité humaine par l'unité de la substance seconde^. La deuxième raison est déduite de ce fait que, Cyrille, lorsqu'il parle de la consubstantialité des hommes entre eux, enseigne qu'il n'y a pour tous qu'une seule définition de la substance elle-même. Ce n'est que par leurs accidents pour Cyrille que les hommes diffèrent entre eux^. La troisième et dernière raison proposée par L. Janssens est tirée de la considération de l'origine de la consubstan- tialité, c'est-à-dire de la génération. La différence des noms ne détruit pas l'identité de la substance. Entre le Père et le Fils, dans la Trinité comme parmi les hommes, la substance test identique puisqu'un père engendre son fils de sa propre substance. C'est donc que, pour Cyrille, la consubstantialité est l'unité numérique non pas de la substance seconde mais de la substance concrète. (1) E. Weigl, Die Heilslelire des hl. Cyrill von Alexandrien, MÊtyence, 1905, p. 66-69. (2) Nombreux textes de Cyrille sur la consubstantialité divine et la consubstantialité humaine : Sur saint Jean, P. G. 74, 316 D-321 B, 345 G ; Trésor, ass. X, P. G. ?5, 135 D-140 A ; Dialogue sur la Triniîé, 1, P. G. 75, 696 D. Sur la différenciation par les accidents de la substance : Sur saint Jean, P. G. 74, 321 A, B. Sur la génération, origine de la consubstantialité : Sur saint Jean, P. G. 74, 32 G, 321 A, B, 345 G ; Apolog. contre les Orientaux, P. G. 76, 373 A. (3) A côté du texte sur la différenciation par les accidents, Apolog. contre les Orien- taux, P. G. 76, 373 A, il existe cependant d'autres passages où Gyrille enseigne que nous nous distinguons les uns des autres par l'âme et par le corps. Sur la consubstan- tialité du cep et des sarments, cf. Trésor, ass. XV, P. G. 74, 289 A, B ; Sur saint Jeani p. G. 74, 344 G, D et 369 G. l'église dans le christ 319 Telle est 'la critique qui a été faite par L. Janssens de l'interprétation aristotélicienne de la pensée de saint Cyrille^. ' Nous proposons aux infatigables chercheurs qui se demandent quelles sont les influences philosophiques subies par notre docteur, ou bien de remettre tout le problème en question et de poursuivre quand même dans l'une ou l'autre des deux directions exposées et critiquées plus haut, — est- on jamais sûr de n'avoir laissé échapper aucun élément de la question? — ou bien d'instituer une enquête sur Tm/Zuence de la philosophie stoïcienne aux iv^ et v^ siècles. Ne pourrait-on pas trouver chez saint Cyrille quelques traces du Vocabulaire et de la pensée stoïcienne ambiante, lorsqu'il essaie de systématiser les données de la révélation, et de les organiser d'une manière rudimentaire en fonction de certains principes rationnels? Bien que l'on puisse déjà enregistrer un certain nombre de recherches faites sur la dialectique stoïcienne dans les conflits doctrinaux du iv® siècle et sur les rapports entre la morale stoïcienne et le Pélagianisme, tout n'a pas été dit sans doute sur le Stoïcisme. chez lés Pères. Notamment en ce qui concerne l'anthropologie, il serait utile de se demander quelle était à Alexandrie, à la fin du IV® siècle, dans les cercles philosophiques, l'idée que l'on se faisait de la substance concrète. > Laissant à d'autres chercheurs la tâche de résoudre cette énigme, je me contente ici, pour ne point se perdre en des conjectures plus ou moins fantaisistes, de coordonner les connaissances déjà acquises sur saint Cyrille et de rappeler ce qu'il nous dit de la consubstantialité de la tête et des membres dans le Corps Mystique. Tout peut se grouper autour de l'idée de l'Incarnation Rédemptrice produisant tous ses fruits dans l'union eucharistique. Le Verbe de Dieu a pris notre chair pour que nous soyons en lui ; par sa naissance même, il nous est consubstautiel ; par un seul, il a habité en tous^ ; il nous a tous en lui par la chair qu'il s'est unie^ et parce qu'il nous a tous en lui, en tant qu'il a porté la nature humaine^ « son corps s'appelle aussi notre corps m^. Voilà pourquoi les mystères du Christ sont aussi les nôtres ; ses prières, ses actions, ses passions ont une signification pour l'humanité entière*. De droit, toutes ses richesses sont (1) Le lecteur trouvera les références aux travaux de L. Janssens, de L, Malevez et d'E. Mersch, sur l'inclusion de l'humanité dans le Christ, dans Gregorianurriy vol. XIX (1938), p. 578 et 583. — Dans cette revue, relire les études du P. R. Arnou, Unité numérique et unité de nature chez les Pères du Concile de Nicée, Grego- rianum, vol. XV (1934), p. 242-254, et du P. J. Salayerri, La filosofia en la Escuela Alejandrina, ibidem, p. 485-499; (2) Sur saint Jean, l, 14, P. G. 73, 161 C. (3) Contre Nestorius, 1. III, P. G. 76, 160 B. Sur saint Jean, XIV, 20, P. G. 74, 280 B.- (4) Trésor, P. G. 75, 333 B, 384 C ; Sur les Actes, II, 28, P. G. 74, 761 B ; Sur le Psaume 11, 8, P. G. 69, 723 B ; Sur l'Épîire aux Romains, VI, 6, P. G. 74, 796, C, D. 11 320 l'église, organisme vivant nôtres ; à nous dé nous les approprier, de les faire entrer consciemment, librement, dans notre vie personnelle, spécialement par l'initiation au mystère de l'Eulogie sainte et par l'expérience de la vie eucharistique, oii le Christ continue pour ainsi dire son . Incarnation par la Communion. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, Cyrille passe constamment Et c'est pourquoi nous sommes tous un dans le Père et le Fils et le Saint-Esprit, un, dis-je, par la même manière de vivre (qu'on se rappelle ce que nous avons dit au début), par l'uniformité de notre piété, par la communion à la sainte chair du ■Christ, et par la communion à l'unique Esprit Saint^. Descriptions ^^^^ doute, nous ne trouvons pas dans l'œuvre littéraire de l'union de Cyrille d'Alexandrie autant de considérations morales, transformante ^^ directions ascétiques, de « doctrine spirituelle » que chez saint Basile ou chez saint Jean Ghrysostome. Toutefois, nous aurons l'occasion dans notre cinquième partie d'insister sur l'enseignement du patriarche d'Alexandrie concernant la perfection spirituelle, et sur l'union au Christ, chef de l'Église et modèle des Chrétiens. Ce que nous pouvons signaler ici, c'est l'effort que Cyrille s'impose pour décrire, par des comparaisons et des images tirées de la vie quoti- dienne ou de la vie artistique, la merveilleuse transformation de l'âme qui a été rendue physiquement participante de la nature divine. Le S^int-Esprit étant uni à nous, nous sommes transformés comme eh une autre mature..., nous devons être appelés Fils de Dieu et hommes célestes par le fait même ■que nous avons été faits participants de la nature divine. Le Chrétien, membre du corps du Christ, a une vie nouvelle, produite par l'opération du Saint-Esprit, qui esjt infusée dans l'âme régénérée par la Rédemption et par le Baptême. Par le Baptême, au terme du catéchu- ménat, le vieil homme doit mourir, les passions doivent être domptées. L'attitude filiale de générosité à l'égard de Dieu a pour principe une filiation adoptive réelle dans l'ordre de la grâce. Cyrille se plaît à décrire «ette filiation adoptive de l'homme par Dieu qui est due à l'Incarna'liion du Verbe et à l'action du Saint-Esprit^ ; il montre que cette filiation (1) Sur saint Jean, 17, 20 et 21, P. G. 7'â, 557-561. (2) Sur saint Jean, I, 12-13, P. G. 74, 553 C, D, 554. UNION TRANSFORMANTE 323 ;adoptive 8'o|jèi?e pai* ropéïation dtl Saint-Esprit, q^û'elle est une naissance, Kne gi^nératiton, unfe régénération spirituelle, une véritable déification, î6ë67toC7);ai/(j.- dette filiatiion implique quelque chose de réel, de positif, ■de permanent : elle fait de l'homme un' Dieu par participation'. Pour faire comprendre cette opération dû Saint-Esprit, cette filiation ^dioptive,: cette incorporation au Ghrist,. cette transformation de l'âme. ■Cyrille va comparer l'action divine à celle d'un onguent ou d^'un parfum -qui imprègne' uïi corps, â celle du cachet ou du sceau qui s'imprime sur lai: cire, à celle du feu qui embrase le fer, à celle du soleil q.iii transforme les objets en les illuminant ; la présence du Saint-Esprit qui métamorphose l'âme qu'il habite est aussi comparée à l'action d'un sculpteur sur le marbre, à celle d'un peintre sur la toile. Voici quelques passages où il décrit cette empreinte de Dieu. H n'y a, d-'uflion avec Dieu' quje par la participation du Saint-Esprit, nous infusant la sainteté de sa propre nature ; transformant (modelant de nouveau) les âmes humaines en sa propre vie, il leur imprime une ressemblance divine et sculpte en elle l'efligie de cette substance qui est la plus parfaite de toutes les substances^. Si' par là même que nous sommes marqués du Saint-Esprit comme d'un sceau mystérieux, nous sommes reformés à la ressemblance de Dieu, comment »serait-il une créature celui par lequel est reproduite en nous l'injiage de la nature divine et .restent imprimés en nous les traits de la nature incréée *?... Vrai Dieu procédant de 'Dieu, il s'imprime invisiblement dans les coeurs de ceux qui le reçoivent, comme un «achet sur la cire ; et communiquant ainsi sa ressemblance à notre nature, il y retrace la beauté du divin archétype et rétablit dans l'homme l'image de Dieu*. Le Christ est formé en nous en vertu d'une forme divine que le Saint-Esprit nous )inîuse par la sanctification et la justice^. Jésus-Christ est un. Cependant, on le représente comme une gerbe nombreuse, et il l'est parce qu'il contient en lui tous les fidèles par une union spirituelle. Autrement, comment Paul pourrait-il écrire : «De même que nous sommes ressuscites avec lui. nous sommes assis avec lui dans le ciel n (Eph,, H, 6) ? Depuis qu'il s'est fait comme nous, nous lui sommes devenus concorporels, et nous avons reçu avec lui une union selon le corps (Jïp/z., IIl, 6). C'est pourquoi nous disons que nous sommes tous en lui. Lui-même ne dit-il pas à son Père : « Je veux que, comme toi et moi, nous sommes un, ainsi eux aussi soient en nous » (Jean, XVII, II, 21). Car enfin, celui qui adhère au Sei- .gneur est un seul esprit (/ Cor., IV, 17). Eh bien I le Seigileur est unegerbe, parce qu'il nous'lie tous en lui, qu'il s'étend sur nous tous et qu'il est les prémices de l'humanité • consommée dans la foi et destinée aux célestes trésors. Aussi quand le Seigneur est revenu à la vie et que d'un geste, il s'est offert à Dieu son Père, comme les prémices de l'humanité, alors, assurément, nous sommes transformés à une nouvelle vie*. (1) Sur saint Jean, P. G, 74, 553 G, D, 554. (2) Trésor, P. G. 75, 611. {3)' Sur Isole, P. G. 70, 936. (4) Glaphyres sur les Nombres, P. G. 69, 624, 625. — En prolongeant la pensée -dé Cyrille, on pourrait sans doute dire que l'union- mor'aile; loin d'exclUre ici l?unibn ^physique, trouve au contraire en elle son principe et sa racine eh même temps que 324 l'église, organisme vivant Voici pour terminer un texte où se trouve distingué, nettement le plan; ontologique et le plan moral. Rapproché des autres passages sur l'imitatioiï. du Christ, on entrevoit quel conditionnement mutuel il pouvait y avoir dans la pensée de Cyrille entre la ressemblance « physique » et la ressem- blance morale de l'homme avec Dieu. Il est faux que nous ne puissions être un avec Dieu que par un accord de volonté- Car au-dessus de cette union, il en est une autre plus sublime et de beaucoup supérieure,, qui s'opère par une communication de la divinit.é à l'homme, lequel tout en conservant, sa propre nature, est transformé pour ainsi dire en Dieu, de même que le fer plongé- dans le feu devient igniforme, et tout en demeurant du fer,' semble changé en feù. Voilà le mode d'union à Dieu par la réception en eux et la participation de la divinité- que Notre-tSeigneur demande pour ses disciples^ On regrette de ne pouvoir transcrire que des extraits arrachés de leur- contexte. Telles qu'elles, cependant, ces citations font entrevoir la. « manière » du grand docteur alexandrin. Les images dont il se sert et dans le choix desquelles d'ailleurs il ne se montre pas spécialement original,, confèrent un charme discret et une agréable fraîcheur à ses dissertations qui, présentées sous une forme exclusivement abstraite, laisseraient,, malgré l'élévation et la beauté des idées, une trop grande impression, d'aridité. Profondeur et clarté, imagination et piété, logique et cependant agréable- fantaisie dans l'emploi des métaphores, toutes ces qualités, Cyrille sait. son achèvement et son épanouissement. Par ailleurs, il est impossible puisqu'il s'agit, de l'union d'un esprit, par essence intelligent et libre, de ne pas donner quelque valeur - ontologique à ce que nous avons appelé le plan intentionnel. Scheeben à propos d'une question semblable employait le terme « hyperphysique » pour désigner cette union surnaturelle où la réalité ontologique ne peut se séparer du « moral » et du h psycholo- gique ». Sur le fait que notre ressemblance ontologique exige une ressemblance morale • avec Dieu, cf. H. du Manoir, Le problème de Dieu chez Cyrille d' Alexandrie, dans Recherches de Science religieuse, t. XXVII, p. 405 et 595. (1) Sur saint Jean, XI, 17, 20, P. G. 74, 553. Le Saint-Esprit est comparé au feu. qui purifie de toutes les souillures ou transmet son énergie au fer ; P. G. 68, 821 B, . 1009 A ; P. G. 69, 1100 A ; P. G. /O, 41 B ; 96 G ; P. G. 72, 333 D sq. ; 389 A ; P. G. 75, 199 B, 1085 B ; P. G. 76, 129 A, B, 880 B.; P. G. 73, 589 G, D. La comparaison du l'eu qui embrase est aussi appliquée à l'Eucharistie : Sur saint Jean, IV, 2, P. G. 73, 580 et à l'Incarnation : Sur V Incarnation du Monogène, IX, P. G. 75, 1380 ; ôti eîç . ô Xptaxéç, P. G. 76, 1361 ; IJom. pasc, XVII, P. G. 77, 788 ; Sur saint Jean, I, 9. P. G. 73, 160 ; Contre Neslorius, IV, 5,. P. G. 76, 189 ; Sur saint Luc, P. G. 77, 909. Le S. E. est aussi comparé au chrême, j(pÏCT(/a,. qui fortifie : P. G. 7d, 572 B sq. ; P. G. 69, 1 100 D sq., à une source d'eau vive qui féconde pour la vie. éternelle : P.. G. 69, 640 D ; P. G. 73, 297 A, B ;.P. G. 74, 337 B, 433 A s.q. ; 572 B. Sur la comparaison entre le soleil qui communique sa lumière aux objets et le don que Dieu nous fait de lui-même en vertU' d'une participation accidentelle : Scholies sur V Incarnation : P. G. 75, 1398 B. . / UNION AU CHRIST 325 ■quand il faut, les faire valoir, pour instruire, convaincre, persuader et toucher les âmes. Malgré les déficits de notre exposé, le lecteur appréciera peut-être davantage, après avoir parcouru ces pages, le sens traditionnel et l'origi- nalité relative de l'évêque d'Alexandrie et goûtera plus parfaitement aussi, grâce à lui, le mystère de l'unité spirituelle de l'incorporation au ■Christ, une incorporation qui peut être dite, en un sens orthodoxe et avec les réserves que nous avons faites, une Incarnation mystique •collective. CHAPITRE II L'ÉGLISE, OEGANISATIOK Nous venons de faire l'analyse et la synthèse des idées de Cyrille- d'Alexandrie sur l'aspect intérieur et mystique de l'Église, organisme- vivant Les images, presque toutes scripturaires, dont il se sert pour exprimer sa pensée, ont été mises en relief ; si l'évêque d'Alexandrie semble se jouer avec les notions abstraites de nature, de personne, d'unité,, c'est aussi un des caractères de son talent littéraire, le lecteur a pu facile- ment le constater, que de se perdre constamment et de se retrouver toujours, au milieu d'une forêt de symboles. Aspect visible L'Église nous est présentée par lui, à la suite de S. Paul,, de l'Église comme semblable à l'organisme du corps humain. Cette image est comme l'aboutissement de toutes celles qui concernent Ic' Royaume de Dieu ; elle rejoint finalement celui qui est plus qu'une image :: le Christ même. L'Église est animée, vivifiée par l'Esprit de Sainteté, par l'Esprit du; Christ. Le Pasteur éternel des âmes a voulu qu'après la mort du Christ sur la Croix soit continuée l'œuvre de la Rédemption ; et c'est pourquoii Il a voulu unir tous les fidèles entre eux, par le lien de la foi et de la charité^. Avant de remonter au Ciel, Il a demandé à son Père non pas- seulement pour ses apôtres, mais aussi pour tous ceux qui croiront en Lui par la prédication des apôtres, qu'ils soient un comme le Père et le Fils sont un (Jean, XVII, 20 sq.) ; le Christ a envoyé les apôtres dans (1) Sur le lien de la foi : P. G. 69, 552 ; 75, 1256. L'Église est fondée sur la foi de Pierre : P. G. 75, 865. — Sur la foi et le rite baptismal : P. G. 71, 145, 804. — Sur le- lien de la charité : Pusey, Sur saint Jean, vol. II, 972 B, C, D, ASPECT VISIBLE DE t 'ÉGLISE 327 lé monde comme Lui-même avait été envoyé par son Père (Jean, XX, 21) ; Il a voulu dans l'Église des pasteurs et des docteurs jusqu'à la consom- mation des siècles (Matthieu, XXVIII, 20). Bien que nous. ayons insisté précédemment sur l'aspect intérieur et mystique de l 'unité j sur la foi et la charité des fidèles réunis en une com- munauté par l'Esprit-^Saintj^néanmoins l'aspect extérieur et visible s'est déjà souvent présenté à nos yeux. Coordonnons maintenant les textes qui nous donnent ce second point de vue inséparable et complémentaire du premier : l'Église nous apparaîtra comme une institution et une société fondée pâr'le Christ, ayant pour but le maintien et la propagation de la vie divine. Il n'y a pas seul ment une présence vivifiante du Saint-Esprit, un désir -intérieur de cohésion, un besoin de rester unis ; le Christ a disposé dans un certain ordre l'ensemble des parties qui constituent et qui régissent lés éléments de son corps mystique ; il a commandé le rassemblement des siens ; l'Unité organique s'accompagne d'une organisation hiérarchique et Visible. Chez saint Cyrille, cette ecclésiologie est beaucoup plus «vécue» que «pensée» et « exprimée » explicitement. A travers les textes Un peu desséchés, nous Verrons vivre l'évêquej lé métropolite quiles à. écrits. ÉVêque et métropolite qui, en ce v^ siècle, âge d'or de la patristique, a été le plus illustre représentant de l'Église d'Alexandrie mais dont l'action pastorale ne se déploya pas exclusivement à l'intérieur de la communauté d'Alexandrie, bien que cette communauté lui aurait sans doute fourni un « champ de travail » suffisant pour absorber toute son activité^. Ëglise Autour d'Alexandrie se groupent les communautés voisines d'Alexandrie d'Egypte ; les évêques ne peuvent rien entreprendre d'important sans en référer au métropolite. Cyrille conVoquera, présidera, « mènera » le synode d'Alexandrie ; et ce ne sera pas pour traiter des seules affaires d'Egypte. Le v^ siècle va être bientôt troublé par une controverse, déchiré par une scission dont nous constatons encore les conséquences à l'heure actuelle. Le métropolite, à cause de l'influence d'Alexandrie et (1) On se rEtppelle les démêlés qu'il eut avec les païens ou avec les juifs et dont Socrate s'est fait l'historien. (Cf. Hisi. eccL, 1. VII, ch. XIII et XIV; P. G. 67); histoire partiale, comme le note L. Duchesne, Histoire ancienne de VÉglise, t. III, p. 301, n. 1. — Sur l'expulsion des Juifs par Cyrille, cf. Jean Juster, Les Juifs clans Vempire romain, leur condition juridique, économique et sociale. Juster fait remarquer que les auteurs qui nous parlent de cette expulsion sauf peut-être Jean de Nikion c. 84 (éd. Zotenberg, p. 345) sont dépendants de Socrate, Il cite Théophane, éd. Boor, p. 81-82 ; Gédrène, I, 589, éd. Bonn; Gassiodore II, H ; Nicéphore Galliste,//. E., 14. 14, P. G. 146, 1100 sq. ; Jean d'Asie ad an. 720 (= 420) R O Chr. 2 (1897) 63 ; Michel le Syrien 8, 3 (éd. Chabot, 2, lla-12). 328; l'église, ORGANISATION de la force même de sa personnalité, jouera dans cettp affaire un rôle de; premier plan; La vieille capitale hellénistique était encore un centre intellectuel de- premier ordre ; le didascalée, principal foyer au iii^ siècle de la pensée chrétienne, avait prolongé son rôle en un saint Athanase, qui domine pendant près d'un demi-siècle toute l'histoire de Ja crise arienne, et par un Didyme l'aveugle dont l'œuVre théologique et exégétique reste consi- dérable. A côté de l'influence indéniable d'Alexandrie, il faut noter celle de son évêque, dont la pensée et l'action vont rayonner sur toute la catho- licité, Cyrille ne dépensera pas exclusivement son énergie à promouvoir l'unité intérieure de son église ; il déploiera un zèle presque farouche en faveur de l'union de toutes les Églises. Nous allons le voir entrer en relation, intime et continue avec l'évêque de Rome, à qui, «dans l'Église, il faut se référer pour toutes les affaires importantes»^. Il va devenir; le bras- droit de Célestin ; par ses dires et par sa conduite, il sera l'apôtre de l'Unité de l'Église, d'jine unité ecclésiastique obtenue grâce à la primauté romaine ; ii prêchera ui^e religion qui ne sera pas exclusivement une adora-^- tion en esprit et en vérité, 7rveri[xaTi xal à'kriQeiof., une religion de la- charité, mais une religion de l'Incarnation, où apparaîtront au premier plan l'autorité et l'obéissance^. La col^ésion des fidèles dans la foi et la charité qui se maintient par l'obéissance à l'évêque, au métropolite, k l'épiscopat tout entier serait un édifice sans clef de voûte, s'il n'y avait pas dans l'Église un centre vivant de l'Unité vivante : un primat. Après les réflexions que nous Venons de faire, les titres essentiels de- l'étude que nous entreprenons et qui ne sera qu'une simple narration des faits et gestes de Cyrille et qu'une simple traduction de ses assertions- sur l'organisation de l'Église, ressortent déjà avec netteté. 1. L'Évêque et le Métropolite. 2. Le corps épiscopal. 3. La primauté romaine. 4. L'activité du Saint-Esprit dans les âmes des fidèles. (1) P. G. 77, 80, 84. (2) Cyrille soulifjne fréquemment l'importance de l'obéissance (ÙTzayio-f], eÙTzsLQsicXf Treiôapx^a), obéissance à Dieu, au Christ, à l'Église, aux prêtres, à l'autorité constituée. Voir par exemple : P. G. 69, 632 A, B ; P. G. 69, 48 ; P. G. 68, 476, 883 ; P. G. 74, 20 A, B, C ('A7r6SEiÇ(,ç xûv tou XpiaroO TrpoOàTtûV, t6 sÙ'/jxoov xal tô êxoifxov elç eÔTO^Ôeiav, cioTtep tûv âXXoxptoiv t6 àTOiGéç) ; P. G. 7S, 993 C, D, 996 ; P. G. 76, 1392, 1394. ÉGLISE d'alexandrie 329 li'Évêqiue T^e Christ, dails la foule de ses disciples, a. choisi douze ■et le Métropolite apôtres ; ceux-ci ont organisé les premières communautés chrétiennes ; les évêques ont été leurs successeurs à la tête des Églises^. Dans la communauté chrétienne, l'évêque représenté le Christ ; il est le •centre visible autour duquel se groupent les fidèles ; il est pasteur et •docteur du troupeau; continuant le Christ dans son rôle de maître, de prêtre et de sanctificateur^. L'évêque est au sommet de la hiérarchie sacerdotale ; après lui viennent les prêtres et les diacres^. C'est l'évêque qui préside au culte rendu à Dieu et impose lès mains pour l'ordination des nouveaux prêtres ; il doit veiller à ce que les cérémonies du culte liturgique soient digties de la Majesté infinie. Quant aux ordinations, elles doivent être précédées d'une enquête «érieuse ; le sacerdoce ne doit être conféré qu'à des hommes dont les •aptitudes ne font aucun doute ; en règle générale, il ne faut pas admettre les néophytes dans la hiérarchie ecclésiastique*. L'instruction et l'éducation sont un des principaux devoirs de l'évêque ; c'est par leurs prédications que les apôtres dont les évêques sont les successeurs, ont propagé la foi dans le monde ; c'est par l'enseignement que l'Église s'est répandue^. Mais cet enseignement est une mystagogie. ■ Les mystères divins doivent être prêches aux femmes comme aux hommes ; celles-ci peuvent beaucoup pour le bien comme pour le mal. Au début de son épiscopat, Cyrille avait constaté l'influence considérable (exercée par la fille du philosophe Théon. La célèbre Hypathie ne se con- tentait pas d'attirer sur elle l'attention des intellectuels ; elle désirait aussi ne pas rester complètement indifférente au gouvernement de la chose publique ; le bruit courait à Alexandrie qu'elle dominait l'esprit d'Oreste, préfet de la ville ; lors de l'affaire des Novatiens, on la soupçonna d'empê- cher la réconciliation d'Oreste et de Cyrille et c'est peut-être la raison pour laquelle les parabolans égarés par un zèle excessif la massacrèrent^. Cyrille savait que si les femmes par leurs intrigues peuvent nuire beaucoup à l'influence chrétienne, elles étaient par contre capables dans certaines circonstances, de servir admirablement la bonne cause. Il ne faut pas négliger de faire appel à leur collaboration. On se souvient de (1) P. G. ro, 344, 940, 1368 ; P. G. 69, 208 ; P. G. 73, 864. Sur la succession aposto- lique, lire surtout P. G. 68, 848 et P. G. 70, 805. (2) P. G. 68, 848 ; P. G. 72, 272 ; P. G. 73, 317 ; P. G. 70, 805. (3) P. G. 68, 848. (4) P. G. 72, 272; 77, 365 ; 73, 240, 316. (5) P. G. 68, 848 ; 69, 208 ; 70, 805, 1368 ;. 73, 864. (6) L'histoire d'Oreste et d'Hypathie est racontée par Socrate. Cf. Hist. eccL, L. Vil, cil. XIII et XIV, P. G. 67. — Voir sur Hypathie le mémoire de Schafer, dans The Calholic University Bulletin, octobre 1902, t. VIII, p. 441 sq. 330 l'église, organisation la correspondance de Cyrille lors de la controverse nestorierme, ,avec la femme et les trois sœiars de l'empereur Théodose, Epdoxie, Pulbhérie, Arcadie et Marine. Le patriarche d'Alexandrie fit parvenir, nous l'avons Vu, à la cour de Gonstantinople deux petits traités Sur la vraie foi ; le premier était adressé aux jeunes princesses Arcadie et Marine^ ; le second avait pour destinatrices Pulçhérie, sœur aînée de Tiiéodose et Eudoxie, sa femme 2. On se rend coinpte aussi, d'après certains passages de ses œuvres, de ses homélies pu de sa .correspondance, que l'évêque d'Alexan- drie ne s'adressait pas seulement aux princesses de Gonstantinople, mais qu'il rappelait aussi fréquemment aux jeunes filles, aux épouses, aux mères, aux veuves chrétiennes les devoirs de leur état. Il souligne, en particulier, que l'union de l'homnae et de la femme est légitime, si elle a pour but la procréation des enfants et si l'on en respecte l'indissolubilité;, le mariage est dans l'Église un état où les âpaes peuvent parfait:ement. se sanctifier et Notre-Seigne,ur et la Sainte Vierge ont voulu honorer cet état, en étant présents aux noces de Cana^ ; toutefois le célibat et la continience sont meilleurs en soi que le mariage, et Cyrille profite de toute occasion pour, faire après saint Paul l'éloge de la virginité*. L'évêque n'a pas pour seule fonction la prédication de la parole de Dieu ; il est revêtu de la .dignité sacerdotale : aussi doit-il célébrer ((il'eulogie- mystique » et sanctifier les âmes en les faisant communier au corps du Christ ; cette communion au corps du Christ présuppose le baptême et la rémission des péchés. Ce sont les apôtres et les successeurs des apôtres qui sont les ministres du baptême ; le Saint-Esprit leur a été donné avec, le pouvoir de remettre les péchés^. Sans doute. Dieu seul a ce droit puisque c'est Lui qui a été offensé ; mais, dans sa bonté, il l'a communiqué aux apôtres et aux évêques leur» successeurs^. Animé d'un sentiment de fierté et conscient de son indignité,, Cyrille pourra s'écrier : « Nous aussi, nous avons le pouvoir de remettre les péchés »'. Ainsi donc, l'évêque travaille activement à l'édification du Corps du Christ en présidant à la sanctification des âmes, depuis les premiers jours du catéchuménat jusqu'à la fin de l'initiation aux mystères chrétiens. (1) P. G. 76, 1201-1335. (2) P. G. 76, 1335-1420. (3) P. G. 69, 1092 ; P. G. 74, 876; Sur saint Jean, II, 1, 2 ; P. G. 73. 224, 225. 729; PusEY, t. I, p. 201, 202, 671. (4) P. G. 68, 690. (5) Sur saint Jean, XX, 23, P. G. 74, 720 sq. ; Pusey, t. III, p,. 140. (6) Sur saint Jean, XX, 23, P. G. 74, 720 sq. ; Pusey, t. III, p. 140. (7) P. G. 72, 569. Cf. R. Payne Smith, S. Cyrilli Alex, archiepisc. commeniarii in Lucae Evangelium quae supersunl syriace,t. I, p. 84. LE MÉTROPOLITE d'ALEXANDRIE 331 L'eulogie mystique à laquelle préside l'évêque marque le terme de cette initiation, l'union la plus étroite qui soit, du chrétien au Christ ; elle est un sacrifice véritable bien que non sanglant, un sacrifice que l'opi n'offre que dans les églises orthodoxes^, que l'on offre tous les jours^, que l'on offrira jusqu'à la fin des temps^ et que l'on offre d'une manière plus solennelle tous les huit jours, en souvenir de l'apparition de Notre-Seigneur aux Apôtres*. / Le Métropolite Pour se rendre compte du rôle' joué par Cyrille' dans d'Alexandrie l'Église, il ne faut pas seulement considérer en lui l'évêque, mais aussi le métropolite. Alexandrie était une métropole d'une puissance exceptionnelle. Au concile de 381, les Orientaux s'étaient inquiétés de la « papauté, alexandrine », et s'étaient appliqués à en limiter l'étendue ; désormais l'évêque d'Alexandrie n'aurait compétence que pour les choses de l'Egypte^. En fait, l'influence de l'évêque d'Alexandrie était considérable dans cette partie nord-est de l'Afrique qui avait été divisée en six provinces : Egypte, Augustamniqùe, Arcadie, Thébaïde, Lybie, Pentapole. L'arche- vêque d'Alexandrie, nous dit saint Épiphane, et déjà avant saint Épi- phane le concile de Nicée, a l'administration ecclésiastique de toute l'Egypte ainsi que de la Lybie et de la Pentapole^. Dans ces régions, rien ne se fait sans son intervention : élections épiscopales, consécration d'évêques, réunion et direction des conciles'. Les choses se passent ainsi du temps de Timothée et de Théophile. Lorsque Cyrille remplacera son oncle en 412, l'autorité du siège "archiépiscopal ne sera pas diminuée ; l'historien Socrate ira même jusqu'à écrire que les évêques d'Alexandrie, à partir de cette époque, se mirent à diriger toutes les affaires, même celles qui n'étaient pas de leur ressort. (1) P. G. 69, 552 ; P. G. 76, 1097 ; Pusey, t. III, p. 595.' (2) P. G. 68, 708. (3) P. G. 68, 708. (4) P. G. 74, 725 ; Pusey, t. III, p. 6 sq. (5) Canon 2, § 1. (6) ÉPIPHANE, Haeres, LXVIII et 6^ canon de Nicée, § 1. (7) Socrate, Hisl. Eccl., L. VII, ch. XII, XIII, XIV. Cf. L. Duchesne, Histoire ancienne de VÉglise, t. III, p. 79-80 ; P. BATiFi?OL, La paix consianlinienne, p. 128-130 ; Le siège apostolique, p. 268-270. Parmi les étiades plus récentes, cf. LIistoire de VÉglise, publiée sous la direction d'Augustin Fliche et Victor Martin, t. III; Da la paix cons- ianlinienne à la mort de Théodose, 3" partie, ch. 4 ; Les métropoles ecclésiastiques à la fin du IV<^ siècle, par J.-R. Palanque, p. 446-448, t. IV; De la mort de Théodose à l'élection de Grégoire le Grand, 1^^ partie, ch. VI; Atticus de Conslanlinople et Cyrille d'Alexandrie, par G. Bardy, p. 149-163. 332 l'église, organisation L'unité Après aVoir étudié l'uuité d'une Église particulière du corps épiscopal (diocèse et province), examinons ce que nous trouvons chez saint Cyrille, sur l'unité de l'épiscopat. L'unité de l'Église locale dont nous venons de parler n'est pour lui qu'un degré par lequel on arrive à l'unité de tous les fidèles et à une vie commune de tous les chrétiens ; de l'Église locale, il y a passage à l'Église universelle ; une rupture de communion avec un évêque particulier entraîne une rupture avec la Catholica, avec l'Église totale. Entre les Églises particulières existe une solidarité basée sur une unité profonde : unité qui vient de la présence de l'Esprit-Saint, de l'identité de foi et du lien de la charité. L'analogie est étroite entre les rapports d'un évêque a"vec son Église et ceux de l'épiscopat un et indivisible vis-à-vis de l'Église en général ; le collège des évêques a le devoir de maintenir la « communion ecclésias- tique », la communion dans la foi et la charité symbolisée et réalisée par la communion liturgique. Le corps épiscopal doit veiller à ce que ne se produise aucune scission, aucune rupture dans l'Église universelle : voilà ce qui apparaît nettement dans les écrits de Cyrille. Nous allons essayer de le montrer. Rappelons quelques principes généraux implicitement admis par Cyrille et l'idée que l'on avait à son époque de l'unité. On attribuait une très grande importance à la notion de « communion» entre les Églises. L'évêque n'a pas, à proprement parler, une juridiction universelle, mais particulière, et ce n'est pas une des moindres tâches des conciles à cette époque que de déterminer l'extension de la juridiction des évêquesl L'histoire des iv^ et v^ siècles, comme celle des siècles précédents, nous montre combien les pasteurs sont souvent susceptibles sur ce point et combien facilement s'élève un conflit entre deux évêques pour une question de mur mitoyen. En ce qui concerne la foi, les évêques et les métropolites ont comme un contrôle indirect les uns sur les autres dont il est assez facile de se rendre compte. Pour ce qui concerne l'élection à la fonction épisco- pale, le métropolite, à la tête des évêques de la province, s'assure de la doctrine aussi bien que de la valeur morale et des autres qualités du candidat. Le nouvel évêque inaugure son épiscopat en manifestant son union à ses collègues par des lettres dans lesquelles se trouvent ordinai- rement une profession de foi [èmaxokcd xoivcovixa^). L'acceptation de ces lettres de paix et la réponse qu'on y fait équivalent à la confir- mation du nouvel élu par toute l'Église ; il est clair qu'un usurpateur ne peut se maintenir sur un siège épiscopal sans être universellement reconnu comme tel. Si quelque évêque au cours de sa carrière manifeste des opinions qu'il n'a pas eues au moment de son élection, où qu'il a cachées, les évêques voisins examinent l'affaire, évitent le contact l'unité du corps épiscopal 333; avec l'accusé et toute l'Église fait comme eux. Les relations entretenues avec un évêque impliquent sa confirmation ; semblablement la rupture de ces relations équivaut pour ainsi dire à sa destitution. C'est cette organisation de l'Église que nous voyons établie à Alexandrie et dans les diocèses, métropoles et provinces voisines^. Les évêques entre eux n'étaient pas dispensés d'exercer la charité fraternelle qui, à l'intérieur de chaque communauté particulière, constituait le lien des simples fidèles. L'usage était établi qu'à l'eulogie mystique, l'évêque faisait mention de& églises avec lesquelles il était en communion. On se rappelle, pour ne citer qu'un exemple (mais il s'agit d'un exemple célèbre) que Cyrille répugnait à rétablir le nom de Jean Chrysostome dans les diptyques^, malgré les instances d'Acace de Berée, d'Atticus de Constantinople et peut-être aussi d'Isidore de Péluse^. Nous avons une lettre de Cyrille à Atticus où il affirme qu'il n'accepterait jamais ni pour lui-même ni pour aucun de ses collègues d'Egypte de voir le nom de Jean figurer dans les listes des évêques de la capitale ; Jean a été déposé de sa charge au synode du Chêne où Cyrille était présent ; l'inscrire de nouveau dans les diptyques serait replacer Judas dans le collège aposto- lique*. Nous savons cependant qu'en 419, les relations normales fonc- tionnent entre Alexandrie et les grandes églises d'Occident et que Carthage demande à Alexandrie le texte authentique des canons de Nicée. Tout cela porte à croire que Cyrille ne s'entêta pas jusqu'au bout dans son intransigeance, qu'il se laissa fléchir et inscrivit de nouveau le nom de Jean dans les diptyques. (1) On a beaucoup discuté sur cette division ecclésiastique de l'Egypte (diocèse, provinces). Cf. P. Batiffol, La paix constaniinienne, p. 129 ; Sohm, Kirchenrechl, Munich, 1923, t. I, p. 403 ; Luebeck, Reichseinleilung und kirchliche Hiérarchie des Orients bis zum Ausgange des VJ. Jahrh., Munster, 1901, p. 59. — Je ne veux pas me laisser retarder ici par cette discussion ; le lecteur peut prendre le terme « province » au sens strict ou en un sens plus large. Une chose est certaine : l'évêque d'Alexandrie apparaît comme l'unique métropolite de toutes les provinces d'Egypte. ■ — Le terme de «patriarche » que j'emploie aussi au cours de cet article doit s'entendre dans un sens large ; ce n'est que plus tard qu'il a pris un sens précis. Cf. Hefele-Leclercq, Histoire des Conciles, t. I, p. 556, note. (2) Cf. Dict. d'Archéologie chrétienne et de Liturgie, Paris, 1907, art. « Diptyques »• et Dici. de Thêol. cathol., Vacant-Mangenot-Amann, art. « Communion dans la foi ». (3) Lettre d'ATTicus : epist. LXXV ; P. G. 77, 352 sq. Sur les instances faites auprès de Cyrille par Isidore de Péluse, cf. Nicéphore Calliste, //. E., 1. XIV, c. XXVIII, P. G. 156, 1152. (4) Lettre de Cyrille, LXXVI. 334 l'église, organisation Communion Nous Voyons aussi à travers d'autres textes, qui datent, ecclésiastique ceux-là, de la controverse nestorienne, l'idée que Cyrille se faisait de la communion ecclésiastique, de l'unité du corps épiscopal, de ce qui pouvait la briser. Il fait usage des termes or/layLCc, cï%ia(jL"iQ, '°ct<ùv, t) Séotç Tcapà ys toïç Tcôv Xatùv r)You[jiévoiç. POUVOIRS. DES SUCCESSEURS DÉS APOTRES 343- tolat, de l'obligation qu'ont les évêques de conserver et de transmettre intégralement, de propager inlassablement les richesses de la foi^. Il a. une vive conscience, pour son propre compte, de la responsabilité qui lui incombe dans la lutte contre l'hérésie et spécialement de l'hérésie nesto- rienne. Nous à qui a été confiée la garde de la foi et de la dispensation du Verbe, qu'est-ce que nous pourrons dire pour notre défense au jour du jugement, si nous gardons le- silence, en face de pareilles erreurs' ? Mais Cyrille est profondément convaincu que les pasteurs ont été pourvus dé grâces spéciales pour bien remplir leur office, que le collège épiscopal dispersé dans le monde ou réuni en concile, a reçu du Christ la. promesse qu'il ne pourra pas errer dans la foi ; le « synedrion » des évêques ■ est aidé du secours du Saint-Esprit en sorte que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre l'Église. L'Église est une demeure solide qui. ne peut être renversée ni détruite par ceux qui s'acharnent et s'acharneront contré elle^. Les évêques assistés par la présence vivifiante de l'Esprit pourront accomplir .leur mission avec confiance et sérénité. « Nous avons établi l'Église comme une cité, figure de celle d'en-haut. Il y aura en elle des fleuves et des fossés larges et spacieux ». Par ces paroles, il (l'écrivain sacré) - désigne les saints éVangélistes et les saints apôtres; ceux qui dans la suite des temps seront à la tête des églises, ceux qui irriguent les âmes des croyants comme ferait une rivière, exercent sur ces âmes une sainte influence par des discours divins et produisent. en elles une grande consolation, par l'Esprit-Saint*. L'Esprit-Saint est l'âme de l'Église ; il est présent et vivant en elle ;; grâce à lui, il n'y aura pas de déviation dans la doctrine^. Doctrine comparée ^^®^ ^"® Cyrille n'ait pas exposé ex professa la doctrine de Cyrille de l'Église, comme il a exposé celle de l'Incarnation et de Célestm ^^ ^^ j^ Trinité, on se rend compte cependant, quand on prend la peine de rassembler les éléments de cette ecclésiologie dispersés dans ses œuvres, de l'idée précise et complète qu'il se faisait de l'organi- sation de la Société fondée par le Christ et animée par l'Esprit-Saint. Sa doctrine est traditionnelle ; si elle est plus achevée que celle des autres Pères orientaux de la même époque, il n'y a pas lieu d'exagérer toutefois son originalité. Il est intéressant de voir la ressemblance frappante qui existe entre (1) P. G. 69, 547 G ; P. G. 68, 398 sq. ; 746 sq. ; P. G. -11, 406, 730, 838. (2) helire de Cyrille à Célestin, P. G. 77, 80. (3) P. G. 69. 163 A ; 70, 730 ; 72, 423. (4) P. G. 70, 735. (5) P. G. 7é, 215 D, 218, 556-562. L'expression «âme de l'Eglise» ne se trouve pas, à Iq lettre, chez saint Cyrille. ':344 l'église, organisation .l'enseignement de Célestin dans sa lettre adressée aux Pères d'Éphèse .et l'enseignement de celui qui, en fait, présida la première séance du «concile de 431, et signa le premier dans les listes conciliaires, comme celui « qui tient la place du très saint et sacré archiévêque de l'Église des Romains ». . La réunion des prêtres atteste la présence du Saint-Esprit ; ce que nous disons V est vrai, parce que la Vérité ne peut mentir et qu'elle a dit dans l'Évangile : « Où deux ■ ou trois sont réunis en mon nom, je suis en personne au milieu d'eux » (Mat., XVIII, 20). Si la présence du Ss^int-Esprit ne fait pas défaut quand il s'agit d'un si petit nombre, ,à combien plus forte raison devons-nous croire qu'il est maintenant présent, quand une si grande foule de saints est réunie en un même lieu^ ? Célestin rappelle que le magistère vivant de l'Église est le magistère »des évêques en union avec lui : succession du magistère des apôtres qui •est lui-même continuation du magistère du Christ. Les évêques n'ont jamais manqué au devoir de prêcher, conformément au pouvoir magistériel qu'ils avaient reçu ; le Seigneur et Maître a toujours été présent parmi eux. '■ Ceux qui enseignaient n'ont jamais abandonné le docteur qui les enseignait. Il ensei- . gnait. Lui qui les avait envoyés (Mat., X) ; Il enseignait. Lui qui avait dit ce qu'ils devaient enseigner; Il enseignait. Lui qui avait dit qu'il se faisait entendre dans ses ; apôtres (Luc, X, 16). Ce devoir de la prédication incombait à tous les prêtres en commun (in commune). Nous avons hérité de cette mission, nous qui par toute la terre, qui • que nous soyons, annonçons le Seigneur et nous en avons hérité lorsqu'il a été dit aux . apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations » (Mat., XXVIII, 19). Votre Fraternité doit faire attention à ce fait que nous avons tous reçu en •commun ce commandement; il a voulu que tous nous accomplissions ensemble ce devoir. Lui qui à tous confia un seul et même commandement (quod illis sic omnibus in commune mandavit) ; il faut que nous suivions les traces de nos pères. Tous, acceptons ..les charges de ceux à qui tous nous succédons -dans l'honneur. Appliquons-nous avec le même zèle qu'eux à la prédication, à cette prédication à laquelle nous ne devons rien ajouter {Galal., I). Conserver intégralement la tradition reçue, c'est une chose . aussi importante que le devoir de la transmettre. Ceux-ci ont jeté la semence de la foi ; .que notre sollicitude garde précieusement cette semence pour que, le Père de fainille trouve un fruit qui ne soit pas corrompu et qui se soit multiplié. C'est au Père de famille . seul assurément qu'est due la fécondité apostolique... Il faut donc agir en collaboration pour que ce qui nous a été transmis par succession .apostolique, soit conservé par nous jusqu'à maintenant. Dans cette lettre, Célestin insiste fortement sur la succession aposto- lique (suivons les traces de nos pères... auxquels nous avons succédé... par la succession apostolique) ; il souligne également la notion de îradilioh {ne rien ajouter à la prédication apostolique... conserver ce qui a été •transmis... conserver jusqu'à maintenant ce qui a été confié) ; enfin il rappelle le principe du catholicisme, l'impérieuse exigence de l'unité, la rgrande leçon de l'universelle collaboration, L'Esprit-Saint a été donné à (1) P. G. 77, 293. CYRILLE ET CÉLESTIN 345- l'Église pour qu'elle soit une et en tant qu'elle est une. « Ayons un même esprit, une même manière de penser... Que tous n'aient qu'une seule âme et qu'un seul cœur... La foi est une... Que tout le collège ensemble se lamente et pleure avec nous : touto (xe0' -^{xôv xoiv^ Tuav t6 ouvéSpiov ». Après avoir rappelé les paroles de l'Apôtre : Calholicism and Roman calholicism. — Edward Denny, Papalism, ch. XI: The wilness -of Ihe councilof Ephesus as lo Papalism, p. I66-I8I1. Bernardaris,. Les appeZs au Pape ^ans l'Église grecque jusqu'à Photius, dans .Échos dfOrient. t. VI, p. 30, 118. 249; 348 , LA PRIMAUTÉ ROMAINE pureme^t et simplemeii,t ce que d'autres out déjà exprimé ; mais utilisant- les études précédentes, il nous a paru qu'il était possible et utile de pousser encore une pointe en avant. Deux enquêtes menées parallèlement se prêteront un mutuel concours ; la première, sur le primat de Pierre et de ses successeurs, portera sur les- textes qui sont indépendants de la controverse nestorienne ; la deuxième groupera les textes qui, au cours de la controverse nestorienne, concernent les relations de Cyrille avec Célestin et Sixte, textes susceptibles de nous- indiquer la vraie pensée de notre auteur sur l'autorité de l'évêque de Rome et sur le fondement de cette autorité. L'originalité de cette étude consistera surtout dans la confrontation des deux enquêtes dont le rappro- chement suggestif apportera sans doute un élément nouveau. Primat de Pierre et de ses successeurs Textes étrangers à la controverse nestorienne Que le lecteur se donne la peine d'examiner avec attention les épithètes- données par Cyrille à Simon-Pierre ; peu à peu, le personnage de l'Apôtre, peint par l'évêque d'Alexandrie, se campera devant lui. Mais, que le lecteur ne s'arrête pas là ; qu'il analyse les différentes descriptions, spécialement celles qui se trouvent dans les commentaires des textes scripturaires (Mattkeieu, XVI, Jean, XXI, 15-17, et Luc, XXII, 32).. Pierre lui apparaîtra comme le porte-parole des Apôtres, comme l'organe par lequel les apôtres confessent leur foi. Il ne sera guère nécessaire ensuite de s'étendre longuement sur le fait de la succession de Pierre. Avant la controverse nestorienne, les Églises d'Orient dans l'ensemble admettaient que le pontife romain était le légitime successeur de Pierre.. Par Athanase et par Cyrille, Rome est nonimée Apostolica Sedes; à Antioche, Chrysostome parlant de l'évêque l'appelle episcopus Peirinae sedis; il le nomme « un autre Pierre » et il affirme sans hésiter qu' Antioche a donné à Rome l'apôtre Pierre^. ■ (1) Cf. Pierre Batiffol, Cathedra Pelri. Études d'histoire ancienne de l'Église,. Paris, 1938, III"^ partie. Le Siège de Rome et l'Orient. — Dans Miscellanea Geronimiana, Roma, 1920, relire l'étude du Gard. Marini, Bealus Hier ony mus doclrinae deJRomanorum Ponlificum primalii pênes Orientalem Ecclesiam testis et asserlor. — Stanislas Tysz- KiEWicz, S. J., Der hl. Petriis in den Schriften Cyrills von Alexandrien, dans Zeitschrift fur Katholische Théologie, t. 43, 1919, p. 543-550. — G. Silva-Tarouca, S. J., Inslilu- iiones Hisioriae ecclesiaslicae, pars II, Ecclesia in imperio romano-byzantino (saec. iv-- XI), Romae, 1933, Gaelestinus I et damnatio Nestorii, p. 124 ,sq. PRIMAUTÉ ROMAINE 349 j. Si on compare les qua,lifica.tifs donnés à Pierre à *et épithètes donnés ceux' donnés aux personniages de l'Ancien et du à Tapôtre Pierre Nouveau Testament, on constate qu'à Pierre seul est attribuée une dénomination indiquant l'autorité suprême. Qu'on ne • cherche point ici un relevé exhaustif, mais simplement quelques prélections significatives, le résultat de quelques coups de sonde jetés çà et là. David, le Roi-Prophète, par exemple, nous est présenté comme [jlccxoc- ffioç, 6ea7récrioç, (jocpoç, [xe^aXô^pcùv ; Moïse est un personnage plus grand encore : lep(î>TaToç, (xa^àptoç, Tràvacçoç, ao(p.TaToç» Les qualificatifs se pressent sous la plume de Cyrille ; cependant nulle part nous ne voyons saint Jean ou saint Paul considérés comme chefs des Apôtres^. -Si l'on étudie minutieusement les écrits de Cyrille on constate que le pouvoir de chef suprême n'appartient qu'à Simon-Pierre, Il est non seulement 0au[xàc7ioç, ^icazpéizoiv, mais TcpotJxwv sv (zaôrjTatç xal tôv àXXûiv Û7rspxe^(jLevoç ; il est le supérieur et le prince des apôtres. Il est le chef, Tcpoii^wv, xopucpatoç, -^yotiiievoç que les autres, ol "konzol, suivent. Le» remarques que nous venons de faire sur le vocabulaire n'ont dans- notre pensée qu'un intérêt secondaire ; l'étude des portraits ou, si l'on veut, du portrait synthétique que Cyrille a tracé de l'apôtre Pierre a une (1) David: Hom., XI, P. G. 77, 1037; Moïse; Sur Luc, P. G. 72, 653 C ; Sur Malachie, . P. G. 72, 308 D ; Glaph. sur leDeutéronome,P. G. 69, 672 ; Hom., IX, P. G. 77, 1012 D ;. Elie: sur Luc, P. G. 72, 653 C ; Hom., IX, P. G. 77, 1012 D ; Salomon: Hom., X, P. G. 77, 1017 B ; Isaîe: Hom., II, P. G. 77, 988 D ; Jacob: Hom., II, P. G. 77, 988 D; Abel: Glaph. sur la Genèse, P. G. 69, 368 ; Daniel: sur Isaîe, P. G. 70, 452 C, et sur Zacharie, P. G. 72, 257 B ; Habacuc: sur Isaîe, P. G. 70, 1292 B ; et sur Zacharie, P. G. 7è, 184 B ; Ezéchiel: sur Zacharie, P. G. 72, 20 G ; Zacharie: sur Zacharie, P. G. 72, 12 A ; saint Thomas: sur saint Jean, P. G. 73, 377 B ; Baruch: Dial. sur la Trinité, III, P. G. 75, 792 ; Esdras: Dial. sur la Trinité, VI, P. G. 7S, 1068 B ; Jean-Baptiste : sur Malachie, P. G. 72, 329 G et Sur saint Jean, P. G. 73, 285 A ; Archange Gabriel: "On eTç ô Xpiaréç, P. G. 75, 1304 B ; Matthieu : Dial. sur la Trinité, V, P. G. 75, 985 A ; Jean: Contre Julien, X, P. G. 76, 1005 ; Dial. sur la Trinité, III, P. G. 75, 840 B ; Dial. sur la Trinité, V, P. G. 75, 940 D ; Paul: sur V Incarnation du Monogène, P. G. 75, 1224 D ; ibidem, 1287 D ; Sur la vraie foi, à Théodose, P. G. 76, 1192 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 2288 ; Sur Isaîe, P. G. 79, 865 C ; Hom., XI, P. G. 77, 1037 A ; Explication des 12 analh., P. G. 76, 297 G ; Contre Nestorius, P. G. 76,1'7'B ; Dialogue sur la Trinité, IV, P. G. 75, 885 B ; Sur saint Jean, P. G. 74, 285 G ; -Sur saint Luc, P. G. 72, 484 B ;. Sur le Ps: 12, P. G. 65, 832 B ; Glaphyres sur le Lévitique, P.. G. 69,581 A; P. G. 74, 765.. PORTRAIT DE SAINT PIERRE 351 importance plus grande à nos yeux*. Hâtons-nous de présenter sur ce point le résultat de notre enquête. Portrait Cyrille souligne ique Pierre est un pêcheur sans instruc- de saint Pierre tion ; sa volonté est faible ; à comprendre le Christ, son intelligence est lente 2. Cependa;nt l'humilité ne lui manque pas ; il a conscience de sa faiblesse et de ses fautes®. Dans la dernière Cène, en particulier, Pierre montre le peu d'estime qu'il a de lui-même ; il fait preuve d'une obéissance absolue* ; il est sincère^ et reçoit avec soumission les avis et les remontrances du Sauveur. Jésus, avec une sollicitude spéciale, l'aide à corriger ses fautes ; il lui apprend la douceur héroïque et l'abnégation totale de soi^. Cyrille insiste sur les exhortations de Notre-Seigneur à saint Pierre'. Si malgré son ignorance, sa faiblesse et même ses fautes, Pierre est instruit et formé par le Christ avec un tel soin, ne faut-il pas en conclure qu'il est destiné à une mission extraordi- naire et qu'il est le disciple, « (xaôiQTî^ç », par excellence? Pour désigner le groupe des Apôtres, Cyrille emploie généralement le terme « (xaÔTjTai »^. MaôirjTTjç sert quelquefois à désigner un apôtre, par exemple, Jacques, Thomas, Jean et Paul^. Quand il s'agit de Pierre, cette épithète se rencontre fréquemment. Il existe même de nombreux passages où le substantif jjLa07jTy)ç remplace purement et simplement le nom de Pierre^**. Essayons d'étudier davantage la formation de celui qui est le {jia67)TY]ç par excellence. Sous l'influence de Jésus, Simon le pusillanime, Simon le présomptueux se transforme peu à peu en un Pierre énergique, brûlant d'amour pour le Christ, en un chef intrépide. Force, zèle, ardeur, autorité, toutes ces qualités sont soigneusement notées par Cyrille. (1) Saint Pierre: P. G. 69, 285 A ; Sur Isaîe, P. G. 70, 1045 B ; Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 917 A ; Sur saint Luc, P. G. 72, 748 C ; ibidem, 928 G, D ; Dialogue sur la Trinité, IV, P. G. 75, 880 A. (2) Sur Luc, P. G. 72, 653 C, D. ; 928 J3, D. ; Hom. IX, P. G. 77, 1013 G, D. ; Contre Julien, X, P. G. 76, 1008 G. (3) Sur Luc, V, P. G. 72, 556, A. (4) Hom., X, P. G. 77, 1025, A, B. (5) Sur saint Jean, P. G. 74, 6Ô9 B. (6) Sur saint Jean, P. G. 75, 589-592. (7) Sur Osée, P. G. 71,29 A. (8) P. G. 69, 1046 G ; 70, 1098 D ; 1110 G ; P. G. 72, 55 B ; 163 G ; 179 A, B ; 211 B ; P. G. 73, 142 G ; 218 B ; 315 D ; 515 G ; 627 "G. (9) En ce qui concerne saint Jacques: Dialogue sur la Trinité, IV, P. G. 75, 872 A; saint Thomas: P. G. 73, 377 B ; saint Jean: Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68^ 513 D ; saint Paul: Sur Isaîe, P. G. 70, 1204 B. (10) En ce qui concerne Vapôirc Pierre: sur Isaîe, P. G. 70, 1045 B ; Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 917 A ; Sur saint Luc, P. G. 72, 748 G ; ibidem, 928, G, D; Dialogue sur la Trinité, IV, P. G. 75, 880 A. 12 352 LA PRIMAUTIî ROMAINE Pierre parle aux Juifs avec intrépidité àvaq)avS6v^. Il réprouve vivement, <7xo\i- 6e[xeXi.oGv 'ExxXïjotav. Sur saint Jean, P. G. 73. 220 B. (8; P. G. 75, 1373. ... .. ■ PAIS MES BREBIS 357 des versets 15 à 17 du chapitre XVI que nous pouvons résumçr dans les quatre propositions suivantes^ : a) Pierre est tôv (JiXXcov ô xopu9atoç, xal tôv (ScXXwv TrpoTeTaYfxévoç. b) A chaque réponse de Pierre, un commandement nouveau lui est donné d'avoir soin des brebis douées de raison : 'Ecp' sxàaTT) Se tc5v o[io- XoYiwv S(.(X96pcoç àxoiSeï t^ç tcov Xoyixwv TCpoêaTOiV zyeaQcni 9poVTiSoç. c) Pierre avait déjà été choisi pour l'apostolat : (pa[xèv oTt xe^eipoToveTo jX7)V ^St} Trpoç T7)V ôeiav àTcoaToX-^v ôfxou tolç sTépoiç (/.aôrjTatç ô Qeanéaioc, nérpoç. d/ Les mots «pais mes agneaux » sont comme un renouvellement de la mission apostolique déjà confiée à saint Pierre. Aià Se tou çàvat Tov KiSpiov, « pôoxe Ta àpvla (xou », àvavéûiatç a>CT7rep . Ttç tt)? t^Stj •SoGe^oYjç àTToaToXYJç aÙTci yevsoôat voeoTai. Cyrille est discret dans son. affirmation : voetTai. ; et l'on ne voit pas clairement si par le mot àTrooToXï), il s'agit de ia mission commune assignée à tous les apôtres ou de l'office spécial de chef et de coryphée. En d'autres pages de ses œuvres, Cyrille se sert du chapitre vingt et unième de saint Jean pour montrer que ceux qui aiment peuvent « paître le peuple chrétien » et briser pour lui le pain de vérité 2. Dans le Trésor, Pierre apparaît comme ayant le premier rang dans la hiérarchie^. Il entend le Sauveur lui dire : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu? Pais mes agneaux, pais mes brebis ». Devenu chef de l'Église, il donne à son tour un comman- dement semblable, ttjv ôfxotav SiScoctiv IvtoXtqv, lorsque dans sa première épître (ch. V, 2), il dit aux presbytres : « Paissez le troupeau qui vous est «onfié »*, En commentant le chapitre XXII de saint Luc^, Cyrille insiste sur la relation existant entre Autorité et Humilité^ relation que saint Pierre à la .suite du passage cité plus haut, avait lui-même développée. «Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié... non en dominateurs des Églises, mais en devenant les modèles du troupeau ». Cyrille rappelle comment les Apôtres furent tentés d'orgueil et de vaine gloire et comment il s'éleva •une dispute parmi eux pour savoir qui serait le plus grand (Luc, XXII, "24). Une plus grande humilité, remarque l'évêque d'Alexandrie, doit se trouver dans les chefs que dans les inférieurs ; les chefs ambitieux ressem- blent aux chefs du paganisme; chez les chrétiens, il n'en doit pas être ^insi ; que la grandeur soit dans l'humilité : "EaTO t6 d^oç, èv TaTreivoT/jTi. (1) P. G. 74, 748-752. (2) Sur Luc, P. G. 72, 752 A. (3) P. G. 76, 511 A. (4) Trésor, P. G. 75,511 A. <5) Sur Luc, XXII, 31-32, P. G. 72, 913-916. 358 LA PRIMAUTÉ ROMAINE Expliquant le verset 27 : « Pour moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert », Cyrille montre comment le Christ, notre chef et notre- Seigneur, nous donne l'exemple de l'humilité ; puis il en arrive à parler de l'humilité de l'apôtre Pierre, dans son commentaire du verset 3K a II né faut pas nous glorifier au sujet de nous-mêmes,, mais il faut nou& glorifier des dons qui nous sont faits ». Oôxouv S9* éauTotç (zàXXov, dcXX*^ inl TOtç Tcap' auTou xo^p^crfjiaat (7e(xyiSvsCT0ai Set. PuiSj continue Cyrille, le Christ ayant laissé les autres apôtres alla vers le coryphée et lui dit :. « Satan a voulu te cribler comme le froment ». Kàv et tiç oôtcùç StaTeGy),, TTOtov eûp-yjcrei totcov èv aÙTqi irè UTrepxstaôaÊ Ttvwv èOéXsiv ; TaÙTjr) toi toÙç [ihi sTépouç àcpCirjCTt (xaÔTjTàç, inccùxbv Se tov xopuqjatov epj^sTai y.od cpTjCTtv 6ti TcoXXàxtç 7)0éX7]CTev 6 Saravàç CTiviàffat xai û[xàç àç rèv crtTOV. Le Christ avertit Pierre que l'intention du diable est de tenter les apôtres ; il s'adresse à lui, parce qu'en tant que «chef des apôtres», il a plus, besoin que les autres de cet avis. En commentant le verset 32 ' « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point, et toi, quand tu seras revenu de ton trouble (ou converti),, affermis tes frères », Cyrille fait encore voir sa pensée sur le primat de: Pierre : yevou CTTyjpiyfjia xal StSàaxaXoç toSv Sià tticttecùç Tupocrtovrcùv- èlioL Pierre doit être le soutien de la foi et le maître de tous les chrétiens. Cyrille voit dans ce fait une confirmation du coryphée dans sa dignité apostolique ; il veut que nous admirions dans ce décret divin la sagesse-- et la bonté de la Providence. Le reniement de Pierre ne lui fera pas perdre la grâce de l'apostolat ; le Christ remplit l'âme de son apôtre de l'espoir d'obtenir les biens promis : «0 bénignité ineffable ! Le péché n'était pas: encore, et déjà le Christ préparait le pardon et l'établissait de nouveau, dans la dignité apostolique ». Les exégèses du chapitre XXI de saint Jean et du chapitre XXII de saint Luc ne sont pas les seuls passages qui nous font entrevoir la ijensée de Cyrille sur le primat de Pierre, Lorsqu'il fait l'énumération de tous, les apôtres ou au moins de quelques-uns, Pierre, comme dans la Sainte Écriture, est nommé le premier ; Cyrille souligne cet ordre^. Mentionnons aussi que la signification des noms des apôtres n'est pas pour lui sans intérêt. La parole de Jésus à Pierre, rapportée par saint Jean (ch. I, 42) : « Tu es Simon, fils de Jonas, tu t'appelleras Géphas, ce qui signifie, Pierre », ne passe pas inaperçue. Dans le Commentaire sur Luc, Cyrille fait une étude comparée des noms ; ce n'est qu'à Pierre qu'est attribuée une signification qui suppose une certaine puissance et une certaine autorité : Et Se poiiXet xal ttjv èpjjivjvsLav tôv àTcocjToXixcov [loSeZv: (1) Dial. sur la Triniîé, I, P. G. 75, 697 B ; Sur Luc, P. G. 72, 588 D. PAIS MES BREBIS 359 ovofxdcTCùv, tadi 6ti IléTpoç (xèv épfxevetieTai, IttiXôcùv*. On rencontre aussi fréquemment cette formule ; « Si Pierre a agi de la sorte, que dire 06atv àvaretTCTeiv elç ANCIEN TESTAMENT 377 est d'ailleurs habituelle .; il avoue son grand amour du travail théologique en plusieurs autres passages de ses œuvres^. L'Ancien Testament n'offre pas seulement à Cyrille des enseignements et des prières qui nourrissent la vie intérieure ; il y trouve aussi des exemples qui entraînent à la pratique de la vertu. Sans doute, ces modèles- n'atteignent pas à la perfection de Jean-Baptiste, pour lequel Cyrille professe une dévotion spéciale, à la perfection des apôtres et surtout de Marié et de Jésus. Mais ils sont loin d'être négligeables. L'Ancien Testa- ment fait défiler devant nos yeux une série de patriarches, de prophètes- et d'autres personnages illustres, qui n'ont pas été sans faiblesses, mais- dpnt les vertus sont entraînantes. Saint Paul les a célébrés dans son- Epître aux Hébreux. Qui n'admirerait la vertu solide de Noé pratiquant le bien au milieu d'une génération corrompue 2, la foi et la confiance- d'Abraham^, la piété d'AbeH, la prudence de Joseph^, le courage, la sagesse et la constance de Moïse^, la douceur, la patience, la pénitence,, l'intrépidité et la piété de David', la sagesse des Prophètes^ et tant d'autres exemples que l'on pourrait mentionner. Une lecture de ce genre est une exhortation rtiorale ; il faut découvrir dans tous ces livres de l'Ancien Testament le sens spirituel et se rappeler que dans les écrits de ^ofGufjLÊav, (xkv, ol [ihv stc' alo/polç àX6vTeç, xal novf]plc(. ■ou[ji.6i,oTe\SoavTeç, ttjv àTsXsijTTjTov ôçé^ovrai (ûcpéÇovTsç) Siktjv... — Gf. aussi Sur saint Jean, P. G. 73, 797 G, D, (3) Comment, sur saint Luc, P. G. 72, 840 C, D et 841 A, B. En expliquant Luc XVII, '20, 'ETrepcûTTjGelç Se ÛTuà tûv ^apicratôv, 7u6ts ipysxca •/) ^aaiXe^a Toû 9eoû, Gyrille cite «*H paaiXeta tou 9sou Ivtoç ô[jiâ>v èartv» et Joan, I, 26 «Méctoç Se \i[L<ùv Iottqxsv •6v •&(zeïç pùx oïSaxe ». (4) Commentaire sur saint Luc, P. G. 72, 689 D, 692 A, B ; Commentaire sur saint Jean, P. G. 73, 565 A, B, G, D ; Souveraineté du Christ, Sur saint Jean, P. G. 74, 384; sur le sacrifice de la Rédemption, Le Christ est un, P. G. 75, 1337 B. Téôurat yàp ■ÛTïèp •îjfjLÔJv ô XpioTàç t6 &fiti>(jLov IspEiov, xttl (xi^ TrpoCTçop^ TexeXECoxEV elç xh Snjvexèç Toùç àYia^ofiévouç, àvaizopcptûv elç xh èv àp^aïç t7)v àvBpfiTrou çiioiv... «IlàvTa yàp èv iOcÛT<^ xatvà». — Royauté du Christ en général, Sur saint Jean, P. G. 74, 618 B, G, D, 620 G, D, 621 A, 622 B, G, D. (5) Béatitudes, Comment, sur saint Luc, P. G. 72, 588, 589, 592. — Prédilection du •Christpourles enfants et esprit d'enfance, P. G. 72, 856 A, B. — • Sur saint Luc, P. G. 72, •608 G, D et 609 où se trouve cité le « Revelasti ea parvulis ». — Le Christ est venu évî^ngéliser les pauvres, Sur saint Luc, P. G. 72, 536 D, 538 A, B, G, D. Sur l'enfant prodigue, Sur saint Luc, P. G. 72, 801 sq. — • Bonté du Christ envers les publicains et .les pécheurs, P. G. 72, 805 D, 796 D, 797 A, B, envers la brebis perdue, P. G. 72, 797 G, D ; sur la drachme perdue et retrouvée, P. G. 72, 800 B, G, D, 801. (6) Sur la mort, le jugement, le ciel, l'enfer, la résurrection, Sur saint Jean, P. G. 73, •960, et PusEY, t. II, p. 152 sq. —Sur saint Jean, XIX, 30, P. G. 74, 669, et Pusey, t. III, p. 96 ; Sur la première Épître aux Corinthiens, P. G. 74, 901, 904, 912, 913. — .Sur saint Jean, P. G. 73, 285, 385, 696, 1032. — Comment, sur Zacharie, ch. 104, v. 6, 7, JP. G. 72, 248. — Sur saint Luc, P. G. 72, 729. f 380 SOURCES SCRIPTURAIRES DE LA SPIRITUALITÉ CYRILLIENNE Rien n'est plus précieux sur terre que ce royaume de Dieu et du Christ ;. il est le trésor caché et la perle précieuse qu'il faut à tout prix acquérir,, il est semblable au grain de sénevé qui grandit et au ferment qui fait lever la pâte^. Il importe donc beaucoup de connaître les conditions à remplir pour entrer dans ce royaume. Le Christ ne se lasse pas de les répéter et Cyrille après lui. Il faut faire pénitence^, irecevoir le baptême^, croire à l'Évangile* et pratiquer les commandements^. Une fois entré dans le royaume, le disciple du Christ doit se rapprocher le plus possible de la perfection même de Dieu : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est- parfait ». Deux conditions s'imposent pour atteindre cet idéal : le renoncement, et l'amour. Il faut que le grain meure ; il faut perdre son âme^. « Celui quii ne prend pas sa croix et ne marche pas à ma suite n'est pas digne de^ moi »'. « Le serviteur n'est pas piUs grand que le maître y>^. Le renoncement (1 ) Ce que l'on trouve quand on quitte tout pour l'amour du Christ. Sur saint Luc,. P. G. 72, 860, 861. — Royaume de Dieu comparé au grain de sénevé et au ferment,. Sur saint Luc, P. G. 72, 772, 773. (2) Il faut entrer par la porte étroite, Sur saint Luc, P. G. 72, 776, 777, — Faire pénitence. Sur saint Luc, P. G. 72, 116B, C, D, 620 D, 621. Pour entrer dans le royaume des cieux, il faut une justice supérieure à celle des scribes et des pharisiens. Sur V Adora- tion en esprit et en vérité, P. 0. 6S, 524 A. (3) Efficacité du baptême. Sur saint Luc, P. G. 72, 904 C, D. 'TTravrrjoei yàçt,. ç7)alv, ûfjLÏv écvGpciJTCOç xep(X[Aiov ûSaToç PaaxàÇoiV. "H Taxa tcou xal (xuotixôv ti. xal àvoLyxaXov Sià toùtou S7]>,clJv • ëv6a yàp av elaéXQoi tô ûSwp (S^Xov Se ôti xb tou àytou Ç>aTZTla\ia.xoç,) , èxet xaTaXùaei XpioT6ç • Travxoç yàp rjpiàç à.Tza.'KXâ.xTCi piiTTOU, wcTE xal vaôv r)(xaç ocYtov Yevéoôai ôeoG, xal tt^ç Qelccç, aÔTOU çiioecoç xoivojvoùç Stà- (iCTOX^ç TOU àytou IIvEij(j,aToç • Oùx âv 8è à|jiàpTOi tiç tou àXY)6oijç, xal àyyeïov (cod. àvàyetov) eïvai. Xéycov tou àytou IIveùfjLaToç, TravT^ç àybu ^'^X'^l^- Différence entre le- baptême de Jean et celui du Christ, Sur saint Luc, P. G. 72, 517 D, 520 A, B, C, D. — EfTicacité du baptême : le cieJ s'ouvre, Sur saint Luc, P. G. 72, 521 C, D, 524 A, B, C, D. — Trésor, P. G. 75, 176 A, B, C, D. — Il est une seconde naissance, Sur Isole,. P. G. 70, 96, B, C, D. (4) Sur saint Matthieu, X, 7. IIopeu6(jLevoi. 8è x7)piiaaeTe, XéyovTeç, Ôti, "Hyyixev Y] ^aaiktia Ttov oùpavtov, P. G. 72, 386 A : 'Hyytxévat, Xéyei ttjv paoïXetav .tûv oùpavtov,. TY]V 8tà TrCoTEtûç x°'P'''^' — ■ ^oi et confiance inébranlable dans le Christ, Sur saint Luc, P. G. 72, 8b2 B, C, D, 833 A, B, C, D. (5) La foi doit avoir les bonnes œuvres pour compagnes, -Sur saint Luc, P. G. 72,, 776 C, D et 777 A, B. — Sur la vraie foi, aux Peines, P. G. 76, 1201. — P. G. 74, 125, et PusEY, t. II, p. 355. — Sur saint Matthieu, P. G. 72, 388 A: '0 àxpoaT^ç p,6voç: TOU X6you, où [A7)V xal 7tof/)T7)ç, oïx àTcetxà^ETai stcI t^ç ^«''[^^'■o^ olxoSoiJiiriBévTt. -r Sur saint Luc, P. G. 72, 628 C, D. (6) Sur saint Luc, P. G. 72, 845 A, B, C. (7) Sur saint Jean, P. G. 74, 652 A, B, G, D où se trouve cité Matth. X, 38. — Maximien, lors de sa nomination à l'épiscopat, dans une lettre à Cyrille, fait écho à cette doctrine de l'abnégation, P. G. 77, 149 A, B, C. (8) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 397 A ; Sur sainlJean, P. G. 74, 125. ÉVANGILES SYNOPTIQUES 381 à soi-même et aux créatures exige le détachement de tout ce qui est uu obstacle à l'union de Dieu ; et l'amour est le don complet de soi-même au Père â la suite de Jésus-Christ. Chez tous les disciples du Christ^ le renoncement doit exclure cet amour déréglé de soi-même et des •créatures qui constitue le péché. « Si ton œil droit te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi »^. Pour ceux qui veulent être parfaits, le, renon- cement comprendra la pratique des conseils évangéliques, la pauvreté effective, le détachement de la famille et la chasteté parfaite 2. Ceux qui ne voudront ou ne pourront pas aller jusque-là, se contenteront du renoncement intérieur à la famille et aux biens de ce monde : ils prati- queront l'esprit de pauvreté et le détachement intérieur de tout ce qui .s'oppose au règne de Dieu dans l'âme ; par là, ils peuvent arriver à un haut degré de sainteté. A eux aussi, en un certain sens, le centuple est promis. Il faut se mortifier c'est-à-dire mourir au péché et vivre pour le Christ^. Le renoncement parfait va jusqu'à l'amour de la croix : «qu'il porte sa croix » ; on finit par aimer la Croix, non pas en elle-même, mais à cause du divin crucifié qu'on veut suivre jusqu'au bout : « et qu'il me suive ». On finit même par trouver le bonheur dans la croix : «Bienheureux les pauvres en esprit. .. Bienheureux les doux... Bienheureux ceux qui souffrent persécution... Bienheureux êtes-vous quand on dira du mal sur votre •compte »*. Mais le renoncement n'est qu'un moyen pour arriver à l'amour de Dieu ■et du prochain pour Dieu. C'est l'amour en effet qui résume toute la loi : « Dans ces deux commandements résident toute la loi et les prophètes ». (1) Sur saint Jean, P: G. 74, 653 A, où se trouve cité Matth., V, 29. — ■ Sur saint Matthieu, P. G. 72, 380 G, D. (2) Sur la perfection que doivent réaliser les moines, Sur Isaîe, P. G. 70, 1364, 1365. — ■ Sur la perfection chrétienne, cf. le commentaire des Béatitudes, Sur saint Luc, P. G. 72, 589 sq. — Sur le détachement de la famille, lire un très beau passage, Sur saint Luc, XIV, 26, P. G. 72, 793 A, B, G et Sur saint Luc, P. G. 68, 860 B, G, D. — •Conseils donnés par Gyrille aux reines, sur la vie spirituelle ; comment ils sont fondés sur le dogme et la théologie, Sur la vraie foi aux Reines, P. G. 76, 1201 sq. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 900 D, 901 A. — Sur VAdoralion en esprit et en vérité, P. G. 68, 985 A, B, G, D, 988, A, B. — Sur saint Jean, P. G. 74, 649, 652, 653. (4) Sur saint Luc, P. G. 72, 589 sq. — Sur saint Matthieu, P. G. 72, 424 G, D. Sur Isaîe, P. G. 70, 1347 G, D. — Sur saint Jean, P. G. 74, 456 D, 457 A, B, G, D, 460 A, B, G, D. Sur saint Jean, P. G. 74, 568. — Sur saint Matthieu, P. G. 72, 380 B : El •Se aot çopnxà eîvat Soxeï xaCra rà è7rtTàY(Ji.aTa, xai, TtoXèv Trapéx^tv Tàv 7t6vov, èw67)oov, ÔTi 8ià t6v XptoTèv Taura tcoieïç, xal xà Xurrepà ëoTai ^^St), kccï ô izàvoc; oûxsTi 7r6voç çaveÏTat, àXX' Ôcrarcsp àv èTciTetvTQxai, xooo\ixq> yXuxiixepoç xal -îjStcûV yCvexai. Où [i6vov Se x^ xûv (jieXX6vxo)V èXTclSi xoiiqjvjv T7]V âpex7]v ènolriae-^ ô 0e6ç, dXXà xal èxéptji xpÔTCtp auvecpamàyievoç i]iiXv Tuavxaxou xal ouvavxtXa(jL6av6(xevoç. 382 SOURCES SCRIPTURAIRES DE LA SPIRITUALITÉ CYRILLIENNE Et cet amour consiste à se donner à Dieu de tout son cœur, de toute sort, âme, de tout son esprit : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton- cœur, de toute ton âme, de- tout ton esprit». Le second commandement est semblable au premier : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »^.. Voilà le plus grand de tous les commandements, celui qui résume toute la perfection. Cet amour doit être filial : il nous porte tout d'abord à glorifier notre Père Céleste : «Notre Père... que ton nom soit sanctifié, que ton règne arrive », le seul vrai Père, père universel, père au sens strict et non pas- seulement métaphorique, père attentif et indulgent^. Pour le mieux glo- rifier, cet amour filial nous porte à observer ses commandements : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel»... «Ce n'est pas celui' qui dit : «Seigneur, Seigneur», qui entrera dans le royaume des cieux,. mais celui qui fait la volonté de mon Père »^ Il nous porte à suivre le Christ avec constance, sans plus jamais regarder en arrière*. Ainsi! (1) Sur la charité envers Dieu et envers le prochain, Commentaire sur saint Jean, P. G. 74, 520 B, C, D, 521 sq. — Sur Isaïe, P, G. 70, 1288 A : lïXrjpwpta yàp v6{iou- àycicTa), xaT» t6 '^z-^Ç)a.\x\J.i\ov. 'AyàTtTjç Se vuX-^iptùoiç t^ç elç àSeXçoùç, xal eÙGTcXaYXvtaç àTràSeiÇiç tyjç TeTt[X7)(xévY]ç Tcapà 0eîùv , àXoiSop-^iTciç te xal àvuTrai- Tt(ùç, ôte Tcaoûv, àç ettoç ëItteïv, tûv àpsTCùv ÈvairdxEiTai t6 XECpàXatov ; AeuTépa yàp Tvjç eîç 0EÔV àyà7T7]ç, y) sic àXXirjXouç èotI, xal Tcâcra t^ç eîç 0eôv £Ùa£6s^aç t\ S6va(j,tç cbç. Iv évl ToÙTcp ou(i,TTepa!.ouTai. Xoyco, èv TtjJ, «'AyaT:y]aeiç tov 7rX7]oiov aou wç êauTov». — Le texte du Deuiéronome, VI, 3, est encore cité dans l'écrit Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1229 D. • (2) Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 520 B, où se trouve cité Bom., VIII,. 15. — ■ Sur saint Luc, P. G. 72, 669 A, B, où peut se lire un commentaire sur notre adoption filiale. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 605 C, D et 608 A, P. G, 72, 628 C, D. Le Christ lui- même a toujours fait la volonté et le bon plaisir de Dieu. Cf. Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1364 C, D à 1370. — Sur saint Jean, P. G. 74, 322 D. (4) Marcher toujours "de l'avant et suivre le Christ, comme les apôtres, Sur saint Luc,. P. G. 72, 664 B, G. — Sur saint Jean, P. G. 74, 652 B. INFLUENCE DE SAINT PAUL 383 donc renoncement et amour sont les deux conditions essentielles requises pour conquérir le royaume de Dieu et la perfection. Cette doctrine spirituelle qui se dégage de Matthieu, de Marc et de Luc, Cyrille l'a assimilée à fond et il est facile de la retrouver dans ses écrits, bien que nulle part nous n'en trouvions un exposé synthétique. Influence Ce n'est pas seulement sur les fragments de commentaires de saint Paul perdus que l'on peut se baser pour affirmer cette influence paulinienne^. Tous les ouvrages cyrilliens sont imprégnés de la pensée de l'Apôtre et émaillés de citations des épîtres. Dans son écrit Sur la vraie foie, aux reines^, on trouve une sorte de synthèse de la Christologie, et de la Sotériologie d'après saint Paul, Saint Paul insiste moins sur le royaume de Dieu que sur le dessein de Dieu de sauver et de sanctifier tous les hommes, Juifs et Gentils, par son Fils. Jésus-Christ est constitué chef de la race humaine. Tous doivent lui être incorporés : «Béni soit Dieu, le Père de N.-S. J.-C, qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux ; il nous a élus dans le Christ avant la constitution du monde, pour que nous soyons saints et immaculés en sa présence dans la charité ; lui qui nous a prédestinés à l'adoption des fils par Jésus-Christ en lui »^. Ainsi donc, de toute éternité. Dieu veut nous sanctifier et nous prendre comme enfants adoptifs. Un obstacle se dresse : le péché, péché d'origine, commis par Adam le premier chef de l'humanité* et transmis à ses descen- dants avec la concupiscence, cette loi de la chair qui nous captive sous la loi du péché. Dieu a pitié de l'homme, il lui envoie un Rédempteur, un Sauveur, son propre Fils, Jésus-Christ^ qui sera le nouveau chef de l'humanité et nous rachètera par l'obéissance, une obéissance poussée (1) Cf. commentaires de Cyrille, Sur VEpîire de saint Paul aux Romains, P. G. 74, .773-856, et Pusey, t. III (à la suite du commentaire de saint Jean), p. 173-248; Sur VÉpître aux Corinthiens, P. G. 74, 856-952, et Pusey, t. III, p. 249-361 ; Sur l'Êpître aux Hébreux, P. G. 74, 953-1005, et. Pusey, t. III, p. 362-440 (qui ajoute plusieurs, fragments syriaques). (2) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1201 sq. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 669 B, où se trouve cité Ephes., I, 3-5, et commenté le texte sur notre prédestination à l'adoption filiale. — P. G. 72, 669 A : Oôxouv èv TY) Tou Ilarpoç yv(i>asi èxéxpuTCTO, xal Trpô 'ttjç toG x6o(jlou y.axaèokriq, to asTTTèv xal [xéya ToC SwT^poç 7](Atùv [AUOT'/jpiov • OÛTtû xal ■/][jisïç 7rpoeYV6ev àyaBûv, tô Sia6iouv èXéaOai TryeuptaTixôç. (7) Sur saint Luc, P. G. 72, 697 G. — Sur VÉpttre aux Romains, P. G. 74, 792, 793, 816. (8) Sur la 7" aux Romains, P. G . 74, 792, 793, 796 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 654 B, G, D. — Sur saint Luc, P. G. 72, 497, où se trouvent cités Coloss., II, 1 1 et // Timoih. . 11,11. 386 SOURCES SCRIPTURAIRES DE LA SPIRITUALITÉ CYRILLIENNE éprouvés au-dessus de nos forces^. Nous pouvons tout en celui qui nous fortifie^. Cette mortification comporte d'abord ce qui est essentiel pour éviter la damnation ; de plus, la mortification, à un degré supérieur, comporte ce qui est nécessaire à la perfection, comme l'humilité parfaite, le désin- téressement absolu^. Il y a des degrés dans la perfection*.' En se dépouillant du vieil homme, •on s'incorpore à Jésus-Christ, on se revêt de l'homme nouveau^ ; cet homme nouveau, c'est le chrétien régénéré par le baptême, uni au Saint- Esprit, s'efîorçant avec l'aide de la grâce de se transformer en Jésus-Christ, nouvel Adam^, • La pensée de Cyrille est imprégnée de l'esprit de saint Paul. Aucun des textes majeurs de l'apôtre sur le rôle du Saint-Esprit dans l'âme régénérée, sur le rôle du Christ et celui de l'âme ne lui est étranger. Nous l'avons vu ■dans notre seconde partie qui traitait de la place du Christ dans la vie spirituelle, dans notre troisième partie sur l'activité du Saint-Esprit dans l'âme des fidèles, enfin dans notre quatrième partie sur le Corps Mystique du Christ. Le Saint-Esprit habite l'âme du juste et la transforme en un temple saint : « Car le temple de Dieu est saint : et c'est vous qui êtes ce temple »'. Il agit dans cette âme, la meut par un secours divin, lui donne une con- fiance filiale dans le Père Céleste et la fait prier avec une efficacité toute particulière. Il opère en nous le vouloir et le faire. C'est Lui en qui nous disons : Abba, Père, qui vient au secours de notre faiblesse et qui intercède (1) Sur saint Luc, P. G. 72, 625, où se trouve cité / Cor., X, 13. — ■ Dans la tempête 'destentations, le Christ vient à notre secours, Sur saint Luc, P. G. 72, 632 A, B, C, D. — Le Christ nous donne sa grâce sans laquelle nous ne pouvons rien : Sur- saint Luc, P. G. 72, IIÇ, D, et Smith, t. II, p. 462 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 524 A, B, C, et Pusey, t, II, p. 703 ; Sur Isaîe, P. G. 70, 1040, 1216 ; Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 173. (2) Sur saint Luc, P. G. 72, 632 A. (3) La leçon spirituelle du crucifiement, cf. Sur saint Jean, P. G. 74, 652, 653. — Éloge de la chasteté parfaite. Sur la /^e aux Corinthiens, P. G. 74, 872, 873. (4) Sur saint Luc, P. G. 72, 748, 749, passage où est cité / Cor., III, 2. — TeXettov -^àp ioTiv :f] oTepeà xpoçY], tcùv Sià ttjv ëÇtv è/àvrav xà alo07]TTf)pia, yeyu[i.va.a[i.évcc irpèç •éiàKptatv xaXoO te xal xaxou • toïç yàp ri]V Stàvoiav ^xo^^'^ eùoGsvîi, Tupénoi cHv -eîxÔTWÇ Ta (jteyàXa xal èÇaipsTa tgjv àytoTCpeTCÔiv èvTaXfidcTCùv * xotç Se oÛxco npbç •ToijTO èXaX7))t6oiv loxiioç Tcveujxaxix^ç, xà Suaxepetaç àTràorjç àTrrjXXaYfJiéva. (5) Sur saint Luc, P. G. 72, 808, où se trouve cité Galat., III, 27. (6) Sur saint Luc, P. G. 72, 523 B, C, D, 909 A, B ; Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1293. A : Aeiixepoç 'ASà(JL xexpi1tJ''0'fixev ô Xpioxéç * xai, &anep ô Trpûxoç *ASà[X 'i][LOL<; xaxe6[6aoev elç çôopàv, oûxwç ô Seiixepoç àvsx6(j(,t. (2 Tiin., I. 14). ■ np6ç 'Ptofjtatouç . (t Où ToX[xû (j.èv XaXeïv Tt, àv où xaTetpyàcTaTO Xpioxàç Bi' l{jt,oi5, •sic 'ÔTcaxo'JjV sGvûv Xdyto xal ëpytp, êv Si)và(i,et arijxeicùv Kcd TepaTtùv, èv Suvàfxét, IIveiifxaToç -'©eou» [Rom., 15, 18). Kal TîàXiv • IlapaxaXû o5v û[x5cç, àSeXcpol, Stà tou Kuptou •^(xâv 'Ir]CTOU XpiOToO xal Stà tyjç àyaTCTQç xou IIveiifJLaToç, cuvaytùvioaoBaC [xol èv xcdq Tcpoaeu- XaXc,» (Rom. XV, 30). IIpoç KoptvG^ouç * «"H oûx oïSaxs 6x1 xà ccijjxaTa ' ô[xô>v -vaàç ToG èv 'ôjj.tv 'Ay^ou Ilveù[i.on6q êonv, o5 e^ets àrcô tou Geou ; (/ Cor., VI, 19). Kal TcdcXtv • *0 xoXXéfxevoç tû KupÊco, ëv nvsufià èoriv (/ Cor., VI, 17). 'ISou aacpcoç èvOàSe Ilvsûfxa Xéyei Kùptov • CTaqjéoxepov Se xouxo Ttoicov, ÈTTioxéXXet TràXtv Trepl xûv 'loviSatwv • "Axpi yàp x^ç o^ixepov rnxipaç xh aùx6 xàXu[X[i,a ènl x^ç IlaXaïaç AtaG's^xïjç jxévei. [à] àvaxaXuTcxojAevov, ôxi èv Xpiaxcp xaxapysïxai. 'AXX' ëtoç a7][jiepov vjvtxa àvay[- vtioxTjxai Mcûoîjç, xàXujAixa ènl xr\v xapSCav aàxôiv xeïxai. 'Hvtxa 8' àv è7noxpét};ir) TTpèç Kùpiov, TTEpiaipeïxat. xà xàXufXfjia. '0 Se Kùptoç xà Tlveu[i.à èaxiv. 05 Se xà ïlveujjia Kuptou, èxEÏ èXEuGEpfa (2 Cor., III, 14-17). Kal TcàXiv ' 'H(xeïç Se jràvxEÇ àvaxsxaXufji.- [iÉvcj) npoaÙTVcçi x^v S6Çav Kupbu xaxo7tTpi,Ç6(jiEvot, x:?)v aûxriv slxéva fAExa(jiopcpoiip(.eGa àTto Sd^Tjç eIç S6^«v, xaGàreep aTtà Kuptou Ilveùfiaxoç {2 Cor., III, 18). "Oxe xotvuv ■ slq ècxi Kiipioç 'Iy)oov)ç Xpioxdç, xaxà X7)v xou IlaôXou çcoviqv, Kiiptov Se xà nvEUfjia xaXsï, où8E[jLlav écpa çviceoiç oîSe Siaçopàv xou Tlou xal nvEÙfxaxoç, àXX' àç è^ aùxoû ■::xal èv aôxcp çuatxôiç ÛTrâp^ov xw x^ç xupiéxiQxoç ôvé^axi xaXet. Ce passage, on le •constate facilement, est tissé des plus beaux textes de saint Paul. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 560 A, B. — • Voir les textes cités dans la quatrième partie du présent volume sur le corps du Christ. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 539 B ; 788, 789 (le festin du ciel). Sur la vraie foi, aux Reines ; P. G. 76, 1412 C, D, Le Christ est i] àvàaxaaiç xal -y) î^w/j, Trpwxôxoxoç èx ^VEXpCOV, àlZCCpxh '^^^ XeXQltJLIQtJLévOV. (4) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1306 D. — Sur saint Jean, P. G. 74, •496 A, B. {5} Sur saint Jean, P. G. !/l, 570 A ; P. G. 76, 1244 B. 388 SOURCES SCRIPTURAIRES DE LA SPIRITUALITÉ CYRKLLPENNE- du Christ ? »^. Il en résulte pour nous l*impérieux devoir de nous tenir étroitement unis au Christ, notre chef, le principe de notre vie, le modèle parfait que nous devons sans cesse imiter, jusqu'à ce que nous soyons. t;-ansformés en Lui. Cette imitation concerne avant tout ses dispositions intérieures, son humilité et son obéissance : « Alors qu'il était dans la. forme de Dieu, il s'est anéanti..., il s'est fait obéissant jusqu'à la mort^».. Nous devons l'imiter dans sa charité qui l'a poussé à se sacrifier pour nous : « Il nous a aimés et ir s'est livré pour nous^». Nous devons imiter l'extérieur du Christ en pratiquant la modestie,, la mortification corporelle, la mortification des vices et des passions, en. vue de nous soumettre plus complètement à son Esprit : «Que votre modestie soit connue de tous les hommes*». Il y a d'ailleurs des degrés^, comme nous l'avons dit, dans cette imitation de Notre-Seigneur Jésus-Christ. On est d'abord enfant, pensant, parlant et agissant comme un enfant ; puis on grandit^ et on devient homme parfait : « à la mesure de l'âge de la plénitude du Christ »' ; l'union trans- formante s'accomplit progressivement : «Pour moi, vivre c'est le Christ... Le Christ vit en moi »^. A ce degré, on peut alors dire avec Paul à son. prochain : «Soyez mes imitateurs comme je le suis du Christ»^. (1) Sur saint Luc, P. G. 72, 725 A. — Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1229 D;.. — Sur saint Jean, P. G. 74, 406 G, où est cité Eom. VIII, 35. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 496 A, B. — Sur saint Matthieu, P. G. 72, 464 G,. 469 B, 508 A. (3) Sur la vraie foi, aux reines, P. G. 76, 1244 B. (4) Sur saint Luc, P. G. 72, 845 A, B, G (mortification) ; Sur la 11^ aux Corinthiens,. P. G. 74, 945 D, 948 A, B (mansuétude et modestie du Christ) ; Sur la vraie foi, aux Peines, P. G. 76, 1204 A, où est cité Hebr., I, 3. (5) Sur saint Luc, P. G. 72, 748 (le lait pour les commençants, puis le Ppôfjta, la arepeà xpoe^'^ des parfaits). — Glaphyres sur l'Exode, P. G. 71, 440 D. — Connaissance- parfaite de Dieu réservée aux chrétiens, Sur saint Jean, P. G. 74, 500 D. (6) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 417 D, à propos de Matthieu, XIV, 21 : 'ExXexTàv àel 0ec{) rè àppev, àç (zaxt(j!.tî>TaTOV, xal elç ■î^67jv sXOsTv, ^youv sic eôeÇtav 7tveu(xaTtx-}]V,. xal cTcepfJiaTtÇetv, xal toùç Xoitioùç StSàoxeiv Suvà^ievov, xal àvafJtsTpetv elç (iéTpoV' YjXixCaç Tpu TcXvjpd^tAaToç ToG XpiaTou îo/iiov. (7) Sur saint Luc, P. G. 72, 793 D. (8) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1244 B. -r- Sur saint Jean, P. G. 74, 653 B. — Sur la 11° aux Corinthiens, P. G. 74, 929, 932 : nous pouvons avoir confiance dans le Christ médiateur, et en l'imitant, nous sommes transformés pour jouir pleine- ment de l'esprit de liberté et de filiation dans la gloire. (9) Sur saint Luc, P. G. 72, 601 G. — • Il ne s'agit pas d'imiter le Christ en tant que- créateur, mais d'imiter ses vertus, sa vie admirable qui n'est pas èx tou x6c(j!.ou. — Sur saint Jean, P. G. 74, 532 G. — • Il faudrait citer en entier ces pages sur l'imitation de Paul (/ Cor., IV, 16), l'imitation du Christ, et en définitive l'imitation de Dieu,. P. G. 74, 529 à 537 : IlXàTTOtTO yàp àv Tcp6ç elxéva Ttç oûrtù tJjv 0e[av xal ÔTrepxdc- p.iov. — Imiter Dieu est notre loi ; nous sommes prédestinés à être conformes à l'image-- INFLUENCE DE SAINT JEAN 389 Pour exprimer sa doctrine spirituelle, les pages précédentes nous le montrent, Cyrille d'Alexandrie utilise tantôt les conceptions et les termes 'des synoptiques et tantôt ceux de saint Paul. Il dira indifféremment : « pratiquez le renoncement » ou « dépouillez-vous du vieil homme » ; «revêtez-vous de l'homme nouveau», «unissez-vous à Jésus-Christ», « aimez Dieu et le prochain ». Influence II ne faut point s'étonner que Cyrille exprime sa doctrine *de saint Jean spirituelle en des termes empruntés aux écrits johanniques. On sait d'abord combien saint Jean était à l'honneur dans l'Église d'Alexandrie. Le traité Sur V Adoration en esprit et en vérité'^ emprunte ;Son titre et son thème au chapitre IV de saint Jean. Le but de cet ouvrage • est en effet de chercher « ce qu'il faut entendre par l'adoration en esprit •et en vérité dont Notre-Seigneur entretint la Samaritaine ». Le Commen- taire de Cyrille sur saint Jean^ avec ceux de saint Jean Chrysostome, de •saint Augustin et de saint Grégoire, est un des plus beaux de la littérature patristique. Des citations de saint Jean fourmillent dans les écrits de Cyrille ; et dans certains ouvrages se trouvent de vigoureuses synthèses • de la doctrine de l'apôtre bien-aimé, par exemple dans le Discours sur .la vraie foi, aux Reines^. Dans les écrits de saint Jean, on le sait, .l'idée • dominante n'est point celle du Royaume, ni celle du dessein sanctificateur de Dieu sur l'homme ; mais, en haut relief, apparaît la notion de vie : spirituelle. Dieu est vie, c'est-à-dire lumière et amour. Il est Père et de toute 'éternité il engendre un Fils qui n'est autre que son Verbe*. Avec le Père, le Fils est source d'où procède le Saint-Esprit^. Cet Esprit de vérité et •d'amour complétera la mission du Verbe Incarné, en demeurant avec les fidèles jusqu'à la fin des temps pour les instruire et les fortifier*'. Voulant «communiquer aux hommes cette vie divine. Dieu envoie donc sur terre :-son Fils. Le Fils s'incarne et en nous communiquant sa vie il fait de nous ■ du Fils {Sur saint Jean XI, 10, P. G. 74, 541) qui Lui-même est la puissance (Sùvatiiç), Ja sagesse (ooçîa), l'image (eîxciv) du Père. Cf. Trésor, ass. 4, 12, 33, 35, P. G. 75, 44, 185, 553, 637. — • Sur l'eîxciv xou yolv.o\> et Tsixtiv tou ÈTTOupavioo, cf. Sur saint Luc, P. G. 72, 673 D; Sur saint Jean, P. G. 74,553 B, G, D. — Sur la glorification du Père .d£(ns l'image de son Fils, image spécialement de sa bonté, cf. P. G. 76, 497 D, 500 A; P. G. 76, 1240 D, 1241 A. (1) Sut- V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 133-1125. (2) Commentaire sur saint Jean, P. G. 73 et 74, 9-756 ; et Pusey, 1-3, Oxford, 1872. (3) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1269 ad 1273; 1285, 1288, 1332 sq. (4) Jean I, 1-5, Commentaire sur saint Jean, P. G. 73, 24 sq. (5) Sur saint Jean, P. G. 74, 256 B, G, D ; 257 A, B, G, D ; 258 A, B, G ; 417 A, B, G, iD ; 429 G, D. (6) Sur saint Jean, P. G. 74, 300 D; 301 A, B, G, D ; 304 A, B. 390 SOURCES SCRIPTURAIRES DE LA SPIRITUALITÉ GYRILLIENNE les fils adoptifs de Dieu^. Égal au Père par sa nature divine, le Christ!- proclame hautement son infériorité comme homme, sa dépendance absolue- du Père : il ne juge pas, il ne parle pas, il n'agit pas de lui-même, mais il. conforme ses jugements, ses paroles et ses actions au bon plaisir de Dieu, son Père et c'est ainsi qu'il lui témoigne son amour^, il sera obéissant jusqu'à donner sa vie pour glorifier Dieu son Père et pour sauver les- hommes^. Si maintenant l'on étudie ses relations avec les hommes, il apparaît comme la Lumière qui nous éclaire et nous conduit à la vie*, comme le Bon Pasteur qui nourrit ses brebis, les protège contre le loup ravisseur et donne sa vie pour elles^, comme le Médiateur nécessaire sans lequel on ne peut aller au Père®, comme le Cep dont nous sommes les branches, recevant de lui la sève de la vie surnaturelle', comme le modèle de toutes- les vertus^. Du Christ dérivera donc la vie intérieure du chrétien. Union- (1) Sur saint Jean, P. G. 73, 145-165 (explication du Prologue). (2) Sur saint Jean, P. G. 73, 385 sq. ; 34V) sq. ; P. G. 74, 212 B, G, D ; 253 D ; 297 B;,. G, D ; 300 A, B, G ; 308 D ; ;i09 A, B, G, D sq., 328. (3) Gyrille commente longuement la parabole du Bon Pasteur. Sur saint Jean^. P. G. 73, 1036 sq. ; 1052 sq. — Le Christ glorilie Dieu son Père, parce qu'il est son envoyé, sa vertu et sa sagesse [hur suinl Jean, 15, 8, P. G. 74, 369-372, et Pusey, II, 567 ; Sur la vraie foi, aux ïieines, P. G. 76, 1376 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 369 j. 492 G; 73-80; 369-477, 493) ; parce qu'il est son image (Trésor XII, P. G. 75, 184-185; Glaphijres sur VExode, P. G. 69, 4G5 ; Sur Zacharie, P. G. 72, 40 ; Sur saint Jean,. P. G. 76, 577 ; Sur saint Luc, P. G. 72, 581 ) ; parce qu'il est sa gloire (Sur saint Jean, P. G. 74, 500 A ; Dialogue sur la Sainte Trinité, P. G. 75, 812 ; Sur saint Jean, P. G. 73, 556 ; Trésor, XXXII, P. G. 75, 485 0-^61 A; Sur saint Jean, P. G. 74, 153 D, et Pusey,, II, 379 ; P. G. 74, 248-249, et Pusey, 11, 460 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 480 A, 925 D ;, Sur les Psaumes, P. G. 69, I J84 D ; Contre Neslorius, P. G. 76, 188 ; Sur la vraie foi,, aux Peines, P. G. 76, 1404 A ; Sur saint Jean, P. G. 73, 309-540 ;, Sur saint Jean, 74,. 92 G-481 B ; Contre Nesiorius, P. G. 76, 104 B ; Dialogue sur la Trinité, P. G. 75,. 1025 A ; Sur saint Jean, P. G. 73, 913 G, et Pusey, II, 113). — Gyrillerépète souvent que dans la Sainte Écriture, le Ici me «nom, ovojia », équivaut au mot «gloire, 86Ça » : Sur Isaïe, P. G. 70, 1152 G,- 1237 D ; Sur les Psaumes, P. G. 69, 840 A; 860 A ; 1021 B ; 1064 A; 1224 D. — Gette interprétation cyrillienne, du moins en ce qui concerne Jean, 17, 6, trouve en Maidonat un approbateur : «Itaque Cyrilli interpretationem magis probo, nomen hoc loco pro gloria positum esse...». Maldonat, Commentaire sur sainl Jean, 17, 6, col. 1885. ^ (4) Sur saint Jean, P. G. 74, 101 D ; 104 ; 1021 B ; 1312 D. — Dans Le commentaire de sainl Jean, cf. les chapitres 7, 8, 9 du livre I, à propos du Christ Lumière, P. G. 73, 93 sq. — Sur la J" Épttre de sainl Jean, P. G. 74, 1021 B. (5) Sur saint Jean, P. G. 73, 1036 sq. — Sur saint Jean, P. G. 74, 584 D. (6) Sur saint Jean, P. G. 74, 188 D ; 189 sq.; 192 A, B, 484 A, B; G, P. G. 73, 1045. (7) Sur saint Jean, P. G. 74, 332 D ; 333 A, B, G, D sq. ad 356 : commentaire de la parabole de la vigne et sarments. (8) Sur saint Jean, P. G. 74, 121 D ; 124, 125, 608 A. INFLUENCE DE SAINT JEAN 391 untime, affectueuse, avec Lui et par Lui avec Dieu^, car le Christ est la voie qui conduit au Père ^. Au baptême commence cette union et s'opère !;une seconde naissance, une naissance selon l'esprit^ Nous sommes rattachés au Christ comme le sarment se rattache au cep ; dès lors nous sommes en mesure de produire des fruits de salut*. Après le baptême, cette vie divine s'accroît par l'Eulogie qui nourrit et abreuve notre être 'du corps et du sang de Jésus-Christ, si bien que nous vivons de sa vie, que nous vivons pour lui et par lui, comme il vit par son Père et pour son Père^. Cette vie divine se continue par une sorte de communion spirituelle ; Jésus demeure en nous et nous en Lui^. Si étroite est cette vunion que le Christ la compare à celle qui l'unit à son Père. «Moi en eux et toi en moi »'. Dès lors, nous participons aux vertus du Christ et surtout à son amour pour Dieu et le prochain, poussé jusqu'à l'immolation de soi^. Dieu nous aime comme ses enfants ; nous l'aimons comme un Père, et parce que nous l'aimons, nous observons ses commandements^. Les trois divines personnes viennent habiter dans notre âme d'une façon permanente : « Nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre 'demeure»^'*. Les raisons d'aimer Dieu sont évidentes : Dieu est charité et Il nous a aimés le premier en sacrifiant même son Fils pour nous^^. L'amour .fraternel est une conséquence de l'amour de Dieu : nous devons aimer nos irères non plus seulement comme nous-mêmes, mais comme le Christ les a aimés et par suite être prêts à nous sacrifier pour eux : « Je vous donne ■comme commandement nouveau que vous vous aimiez les uns les autres •comme je vous ai aimés «^^^ «Parce qu'il a donné sa vie pour nous, nous •aussi nous devons donner notre vie pour lui et pour nos frères ))^^. Tous (1) Sur saini Jean, P. G. 74, 188 D ; 189 A; B, C, D ; 240; 241. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 185 G, D; 188, 189, 192 sq. — Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1396 où est cité Jean, XIV, 6. (3) Sur saint Jean, P. G. 73, 241 sq. : entretien du Christ avec Nicodème sur I£^ rrégénération par le baptême. (4) Sur saini Jean, P. G. 74, 332-368. (5) Sur saini Jean, P. G. 73, 576-585. (6) Sur saint Jean, P. G. 73, 585 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 268 B, G, D ; 269 A, B, •G, D ; 484. (7) Sur saint Jean, P. G. 74, 213 D, 215 A, B, C. (8) Sur saini Jean, P. G. 74, 112 A, B, G, D. Sur la 7" Épître de saint Jean, P. G. 74, 1021 B, G. (9) Sur saint Jean, P. G. 74, 125 A, B, G ; 128 ; 252 G, D ; 253 A, B, G, D ; 284 A, :B, c, d ; 285 A, B, G ; 293 C, D ; 372 sq. (10) Sur saint Jean, P. G. 74, 289 B, G, D ; 292 A, B, G, D. (11) Sur saint Jean, P. G. 74, 59 G. (12) Sur saint Jean, P. G. 74, 113 B, G, D ; 160 G, D ; 161 A, B, G, D ; 164 A, B, G, e ; 165 A, B, G, D ; 168 A, B, G ; Sur la i^" Épttre de saint Jean, P. G. 76, 1021 B, G. ,(13) Sur saint Jean, P. G. 74, 109 D; 112 A, B, G, D; 172 D et 173 A, B, G, D. 392 SOURCES SCRIPTURAIRES DE LA SI*IRITUALITÉ CYRILLIENNE ensemble nous ne constituons en effet qu'une seule famille spirituelle- dont Dieu est le Père et dont le Christ est le Sauveur. Si étroite doit être notre union qu'on peut la comparer à celle qui existe entre les trois- personnes divines : « Qu'ils soient un, comme nous sommes un »^. Si urgente est pour nous la charité fraternelle que prétendre aimer Dieu quand on. n'aime pas le prochain n'est qu'un mensonge^. Ajoutons que Cyrille, continuant d'emprunter le langage de saint. Jean, affirme que cette charité suppose la lutte contre la triple concu- piscence et par conséquent la mortification 3. Ce résumé nous permet de- conclure que Cyrille s'est fait le disciple de Jean, apôtre du Christ, du Christ amour, lumière et vie. Ainsi donc, Cyrille, dans la constitution et l'articulation de sa doctrine spirituelle, s'est merveilleusement assimilé le contenu de la Sainte- Écriture. Le chemin de perfection chrétienne qu'il nous trace, ou auquel il fait allusion au cours de ses écrits, est renoncement et amour, incorpo- ration au Christ, dépouillement du vieil homme et revêtement de l'homme nouveau, charité poussée jusqu'au sacrifice. Cyrille nous le décrit en un langage constamment emprunté aux Évangiles et aux Épîtres. Cette constatation n'a d'ailleurs pas lieu de nous étonner ; n'avions-nous pas- déjà remarqué que les sources auxquelles l'Évêque d'Alexandrie s'est surtout abreuvé ne sont pas les sources profanes, ni même les sources- patristiques, mais les sources scripturaires. Les livres «inspirés» furent les sources véritables de son « inspiration ». Celui qui avait naguère dirigé la main des écrivains sacrés était le même qui animait encore Cyrille dans sa recherche, à la fois pratique et théorique, des Voies de la perfection, dans sa montée vers les hauts-lieux où jadis a soufflé, où. toujours souffle l'Esprit. (1) Sur saint Jean, P. G. 74, 512 D ; 513 A, B, C, D ; 552 C, D. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 380 D ; 381 A, B, G, D ; 459 C, D ; 161 A, B, C, !>, 164; 165; 168 A, B, G. (3) Sur saint Jean, P. G. 74, 393 sq., 397, 400, 401. CHAPITRE lïl SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE Maintenant que nous avons précisé les rapports qui existent dans la doctrine cyrillienne entre le dogme et la spiritualité et que nous avons suffisamment indiqué les sources scripiuraires auxquelles notre auteur s'est abreuvé, il nous sera plus aisé, le terrain étant ainsi déblayé, non gpoint de revenir sur les origines de la vie surnaturelle dont les premières parties du présent ouvrage nous ont fait assez clairement saisir l'excel- lence, mais de montrer en une synthèse générale la nature de la vie •chrétienne, non moins que l'obligation de tendre à la perfection et de pratiquer les vertus dont le Christ nous a donné' un vivant modèle. Le péché Vivre chrétiennement c'est d'abord renoncer au péché «t la pénitence q^j jjjg|. obstacle à l'union de l'âme à Dieu et engendre la mort. Celui qui le commet devient esclave^. Celui qui fait le mal fuit la lumière, comme celui qui fait le bien la recherche^. Il faut éviter le jpéché et vivre de la vie de la grâce^, car le chrétien doit être mort au (1) Sur saint Jean, P. G. 73, 861 B, G, D ; 864; 865. (2) Sur saint Jean, P. G. 73, 256, 257. (3) Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 173 A, B. — • Le fidèle doit s'éloigner •du péché, a,vec la grâce de Dieu, comme Loth averti par les é^YY^-^o^ s'éloigna de Sodome avec ses deux flUes pour échapper au désastre. — La grâce qui est donnée est une grâce de lumière et de force : "^sf^eiy^icc Si] aoi toutI xal oçéSpa rpavèç tou (jl-}) (jl6voi<; ^(jiaç 7capa0r)Yeci0at Xôyotç, xal xoûc; êç vouv TcapaxX^aeotv àTroçoirav &y.oi.pxl(xç, ^xsiv dh xal sic toGto XotTcàv yjixspoxyjToç x^ç elç ■^[xaç t6v tûvôXcùv otoTTJpaGeôv, àç êvepyàv -TTOisïoGai T7)v èmyiOMpiocv, xaxà ys t6, « 'EzpàTiQCfaç t^ç X^^P^? '^Ç SeÇiàç (aou, xal Iv 17) (3ouX^ CDU àS7)YV)oàç (xe». 'EtceiSt) yàp saxw o\> Xlav eôoGevTjç i] àv0p(i>7rou cpiiatç, •oôxe (X'^v àTToxpcbvxcùç ëxouaa irpàç x6 SiexveOaat Siivaaôat xoC xaxoC, ouvaXGeT ttcûç aûxT) TTpoç xouxo 0e6ç. Kal SixtÎjv àTrovéfjiûiv ôpaxai x^v x«P^^ * vouOeolaiç àvaTcelôwv xal iTtixouptav eôpàv, xal àfAetvw xi0elç xou Tuapà 7r6Saç xe xal xupavvoûvxoç xaxoû. 394 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE péché, pour ne plus vivre qu'à Jésus-Christ^. Les rechutes dans le péché'' sont particulièrement tristes; à chaque rechute le démon prend contre nous de nouvelles forces et nous devenon,s de plus en plus faibles^ Dès- qu'on a commis le péché, il faut s'en purifier, car tout péché est rémissible^. Notre Rédemption est un acte d'amour infini du Père qui a livré au- monde son Fils Unique, un acte d'amour infini du Fils qui s'est incarné non pour nous perdre mais pour i^ous sauver, et qui s'est livré lui-même: pour procurer le salut des hommes*. Il n'y a de salut qu'en Jésus-Christ,, qui s'est livré pour la rédemption de tous^ ; voilà pourquoi, après nos péchés, nous devons dans un esprit de pénitence recourir à Lui pour obtenir notre pardon. De cette pénitence, nous avons un prédicateur et un modèle en saint Jean-Baptiste que Cyrille se plaît à louer^. Sans pénitence il n'y a point de salut''. Aussi le Christ a-t-il anathématisé les- villes de Galilée qui n'ont point fait pénitence, et pleuré sur Jérusalem qui; ne s'est point repenti de ses crimes et n'a point connu le jour du Seigneur^., L'image de Dieu tristement détériorée dans l'homme par le péché peut, être restaurée après le baptême par la pénitence en union avec le sacrifice rédempteur du Christ. Par la prière réparatrice^, par le jeûne^°, par- l'aumône^^, par le sacrifîce^^, par le pardon des injures^^, par l'humilité,, par les œuvres de miséricorde, par l'obéissance, par toute souffrance- (1) Sur sainî Jean, P. G. 74, 692, 793, 796. (2) Sur sainl Mallhieu, P. G. 72, 412 B : "Oxav yàp anoE, xiç • èXeu6epûi0elç tûv-; xaxcov [à] CTCù9povtCT0^, ttoXXco jakenànepa. nsLcsToci t&v Tcporiptov. — Voir col. 412 G- ce que Cyrille écrit sur l'habitation du démon dans l'âme du pécheur et sur l'habi- tation du Saint Esprit dans l'âme du juste auquel il apporte ses charismes (412 D : aù^àvov èv aÙToïç tôl xap£a[xaTa). (3) Sur sailli Maiihieu, P. G. 72, 409 A, B. — Sur sainl Luc, P. G. 72, 729 G, D ;. 801 G sq. (àyaOoç yàp civ çiiaei 0eoç, alxia[L&xcùV êXeuôepot toùç [ieravosiv éXojiévouç)». Sur saint Luc, P. G. 72, 801 B, G, D; 805: parabole de l'enfant prodigue. (4). Sur saint Jean, P. G. 73, 252, 253. (5) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1289, 1292, 1293 sq. (6) Sur sainl Luc, P. G. 72, 512 ad 516, 612 sq. ; P. G. 73, 188 B, G; 399 — Sur- saint Luc, P. G. 72, 617 D. (7) Sur saint Luc, P. G. 72, 761 G, 693 G, D. (S) Pleurs du Christ sur Jérusalem, Sur saint Luc, P. G. 77, 877 D, 880 A, B. (9) Sur saint Luc, P. G. 72, 093 G, D. — Nous parlerons plus loin, p 414, de la prière- réparatrice. Cf. P. G. 69, 744, 745,748, 1088, 1089 sq., 1196, 1 197, 847 G, D, 865 G, D,, 872 G, 955 sq., 968 B, 993 B, G. (10) Sur l'Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 546 G. — Sur saint Luc, P. G. 72, 572, 573. Sur le jeûne de N.-S. au désert, P .G. 72, 527 sq. (11) Sur les psaumes, P. G. 69, 1105 D; Sur sainî Luc, P. G. ??•, 713, 743 B, G, 821 D ;, 824 A, B ; 826 A, B, G ; 867 B, G. (12) Sur r Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 716, 717, 1012, 1013. — Sur notre' union au sacrifice du Christ, P. G. 68, 708, 709, 712, 713. (13) Sur r Adoration en esprit et en vérité, P. G. 72, 693 G, D, 382; 593 G, D ; 596 ; 597.. PÉCHÉ ET PÉNITENCE 395» patiemment acceptée^, le fidèle participe à la Rédemption du Christ et se: purifie de cette cécité, de cette lèpre, de cette paralysie et en général d& ■cette maladie et de cette mort de l'âme qu'est le péché 2. (1) Patience, obéissance, humilité, miséricorde, toutes ces vertus qui sont des. aspects de la perfection et des formes de la sainteté seront plus loin étudiées en détail. — ^ Sur la sanctification matérielle daïis l'Ancien Testament et la sanctification en esprit et en vérité, cf. Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 645 A, B, C, D. — Le Saint-Esprit est la source de notre sanctification. Kal, « Oùx èx (iéTpou SlScoai "ch- Ilveufxa » 7nf]Y^ 8è (aôcXXov ÛTràpxtov aûxàç àYtacr[jt,ou, êTTi[i.eTpsï -rotç à^Coiç t6 lïveujia^ ■KOLÏ tJ]v Xoytx-fjv àyiàCei xr^aiv • {P. G. 65, 645 D). Mais à cette sanctification la Trinité entière coopère. Cf. plus bas la note 1, p. 420. Et si toute la Trinité est sainte par nature (P. G. 75, 1120 A), le Saint-Esprit est en quelque sorte la qualité de la sainteté divine, Troiéxifjç ûoTtep ty)? àyiéTTiToç aûxou (0sou). (P. G. 7i, 292 D),^ la vertu sanctificatrice qui procède du Père et perfectionne les imparfaits (P. G. 75, 597 A) ; il est l'essence, la nature sanctificatrice et s'il est permis de parler ainsi, la qualité de Dieu le Père, comme la douceur est la qualité du miel et la bonne odeur,, celle de la fleur (596 A). Toutes ces formules nous ramènent à la conception fonda- mentale êx Ilarpàç Si' TîoC èv IIvetSfxaTi et nous rappellent la façon dont les Pères grecs aimaient à se représenter la Trinité. Avant de se porter sur la « nature », leur regard s'arrête, semble-t-il, à chacune des personnes, les plaçant presque toujours selon leur ordre d'origine. « Tout est du Père par le Fils dans le Saint-Esprit », uàvTa êorl Trapà tou Ilarpôç St' Tîou êv IIveiiiJiaTi (P. G. 74, 336 A). En ce qui concerne la Sainteté, un texte d'interprétation difficile doit encore être cité ici (P. G. 75, 1121 B) : «Pour le Saint-Esprit, le nom de Saint ne signifie pas quelque gloire ou excellence, comme les noms de Principauté, de Trône et de Domi- nation, attribués à des créatures ; c'est bien plutôt un nom qui exprime en quelque sorte sa qualité essentielle, comme le nom « Père » pour le Père et le nom « Fils » pour le Fils. Et comme ce serait la marque de la dernière ineptie de donner à Dieu le nom de Père et de penser qu'il ne l'est-pas, ou de nommer Fils le Fils et de dire qu'il ne l'est pas, comment excuser la folie de ceux qui prétendent dépouiller de la sainteté naturelle celui qui est par nature et véritablement le Saint-Esprit ? ». Quand Petau enseigne que les Pères grecs ont considéré la Sainteté comme propriété personnelle du Saint-Esprit au même titre que la Paternité est propriété personnelle du Père, et la Filiation, propriété personnelle du Fils et qu'il cite, pour saint Basile, deux textes à l'appui de sa thèse (Cf. Dogmata theologica de Trinilaie, 1. 7, c. 13, § 22 ; t. III, p. 378), on peut se demander si la même idée se trouve dans le passage précité de "Cyrille d'Alexandrie ? — Le texte cyrillien semble avoir bien plutôt pour but de montrer que le Saint-Esprit est saint non par participation, mais par nature et que pour le Saint-Esprit la sainteté n'est pas un accident, mais une qualité substantielle. (2) La guérison du lépreux. Sur saint Luc, P. G. 72, 555 sq., 587. — • Guérison du paralytique. Sur saint Luc, P. G, 72, 391, 563. — ■ Cécité, image de l'incrédulité, Sur saint Jean, P. G. 73, 1016, 1017. — ^ Pouvoir de pardonner les péchés transmis à l'Église,^ Sur saint Matthieu, P. G. 72, 430. Sur la Miséricorde, P. G. 77, 438. — Résurrection de Lazare, symbole de la résurrection du pécheur. Sur saint Jean, P. G. 74, 38. — • Aveu des péchés à Dieu, Sur le psaume 37, P. G. 69, 956 et Sur Isaîe, P. G. 70, 1268 A, B. Jeûne de Notre-Seigneur au désert, modèle de pénitence, Sur saint Luc, P. G. 72,. 527. — •Parabole de l'enfant prodigue, Sur saint Luc, P. G. 72, 801. — Se purifier avant de s'approcher de Dieu ; toute purification se fait par le Christ, P. G. 70, 230 B, C. 396 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE A chaque page de l'Adoration en esprit et en vérité, des Glaphyres^, des Commentaires sur l'Exode, le Léviiique, les Nombres et le Deuiéronome^f ou sur le livre d'Isaïe, nous retrouvons des descriptions de l'esclavage du péché, des indications sur les moyens de s'en purifier, des conseils sur la conversion de l'âme à une vie meilleure*. Et toujours et partout, au point de convergence de la volonté et de l'intelligence, de la Loi et des Prophètes, au centre de l'Humanité, nous rencontrons la grande figure du Christ Rédempteur*. En priant, en s'humiliant, en souffrant, le Christ repré- sentait toute l'humanité, c'est-à-dire toute la nature humaine, pour la réparer toute et^la restaurer^. Il a pris cette humanité avec toutes les conséquences du péché, avec toutes ses misères, ses faiblesses ; il l'a expérimentée jusque dans sa mort. Par sa propre mort, le Sauveur a supprimé la mort. De même donc que la mort n'aurait pas été supprimée, s'il n'était pas mort, ainsi faut-il dire de toutes les misères de la chair. S'il n'avait pas eu peur, la nature n'aurait pas été délivrée de la peur ; s'il n'avait pas éprouvé de tristesse, elle n'aurait jamais été délivrée, de la tristesse ; s'il n'avait pas été troublé, jamais elle n'aurait été affranchie du trouble". (1) Le livre premier traite longuement du péché et de la pénitence ; dans l'Ancien Testament se trouvent fréquemment des descriptions du péché et de la conversion à une vie meilleure : P. G. 68, 133-209. Les livres 2 et 3 nous enseignent que la justifi- cation ne pouvait être opérée que par les mérites de Jésus-Christ ; elle a été préparée et figurée par la loi : P. G. 68, 212-301. Dans les livres 4 et 5, Cyrille insiste sur la générosité que les chrétiens, rachetés et justifiés par Dieu, doivent montrer à son, service : P. G. 68, 301-408. Vers la fin de l'ouvrage, Cyrille revient encore, en passant sur la notion de péché : les livres 14 et 15 traitent de la pureté ; les adorateurs du Christ doivent être purs et exempts de toute tache pour se présenter devant Dieu : P. G. 68, 885-1009. Dans le livre 14, parlant des offrandes spirituelles, Cyrille enseierne que nous-mêmes devons nous offrir à Dieu par la mort au péché : P. G. 68, 1009-1061. (2) Dans tous les livres de Moïse, le mystère du Christ se trouve figuré (P. G. 69, 13). Les textes législatifs de l 'Ancienne Loi ne parlent pas seulement d'une justice purement légale ; dans ce code et ce rituel de pratiques extérieures, Cyrille découvre la notion d'un repentir intérieur ; surtout il se plaît à dégager le sens typique. (3) Dans le Commentaire sur Jsaïe, P. G. 70, se trouvent de nombreux passages sur le péché et la pénitence. Satan est l'ennemi de Dieu (361 C, D), le père du péché (472 B), de l'orgueil (552 B, C). Le péché empêche la connaissance de Dieu (1304 D, 1305 A), est source de supplices (160 A, B). Par contre, la pénitence apaise Dieu irrité (280 C). (4) Le buisson ardent, l'agneau pascal, la manne : figures des mystères du Christ : Glaphijres sur VExode, P. G. 69, 385-537. Même interprétation pour les prescriptions du Lévitique, Glaphyres sur le Lévitique, P. G. 69, 540-589 et pour les éclaireurs, la vache rousse etle serpent d'airain dans les Glaphyres sur le Livre des Nombres : P. G. 69, 589-641. Dans le Deuléronome, outre les sujets typiques, génisse, femme captive, pierres enduites de chaux, élection de Josué, sont spécialement dignes d'être notées les significations des divers sacrifices : P. G. 69, 644-677. (5) Sur saint Jean, P. G. 73, 753. (6) Trésor, P. G. 73, 397. PARDON DES PÉCHÉS 397 En vivant la vie humaine, le Christ a sauvé la vie humaine. En expéri- \ mentant les conditions humaines, en expérimentant la mort même \qui, en fait, est l'aboutissement de l'existence terrestre, le Christ a vivifié et immortalisé l'humanité. En le suivant jusqu'au bout de nous-mêmes,, jusque dans la mort, réalité certes, mais surtout symbole et conséquence (iu péché, il nous aidera à sortir de notre esclavage et de notre prison, à participer à son immortalité, à sa résurrection. Par la mort, nous gagnons la vie : Jésus-Christ. En lui et avec lui nous avons tous échappé à la mort, car nous étions tous en celui qui pour nous est mort et ressuscité^. Cyrille passe aisément de ces perspectives sotériologiques sublimes à des conseils plus immédiatement pratiques, sur la pénitence. Il ne se perd pas dans des généralités ; il nous ramène aux moyens concrets de purification qui sont à notre portée dans la trame de notre existence quotidienne. « Si vous voulez être pardonné par Dieu, pardonnez vous- même à votre prochain ». « Si vous voulez être pardonné, menez une vie pénitente et allez demarider votre rédemption à l'Église ; elle a le pouvoir de la rémission des péchés ». Le pardon Rappelons seulement, à titre d'exemple, deux passages sur des péchés ]q pardon des péchés. Le premier concerne le pardon des péchés accordé à ceux qui pardonnent à leur prochain les offenses qu'ils ont reçues de lui. Le Seigneur veut que ses disciples soient bénins et oublieux dés injures afin de pouvoir dire dans leurs prières : « Pardonnez-nous, parce que nous avons pardonné ». « O profondeur des richesses delà sagesse et de la science » {Bom., XI, 33). Le Seigneur donne l'ordre de demander la rémission de leurs péchés à ceux qui ont préa,lablement pardonné aux autres ; ils demandent alors pour ainsi dire que Dieu se fasse imitateur de l'indulgence qui les revêt. Du Dieu de justice, dispensateur de toutes choses et miséricordieux envers tous, ils cherchent à obtenir cette même bénignité à leur égard qu'eux-mêmes ont montrée à l'égard de leurs proches. Qu'on ne pense pas cependant qu'il soit permis à chacun de dire : « Rernettez-nous nos péchés ». En effet, ceux qui continuent de pécher n'ont pas le droit de dire : « Pardonnez-nous nos péchés » ; mais ceux-là en ont le droit qui se sont relevés après une faute et s'efforcent ensuite de vivre saintement. C'est pourquoi il ne faut demander à Dieu le pardon des péchés qu'après avoir pardonné à ceux qui nous ont offensés, et encore s'ils ont péché contre nous mais non pas s'ils ont péché contre la suprême majesté divine^. Dans un second passage souvent commenté, Cyrille affirme que, par la pénitence, les péchés sont remis (àçiaci) et que les pécheurs sont purifiés et lavés (SiaafjL-î^xovTai) dans le Christ. Pourquoi le Sauveur a-t-il donné à ses disciples une dignité qui paraît réservée à (1) Sur sainl Jean, P. G. 73, 192. (2) Sur saint Luc, P. G. 72, 694. Cf. Sur sainl Matthieu, P. G. 72, 383 A. 398 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE Dieu même ? Il a jugé bon que ceux qui avaient reçu l'esprit divin du Maître eussent aussi le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés, l'Esprit divin les remettant ou les retenant par leur ministère. Ces hommes, qui ont reçu le souffle de l'Esprit, remettent les péchés de deux manières : par le baptême et par la pénitence, par la pénitence en ce sens qu'ils remettent' ou retiennent les péchés, soit en gourmandant les flls de l'Église qui sont pécheurs;' soit en pardonnant aux pénitents comme Paul a pardonné à l'incestueux de Gorinthej. ,( La orâce ^^^^ l'absence de péché n'est que l'aspect négatif de la baptismale perfection spirituelle. La véritable pureté de l'âme est et les vertus pQgitJve et féconde. La source vivifiante de la perfection spirituelle est la grâce baptismale. La présence de cette grâce baptismale dans l'âme exige du chrétien une vie féconde de foi et de charité. Noblesse oblige. Cyrille met à la base de la perfection spirituelle la foi chrétienne, foi qui propose et qui réalise un idéal divin. La foi nous confère une connais- sance supérieure qui doit être couronnée par une manière d'agir et une pratique supérieures aux mœurs de ceux qui ne sont pas déifiés. Le chrétien qui entre dans la famille divine doit avoir des mœurs divines 2. En fait, il ne s'agit pas seulement de la connaissance et de l'amour de Dieu le Père, du Fils et du Saint-Esprit, mais aussi de la connaissance de la Vie Éternelle, du Jugement par le Fils et de la Résurrection des Morts. La vie du chrétien doit être exempte de péché et remplie de bonnes œuvres. Bien que Cyrille rt'ait jamais fait un traité didactique de morale, il n'en reste pas moins qu'à chaque instant affleure dans ses écrits tout ce qui aurait pu servir à le composer : passages sur l'existence du Bien et du Mal, sur la liberté humaine, le mérite, l'obligation et la sanction. La foi en la vie future présuppose la foi en la possibilité et en la nécessité d'une vie morale. La connaissance, l'amour et le service de Dieu, voilà pour Cyrille, la raison pour laquelle nous avons été créés et mis au monde. Or, le service (1) Sur saint Jean, P. G. 7i, 720, 721, et Pusey, t. III, p. 140 sq. Cf. Watkins, The history of Penance, p. 318 et p. 363. — Rapprocher du texte cité, Sur saint Luc, P. G. 72, 568, 569, et Smith, t. I, p. 84. — Le Christ a communiqué aux apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de remettre les péchés. Le commentaire cyrillien suggère à Aubert cette remarque que la formule « potestativa », Ego te absolvo in nomine, etc., est plus adaptée à la réalité que la formule « deprecatoria » des Grecs. Sur cette con- troverse, cf. Arcudius, De concord. lib., IV, c. 3 et 4, et Goar, dans son Adnol. ad Euchologium Gr., p. 351. — Benoit XIV, dans sa constitution, Elsi pasloralis (Bulla- rium, t, I, p. 172), prescrit aux prêtres du rite grec d'absoudre en cas de nécessité les latins, m^is avec la formule «potestativa ». Ils peuvent ad libitum ajouter la formule « deprecatoria ». (2) Trésor, P. G. 75, 673. GRACE BAPTISMALE ET VERTUS 399 'de Dieu c'est la conformité de notre volonté à la volonté divine^. La volonté •divine, telle est notre loi ; pour lui, de même qu'il y a une loi et un ordre physique, il y a une loi et un ordre moral. Contemplant le ciel étoile et le cœur humain, Cyrille affirme que le monde des âmes comme celui des astres se trouve régi par des lois ; il y a un législateur qui oblige et au nioins dans l'autre vie, sanctionne^. Est-ce qu'un cheval, pour marcher • droit, 'peut se passer d'un mors et d'un cavalier? Un navire parviendrait-il ail port sans pilote? Qu'advieiidrait-il d'une cité sans juges et sans légis- lateurs? Les enfants, pour se bien conduire, n'ont-ils point besoin de la tutelle de leurs parents? Parmi les esprits comme parmi les astres, il y a une Loi vivante, la Volonté divine que les anges observent à la perfection; quant aux méchants qui ne s'y conforment pas, ils seront inéluctablement punis. Dans ces passages sur l'ordre intérieur comparé à l'ordre physique, :il y a une morale implicite qui se trouve sous-entendue et en particulier les notions du bien qu'il faut faire, du mal qu'il faut éviter, du bien qui : sera récompensé, du mal qui sera puni par la colère de Dieu en constituent la base. La vie angélique, de pleine conformité à la vie divine, est toujours •donnée comme modèle. Les anges et les archanges servent Dieu et le vénèrent par des hymnes perpétuels chacun selon sa capacité de louange. Le divin prophète Isaïe dit avoir vu le Seigneur ides armées assis sur un trône élevé, et les séraphins l'entourant et faisant monter leurs chants vers Lui par des hymnes alternés. David, lui aussi, chante : «Bénissez de Seigneur, vous, ses anges, qui êtes puissants et forts, et qui exécutez ses ordres, en «obéissant à la voix de sa parole. Bénissez le Seigneur, vous toutes, ses armées, qui êtes ses serviteurs et qui exécutez sa volonté^ I ». Servir Dieu, exécuter sa volonté, il n'y a que cela qui compte ici-bas, parce qu'il n'y a que cela qui compte pour l'autre vie. I-.a terre n'est qu'un passage ; nous sommes des pèlerins*. La vie d'ici-bas est pour nous le temps de l'épreuve et des bonnes oeuvres ; après la mort, on ne mérite plus^. Cyrille soulève quelque peu le voile qui couvre le mystère de la mort ; il enseigne que lorsque les ;âmes quittent leurs corps, elles ne resteront pas à errer autour des tom- (beaux comme le prétendent les païens ; les âmes des justes ne descendront (1 ) Sur saint Luc, P. G. 72, 692 C, D (commentaire du Fiai volunlas) ; Sur saint Luc, P. G. 72, 921 C, D (non mea voluntas sed tua), Contre Julien, P. G. 76, 624. (2) Contre Julien, P. G. 76, 624 sq. (3) Contre Julien, P. G. 76, 625. (4) Glaphijres sur VExode, P. G. 69, 409 A ; Sur l'Épître aux Hébreux, P. G. 74, iOOO D. X5,). Sur. saint Jean, P. G. 73, 960, et Pusey, t. II, p. 152 sq. 400 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE plus aux enfers, comme autrefois ; mais elles seront reçues par le Dieu, de toute bonté et entreront dans les demeures célestes; par contre, lés- âmes des pécheurs seront précipitées dans le lieu des supplices^. Le dogme de la Résurrection des morts est inséparable du dogme de la vie future. La Résurrection des morts est un thème sur lequel Cyrille est souvent revenu et qui est un article de la profession de foi que devait signer Charisius au concile d'Éphèse : ïlKyvsdùi... etç àvàaTaaiv vexpûv,. sîç ^(ùy\v cdùiviov. Vie éternelle et résurrection des morts, l'évêque d'Alexandrie enseigne souvent ce dogme eschatologique qui doit éclairer notre vie ici-bas. Après notre mort, tout n'est pas fini. Un jour, au second avènement du Christ, nous ressusciterons tous dans la même chair dans- laquelle nous avons vécu^. Les corps des disciples du Christ sanctifiés- par le Saint-Esprit et l'Eucharistie, ressusciteront les premiers^. Les infi- dèles ressusciteront, eux aussi*. Pour les bons, la résurrection sera glo- rieuse ; pour les méchants, ignominieuse^. Tous paraîtront devant le tribunal du Souverain Juge^ ; et c'est le Christ lui-même qui viendra. juger les vivants et les morts ; par lui, chacun sera jugé selon ses œuvres'. IIiaTsôofxev... sic, eva xiiptov 'Itjoouv Xpiarov... sp%6[xevov xptvai . ^ûvraç xal vexpouç^. Ceux qui auront fait le mal seront par le Christ punis pendant l'éternité dans les flammes de l'enfer ; ceux qui auront pra-: tiqué la vertu seront heureux pour l'éternité dans le cieF. On le voit : l'espérance d'une vie future, le désir de la récompense céleste et de la. résurrection glorieuse est pour Cyrille en même temps qu'un motif d'action une vérité fondamentale de la foi, A côté de la foi et de l'espérance, la charité, elle aussi, vient prendre place dans la vie spirituelle ; elle en est même le sommet parce que comme principe d'action, elle est supérieure à l'espérance et parce que la foi pour être sincère doit s'épanouir en charité : charité envers Dieu d'abord,, charité envers le prochain ensuite. C'est lui donc, le Seigneur Dieu, Lui seulqu'ilfaut adorer et qu'il faut adorer parfai-- tement, comme le disent les Écritures ; il n'y a pas d'autre Dieu que Lui. Car il est- (1) Sur sainî Jean, P. G. 74, 669 A, B, et Pusey, t. III, p. 96. — Hom. Pascale, I^ P. G. 77, 405 C (à propos de la mort de Théophile d'Alexandrie). (2) Sur la première éptire aux Corinthiens, P. G. 74, 904 A, B, C, D. (3) Sur la première Épître aux Corinthiens, P. G. 74, 901, et Sur saint Jean, P. G. 73,. 696. (4) Sur saint Jean, P. G. 73, 285. (5) Sur saint Jean, P. G. 73, 1032, et Sur la première aux Corinthiens, P. G. 74, 913... (6] Sur Zacharie, P. G. 72, 248 D et 249 A, B, C, D. (7) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 450 A, B, C. (8) Coll. Atheniensis; n° 74, A. G. O., I, 1, 7, p. 89, (9) Sur saint Jean, P. G. 73, 285 C, D, 385 A. GRACE ET VERTUS 401 véerit : «Tu seras parfait devant le Seigneur ton Dieu »^. Or, la perfection spirituelle ^consiste dans la fermeté dans la foi, l'intégrité dans le culte, la beauté irrépréhensible -^de la charité envers Dieu". Etat d'Adam La vie du chrétien, vie de foi et de charité, est une vie ravaiit la chute vrj^inient nouvelle, Vraiment divine, produite par l'opéra- tion du Saint-Esprit dans les âmes que régénère le Baptême^. Il est facile de comprendre en quoi consiste cette régénération de l'âme et les . conséquences qu'elle entraîne au point de vue de la vie spirituelle. Avant le Christ, depuis la chute d'Adam, l'homme était tyrannisé par le péché. 'Cette chute a fait tomber notre premier père d'un état sublime où il vivait dans une union intime avec Dieu et où il jouissait d'une ressem- blance divine supérieure, ràçOapoCa. Établi dans cette vie incorruptible, Adam inenait une existence sainte dans le paradis de délices : « son vouç était tout entier et toujours à la vision divine (èv 0eo7CTiaiç) ; son corps 'était dans le calme et l'harmonie, sans aucune mauvaise volupté, parce qu'il n'y avait pas en lui le tumulte de mouvements déplacés »*. Toutefois, Adam n'était pas dans un état de perfection inamissible ; il pouvait tomber; en fait, il tomba entraînant avec lui toute la race qui allait ■ dépendre de lui. En naissant, nous participons donc à cette déchéance ; mais le baptême nous régénère ; il tue en nous le vieil homme ; il redonne en droit la domination des passions, la soumission de la chair rendue spirituelle ; le chrétien n'est plus en droit tyrannisé par le péché ; la grâce a transformé l'âme ; elle a engendré un enfant de Dieu ; elle a fait de lui !un frère et un membre du Christ, un temple du Saint-Esprit. (1) Deutéronome, XVIII, 13. (2) Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 425 A. (3) Sur saint Jean, P. G. 74, 33 A, 224 B sq. (4) Sur VÉpttre aux Romains, P. G. 74, 789 A : lIsnoir]'^o (lèv yàp ènl àçOapaicj: xal ^cifi, ^v 8è aÙT(j.a, xaTiQpe[xo\icï7)ç à7rào7)ç -atoxpaç TjSov^ç • où yàp ■?)v èxTÔTCûiv xtvTjfxaTtov 66pu6oç èv aÔTtjj. Le Baptême en effaçant le péché originel fait habiter en nous le Saint-Esprit (P. G. 74, 224 B sq.). Nous devenons non seulement les temples de la grâce (P. G. 75, 1089) mais les temples du Saint-Esprit, les temples de Dieu (P. G. 73, 757 B ; P. G. 75, 605 A, 801 D) et en même temps les fils adoptifs du Père céleste (P. G. 73, 153 B sq., 165, 629 A, B ; P. G. 78, 741 ; P. G. 73, 156 ; P. G. 75, 749 ; P. G. 73, 165; P. G. 72, 421 D) et les frères •de Jésus-Christ (P. G. 75, 525 ; P. G. 74, 753 ; P. G. 73, 153 ; 884 ; P. G. 69, 721 ; P. G. 76, 125 A sq.). Frères de Jésus-Christ, nous le sommés, non seulement parce qu'il a .pris notre nature humaine, mais parce que nous participons à la nature divine (P. G. .76, 725 A sq.). 402 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE Perfection La perfection est l'union à Dieu par la charité ; cette union à: et chanté j)jgy ^Q^g f^jj. retrouver l'état d'Adam dont l'esprit était- tout entier et toujours dans la contemplation de Dieu^ ; elle nous fait mener une vie angélique et toute céleste, semblable à celle que le Christ, a vécue ici-bas, une vie de conformité à la volonté divine, vie de prière et de don de soi^. Cyrille n'avait qu'à interroger la Sainte Écriture pour savoir où réside l'essence de la perfection. Ce qui résume et domine toute la Loi et les- Prophètes, c'est le grand précepte de la charité envers Dieu et le prochain^. De cette charité, le Bon Samaritain nous est un parfait modèle*. Désir Sans nous attarder sur les passages où Cyrille emploie de la perfection |g j^q|. ^^ perfection » en des contextes variés^, signalons- ceux où notre auteur parle du désir qu'éprouve l'âme de s'unir à Dieu,, fontaine de vie, et à son Christ. Les psaumes expriment à merveille ce (1) Sur VÉpUre aux Romains, P. G. 74, 789 A. (2) Sur la vie angélique que doivent mener les rjyoïifjievot. tqv Xaûv, Sur saint Luc,. P. G. 77, 752 G : Toïç Se Totoiixotç cbç TuoXXà SiSoùç ô StoTTjp, TzoKkà. ÇrjTsï Tcap' aÙTÛv. Kal Tcoïa raGra èctti ; To dcpapoç èv TzLm'si, tô aTcXavvjç sic [iuaTayoiyiav, t6 Pe67)x6ç; èv èXTT^Si, TÔ àxaTaoetaTOV èv ÛTTOfjLovf), t6 âBpauaxov èv la/ut. t^Î TïveufJ.ocnxY), xô elç Tuàv ÔTtoGv, TÛv àptoTtdV àvSpayaOYj^àxwv 7rp66u[x6v xe xaî, eùaOevèç, wç y.ccl éxépoiç ijTTOxiiTctoaiv elvat tcoIitsIccç àyyeXix^ç. — Sur le don de soi vécu par le Christ, Sur saint Luc, P. G. 72, 680 G. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 677 A, B, G ; 680 A, B : pour parvenir à la vie éternelle, il suffit d'aimer son prochain. — Le docteur de la foi s'enorgueillit d'avoir bien répondu au Ghrist, mais il a tort car il ignore qui est son véritable prochain. — Sur saint Jean, . P. G. 74, 164, 165. (4) Sur saint Luc, P. G. 72, 680 D, 681, 684. (5) Cyrille parle deux fois du chrême de la perfection, xP^ayLoc. x^ç xEXeitiaetûç. Certains théologiens reconnaissent dans cette onction le rite qui sera appelé plus tard' confirmation: Sur saint Jean, P. G. 74, 49 ; Pusey, t. II, p. 276 ; Sur Joël, P. G. 71, 373. Il y serait fait aussi allusion dans P. G. 69, 1100 ; P. G. 70, 561. Cette interprétation est discutable et discutée. — Le Christ est «homme parfait » : àv/jp xéXetoç et Dieu parfait : xIXeioç Iv 0e6x7)xi. Glaphijres sur la Genèse, P. G. 69, 297 A, B, G. Le chrétien doit parvenir à la plénitude de l'âge du Ghrist, à la virilité spirituelle- qui lui permet par l'apostolat d'engendrer spirituellement à son tour, imitant ainsi de loin non seulement le Fils mais le Père, celui qui engendre. — Glaphyres sur V Exode, P. G. 71, 441 A, où est cité Eph., IV, 13. — • Connaissance parfaite : Dieu est Père. Le Christ nous a révélé le Père en se révélant lui-même. P. G. 74, 500, 501. C'est à la «perfection » de la foi et de la charité qu'il faut tendre. Cf. P. G. 76,. 1201 B : "Okou yàp 7r(axtç èp07] xal à[ji.a[ji6dcv(jùv, çrjolv ô EcoTrjp ' « TiveaQe oîxTtpjjioveç ciç ô ïlaxTjp ûjxûv ô sv Toïç oùpavatç ». — « Kal ëoscGe \)\izic, téXeioi, wç ô IlaTYjp 6fxcov (cod. -fitxôiv) ô oùpàvloc TÉXeioç ÈCTTL». "EXeye Se xal touto, où^ l'va yevcofxeôa TràXiv ciç ô IlaT-rjp • yweaOat. •yàp TjfJLÔcç ô)ç ô ïlaxrjp àSùvarov, xx^ofxa ovTaç xal èx tou [it] ovtoç yevo^Évouç • àXX' 404 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE sairiteté convient à tous les chrétiens ; il rappelle à tous la nécessité du renoncement, de la charité, de l'imitation du Père Céleste, en sa perfection et sa miséricorde. Tous ceux qui ont Dieu pour Père doivent se rapprocher de cette perfection divine par un continuel progrès. Pour atteindre ce but, la voie est celle de l'abnégation, de l'imitation de Notre-Seigneur, •de l'amour de Dieu. C'est une Voie que bien peu suivent, celle qui fait passer les chrétiens par la porte étroite^. Pour Si les simples chrétiens doivent tendre à la perfection, les Jes moines moines ont des obligations plus spéciales encore. Cyrille loue le monachisme en plusieurs endroits de ses écrits et la vie parfaite de ceux qui embrassent la vie cénobitique. Il applique aux moines ce texte d'Isaïe : « Je leur donnerai fidèlement leur salaire et je ferai avec eux une alliance éternelle. Leur race sera renommée parmi les nations et leur postérité au milieu des peuples ; tous ceuît qui les verront reconnaîtront •qu'ils sont une race bénie de Yahweh. Ils seront ravis d'allégresse en Yahweh ï>^. Par leur piété, par leur pureté de mœurs, par la discipline de leur vie, les saints moines constituent « une race bénie de Dieu » ; ils ont le droit de ■se réjouir dans le Seigneur, ceux auxquels convient ce que dit saint Paul : «Ceux qui appartiennent au Christ Jésus, ont crucifié leur chair avec leurs affections et leurs cupidités »^. Dégagés des affaires et des occupations mondaines, ils ont préféré remplir leurs cœurs de la charité du Christ. Voilà un état de vie qui procure à la fois le salut et une grande volupté spirituelle*. Aux moines .&07cep o^x 2va YsvàjJieOa xt'iqvy) ■Kapayyé'ksi, «M'J) yi'jeaQe àç Ïtutuoç xal fi{x£ovoç», ha, (jfr] t6 écXoyov sxetvcov [jt,t(ji'îQcr(i)[jie0a ' oÛtwç oùx ïva yevcâ^LcQa àç ô 0s6ç MXsys, « rCveoOs otxTfpjioveç <ûç ô IlaTïjp », dcXX' ïvx, npbt; ràç eôepyeotaç èxstvou pXéTtovTeç, & TTocoufjtev xaXà, (/.v) Si' àv6pc]i>7rouç, àXXà Si' ccbxbv ttoiûjjjlev • ûote uap' aùxoO, xal {A-Jj Trapà àv6pt{>7rcov, t6v }jiia66v 'é/siv. "Q.av:ep yàp évàç Ôvtoç TloO çiiosi xal àXYjGivoG xal (xovoYevouç, yevétxeGa (yevtofxeôa corr. rec. m.) xal vj^ietç ulol xaxà X'^P'''^ t^o^ xaXéoavToç ' xal 6tv0ptt)7uot, Tuyxàvovreç 0eol xp''Q(Jt«Tt?^otJLev {xp'r][i.oixU^<ù\LS)f r'ec. m.), oûx ôiç ô àXY)6tv6ç ©eàç, ^ ô TOiixou A6yoç • àXX '<âç YjôéXirjoev 6 toOto xapicàfxevoç 0eéç • oÛTOi xal àç ô ©eàç oExT^p[xoveç yi.v6[xe6a, oôx èÇt.aoii(jt.evot Tqi ©eqi, oùSè cptiaei xal àXvjOivol eôepyéxat. (i.iv6[jLevoi ' où yàp "rjfxôv eûpyjfxa rb eôepysTeïv, àXXà toO ©eoO ' ïva 8à aùxà xà Trapà Oeou sic •^f/.àç xaxà xàpiv yiv6|jieva, xauxa xal -^jjisïç [iexaSi,t«)XûJ(jiev elç éxépouç, [17] Siaxpiv6{i,evoi, àTrXûç Se sLç nàvxaç èxxetvovxeç X7]V eùepyeatav • xaxà xoGxo yàp (xôvov Suvà|i,E0à Tucoç aùxou jjiifXTjxal yevÉo0ai, xal oùx àXXwç • 6xi Ttap' aùxou Siaxo- voufjLEv àXX"/)Xoiç. (1) Sur la nécessité de l'effort, coopération à la grâce divine (lumière et force). -Cf. Sur saint Luc, P. G. 72, 776, 777, 780. (2) Sur Isaîe, P. G. 70, 1364, 1365. (3) GalaL, V, 24. (4) Sur Isaïe, P. G. 70, 1365 A, B. TENDANCE A LA PERFECTION 405 peuvent encore s'appliquer les versets suivants d'Isaïe : «Mon cœur se réjouira en mon Dieu, parce qu'il m'a revêtu des vêtements du salut et m'a couvert du manteau de la joie, comme il orne la tête du fiancé du diadème et pare la mariée de ses joyaux. Car comme la terre fait éclore ses germes et comme le jardin fait germer ses semences, ainsi le Seigneur fera germer la justice et la louange devant toutes les nations »^. Les moines, doivent s'adonner d'une manière particulière à l'oraison ; mais cette vie de prière n'exclut pas le travail des mains. Et ceux-là se trompent qui, sous prétexte de piété, par leur oisiveté, se trouvent être à charge aux autres. Les apôtres n'agissaient pas ainsi : ils travaillaient tout en s'adonnant à la prédication. Souvenons-nous du reproche de saint Paul : « J'apprends qu'il y en a parmi vous quelques-uns qui ne font rien et qui ne s'occupent que de choses vaines »2. L'Église n'admet pas- une pareille manière de se comporter. Il faut sans doute que ceux qui mènent la vie solitaire dans les monastères vaquent avec assiduité ài l'oraison. Mais cela n'empêche pas et il est même très recommandé, de travailler de ses mains pour ne pas être à charge aux autres et ne pas confisquer pour son propre intérêt les sueurs du prochain. On peut aussi, de cette façon faire du bien à la veuve, à l'orphelin et aux frères qui n'ont pas la même vigueur physique. Si tous les moines sous la raison spécieuse de faire oraison menaient une existence oisive, qui donc les nourrirait^?' (1) Sur Isaîe, P. G. 70, 1365. (2) // Thess., III, 11. (3) Contre les anihropomorphites, P. G. 76, 1076 A : IleptépxovTat Ss xal sTepoL Tiveç, àç cpaci, {xovy) cx^^o'^^'-'^ '^ï) TupoaeuxTJ 7rpoc7rotoij(jievot, xal oùSèv spyaÇo- [JLSVoi, xal ôxvou Trpéçaoïv xal Tropiafxoû xrjv eùcré6etav TroiouvxaL, oùx ôp6à 9povoGvTsç • ètteI XeYéTCùCJav éauroèç xal tûv àyicùv àTcoaT^Xcov xpé^Tovaç, oî eJpyâCovTO ■ jxèv èvSiSoVTOç aÙTOÏç tou xatpou tJ)V elç touto oxoXtjv, è'xajxvov Se xal sic tov Xéyov Tou 0SOÎ5. IIûç Se xal èTueXàôovTO tou (xaxapbo IlaiiXou izpàç Tivaç ypàcpovToç • o 'Axoiito yàp èv 't[uv Tivaç izepnzoLxeiv [iTjSèv êpyaÇotiévouç, àXXà TceptepyaÇofxévooç » ; (/ Thess. 3, lU. Oôx àTCoSéxsT^o" Tobuv Toùç SpcovTaç TOUTO -^ 'ExxXvjCTÎa. Aet (jtèv yàp Ô(aoXou- you[j!,évti)ç e{>xeo6at ouvT6vtoç toïç àaxvjTTjplotç lv7)pe[jiouvTaç • Xutteï Se oùSév, [xàXXov 8è xal écyav ùxpeXiyLÙxaràv èaxi tô èpyàÇeaôat, ïva [à] èTuaxOviç ÉTépoiç EÔpeôfj, toÙç aÔTÔJV ISpôJTaç elç ISlav Sex6(i,evoç xps^°'V> Suvrjô^ Se xal aTco tûv aÔTOu 7t6vaiv x'OP*^' xal èpçavàv Tcapa(xu6r]cTav èoo[j!,Év xatTOt. DÉTACHEMENT 409* et les regards adultères^, C'est par le jeûne et la prière qu'on peut lutter- efficacement contre cette forme de la concupiscence ainsi que par la réception de la sainte eulogie qui sanctifie les corps^ ; il faut aussi renoncer aux occasions de pécher^. Ce qui était impossible avant le Christ est devenu plus facile depuis sa venue ; le Christ peut imposer maintenant à la nature humaine améliorée des obligations qui sont au-dessus de l'aticienne loi*. Le célibat et la continence sont meilleurs que le mariage ^. Consentement légitime et union chaste font le mariage véritable^. Le mariage est indissoluble du vivant des époux ; le divorce est interdit aux chrétiens, bien qu'il fût toléré dans l'ancienne loi' ; mais après la^ mort de l'un des conjoints, l'autre peut se remarier^. Humilité Plus encore que sur le détachement des choses de la terre et obéissance g^ gyp j-g renoncement aux plaisirs charnels, Cyrille semble insister sur les vertus d'humilité et d'obéissance. La vraie grandeur,- écrit-il, c'est l'humilité. Il s'attache à mettre en relief l'importance de cette vertu si souvent enseignée et si merveilleusement pratiquée par Notre-Seigneur. Le grand texte christologique de la deuxième épître de saint Paul aux Philippiens- est un de ceux qu'il a cités et commentés avec le plus d'ardeur^. Notre- Seigneur n'est pas venu pour être servi mais pour servir ; il ne pouvait s'anéantir davantage ; toute sa vie a été un acte d'humilité depuis la crèche jusqu'à sa mort sur la croix^°. Il fait office d'esclave auprès de ses apôtres et de Judas lui-même, en leur lavant les pieds^^. Pour suivre les exemples du Christ et se conformer à ses enseignements, il faut pratiquer Ttùv ày^wv TcpoçTjTÛv oûSevàç 0e£ou vaou xexpTQIi.aTiKÔxoç TrcbTroxe. Cf. P. G. 75, 605 A, 801 D : temples de Dieu, temples du Saint-Esprit et pas seulement temples de la grâce : P. G. 75, 1089. — Le péché chasse le Saint-Esprit de l'âme : P. G. lé, 224 B sq. (1) Sur saint Jean, P. G. 73, 380 G, D. (2) Sur saint Jean, P. G. 73, 481, et Pusey, t. I, p. 440. — Glaphyres sur VExodc,. P. G. 69, 428 D, 429 A. (3) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 380 G, D. (4) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 380 G. (5) Sur la Jr» aux Corinthiens, P. G. 74, 872 G, D, 873 A, B, G, D, 876. (6) Sur saint Jean, P. G. 73, 301. (7) Sur la /" aux Corinthiens, P. G. 74, 876. (8) Sur la /" aux Corinthiens, P. G. 74, 872, 873. (9) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1357, 1340, 1305 D, 1297, 1244, 1392,. 1404, etc. (10) Sur saint Luc, P. G. 72, 913 A, B, G. (11) Sur saint Luc, P. G. 72, 913 A. •410 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE l'humilité^. L'humble choisit la dernière place^. Le fidèle doit se rappeler que l'humilité plaît grandement à Dieu^, que quiconque s'abaisse sera élevé*. Dans sa prédication au désert, au Baptême de Notre-Seigneur, dans les témoignages qu'il rend au Christ, Jean-Baptiste est un modèle parfait de cette vertu si précieuse^. Cyrille souligne encore l'importance de l'humilité en commentant certains textes scripturaires sur l'orgueil. C'est un vice que Dieu abomine^. Il ne faut point s'élever, se faire appeler «maître'», rechercher la gloire humaine^. Bien répréhensible est cette attitude qui consiste à provoquer l'admiration des hommes par ses aumônes, ses prières et- ses jeûnes^ En toutes choses, il ne faut chercher que la gloire de Dieu^°. Par soi même, l'on n'est que néant ; s'imaginer être quelque chose constitue une erreur funeste : l'orgueil nous aveugle sur nous-mêmes et sur les autres^^. De cette mauvaise ambition qui suscite autour de soi jalousies et contentions, les apôtres eux-mêmes n'ont pas été exempts^^. Aussi Notre-Seigneur a-t-il ■ de toutes façons, par son exemple et par son enseignement, multiplié ses leçons d'humilitéi^. Chez les natures timides ou exposées à des difficultés, l'orgueil dans sa recherche de la gloire humaine prend souvent la forme pu respect humain. Nicodème, par exemple, ne voulut recevoir Notre- Seigneur que la nuit^* ; les fidèles de Jérusalem n'osaient pas librement parler avec Jésus par crainte des Juifs^^. Beaucoup à Jérusalem même darmi les notables de la cité croyaient en Jésus, mais ils n'en laissaient rien paraître^^. Not-re-Seigneur rougira devant son Père de quiconque rougira de lui devant les hommes et n'osera pas pour son amour braver les critiques et les contradictions^'. (1 (2 (3 (4 (5 188 B, G (6 (7 (8 (9 (10 (11 (12 (13 (14 (15 JP. G (16 (17 Sur saint Luc, P. G. 72, 913 A ; 74, 121 D et 124. Sur saint Luc, P. G. 72, 785 B, G, D. Sur saint Luc, P. G. 72, 785 B, G. Sur saint Luc, P. G. 72, 785 D. Sur saint Luc, P. G. 72, 512, 513, 516, 517, 520, 521 ; Sur saint Jean, P. G. 73, Sur saint Luc, P. G. 72, Ail D, 480 ; Sur saint Matthieu, P. G. 72, 437. Sur saint Matthieu, P. G. 72, 437. Sur saint Jean, P. G. 73, 424 G. Sur saint Matthieu, P. G. 72, 381 G. Sur saint Matthieu, P. G. 72, 381 G. Sur saint Jean, P. G. 73, 641 D, 664, 665. Sur saint Jean, P. G. 73, 1013, 1016, 1017. Sur saint Luc, P. G 73, 661, 912, 913. Sur saint Jean, P. G. 74, 101. Sur saint Jean, P. G. 74, 113, 116, 117, 120, 121, 124, 125 et Sur saint Luc, 73, 652. Sur saint Jean, P. G. 74, 101. Sur saint Luc, P. G. 72, 652. RENONCEMENT '411 L'obéissance est étroitement, apparentée à l'humilité. Notre-Seigneur Jious a donné l'exemple de cette vertu et est revenu souvent ainsi que les apôtres sur son importance. Il a réparé par son obéissance la désobéis- sance d'Adam. Suivant ses traces, il faut obéir aux ordres de Dieu et de •ceux qui le représentent, à l'Église et aux prêtres. La femme doit être soumise à son mari, les enfants à leurs parents, les serviteurs à leurs maîtres, les citoyens au pouvoir civil en tout ce qui nfest pas contraire à la loi de Dieu^ * Nous ne pouvons passer en revue tous les textes concernant les diffé- rentes vertus que comporte la vie chrétienne et dont Cyrille recommande la pratique à ses lecteurs ou à ses auditeurs. Retenons que la charité qui les résume toutes suppose le sacrifice. La vie chrétienne n'est pas seulement un renoncement au péché ; elle est un renoncement au monde, à la chair, une lutte contre Satan et les mauvais anges^. Dans l'état actuel de nature déchue, la charité suppose le sacrifice ; puisque les tendances de la nature corrompue demeurent dans l'homme régénéré, l'amour de Dieu et du prochain suppose un combat presque continuel. Suivre Jésus, c'est se renoncer soi-même et porter sa croix, c'est-à-dire lutter contre l'orgueil, l'ambition, la sensualité, la luxure, l'amour désordonné des richesses, accepter les souffrances, les privations, les humiliations, les fatigues, les maladies que Dieu nous envoie, pour nous éprouver, affermir notre vertu et nous faciliter l'expiation de nos fautes. Par toute sa vie, Notre-Seigneur donne une leçon de sacrifice. La longue série de ses privations, humiliations, fatigues, labeurs aposto- liques est couronnée par les angoisses et les tortures de sa douloureuse passion. Il entraîne à sa suite : « Quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout h. inoi^ ». Le chrétien doit imiter le Christ dans son abnégation ; le Sauveur (1) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1358 G; 1364, 1365; Sur la Jre aux Romains, P. G. 74, 788 ; Sur saint Jean, P. G. 74, 253 B, G, D ; Sur saint Luc, P. G. 72, 608 A et 793 A, B, G ; Sur Jsaïe, P. G. 70, 48. (2) Sur les Psaumes, P. G. 69, 784 ; Apologie à Théodose, P. G. 76, 484 ; l'angélogie • cyrillienne demanderait une étude spéciale qui sort des limites de notre sujet. Cf. surtout Hom. pasc., P. G. 77, 673 ; P. G. 69, 21 ; P. G. 73, 805, 561 ; P. G. 74, 940, 221 ; P. G. 77, 776 ; 676 ; P. G. 73, 105 ; 1021, 893 ; P. G. 74, 884; P. G. 69, 21, 888, 1224, 845, 1077, 1169,549; P. G. 76, 641, 1345, 688, 685, 484; P. G. 72, 805, 893; Sur l'Adora- ■iîion en esprit et en vérité, P. G. 68, 625 B. (3) Sur saint Jean, P. G. 74, 93 D, 96 A, B. 412 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE en souffrant a laissé un exemple à suivre. Saint Paul affirme que la viev chrétienne consiste à dépouiller le vieil homme et à revêtir l'homme nouveau, que les disciples du Christ doivent crucifier leur chair avec ses vices et ses mauvais désirs. Jean, l'apôtre de la Charité, li'est pas- moins affirmatif : « Si quelqu'un aime le monde, la charité du Père n'est pas en lui^ ». Piété Détachement des biens de ce monde, pureté et chasteté,, et prière obéissance et humilité sont les vertus principales à la pratique desquelles Cyrille exhorte san,s cesse ; à ces vertus majeures, se peuvent rattacher les vertus secondaires ; par raison de brièveté, nous n'en étudions pas le détail. Mais il nous faut en terminant cette étude concentrer notre attention sur la vertu qui nous relie spécialement à Dieu : la vertu, de piété. L'union à Dieu qui est conformité de notre pensée et de notre volonté à la pensée et à la volonté divines s'obtiendra avant tout par la prière. La prière nous met en présence de Dieu^ et conformant nos désirs aux siens perfectionnera cette ressemblance divine sur laquelle Cyrille revient avec tant d'insistance dans ses écrits. Cette soumission à la volonté divine est d'ailleurs un des principaux objets de la prière de demande^. La prière résume et complète tous les actes qui sont nécessaires pour tendre à la perfection*. Elle est un désir de perfection, car on ne prierait pas sincèrement si on ne voulait devenir meilleur ; elle suppose une certaine connaissance de Dieu, de soi-même et de ce qui nous manque, puisqu'elle établit des rapports entre Dieu et l'âme ; elle conforme notre volonté à celle de Dieu puisque toute bonne prière contient au moins- implicitement un acte de soumission au Souverain Maître ; elle perfec- tionne tous ces actes en nous prosternant devant la majesté divine pour l'adorer, devant la sainteté divine pour la louer et l'imiter, devant la suavité divine pour la goûter ; elle nous fait demander de nouvelles grâces qui nous permettent d'avancer vers la perfection. (1) Sur la P" ÉpUre de saint Jean, P. G. 74, 1022 D. (2) Sur la présence de Dieu, P. G. 69, 1185 C et 1145 B ; P. G. 74, 525 ; P. G. 73, 129-132; P. G. 74, 524, 525. Des notations importantes sur les signes divers de la présence de Dieu ont été faits au cours de cet ouvrage : Présence de Dieu dans le temple cosmique (cf. Adversus Julianum), dans l'arche d'alliance et le temple de Jérusalem (De Adoralione in spiriiu et Veriîate), dans l'âme humaine par la foi, la charité, l'Eucharistie et par l'habitation du Saint-Esprit et de la Trinité. (3) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 453 D, 456 A, B ; Sur saint Luc, P. G. 72, 692 C, D et 921 B, C, D; 924, ete. (4) Sur la sainteté et la perfection, cf. P. G. 69, 1 120 D ; P. G. 71, 440 D ; P. G. 16^ 1201 B. — Voir d'autres références dans la note 2 de la p. 381. ADORATION 413 Cyrille n'a parlé de la prière que d'une manière sporadique. Toutefois, >en rassemblant une provende de textes épars dans ses œuvres, il est aisé 'de se faire une vue d'ensemble sur ce qu'il a dit de la prière, de ses diffé- rentes formes, de son efficacité, de la transformation de la vie chrétienne en oraison continuelle. La prière est une élévation de notre âme vers Dieu en vue de lui rendre nos devoirs et de demander ses grâces. Prier c'est monter avec Moïse :sur le Sinaï et avec le Christ sur les hauts lieux. L'adoration proprement dite s'adresse au Souverain Maître, mais comme Dieu est aussi notre bienfaiteur, nous le devons remercier et parce que nous l'avons offensé, nous sommes tenus de réparer cet outrage. Nous donner à Lui et dans l'Esprit de la Sainte Eulogie par une consécration de nous-mêmes offrir un sacrifice spirituel, est enfin pour nous une impérieuse obligation^. Le premier sentiment qui s'impose quand on s'élève vers Dieu, c'est Vadoration, qui est une reconnaissance de la souveraineté de Dieu en même temps que de notre dépendance. On sait l'importance que Cyrille attribue à cet acte de religion. Le titre qu'il a donné à un de ses principaux ouvrages en est une preuve. Mais ce n'est pas seulement ■ dans le traité Sur V Adoration en esprit et en vérité qu'il disserte sur ce sujet ; il y revient souvent ailleurs : la loi et les prophètes ne sont pas abolis, mais perfectionnés ; les rites pratiqués matériellement par les Juifs se continuent dans l'adoration spirituelle rendue à Dieu par les Chrétiens ; les observances judaïques n'étaient que l'ombre et la figure • du culte nouveau, en esprit et en vérité. L'adoration est le premier commandement du Décalogue et le Christ au désert réfute Satan en le lui rappelant^. Le Christ qui est adoré par nous comme Dieu nous a donné lui-même comme homme l'exemple de l'adoration^. Nous avons vu dans le premier chapitre du présent ouvrage, mais d'un point de vue philosophique et théologique, comment l'homme, spectateur de la nature visible, devient l'adorateur de Dieu invisible qui (1) Il n'est pas inutile de rappeler ici les déflnitions ou descriptions de la prière données par un devancier, un contemporain et un continuateur de Cyrille : Grégoire de Nysse, Orai. I, De oral. Domini, P. G. 44, 1124 : « Oratio conversatio sermocinatioque cum Deo est ». — • Saint Augustin, Sermo 9, n° 3 « Oratio namque est mentis ad 'Deum afîectuosa intentio ». Saint Jean Damascène, De ftde orthodoxa, 1. III, c. 24, P. G. 94, 1090 : « Ascensus mentis ad Deum » et «petitio decentium a Deo ». (2). Sur l'adoration en général, outre de nombreux passages dans le De Adoraiione ■ in spiritu et verilaîe, cf. P. G. 72, 532 A ; 280 G ; P. G. 70, 1417 D ; P. G. 73, 289 sq. ; 301 D ; 304, 305, 312, 313. (3) SarVIncarnalion du Monogène, P. G. 75, 1229, 1232; Sur les Psaumes, P. G. 69, J133 D. 414 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE a tout tiré du néant par sa toute-puissance, comment il s'élève vers Diem par la connaissance et l'amour, comment il contemple avec admiration- dans ses reflets les attributs divins, la nature incompréhensible, souveraine et bienfaisante de 'Dieu, comment il se sent spontanément porté à révérer- ce qui est parfait, à dépendre de ce qui est souverain, à adhérer à ce qui est bon. Cyrille se plaît personnellement et invite les fidèles à adorer la puissance,, la splendeur, la majesté, la beauté, l'activité, la fécondité du Dieu, caché mais présent sous le voile de sa création^. _ . La prière du chrétien n'est pas seulement adoration. Reconnaissance . -^ . Vv- n • -.r f mEiis reconnaissance, puisque Dieu, Souveram Maître,. est aussi l'insigne bienfaiteur de l'homme. Nous lui devons tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons. Surtout il nous faut lui exprimer- notre gratitude pour tout ce que nous avons reçu de lui par le Christ 2.. Saint Paul ne nous invite-t-il pas à rendre grâces en toutes. choses^? Le Christ lui-même nous a donné l'exemple de cette prière de reconnais- sance*. L'eulogie sainte en même temps qu'un sacrifice est l'action de grâces par excellence, l'acte parfait de reconnaissance^. La prière est aussi réparatrice. N'avons-nous pas souvent offensé l'infinie majesté divine en nous servant de ses dons mêmes pour l'outrager? Cette ir .justice exige une expiation et surtout le repentir du cœur^. Si nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés', si notre cœur est animé d'une contrition sincère^, si nous nous offrons nous-même comme victime d'expiation en union avec la victime du Calvaire^, nous pouvons espérer le pardon de la miséricorde divine. Cyrille fait une large place à la prière de demande. Elle est un hommage rendu à Dieu, à sa puissance, à sa bonté ; elle est un acte de confiance qui honore celui auquel il s'adresse. Le fondement de la prière de demande, c'est d'un côté l'amour de Dieu pour ses créatures (1) Sur les Psaumes, P. G. 69, 1133 ; 1176 D ; 1241 C ; 1249 D ; 1257 G ; 1269 B. (2) Sur la /re épîlre aux Romains, P. G. 74, 852 B, C ; Sur la vraie foi, aux Reines,. P. G. 76, 1250 C. (3) Coloss., IV, 2-4, cité dans P. G. 76, 1250 C. (4) Sur saint Jean, P. G. 74, 60 C, D ; 61 A, B. (5) Sur saint Mallhieu, P. G. 72, 452 B, C, D ; Sur saint Luc, P. G. 72, 907 B, G. (6) Sur les Psaumes, P. G. 69, 744; 745; 748 ; 1088 ; 1089 sq. ; 1196 ; 1197; 847 G, D, 865 C, D ; 872 G ; 955 sq. ; 968 B ; 993 B, G. (7) Sur les Psaumes, P. G. 72, 376 D ; 377 A; 693 C, D ; 829 D. (8) Sur les Psaumes, P. G. 72, 693 D. (9) Nous devons nous offrir nous-mêmes à Dieu par la mort au péché. Cf. 1. XVI,. Sur l'Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 1009-1061. RECONNAISSANCE 415 et ses eiifaiits et de l'autre le besoin urgent que nous avons de son secours. Intarissable source de tous les biens, Dieu aspire à les répandre dans les âmes^. Étant notre Père, Il ne désire rien tant que de nous commu- niquer sa vie et de l'augmenter en nous. Pour y mieux réussir il envoie sur terre son Fils ; ce Fils unique, plein de grâce et de vérité nous remplira de ses trésors. De plus, ce Fils sera notre médiateur dans la prière ; il nous- faudra dans nos enquêtes nous réclamer de son nom^, Notre-Seigneur nous invite à demander à Dieu ses grâces et nous promet de nous les accorder. «En vérité je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous l'accordera. Jusqu'à présent, vous n'avez encore rien demandé en mon nom ; demandez et vous recevrez pour que votre joie soit plénière ))^. Nous sommes pauvres et besogneux. Nous manquons de lumière et de force. Le Père des Lumières et Créateur Tout-Puissant est toujours prêt à nous combler de ses dons, à exaucei' la prière de son Fils bien-aimé. Qu'on relise spécialement les Commentaire» sur les Psaumes^ et l'explication de la seconde partie de l'oraison domi- nicale^ et l'on se rendra compte de l'importance qu'attribue Cyrille à la. prière de demande. Il faut sans cesse recourir à la paternelle libéralité divine^. Sachant ce qui nous manque, connaissant l'origine de tout bien,, prenant conscience de notre dépendance, il est juste que tout cela soit exprimé par un acte de soumission. Cette requête n'est pas une humiliante mendicité ni une démarche compromettante pour notre dignité ; elle ne change en rien les desseins de Dieu qui sont immuables ; toutefois elle n'est pas inutile mais voulue par Dieu, bien qu'il connaisse nos besoins a.vant que nous les lui exprimions'. Si l'enfant se trompe en demandant à son père une pierre, un serpent ou un scorpion, celui-ci saura lui accorder ce qu'en fait il désire : du pain, un œuf, un poisson^. D'ailleurs c'est dans- le Saint-Esprit que nous prions ; le Saint-Esprit intercède en nous^. . (1) Sur saint Mallhieu, P. G. 72, 389 B, C, D, 365 sq. — Sur saint Luc, P. G. 72; 962 sq. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 460, 461, 464, 244, 245, 249. (3) Sur saint Jean, P. G. 74, 460 B, C, D, 461 A, B, 464 C, D ; Sur saint Matthieu, P. G. 72, 441 A. (4) Cf. P. G. 69, 111-121 A. (5) Sur saint Luc, P. G. 72, 692 sq. (6) Sur la prière incessante, P. G. 69, 1210; 71, 441 A ; P. G. 72, 848 G, 417 D, 420 A, B, 645 D, 697 B, G. (7) Sur saint Luc, P. G. 72, 692 D ; 693, 696, 697 D. — Sur saint Jean, P. G. 74^ 365 sq., 389, 460, 461, 464, 244, 245. (8) Sur saint Luc, P. G. 72, 697 D. (9) Sur saint Jean, P. G. 74, 824, 825. 14 416 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE Diverses Q^^^^t aux Variétés de la prière, Cyrille distingue à la façon manières classique et traditionnelle, la prière mentale et la prière vocale, de prier j^ prière privée et la prière publique. Il ne faut pas s'étonner que l'auteur de l'Adoration en esprit et en vérité insiste sur la prière intérieure ; l'oraison mentale recommandée par saint Paul (/ Cor., XIV, 15) est le plus ferme soutien de notre vie morale, une des plus nobles fonctions de notre vie chrétienne, l'apprentissage de notre vie céleste ; elle produit une union intimé avec Notre-Seigneur, "union que vient perfectionner la communion eucharistique ; elle nous apprend à voir Dieu, à le posséder et à le goûter ici-bas^. Cyrille loue -aussi grandement la prière vocale qui est la forme la plus répandue e d'un usage commun. Ordonnée à la gloire de Dieu et à notre utilité personnelle, elle convient parfaitement à l'homme qui est composé 4'esprit et de matière et a besoin de signes sensibles pour se mouvoir et :se diriger vers les choses spirituelles. Elle est la forme naturelle et néces- saire de la prière publique. Un fait justifie la forme extérieure et vocale •de la prière plus sûrement que tous nos raisonnements : l'oraison domi- nicale^. Avant le Paler Nosler, les Psaumes ne nous invitaient-ils pas à user -de notre voix, de notre bouche, de nos lèvres pour proclamer les louanges de Dieu^? Le prière vocale est privée ou publique*. Le Christ invite ses apôtres et ses disciples à prier en commun dans la charité. Le lien de l'amour fraternel dans la prière commune attire puissamment le divin ^ Maître ; si l'union des cœurs fait défaut, lui-même n'est plus là et quelque longues et instantes que soient nos prières, elles ne monteront pas jusqu'au Père Céleste. Le temple était par excellence le lieu où l'on devait se rassembler pour prier ; ce fut un crime de le transformer en un marché public^. Si Notre-Seigneur avait promis à ses disciples de venir au milieu d'eux pour appuyer leurs requêtes lorsqu'ils se réuniraient à deux ou trois^, à (1) Sur VÉpîlre aux Romains, P. G. 74, 828. — Sur la fr» Éptlre aux Corinthiens, IP. G. 74, 892, 893, 1001 B, C. — -Sur les Psaumes, P. G. 60, 888 B, 961 A, B, C, D, 1121 B, G. (2) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 381 G, D. (3) Sur les Psaumes, P. G. 69, 728 A (uoce mea), 769 C, D et 772 A, B (clamor pauperum), 1^1 G (ex ore infantium). (4) Attitudes du pharisien et du publicain au temple, Sur saint Luc, P. G. 72, 853 A, B, G. Temple, maison de prière, Sur saint Matthieu, P. G. 72, 432 C, D et Sur ^aint Luc, P. G. 72, 880 D, 881 A, B, G. -^ (5) Sur saint Luc, P. G. 72, 880 A, B, G, D ; Sur saint Matthieu, P. G. 72, 432 G, D. — Sur saint Jean, P. G. 73, 229 G, D, 232, 233, (6) Épître 55 sur le symbole, P. G. 77, 294 A, où est cité Matthieu, XVIII, 30. DIVERSES MANIÈRES DE PRIER 417 plus forte raison sera-t-il présent lorsqu'un plus grand nombre de fidèles s'assemblera pour rendre gloire à Dieu ofïiciellement. Il est donc important que les chrétiens se réunissent souvent pour adorer et prier en commun, sous la présidence de leur évêque ; ils sont convoqués dans les églises, certains joijrs, à l'eulogie sainte qui est la prière publique par excellence^ ; les fêtes solennelles sont un avant-goût des réjouissances célestes^. Cyrille ne se contente pas de parler des diverses fins et des diverses formes de la prière, il revient souvent sur sa nécessité et sa puissance, sur ses conditions et ses qualités, enfin sur le modèle parfait des priants : le Christ. Efficacité Dieu exauce toujours la prière du juste, mais il n'écoute de la prière p^g j^ prière du pécheur qui Veut rester dans son péché*. Si le fidèle demeure dans le Christ et si les paroles du Christ demeurent dans le fidèle, le fidèle obtiendra tout ce qu'il demandera*, et l'Esprit- Saint qui prie en nous par ses inénarrables gémissements^ nous fera demander ce qu'il convient. Qualités Une prière bien faite doit revêtir un certain nombre de de la prière qualités. Tout d'abord le recueillement s'impose ; il faut prier dans l'intime de l'âme^; de là l'utilité de la prière nocturne et solitaire'. On ne peut doric appeler du nom de prières des formules débitées sans attention ; les païens se trompent en pensant être exaucés à force de paroles^. Ce n'est pas seulement les lèvres qui doivent louer Dieu, mais la vie tout entière^. La parabole, du pharisien et du publicain nous montre une deuxième qualité de la prière : l'humilité ^'*. Nos requêtes au Seigneur doivent aussi (1) Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 708. — Glaphyres sur le Léviîique^ P. G. 69, 552 G, D, 553 A, B. — Sur l'évangile de saint Jean, P. G. 7â, 725. — Contre les anthropomorphiies, P. G. 76, 1097 B, G. (2) Sur V Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 1124-1125. (3) Sur saint Jean, P. G. 73, 1000 D, 1001 A. — Sur les Psaumes, P. G. 69, 1140 B, G. (4) Sur saint Jean, P. G. 74, 365 B, G, D. — Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1269 G, D, 1272. — Sur saint Jean, P. G. 74,460 G, D : prière faite au nom du Ghrist. (5) Sur VÉ pitre aux Romains, P. G. 74, 824 D, 825 A, B, G, D. (6) Sur saint Jean, P. G. 74, 892, 893, 828, 1001. (7) Sur saint Luc, P. G. 72, 580, B, G, D, 581, 849 A, 921 A. — Sur saint Matthieu,, P. G. 72, 425 A, 417 D, 420 A, B. (8) Sur saint Matthieu, P. G. 77, 381 G. (9) Sur les Psaumes, P. G. 69, 1121 B. (10) Sur saint Luc, P. G. 72, 853 B. 418 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE être faites avec foi et confiance^, avec persévérance'^, avec une pleine conformité de notre pensée à celle de Dieu". Le divin Jésus est le modèle parfait de ceux qui prient. Aux jours Modèle de sa chair, il a adressé à son Père d'humbles et respec- de la prière t^ueyseg supplications que Dieu a exaucées et depuis qu'il est monté aux cieux il semble ne vivre que pour intercéder en notre faveur, eii montrant à son Père ses plaies glorifiées*. C'est par lui que passent tous nos actes religieux; il les ofîre h Dieu ayant reçu avant tous les temps la solennelle investiture du Sacerdoce éternel^. Aucun des textes majeurs, concernant l'enseignement du Christ sur l'oraison, n'a échappé à l'attention fervente de Cyrille. Pendant la vie apostolique qui fut le temps proprement consacré à préparer la formation de notre vie chrétienne, le divin maître parle en maint endroit et en mainte circonstance de la prière. Il nous en impose l'obligation : « Il faut prier toujours^ ». Le Christ s'applique à provoquer la prière en demeurant sourd pendant quelques instants aux pressantes sollicitations des infor- tunés qui lui demandent un témoignage de sa bonté dans une manifes- tation de sa puissance. Il nous enseigne les formules dont nous devons nous servir ; dans une de ses courses apostoliques, il s'arrête avec ses- disciples sur le bord d'un chemin et leur apprend à réciter le Paier''. Enfin il nous donne l'exemple et pendant les trois années de sa vie (1) Sur saint Luc, P. G. 72, 848 C, 849, 556 B, 832 B, G, D, 833 A, B, C, D. — Sur la 2« épllre aux Corinthiens, P. G. 74, 929 B, C. — Sur saint Jean, P. G. 74, 46J A, B, -333 A, B, C, D. (2) Sur saint Luc, P. G. 72, 580 B, C, 581, 685 B, C, 696 G, D, 697 A, B, G, D. — £ur saint Matthieu, P. G. 72, 417 D, 420 A, B. — Sur lauraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1249 G. (3) Sur saint Luc, P. G. 72, 697 D. — Sur saint Jean, P. G. 74, 460 B, C, D, 461 A, B. (4) Sur VÉpltre aux Hébreux, P. G. 74, 966 G, D ; 968 A, B, G, D ; 969^A, B, G, D ; '972 D ; 973 A, B, G ; 976 C, D ; 977 A, B ; 984 G, D ; 985 A, B, C, D. (5) Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1372 D sq. ; 1388 D, 1389. (6) Sur les Psaumes, P. G. 69, 1210. — Glaphyres sur VExode, P. G. 71, 414 A. — Sur saint Matthieu, P. G. 72, Ali D, 420 A, B; Sur saint Luc, P. G. 72, 645 D, 847 G. — Sur la prière continuelle, Basile, Reg. fus. tract, inter 5, P. G. 31, 922, 919. — Gré- goire DE Naziance, Apol. Br. II, 6, P. G. 35, 414, 415 ; Nil d'Ancyre, P. G. 79, 459, 1003. — Grégoire de Nysse, P. G. 26, 302, 303. — • Jean Chrvsostome, In Annam, dise. 3, 4, 6. — ■ Antoine (f 356 à l'âge de 105 ans), Pacôme (cf. surtout P. G. 33, 68), Horsiési, Macaire l'Égyptien (f vers 390) et Macaire l'Alexandrin (mort centenaire vers 394), dans les déserts de Scété et de Nitrie poussaient par leur exemple et leur enseignement à l'oraison continuelle. « Dieu, écrit Evagre le Pontique, ne nous a pas prescrit de travailler toujours, de veiller, de jeûner continuellement, mais il a posé •cette loi qu'il faut prier sans cesse »,, P. G. 40, 1246. — Gf . aussi Sur saint Luc, P. G. 72, J524 B (àSiâXEiTTTOç TCpooeux'Ô)- {7) Sur saint Luc, P. G. 72, 685, 688. — P. G. 74, 476 G. LE MODÈLE DE LA PRIÈRE 419 publique, les apôtres l'ont vu pratiquer littéralement le conseil qu'il leur a donné, de prier toujours et sans défaillance. Il priait pendant son long séjour au désert^ ; il priait à l'heure de son baptême et sa prière ouvrait le ciel^ ; tandis que les Pharisiens par ostentation priaient sur les places publiques, le Christ goûtait la solitude des hauteurs ; après les fatigues du jour, il passait des nuits entières, sur les montagnes, abîmé dans ses oraisons^. Sur les malades qu'il guérissait, sur les morts qu'il ressuscitait, sur les enfants qu'il bénissait, sur l'ingrate patrie qui devait le crucifier, Jésus priait*. Pour Pierre qui, après son reniement, devait devenir chef de l'Église, il implora une grâce spéciale^. Le Christ vécut en union constante ■avec son Père^ et avant de quitter la. terre, il lui demanda d'envoyer le Saint-Esprit'. A la veille de sa mort, il traduisit par des actes plus •expressifs et plus solennels l'enseignement de la prière. Après avoir •de nouveau souligné la nécessité de prier^, il nous donne à Gethsémani un modèle parfait de la demande humble, confiante, persévérante. La dernière Cène se termine par l'action de grâces. Puis, épanchant son âme au sein îdu Père Céleste, Notre-Seigneur déclare les intentions de son sacrifice et demande à son Père d'en assurer les fruits, en priant pour lui-même, pour ses disciples, pour tous les fidèles^. Il se dirige ensuite vers le mont •des Oliviers ; quittant ses disciples, il s'avance quelque peu et se prosterne la face contre terre, en disant : «Père, s'il, est possible que ce calice «'éloigne ; cependant que votre volonté soit faite et non la mienne ». Le Christ nous apparaît dans ce mystère comme le modèle parfait de la prière qui conforme l'âme entière à la pensée et à la volonté du Père^^. Présence divine ^^^^^ conformité par la prière de la pensée et de la et ressemblance volonté humaines à la pensée et à la volonté divines divine ggj.^ g^^gç l'imitation des vertus exemplaires du Christ, le principal moyen de parfaire en nous l'image divine. (1) Sur saint Luc, P. G. 72, 527 A. (2) Sur saint Luc, P. G. 72, 521 B, G, D ; 524 A, B, G, D, (3) Sur saint Matthieu, P. G. 72, 417 D, 420 A, B, 425 A, B, 461 G, D, 464 A, B, G, D . -465 A, B. — Sur saint Luc, P. G. 72, 580 B, G, D, 581 A, B, G. (4) Sur saint Luc, P. G. 72, 877 D, 880* A, B, G, D. — Sur saint Jean, P. G. 74, 60, 61, etc. (5) Sur saint Luc, P. G. 72, 916 G, D. (6) Sur saint Jean, P. G. 74, 349, 385. (7) Sur saint Jean, P. G. 74, 256, 257. (8) Sur saint Luc, P. G. 72, 920 D, 921 A, B, G, D. (9) Sur saint Jean, P. G. 74, 473 D, 476, 477 ad 577. (10) 5ur saint Matthieu, P. G. 72, 453 D ; 456 A, B. — Sur saint Luc, P. G. 72, 476 sq., 692 G, D, 921 B, G, D, 924. 420 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE Présence de Dieu en nous et ressemblance avec Dieu sont comme nous- l'avons vu maintes fois au cours de cet ouvrage, les deux notions sur lesquelles Cyrille attire et retient perpétuellement l'attention. Ne sont- elles pas d'une importance théorique et pratique capitale dans l'œuvre, excellente entre toutes, de notre déification, dans cette œuvre divine à. laquelle les trois personnes collaborent ; car tout, et spécialement cette opération qui nous rend déif ormes, vient du Père, par le Fils dans l'Esprit^.. « Dans le Christ, on est justifié et l'on obtient l'unité avec lui par la. participation du Saint-Esprit dans la bienveillance du Père^». Il y a par le fait même de la création conservée, une présence universelle de Dieu dans l'Univers et un reflet dans tous les êtres de l'auteur de l'Univers. Mais cette présence et cette image atteignent leur plus grande' (1) Sur sainî Jean, P. G. 74, 280, 336. — Dialogues sur la Sainte Trinité, P. G. 75,. 905. — Glaphyres sur la Genèse, P. G. 69, 148. — Glaphyres sur le Léviiique, P. G. 69,. 549. — Sur saint Luc, P. G. 72, 908. — Sur saint Jean, P. G. 73, 101. — Sur Vépître- aux Romains, P. G. 74, 820. Dans son Commentaire sur saint Jean, à propos de Jean,. XV, 1, P. G. 74, 333 sq., nous lisons : « Notr^Seigneur appelle son père le vigneron ;. pour quel motif ? — C'est que son Pèi-e ne reste pas oisif et inactif à notre endroit,, pendant que dans le Saint-Esprit le Fils nous nourrit et nous maintient dans le bien- être (surnaturel). Notre rénovation est l'œuvre en quelque façon de toute la sainte et consubstantielle Trinité ; dan,s toutes les actions divines, la volonté et la puissance passent à travers toute la nature divine. C'est pour cela que nous la glorifions, soit tout entière, soit en une seule personne. Nous disons que Dieu est notre Sauveur,, lion pour rapporter au Père seul, au Fils ou au Saint-Esprit seul les actions de grâce que nous devons à la miséricorde divine, mais pour indiquer quenotre salut est vraiment l'œuvre de l'unique Divinité. Et si nous paraissons attribuer à chaque personne quelque- chose de ce qui est fait par rapport à nous ou par rapport à la créature, néanmoins nous croyons que tout est du Père par le Fils da,ns le Saint-Esprit. Il est donc conforme- à la vérité de penser que le Père nous nourrit dans la piété par le Fils dans le Saint- Esprit ; et de même que le Père nous cultive, c'est-à-dire veille sur nous et prend soin de nous, par le Fils dans le Saint-Esprit ». — Dans le même ouvrage (P. G. 74, 333 Dsq.),. nous lisons encore : « Si nous croyons que le Fils est naturellement et vraiment dans son propre Père et qu'il a dans sa propre nature Celui qui l'engendre, nous admettrons sans peine que tout s'accomplit par les deux dans le Saint-Esprit, comme par une- seule Divinité ; et nous ne refuserons pas au Père le pouvoir de nous nourrir ni au Fils celui de nous cultiver. Car là où il y a identité parfaite de nature, il n'y a, pas division d'opération, bien que le mode d'opération soit varié et différent ». Lire des développements analogues dans P. G. 73, 556 B et P. G. 7S, 1053 D sq. — Ainsil'opéra- tion sanctificatrice est commune aux trois personnes qui s'enracinent elles-même en une nature identique. Toutefois le mode d^opération de chaque hypostase est varié et différent, dans la mesure même où cette hypostase se distingue des autres : Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 697. — Sur saint Jean, P. G. 74, 237, 289 sq., et Pusey, t. II, p. 451, 496 sq. — Trésor, P. G. 75, 205. — Sur saint Jean, P. G. 73, 37, 840. (2) Glaphyres sur la Genèse, III, P. G. 69, 148 ; Sur saint Jean, X, P. G. 74, 296 ;. Dialogue sur la Sainte Trinité, V, P. G. 75, 976. PRÉSENCE ET RESSEMBLANCE 421 • intensité dans l'âme humaine en qui s'opère par l'habitation des trois personnes l'œuvre de notre déification. Rassemblons en quelques lignes ce que nous avons vu au cours de ce ^présent travail, sur la présence de Dieu et la ressemblance de Dieu dans l'homme. L'image L'âme humaine a été créée à l'image et à la ressemblance de .de Dieu Dieu^. Le péché a détérioré cette image ; l' Incarnation Rédemp- trice du Christ la restaure ; le chrétien doit s'incorporer au Christ, en imiter la vie et la mort et remonter ainsi avec lui vers le Père ; le Christ est lui-même l'image du Père^. Si l'on cherche dans la théologie de •Cyrille centre virtuel d'où puissent partir ou se croiser ses vues sur l'univers intérieur, si l'on s'efforce de trouver le foyer où convergent et •d'où divergent ses assertions sur le sens spirituel du monde, sur l'âme, l'Église, le Christ, l'Esprit, il appert que les notions de présence et de ressemblance sont dans sa pensée des notions majeures qui peuvent „.:guider le lecteur vers la synthèse désirée. Elles peuvent polariser autour d'elles, en les ordonnant, en les organisant, quantité d'autres notions secondaires. L'auteur de l'Univers est présent dans son œuvre ; en elle, se retrouve -un reflet de lui-même. Ce qu'il à fait est d'une certaine manière semblable à lui. Les êtres, en qui se remarque une hiérarchie, se rapprochent plus ou moins de Dieu. Aussi l'âme humaine qui déjà peut reconnaître Dieu dans le monde visible, ainsi que l'affirme saint Paul, le reconnaîtra-t-elle •davantage en elle-même et mieux encore dans le Christ. La ressemblance -ontologique exige l'imitation volontaire : imitation des attributs de Dieu, imitation des vertus du Christ, imitation de ceux qui lui ressemblent le plus, les saints et les martyrs. Saint Paul a pu dire : « Soyez mes imitateurs, «comme je le suis du Christ ». En fin de compte, nous sommes tous prédes- tinés à être conformes à l'image du Fils, à être parfaits comme le Père •Céleste est parfait. Transformation Le dynamisme de l'âme la mène en la présence de Dieu et de l'âme j^^ pousse à ressembler à Dieu. Seulement cette tendance par laquelle l'âme objective Dieu peut dévier. C'est ce qui la conduit à l'anthropomorphisme, à l'idolâtrie, à une religion purement extérieure ou à une vie de péché ; toutes ces attitudes sont le contraire de l'adoration (1) Sur saint Jean, P. G. 74, 33 D, 36 A ; Trésor, P. G. 75, 224, 225, 226 ; Sur .saint Jean, P, G. 74, 500 C. — Contre les Anthropomorphiles, P. G. 76, 1081, 1084, .1085, 1088, 1089. (2) Sur saint Jean, P. G. 74, 25 D ; 224 B, C, D. 422 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE en esprit et en vérité. Pour se rapprocher de Dieu il faut mener une vie pieuse et détachée^ ; pour se présenter devant Lui, il faut être purs et exempts de toute tâche ; la pureté des mœurs est en étroite liaison avec l'illumination de l'esprit. Bienheureux les cœurs purs parce qu'ils Verront Dieu. Pour s'unir à Dieu, il faut éviter le mal et pratiquer la vertu^ La sensualité, l'orgueil, la dispersion de l'esprit sur les créatures nous séparent de Dieu ; la probité des mœurs, l'humilité, la charité, la miséri- corde nous rapprochent de lui et nous rendent parfaits ;par là se réalise notre conformité à Dieu^. Cyrille toutefois ne sombre pas dans un simple moralisme, car ce perfectionnement de la vie ne s'accomplit pas sans une présence active et transformante de Dieu. C'est le Saint-Esprit « qui transforme les âmes à l'image de Dieu en se donnant Lui-même à nous »*. Activité On pourrait distinguer trois étapes dans la descente de du Saint-Esprit Dieu vers nous : l'Incarnation, l'Eucharistie, enfin la participation à l'Esprit. Puis s'effectue le retour au principe, car le Saint- Esprit impriirie en nous la ressemblance du Fils qui, lui-même, nous- ramène vers le Père*. Le Saint-Esprit achève en nous l'œuvre de notre perfectionnement. Il affermit les âmes contre les assauts du démon et contre leurs propres passions ; il est le chrême qui les fortifie^. Il leur apprend à se dégager- (1) Contre Julien, 1. I et IV, P. G. 76, 525, 686. (2) Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 673 B, G, où se trouvent cités : Luc, VI, 36- et Gen., I, 26. — La conformité morale à Dieu se fera surtout par la miséricorde r rtveoOe olxxtpfjioveç. (3) Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 1088, 1089. (4) En ce qui concerne la présence du Christ parmi nous, lire spécialement : Sur- saint Jean, IV, P. G. 75, 601,etPusEY, t. I, p. 551. -^ Sur soi/îl Jean, XI, 11, P. G. 7é, 557 et PusEY, t. II, p. 734..— Sur saint Jean, Y, 2, P. G. 73, 753-756. — Sur saint Jean, X, 2, P. G. 74, 432. — Sur saint Jean, XII, 1, P. G. 74, 700. — En ce qui concer^e la présence vivifiante du Christ par l'Eucharistie, Sur saint Jean, IV, 2, P. G. 73, 577, 584. — Epître XVII, P. G. 77, 113. — Contre Nestorius, IV, P. G. 76, 125, 129,. 193, 197. — Sur r Adoration en esprit et en vérité, IX, P. G. 68, 626. — Nous avons indiqué déjà les textes importants, sur la.comrhunion à l'Esprit et le retour au Père. — Sur saint Jean, XI, 11, P. G. 74, bm. — Sur saint Jean, 1,9, P. G. 73,153.— Glaphyres sur la Genèse, lU, P. G. 69, 148. — Sur saint Jean, X, P. G. 74, 296. —Dialogue sur la Trinité, V, P. G. 75, 976. — Sur saint Jean, XII, 10, P. G. 74, 541, 545. (5) "Oxe TO^vuv TjiJLaç àyiât^ecOat ■y.ax eùSoxtav ^Qeke toC IStou Hcczpbq, t6 tou TuapaxXïjTOU TrpoocoTcov. xal ttjv tou [JLeokou xP^^av àTUOTuXTjpcov ô XptOTéç, ràç ÛTrèp TràvTWV Y)[i.tov 7rpeG6eîaç ètuoieito, Xéywv • «IlàTep àyie, T7]pir]cov aôxoùç Iv Ty] àX7]0elqc cou», oôx ÉTÉpav eîvat XéYCi>v-T7)V àXif)6eiav, 9] to l'Siov 'nvev)(ji,a. Si' o3 xàç ïjixerépaç àacpaXtî^ETai, f\i\jy.&ç, xaraocppayt^cùv elq ô(xoi,6TT)Ta t7)v Trpôç éauxov, xal àvaxei^^^wv iitanep àppvjTW Suvàfjiei Tipoç ajxaxov eÙTok\j.Loiv, 7Tapa0Y)Y<ùv Se SîjXév ôxt, xal elç TrpoGufjitav àxâXtvov T7]V en àxpàroiç àyaGoopYtatç, àç (jltjSevôç t6 uapàTrav vrapà wéSaç xei(i,évouç DÉIFICATION 423 "des illusions de ce monde et à ne jamais perdre de vue la patrie céleste^.- II leur rend facile et aimable la pratique de la vertu ; il leur donne les moyens de faire des fruits abondants de salut ; il est la source d'eau vive qui féconde pour la vie éternelle 2. Il rend à ces âmes en qui il habite beauté et vigueur primitives^. Il est le sceau qui s'imprime en elles pour leur restituer la ressemblance divine*. _ .... . L'âme ainsi réformée porte en elle l'image de la Trinité tout entière, car le Saint-Esprit est l'image du Fils et le Fils est lui-même l'image du Père^. Cette empreinte de la divinité est si réelle et si profonde que nous devenons, grâce à elle, participants de la nature divine selon l'expression de la deuxième épître de Pierre (I, 4)^. Sans doute nous ne devenons pas Dieu par nature'' ; nous ne xal ôtcCctcù xaXeïv Iox^ovtoç, è^uTaTtji çépeoôat 8p6[ji,<}) 7rp6ç xh SoxouvTtjî ©etji, xal xûv Sta6oXtxcov TroXuTpÔTTûiv (jL"if)xavif][j!,àTOiv, ^ xal trîjç èv x6ctJL<}> çtXvjSovtaç oûSéva 7uoieio6ai X6yov. OE yàp SiTzaE, xaxacrcpayiaGévTeç rq) àyÊcp nveiifiaxt xalxôv àppQi:6ôiva ttjç. /àpiToç ■ëxovxeç elç vouv, Tzz.KMç>y(ù\i.h)f\v î^onai t})V xapSÊav, àxe B^ xal èvSu(Tà(ievofr tt)V èÇ û4'ouç 86va(xiv. Sur saint Jean, P. G, 74, 572 B. — ■ *H Stà tou àybu nveii(xaToç EÛavSpia. Sur les Psaumes, P. G. 69, 1101 A. — • Nous avons indiqué déjà les réfé- rences au rite dans lequel certains reconnaissent la confirmation. Sur saint Jean, P. G. 74, 49, et P'usey, t. II, p. 276; Sur Joël, P. G. 71, 373 ; P. G. 70, 561. (!) Sur saint Jean, P. G. 74, 433 D. (2) Sur les Nombres, P. G. 69, 640 D ; Sur saint Jean, P. G. 73, 297 A, B ; Sur saint Jean, P. G. 74, 337 B ; 433 sq. ; 572 B. (3) Sur Isale, P. G. 70, 892 A, B ; 936 B ; 1124 A. — Sur Nahum, P. G. 71, 812. — Sur Matthieu, P. G. 72, 445 C ; Sur saint Jean, P. G. 73, 153 B ; 205. (4) Sur saint Jean, P. G. 74, 609, 612, 1013 ; Contre les Anthropomorphites, P. G. 76^ 1089. (5) Sur Isaïe, P. G. 70, 336 ; Sur saint Luc, P. G. 72, 673 A, B, C, D. — Sur saint Jean, P. G. 73, 205, 757. — Sur saint Jean, P. G. 74, 433 B. — « Toutes clioses sont ramenées au Père par le Fils au moyen du Saint-Esprit », P. G. 74, 541 D. — • « Le Christ habite en nous par le Saint-Esprit, et par lui-même il nous unit au Père d'une union spirituelle », P. G. 74, 577 A. — • « Les apôtres avaient le Christ habitant en eux par lé Saint-Esprit », P. G. 74, 925 C. « Le Verbe élève par le Saint-Esprit à la grâce surna- turelle ceux en qui il habite ». P. G. 74, 25 D. — « Le Fils rend semblables à lui par le Saint-Esprit ceux qui le reçoivent », P. G. 73, 885 A. — • « Le Saint-Esprit est l'image parfaite de la substance du Fils unique..., et iï rend conformes à l'image du Père, c'est-à-dire au Fils, ceux en qui il habite », P. G. 74, 541 G. — ■ « Le Christ nous reforme à sa propre image par le Saint-Esprit », P. G. 75, 808 B. « Celui qui reçoit l'image du Fils, c'est-à-dire le Saint-Esprit, reçoit par lui le Fils et en même temps le Père qui est dans le Fils », P. G. 75, 572 A. .^ (6) Sur saint Jean, P. G. 7"^,. 108, 248, 452, 456. — Sur V Adoration en esprit et en Hérité, P. G. 68, 785 ; Sur les Ésaumes, P. G. 69, 1056 D ; Sur Isale, P. G. 70,1144 C. — Commentaire sur Habacuc, P. G. 71, 932 B. — Dialogue VII sur la Trinité, P. G. 7S^ 1089 C et D. (7) Sur saint Jean, P. G. 73, 464 et P. G. 74, 200, 201. 424 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE sommes pas transformés en la nature divine^, mais tout en gardant rios^' faiblesses et notre humanité^, nous recevons vraiment quelque chose de divin qui nous élève au-dessus de notre propre nature^. Cette déification des justes est un dogme si connu et si universellement admis que Cyrille part de h\, nous l'avons vu, et il faut le répéter, pour prouver la divinité du Saint-Esprit*. II faut de la lumière pour commu- niquer la lumière^ ; il faut du feu pour communiquer le feu^; pour rendre participants de la divinité, il faut être Dieu. (1) Trésor. P. G. 75, 200, 205. (2) Que la Bienheureuse Marie esî Mère de Dieu, P. G. 76, 285 A. 'Hfieîç jièv yàp si xal xot>.oii[jts6a 6eol,.. xal S^Xov wç tJjv TrpooTjYopCav xaxà x<^piv èaxi^xaixev. (3) Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 905. — Cyrille admet une grâce sanctifiante,, mais qui n'est pas quelque chose de séparé du Saint-Esprit, une sorte de qualité instru- mentale à l'aide de laquelle il transformerait nos âmes. Trésor, assert. 34, P. G. 75,. 597 A, B, C. — Dialogue VII sur la Trinité, P. G. 75, 1088 B sq. — Notre docteur parle souvent de la grâce (xâpiç), de la grâce justifiante {i] SixaioCaa X'^P'^i P- ^- ^^» 780 A), de la grâce administrée parla clémence du Sauveur et qui nous justifie (Stxaioî Tjtzâç 7] Bià ToG SûJT^poç :r)[iô)v •:^(jLep6T7)TOç 8iaxovou(iévr) X^^P'Ç) P- ^- ^^> H^ A). -^ Les caractères qu'il lui attribue conviennent parfaitement à ce que nous appelons là- grâce sanctifiante. — Qualité sanctifiante {Hom. pasc. 10, P. G. 77, 617 D.) — Forme- ou apparence divine {Sur Isaîe, P. G. 70, 936 B). — Forme imprimée dans nos âmes par le Saint-Esprit (P. G. 75, 1013 D). — Sceau [Sur la vraie foi, aux Reines, P. G. 76, 1384 D). — Force d'en haut, c'est-à-dire la grâce conférée par le Saint-Esprit (P. G. 68, 268 C, P. G. 68, 273 B ; P. G. 74, 541 D), — Rempart de la grâce du Saint-Esprit (P. G. 74, 264 A). — Ornement, vêtement (P. G. 73, 153 D ; P. G. 71, 65 D { P. G. 72, 45 C). — Enrichissement, embellissement, dorure (P. G. 68, 752 B ; P. G. 71, 376 D ; 380 B). — Nourriture et sève de l'âme (P. G. 74, 337 B). — La grâce reçue au baptême (i] Bloc xoû pa7tTtG(j.aToç xàpiq), voie (xptSoç) qui nous conduit à l'immortalité (P. G. 69, 625 C) constitue le gage et les arrhes de la vie éternelle (P. G. 74, 572 C). — Un beau texte du Commentaire sur Isaîe montre bien que cette grâce sanctifiante n'est pas séparée du Saint-Esprit. Cyrille énumère les différentes formations dont l*homme- peut être l'objet, à propos d'IsAïE, XLIV, 21 : « Je t'ai formé, tu es mon serviteur ». — ■ Il y a pour l'homme une formation simple, comme lorsque notre premier père Adani fut formé de la terre... Après ce mode de création, il y a la formation qui nous est propre à chacun de nous : chacun est formé dans le sein de sa mère ; c'est par cette- voie que tous nous venons à l'existence. Il y a ensuite cette formation par laquelle nous devenons enfants de Dieu, élevés intellectuellement par la connaissance des- lois divines à une beauté surnaturelle, celle que procure à nos âmes l'ornement des vertus ; cette beauté est la beauté spirituelle. Il y a en même temps la formation dans le Christ à l'image du Christ par la participation au Saint-Esprit. — Le Christ est formé en nous grâce au Saint-Esprit qui introduit dans nos âmes une certaine forme- divine par la sanctification et la justice. C'est ainsi que s'imprime en nous le caractère- de l'h-ypostase de Dieu le Père, grâce au Saint-Esprit qui nous assimile à lui par la; sanctification (Sur Isaîe, P. G. 70, 936-937). (4) Sur saint Jean, P. G. 73, 244, 260. — Trésor, P. G. 75, 569, 585, 592, 609. — Dialogue VII sur la Trinité, P. G. 75, 1097. (5) Trésor, P. G. 75, 592 D. (6) Dialogue VII sur la Trinité, P. G. 75, 1058 B. FILIATION DIVINE 425 iFiliation Grâce à cette participation de la nature divine, nous devenons divine j^g p^jg ^doptifs du Père Céleste et les frères de Jésus-Christ^. Mais notre filiation et celle du Christ diffèrent infiniment. Il est Fils par nature ; nous sommes fils par participation et par imitation^. Il est fils en vérité et par excellence ; nous fils par adoption, par grâce ; c'est du •dehors que cette dignité nous a été octroyée^. Le chrétien, temple du Saint-Esprit, frère de Jésus-Christ, fils du Père Céleste, est bien supérieur aux Israélites, les membres du peuple choisi*. Il est supérieur aux Pro- phètes qui n'ont jamais été appelés les temples du Saint-Esprit^ ; il est supérieur à saint Jean-Baptistè « le plus grand parmi les enfants des ihommes ))^. (1) Trésor, P. G. 75, 525. — Sur saint Jean, P. G. 73, 153 et P. G. 74, 753. — Sur .le Psaume II, P. G. 68, 721. — Contre Neslorius, P. G. 76, 125 A sq. (2) Sur V Adoration en esprit et en uérité, P. G. 66, 741 D. — Sur saint Jean, P. G. 73, 153 B et 156. Dialogue sur la Trinité, P. G. 75, 749. — Le Christ est {ji6voç xarà çûatv Tf [6ç ; nous sommes fils (xeOextûç xal xarà (iîjivjotv. (3) Sur saint Jean, P. G. 73, 165. Il est flls xarà àX-;Q9etav, nous sommes fils xarà iQÉoiv. — TLol xExX"^[j(,e6a 6eoû xarà 6éotv xal xarà [ii\Lii]aiv ' xarà çiiotv xal xaTà 'àl-rfisiav aùxéç, P. G. 72, 153. — 'Ev uloîç i:e'Z(i.y[LtQ(ie. 6eoû, 8\Spa9ev ^ièv xal eloTTOiVîTiv :yioy.iZ6[i.tvoi x6 àÇ£to|xa, OetoI Se uioi, StaTCETcXacj^ÉvoL Tcpoç àXif]0tv6v, P. G. 75, 749 D, 752 A. — IIoXXol [xèv yàp xpit^^ol xaxà x^^P'^ ^"'^ utoôsoJaç àÇCcùfxa è/ovrzç, àXXà :[l6voç eIç ô (p\Sost Ti6ç tou ©eoG, P. G. 72, 421 D ; P. G. 73, 629 A, B. (4) Sur l'Adorution en esprit et en vérité, P. G. 68, 488 G, D. — Sur Isole, P. G. 70, 17 G. — Glaphyres sur la Genèse, P. G. 69, 233 A, B. — Sur saint Jean, P. G. 73, 156. — Commentaire sur Luc, P. G. 72, 617 D sq. (5) Sur saint Jean, P. G. 73, 757 A. (6) Commentaire sur Matthieu, P. G. 72, 400 A ; Sur saint Jean, P. G. 73, 757. Jfekn-Baptiste, grand, par ses vertus, est parti avant que l'Esprit d'adoption eût été -distribué. Par contre sans avoir fait aucun acte de vertu, le nouveau baptisé possède vcet esprit d'adoption {Sur saint Jean, P. G. 73, 757. — • Trésor, P. G. 75, 173 B sq.). Les théologiens (vg. Petau, De Trinitaîe, 1. 8, c. 7 ; t. III, p. 487. — Franzelin, De Deo Trino, thés. 48. — • Weigl, Die Heilslehre des hl. Cijrillus von Alexandrien, p. 184 sq. — KoHLHOFER, S. Cijrillus Alexandrinus de Sancliflcalione, p. 22. — Froget, De V habitation du Saint-Esprit, pp. 170 sq., Paris, 1898. — J. Mahé, La Sandifïcaîion d'après saint Cyrille dans R. H. E. X, n° 1, 3, 1909) se demandent en quel sens, d'après 'Gyrille d'Alexandrie, les patriarches et les prophètes de l'ancienne loi n'avaient pas reçu le Saint-Esprit. — Nous signalons ici les textes principaux qui donnent la pensée de Cyrille sur cette question. — Glaphyres sur la Genèse, P. G. 69, 233 A : « Israël .ne fut pas la demeure spirituelle de Dieu : Dieu n'habita pas en eux. Mais lorsque l'Église des nations eut enfanté le peuple nouveau, le Seigneur se prépara à lui-même une demeure. Quelle est-elle, cette demeure ? Nous, les croyants... Il habite en nous jpar le Saint-Esprit ; mais, comme je viens de le dire, il n'habitait pas en Israël. Ceux qui vécurent avant l'Incarnation ne participaient pas au Saint-Esprit, le très sage Jean nous l'indique clairement par ces paroles : «L'Esprit n'était pas encore, car Jésus n'était pas encore glorifié ». Après sa résurrection, pour reformer la nature ihumaine àl'image divine, le Sauveur souffle d'abord sur ses apôtres,en disant : « Recevez âe Sî^int-Esprit ». Le divin Paul dit lui aussi quelque part : » Vous n'avez pas reçu 426 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE Cyrille montre encore d'une autre manière que cet idéal de perfection chrétienne exposé dans le Nouveau Testament, l'emporte sur ce qui avait été proposé, au point de Vue de la sanctification, dans l'Ancien Testament» l'esprit de servitude pour la crainte ; mais vous avez reçu l'Esprit d'adoption en qui nous crions : « Abba, Père ». L'esprit de servitude était en Israël, mais en nous, fil& de Rachel, c'est-à-dire, de l'Église des nations, c'est l'Esprit de Dieu pour l'adoption qui fait de nous sa demeure spirituelle ». — Cyrille exprime d'autre part souvent cette idée que l'esprit de servitude était en Israël, opposant cet esprit de servitude à l'Esprit- Saint. V. G., P. G. 68, 613 B, G, D; P. G. 76, 668 B ; P. G. 77, 700 G, D ; 1049 A ; P. G. 73, 156 G ; p. G. 76, 1097 D. — Il est évident que le texte de saint Jean, VII, 39, est le plus ferme point d'appui delà pensée de Gyrilleen cette matière. Nous avons- le commentaire dans P. G. 78, 749 D sq. et Pusey, t. I, p. 690 sqq. : «L'intelligence de ces paroles exige un examen attentif, et pour pénétrer la profondeur de ce mystère, il est besoin d'une grande vivacité d'esprit. Si l'on se rappelle en effet les saints pro- phètes, on se demande inévitablement comment il se fait que «le Saint-Esprit n'était pas encore venu », alors que tant de prophètes ont révélé dans l'Esprit par de lon^s discours les mystères divins du Ghrist ; nous ne sommes pas en effet assez dénués de sens pour penser que l'intelhgence des saints était privée de l'Esprit. La forme même des prophéties que nous trouvons dans les livres saints, nous impose pour ainsi dire la nécessité de croire qu'en toute vérité ils étaient 7rveu(xaT096poi.. Samule dit à Saûl :' « L'esprit du Seigneur tombera sur toi et tu seras changé en un autre homme ». A propos du bienheureux Elisée, il est écrit : « Et il arriva, que pendant qu'il chantait, la main du Seigneur vint sur lui. « Notre-Seigneur Jésus-Ghrist lui-même déclare que David a connu les mystères dans l'Esprit. Il serait facile de multiplier les témoignages de ce genre, qui montreraient à l'évidence que les saints étaient Ttveu^aTOcpopoGvTeç ». Sur cette influence du Saint-Esprit sous l'ancienne Loi, en particulier chez Samson et Jean-Baptiste, cf. Dialogue VI sur la Trinité, P. G. 75, 1093 B. — ■ Glaphyres sur VExode, P. G. 69, 464 D. — Trésor, ass. XI, P. G. 75, 169 G. — En continuant le commentaire de Jean, VII, 39 (P. G. 73, 752 B). Gyrille semble hésiter et procède lentement et méthodiquement : « Mais ce qu'il faut chercher avec soin, c'est de quelle façon l'Esprit n'était pas encore ; car il est bien évident que le bienheureux Evangéliste a dit la vérité. Sans doute, Dieu seul peut tout connaître parfaitement ; et il ne nous convient pas de scruter trop curieusement ce qui nous dépasse ». Gyrille rappelle que le Saint-Esprit a été donné au premier homme avec la vie ; puis, par suite du péché, l'Esprit s'en est allé et il fallut pour le rendre à la nature humaine que le Verbe se fît homme et le reçût dans son humanité. Le Saint-Esprit fut rendu à notre nature d'abord dans le Ghrist, puis il fut, par le Ghrist ressuscité, communiqué aux apôtres et aux autres fidèles (P. G. 73, 752 C-757 A. • — Sur la réception du Saint-Esprit par le Ghrist dans sa nature humaine, cf. P. G. 72, 205 D sq. ; 753 A ; P. G. 7i, 548 D sq. Sur la communication du Saint-Esprit aux fidèles, P. G. 73, 753 G ; P. G. 74, 561 B, 564 B, etc.). Cyrille poursuit ainsi son commentaire de Jean, VII, 39 (P. G. 73, 757 A sq.) : « Mais s'il en est ainsi (si le Saint-Esprit n'a été donné que par Notre-Seigneur et après sa résurrection), comment le Saint-Esprit était-il dgns les Prophètes ? Réflé- chissons un peu... Dans les saints Prophètes, il y avait une sorte d'illumination et d'inspiration puissante du Saint-Esprit, capable de les conduire à la connaissance de l'avenir et des choses cachées : mais en ceux qui croient au Christ, ce n'est plus une simple inspiration du Saint-Esprit, c'est le Saint-Esprit lui-même qui habite et qui flxe sa demeure. Et c'est pour cela que nous sommes appelés temples de Dieu, alors FILIATION DIVINE' 427 Perfection Essayons de voir cette autre manière de procéder et comment et Trinité gj|g rejoint la première manière. Nous atteindrons peut-être par là la meilleure vue d'ensemble sur la pensée cyrillienne. qu'aucun des saints Prophètes n'a jamais été appelé temple de Dieu. — Comment faut-il comprendre ces paroles du Sauveur : « En vérité, en vérité, je vous le dis, nul ne s'est levé, parmi ceux qui sont nés de la femme, plus grand que Jean-Baptiste ; mais le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui»? Qu'est-ce que le royaume des cieux ? C'est la donation du Saint-Esprit, selon cette parole : « le royaume des cieux est en vous » ; le Saint-Esprit habite en effet en nous par la foi. Vous voyez donc comment Notre-Seigneur place avant tout les enfants de la femme, celui, même imparfait, qui est dans le royaume des cieux 1 Qu'on se garde bien cepen- dant de croire que nous voulons rabaisserla vertu des saints et que nous disons meilleurs qu'eux les plus imparfaits eux-mêmes... Le Bienheureux Baptiste était vraiment grand et remarquable par toutes sortes de vertus, il avait atteint les limites de la justice possible à l'homme, au point que rien ne le surpassait plus. Mais alors même, il suppliait le Christ, en disant : « J'ai besoin d'être baptisé par vous, et c'est vous qui venez à moi 1 ». Vous voyez comment lui, qui était aussi parfait qu'il est possible aux hommes, fils de la femme, il demande à être recréé en quelque sorte et régénéré par le Saint-Esprit ? Vous voyez comment il reconnaît la supériorité des régénérés, en disant qu'il a besoin lui-même de cette régénération ? Car si la condition du baptisé n'était psis préférable, pourquoi demanderait-il à être baptisé ? Et s'il sait que par le baptême il acquerra quelque chose, n'est-ce pas qu'il connaît la supériorité des baptisés ? Le Christ déclare donc que le plus petit dans le royaume des cieux, c'est-à-dire celui qui vient d'être baptisé et n'a encore pratiqué aucune vertu, est plus grand que Jean- Baptiste lui-même. C'est que le bienheureux Baptiste était né de la femme, tandis que le baptisé est né ,de Dieu et participe à la nature divine ; il possède en lui le Saint- Esprit et est appelé temple de Dieu... Le Saint-Esprit était dans les Prophètes pour le besoin de la prophétie (Sià tyjv tou TupoçTjTeiieiv xpstav) ; mais ma,intenant il habite par le Christ dans les croyants, après avoir habité d'abord dans le Christ lui-même devenu homme... Par conséquent, lorsque le divin évangéliste nous dit : «L'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'était pas encore glorifié », il faut croire sans doute qu'il veut parler de l'inhabitation complète et parfaite du Saiïit-Esprit dans les hommes ». Petau désigne par le mot de présence xax' èvlpystav la présence du Saint-Esprit dans les Prophètes par opposition à la présence substantielle yccci' oùaCav réservée à la. Nouvelle Loi et aux disciples du Christ (Petau, De Trinilaîe, 1. 8, c. 7). Les Israélites n'ont pas été dépourvus de secours surnaturels (P. G. 76, 668 A, B). Fils, seulement en figure, et non pas fils adoptifs comme nous (P. G. 73, 156 B, C), ils ont été toutefois par miséricorde et par faveur traités comme des fils (P. G. 70, 17 C). Les œuvres delà Loi ne leur servaient de rien (P. G. 69, 416 C; P. G. 73, 857 D),. mais la foi, plus ancienne que la Loi et la circoncision, les justifiait ; Abraham fut justifié parla foi (P. G. 68, 217 C, D ; P. G. 69, 112 A sq. ; P. G. 74, 388 D). « La mort n'est pas épargnée à ceux-là seulement qui ont reçu la circoncision du Christ ; mais, le mystère du Christ a été profitable aux patriarches eux-mêmes. TNous étions tous, morts en Adam ; c'est à tous également que s'étend la grâce du Christ » (P. G. 68,. 260 C). II y a pour les anciens, un « royaume des cieux » qui est, non la donation du Saint-Esprit, mais la vie éternelle. Objet des espérances des prophètes et récompense des saints, ce « royaume des cieux » leur a été préparé par Dieu qui les q connus dès. l'origine (P. G. 75, 176 C). 428 SYNTHÈSE DE LA VIE CHRÉTIENNE Le premier aspect consistait à rattacher la tendance à la perfection au texte : « Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait ». L'accent est mis sur la Présence et la Ressemblance divines. Ontologiquement, si l'on peut dire, nous avons parcouru les étapes suivies par la condescen- dance divine : Création, Élévation, au surnaturel, Incarnation, Eucharistie, Communion de l'Esprit, puis celles de notre retour à Dieu ; l'Esprit qui habite en nous nous rend semblables au Fils et celui-ci nous conduit vers le Père. Le second aspect consiste à rattacher la Perfection aux vertus de foi et de charité, cette dernière vertii étant à la fois amour de Dieu et amour du prochain. On pourrait commenter ici les textes scripturaires qui relient les notions de charité et de perfection, et en même temps appro- fondir le commandement du Christ à ses apôtres sur l'unité par la charité fraternelle imitant l'unité trinitaire. «Soyez uns comme nous sommes un ». C'est la charité entre frères, ou encore l'esprit paternel et l'esprit filial au point de vue de la génération spirituelle qui est ici l'image de la Charité trinitaire. L'Adoration Nous avons déjà étudié au début de notre quatrième partie en esprit « L'Église, Corps mystique du Christ et temple du Saint- 6 en V n Esprit », cette unité exemplaire de la Trinité que les hommes doivent imiter entre eux par la charité fraternelle, le don mutuel de ce qu'ils sont et de ce qu'ils ont, la communication réciproque de leurs biens et avant tout de leur bien spirituel qui est Dieu même, il nous suffît ici d'attirer l'attention du lecteur sur ce fait que l'on trouve un exposé des principes premiers de la doctrine spirituelle cyrillienne, dans l'ouvrage Sur V Adoration en esprit et en vérité. Le but de ce traité, composé sous forme d'un dialogue entre Cyrille et son ami Palladius, est indiqué dès les premières lignes^. L'auteur se propose de chercher « ce qu'a voulu dire Notre-Seigneur par cette parole : « Je ne suis pas venu détruire la loi et les prophètes, mais les perfectionner, et ce qu'il faut entendre par l'adoration en esprit et en vérité dont il entretint la Samaritaine ». Le sens spirituel de tout l'Ancien Testament apparaît en pleine lumière. Il s'agit non pas d'une abolition de la Loi et des Prophètes, mais d'un couronnement, d'un perfectionnement, d'une réalisation, d'un achèvement. Les rites que les Juifs pratiquaient trop souvent matériellement trouvent leur continuation et leur aboutissement dans l'adoration en esprit et en vérité rendue à Dieu par les Chrétiens. Le culte nouveau et définitif fait s'évanouir, par intégration de ce qu'il y avait de vital en elles, les observances judaïques, ombre et figure. (1) Sur r Adoration en esprit et en vérité, P. G. 68, 133, 136. ADORATION EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ 429" Les préceptes de la loi de Moïse charnellemeRt observés par l'Israël de la chair sont désormais spirituellement accomplis par l'Israël selon l'esprit. De même que précédemment, nous remarquioïis que la sancti- fication par l'Esprit élevait le chrétien bien au-dessus des Israélites et même de Jean-Baptiste, « le plus grand parmi les enfants des hommes »,. ainsi faut-il dire, après ce commentaire sur l'Adoration véritable, que la vie spirituelle du chrétien qui le hausse jusqu'au don parfait de lui-même à Dieu et à son prochain en Dieu, qui le fait devenir hostie spirituelle et victime d'un sacrifice nouveau, se révèle comme bien supérieure à celle du Juif de l'Ancien Testament. . ' Tout en montrant comment les deux textes évangéliques sur la Loi et les Prophètes et sur l'Adoration en esprit et en vérité, se complètent et s'éclairent mutuellement, c'est au fond toute une doctrine spirituelle que Cyrille expose, dans ses grandes lignes, à chaque page des sept premiers livres de l'ouvrage dont nous parlons. Pour s'en convaincre^ dégageons la trame du développement. Dans le livre premier, après avoir décrit la chute de l'homme dans le péché, Cyrille apprend à son ami Palladius que l'homme doit — et ce devoir est glorieux — renoncer au péché, passer à une vie honnête, secouer le joug du diable et accomplir la loi divine qui nous mène à la véritable liberté. Le second et le troisième livres nous avertissent qu'il n'est pas possible de mener cette vie nouvelle par la seule conformité littérale à la loi mosaïque : la grâce du Christ est nécessaire. Cette grâce du Christ n'exclut pas, bien entendu, la collaboration nécessaire de l'homme.; il faut, pour vivre cette vie nouvelle, une volonté ferme, une véritable force d'âme : affirmation très nette contenue dans les livres 4 et 5 de V Adoration en esprit et en vérité. Le sixième livre nous apprend que commencement et le fondement du salut, c'est la foi en un seul vrai Dieu, une foi qui n'est pas stérile mais est accompagnée de charité. Enfin que la charité envers Dieu ne puisse se séparer de la charité envers le prochain., c'est l'enseignement donné par les septième et huitième livres. On le voit, ce sont les principes essentiels d'une doctrine spirituelle, malheureusement noyés dans des digressions nombreuses et des dévelop- pements indéfinis, qui nous sont ainsi exposés dans les sept premiers livres de l'Adoration en esprit et en vérité. L'idéal de Cyrille nous apparaît comme étant non pas un simple idéal négatif de renoncement au péché, d'abnégation et une pure maîtrise des passions désordonnées, une aTtàôeia, mais un idéal positif de connaissance et d'amour, une vie de foi et de charité affective et effective. Le sens spirituel du culte nouveau apparaît. L'intelligence des mystères chrétiens nous est donnée. Le tabernacle de l'ancienne Loi était le type de l'Église (1. IX et X) ; le sacerdoce légal figurait par avance le sacerdoce 430 SYNTHÈSE DE LÀ VIE CHRÉTIENNE chrétien (1. XI et XIII) ; tout le rituel des ablutions, des purifications, des expiations indiquaient que les adorateurs du Christ doivent être purs et exempts de toute tache comme un agneau, pour se présenter devant Dieu et s'offrir à Lui {1. XIV et XV). Le véritable agneau, c'est le Christ. Les fragments de Cyrille sUr VEpîîre aux Hébreux et son Commentaire sur saint Jean viennent éclairer les livres XVI et XVII de V Adoration où sont exposées les splendeurs du culte intérieur et de l'unique liturgie. L'apôtre et le pontife de la religion que nous professons {Hébreux, III, 1), qui possède un sacerdoce éternel [Hébreux, VII, 24), qui est prêtre pour l'éternité [Psaume 109, 4) s'offre à Dieu comme une hostie sans tache {Hébreux, IX, 14). Il est venu accomplir une œuvre de louange, un culte litui-gique. Mais le baptisé, le communiant au sacrifice de louange du Christ est lui aussi un lieu consacré, un des lieux de l'offrande liturgique ; car le Saint-Esprit habite en lui et lui suggère tout ce que comporte l'esprit filial ; car «ce temple de Dieu que vous êtes est saint « (/ Cor., III, 17) et dans ce temple siège l'adorable Trinité : «Nous ferons en lui notre demeure » (Jean, XIV, 23). La communion y introduit la victime, l'Agneau immolé qui de nouveau vient s'offrir et unir à son sacrifice celui de l'âme qui le reçoit. Il veut qu'avec lui « nous offrions nos cœurs comme une hostie vivante, sainte et agréable à Dieu» [Rom., XII, 1), que «par lui nous offrions sans cesse à Dieu une hostie de louange, le fruit de lèvres qui célèbrent son nom» [Hébr., XIII, 15). Cette louange par l'Agneau monte vers le Seigneur Dieu qui est digne de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance car c'est Lui qui crée toutes choses et trois fois saint est le Seigneur tout-puissant. Mais cette louange, ce cantique nouveau s'adresse aussi à l'Agneau lui-même car celui qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la bénédiction. On conçoit alors ce que doit être le culte intérieur ; l'offrande spirituelle c'est la mort au péché et le don de soi-même à Dieu^ ; quant aux fêtes solennelles de la liturgie, elles sont un avant-goût des réjouissances célestes, un prélude et un commencement de la vie du cieF. (1) Sur l'Adoralion en esprit et en vérité, P. G. 68, I. XVI, 1009-1061. (2) Sur r Adoration en esprit et en vérité, L. XVII, col. 1061-1123. CONCLUSION La lecture des œuvres cyrilliennes nous montre les grandeurs et les irichesses de cette admirable vie divine à laquelle le chrétien est appelé à participer et qui, par le baptême et l'Eulogie sainte, le fait entrer dans la familiarité du Père, du Fils et de l'Esprit-Saint. C'est la présence de Dieu et la ressemblance avec Dieu qui font la perfection de notre être ; il faut ratifier moralement ce qui est une réalité ontologique ; car ontolo- giquement nous avons été dans l'ordre de la nature et dans celui de la' ;grâce créés à l'image de Dieu. Il faut, au point de Vue personnel, tendre à réaliser la perfection du Père par l'imitation .du Fils en coopérant au modelage intérieur du Saint-Esprit ; au point de vue social, il faut s'efforcer de réaliser l'unité de la Trinité, la communication mutuelle du Père et du Fils, dans l'Esprit. Dans l'Écriture, trois textes résument cette doctrine dont le premier peut être appliqué au don de Dieu que nous apportent le baptême et l'Eucharistie : «Nous viendrons et nous ferons en Vous notre demeure ». « Soyez parfaits comme Votre Père céleste est parfait». «Qu'ils soient un, comme nous sommes un». L'habitation de Dieu dans l'âme et dans l'Église, sa présence et son activité transformantes, font de l'homme, dans sa vie intérieure comme dans sa vie de relations, une image vivante de la Trinité. En dehors de cette spiritualité évangélique et traditionnelle, dogma- tique et sacramentaire, qu'on ne cherche pas chez Cyrille d'aperçus géniaux, ou quelque système brillant, ou des vues singulières. En un sens, impersonnel, parce qu'il semble au premier abord n'avoir pas été l'auteur d'une contribution nouvelle, Cyrille est original par l'ampleur en même temps que par la profondeur de sa pensée. Il s'est assimilé parfaitement le message évangélique et la tradition patristique ; presqu' aucun des problèmes dogmatiques qui se posaient de son temps ne lui est resté étranger, et dans leur exposé ou dans leur solution, il a imprimé sa marque ; il a intensément compris, senti, goûté la lumière, la force, la 432 CONCLUSION beauté, la valeur de vie du dogme et de la liturgie. Avec des acceiats d'uue- ferveur d'ordinaire âpre et contenue, mais qui parfois s'élèvent jusqu'au* lyrisme et à l'enthousiasme religieux, il a exprimé les profondeurs des mystères divins. Si au point de vue littéraire, rien chez Cyrille n'est remarquable, ni le style qui est peu attrayant, ni la présentation qui est médiocrement artistique, du moins doit-on convenir qu'il brille dans la plupart de ses écrits par la clarté des idées, par la précision de la démons- tration. Sans avoir jamais ex professa composé un traité de spiritualité,, il a dans le De Adoratione, par exemple, dans son Commentaire sur saint Jean et son Trésor sur la Trinité, mis en très bonne lumière les vérités dogmatiques sur lesquelles repose la science pratique de la perfection. On peut se demander si, avant lui, avait été bâtie une synthèse aussi vigoureuse et aussi complète de tous les éléments de la doctrine trinitaire. Personne ne contestera la contribution importante qu'il a apportée à la Christologie. En ce qui concerne l'habitation de Dieu dans l'âme, le rôle- sanctificateur de l'Esprit, la divinisation du chrétien, ses écrits occupent une place marquante dans l'histoire de la théologie. On a vu combien la Mariologie, toute centrée sur la Maternité divine de Marie, est redevable au théologien d'Éphèse. Comme nous l'avons montré, l'Église considérée comme organisme ou comme organisation apparaît dans ses écrits parfai- tement mise en lumière. Un écrivain averti a pu écrire de Cyrille : « La doctrine du Corps mystique atteint, chez lui, le plus haut degré de perfection auquel elle soit parvenue dans l'Église d'Orient »i. Enfin,, disons en terminant ce tour d'horizon, et personne ne nous contredira,, que par son réalisme et l'exploitation du symbolisme, par ses vues sur la Présence réelle, le Sacrifice et la Communion, sa doctrine de VEulogie sainte est une des plus achevées qui soient. En bref, lectures et réflexions faites, parmi les écrits patristiques où se trouve exposé l'ensemble du dogme catholique, l'œuvre de Cyrille, par ses qualités de plénitude, de profondeur et de clarté, par son orthodoxie et sa valeur spirituelle, doit être classée dans les premiers rangs. Aussi ne faut-il point s'étonner si les Papes, les Conciles, les Pères et les Théolo- giens ont exalté son autorité, si un saint Léon ou un saint Thomas d'Aquin, un Petau ou un Thomassin, plus près de nous un Scheeben ou un Père- de Régnon l'ont étudiée et méditée avec prédilection, estimée et goûtée plus que d'autres, et si le cardinal Mercier a pu même considérer notre docteur alexandrin comme un « grand théologien de la vie spirituelle ».. Le présent ouvrage, en donnant un exposé de la théologie cyrillienne, a (1) E. Mersch, Le Corps mystique du Chrisl, tome I, p. 487. DIVINISATION DU CHRÉTIEN 433 tendu à justifier cette dernière assertion qui, aux yeux de certains, paraissait paradoxale. Cyrille attire l'attention sur le rôle du dogme ou plutôt de tous les •dogmes dans la piété catholique : chaque dogme doit avoir son rôle et ■son influence pour que notre piété soit intégrale et orthodoxe. Tous dans la mesure où on les vit engendrent l'union à Dieu, l'adoration en esprit •et en vérité dans les cœurs ; l'on ne sait Vraiment dans le Credo quel est le dogme le plus central ; il ne faut en écarter aucun mais les prendre tous dans leur ensemble, leur splendide cohésion et vivre leur merveilleuse limité. Il semblerait que le, centre de tous les dogmes soit celui du Verbe Incarné ; mais une réflexion plus approfondie fait voir l'importance capitale de l'Eulogie sainte, résumé de toutes les merveilles ; à son tour l'Eulogie sainte perfectionnant l'action du Baptême nous confère la communion de l'Esprit dont la présence achève dans l'âme la ressemblance ■divine. Et voici l'âme par l'Esprit ramenée au Père qui est la Vie éternelle. Notre retour vers Dieu, qui se fait par le Giirist, notre Sauveur, ne s'opère que par lia communion et la sanctiflcation~.cLe l'Esprit. Ce qui nous élève vers le Fils etnous unit ainsi à Dieu, c'est l'Esprit. En le prenant en nous, nous devenons participants «et communiants à la nature divine. Or nous le recevons par le Fils et, dans le Fils, nous recevons le Père^. L'Esprit est l'image parfaite de la substance du Fils, comme Paul l'a écrit : « Ceux ^qu'il a discernés, il les a prédestinés à devenir conformes à l'image de son Fils » {Rom., VIII, 29). Il rend donc ceux dans lesquels il vient semblables à l'image du Père, c'est- à-dire au Fils. Par là, tout est ramené par le Fils vers celui dont il est, c'est-à-dire vers le Père, par l'Esprit^. (1) Sur saint Jean, XI, 10, P. G. 74, 545. (2) Sur saint Jean, XI, 10, P. G. 7â, 541. — • Je rappelle une fois de plus que, sauf un certain nombre de références à Pusey et à Schwartz, nous avons renvoyé le lecteur, dans nos références aux bas des pages, à la Patrologie grecque de Migne que l'on trouve plus facilement dans les bibliothèques. Grâce aux indications données dans l'Index des Sources, on pourra aisément retrouver les passages correspondants dans PusBY et Schwartz. — Le texte grec des homélies sur saint Luc que l'on trouve dans Migne (P. G. 72, 475-950, reproduction de Mai, Nova Paîrum bibl. 2, Romae 1844, 115-444) doit, comme je l'ai dit, être complété et contrôlé. — De nouveaux fragments concernant Luc, 9 à 10 et 24, 51 provenant des chaînes du métropolite Nicétas d'Héraclée en Thrace (vers la fin du xi^ siècle) se trouve dans J. Sickenberger, Fragmente der Homilien des Cijrill von Alexandrien zum Lukasevangelium (Texte und Untersuchungen zur Gesch. der Altchristl. Lit. 34, 1). Leipzig, 1909, 63-108. L'édition de Migne doit de plus être contrôlée sur la version syriaque des Homélies de Luc éditée par R. Payne Smith, S. Cyrilli Alexandriae archiepiscopi Commentarii in Lucœ evan- gelium quse supersunt sijriace Oxonii, 1858, 4°. La version anglaise du syriaque a été publiée l'année suivante : A Commentary upon the Gospel according to S. Luke by S. Cyril. PalHarch of Alexandria, Oxford, 1859. — • Utilisant un autre ms. syriaque W. Wright a complété le texte des homélies 112-116 : Frag^menfs of the Humilies of Cyril of Alexandria on the Gospel of S. Luke, London, 1874. — Ad. Rûcker, 434 CONCLUSION Pour mieux comprendre cette divinisaiion du chrétien, devenu fils de- Dieu, frère du Christ et temple du Saint-Esprit, pour concevoir plus- clairement cette « Incarnation mystique du Verbe dans l'homme », — nous n'admettons bien entendu cette expression courante qu'avec \es- réserves précédemment faites, — plusieurs interprètes ont tenté un rapprochement avec les systèmes de Platon, d'Aristote ou de Zenon, En fait, sans méconnaître les vérités qu'on trouve dans les philosophies- anciennes — nous avons vu les traits de ressemblance qu'il a suggérés- entre Trinité chrétienne et Triade néoplatonicienne, — Cyrille, éclairé par la Révélation chrétienne, formé presqu'exclusivement par les leçonS;, du Magistère ecclésiastique, ne s'est inféodé à aucun système particulier.- C'est dans la notion de Présence de Dieu ou mieux dans l'acte même de la présence du Christ dans le fidèle et dans son exigeante exemplarité qu'il faut plutôt chercher une solution au problème que l'on pose à propos- de certains textes cyrilliens et que l'on appelle, à tort ou à raison, le problème de l'Incarnation collective. Tout d'abord, parce qu'il s'agit précisément d'une solution vitale et non-abstraite à un problème éminemment personnel, sans doute faut-il répondre par une fin de non-recevoir aux explications plus ou moins conceptuelles qui tenteraient d'effectuer le passage entre l'Universel et l'Individuel et ne se placeraient pas sur le terrain réel du salut concret et de la divinisation de l'humanité. A cette première réflexion, nous devons ajouter ce que nous avons vu; sur la contenance de l'humanité dans le Christ. «Le Christ est la vie et la vie en telle plénitude qu'il contient comme en une source la vie de toute l'humanité et qu'il a donc vis-à-vis de toute âme le pouvoir de vivifier». Outre que l'humanité du Christ est une humanité parfaite,, composée d'une âme et d'un corps comme les nôtres, outre que cette humanité est d'une richesse si grande qu'elle se trouve être en droit l'archétype de tous les humains qui sont venus, viennent et viendront- au monde, il faut dire que le Christ par son omniscience nous contient tous dans son intelligence, par sa toute-puissante volonté nous tient tous dans son gouvernement, par la générosité de son cœur nous étreint tous dans son universelle charité. en se servant d'un homéliaire syriaque a mis au jour et traduit en allemand des passages encore inconnus de quelques homélies. ■ — Pour une nouvelle édition d'ensemble de la version syriaque, cf. J.-B. Chabot, Pars prior, comprenant les homélies 1 à 80 : Corpus scriptorum chrislianorum orientalium, Scriplores Syri, ser. 4, t. I, Paris, 1912. — Pour le contrôle de Migne (72, 475-950) à l'aide de l'édition syriaque, le travail a été. fait par Rûcker ; il suffît de s'y reporter. On notera que le fragment Luc, 2, 52, P. G. 72,. 508, appartient à Théodoret de Cyr. Cf. Hserei. fab. comp., 5, 13, P. G. 83, 497. INCARNATION COLLECTIVE 435" Mais ce n'est pas encore épuiser la réponse que l'on peut faire, avec Cyrille, à ceux qui cherchent à s'informer sur le mode d'inclusion des- chrétiens dans le Christ. Car en ce domaine « spirituel » par excellence, les « catégories » humaines ne peuvent exprimer qu'imparfaitemeïit la plénitude de la réalité et il faut s'efforcer de l'étreinidre et de la comprendre en en examinant successivement les différents aspects. Nous le ferons en soulignant, d'après Cyrille .rempli lui-même d'images bibliques, l'imma- nence du Christ dans les chrétiens en même temps que l'immanence des- chrétiens dans le Christ. S'il nous a paru impossible, à la suite de l'évêque d'Alexandrie, de séparer le dogme de l'Eulogie de celui de l'Incarnation, à plus forte raison ne deVons-nous pas opérer cette coupure, au moment même où l'on nous interroge sur la possibilité, au sens large sans doute, d'une Incarnation collective, totale, universelle. Le dogme de l'Eucharistie,, tel que le conçoit notre docteur, implique par les pa.roles mêmes de la bénédiction consécratrice, non point, comme certains se représentent trop grossièrement les choses, une multiplication matérielle du corps mortel et individuel du Christ, mais une multiplication pour ainsi dire de pré- sences ou plutôt — les expressions sont ici nécessairement défaillantes et doivent immédiatement être corrigées par d'autres, — une extension,, une diffusion de l'Unique Présence réelle, de cette Présence réelle du Christ ressuscité dont l'heureux communiant, en lui-même et personnel- lement, est appelé à bénéficier, de cette Présence réelle du Christ dont l'initié au mystère jouira d'autant plus intensément qu'il sera, par la possession et le don de soi, plus présent à lui-même et plus dépouillé de lui-même. Et si, comme nous l'avons vu, la Présence réelle du Christ ressuscité, Esprit vivifiant, a dans l'Eulogie mystique pour finalité le Sacrifice,, l'union et la donation de l'humanité à la Divinité — entendons l'humanité du Christ et des Chrétiens — ne serait-ce pas en progressant dans cette direction de pensée et par conséquent aussi dans cette ligne de conduite que l'on a des chances d'approfondir le plus fructueusement possible le dogme de l'Incarnation continuée? Ne serait-ce pas en entrant délibérément dans cette manière de voir que l'on aura le bonheur de se poser comme il convient cette fois, concrè- tement, et de résoudre comme il faut et dans la ligne d'une pensée authen- tiquement cyrillienne, le problème de l'Incarnation universelle, au sens le plus mystique sans doute mais aussi le plus catholiquement traditionnel et orthodoxe qui soit. En s'engageant résolument dans cette voie où Incarnation du Verbe dans l'humanité et Présence réelle et transformante de l'Eucharistie se trouvent indissolublement liées et en parfaite continuité, ne se rendra-t-on -436 CONCLUSION pas UD. meilleur compte — ici, tous les termes que' nous accumulons sont -à la fois nécessaires et déficients — de la multiplication, de l'universali- sation actuelle, de l'individuation en un certain sens du Christ dans l'humanité, de l'extension et de la croissance de son Corps Mystique. A la vue de ce Christocentrisme, l'esprit se trouve satisfait parce qu'il comprend mieux à la fois et la totale dérivation de vie qui va de la tête aux membres et l'intégration des membres dans le Christ total. En recevant en esprit et en vérité l'Eulogie sainte, en renonçant à sa vie propre en tant qu'elle est défectueuse, t-Jjv IBIolv & ^cù-Jjv àpv/]- ■<7à(j!.svoç, en se laissant assimiler et perfectionner, sans docétisme, par cette union active et métamorphosante, par cette recréation quasi-substantielle, par cette infusion de grâce et cette revivification intime, chaque commu- niant soumis à un modelage intérieur, se consacre lai-même au Christ ressuscité et à son œuvre ; il s'abandonne activement à cet Esprit vivifiant qui lui devient personnellement présent. Il lui offre sa vie avec tout ce qu'elle comporte ; il lui donne ce qu'il est et ce qu'il a, pour que tout en lui soit sanctifié et divinisé. II. lui présente et abandonne, pour une symbiose supérieure, son imparfaite humanité individuelle, afin d'être comme une humanité de surcroît en laquelle le Verbe Incarné, après l'avoir purifiée, transformée, élevée, puisse vivre de nouveau, en un autre point de l'espace et à un autre moment de la durée, tous ses divins mystères et en particulier sa vie de générosité. Cette sanctification, dans le temps, au jour du suprême sacrifice, se scellera dans la consommation de l'unité ; la mort mystique du chrétien avec et dans le Christ ne se sépare pas •d'une résurrection glorieuse et du don de l'immortalité. A ces hauteurs mystiques où seule la foi et la pratique religieuse élèvent l'âme, à ces sommets où l'initiation aux mystères chrétiens la fait monter, où chaque fidèle tend, sans jamais y parvenir, à réaliser comme on l'a dit audacieusement, l'idéal de l'union hypostatique, il semble que la réflexion investigatrice doit cesser, pour faire place, dans le silence et ■dans le recueillement, si ce don est accordé, à un sentiment de présence, à une conscience plus directe du merveilleux divin, à une quasi-expérience personnelle et salutaire du Dieu vivant dans le fidèle, du Christ intime- ment et actuellement présent, dont le croyant doit faire siens les senti- ments et s'approprier alors l'incomparable l'Esprit. C'est alors ou jamais, en cet instant exceptionnel que l'Esprit Saint qui souffle en nous pour nous faire consentir à VAbba, Père, rend témoignage que nous sommes fils de Dieu. L'œil de l'homme n'a point vu, l'oreille de l'homme n'a point entendu, le cœur de l'homme n'a pas compris ce que Dieu réserve à ses élus, ce qu'il réserve à ceux qu'il aime et qui L'aiment. En ces minutes d'émoi religieux où le « je » et le « tu » semblent s'évanouir, où seules les paroles de saint Paul : « Avoir les mêmes senti- INCARNATION COLLECTIVE 437" ments que le Christ » ; « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi », ngiontent brûlantes aux lèvres, où le corps et le sang et tout l'être sont offerts en sacrifice par le fidèle pour un nouveau Fiat, il est opportun de se rappeler le mot de Cyrille : cticùtct) xal tc^tsi Ta ÔTrèp vouv Ti(xâv. De cette expérience, prélibation du Ciel, si elle est accordée, . le fidèle est invité à goûter la douceur. Une réflexion trop prolongée paralyserait l'élan spirituel, freinerait ce mouvement ascensionnel vers • l'union qui se prépare par la tcÊctiç, la Yvôatç Xpiorou, la coç^a. Cette sagesse est une folie ou un scandale. pour le monde puisqu'elle est insépa-- rable de l'abnégation universelle et de la Croix, puisque l'àyàTrY) qui^ l'accompagne et s'identifie avec elle est un don total de soi au Christ total. Car, — et c'est encore une idée soulignée avec complaisance par" l'évêque d'Alexandrie, ■ — la charité est comme un double amour qui n'en fait qu'un. Le témoignage du Christ en nous entraîne le témoignage du Christ par nous. Mais ce témoignage chrétien est facilité par le fait même de l'Incarnation collective, en acte ou en devenir. Le chrétien, fils de Dieu, Voit en effet et aime le Christ ^dans ses frères, parce qu'il y est ou. du moins pour qu'il y soit. Du Christ, il ne faut pas seulement s'assimiler- l'esprit de Vérité et l'esprit filial mais encore cet esprit de sainte bienfai- sance et de surnaturel dévouement envers les hommes qui anime un cœur sincère et fraternel. La fraternité des hommes est corrélative de la Paternité divine. L'exigeante exemplarité du Christ n'implique-t-elJe pas- que l'on donne sa vie pour ses proches? Le Christ étant «notre paix», le lien substantiel des fidèles entre eux, le pain vivant dont se nourrissent les enfants d'une même famille, l'attachement à Lui et la transformation . en Lui doivent avoir des répercussions sociales ; l'union des chrétiens au.» Christ doit produire l'unité des chrétiens, image et monnayage de l'unité trinitaire du Père et du Fils dans l'Esprit. «Qu'ils soient un comme nous sommes un ! » S'il peut y avoir erreur sur l'authenticité de l'union mystique personnelle, si l'imagmation ou la sensibilité peuvent faire prendre une apparente Révélation pour une Révélation réelle, il reste que la charité, ce commandement nouveau, est le signe auquel on reconnaît les vrais disciples de Celui qui est venu non pour être servi mais- pour servir. Ce signe de l'abnégation et de la charité efficace est un critère sauveur qui ne peut ni nous tromper ni tromper les autres. Cette théologie mystique de Cyrille puisée aux sources mêmes évangé- liques, selon son expression, est donc féconde et toute orientée vers l'action dans la société et pour la société, en même temps que vers l'Adoration en esprit et en vérité. Elle ne fait qu'un avec la Liturgie à laquelle tout Je peuple chrétien est convié à participer ; elle est aussi éloignée d'un ésotérisme orgueilleux que d'une contemplation stérile, réservée à quelques. -438 CONCLUSION privilégiés, qui ne ferait qu'enfler l'esprit et dessécher le cœur; elle est une doctrine spirituelle d'autant plus pratique et sociale qu'elle est plus sublime puisqu'elle nous fait voir dans le prochain le Christ présent par la grâce ou en train d'y venir. Elle ne se perd pas en un conceptualisme infertile qui, outre le péril d'une curiosité sans amour, offrirait celui de Vouloir ambitieusement exprimer une réalité en soi ineffable; à cette réalité, il est plus facile d'accéder, par le moyen d'une sagesse active, •oroçta SuvafjMxV), d'un exercice habituel des vertus quotidiennes, d'une application immédiate des principes que par un effort cérébral prolongé, par quelque ascétisme subtil, ou par un raffinement de sentiments extraordinaires. La mystagogie des hiérophantes chrétiens et la mise en application instantanée de la 6sta Oeœpta favorisent plus l'avancement spirituel que l'insistance dans le raisonnement ou que l'excentricité de pratiques étranges. De cet évêque théologien que l'intellectualisme entraîne vers la spéculation mais que la pratique du ministère rattache sans cesse au réalisme quotidien, on n'a pas assez semble-t-il souligné la pondération. Quand il s'efïorce d'exprimer en langage social le mystère de l'ineffable union, l'evcùcriç xaS'uTcocTTaortv dans le Christ, il évite de sombrer dans le Monophysisme ou le Nestorianisme ; quand il se hasarde à énoncer en des termes humains l'union du fidèle à Dieu, la 6eo7ro(Y)(jiç, il ne se perd pas — qu'on nous pardonne cet anachronisme d'expressions — dans un panthéisme qui confond tout mais il ne va pas non plus, animé de je ne sais quel esprit timoré, creuser jalousement le fossé d'un dualisme excessif. Il sait frôler les positions extrêmes avec cette même aisance qui le fait équilibrer la pensée et la vie ; il veut que le mystère .de la lumineuse et ténébreuse union divine produise sans délai son rayonnement humain et sa féconde rédemption. Souvent, dans cette étude sur la théologie et la spiritualité de Cyrille, au moment nous le Voyions toucher à ce qu'il y a de plus élevé ou de plus profond dans le mystère chrétien et où il semblait devoir se laisser entraîner par une subtilité trop raffinée, par une virtuo- sité stérile dans la description sentimentale ou conceptuelle, nous consta- tions un souci de réalisme, une modération et une harmonie qui ne nuisaient en rien à la rigueur et à la vigueur intellectuelle ; nous notions fréquemment chez lui cette ardeur de la « raison » qui cherche d'abord avec avidité la vérité puis qui sait s'épanouir ou s'efïacer quand il le faut en « oraison», et cette discrétion religieuse qui,. après avoir entrevu le sens du mystère, s'applique à le vénérer, à en montrer les exigences morales et divines pour qu'il soit Vécu, communautairement, par l'ExxXïjCT^a, dans la vérité, la sainteté et la générosité. Enfin nous avons remarqué cet effort continu du grand évêque pour montrer d'abord les racines plongées par le dogme dans la Révélation chrétienne, pour INCARNATION COLLECTIVE 439"^ déduire ensuite du dogme ses conséquences pratiques et par là, introduire ses lecteurs ou ses auditeurs jusqu'à la seule vie véritable celle de l'Esprit et de la Charité. Aussi, ceux-là mêmes qui jugent Cyrille sévèrement, comme nous; l'avons fait peut-être parfois à l'occasion, ceux-là qui sont portés à voir- dans le théologien d'Éphèse ses petits côtés, les défauts par exemple d'un caractère dominateur et d'une nature bouillante, ceux-là qui se froissent facilement de certains de ses partis pris, de quelques unes de ses formules moins heureuses, ceux-là qui n'aperçoivent en l'évêque d'Alexandrie qu'un « méchant homme », un « nouveau pharaon », un « belliqueux pourfendeur d'hérétiques», sont bien obligés de reconnaître, après une: lecture approfondie et impartiale de ses œuvres, que par sa prestigieuse- mais saine subtilité, par sa ferveur théologique, surtout par la profondeur- et la sublimité de ses élévations sur les mystères de l'Ivcoctç et de la ôsiOTTO^Tjo'tç non moins que par les perspectives par lui constamment ouvertes sur les exigences religieuses et morales de la doctrine, sur les. obligations intérieures, sociales et divines qu'elle entraîne pour la personne humaine, ce u docteur de l'Église» qui brilla au v® siècle, en Egypte et dans tout l'Orient, au point d'en éclipser l'évêque de la ville impériale,, doit occuper une place de choix non seulement dans l'histoire du Dogme chrétien mais encore dans l'histoire même de la Spiritualité.. NOTES COMPLÉMENTAIRES NOTE A Brèves indications chronologiques sur la vie de Cyrille et son époque 313 Édit de Milan. 314 Concile d'Arles. 318 Arius prêche sa doctrine. 325 I^^ Concile œcuménique de Nicée. Condamnation d' Arius. Mort d'Alexandre d'Alexandrie. 330 Constantin se fixe à Byzance. 335 Mort du Pape Sylvestre I^^. 336 Exil d'Athanase. Avènement du Pape S. Marc. 337 Avènement de Jules I^r, Pape (t 354). — Mort de l'empereur Cons- tantin. 340 Mort d'Eusèbe de Césarée. 343 Concile de Sardique. 352 Avènement du Pape Libère (f 366). 355 Exil de Libère. Schisme de Rome. 355 Avènement de Félix II. 356 Mort de saint Antoine, fondateur du monachisme en Egypte. 361 Avènement de Julien l'Apostat (f 363) ; Apollinaire succède à' Georges de Laodicée. 366 Avènement de Damase 1er, Pape (t 384). 373 Mort de saint Athanase. 377 Mort de Photin de Sirmium. 381 2^ Concile œcuménique à Constantinople. Condamnation de Macé- donius. 383 Saint Jérôme compose son « De perpétua Virginitate Beatae Mariae adversus Helvidium ». 442 INDICATIONS CHRONOLOGIQUES .:384 Avènement de saint Sirice (t 398). 387 Conversion de saint Augustin. Avant 394 mort de Diodore de Tarse. 397 Mort de saint Ambroise, évêque de Milan. 398 Avènement de saint Anastase I^r (f 401). 401 Avènement de saint Innocent I^r (f 417). 403 (août). Concile du Chêne, près de Chalcédoine. Exil de saint Jean Chrysostome. Mort de saint Épiphane. Il composa son traité Contre les Hérésies entre 374 et 377. 407 Mort de saint Jean Chrysostome, né à Antioche vers 354. 15 octobre 412 mort de Théophile, oncle de Cyrille. Cf. Socrate, H. E., liv. 7, c. 7, P. G. 67 749. 18 octobre 412. Intronisation dé Cyrille sur le siège épiscopal d'Alexandrie. 415 Meurtre de la philosophe Hypatie. 415 Concile de Lydda. 416 Concile de Milève, sous Innocent I®^. •417 Avènement de saint Zosime, Pape (f 418). 418 Concile de Carthage sous Zosime, contre les Pélagiens. 418 Avènement de saint Boniface I^^" (f 422). 418 Le Pape Zosime annonce à saint Cyrille la condamnation des Péla- giens. 420 Mort de saint Jérôme. 422 Avènement de Célestin 1er (•{• 432). Avant 423, De Adoratione, Glaphyres et Comment, sur les Prophètes. Entre 423 et 425, Trésor et De Sancla Trinitate. Cf. supra, p. 54 sq. 10 avril 428 Nestorius remplace Sisinnius comme évêque de Constan- tinople. — En cette même année 428, mort de Théodore de Mop- sueste. ■ 429 Homélie pascale de Cyrille où la doctrine de Nestorius est visée bien que son nom ne soit pas prononcé. Cf. Homélie 17. Nous possédons 29 homélies pascales de Cyrille s'échelonnant de 414 à 442. Lettre de Célestin et des évêques d'Italie adressée à Cyrille. Avant 429 Commentaire de saint Jean, commencé par Cyrille vers 425 et sans doute continué, après 429. Après 429 Une série de 156 homélies sur saint Luc conservées dans une traduction syriaque. Cf. supra, p. 54 et p. 433, n. 2. 429 (Fin de l'été). Première réponse de Nestorius à Cyrille. 430 (Janvier ou février). Epître dogmatique. 2® lettre de Cyrille à Nestorius. 430 (15 juin). Réponse de Nestorius à Cyrille. -430 (Commencement de l'été). Le diacre Posidonius, parti d'Alexandrie, arrive à Rome. INDICATIONS CHRONOLOGIQUES 443 -430 (Août). Célestin l^^ réunit un synode d'évêques occidentaux à Rome pour étudier le dossier apporté d'Alexandrie. Mansi IV, 550. 430 (11 août). Quatre lettres pontificales portent en Orient les décisions du synode romain. A. C. 0. ï, 2, 1, 6, 2, 5. Epître 11 à 14, P. L. 50, 450 à 499. — Mansi, IV, 1026 sq.. Jaffé 372-375. 430 (28 août). Saint Augustin meurt à Hippone. Une invitation au concile d'Éphèse devait lui parvenir après sa mort : Mansi, IV, 1208. -430 Octobre. Cyrille convoque les évêques d'Egypte à un Synode. 430 (3 novembre). Rédaction de la lettre synodale qui sera remise à Nestorius en même temps que la sentence papale, le 6 décembre 430. Cette doctrine christologique se termine par les 12 anathéma- tismes. Epître 17, P. G. 77, 105-121. îln 430-431 suivront trois apologies de ces anathématismes. Mahé, suivant Garnier {P. G. 76, 313-314), place ces apologies avant le Concile d'Éphèse. Tillemont [Mémoires, éd. 1709, t. 14, p. 668 et note 30, p. 760), les place après. Gî. supra, p. 56. 430 (19 novembre). Lettres d'indiction de l'empereur à tous les métro- politains pour la réunion d'un Concile à Éphèse, en la fête de la Pentecôte (7 juin 431). Cf. Mansi IV, 1109. 430 3e lettre de Cyrille à Célestin. A. C. O. I, V, 3, 55, p. 182 (Coll. Pala- tina) ; Ep. XV parmi celles du Pape Célestin. P. L. 50, 499-501. '430 Un mémoire De recta fide adressé à l'empereur Théodose II ; deux autres mém.oires qui se complètent, adressés Ad Reginas (les trois sœurs et l'épouse de l'empereur). Cf. supra, p. 55. 430 Cinq livres contre les blasphèmes de Nestorius, dirigés contre un recueil de sermons de Nestorius publié en 429. Cf. supra, p. 55. 430 (avant le 7 décembre). Arrivée à Constantinople de Posidonius porteur des lettres pontificales et du courrier d'Alexandrie. 431 (19 avril). Fête de Pâques. 431 (Avant la fin de mai). Cyrille se met en route pour Éphèse. 431 (7 juin). Fête de la Pentecôte, Présence à Éphèse de Cyrille et de Nestorius. 431 (12 juin). Arrivée à Éphèse de Juvénal de Jérusalem. 431 (22 juin). Première réunion du Concile d'Éphèse. Déposition de Nestorius. Mansi, t. IV, col, 1124-1212 CD. 431 (23 juin). Un courrier part d'Éphèse pour Constantinople, porteur de lettres adressées aux empereurs Théodose et Valentinien, au clergé et au peuple de Constantinople. 431 (24 juin?) Arrivée de Jean d'Antioche et des Orientaux; ils se réunissent en conciliabule sous la protection des agents impériaux, déposent Cyrille et Memnon d'Éphèse, excommunient les membres du Concile. Mansi, IV, 1260-1269. 444 INDICATIONS CHRONOLOGIQUES 431 (29 juin). DaXe de la réponse impériale apportée à Éphèse ^par le- magistrianus Pallade. A. C. 0. 1, 1, III, 83, p. 9-10 (Coll. Vaiicana) ; Mansi, IV, 1377. 431 (l^r juillet). Réponse rédigée par le concile cyrillieU à l'Empereur.. A. C. 0., I, I, III, 84, p. 10-13 ; Mansi, IV, 1421. 431 (10 juillet). Séance du Concile d'Éphèse en présence des légats- pontificaux Philippe, Arcadius et Projectus. 431 (11 juillet). Séance du Concile d'Éphèse. A. C. O. I, 1, III, 106, p. 59' (Coll. Vaticana); Mansi, IV, 1293. 431 (16 juillet). Séance du Concile d'Éphèse, Cyrille et Memnon pré- sentent un écrit sur l'illégalité du conciliabule des Orientaux.. A. C. 0. I, 1, m, 88, p. 15-17; Mansi, IV, 1305-1309. 431 (17 juillet). 5^ session du Concile. Procédure contre Jean d'Antioche.. A. C. 0. I, 1, III, 89, p. 17-24 ; Mansi, IV, 1309-1324. 431 (22 juillet). 6® session. Retour sur la question doctrinale. Rapport de Charisius sur un cas particulier de propagande nestorienne.. Décret de fide et iradiiione servanda. Mansi, IV, 1362 D sq. Harduin, I, 1526 D. Cf. supra, p. 290, n. 2. 431 (31 juillet). 7^ et dernière session. Les évêques de Chypre demandent leur autonomie. 431 (Début d'août). Emprisonnement de Cyrille et de Memnon d'Éphèse jusqu'en octobre. Composition de l' Explication des 12 chapitres. 431 (13 août). Lettre d'un groupe d'évêques présents à Constantinople manifestant leur sympathie aux Pères d'Éphèse. A. C. 0. I, 1, 3,. 98, p. 42-43 ; Mansi, IV, col. 1450. A la fin de l'année 431 ou au début de 432, Apologeticus ad Imperaiorem, justification de la conduite de Cyrille à Éphèse. A des dates difficiles à préciser suivirent : le célèbre dialogue Quod unus sit Christus, un traité Adversus nolentes confiieris. Virginem esse Deiparam. Cf. P. G. 76, 259-292. 431 (11 septembre). Députation du concile et du conciliabule à Ghalcé- doine. Les députés orientaux présentent un symbole à l'empereur. 431 (25 octobre). Sacre de Maximien comme évêque de Constantinople en remplacement de Neatorius et en présence des délégués cyrilliens. d'Éphèse. Cf. Socrate, H. E., VII et XXXVII. 431 (31 octobre). Cyrille rentre à Alexandrie et répond aux lettres de communion du nouveau patriarche de Constantinople. 431 (15 mars). Lettre du Pape Célestin aux évêques, à l'empereur Théo- dose, à Maximien, au clergé de Constantinople. 432 (16 juillet). Mort du pape Célestin. 432 (31 juillet). Sixte III, successeur de Célestin, félicite Flavien dé- Philippe. A. G. 0. I, 1, 7, 99, p. 143. INDICATIONS CHRONOLOGIQUES 445 -432 (31 juillet). Lettre de Sixte à Cyrille d'Alexandrie. A. C. 0. I, I, 7, , p. 143-145 ; Epp. 1-2. P. L. 50, 583-589. Mansi, V, 374, 375. Dans le courant de l'année 432, conciliabule des Orientaux â Tarse et à Antioche. Ils écrivent à Cyrille qui leur répond. Division dans le camp des Orientaux. a) Alexandre d'Hiérapolis, Maxime d'Anazarbe, Helladius de Tarse, Euthérius de Tyane, Himerius de Nicomédie se déclarent obstinément opposés à toute relation avec l'Égyptien ; b) André de Samosate et Théodoret de Cyr, influencés par Acace deBérée, doyen de l'Episcopat, se montrent plus conciliants, mais refusent de souscrire à la déposition de Nestorius. Cf. Syno- dicon, LX ; c) La majorité des évêques orientaux avec Jean d' Antioche et Acace de Bérée désirent la paix immédiate. Schwartz, Neue Akiensiûcke, p. 65-66 ; Synodicon LXXX. Paul d'Émèse part pour Alexandrie en vue d'une médiation. A son arrivée à Alexandrie, les négociations n'obtiennent pas encore plein succès, -432 (Décembre). Paul d'Émèse rédige pour son propre compte un acte par lequel il reconnaît Maximien comme évêque de Constantinople, professe le Théolokos^ anathématise la doctrine de Nestorius ; Cyrille lui rend sa comumnion. 432 (25 décembre). Paul d'Émèse prend la parole dans l'église d'Alexan- , drie. 433 (1er janvier). Même chose. Mansi, V, 293-301. A. C. O. I, I, 4, 124- 125, p. 9-11. 433 Paul d'Émèse revient à Antioche présenter à la signature du Patriar- che Jean un document préparé par Cyrille. 433 Signature du symbole d'union. P. G. 77, 176-177; Mansi, t. V, col. 781-783. Cf. supra, p. 12, 142, 507, 528. ■ 433 Retour de Paul d'Émèse à Alexandrie, avec des lettres d'accord de Jean d'Antioche. Cf. Epist. 38. 433 (31 juillet). Arrivée à Rome d'une lettre de saint Cyrille annonçant que l'union est faite. Cette date coïncide avec l'anniversaire de l'ordination de Sixte III. 433 (15 septembre). Le pape répond à Cyrille et à Jean d'Antioche qui lui avaient écrit pour lui annoncer la bonne nouvelle de la paix. Cf. supra, p. 365, n. 1. 435 Mort de Rabbulas, évêque d'Édesse. - 436 Le comte Irénée suit Nestorius dans son exil à Petra. Vers cette époque Cyrille fait un voyage à Jérusalem où il apprend qu'on traduit et divulgue partout les écrits de Diodore de Tarse et de Théodore de Mppsueste. Ep. 70, P. G. 77, 341, 446 INDICATIONS CHRONOLOGIQUES 438 (environ). Traité de Cyrille Contra Diodorum el Theo.dorum. 440 Mort de Sixte III, avènement de saint Léon I^r le Grand (t 461). 441 Mort de Jean d'Antioche. Domnus son neveu lui succède. 443 Le comte Irénée est appelé par Domnus à l'épiscopat et placé sur le- siège de Tyr. 444 (27 juin?). Mort de Cyrille d'Alexandrie. 446 Mort de saint Proclus, d'abord évêque de Cyzique, puis de Constan- tinople. 448 Déposition du comte Irénée. Il est remplacé par Photius, ardent nestorien. Irénée écrit sa Tragedia que transforme plus tard. Rusticus, neveu et secrétaire du pape Vigile. 448 Synode de Constantinople. Procès d'Eutychès. 449 Pseudo-Concile ou brigandage d'Éphèse. 450 Recueil de textes patristiques composé par saint Léon : trois textes. sont de Cyrille. 451 Concile de Chalcédoine. .4e œcuménique contre les monophysites. Excommunication de Rusticus par le Pape Vigile. 452 (24 juin). Le pape Léon dénonce dans une lettre à Paschasinus, évêque de Lilybée, le jeu des Eutychiens qui abritent leur hétéro- doxie derrière la formule cyrillienne : l'unique nature du Dieu. Verbe Incarné. • 452 Attila est arrêté par saint Léon le Grand. 455 Sac de Rome par Genséric. ^ 455 Mort de Julien d'Éclane en Sicile. 476 Chute de l'Empire d'Occident. 489 Par ordre de l'empereur Zenon, suppression à Édesse de l'école des- Perses. 529 Concile d'Orange contre les Sem^i-Pélagiens. 531 Conférence de Constantinople, sous Justinien. ' Les Sévériens se réclament à tort de Cyrille. 534 (mars). Lettre de Jean II sur Vunus de Trinitate passas est. Citation du 12® anathématisme. 543 Édit de Justinien contre Origène. 553 Concile de Constantinople dit des trois chapitres (5^ Concile œcumé- nique). Rusticus réagit contre ce concile en défendant la mémoire de Théodoret dans son Synodicon. P. G. 84, col. 131-864. 634 Lettre d'Honorius I^r à Serge, Patriarche .de Constantinople sur les- deux volontés et les deux opérations dans le Christ. 641 Lettre de Jean IV sur le sens de la lettre d'Honorius au sujet des deux volontés. 649 Concile de Latran contre les monothélites sous Martin I^r. L'inter- prétation de la formule «l'unique nature » est de tendance chalcé- INDICATIONS CHRONOLOGIQUES 447 donienne ; elle vise à maintenir la distinction des natures dans l'unité de la personne du Christ. Le concile affirme la réalité de la nature humaine assumée et repousse l'assaut du monothélisme. Harduin, III, 922 sq., canon 5. 680-681 3^ Concile de Constantinople (6^ œcuménique, contre le mono- thélisme). Cf. Mansi, 11, col. 635 sq. ; Harduin, 3, 1397 et sq. 692 Concile Quinisexte (in Trullo). C'est à cette époque qu'il fa;Ut placer la naissance et le progrès de l'islamisme en Orient: 571, naissance de Mahomet; 622, fuite ou hégire de Mahoinet; 632, mort de Mahomet; 641, prise d'Alexandrie par les Musulmans. NOTE B Citations d'auteurs profanes danâ le « Contra Julianum » Les citations d'auteurs profanes dans l'ouvrage de Cyrille intitulé : "YtcÈp tvîç TÔiv XpiaTiavwv sùayouç Spvjcrxetaç Tupoç tou sv àôéotç 'louXiavou, Pour la sainte religion des chrétiens contre les livres de l'athée Julien^, sont très nombreuses ; j'en ai compté soixante-dix. L'empereur Julien -avait en 363 écrit « trois livres contre les évangiles et les chrétiens » ^(contre les Galiléens) qui avaient encore une influence néfaste au v® siècle^. Cyrille jugea nécessaire de réfuter l'empereur apostat^. Les dix livres cyrilliens que nous possédons ne s'occupent que du premier livre de Julien*. Dans le premier livre du Contra Julianum, Cyrille souligne que Moïse ■est plus ancien que tous les sages de la Grèce ; ce que ceux-ci ont dit de juste sur Dieu et la création a été emprunté à Moïse ; par les seules forces ■de la raison et sans le secours d'en haut, ces penseurs n'auraient pu découvrir ces vérités. — Cyrille répète sur ce point ce qu'avaient déjà •dit les apologètes des ii® et iii^ siècles. Comme le pseudo-Justin, il rappelle le prétendu séjour de Pythagore et de Thaïes en Egypte^, les paroles du prêtre égyptien Solon mentionnées dans le Timée, la venue en Occident ■d'Hellade «colporteur» de l'alphabet cadméen, l'admiration de Solon et ■de Platon pour les écrits de Moïse ; il cite enfin le nom de plusieurs .historiens qui ont parlé avec éloge du législateur hébreu^ (1) P. G. 76, 503-1064 et Neumann-Nestle, p. 42-63, 64-87. (2) Pour le contexte historique, on peut consulter outre les Patrologies et les histoires •de l'Église indiquées dans notre bibliographie, Paul Allard, Julien VAposlal, t. III, jp. 107-123 ; P. DE Labriolle, La réaction païenne, Études sur la polémique antichrélienne du /ei au F/o siècle. Paris, L'Artisan du livre, 1934. P. Reggazoni, Studi di Littérature ■e Storia Cristiana antica, nova série (anno VI, 1928, fasc. III, p. 114) dans Didas- jkaleion. (3) P. G. 76, 508. (4) Cf. Nbumann, p. 102 sq. (5) P. G. 76, 324. ,(3) P. G. 76, 526. ÉCRITS ORPHIQUES ET HERMÉTIQUES 449* Si les chrétiens, écrit Cyrille dans le livre II du Contra JuUanum, ont préféré la doctrine des Hébreux, la raison en est simple : les Hébreux adoraient le vrai Dieu; les Grecs n'ont su iitventer que des fables mons- trueuses; d'ailleurs, les Hébreux ont des hommes aussi éminents que les Grecs: Si les Hébreux l'emportent sur les Grecs, les chrétiens à leur tour dépassent les Hébreux autant que la loi nouvelle dépasse l'ancienne ; celle-ci n'était — Cyrille avait déjà développé cette pensée dans le DeAdo- ratione in spiriiu et veriiate — qu'une simple préparation et qu'ua achemi- nement vers le culte spirituel. ' , En défendant juifs et chrétiens contre les attaques de Julien, Cyrille se plaît à faire un grand nombre de citations d'auteurs profanes non point par snobisme littéraire, ou par procédé de rhétorique, mais pour réfuter leurs erreurs et souvent aussi pour trouver chez les profanes comme une annonce, un pressentiment ou une confirmation de la vérité chrétienne ; il se lance ici sur la route d'un concordisme apologétique, il faut l'avouer d'ailleurs, plus ou moins solidement fondé. Le lecteur du Contra JuUanum par les citations d'auteurs profanes est invité à remonter jusqu'aux débuts de l'époque homérique^. Devant ses yeux défilent un peu pêlie-mêle. les plus grands hommes de l'antiquité classique : Hésiode [P. G. 76, 581, 616), Eschyle,. Sophocle (549 C, 1053), Euripide (768, 808), Hérodote (616) ; Démocrite (572), Socrate (776), Thucydide, Xénophon (552 A, 776), Thaïes de Milet (324, 523, 545 A, 548 A, 572), Anaximandre (545iB, 548 A), Anaximène (511) ; Diogène (572), Pythagore (324, 511, 523, 548 A, 572, 572, 633, 961, 1025), Xéno- phane (571), Empédocle (511, 604, 872), Aristobule (705), Solon et Lycurgue (756, 757, 760, 761), Aristoxène (781) et j'en passe. Cyrille cite aussi en passaht un distique inscrit sur le Temple d'Épidaure^. Les écrits « orphiques » sont allégués à plusieurs reprises^. Voici l'une: des citations les plus importantes. : Oôpavov ôpxt^tù os, ©sou [XsyàXou cocpèv ëpyov, AùSîjv ôpxt^û) CTS HaTpéç, ^v qjôéy^aTO TrpcoTOV, 'Hv^xa x6(T(xov àvravTa saïç anQpt^aTO pouXatç*. (1) ^mVlliade etVOdyssée, cf. Contra JuUanum, P. G. 76, 541 C, 544, 56, 613, 632;. 633, 692, 792, 848. (2) P. G. 76, 977. (3) Vg. P. G. 76, 541 A ; Hermelica, W. Scott and A. S. Ferguson, vol. IV, p. 192. (4) P. G. 76, 552 C ; Hermelica, vol. IV, p. 202 ; Kern, Orphicorum fragmenta îr. 299 ; Abel, Orphica, 770 ; Lobeck, Aglaophamus, p. 737. Pour les citations d'écrits. « orphiques » chez les prédécesseurs de Cyrille, cf. A. Faux, in Bévue d'histoire ecclésiastique, t. XXVI, p. 931, p. 45 sq. et Hermetica, vol, IV. 450 CITATIONS d'auteurs profanes dans le «contra julianum » Le nom d'Hermès Trismégiste revient aussi fréquemment sous la plume de Cyrille^ et c'est un problème épineux que celui de savoir ce que ce nom recouvrait dans sa pensée, à quels textes originaux ou à quels intermédiaires plus ou moins sûrs, notre auteur a eu recours pour ses citations des Hermeîica. Dans son étude sur l'Hermétisme 2, le P. Lagrange note que Cyrille a connu quinze livres hermétiques^, différents de ceux que nous possédons. «Il a connu aussi le livre XIV de Parthey. Cette ■collection, ajoute l'émiuent exégète dominicain, composée à Athènes, était sûrement teintée de christianisme, à moins que Cyrille n'ait exagéré les rapprochements d'une manière invraisemblable »*. La publication, en avril 1936, du quatriènie volume des Hermeîica, apporta une nouvelle et importante contribution à l'étude des Testimonia chez Cyrille^. A. S. Ferguson, le distingué professeur dé l'Université d'Aberdeen, a continué et achevé l'œuvre considérable entreprise par Walter Scott ; ce qui nous a valu de nouvelles précisions sur ce sujet^. * Platon a été souvent cité ou allégué par Cyrille. Nous voyons que ses ouvrages sont exploités, surtout le Symposion, Phédon, Phèdre, le Sophiste, la République, les Lois''. Dans ses rapprochements entre Christianisme, Platonisme et Néopla- tonisme, Cyrille ira jusqu'à dire que lorsque Platon parlait de l'âme du monde, c'était du Saint-Esprit, animateur et vivificateur, qu'il s'agissait^ Cyrille fait quelquefois mention d'Aristote. Il l'appelle «ô aÙTOu tou nXaTcovoç ^otTiQTvjç » (601, 545 B). Ailleurs notre auteur chapitrera les hérétiques «qui ont toujours le nom d'Aristote à la bouche et tirent beaucoup plus de gloire de sa doctrine que de la connaissance des Saintes Écritures»^. Analysant quelques-unes- de ses expressions, certains (1) 548 A, B, 549, 552 D, 556, 580 B, 585, 597, 701, 920. (2) Revue Biblique, t. 33, 34 et 35. (3) Contre Julien, I, 30, P. G. 76, 548. (4) Cf. Revue Biblique, t. 33, p. 493 ; t. 34, p. 388 sq. (5) Cf. p. 191-227. (6) Je signalerai en particulier VAdversus Anlhropomorphilas (?) 1117 A, vol. IV, ■226 ; les Analecla e Cyrillo, vol. IV, 225-227 ; Contra Julianum, excerpta, 541 A- 556 D, 580 A-581 A, 585 D-588 D, 597 D-600 B, 700 B, 700 D-701 B, 769 A, B ; 920 C-921 B. Vol. IV, 191-224. (7) 588, 589, 526, 536, 548, 561, 573, 588, 589, 590, 601, 609, 613, 617, 624, 676, ■741, 773, 776, 785,881. (8) Cf. P. G. 76, 921 D. (9) Trésor, P. G., 75, 148. ARISTOTE , 451 historiens ont cru que Cyrille avait été influencé par la théorie platoni- cienne des idées ou, du moins, qu'il avait formulé sa pensée, en transposant un thème platonicien ; il faut avouer que ses expressions sont particuliè- rement floues sur ce point ; l'évêque d'Alexandrie identifie parfois les idées de Platon avec les « dieux intermédiaires » et se réjouit de ce qu'Aristote, qui ne lui est cependant pas sympathique, ait a victorieuse- ment » réfuté la théorie platonicienne. Les néoplatoniciens n'étudiaient pas exclusivement Platon^ mais par TIsagoge de Porphyre, les catégories d'Aristote leur étaient rendues familières. Eusèbe^ et Théodoret^ signalent que les artémonites invo- quaient parfois l'autorité d'Aristote. La philosophie du Lycée, qui ne fut pas sans influence sur ce qu'on a •coutume d'appeler !'« École d'Antioche », pouvait aussi de ce chef trouver «n adversaire dans l'évêque d'Alexandrie. Le P. de Ghellinck ne signalait-il pas naguère combien l'on rencontre souvent «le nom d'Aristote associé à tous les excès dialectiques des Ariens et des Anoméens? »^. Après Aristote, notons en passant les noms d'Alexandre «'AptffTOTsXouç (xaÔYjTTjç » (725), de Seleucus (572),, de Denys d'Halicarnasse (796), du grand Plutarque « àv>]p tûv Tcap'aÙTOtç oùx àcnjfxoç yeyovdix; » (545 B, .580 A, 569, 609, 908, 913...). Dans cette sèche énumération doivent se ranger aussi les Stoïciens (545 B, 572), nommément Zenon de Kition (586) et les Épicuriens (572), Une place plus grande doit être faite à l'École néo-platonicienne dont j'ai déjà parlé, surtout à Plotin, « 9tXoJ^7)T7)T73<; oiv àyav, xal Sià TcàoTQÇ, caç ETcoç sÎTTEtv, iajyQ[mQic(.ç, èXïjXaxtoç (917 D, 604 B, 724 AB, 917, ■921, 924, etc.). C'est après avoir cité Plotin [Ennéades, VI, 6) que Cyrille, au livre VIII ■du Cohira Julianum, essaye de percer le mystère de la génération divine ■et de préciser la relation qui existe entre le générateur et l'engendré*. Plotin a-t-il dit vraiment ce qu'on lui fait dire ; sa doctrine authen- tique témoigne-t-elle vraiment en faveur de la consubstantialité ? (1) H.E. V 27, p. G. 20, 215. (2) Graecaram affeciionum curalio, V, P. G. 83, 939. (3) Cf. Quelques mentions de la dialectique stoïcienne dans les conflits doctrinaux du IV° siècle in Philosophia perennis, t. L, p. 57 et Quelques appréciations de la dialectique d^ Aristote durant les conflits triniiaires du IV'^ siècle dans fieyue d'histoire ecclésiastique, 1930, p. 5-42. (4) J'ai cité une traduction du texte, supra, j). 43. Dans le VIII« livre du Contra Julianum, on trouve six extraits du Trepl twv rpiwv ÔTroaTàasfov sur la question, trinitaire. Un septième extrait (V, 1, 9, 5-7) se trouve au L. II du Contra Julianum, J*. G. 75, 604, mais ne concerne pas le problème trinitaire. 452 CITATIONS d'auteurs profanes dans le «contra julianum» R. Arnou et P. Henry ont. solidement prouvé qu'il n'y a chez Plotin. aucune trace de la doctrine de la consubstantialitéi. J'ai mentionné plus haut le nom de Porphyre. Cyrille le cite en effet fort souvent 2. Et nous avons vu plus haut dans la première partie du présent ouvrage un texte sur l'Unité divine de V Histoire des Philosophes^. Cyrille allègue aussi Porphyre à propos du dogme de la Trinité. Si Hermès Trismégiste fait mention du Verbe divin et du Saint-Esprit dans- son « Troisième Discours à Asclépius », si « Orphée » parle de la « Voix » du Père qui se fait entendre dans la création de l'Univers, Porphyre,, dans son Histoires des Philosophes enseigne que du Bien provient une « Pensée » subsistante qui contient tous les êtres ; ce serait d'ailleurs aussi la pensée même de Platon. Sans doute le dogme de la Trinité est un mystère inaccessible à l'intel- ligence humaine* ; mais il ne contredit point l'unité qu'exige la vraie^ notion de Dieu. Les néoplatoniciens eux-mêmes l'avaient entrevu, eux qui, comme Plotin ou Porphyre, affirmaient, fortement l'unité, tout en ayant dans leur doctrine de la Triade comme un pressentiment du dogme trini- taire. . ; N'est-ce pas ce que les Chrétiens disaient eux aussi ? . Pourquoi trouves-tu donc ridicule leur croyance en la Trinité ? Le P. Henry a montré que dans son désir de rapprocher la triade plotinienne de la Révélation chrétienne, Cyrille, entraîné par ses préoccu- pations apologétiques, a remanié sans scrupule quelques textes. Dans la transcription du passage des Ennéades (V, 1, 6, 50-53), il change {aovol en Iv et to (5cpiaTov en àoptaTov. Cette manière d'agir un peu cavalière est extrêmement rare chez l'évêque d'Alexandrie et sans doute unique.. M. J. L^on a victorieusement montré le grand soin que Cyrille met. à retrouver et à citer la vraie pensée de saint Athanase^ et le souci qu'il. (1) Cf. à ce sujet R. Arnou, La Séparation par simple allérilé dans la Trinité ploti- nienne, dans Gregorianum, t. XI, 1930, p. 181-193 et D. T. C, art. Platonisme chez les- Pères, col. 2324, 2327, 2329. et surtout P. Henry, dans son remarquable ouvrage Les étals du texte de Plotin, Desclée de Brouwer, 1938, p. 135 et 136. Du même auteur, But. écrit, él. plot, dans Nouv. Bévue théol. 1932, p. 733. (2) 529, 544, 545, 549 A B, 552, 553, 593, 620, 629, 633, 645, 689, 697, 700, 753, 756,. 776, 784, 817, 916, 941, 972, 977, 1024. (3) Contre Julien, L. I, P. G. 76, 549. J'ai cité ce texte p. 84. (4) Dialogues sur la Trinité, II, P. G. 75, 756 D. ]IaYX<^^s7U0V, & 'Epjjieta, xal. SuoSteÇtr/jTov xoçiiSy) t6 xçrf\\j.à èoTi, xal toîç 6x1 tAocXtaxa xarByXoTTiafiévoiç àoTiSèç; elneiv, fiSXXov 8è xal aÛT6 rà ouvtévai. (xôcXXov. N^ ts Yàp §•/) xà ÛTc'èp vouv o^x àXçî>- 0ifza, XÔYfp Te rà ÙTrèp Xéyov Sta-rpavoCv oùx ëveoTiv. (5) Cf. Altération doctrinale de la lettre à Epictète de S. Athanase, dans Revue d'Histoire' ecclésiastique, t. XIX, 1923, p. 481-506, t. XIX, 1923, p. 481-506, t. XX, 1924, p. 5-37., CITATIONS d'auteurs PROFANES DANS LE « CONTRA JULIANUM » 453 a de se rendre compte de la position exacte de Nestorius^. Ce remaniement du texte des Ennéades^ finement noté par le P. Henry, prouve du moins que Cyrille est parfaitement conscient de la distinction des deux doctrines, chrétienne et plotinienne. Ces quelques indications donnent une idée de l'importance des citations •d'auteurs profanes ou des allusions à leurs écrits que l'on trouve dans le Conira Julianum ; il ne rentre évidemment pas dans le cadre de notre ■étude sur le Dogme et la Spiritualité chez saint Cyrille de disserter d'une jnanière exhaustive sur les sources de notre auteur. Mais cette note sur les citations profanes, la note qui la suit sur l'argumentation patristique •dans la controverse nestorienné, le chapitre II de notre cinquième partie •sur les sources scripturaires de la Spiritualité cyrillieniie sont déjà plus -qu'une ébauche d'une étude de ce genre. Nous souhaitons vivement qu'un tel sujet tente quelque jeune travailleur ; il est certain que les amis de la Patristique grecque accueilleront avec un vif intérêt une monographie approfondie sur les «sources» de l'évêque d'Alexandrie, scripturaires, patristiques et profanes. (1) Autour de la définition de la foi au concile d'Éphèse, dans Ephemerides theologicae JLoyanienses, juillet 1931, p. 393-41 . NOTE C L'argumentation patristique dans la controverse nestorienne^ L'importance de l'argument patristique dans la controverse nestorienne a été fréquemment signalée ; on voudrait simplement ici utiliser les travaux d'approche précédemment parus et pousser quelques pas plus- avant une enquête qui, jusqu'à présent, n'a pas été menée très loin. Exposer l'argument patristique qui se trouve dans les Actes mêmes du Concile d'Éphèse de 431, puis l'argument patristique en dehors du Concile, tel sera notre premier objectif ; on s'efforcera ensuite de déter- miner quelle est la valeur, aux yeux des orthodoxes, de l'autorité doctri- nale des Pères à cette époque. Pour déblayer le terrain, il importe au préalable de préciser au moins- succinctement ce qu'on entend par la dénomination «XlaT/jp ». Il convient, aussi de se demander si l'argument patristique se distingue déjà de l'argument de tradition considéré en général, et si réellement, au cours de la controverse nestorienne, apparaît pour la première fois l'argument patristique dans l'histoire de l'argumentation théologique ^. (1) Cette note a paru à peu près textuellement dans les k Recherches de Science- religieuse ». année 1935, tome XXV, p. 441 à 461 et p. 531 à 560. (2) « Les florilèges dogmatiques ont commencé avec les derniers temps de la période de l'apogée patristique : les polémistes ariens, comme les défenseurs de l'orthodoxie, avaient dressé l'inventaire des textes bibliques qu'ils utilisaient à l'appui de leurs positions. Saint Grégoire de Naziance {Oral. ThéoL, III, i), entre autres, connaissait un recueil de ce genre, un isagogicon, qui circulait chez ses adversaires de Constantinople et qu'ils répandaient dans les maisons des catholiques, et trente ou quarante ans plus tard, saint Augustin [Trinil., II, 13) parle d'un recueil analogue, en faveur- cette fois de la théologie du Saint-Esprit. Mais l'appel à l'argument de tradition sous forme de long dossier patristique n'apparaît que plus tard, surtout au moment des grandes controverses christologiques. » J. de Ghellinck. Diffusion, ulilisalion eî trans- mission des écrits palrisiiques dans Gregorianum, sept. 1933, p. 385. LES PÈRES 45& ■ * Le terme « Père » a eu des a;6ceptions bien diverses. L'Ancieii Testament ^compare volontiers la relation qui existe entre les maîtres et les disciples â la relation qui existe entre les pères et les fils. La même cDn,statation ■peut être faite dans le Nouveau Testament : qu'on relise, par exemple, les paroles de saint Paul aux Corinthiens et aux Galates^. Cette façon de ■s'exprimer s'est conservée dans les siècles suivants. Ainsi, à la fm du deuxième, on trouve sous la plume de saint Irénée^ cette affirmation que celui qui a été éduqué et instruit par Un autre jpeut en être dit justement le fils : « Qui enim ab aliquo edoctus est verbo, filius docentis dicitur, et illè ejus pater ». Un peu plus tard. Clément d'Alexandrie écrira : «licùiTixa TCôCTépàç toùç xaTTjXYjcravTàç ^afiev^ ». Et voici comment, parlant de Oément d'Alexandrie et de Pantènè, s'exprime l'éveque de Jérusalem, Alexandre, dans une lettre adressée à Origène* : « Ce fût, en effet, aussi la voloilté de Dieu, comme tu sais, que depuis le temps de nos aïeux, notre amitié demeurât inviolable, et, bien mieux, qu'elle devînt plus ardente et plus forte. Nous connaissons ces bienheureux Pères qui nous ont précédée ■dans le chemin et vers qui nous irons bientôt (Tcaxépaç yàp taiiev ttoùç {Xaxap^ouç èxsivouç toÙç îrpobSsùcyavTàç, Tcpôç oÔç [ist ôXCyov èCTOjjieôa); Pantène, qui est vraiment bienheureux et maître et qui m'a secouru, et (1) I Cor., IV, 14 : âç xéxva (jiou àyaTOjTà vouôerôiv. Gai., IV, 19 : Téxva \lo\>, •oôç TcdéXiv ùi8Lv<ù. (2) Iren. Adversus Hœreses, IV, 41, 2. P. G., 7, 1115, et Harvey, t. II, L. IV, c. LXVII, p. 304. (3) Clem. Alex. Slromales, l, 1, 3; P. G., 8, 688 ; éd. Otto Stahlin, t. II, p. 3. Lire dans Migne la note 35, col. 688, où sont indiqués quelques textes sur le sujet qui nous occupe. Par exemple, Chrysostome dans son homélie II : « Où rô aneipai Tzoïeï izaxépx ■(jl6vov, àXXà xal xb TcatSeuoai xaXcoç » : non solum seminasse patrem eiïïcit, sed etiam prœclare instituisse. Aussi saint Paul a-t-ilpu dire (/ Cor., IV, 15) : « 'Eàv yàp jjiuptouç KaiSaY<ûYo\Sç Mxvjts èv XpioTtf», àXX' o^ tcoXXoùç TcaTÉpaç ' èv yàp XpiaTCjJ 'Ittoou Sià ToC EùayYeXbu èyà ôfxaç syévvTjoa. » Clément d'Alexandrie a lui-même glané un bon nombre de textes : Strom. III ; Stahlin, p. 195 sq. Cfr. Slrom. VI. Comme, chez les Juifs, les maîtres aimaient à être appelés « Père » par leurs disciples, le Christ voulant mettre en relief l'unique magistère divin a pu dire : « *T(jLeïç Se jxt] xXy)6î)ts pa66î * eTç yâp êoTiv û[j(.ûiv ô SiSocoxaXoç, Tzdvxeç 8è û(xeîç àSsXçoC êcxe. Kal TraTÉpa \i^ xaXéaTjTE ôfxôiv èni x^ç y7)ç * etç yàp èartv ûficov ô 7uaT7)p ô oôpdcvioç, (j!.7]Sè xX7)69)Te otaôifjyTQTat, ôti xa67)y7)T7)ç ûfxtùv èariv eïç ô Xpiàxoç. » Matth., XXIII, 9. Plus tard, Maïmonide, dans son traité De Studio legis, c. I : Preecipit Scriptura, dicens : Ea flliis sais répètes : Ex traditione sciendum est, in isto textu intellîgi discipulos tuos ; discipuli ienim passim et sseplssime filii vocantur. Ita in II Reg., 13 : « Tune egressi filii prophe- tarum ». . (4) ÉusÈBE, H. E., 6, 14, 9. Je cite la trad. française d'Emile Grapin. Cfr. Textes dd documents. Hemmer et Lejay, t. II, p. 197, 456 ARGUMENTATION PATRISTIQUE tel autre encore. Par eux, je t'ai comiu, toi en tout excellent, mon seigneur et frère ». Dans les premiers siècles, on désigne souvent les évêques par l'appel- lation « Tcarépeç ». Dans le Martyre de Poly carpe, païens et juifs- expriment en ces termes leur haine contre l'évêque de Smyrne : « Celui-ci était maître de l'Asie, père des chrétiens » (ô TÎjç 'Aalaç SiSàoxaXoç, 6 Tcar^jp Tcov XpiCTTiavcov)^ Le vocable « TraTta » se trouve étroitement apparenté à celui de «Tcain^p »^. On le rencontre souvent au début danS' la littérature latine chrétienne, aussi bien que dans la littérature grecque. Ainsi, certaines lettres adressées , à saint Gyprien portent cet en-tête : « Gypriano papse »^. Denys le Grand désigne sous le nom de pape son prédécesseur immédiat sur le siège épiscopal d'Alexandrie : « Toutov èyoi xhi\f xav6va xal tov ttSttov Trapà tou [xaxapbu TraTia -^(xcov *HpaxXa TcapsXaêov ». Ge terme tzqutzol a commencé au- vi^ siècle, en Occident, à être réservé à l'évêque de Rome ; en Orient, l'acception large se conserva plus longtemps^. La raison pour laquelle ces vocables « Trax-i^p ou izomoc » sont attribués aux évêques n'a guère besoin d'explication : en tant que chef de la communauté, l'évêque est comparé au père de famille. Au IV® siècle, surtout dans les controverses sur la foi orthodoxe, on parle couramment des « Pères »^. Grégoire de Naziance, par exemple, se vante d'avoir conservé intacte la doctrine qu'il a reçue des saintes Écritures et des saints Pères : ^ç ^xcuora Tcapà tcov Ge^cov XoyJûiv, ifjv èSiSàj^ÔTjv -nrapà tcov àyioav IlaTrépûiv^. Ghez Gyrille de Jérusalem'^, il s'agit des saints Pères et des évêques déjà morts ; on les distingue des martyrs. « Pères et évêques » sont pour ainsi dire un « sv Sià Suotv ». Athanase écrit à propos des membres du Concile de 325^ : « Si ces Pères de Nicée déclarent le Fils consubstantiel au Père (ëypa^iàv. ôfxooiCTiov tco Ilarpl (l)Marî. s. Polijcarpi, 12, 2.— Paires Aposîolici, F. X. Funk, t. I, p. 326.— Hemmer et Lejay, t. III, p. 145. (2) Pourl'étude du mot Tcar'iQp, de ses dérivés et de ses composés, cf. E. J. Goodspeed Index Apologelicus, Leipzig, p. 219 ; et, du même auteur, Index Palrislicus, p. 189. Pour la littérature latine, on trouve parfois au mot « pater » d'utiles indications dans les index lexicographiques de Migne et du Corpus Scripîorum Ecclesiasticorum Laiinorum de l'Académie de Vienne. (3) Cypr. Ep., 30, 31, 36. Trad. fr. du chanoine Bayard dans Coll. Budé, t. I, 1925, p. 71, 77 et 89. (4) P. DE Labriolle, Une esquisse de l'histoire du mol « Papa » in Bulletin d'ancienne liiléralure et d'archéologie chrétienne, î, 1911, 215-220. (5) EusÈBE, H. E., 7, 7, 4 ; Hemmer et Lejay, t. II, p. 307. (6) Grég. Naz. Or., 33, 15. P. G. 36, 233. (7) Cyr. Jérus.j Caîech., 23, 9. P. G., 33, 1116. «EÎTa xal ÔTrèp tcov 7Cpoxexot(j,Y)(ji,£Vov âyitùv IlaTspwv, xal èrnoxo-rcoiv, xal uàvTtûV àîtXtùÇ tôv èv "Jjixïv 7rpoxexoi[X7)[J!,évtùv. » (8) Athanase, Epist. ad Afros, c, 6 ; P. G., 26, 1040. CONCILES DE NICÉE ET DE CONSTANTINOPLE 457 riv Yî6v), ils n'ont pas inventé ces formules, mais ils s'appuyaient sur les témoignages des Pères (oùx êaurotç eôp6vTeç ràç XéÇetç, àXX* Ix TcaTépcùv îyoviec, tÎjv fxapTUptav), et parmi ces Pères, il faut d'abord citer deux évoques morts (sTciorxoTroi àp^octoi),; Denys de Rome et Denys d'Alexandrie, qui avaient déjà défendu la consubstantialité du Fils ». Athanase interpelle erisuite les Ariens : « Gomment pouvez-vou9 repousser le concile de Nicée, puisque vos Pères l'ont accepté. De qui sont-ils les héritiers et les successeurs? Comment pouvez-vous appeler^ Pères ceux dont vous ne recevez pas la confession? ». Athanase ne donne le nom de «Pères» qu'aux évêques, et surtout aux évoques décédés. Ces indications sur la notion de « Paternité » dans la foi avant la contro- verse nestorienne n'étaient pas inutiles ; elles aident à voir quel sens a le mot «Père» à cette époque. La question terminologique est suffisam- ment tirée au clair pour qu'on puisse procéder maintenant à une enquête sur la preuve patristique elle-même. * Est-ce au cours de la controverse nestorienne qu'apparaît pour la première fois la preuve patristique dans l'histoire de l'argumentation théologiqûe ? Il est certain que Cyrille d'Alexandrie prit l'initiative de recueillir des extraits dogmatiques, en vue de prouver ses thèses et de justifier l'inter- prétation qu'il donnait de la profession de foi nicéenne ; il suffit de lire les Actes de la première et de la sixième séances et le De recla fide ad Beginas pour s'en convaincre. Cependant, l'argument patristique était déjà certainement en usage avant la tragédie de Nestorius : l'histoire du Concile de Constantinople de l'an 383 en est une preuve. D'après Socrate^, on interrogea les Macédoniens pour savoir s'ils youlaient ou non s'en tenir à la doctrine des Pères qui vivaient avant que se proçluisissent les divisions doctrinales dont on souffrait. L'évêque de Constantinople, Nectaire, aux prises avec les hérétiques orientaux, se trouvait exposé à ces risques et périls qui accompagnent toujours les conférences contra- dictoires ; d'autant plus que le patriarche était homme pieux et religieux, mais peu entraîné aux joutes théologiques. Nectaire chargea son lecteur Sisinnius de prendre part à l'argumentation. Sisinnius était fort versé dans les Saintes Lettres, mais aussi dans la philosophie dialectique ; et, en homme d'expérience, il savait que de telles argumentations n'aboutis- saient généralement à rien et ne faisaient même d'ordinaire qu'accentuer les divergences ; aussi, eut-il l'idée de changer de tactique. Il fit part à (1) SocRATE, H. E., Lib. V, cap. X. P. G. 67, 584 sq. 458 ARGUMENTATION PATRISTIQUE Nectaire de sa manière de voir ; il lui rappela que les anciens Pères n'avaient jamais attribué au Fils un commencement dans le temps et qu'ils le considéraient comme coéternel au principe inengendré. Impossible de mettre en doute ce point de leur enseignement. A quoi bon, par consé- quent, toutes ces disputes dialectiques? Il est préférable de les éviter (au[x6ouX£tI»ei cpuyetv (jlÈv xàç SiaXexTtxàç (Ji,à%aç), et de produire les com- mentaires des anciens Pères en témoignage ([xàpTUpaç Se xaXsasiv xàç èxSooeiç TÛv TraXaicov). L'empereur, en somme, n'a pas d'autre ligne de conduite à tenir que celle-ci : interroger les chefs des différentes sectes pour- savoir s'ils tiennent compte des docteurs autorisés dans l'Église aVant la division ou bien, s'ils les rejettent comme étant étrangers à la religion chré- tienne (rcoTepov Xoyov ttotè 7rot.ouVTat. Tciiv Trpo t^ç Siaipéffecoç sv Tyj 'ExxXy)cticjc TrpocyapfxoaàvTûiv SiSaaxàXciv, 7} àç àXXoTpiouç tou Xpt,CTTi.avi.a[xo\> 7rapaxpo\iovTat). Si les adversaires rejettent les anciens, qu'ils aillent donc jusqu'à les anathématiser, ce serait logique. Alors, ces audacieux hérétiques seront immédiatement exclus de la communauté des fidèlea et ce sera la victoire éclatante de la vérité. Que si, au contraire, les adver- saires ne répudient pas les docteurs des âges précédents, on pourra,, conclut Sisinnius, ouvrir les livres des anciens et par leur témoignage notre opinion sera confirmée (Et Se [xt] TirapaxpoiiovTat toùç àp^aiouç tcov SiSacTxàXcov, -^(xÉTepov Ictti tÔ Trapaa^e^v Tàç Pt6Xouç tcov TraXatûv^ Si' div 7) Trap' yjfxcav So^a [i.apTupTjÔYjffetai)''^. Pleinement convaincu de l'opportunité de cette méthode, le patriarche Nectaire se rendit incon- tinent au palais et communiqua à l'empereur ce qu'il venait d'entendre. Il fut écouté ; l'empereur demanda à ceux qui étaient présents s'ils adhéraient à la doctrine de ceux qui, avant leur dispute dogmatique étaient considérés comme des maîtres dans l'Église (Eî Xoyov 'é/p^'^^ xat BéjpvTdi TO. Twv Trpo t^ç Stat-péasoiç ttjç, ExxXTjcîtaç SiSacjxàXcov). « Nous les vénérons comme des maîtres », répondirent les dissidents. Alors, l'empereur insiste, il leur demande s'ils les, considèrent comme des témoins autorisés de la foi chrétienne (Tûv Se oùx àpvvjaafJLévwv, àXXà xal Tràvu Tifxav aûroùç wç xa07]y7jTàç eÎTCovrcov, a50t,ç èSYiXouv ô (BaaiXsijç, el ToijToi,ç aTOt,;^ouCTi.v à^ioiziaxoiç (jiàpTuat. tou yjpiaxiayix.ou SoyfjtaToç). Lorsque les chefs de sectes et leurs dialecticiens entendirent ces paroles de l'empereur, ils ne savaient plus que devenir et se demandaient ce qu'ils devaient faire ; impossible d'arriver à un accord... Ce récit de Socrate ne manque pas d'intérêt ; il nous montre le peu de confiance que l'on avait à cette époque dans les discussions purement spéculatives et nous indique le respect que l'on professait au cours des controverses ariennes pour la tradition des anciens Pères ; cependant, on (1) Socrate, //. E., Ibidem, col. 585 B. SOCRATEET SOZOMÈNE , 459* ne peut guère, d'après les termes de cette histoire, déterminer ce qui constituait le fondement de l'autorité des Pères ; sans doute, on abandonne les arguments, de raison pour l'argument' d'autorité, mais s'agit-il de l'autorité divine proprement dite, il serait prématuré, de le conclure. En tout cas, le fait du recours aux Pères, bien avant le déclenchement de l'offensive nestorienne, est à retenir; l'historicité du récit est d'ailleurs confirmée par une relation absolument semblable qu'on peut lire dans VHisîoire Ecclésiastique de Sozomène, les termes employés sont même parfois identiques : xaôyjyyjTàç xat SiSaaxàXouç tcùv Ispôv Aoyâv^. On pourrait inultiplier les exemples de ce recours aux Pères avant la grande querelle christologique du v® siècle. Un Latin comme saint Jérôme opposera aux Pélagiens les écrits de Cyprien et même d'Augustin^. Un Cappadocien comme saint Basile au moment de la querelle anoméenne en appellera à l'enseignement traditionnel du « Grand » Grégoire; il affirmera qu'on ne se trompe pas en suivant les traces des Pères ; il se plaindra du mépris que professe pour eux l'hérésie envahissante ; il déplorera les doctrines nouvelles qui. s'introduisent dans l'Église ; et quand il s'agira d'engager Ambroise à relever les ruines causées par l'arianismei il lui enjoindra d'enseigner la doctrine des anciens Pères^. Toutefois, dans; les exemples que nous avons donnés, dispute de Constantinople, lettres de saint Basile, ouvrages de saint Jérôme, nous ne rencontrons pas encore de florilèges proprement dits : il faudra, pour en trouver, attendre les débuts de la controverse nestorienne. * ■ * Par souci de clarté, nous ne suivrons pas ici strictement l'ordre chrono- logique*, mais nous étudierons l'argumentation patristique dans les (1) Sozomène, H. E., Vil, 12 ; P. G., 67, 1444. Il est juste de noter d'ailleurs que Sozomène ne constitue peut-être pas une seconde source. « On sait que tout en suivant Socrate d'un bout à l'autre, il s'est abstenu d'en avertir le lecteur, écrit Mgr Duchesne, de sorte qu'on ne saurait lui épargner le reproche de plagiat. » Histoire ancienne de l'Église, t. II, 4<' éd. revue. Avant-propos, p. x. Cfr. Otto Bardenhewer, Pairologie, 3"^ éd., 1910, p. 270 : « Die vieleh Parallelberichte bei Socra,tes und bei Sozomenus schienen von jeher die Abhangigkeit des einen von dem andern zu fordern. Dièse Frage ist jetzt dahin entschieden, dass Sozomenus den Sokrates in umfassendem Masse ausschrieb> aber nicht selten die von Sokrates benutzten Quellen selbst nachsah und auf Grund derselben die Angaben seines Vorgângers erweiterte. » (2) Adv. Pelagianos, I, 3, 18 et 19. (3) Basile, P. G., 32, 402. • (4) Pour l'ordre chronologique, je renvoie le lecteur aux études qui ont paru ces dernières années, surtout à l'occasion de l'anniversaire du Concile d'Éphèse. A. d'Alès, Le Dogme d'Éphèse. Paris, 1931 ; P. Galtier, Le Centenaire d'Éphèse dans Bech. Se, 460 ARGUMENTATION PATJRISTIQUE sessions elles-mêmes du Concile, puis dans les documents extra-conciliaires. Pour peu que l'on ait parcouru les principaux écrits de la controverse nestorienne^, entre autres les trois lettres de Cyrille à Nestorius, le discours aux Reines et' les Actes de la première session, on constate chez les Pères d'Éphèse la constante préoccupation de relier leurs affirmations dogma- tiques aux sources de la Révélation ; nettement s'affirme chez eux la tactique, pour montrer qu'une doctrine est orthodoxe ou hérétique, de recourir à la Tradition en général et au symbole de Nicée en particulier, qui, à cette époque, semble pratiquement un résumé de la Tradition et est admis par tous comme xavàv xîjç utcTecoç^, comme règle de foi. Mais, tout en admettant la lettre du symbole des 318 Pères, on ne s'entend pas sur le sens. Cyrille et Nestorius semblent chacun tirer le . texte à soi. Quel est en définitive le sens objectif ? Le symbole de Nicée, s'il est un critère d'orthodoxie, ne peut pas être le critère dernier ; il n'est pas l'unique et fondamentale pierre de touche de la foi, puisque lui-même a besoin d'être interprété et expliqué. Pour en saisir la véritable signi- fication, il faut consulter ceux qui en furent les auteurs et rechercher quelle a exactement été la pensée des évêques réunis jadis à Nicée et des évêques qui les ont précédés et suivis. Aussi, pour confirmer l'interpré- tation qui était donnée du symbole de Nicée dans la première session du Concile d'Éphèse, on fait lecture des textes des Pères. « Il convient que tous admettent cette sainte foi ; elle suffît, en effet, pour le monde entier. Mais comme . certains, qui paraissent la confesser, cependant en détournent le sens et l'interprètent d'une manière abso- lument arbitraire, et, en fils d'erreur et de pestilence, en corrompent la vérité, il a fallu produire les sentences des saints Pères et des ortho- doxes pour montrer de quelle manière ils ont compris la foi et l'ont prêchée aux autres, afin que l'on sache clairement comment tous ceux qui ont la foi droite et immaculée doivent la comprendre, l'interpréter et la prêcher w^, relig., 1931, t. XXI, p. 169-199. Amann, art. Nestorius, Dict. Vacant, t. XI, col. 90-120. — • J. Lebon, Autour de la définition de la foi à Éphèse, surtout p. 401, notes 34 et 35, dans Ephemerides Lovanienses, i. Ylïl, 1931. (1) On trouvera un recueil bibliographique assez complet de la littérature cyrillienne dans le récent ouvrage de l'archevêque schismatique d'Athènes Chr. Papadopoulos. ô àyioç KiipiXXoç 'AXeÇàvSpsiaç àpxiETtJoxoTroç. Imprimerie du patriarcat, 1933. (2) On me permettra de renvoyer à ce propos le lecteur à mon article Le Symbole de Nicée au concile d'Éphèse dans Gregorianam, a. XII (1931), vol. XII, pages 104-137. (3) E. ScHWARTz, Acta Conciliorum œcumenicorum, I, 1, 2, p. 39. Les références à Schwartz seront indiquées de la manière suivante : Acta Conciliorum œcumenicorum, t. I, vol. I, pars.I^ p. 23 = A. C. O., I, 1, 1, p. 23. Les Actes d'Éphèse se trouvent dans le tome P' qui comprend 5 volumes. Vol. I, Acta Grœca. Coll. Vaticana : partes I, II, III, IV, V, VI ; Coll. Seguierana \ \ \ \ FLORILÈGE CONCILIAIRE 461 Pierre, prêtre d'Alexandrie et premier notaire, prit alors la parole : « Nous avons en main les livres des anciens Pères, des évêques et de plusieurs martyrs ; nous en avons extrait un certain nombre de passages ; si vous le jugez à propos, nous en ferons la lecture à haute voix ». Jetons d'abord un coup d'œil sur le tableau de ces extraits qui ont été lus à la première et à la sixième session du concile. Il faut remarquer, eii premier lieu., qu'on trouve à la première session une chaîne de *seize textes et qu'à la sixième session, le florilège s'est enrichi de quatre nouveaux extraits : deux d'Atticus et deux d'Amphiloque. Les raisons qui nous autorisent à accepter de confiance cette. addition dans la sixième session de ces quatre nouveaux témoignages d'Atticus et d'Amphiloque semblent être solides. Nous admettons comme authentiques ces témoignages supplémentaires sur la foi des manuscrits et sur l'aflîrmation de Marius Mercator, comme l'a montré Harduin dans le tome premier de son édition des conciles^. Le ms. n° 1342 de la Bibliothèque Vaticane porte aussi les mêmes témoi- gnages^. En faveur de cette addition des quatre textes à la sixième session^ nous avons encore le témoignage de Vincent de Lérins dans son Çommo- niiôrium secundum. Vincent ne fait pas mention de ces quatre textes à la première session^. Enfin, un passage du dialogue de Rusticus, Contra Acephalos, p. 74 6, nous donne une nouvelle confirmation de leur et Atheniensis ; pars VII ; Indices : pars VIII. Vol. II, Coll. Veronensis, édita a. 1926, Vol. III. Coll. Casinens.is, pars prior, édita a. 1929. Vol. IV. Coll. Casinensls, pars altéra, édita a. 1923. Vol. V. Coll. Palatina { = Marius. Mercator), édita a. 1924. Vol. V, Coll. Sichardiaïia et Winteriana, éditas a. 1925. Lire les recensions du P. Paul Peeters dans « Analecta Bollandiana » : t. XLII (1924), p. 143-144 ; t. XLIII (1925), p. 147 ; t. XLVI (1928), p. 180-181 ; t. XLÏII (1929), p. 149-153 ; t. XLVIII (1930), p. 193-196 ; t. XLVIII (1930), p. 389-39'3, et les articles de M. R. Devreesse : Les Actes du Concile d'Éphèse dans Revue des Se. philos et théoL, avril 1929, p. 223 sq. ; juillet 1929, p. 409 sq. (1) Harduin, Conciliorum Cqlleclio regia maxima, t. I, actio I, col. 1399 sq. Après le témoignage de Grégoire de Nysse, col. 1407, on lit cette note : « In duobus mss. additur jlsto loco hsec observatio : Hseiî testimonia (Attici nimirum et Amphilochii) quae sequuntur, in aliis exemplaribus non inveniuntur. CoUatio tamen Constantinop. Patres duodecim Ephesi a Cyrillo laudatos fuisse testatur : tametsi decem tantum appellet Vincentius Lirinensis, œque atque hujus adnotationis auctor, vêtus interpres. Et sunt hsec duo testimonia, Attici, Amphilochii, in ms. Grœco Seguieriano, sed alio loco. Hic autem ea exhibent Latini codices mss. très : et Marius Mercator. » (2) Le ms. n° 1342 fait partie d'une collection que Baronius appelle souvent dans ses Annales la « Collectio Cresconiana ». Pour le récit des événements de l'année 431,, cf. Annales Ecclesiastici Baronii, i. VII, p. 350 sq. (3) ViNG. LiRiN. P. L. 60, 680, 681. Cfr. J. Madoz, El Concilio de Efeso, ejeinplO' de argumentacioh patrislica in Estudios Eclesiaslicos, ano 10, n° 39, julio 1931, t. X^ fasc. 3. L'auteur a repris cette étude dans son ouvrage El Conceplo de la Tradicion en S. Vicenie de Lerins, Analecia Gregoriaiia, yo\. V, p. 157-163. / / 463 ARGUMENTATION PATRISTrQUE / authenticité: «Suscipe de Ephesinasynodo lectionèmquam super addide- / runt jam postquam venérunt vicarii sanctissimi Gœlestini [papae Romàùi-, ex iis demonstrantes quomodô débeant 318 sànctorum Patrum symbolum declarari ex testimonio sanctae memofiae Attici : « Et haèc omixia suscipit, non natura Deitatis, sed assumptione carnis : illa quidem in pro'priaé impassibilitatis inviolabilitatibus permanens, illa vero omnia patiens sustinensque »^. . .; ,' Voici maintenant le tableau des Vingt textes qui constituent le dossier patristique^ .: » . I. Pétri sanctissimi episcopi Alexandriae et martyris ex libro de Deitate. - II. Ejusdem ex eodem libro. III. Ejusdem ex eodem libro. IV. Athanasii sanctissimi episcopi ^/earanrfr/ae ex libro adversus Arianos, III, 33. V. Ejusdem ex epistola ad -Epictetum, 2. VI. Ejusdem ex epistola ad Epictetum, 7. VII. Julii sanctissimi episcopi /?omae epistula ad Prosdocium. VIII. Felicis sanctissimi episcopi /?omae et martyris ex epistula ad Maximinum episcopum et ad <;lerum Alèxandrinae Ecclesiae. IX. Theophili sanctissimi episcopi Alexandnae ex Paschali epistula quinta. , . X. Ejusdem ex epistula paschali sexta. XI. Cypriani sanctissimi episcopi ex libro de Misericordia (De opère et eleemosyna, I). XII. Ambrosii sanctissimi episcopi Mediolanensis (De fide, I, 94). . Xm. Ejusdem (De fide, II, 77-78). XIV. Gregorii majoris sanctissimi episcopi Nazianzi, Ep. 101. XV. Basilii sanctissimi episcopi Caesariae Cappadociae Primae (De Spiritu Sancto, 18). ' XVI. Gregorii sanctissimi episcopi Nyssae (Or. I. de Beatit.). XVII. Attici episcopi Conslaniinopoleos. XVIII. Iconii episcopi Amphilochii. XIX, Ejusdem. XX. Attici episcopi Consiantinopoleos. (1) Ruslici contra Acephalos disputalio. P. L., 67, 1249 C. Je note en passant que ce même Rusticus conistitua le Synodicum Casinense et traduisit 25 pièces dont la Collectio Atheniensis est la seule à avoir conservé le. texte grec. (2) On trouvera les deux chaînes d^ns Ed. Schwartz. Sur l'addition des 4 textes à la sixième session, lire les notes érudites. Coll. Vatic, 59, p. 45, 3 ; Atheniensis, 73-79; Coll. Palatina, 38 ; Coll. Turonensis, 46. Cf. I, 1, 2, 54, p. 44 ; I, I, 7, 75, p. 94-95 ; I, II, 17, p. 58 ; I, III, 24, p. 74 et 46, p. 127 ; I,V, 38, p. 95. FjLORILÈGE CONCILIAIRE : 463 Il n'est pas sans intéript de noter au passage les provenances de ces -textes et. les différentes Églises représentées.. /; Pour l'Église d'Alexandrie : 3 textes de Pierre, 3 d'Athanase, 2, de Théophile. Total : 8. > ., • Pour l'Église de Rome ; 2 textes attrihués au pape Jules et au pape .Félix. Pour Carthage : 1 texte de Cyprien. Pour Milan : 2 textes d'Ambroise. Pour Naziance : 1 texte du grand Grégoire. Pour Gésarée de Cappadoce :,1 texte de Basile.: Pour Nysse : 1 texte de Grégoire. ' Pour Gonstantinople : 2 textes d'Atticus. Pour Iconium : 2 textes d'Amphiloque. Observons que l'Église d'Alexandrie a le plus grand nombre de témoi- •gnages et que dans la première session où nous ne trouvons que 16 textes, pas un seul n'appartient à l'Église de Gonstantinople. Quant à l'ordre des textes, il n'est pas identique dans toutes les collections ; toutefois, dans toutes les collections, la série commence par les témoignages de l'Église •d' Alexandrie. Je ne yeux pas me hasarder à donner des explications conjecturales sur l'addition des quatre témoignages et sur la diversité dans l'ordre des textes. Peut-être, k la première session, à laquelle d'ailleurs les légats de Rome n'étaient pas présents, les Cyrilliens n'avaient-ils pas eu encore le temps matériel de recueillir les quatre textes ; s'ils l'eurent, sans doute ne voulurent-ils mettre aucun empressement à citer Atticus de Gonstan- tinople. La présence des légats les a probablement incités à élargir leur ■encjuête et à rendre leur dossier plus universel. Pour ce qui est de l'ordre des textes, on peut sans doute imaginer plusieurs hypothèses vraisemblables pour reconstituer la série primitive et expliquer la diversité que présentent les diverses collections qui nous ■sont parvenues. Mais comme cette diversité n'a guère d'influence sur le fond même de notre présent travail, je me contente de rappeler que la ■Collectio Veronensis semble d'origine romaine, s'attache en général presque exclusivement aux documents officiels et laisse de côté les Actes des Orientaux. Quant à la Collection Palatine, on s^' accorde généralement à la dater de l'époque où Justinien engageait sa campagne contre les Origénistes et contre les Trois-Chapitres ; elle s'oppose nettement à la Casinensis et aux moines Acémètes ; elle fait ressortir les erreurs de l'évêque de Cyr et celles des Orientaux, tout en laissant de côté leurs Actes. Les rnoinès scythes en seraient vraisemblablement les auteurs^. (1) La Collectio Palatina a été éditée par Garnier en 1673, et par Baluze en 1684. 464 ARGUMENTATION PATRISTIQUE Dans la citation que nous allons donner, laissant à d'autres le soin, d'expliquer la diversité constatée entre les collections, nous suivrons- Tordre des textes de la Collection Vaticane^ et nous indiquerons, quand il y aura lieu, les références au Florilège d'Eutychès et à VArmorium de Timothée iElure, qui utilisèrent plusieurs extraits patristiques apportés- au Concile d'Éphèse^. I 1« Texte de Pierre d'Alexandrie (évêque de 300-311). 'ETcet xal àX7)6tùç y) xàpiç xal 7) oik}]dei(x... A. C. O., I, I, 2, p. 39 ; Coll. Vatic, 54 ; Coll. Casin., I, 24, p. 67 ; I, 46, p. 421 ^ Labbe, III, 507 ; Mansi, IV, 1184. Dans le florilège d'Eutychès, 8. Il 2® Texte de Pierre d'Alexandrie. "06ev xal ô exxxrfysXiaxriç... A. C. O., 1. 1, 2, p. 39 ; Coll. Vatic, 54 ; Labbe, III, 507 ; Msi, IV, 1184. Ce texte se retrouve dans V Apologeiicus adversus Orientales, 13, ainsi que dans VArmorium de Timothée .ffilure. p. 72, syr., f, 1'' ; Coll. Palatina, 38, p. 90, et 39, p. 119. ni 3e Texte, de Pierre d'Alexandrie. '0 8è 0SOÇ Aéyoç Tcapà tJ;v àvSpôç aTroua^av... A. c. O., I, I, 2, p. 39 ; Coll. Vaticana, 54 ; Labbe, III, 507 ; Msi, IV, 1184. Ce 3e texte de Pierre d'Alexandrie se retrouve dans le florilège d'Euty- chès, n» 8. (1) La Collectio Vaticana fut éditée par l'ordre de Paul ÏV en 1608 et traduite en latin parle Jésuite Théodore Peltanus. Nous donnons autant que possible les références- à Labbe, à Mansi et à Harduin. J. Commelin avait déjà donné, en 1591, à Heidelberg,. une première édition de cette collection grecque. Comme nous citons une collection- grecque, le lecteur ne devra pas ç'étonner de lire les « incipits » de Cyprien et d'Ambroise dans une langue autre que leur langue maternelle. (2) J'ai utilisé la version allemande du texte arménien, Timotheas Mlurus des- Palriarchen von Alexandrien Widerlegung der auf der Synode zu Chalcedon festgesetzlen Lehre. Armenischen Texte... herausgegeben von Karapet-Ter-Mekerttschian; , und Erwand Ter-Minassiantz, 8°, Leipzig, Hinrichs, 1908. Ce dossier a été maintes, fois étudié. Voir entre autre, Ferdinand Cavallera, Le dossier palrislique de Timothée- Eliire, in Bulletin de Littérature ecclésiastique, 1909, p. 342-359, et F. C. Conybeare, The Patrislic testimonia of Timotheus JElurus in Journal of Theological Studies, 1914,. p. 422-432. Cf. aussi Lebon, H. H. E., t. IX, p. 676 sq. FLORILÈGE CONCILIAIRE 465 Texte de saint Athanase. IIoXXol yoOv àyioi yeyovaCTt... A. C. O., I, I, 2 ; Coll. Vatic, 54, p. 39 ; Casin., 1, 24, p. 68 ; 1, 48, p. 122; P. G., 26, 393-396 ; Msi, IV, 1185 ;Labbe, III, 510. Notons que dans ce texte, la phrase commençant par "08cv xal yevvto- fjiévyjç T^ç /aapxbc; et se terminant par eîç êauTÔv [izxcSfl yévvvjO'iv se trouve dans V Apologeîicus adversus Orientales, Vatic, 39, p. 119. V Texte d'Athanase, tiré de la « Lettre à Épictète », 2. ïl&ç Se xal àfxcpiêàXXeiv eToXfXYjaav cl Xey6{xsvoi xpiartavol... A. C. O., I, I, 2 ; Vatic, 54, p. 40 ; Casin., I, 24, p. 68 ; 46, p. 122 ; P. G., 26, 1053 ; Lal)be, III, 510 ; Msi, IV, 1188; Cf. Cyrilli apologeîicus adversus Orientales, 15; 14-22 ; Tim. arm., p. 76-77. VI Texte d'Athanase, tiré de la « Lettre à Épictète », 7. Où ôéoet 8è TauTa syCvsTO... A. C. O,, I, I, 2 ; Vaticana, 54, p. 40 ; Casinensis, I, 46, p. 123 ; P. G., 26, 1061 ; Msi, IV, 1188. VII Texte attribué à Jules, évêque de Rome (t 352), extrait de la «Lettre à Prosdocium ». KiQpûcasTai. Se eîç cyufXTrXi^pcocriv t% tticttscoç... A-.G. 0„ I, I, 2 ; Vaticana, 54, p. 41 ; Palatina, 38, p. 91 ; Casinensis, I, 46, p. 123, et 24, p. 69 ; Msi, IV, 1188 ; Labbe, III, 510 ; Lietzmann, Apollinaris, p. 284. Cyrille d'Alexandrie pensait que cette lettre à Prosdocium était un écrit du pape Jules I®^ (Cf. Apologeîicus pro 12 capitibus adversus Orien- iales,&2,). Dans la suite, et s'appuyant sur l'autorité de Cyrille, Marius Mer- cator, Vincent de Lérins, Facundus d'Hermiane, Hypathius d'Éphèse, Ephrem d'Antioche, Euloge d'Alexandrie reçurent ce texte comme étant du pape Jules l^^. Hypathius faisait remarquer au concile de Cons- tantinople de 531 que ce passage cité par Cyrille ne contenait pas la doctrine d'une seule nature dans le Christ ; d'ailleurs, comme les formules employées pouvaient s'entendre en un sens orthodoxe, elles n'excitaient aucun soupçon. Lequien, Caspari, Draeseke prouvèrent que ce texte était bel et bien apollinariste ; Voisin démontra qu'il était d'Apollinaire lui- même (Cf. P. L., 50, 681, nota 1). 466 ARGUMENTATION PATRISTIQUE On trouvera les quelques lignes citées par Euloge, dans Photius, 230,. p. 272^31. VIII Texte attribué au pape Félix (f 274). IIspL Se TT)? (rapxti!)CTSû)ç tou Aoyou xal Tziaxzcùç, TTiCTTeiiofJisv... A. C. O., I, I, 2 ; Vaticana, 54, p. 41 ; Casinensis, I, 24, p. 69 ; 46, p. 123 ; Paiatina,. 38, p. 91 ; Labbe, III, 511» ; Msi, IV, 1888« ; Lietzmann, Apollinaris, p. 318. On retrouve ce texte dans V Apologeticus adversus Orientales, 53, dans- le Florilège d'Eutychès, 9, et dans V Armorium de Timothée, p. 2, 68 syr. f. l*" 42^. Après Lequien, Gaspari et Drœseke, Voisin (Cf. L'Apollînarisme, p. 215) estime que cette lettre a pour auteur un Apollinariste. Cyrille cite ce texte comme étant du pape Félix {Apologeticus pro 12 capitibus conira Orientales), et dans le concile il le donne comme étant de Félix. Selon Liberatus {Breviarium, 10), Cyrille citait aussi cette lettre dans ses- écrits contre Diodore et Théodore. On est incliné à penser que ce texte est apollinariste et même d'Apollinaire en personne, pour les raisons suivantes. D'abord, Cyrille cite ce texte en même temps que les textes apollinaristes. De plus, l'on n'a point de peine à interpréter en un sens nettement apollinariste certaines formules exprimant que le Christ, Dieu parfait, est devenu homme parfait par son Incarnation dans le sein de la Vierge : Kal oùx àv0pcù7roç ûtto 0sou àvaXïjcpGstç, W eTspoç ^ Tcap' èxstvov. Dans des termes très semblables, Apollinaire opposait l'unité du Christ à la dualité antiochienne. Notons en terminant qu'avant la découverte des fraudes apollinaristes,- Eutychès écrivait au pape Léon que Jules, Félix, Athanase et Grégoire avaient rejeté l'expression «deux natures» [Sijnodicon, P. G., 84, 854).. Les Sévériens, à leur tour, affirmeront au concile de Constantinople que Félix, tout comme Athanase, Jules de Rome et Grégoire le Thaumaturge,, enseigne l'unité de nature (Mansi, VIII, 821). IX Texte de Théophile, évêque d'Alexandrie (f 412), extrait de la cinquième lettre pascale. "EaTtv yàp '^'^^ ^^^ 'Twv tots ôaupiàTcov... ta... \zi'^a>iai. A. c. O., I, I, 2 ; Vaticana, 54, p. 41 ; Veronensis, 25, p. 55 ; Casinensis, I, 46, p. 123 ; I, 24, p. 70 ; Paiatina, 38, p. 91 ; Florilège, R. I., 9 ( = Timolh. arm., p. 105) ; Baluze,. 179. X Texte de Théophile, extrait de la sixième lettre pascale. Ola yàp TÔJv 'zzyyixcùv ot apiCToi... A. c. O,, 1,1,2; Vaticana, 54, p. 41 ; Veronensis, 25, p. 55 j Timolh. arm., p, 105, FLORILÈGE CONCILIAIRE 467 XI Texte de saint Cyprien, tiré du sermon sur la Miséricorde {ex interpre- ialione de Eleemosyna, I), - IloXXai îtal [xÉYicTTat. 'zuy/jkvoMaiv.,. A. G. O., I. I, 2 ; Vaticana, 54, p. 42 ; Veronensis, 25, p, 55 ; Casinensis, I, 24, p. 70 ;: 46, p. 124 ; Palatina, 38, p. 92 ; Labbe, III, 514 ; Tim. arm., p. 18, 117 syr,, f. 3^, XII Texte de saint Ambroise, extrait de son De Fide^ I, 94, cap. XVI. Eî ï\Lo\ où 7CiaTeùouCTt.v, 7ci,crTe\!>(TCi)a(.v roi à.uoaxokcù XéyovTt,... A. G. O., I, 1, 2 ; Vaticana, 54, p. 42 ; Veronensis, 25, p. 56 ; Gasinensis, I, 46, p. 124 ;. 24, 71 ; Palatina, 38, p. 92. XIII Texte de saint Ambroise, extrait de son De Fide, 2, 77. SioiTcyjCTcoat toivuv cd omo tcov Xoywv [i(kx(x.i(x.i î^tjtyjctsiç... A. G. O., I, 1, 2 ; Vaticana, 54, p. 42 ; Palatina, 38, p. 93 ; Msi, IV, 1192. XIV Texte de saint Grégoire de Naziance, extrait de son épître 101 à Clé- donius. Mt] àna.râ.TOiaa.v ol avôpcùTTOi (xtjSè àTrotTàaôwaav... A. G. O., I. I, 2 ; Vaticana, 54, p. 43 ; Labbe, III, 515 ; Msi, IV, 1193 ; Veronensis, 25, p, 36 ; Atheniensis, 16, p. 93 ; Gasinensis, I, 46, p. 125 ; 24, p. 72 ; Palatina, 38,. p. 93 ; P. G., 37, 177^ ad 181=' ; Baluze, 182-183. XV Texte de saint Basile, extrait de son ouvrage sur le Saint-Esprit, 18.. Où yàp ToaouTOV oùpavoç xal yvj... A. G. O., I. I, 2 ; Vaticana, 54, p. 44 ; Veronensis, 25, p. 57 ; Atheniensis, 17, p. 93 ;, Palatina, 38, p. 94 ; Gasinensis, I, 46, p. 126 ; 24, p. 73 ; Baluze, 183. Ce texte se retrouve dans VApolog. adv. Orientales, 114, et dans V Armorium de Timothée, p. 21, 143, syr., f. 8^. XVI Texte de saint Grégoire de Nysse, extrait de son Oratio I, De Beaii- ludine. TouTO yàp 9povs^c66), cpvjalv, èv Ùjjllv... A. G. O., I, 1, 2 ; Vaticana, 54, p. 44 ; Veronensis, 25, p. 57 ; Atheniensis, 18, p. 94 ;. Gasinensis, I, 46, p. 127 ; 24, p. 73 ; Palatina, 38, p. 94 ; Labbe, III, 518. 468 ARGUMENTATION PATRÏSTIQUE XVII Texte d'Atticus de Gonstantinople. .Svjfxepov XpiaToç ô Sscttcottjç ttjv tyjç cpiXavôpwTctaç yévvYjaiv... A. C. O., Atheniensis, 75, 19, p. 94 ; Veronénsis, 25, p. 58 ; Casinensis, I, 46, p. 127 ; Palatina, 38, p. 95 ; Labbe, III, 518 ; Msi. IV, M93-E ; Msi, IV, 1196-A ; Cgrilli apol. Mdversus Orientales, 50 ; Or. ad Dominas; A. C. O., I, I, 5, n» 150, II, pi. 66 ; Timoth. arm., p. 30 et 73. XVIII Texte d'Amphiloque, évêque d'Iconium. 'ETreiS-^ yàp ô aùxôç xai paaiXeùç;.. A. C.O., Atheniensis, 75, 19, p. 94 ; Veronénsis, 25, p, 58 ; Casinensis, I, 46, p. 127 ; Palatina, 38, 24, p. 95 ; Labbe, III, 518 ; Msi, IV, 1196. Ce texte se trouve également dans le florilège cod. Mus. Brit. Add., 12156, f. 74^ ; mais il ne se trouve pas dans la coll. Casinensis, I, 24. XIX Texte d'Amphiloque, évêque d'Iconium. Et (x-y) yàp èxstvoç èyevviQ0y] aapxixtoç... A. Ci O., Atlieniensis, 75, 21, p. 95 ; Veronénsis, 25, p. 58 ; Casinensis, I, 46, p. 127 ; Palatina, 38, 25, p. 95 ; Labbe, III, 519 ; Baluze, 185 ; Cyrillus apolog. adv. Orientales, 17. Ce texte ne se trouve pas dans la collectio Casinensis, I, 24, p. 74. XX Texte d'Atticus, évêque de Constantinople. Eï Tiva âiaxpCvoi y/ tou Movoyevouç èvav6pcî)7C7]a'tç... A. C. o., Atlieniensis, 75, 22, p. 95 ; Veronénsis, 25, p. 58 ; Casinensis, I, 46, p. 127 ; Palatina, 38, p. 95 ; Baluze, 185 ; Labbe, III, 518. Au terme de ce long florilège conciliaire, rappelons les principales étapes de notre route. Après une enquête succincte sur le vocable « TtaT/jp », notre enquête a d'abord porté sur l'argument patristique dans l'histoire de la théologie avant le Concile d'Éphèse, spécialement dans la controverse arienne et au Concile de Constantinople de 383. On peut en conclure que l'appellation « Pater Ecclesiae », si elle est prise au sens strict, signifie déjà avant le Concile d'Éphèse les évêques morts dans la communion ecclésiastique, insignes par leur sainteté, remarquables par l'excellence •de la doctrine. Ajoutons que l'accent est mis également sur le caractère •d'antiquité. Le recours à l'autorité des Pères indique, en général, une FLORILÈGE CONCILIAIRE 469* certaine défiance à l'égard des spéculations trop abstraites et des subtilités; exceàsives ; il n'exclut pas un prolongement dialectique ; il est un appel, au delà de la raison individuelle, à la tradition ; non point à la simple tradition humaine, mais à la tradition de la révélation divine^. Lorsque- les membres du Concile d'Éphèse se réclament de l'autorité des PèreSi- ils cherchent avant tout quel a été l'objet de leur foi. « Car il faut, disent-ils, de toute nécessité comprendre et prêcher la foi, comme ceux dont la foi' a été correcte et sans tache »^. Nous allons maintenant étendre le champ de cette enquête, en procédant à l'analyse des textes extra-conciliaires ; de l'étude d'ensemble nous- pensons pouvoir mettre en bonne lumière la pensée des évêques sur la. valeur de l'autorité doctrinale des Pères et sur la force probante de- l'arguraent patristique dans la controverse nestorienne. Au moins, pour ce qui concerne cette période restreinte et ce point^^ précis, ces conclusions pourront sans doute servir à celui qui tenterait, d'écrire une histoire plus générale de l'argumentation théologique. , Pour circonscrire cette recherche, on ne fait qu'indiquer ici en quelques- lignes ce qui concerne le parti des Orientaux ; il y aurait assiirément chez Théodore de Mopsueste, chez Nestorius et surtout chez Théodoret une foule de renseignements à recueillir sur la notion de Père et sur la. preuve patristique : rappelons l'essentiel. Dans son Eranistès écrit vers 447 contre l'Eutychianisme, Théodoret recourt aux saints Pères dont il apporte de nombreux extraits. Plus tard, il donnera de cet ouvrage une seconde édition avec de nouvelles citations • empruntées à un recueil formé par le pape Léon. En 451, à Chalcédoine,. on composa en vue de la discussion qui eut lieu le 11 septembre, une chaîne de textes patristiques : sur ce florilège, je renvoie le lecteur à l'essai de reconstitution auquel M. Saltet s'est livré, en partant à la fois de V Eranistès et du dossier patristique joint par le pape Gélase à son traité : « De duabus- naturis in X° » (Thiel, Epp. Rom. Poni., p. 544 sq.)^. Dans le camp des Orientaux, nous entendons Nestorius, après la (1) En Occident, à peu près à la même époque, Augustin écrivait : « Ecclesiam docuerunt, quodin Ecclesia didicerunt. » Opus imp, conlra Julianum, L. I, c, 117. (2)A.G.O., I, l,2,p.39. (3) Saltet, Revue d'Hist. eccl., tome VI (1905), p. 293 à 303 ; p. 513 à 536. Les sources: de VEranisies de Théodoret. Cf. aussi Th. Schermann, Die Gescfiichle der dogmalischen Florilegien von V-VIIl Jahrhunderl, in Texte und Untersuchungen. N. F., |,. XIII,. 1905. — DiEKAMP, Doclrina Pairum de Incarnatione Verbi. Munster, 1907. ■470 ARGUMENTATION PATRJSTIQUE ■condamii8i.tïoi]i de 431, protester que sa doctrine est orthodoxe, se réclamer de la tradition et nompiément de la tradition patristique... Omnem i^era facilius contra me ab hominibus jutabam moveri posse pbtiùs cjuam calumniam veluti de pietate flclei recta non saperem>, qui usque hactenus propter pugnam, quam contra universos hœreticos habeo, multa jnillia hostilîtatum contra me delector insurgere^. Nestorius s'adresse dans cette lettre à Jean d'Antioche. Voici mainte- nant comment l'auteur du Livre d'Héraclide apostrophe Cyrille : « Pourquoi donc me calomnies-tu en disant : «C'est lui qui a lancé cette questioh », pourquoi m'appelles-tu « inventeur de nouveautés » et « cause de tumulte et de guerre », moi qui n'ai jamais lancé une telle question, mais qui l'ai trouvée à Antioche? Dans cette ville, j'ai enseigné et parlé sur ces matières et personne, ne m'a blâmé, et je pensais que ce dogme était déjà rejeté y>^. « Je ne mè suis pas écarté de la rectitude des orthodoxes et je ne m'en écarterai pas jusqu'à la mort »^. Plus loin, l'auteur du Livre d'Hérdclidè blâme énergiquement Cyrille de n'avoir pas été fidèle à l'accord conclu par lui avec les Orientaux à la suite du Concile d'Éphèse ; il lui reproche de s'être élevé contre les Pères estihiés de tous et morts dans le sein de l'Eglise: Pour que mes ennemis ne devinssent pas ses accusateurs, eux qui l'avaient aidé d'abord dans ce qui avait été fait contre moi, il commença à être attiré vers la pro- fession de foi, à s'ingénier et à duper les deux partis avec des enseignements opposés... De même que les prisonniers de guerre, pour montrer qu'ils pensent comme ceux qui les ont pris, n'épargnent ni les amis, ni les enfants, ni les parents, pour leur faire croite qu'ils haïssent leur race ; de même celui-ci fut amiené à s'élever aussitôt conti-e les Pères qui étaient morts auparavant : contre Diodore et Théodore, qui étaient les Pères de tous, et durant leur vie et depuis leur mort, aussi bien de lui que de nous. Il (Cyrille) les désigna comme les ennemis de tout homme, bien que lui-même commu- niquât avec eux, qu'il les tînt pour des Pères et des orthodoxes. Lui-même conservait avec diligence leurs travaux relatifs à la foi et avait commandé de les envoyer à tous... Ce qui est pire que tout, il condamnait les écrits qui étaient faits contre Apollinaire et il soutenait ceux d'Apollinaire, en disant : « C'est la foi de l'Église ». De quel côté penchera-t-on ? Du côté de Diodore, qui est celui des saints Pères par toute la terre, (1) Episi. ad Johannem Antiochenum. Loofs, Nestoriana, p. 183. Le mot « Patres » se rencontre fréquemment dans la correspondance de Nestorius ; dans certains cas, il s'agit des Pères de Nicée. Cf. Loofs, Nestoriana, p. 167, 7 (ad Cœlestinum 1) ; p. 171, 9 (ad Cœl. II) ; p. 174, 11, 27 (ad Cyrillum o^voSoç Ttarépcov) ; p. 175, 3 (tûv &yl(ùv sxetvtùv) ; p. 176, 12 (toùç àybuç èxebouç Ttarépaç) ; p. 187, 11 (ad imperatorem Thepdosium, tûv àyîcùv). Dans d'autres cas, le terme « Patres » semble être pris dans un sens plus large : p. 284, 8 sq. bis 288 ; p. 295 sq. ; p. 351, 19 ; p. 358, 9. (2) Le Livre d'Héraclide de Damas, traduit en français par F. Nau, Paris, Letouzey, 1910, p. 91. Que l'auteur de cet ouvrage soit Nestorius, un secrétaire écrivant s; us sa dictée, ou un disciple, désireux d'innocenter son maître, cette question d'attribution n'importe guère ici où l'on n'étudie que la méthode d'argumentation. (3) Le Livre d'Héraclide de Damas, p. 88. TEXTES PATRISTIQUES EXTRA-CONCILIAIRES 471" eux que toute: la. terj-e loue et qu'elle opposejdans un ïnêrrie zèle, comme une môme- bouche,, à Apollinaire, à Arius, à Macédonius, à Eunomius et à toutes les hérésies;, ou du Qôté d'Apollinaire ? Admettons que j'aie été ton ennemi et que je n'aie pas écouté ce que tu me demandais. Mais pourquoi combats-tu à cause de moi ceux qui sont morts dans l'orthodoxie^ ?... Tu me dis : Aux jours de Diodore, n'y avait-il pas Basile et Grégoire ? N'y avait-il pas à Alexandrie des évêques illustres par leurs actes et par leurs paroles ? N'y avait-il pas à Rome des hommes parfaits qui suffisaient pour défendre les Églises ? N'y ayait-il pas par toute la terre, pour défendre les Églises, des docteurs... Il s'agit de Diodore qui était dans la bouche de tous, qui était transmis par lés livres, la terreur des hérétiques, lui qui, par la parole de la doctrine et par la grâce divine, se dressa contre les ordres impériaux pour le peuple de Dieu, et il ne perdit pas (le peuple), mais il l'augmenta de nombreuses fois et une grande paix fut acquise aux Églises. .Alors il n'était pas hérétique, ni pour ses contemporains, ni pour toi,, ni pour les tiens, ni encore durant les troubles que tu as causés contre moi. Mais lorsque tu t'es fortifié, que tu t'es engagé dans cette voie etque tu en es arrivé à cette tyrannie de la paix (imposée), c'est alors que Diodore, Théodore et le reste des autres te sont devenus hérétiques. Cela t'ouvrait la voie contre Basile, Grégoire, Athanase, Ambroise- et le reste des autres qui ont tous dit les mêmes choses*. Ce n'était pas pour montrer que j'étais hérétique, qu'il (Cyrille) apportait les (paroles) des orthodoxes et des docteurs d'avant moi; mais au contraire, il prenait mes paroles contre eux pour montrer qu'ils étaient hérétiques parce que' ce qu'ils avaient dit ressemblait à ce que je disais^. ' Il sei:a.it facile de glaner vingt autres passages où l'on voit Nestorius- retrouver sa doctrine dans celle des anciens Pères. Notons, entre autres, comment dans le Livre d'Hérdclide il étudie comparativement les deux: lettres versées au débat, celle de Cyrille, KaTariai. LiETZMANN, Apollinaris, ï, 250, 6-252 II, Pusey, 162 sq. A. C. 0.> I, I, 5, p. 65. Ce texte se trouve dans VArmorium\de Timothée d'^lure*; T. arm.^. p. 268, 34-270. (1) P. G., 86, pars prior, col. 1364. (2) Même recours aux Pères chez Jean d'Antioche. Cyrille s'indigne de ce que l'anif de Nestorius ait songé à comparer Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste à de& Pères comme Athanase, Basile, Grégoire et Théophile, P. G., 77, 332, 336. (3) P. G./Vfi, 1212; A. C. O., I, 1, 5, p. 65; Coll. Vatic, 150; Seguieriana, 5- Athehiensis, 159. Pusey, VII, p. 161-170. (4) Sur l'utilisation, au bas moyen âge, de l'argument patristique, lire : J. DE Ghellinck, Un épisode dans Vhisloire de Vargument paîrisUque dans Recherches de Science religieuse, 1913, t. IV, p. 575-578, et surtout une étude plus récente, du même auteur : Palrislique et argument de tradition au bas moyen âge in Beiirâge zur Geschichte der Philosophie und Théologie des Mittelallers, Supplementband III, 1. Halbband, Aus der Geisleswelt des Millelallers, Munster, 1935, p. 426. Pour l'étudB de l'histoire de l'argumentation patristique, on peut utiliser l'ample bibliographie- donnée par E. Amann au cours de son article « Pères de l'Église», col. 1192-1215,, in D. T. C, fasc. 103-104, 1933. -474 ARGUMENTATION PATRISTIQUE Notons, d'ailleurs, que ce texte n'est pas tiré du De Incarnaiione Verbî de saint Athaïiase, comme le croit saint Cyrille, mais du De Incarnaiione Dei Verbi d'Apollinaire Tcpoç 'loêtavov (P. G., 28, 256, 30). On sait qu'après les décrets de l'empereur qui enjoignaient la destruction -des textes d'Apollinaire, les disciples de ce dernier les répandirent sous le nom de docteurs orthodoxes, du pape Jules, du pape Félix, de Grégoire le Thaumaturge et d'Athanase. Cyrille d'Alexandrie tomba dans le piège ; il attribua en particulier le texte « ôixoXoyoufjiev » que nous venons de citer à saint Athanase et son autorité contribua beaucoup à la diffusion de ces pseudo-épigraphes. Ce ne fut qu'après le Concile de Chalcédoine que l'on commença à avoir quelques soupçons sur leur provenance. Au vi^ siècle un auteur inconnu, sans doute Léonce de Byzance, déc et Félix. Quant aux autorités orientales, le Concile d'Éphèse cite Athanase, les trois Cappadociens, Amphiloque, deux autorités d'Alexandrie, Pierre et Théophile, enfin Atticus de Constantinople. Cet exclusivisme qui,, d'une certaine manière, a inspiré la composition de ces chaînes dans le Concile, n'apparaît pas dans VOratio ad Reginas que nous avons examinée- plus haut. Il nous reste maintenant à comparer ces deux recueils avec- celui de V Apologeticus adversus Orientales'''. (1) A. C. 0., I, I, 5, p. 7 sq.; Seguieriana, n" 38 ; Atheniensis, n» 160 \ Labbe, III, 246 ; Msi, IV, 1101 ; Harduin. I, 1335. (2) A. C. 0., I, I, 6 p. 110 sq. ; P. G., 76, 385-452. (3) Atheniensis, n" 24, p. 33 ; Palatina, n" 39; Pusey, 260 ; Syr. in cod. Mus. Brit.,. add. 12-156. (4) A. C. 0., I, 1, 7, p. 33 sq. ; Atheniensis, n° 24 ; Palatina, n" 39 ; Syriaca in cod. Mus. Brit., add. 12-156 ; Pusey, 260 sq.; P. G., 76, 316 sq. COMPARAISON DES FLORILÈGES 477 Anathémalîsme I . I. Texte de Pierre Martyr, évêque d'Alexaudrie. Incipit : "Oôsv xai. Nous en avons déjà parlé précédemment, car c'est le second texte de Hà chaîne patristique citée au Concile. II. Texte d'Athanase, évêque d'Alexandrie, tiré du Conira Arianos. Incipit : "06ev xal yevvwixéviQç.. Il est cité en quatrième lieu dans le florilège du Concile. III. Texte d'Athanase, extrait de la « Lettre à Épictète ». Incipit : IIcoç Se xal. . Il est cité en cinquième lieu dans le florilège du Concile. IV. Texte d'Amphiloque. Incipit : Ec (jly) yàp èxeïvoç. "Texte XIX dans le florilège du Concile. Anathémaiisme IV "V. Texte d'Atticus, évêque de Constant inople. Incipit : Syj^/.spovXpio'coç.. "Texte Xyil dans le florilège du Concile. Tl. Texte du pseudo-Jules. Incipit : KY)p\i. 28; P. G., 77, m'Q. TABLEAU COMPARATIF DES FLORILEGES 479 Supplicado Florilège du Oratio ad Apologeticus contra Epistula ad Basilii ad Concile. Dominas. Orientales. Acacium. imperatoren» Pierre — Pierre (1 t.). _. d'Alexandrie (3 textes). \ Athanase(3t.) Pseudo-Atha- nase (1 t.). Athanase (4) et Pseudo-Athanase . Athanase. Pseudo-Jxiles. Pseudo-Jules Pseudo-Félix. Pseudo-Félix Théophile Théophile. • — ■ Théophile. (2 t.). Cyprien. — Ambroise(2t.). — ■ Ambroise. Grégoire de — Naziance. Basile de — . Basile de Césarée. Basile. Basile. Césarée. Grégoire de Grégoire de Nysse. Grégoire ? Grégoire de Nysse. Nysse. Atticus (2 t.). Atticus. Atticus. Atticus. Atticus. Amphiloque Amphiloque. Amphiloque. — Amphiloque. (2 t.). Antiochius. — Antiochius. — Ammon. — . — Ammon. Jean de Cons- tantinople. Jean de Cons- tantinople. / Sévérien. — Sévérien. Vital. — — Vital. Irénée. Grégoire le a Aucun texte n'est cité dans Thaumaturge» cette lettre. Paul. Eusthate. Méthode. Optimus. Leporius. Synode d'An- tioche contre- Paul de Samosate. Ephrem le Syrien. Cyrille. Synode afri- cain. Aucun texte li'est cité dans cette supplique. Ift 480 ARGUMENTATION. PATRISTIQUE Cette synopse permet de se rendre compte des autorités auxquelles on a recours. Notons que, pour patronner la doctrine, on en appelle aux synodes (synode d'Antioche contre Paul de Samosaté, Synode africain), asssi bien qu'aux Pères ; que d'ailleurs, les Pères dont il s'agit sont tous -décèdes, à l'exception de Cyrille, encore vivant ; mais de cette survivance il est fait explicitement mention : « superstes adhuc est ». Enfin, parmi toutes ces autorités, Athanase d'Alexandrie occupe une place toute ;spéciale. Cette réflexion nous amène à étudier l'autorité de saint Athanase en particulier ; de là, nous essayerons de faire une conjecture plausible sur €e que les Pères d'Ëphèse pouvaient penser de l'autorité d'un Père en particulier, avant de nous demander en terminant quelle était à leurs yeux la valeur du Consensus Patrum, * Cherchons donc, en premier lieu, ce que Cyrille d'Alexandrie pense de ^'autorité d'un Père en particulier, dans l'espèce, d'Athanase d'Alexandrie. Dans VOraiio de recta fide ad Reginas^, on lit ces quelques mots qui •soulignent en même temps que son caractère épiscopal, la renommée que lui a value la parfaite orthodoxie de sa foi : « C'est pourquoi le bienheureux Athanase, universellement célèbre à cause de sa foi, qui a jadis occupé le siège épiscopal d'Alexandrie, s'exprime dans son ouvrage sur l'Incarnation du Verbe de cette manière... ». Dans la lettre de saint Cyrille à Jean d'Antioche^, on remarque le souci qu'a l'évêque d'Alexandrie de conserver et de citer avec une exacti- tude critique le texte bien authentique de la lettre d'Athanase à l'évêque ■de Corinthe, Épictète ; des exemplaires conformes à l'original, et d'une authenticité incontestable, ont été envoyés par Cyrille à Antioche, car les hérétiques ont corrompu le texte Véritable^. Si Cyrille met tous ses soins à retrouver et à citer la vraie pensée de saint Athanase, c'est qu'elle constitue une autorité précieuse ; cette autorité vient de ce que le grand adversaire de l'arianisme est dans cette lettre à Épictète un parfait interprète de la foi de Nicée*. (1) A. C. 0., I, I, 5, p. 65, lin. 22 ; P. G., 76 1212. (2) A. C. 0., I, I, 4, p. 20, lin. 9 ; p. 30, lin. 9. (3) A. C. 0., I, I. 6, p. 157, lin. 1. Comme nous l'avons vu, lorsqu'il s'agit de faire un rapprochement entre la triade plotinienne et la Révélation chrétienne dans un but apologétique, Cyrille semble avoir un respect moins scrupuleux des textes ; il change dans la transcription du texte des Erméades V, 1,6, 50-53, (xévot en ht et t6 àpiarov «n écopiOTOv. Cf. P. Henry, Bull. cril. des Études plot, dans Nouv. Revue Ihéol., 1932, tome LX, p. 733-735. (4) A. C. 0., I, I, 7, p. 146, lin. 26 ; p. 151, lin. 35 ; cf. A. C. 0., I, i, 6, p. 156, lin. 22. AUTORITÉ DES TÉMOIGNAGES 481 Que le témoigiiage d-Athanase soit, aux yeux des Pères d'Éphèsé, d'un très grand poids, une foule de passages nous le montrent. Quand Alypius. par exemple, veut louer Cyrille, son intrépidité et sa constance dans la défense de la foi, il ne trouve pas une meilleure manière de faire son éloge que de le comparer à Athanase ; en un autre endroit, Cyrille est appelé « fils d' Athanase », « uîè 'Aôavaaiou^ ». Mais c'est dans la lettre de Cyrille aux moines d'Egypte^ que se trouve le plus beau panégyrique de celui qui, avant de devenir le théologien du Concile de Nicée et l'évêque d'Alexandrie, s'entraîna vraisemblablement à l'ascétisme, au désert, sous la conduite du grand Antoine, Cyrille note tout d'abord dans Athanase le caractère épiscopal : o yev6[ievoç, xarà xaipoùç t^ç 'AXe^avSpscùv èmaxoizoc, : Athanase est resté quarante-six ans dans sa charge pastorale^. Il n'était cependant qu'un simple clerc quand il assista Alexandre au Concile de Nicée*. Cyrille loue ensuite la parfaite orthodoxie de la foi d' Athanase, sa subtilité, la vigueur incomparable de son esprit, sa perspicacité, surtout sa sagesse « apostolique », cette sagesse que jamais n'ont pu vaincre les. arguments des hérétiques. Or, Athanase, dont personne ne peut contester l'intégrité doctrinale,, a appelé la Vierge Marie Ôsotoxov^. Il faut donc suivre son exemple ; le synode de Nicée et Alexandre d'Alexandrie ont approuvé pleinement sa doctrine et cette approbation le récompensait de son éminente colla- boration, car il avait aidé Alexandre avec le même dévouement affectueux qu'un fils aide son père^. Dans la huitième homélie pascale (a. 420), bien avant la controverse nestorienne, Cyrille, traitant de l'unité personnelle dans le Christ, invoque déjà Athanase : «Athanase, notre évêque et notre père très vénéré, lui que nous suivons comme la règle assurée de la foi orthodoxe, affirme dans ses ouvrages que l'union de deux réalités différentes selon leur nature,, la divinité et l'humanité, a été faite en une seule réalité »'. Ces quelques textes tirés du Discours aux Reines, de la lettre à Jean d'Antioche, de la huitième homélie pascale, suffisent pour nous. (1) A. C. 0., I, I, 4, p. 14, lin. 18, et A. C. 0., I, i, 3, p. 75, lin. 3. (2) A. C. 0., I, I, p. 11 sq. ; P. G., 77, 14 sq. (3) ^. C. 0., I, I, 1, p. 11, lin. 32. (4) Loc. cil., p. 12, lin. 15. (5) Loc. cil., p. 98, lin. 15. «Contra Arianumi), III, c. 29. Sur l'influence d'Athanase^ consulter : Hans-Georg Opitz, Untersuchungen zur Ûberlieferung der schriften des- Aihanasius. Berlin-Leipzig, 1935. (6) A. C. 0., ï, 1, l, p. 12, lin. 15 sq. (7) P. G., 77, 572 A : 8iio itpaYfjiàTûiv àvojjLoCwv xaxà ty)V çiioiv èv xaùrôi yé-YO^z oiivooç, GeéTTjToç StjXovôti xal àvOptOTràrifjTOç. 482 ARGUMEIVÎTATION PATRISTIQUE indiquer le prix qu'avait aux yeux de Cyrille et des membres du Concile 'de 431 le témoignage d'Athanase. Inutile d'allonger cette liste ; ce témoi- gnage est invoqué souvent, avec insistance sur sa valeur : to (xapTiipiov Tou TpiCTfxaxap^ou et le grand théologien du Concile de 325 est mis au nombre des « doctores ecclesiastici »^; D'où lui Venait cette indiscutable autorité? De ce que sa Voix était considérée comme la voix même de l'Église ; ce qui revient à dire que les Pères du Concile d'Éphèse ne •considéraient pas Athanase en tant que docteur privé, mais en tant que témoin de la tradiction, docteur officiel et organe du magistère authen- tique. Lés Pères du Concile estiment que la doctrine d'Athanase sur la maternité divine de Marie et l'Unité personnelle dans le Christ est Ja doctrine commune proposée par l'Église enseignante à l'Église enseignée. Ils en appellent à la tradition universelle et à la tradition apostolique ; ils combattent la doctrine opposée comme hérétique^. Il reste à examiner maintenant la pensée des membres du Concile sur le conseniemenî universel des Pères et non plus seulement sur l'autorité ■d'un Père en particulier. Nous avons vu l'effort accompli par les Cyrilliens, soit dans l'assemblée conciliaire, soit en dehors, pour prouver que les Pères ont admis la maternité divine de Marie et l'Unité personnelle dans le Christ. C'est surtout dans la manière dont ils citent les extraits, dans les courtes formules d'introduction, dans de rapides appréciations faisant suite aux (1) A. C. 0., I, I, 3, p. 41, lin. 30 ; I, 1, 4, p. 39 ; I, 1, 5, p. 7, lin. 23. (2) « Quant à l'autorité des docteurs ou évêques pris isolément, écrit fort justement TixERONT, on commence, au quatrième siècle, à en faire état dans les discussions, et l'on voit saint Athanase et saint Basile invoquer le témoignage d'Origène et de ses successeurs dans les controverses arienne et macédonienne. Ce n'est toutefois qu'au siècle suivant que l'argument tiré des Pères prit toute sa, force et reçut sa définitive consécration. » Hisl. Dogm., lî, p. 17, 9» éd., 1931. Notons toutefois avec Thomassin (t. III, p. 82) que saint Basile semble avoir déjà une doctrine assez précise de l'argument patristique ; dans sa lettre 72, il observait que le témoignage d'un Père ne suffisait pas, mais qu'il fallait le consensus des Pères. Sur le soin qu'ont les Pères de conformer à cette •époque leur doctrine à celle de leurs devanciers, cf. vg., Basile, De Spiritu Sanclo, 10, 25 ; 29, 71 ; Ep. 140, 2 ; Grégoire de Naziance, Oral., 33, 15 ; Augustin, C. Julian., I, 7, 30 sq.; II, 10j37. Sur le consensus omnium, Gassien écrivait : « Sufïicere ergo solus nunc ad conf utandam îiaeresim deberet consensus omnium, quiaindubitse veritatis manifestatio est auctoritas universorum et perfecta ratio facta est ubi nemo dissensit. Ita ut qui contra hoc sentire nitatur, hujus prima statim fronte non tam sit audienda assertio, quam damnanda perversitas : quia praîjudicium secum damnationis exhibuit, qui judicium universitatis . impugnat ; et audientiœ locum non habet, qui a cunctis statuta convellit. ConflrmE^ta «nim semel ab omnibus veritate, quidquid contra id venit, hoc ipso statim falsitas «sse noscendum est, quod a veritate dissentit. Ac per hoc sufficere ei etiam id solum convenit ad sententiam damnationis, quod discrepat a judicio veritatis. » {De IncaV' nalione Chrisli, cap. VI, P. L., 50, 29 et 30). AUTORITÉ DES TÉMOIGNAGES 483 «itatîons, que se révèle eu passait et comme à leur insu la pensée de Cyrille et des membres du Concile sur le fondement de l'autorité doctrinale 4es Pères. Nous avons eu précédemment l'occasion d'analyser un passage important des Actes du Concile dans lequel se trouve exprimé nettement le motif de ces appels au passé. Les membres du Concile, en relisant et méditant les commentateurs authentiques, voulaient comprendre l'Écriture sainte et dans l'Écriture sainte atteindre l'Esprit de Dieu lui-même^. Ils s'attachaient à saisir exactement la foi des Pères et la manière dont ils l'avaient exposée, «quomodo ipsi intellexerint fidem et aliis eam praedicaverint », afin de pouvoir après eux et de la même façon, comprendre, interpréter et prêcher la foi. Dans V Apologeiicus pro XII capitibus contra Orientales surtout, on trouve des éclaircissements sur ce point. Dans la défense du premier anathématisme^, avant de citer Pierre •d'Alexandrie et Athanase, Cyrille écrit : «Nos bienheureux Pères nous ont enseigné autre chose ; ils nous ont dit que le Verbe même de Dieu le Père s'est réellemexit incarné et s'est fait homme, sans conversion ni -confusion. La manière dont ce mystère s'est accompli (t% oîxovojAtaç ô -rpoTToç) est absolument indicible. ;' Leurs paroles que nous allons citer témoigneront de ce qu'ils ont dit ». Après les extraits de Pierre d'Alexandrie et d' Athanase, Cyrille con- tinue : « Quant " à nous, nous suivons ces opinions des saints Pères. Si quelqu'un pense autrement et enseigne quelque chose d'autre, il est •en dehors de la voie droite et royale. Mais que le Christ soit né en prenant chair, ce n'est pas une chose insolite chez nos saints Pères ; c'est même .une expression courante chez d'autres que pour nos saints Pères ». Suit à cet endroit un extrait d'Amphiloque, évêque d'Iconium, Il n'est pas inutile de faire remarquer ici que l'argument patristique est en intime connexion avec la sainte Ecriture; le passage de Pierre d'Alexandrie n'est pas autre chose que l'exégèse et l'explication du verset 28 et du verset 35 •du chapitre premier de saint Luc. De plus, des termes mêmes d'Athanase (IIwç Bh xal à(ji9i.6àXXei.v èTÔXfXTjCTav ot XeyofjisvoL Xpiariocvol... ; ^ iztùç XptcTTiavoL 0éXou(Ttv ovofxdc^eaQat, ol XéyovTSç... ; ^ tcôç elvai Xpicrnavol ■Siivavxai CL Xsyovxsç... ; comment peuvent-ils être appelés ou se nommer (1) « Nous appelons sources du Sauveur les saints prophètes, les évangélistes et les apôtres ; tout remplis eux-mêmes du Saint-Esprit, ils sont comme des rivières répandant dans ce monde les eaux d'une doctrine salutaire et qui vient du ciel : ils réjouissent la terre.» «Ilco-a]p(ou Se ■Kr\yà<; eïvaC cpa[isv to\1)ç ày^ouç Tcpoç'irjTaç, eùaySXeXcoTocç te xal dCTTOoToXouç, ol t6v àvcûGev xal èÇ oôpavou xal ocoTYjpiov Toi x6cs[i(ù Ppùouai Xéyov, ^opYjyouvToç aÙToïç tou àytou IXve^fxaToç, 6c7taoàv ts oûtw xaTeuçpatvouct ttjv 6tc' '■oùpav6v. » Sur la vraie foi, aux Reines, II ; P. G. 76, 1337. (2) A. C. 0., I, I, 7, p. 36 et 37 ; P. G., 76, 323 G., et 326 B. 484 ARGUMENTATION PATRISTIQUE chrétiens ceux qui disent...), on peut conclure qu'il n« parle pas comme docteur privé, mais comme témoin de la foi chrétienne. Dans la défense du quatrième anathématisme^, Cyrille allègue quelques témoignages patristiques, en les introduisant de la façon que voici : 4 Que le chœur des saints Pères chante à l'unisson en faveur d'une telle foi et d'une telle doctrine, j'essayerai de le montrer en produisant, pour mieux convaincre, une partie d'un discours tenu jadis par Atticus,. d'heureuse mémoire ». Après ..la citation d'Atticus, Cyrille reprend : « Qu'après l'union ((xerà ttjv svcùctiv), il ne soit pas permis de diviser les- « hypostases » (Siaipeiv ràç ÔTroaTàaetç) et que ce soit même détruire le mystère admirable de l'Incarnation, nous allons l'apprendre en lisant les enseignements de Jules et de Félix qui furent jadis évoques de Rome ».. Observons que le texte d'Atticus n'est pas autre chose qu'une citation ou une explication de versets de l'Écriture sainte (Philipp., IIj 6; Jean, I, 14; Ps. JCIV, 6, 8). Dans les deux autres textes, il apparaît clairement qu'il s'agit d'une question qui touche à la foi, et non d'une doctrine personnelle et librement controversée. Le pseudo- Jules écrit : « Ad fidei plenitudinem. . . hoc in prophetis et apostolis locum habet». Le pseudo- Félix écrit :-«De Verbi autem incarnatione et fide, credimus )k Aussi, Cyrille peut-il écrire que diviser les « hypostases » après l'union (SiatpeTv Taç ÔTcocTTàCTèiç), c'est ruiner de fond en comble le sacrement de l'Incar- nation et par conséquent la foi. Dans la défense du huitième aïiathématisme, Cyrille explique longue- - ment ce qu'il pense de l'autorité doctrinale des Pères : Sur ce point, le divin Paul nous invite à être très attentifs, lorsqu'il nous dit :: Examinez-vous vous-mêmes, voyez si vous êtes dans la foi {II Cor., XIII, 5), Car, bien que l'amour-propre le fasse parfois sortir de la voie droite et abandonner les vraies doctrines, l'esprit humain n'ose cependant pas se fixer, pour ainsi dire, définitivement, . dans l'erreur. Il se corrigera facilement lui-même, en lisant avec soin les travaux des ■ anciens Pères dont l'orthodoxie est unanimement reconnue; alors il contrôlera sa propre foi. Toutes les âmes droites s'efforcent de suivre les enseignements de ces Pères ; car • après s'être remplis de la doctrine évangélique et apostolique et après avoir puisé<' dans les saintes Écritures une foi absolument pure, possédant la parole de vie, ils ont, été les flambeaux du monde ^. Cyrille cite à cet endroit trois textes du pseudo- Athanase. Aux yeux de Cyrille, pour savoir si l'on est dans la vraie foi, il faut sur le point en litige comparer sa pensée à la pensée des Pères. Il s'agit ici de ceux dont l'exactitude de la doctrine a été universellement reconnue : ol xat £71;' ôpOoTTjTi Te xal àxpiêsia SoyfxccTcov S!.a66"y)TOV e^^uaiv Trapà. TràvTWV T7]V eù(p7]jj,iav. (1). A.C. 0. ,1, I, 7, p. 45 ,P. G., 76, 342 B. (2) A. C. 0., I, I, 7, p. 48, lin. 16 sq. ; ibid., I, i, 5, p. 129 ; P. G., 76, 347, 350. AUTORITÉ DES TÉMOIGNAGES 485 Il s'agit des Pères dont la pensée était toute pleine de la tradition «apostolique et évangélique et qui, se basant sur la sainte Écriture, ont enseigné la foi, correctement et sans erreur : ôri xal aùroi -njç te ànoa- ToXix^ç xal sùayYsXtXTJç TcapaSoorewç tov otxstov sfJLTrXTQCTavTSç vouv xal Tàv sttI TTJ Tziaxei Xoyov ôp0ûç ts xal à(JL(j)(xiQTû)ç èx twv Ispcov Ypa(J^(AaTde la pensée. Les Pères ici sont donc bien considérés, non pas comme -docteurs privés, mais comme les gardiens de la foi, comme les canaux de la tradition révélée qui, en restant constamment identique à elle-même,, se transmet intacte de génération en génération. Dans la défense du onzième anathématisme, saint Cyrille introduit ainsi les passages de saint Athanase : « AuTret Se oùSèv uTcèp ys toû ,{j(,Y) Soxetv è[ié Te xal (xovov l'Siov ôvoji,àJ^siv to acù^LCX. tou Aoyou, xal xàç Tcov àyifov IlaTepoav TrapaGetvat -/jp-riaeiç,^ h' l'Soisv cl Si èvavriaç œç (jtaTiQV rijxcùv xaTûcxexpàyaaiv STcofiévciv iravTaxou Tatç èxeivoiv (poivaiç^. » Cyrille ne veut pas que l'on croie qu'il soit le seul {k[ii xal (xovov) à se> servir de l'expression «corps du Verbe»; il se conforme en tout à la manière de parler des Pères. Voici comment, dans la défense du douzième anathématisme, sont introduits par Cyrille les extraits de Grégoire, de Basile et d' Athanase : "Oti Se Tji TOi^Se TciCTTei xal ô tcov àytcùv IlaTépcùv Sté-Tcpevj^s X^P^Ç? ^^ aÔTûJv etcrofxeôa TcàXiv &v ysypàçaaiv aÔToC, tyjv tou So>Ty)poç TVjpyjO'avTeç ■ èVToXlQV^. Parvenus à la fin de ce travail, nous pouvons jeter un regard en arrière sur le chemin parcouru. Une rapide enquête sur la notion de «Père» •datis les premiers siècles de l'Église et sur l'argument patristique a permis de se rendre compte de l'état de la question avant la controverse nesto- rienne^. Depuis Vincent de Lérins, l'importance de l'argumentation (1) Cf. P. G., 75, 1208 C ; 1147 ; 1150. Mansi, IV, 1015 A. (2J A. C. 0., I, I, 7, p. 60, lin. 12 sq., ibid., I, i, 7, p. 138, lin. 29 ; P. G., 76, 375. (3) A C. O., I, I, 7, p. 63, lin. 32sq. ; P. G., 76, 381 D. (4) On a laissé délibérément de côté deux dossiers patristiques se rattachant à la •controverse nestorienne, mais postérieurs à la période étudiée ici : celui de saint Léon et celui de Théodoret. Il faut les grouper plutôt autour du Concile de Clialcédoine. — :Sur Théodoret, ef. Saltet, Revue d'histoire ecclésiastique, 1905, « Les sources de l'Éra- 486 ARGUMENTATION PATRISTIQUE patristique dans la grande dispute christologique du v^ siècle avait été- mainte fois signalée. Mais l'étude critique des textes ne fut jamais, nous- semble t-il, très vigoureusement menée jusqu'à présent.L'efîort d'analyse et de comparaison entrepris dans les pages précédentes, malgré son. imperfection, est un premier déblaiement du terrain : nous avons examiné en premier lieu les textes du Concile, puis les textes concernant la contro- verse nestorienne tirés des écrits non conciliaires. Une lecture minutieuse des textes, une étude comparée des différents dossiers, une dissection, attentive des formules d'introduction, tout cela, à la lumière des rensei- gnements historiques plus généraux que nous possédons sur cette époque,, nous a permis de deviner et de déduire à la fois la valeur de l'autorité doctrinale des Pères dans la pensée de ceux qui, dans le camp cyrillien, ont pris part à la controverse. Nous ne trouvons pas une définition explicite du terme dans les passages que nous avons passés au crible. Mais il est clair qu'aux yeux des orthodoxes, dans cette première moitié du v^ siècle, les Pères allégués comme autorités dans l'argumentation théologique sont des hommes remarqués et remarquables par la sainteté de leur vie non moins que par l'éminente orthodoxie de leur doctrine ; ils sont morts- en communion avec les Églises ; ils ont illustré l'Église par leurs écrits et ils ont été du moins implicitement approuvés par elle. Le fondement de l'autorité doctrinale des Pères vient de ce qu'ils proposent la doctrine de l'Église elle-même^. nistès de Théodoret n. Dans « l'Éranistès » a passé une importante compilation que les évêques orientaux opposèrent au recueil de Cyrille lu au Concile d'Éphèse ;; l'Éranistès contient en outre trois recueils contre les Monophysites. Le «Contra Monophysitas » de Léonce de Byzance, la lettre à Rabbulas d'Édesse d'André de- Samosate, la série des textes composée par Cassien contre Nestorius constituent des recueils analogues qui ont été souvent explorés. Sur le dossier de saint Léon, on peut consulter la récente introduction du. P. C. Silva-Tarouca, s. J., dans Texlus et documenia, Séries iheologica, 9. S. Leonis raagni tomus ad Flavianum episc. Constantinopolitanum (epistula XXVIII) additis. testimoniis Patrum et ejusdem m. epistula ad Leonem I imp. (epist. CLXV) a codicum. fidem recensuit C. Silva-Tarouca, Romae, 1932. — Cf. S. Leonis epistulae contra Eutychis haeresim dans Texlus et documenta ser. îh. 16, Romae, 1934. (1) Dans son ouvrage : Contra Julianum imperatorem, Cyrille invoque des autorités- profanes, Aristote, Platon, Alexandre d'Aphrodise, Porphyre, Hermès, Plotin,. Pythagore, Xénophon, Plutarque, Homère, Hésiode, Pindare, Sophocle, Euripide,. Hérodote... (Sur ces auteurs profanées allégués par Cyrille, cf. : ci-dessus p. 448 à 453.. Note B. Les citations d'auteurs profanes dans le Contra Julianum. Mais on perçoit nette- ment que, pour Cyrille, le fondement de l'autorité de ces auteurs est bien différent du fondement de l'autorité des Pères de l'Église. D'ailleurs, Cyrille souvent n'invoque les philosophes profanes que pour les besoins d'un argument « ad hominem ». (Cf... René Arnou, La séparation par simple altérité dans la Trinité ploîinienne, in Gregoria- num, 1930, p. 181-193). VALEUR DE l'ARGUMENTATION 487 Pour prévemr les objections que l'on a faites ou que l'on pourrait faire sur la valeur de l'argumentation patristique dans la controverse nestorienne, on me permettra, en terminant, deux brèves remarques. Bien que les textes qui constituent les dossiers que nous avons cités ne soient pas d'une valeur médiocre, les Cyrilliens auraient pu incontes- tablement, pour étayer leur thèse, en citer plusieurs autres d'une clarté, ■d'une vigueur au moins égales. Ce qui a une force probante à leurs yeux, ce sont moins, considérés dans leur matérialité, ces petits extraits, dont le nombre — on l'a constaté — est relativement modeste, dont le sens n'est pas toujours explicite, que leur valeur de représentation comme formules et que l'affirmation d'ensemble touchant la divinité du Christ. En particulier, l'idée que la Rédemption n'aurait pu avoir lieu sans l'Incarnation de Dieu, qu'il n'y a de racheté que ce qui est assumé par Dieu, est absolument fondamentale pour les Pères en général et pour saint Cyrille d'Alexandrie en particulier. Quelles que soient la frappe de ■ces formules patristiques et leur valeur relative très réelle, même quand •on les considère à part et comme séparées du contexte, nous ne prétendons pas que l'on puisse, non seulement dans notre pensée à nous, mais même dans la pensée de ceux qui vécurent au v® siècle, isoler complètement l'argument patristique de l'argument scripturaire ou de l'argument de tradition en général et affirmer qu'il « prouve » le dogme à lui tout seul. Tout se tient, surtout dans les premiers siècles, et ce n'est que par une vue de l'esprit et pour la clarté de l'exposé que l'on a pu et que l'on a dû distinguer les difïérents aspects de ce qui constitue la justification du dogme. Les Pères d'Éphèse ne séparent point l'argument scripturaire de l'argument patristique : on trouve fréquemment sous leur plume l'expres- sion jumelée « ol IlaTépeç xal y) rpa9'i^ »^ ; au surplus, il est aisé de constater que chaque extrait patristique contient, comme des joyaux dans un écrin, un ou plusieurs textes scripturaires. Enfin, dans son traité De recta fide ad ReginaSy un argamenî scripturaire fort long suit immédiatement l'argument patristique^. Il importe donc, pour comprendre la pensée des (1) Voir plus haut le texte de saint Grégoire de Nazianze: « Tcapà xûv 6eioiV Xoytwv..., Tuapà TÔJv àyJtov ITaréptoV », Or., 33, 15 ; P. G., 36, 233. (2) A. C. O., I, I, t ; P. G., 76, 1222 sq. — ■ Une étude de cet argument scripturaire dans la controverse nestorienne parallèle à celle de l'argument patristique serait désirable. L'analyse des arguments de raison, rares en général, mais non méprisables, et du prolongement dialectique des données scripturaires et patristiques mériterait aussil'attention del'liistorien de la théologie. La raison a son rôle à jouer. Sans vouloir supprimer le mystère (A. C. O., I, 1, 1, p. 53 ; P. G., 73, 603 ; Ms., IV, 1248 sq. ; P. G., 75, 1074 sq., 1150, 1078) et sans admettre que les simples fidèles se lancent dans des spéculations subtiles {A. C. O., I, i, 1 ; P. G., 77, 11), Cyrille encourage néanmoins les esprits qui veulent se rendre à eux-mêmes et rendre aux autres raison de leur foi. 488 ARGUMENTATION PATRISTIQUE anciens, de ne pas morceler la preuve; il faut la replacer dans son milieu en tenant compte de ses multiples attaches, en sorte que l'on voie tout concourir et tout conduire à une seule affirmation : celle de la foi de l'Église. Une deuxième et dernière remarque me semble opportune pour dissiper les équivoques touchant la valeur de l'argumentation patristique au cours de la période en laquelle nous avons circonscrit nos recherches. On peut admettre, dans une certaine mesure, que, pendant toute la période patristique, le besoin ne se fait sentir qu'assez rarement d'établir une vérité à l'aide de l'Écriture et des Pères, ou de fixer, par l'analyse- critique, le sens d'un texte scripturaire ou patristique^. Toutefois, il ne faut pas minimiser le rôle des preuves tirées de l'Écriture sainte et des Pères dans l'histoire de la théologie, et à un degré moindre et dans un sens modifié, dans l'histoire du dogme. Sans entrer ici dans une discussion approfondie de la preuve patristique ou de la preuve scripturaire qui déborderait les cadres de cette recherche, qu'il me soit permis de rappeler qu'en cette matière délicate de l'argumentation théologique, deux écueil& sont à éviter : mésestimer ou surestimer le concept de preuve. Outre les deux extrêmes dont il faut se garder à droite et à gauche, signalons de plus une confusion qui peut se produire dans la manière même de poser le problème. Il y a deux questions fort distinctes : les Pères employaient-ils l'argument scripturaire ou patristique? Comment en usaient-ils? Double problème ! On peut répondre nettement que le& Pères avaient certainement la persuasion de trouver le Révélé dans la Bible et qu'à l'occasion ils s'eiEïorçaient non seulement dHllustrer leur& élévations dogmatiques à l'aide des textes de l'Écriture, mais même de construire de véritables arguments. Sans doute, il a pu arriver accidentellement que l'on ait dû rejeter les- matériaux positifs utilisés en faveur d'une thèse qui, elle, a persisté et persiste encore, ou en faveur d'une conclusion (consequens non conse- quentia) dont on n'a pu nier la justesse et dont le magistère ecclésiastique s'est porté dans la suite infaillible garant ; il est également indéniable , que, dans quelques cas particuliers, les présupposés positifs, les matériaux utilisés pour la démonstration ont subi d'importants remaniements ; On rencontre fréquemment sous la plume des Gyrilliens le texte de Pierre (/ Peir., III, 15) : « cuivis rationem nos poscenti de ea quae in nobis est spe » (cf., à titre- d'exemple, P. G., 72, 128 A ; Winteriana, p. 344, 1. 42 ; Vaticana, p. 24, 1. 8, p. 51, 1. 17). (1) Cf. M. B. DuRST, Zur theologischen Méthode, dans Theologische Bévue, t. XXVI (1927), pp. 297-313, pp. 361-372, et A. Landgraf, Les Preuves scripturaire et patristique dans l'argumentation théologique (Bévue des Sciences philosophiques et théologiques, mai 1931, p. 287 à 292). { VALEUR DE l'aRGUMENTATION 489 on peut enfin admettre que les questions critiques ne préoccupaient que médiocrement les Pères^ et même qu'en un certain sens elles n'étaient |)ôint encore nées : mais il n'en reste pas moins vrai qu'une preuve même défectueuse au point de vue critique est encore une tentative de preuve et manifeste le concept de preuve; il faut dire, au surplus, que presque tous les matériaux positifs utilisés au v^ siècle pour la construction d'une 'Christologie et d'une Mariologie ont longtemps persisté et persistent encore aujourd'hui ; enfin, on peut soutenir, à condition que l'on nuance ^cette affirmation pour chaque époque et pour chaque écrivain, que toutes les fois qu'un texte était controversé, les Pères s'efforçaient de déterminer le sens historique, selon leurs moyens, et que leur effort a été presque invariablement couronné de succès. Pour mon compte, je suis incliné à penser que la méthode théologique ■d'un Cyrille d'Alexandrie n'est pas si éloignée de la méthode des grands scolastiques qu'on pourrait le croire au premier abord, et je ne crois pas que pour lui le développement des dogmes, en ce qui touche leurs présup- posés positifs, se soit plié à une méthode essentiellement différente •de celle qu'on regarde aujourd'hui comme la seule scientifique. Qu'en ■cette matière, la haute main soit revenue, au premier chef, à un sens religieux qui saisit comme d'instinct les doctrines de foi et celles qui sont comme des bastions de la foi, on n'en disconvient pas ; mais comme il est difficile, sans tomber dans le fidéisme, d'esquisser une philosophie de cet instinct religieux de divination ! Et, d'autre part, comme il est important, sans sombrer dans le rationalisme, de trancher la question du virtuel révélé et de préciser dans le développement le rôle de la raison discursive 2 ! Pour dissiper les équivoques' qui auraient pu subsister encore, ces •quelques remarques s'imposaient. Elles ont attiré l'attention sur la nature des préoccupations critiques des théologiens de cette époque, nommément snr saint Cyrille d'Alexandrie ; elles ont fait voir cette immersion nécessaire de l'argumentation spécifiquement patristique dans l'ensemble d'une argumentation plus générale où dialectique, Écriture et >sens religieux ont leur part, sans qu'il soit toujours facile et même possible •d'en assigner les limites respectives ; elles ont fait voir la valeur objective (1) Nous avons vu plus haut, dans une lettre à Jean d'Antioche, le souCi qu'a Cyrille *de citer avec acribie le texte authentique de la lettre d'Athanase à Épictète. Cf. A. C. O., î, 1, 4, p. 20, lin. 9 ; p. 30, lin. 9. . . - (2) Sur la notion de développement dogmatique dans la controverse nestorienne, voir Le Symbole deNicéeau Concile d'Éphèse, § 4. Intangibilité du symbole, in Gregorianum, i. XII, 1931, p. 129-137. 490 ARGUMENTATION PATRISTIQUE et durable et la Valeur relative, à l'époque étudiée ici, de l' argumentation elle-même. A condition que l'on tienne compte des réserves faites et des distinctions' apportées, ces observations que nous présentons jetteront peut-être quelque lumière sur le rôle de l'argumentation théologique dans la contro- verse nestorienne ; elles permettront probablement d'apprécier davantage le sens de la preuve palristique dont nous avons voulu, au moins du côté cyrillien, souligner une fois de plus l'importance et dégager l'essentiel. NOTE D Les anathématismes de Cyrille et son pseudo-monophysisme Lorsque vers la fm de novembre 430, le diacre Posidonius apporta à Constantinople la sentence de Célestin et la lettre synodale émanée d'Alexandrie, Nestorius put lire douze propositions que Cyrille avait jointes à la lettre et qui, dans la pensée de l'évêque d'Alexandrie, n'étaient que l'expression même de la doctrine catholique^. On sait que leur formu- lation ouvrit à l'Église une ère de difficultés interminables. Les anathéma- tismes n'ont point une/ importance considérable pour l'étude qui fait l'objet du présent ouvrage ; ils ne sont pas toutefois sans relations avec le» fondements dogmatiques _de la doctrine spirituelle de Cyrille. Signalons brièvement les points principaux : Mariologie (an. 1) ; Christologie (an. 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Culte du Christ (an. 8) ; Saint-Esprit (an. 9) ; Sacrifice rédempteur (an. 10) ; Eucharistie (an. 11) ; Rédemption (an. 12). Cette note sur les anathématismes qui n'a que peu de rapports avec la spiritualité achèvera cependant avantageusement notre étude précé- dente ; elle permettra au lecteur de s'orienter plus facilement dans la forêt des problèmes cyrilliens et d'avoir un résumé presque complet de sa théologie. La lettre de Cyrille qui introduit les anathématismes et les commente nous aide à les comprendre. De plus^, l'auteur lui-même a eu l'occasion (1) On trouvera les anathématismes dans toutes les collections concilaïres. Cf. A. C. 0., I, 1, 1, 6 p. 33-42 (Coll. Vaticana) ou Ep. XVII, P. G. 77, 107-121. — Sur les anathématismes^ cf. Souvay, The calholic hislorical Review, "Washington, 1926, p. 627-635. — A. Deneffe, Der dogmaîische Weri der Analhemalismen Cyrills dans Scholastik, t. VIII, 1933, p. 64-88 et p. 203-216. — Puig de la Bellacasa, Esludio» EcclesiasUcos, Madrid, 1932, p. 5 sq. — P. Galtier, Les Anathématismes de. saint Cyrille et le concile de Chalcédoine, dans Recherches de Science religieuse, 1933, p. 45 sq. {^) Q,î. Explication des douze Chapitres, P. G. 76, 293-312 et Pusey, p. 240-260. Apologie des douze chapitres, contre les Évêques orientaux, P. G. 76, 316-386 et PusBY, p. 260-382. Apologie contre Théodorel, P. G. 76, 385-452. 492 LES ANATHÉMATISMES DE CYRILLE ET SON PSEUDO-MONOPHYSISME de les expliquer. Théodoret, évêque de Gyr, et André, évêque de Samosate, ayant écrit des réfutations de ces douze anathématismes, Cyrille dut leur répondre^. Voici tout d'abord la traduction française des anathématismes : i" anaihématisme. — Si quelqu'un ne reconnaît pas que l'Emmanuel est véritablement Dieu et que par suite la Sainte Vierge est mère de Dieu, puisqu'elle a donné naissance, selon la chair, au Verbe de Dieu fait chair : qu'il soit anathème. 2^ anaihématisme. — Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu le Père s'est uni selon l'hypostase à la chair et est un seul Christ avec sa propre chair, lui-même étant à la fois Dieu et homme tout ensemble : qu'il soit anathème. 3^ anaihématisme. — Si quelqu'un dans le Christ un, divise les hypos- tases après l'union, les associant par une simple association de dignité ô.u d'autorité ou de puissance, au lieu d'admettre entre elles une union physique : qu'il soit anathème. # anaihématisme. — Si quelqu'un divise entre deux personnes ou hypostases les expressions employées au sujet du Christ dans les écrits évangéliques et apostoliques ou bien encore par les saints ou par le Christ lui-même, attribuant les unes à l'homme considéré à part du Verbe de Dieu le Père, les autres au seul Verbe de Dieu le Père : qu'il soit anathème. 5^ anaihématisme. — Si quelqu'un ose dire que le Christ est un homme qui porte Dieu (théophore) au lieu de dire qu'il est vrai Dieu, qu'il est le Fils unique et par nature, même en tant que Verbe fait chair, et parti- cipant comme nous au sang et à la chair : qu'il soit anathème. 6® anaihématisme. — Si quelqu'un ose dire que le Verbe de Dieu le Père est le 'Dieu et le Maître du Christ, au lieu de reconnaître que le Christ lui-même est tout à la fois Dieu et homme, puisque conformément à l'Écriture le Verbe s'est fait chair : qu'il soit anathème. 7^ anaihématisme. — Si quelqu'un affirme que Jésus est mû comme homnie par le Verbe divin et que la gloire du Fils unique lui a été sura- joutée comme à quelqu'un de distinct du fils unique : qu'il soit anathème. 8^ anaihématisme. — Si quelqu'un ose dire que l'homme pris par le Verbe doit être coadoré et conglorifié et conommé Dieu avec le Verbe divin, comme un autre avec un autre (la particule co, syn, suggère en effet cette idée de dualité) au lieu d'honorer l'Emmanuel d'une seule (1) Cf. pour l'attribution de ces réfutations, une lettre de Cyrille au prêtre Euloge de Constantinople : A. C. O. I, I, 4, 131, p. 137, 9 ; Ep. 44, P. G. 77, 228 G. (2) Cf. supra, p. 125, 126, 130, cp que nous avons dit sur l'expression «selon l'hypostase ». ANATHÉMATISMES DE CYRILLE 495 adoration et de lui accorder une seule glorification en tant que Verbe fait chair : qu'il soit anathème. 9^ anathémaiisme. — Si quelqu'un dit que l'Unique Seigneur Jésus- Christ est glorifié par l'Esprit-Saint, qu'en se servant de la puissance du Saint-Esprit il se sert d'une puissance étrangère, qu'il a reçu de l'Esprit la puissance sur les mauvais démons et celle de faire des miracles en faveur des honimes, au lieu de reconnaître son propre esprit dans celui qui a fait les miracles : qu'il soit anathème. 10^ anathémaiisme. — La Sainte Écriture dit que le Christ est devenu le grand prêtre et l'Apôtre de notre confession et qu'il s'est ofïert en odeur de suavité à Dieu le Père. Si donc quelqu'un dit que notre grand prêtre et notre apôtre n'est pas lé Verbe de Dieu lui-même fait chair et homme comme nous, mais un autre distinct de Lui, homme né de la femme ; ou bien si quelqu'un dit qu'il offre le sacrifice pour lui-même et non pas seulement pour nous (celui-là n'ayant pas besoin d'ofîrir le sacrifice qui n'a pas commis, de péché) : qu'il soit anathème. ile anathémaiisme. — Si quelqu'un ne confesse pas que la chair du Seigneur donne la vie et qu'elle est la propre chair du Verbe divin, mais prétend qu'elle appartient à un autre que Lui, qui ne Lui est uni que par la dignité et qui a servi de demeure à la divinité, au lieu de déclarer, ainsi que nous lé faisons, que cette chair donne la vie, parce qu'elle est la propre chair du Verbe qui a la puissance de donner la vie à tout : qu'il soit anathème. 12^ anathémaiisme. — Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a souffert dans sa chair, a été crucifié dans sa chair, a goûté la mort dans sa chair^et est devenu ensuite le premier-né d'entre les morts, lui qui est né et qui donne la vie comme Dieu : qu'il soit anathème. Analyse dés anathématismes Le premier anathémaiisme revendique pour la Sainte Vierge la dignité de Mère de Dieu ; elle est la mère de l'Emmanuel , elle a enfanté selon la chair le Verbe de Dieu fait chair. Le Verbe de Dieu s'est uni à la chair selon l'hypostase ; en d'autres termes, le Christ ne fait qu'un avec sa propre chair, étant Dieu et homme à la fois : telle est la teneur du deuxième anathémaiisme. Le troisième anathémaiisme affirme l'unité d'hypostase après l'union^ une rencontre par union physique et non pas seulement une adhésion ou une assistance de dignité, d'autorité ou de puissance. L'expression « union physique » était la plus équivoque des anathématismes. Dans ses expli- cations ultérieures, Cyrille a maintenu fermement la distinction des deux 494 LES ANATHÉMATISMES DE CYRILLE ET SON PSEUDO-MONOPHYSISME natures après l'union (physique, naturelle) en sorte que les monophysites ne peuvent se réclamer de lui. Ce que le quatrième anathématisme interdit, c'est de répartir les assertions évangéliques ou apostoliques des auteurs sacrés sur le Christ, ou du Christ sur lui-même, selon deux rôles ou bien deux hypostases. Il ne faut pas rapporter les unes proprement à l'homme, isolé par la pensée du Dieu Verbe, les autres, au Verbe divin. Plus tard, au moment de l'union de 433, Cyrille ajoutera une expli- cation. Dans sa lettre 39, Laeienîur coeli, il reconnaît qu'il est légitime de distinguer entre les expressions qui visent la nature humaine et celles qui visent la nature divine, à condition de ne pas les rapporter à deux personnes distinctes. Le cinquième anathématisme affirme que Je Christ est autre chose qu'un homme portant Dieu ; il est Dieu en vérité, Fils de Dieu par nature, car le Verbe s'est fait chair et a participé comme nous au sang et à la chair {Héb., II, 14). Le sixième anathématisme défend d'appeler le Dieu Verbe, Dieu ou Maître du Christ : le Christ est le Verbe incarné. Dieu et homme à la fois. L'homme Jésus ne doit pas être regardé comme un pur instrument du Verbe, investi de la gloire du Fils unique ; le septième anathématisme condamne ceux qui disent qu'il est un autre que le Verbe. Le huitième anathématisme enseigne qu'il faut adorer d'un même acte l'Emmanuel, Verbe incarné ; il ne faut pas adorer l'homme Jésus, le glorifier, l'appeler Dieu «avec» le Verbe, comme s'ils faisaient deux. Une autre erreur concernant les relations du Seigneur Jésus-Christ avec l'Esprit-Saint est dénoncée par le neuvième anathématisme. Le Christ ne recourt pas à l'Esprit comme à une puissance étrangère, en vertu de laquelle il chasserait les démons et opérerait des miracles : l'Esprit-Saint est son propre Esprit, par lequel il opère les miracles. Le dixième anathématisme souligne que Jésus est appelé [Héb., III, 1) Pontife et Apôtre de notre foi, qu'il s'est offert lui-même pour nous en odeur de suavité à Dieu son Père {Eph., V, 2) ; non pas simplement comme un homme ordinaire, investi du pouvoir de sacrifier pour lui- même et pour autrui, mais comme le Dieu Verbe fait homme qui, n'ayant que faire de sacrifier pour Lui-même, sacrifie pour nous seuls. La chair du Seigneur a un pouvoir vivifiant qui lui appartient essentiel- lement, comme à la propre chair du Verbe divin. Cet enseignement du onzième anathématisme sera souvent repris dans la suite à propos de l'Eucharistie. Le douzième anathématisme affirme que le Verbe divin a souffert en sa chair, qu'il a goûté la mort en sa chair, qu'il est le premier-né d'entre les morts {Col., I, 18), étant la Vie et Dieu auteur de la vie. ANALYSE DES ANATHÉMATISMES 495 * ♦ * La pensée théologique de Cyrille est claire. L'idée centrale est l'unité profonde du composé théaridrique, unité qui s'appuie sur la person- nalité divine même du Verbe, attirant à soi l'humanité dans une exception- nelle intimité. Il s'agit d'une attraction physique, d'une synthèse absolu- ment unique bien supérieure à une simple coordination affective et morale. Le vocabulaire théologique que Cyrille avait à sa disposition était encore trop déficient pour qu'il pût exprimer parfaitement sa pensée ; la formulation de sa pensée très orthodoxe devait nécessairement en souffrir. Cyrille parle tantôt d'union en hypostase c'est-à-dire pour lui d'union « réelle » (anath. 2, êvcocnç xa6' ÛTrocyTaoïv) et tantôt d'union physique (anath. 3, xaG'svcùcjtv çuctixyjv) en entendant sans nul doute la même chose par ces deux expressions. Cette idée d'une union très étroite, véritable et réelle, que Cyrille souligna encore plus vigoureusement, quand il parla de la « seule nature du Logos incarné » ((xia çùctiç tou 0eou Aoyou oscapxcofjLev:?))^ devait d'autant plus heurter les Antiochiens, qu'elle n'était pas de saint Athanase, comme le croyait l'évêque d'Alexandrie [De recia fide ad reginas, 1, 9). Apollinaire en était l'auteur^. Cyrille parlait assez souvent de S\So çrSosiç avant l'union des natures et d'une [lia.. cpiicriç après l'union [Ep., 40); cela prêtait évidemment à 'équivoque. Mais, au fond, il rejetait l'apollinarisme, enseignait l'intégrité 'de la nature humaine dotée d'une <]>ifx"^ "kcyod] et n'admettait pas une union comportant un mélange des deux natures {àa^yxMxoç, 6Vcocrt.ç)^. Nous avons eu l'occasion dans la seconde partie du présent ouvrage d'indiquer les images dont se sert volontiers Cyrille pour illustrer cette union d'un genre si mystérieux : union du corps avec l'âme raisonnable dans l'homme*, comparaison du charbon ardent (Isaïe, VI, 6), du bois ■ enflammé, de la laine teinte. On ne saurait trop insister sur ce fait que la théologie grecque n'avait pas d'expression déterminée pour désigner l'union des deux natures dans la personne du Christ. Le symbole de Nicée n'employait-il pas ■ encore dans le même sens les mots oûaÊa (substance) et ÛTrocrTaaiç (hypostase)? Sans doute, au iv^ siècle, la théologie de la Trinité commença à distinguer les deux mots- cpùaiç et UTToarTaoriç et les Pères Cappadociens parlent couramment, saint Basile en particulier, de trois hypostases divines en une seule nature (rpscç tizocxôcaeiç, [liot. çrScyiç) ; Cyrille lui- (1) Ep. 46, 2; P. G. 77, 241. (2) P. G. 28, 25-30. P. G. 76, 1212, 349. Cf. supra, p. 474. (3) Ep. 39; P. G., 77, 176. ,(4) P. G. 77, 241. Cf. supra, p. 137-141. 496 LES ANATHÊMATISMES DE CYRILLE ET SON PSEUDO-MONOPHYSISME même avait parlé le premier de TpCa TrpoorcùTra en Dieu. Mais dans la- théologie de riucaruation, l'on n'avait pas encore, surtout en Orient,, perfectionné la terminologie. Si chez les Latins, Tertullien avait employé l'expression «proprietas utriuçque substantiae in una persona » [Adv. Prax, 27), Cyrille n'ose pas parler de [licc ÛTrôaraciiç, car dans la Trinité,, on nomme xmàa^ccaïc, la nature individualisée, et, dans le Christ, les- deux natures ont conservé intactes leurs particularités. En attendant le concile de Chalcédoine qui, le premier, en 451, mit de la clarté dans les formules techniques et parlera des Sùo çiiaeiç qui sont réunies etç Iv — pocjcùTcov xal [i-iav UTroaTaaiv^, il faudra se contenter de termes approxi- matifs. Cette approximation qui régnait à Antioche aussi bien qu'à Alexandrie, y produisait des résultats opposés. Identifiant parfois hypostase et nature,, et soulignant l'unité d'hypostase ou de personne, l'Alexandrin devait parler indifféremment d'union en hypostase ou d'union physique. Les Antiochiens parlaient indifféremment de deux natures ou de deux hypos- tases persévérant dans le Verbe Incarné ; car s'ils identifiaient, eux aussi, hypostase et nature, ils mettaient l'accent sur la distinction manifeste; des natures. Chacun mettait sous les mêmes mots des réalités différentes. A Alexan- drie, l'hypostase ou la nature était le sujet autonome d'attribution, ce que nous appelons la personne, la nature complète et laissée à elle-même. L'hypostase ou la nature était à Antioche la substance, caractérisée par des propriétés spécifiques. De là l'opposition violente à la doctrine de Cyrille et spécialement à ses anathématismes. t Jean d' Antioche, ayant reçu de Nestorius le texte des anathématismes,. manifeste son indignation à son ami Firmus de Césarée : Je vous fais parvenir certains chapitres qui circulent dans la cité impériale au grand' scandale des fidèles. On prétend qu'ils sont l'œuvre du très religieux évêque Cyrille, mais je ne puis le croire... La doctrine est tout à fait choquante pour ceux qui ont été élevés dans la vraie foi... Il est absolument nécessaire d'arrêter la pernicieuse' influence de ces chapitres. S'ils pénètrent jusque dans le Pont, non seulement il ne faut pas les approuver ou les tolérer, mais il faut les combattre avec acharnement*. Jean d'Antioche pria André de Samosate et Théodoret de Cyr de réfuter ces dangereux anathématismes. André de Samosate, généralement calme et modéré dans le ton, cherche à mettre les anathématismes en contradiction avec les autres ouvrages de l'évêque d'Alexandrie. Théo- (1) Mansi, vil, 115B; IIefele, 11,471. ; Harduin, II, 455 B. (2) Sijnodicum, c. 4. P. G. 35, 580, et Mansi, t. 5, 756. DHFENSE DES ANATHÉMATISMES 497 doret, plus passionné, trouve partout des traces d'un dangereux Apolli- -narisme^ 1^^ Anathématisme André de Samosate admet le titre de ôsotoxoç ; mais on ne peut dire ■qu'elle a enfanté crapxixûîç car elle aurait cessé d'être vierge^; de plus l'expression aàpxa yey'ovÔTa tôv Aoyov suppose une modification et une transformation du Verbe. Réponse de Cyrille : l'expression «enfanter selon la chair» n'est pas ■une méconnaissance de l'enfantement virginal et de l'opération selon la •chair ; 'on affirme simplement que la Vierge a miraculeusement fourni au Verbe incarné son élément humain^. Quant à l'autre expression incriminée, ne la trouve-t-on pas dans le prologue de saint Jean ainsi que chez Pierre d'Alexandrie, Athanase, Amphiloque d'Iconium*? Théodoret admet le titre de Osotoxoç pour la Vierge, mais à cause de l'union de la forme divine à la forme d'esclave qu'elle a enfantée, non parce qu'elle aurait engendré Dieu en tant que tel et donné commen- cement à la divinité. Cyrille réplique qu'il n'a jamais soutenu que Marie a donné naissance à la nature divine mais que la chair qu'elle a mise au jour est la propre chair du Verbe divin^. Théodoret accuse aussi Cyrille d'expliquer l'Incarnation par une transformation du Verbe : «Pour nous qui voulons nous en tenir aux paroles évangéliques, nous ne dirons jamais que le Logos est devenu chair par nature, ni qu'il a été changé en la chair^». Cyrille, nous l'avons vu plus haut, reproduit un texte évangélique et ne parle pas de transfor- mation. 2^ Anaihématisme Aucune réfutation d'André de Samosate contre cet anathématisme. N'avait-il aucune objection? Tillemont [Mémoires, XIV, p. 371) pense plutôt à une lacune des manuscrits. ^L'attaque de Théodoret est virulente : (1) Cf. Apologie contre les évêques orientaux, P. G. 76, 316-385 et Apologie contre Théodoret, P. G. 76, 385-452 ainsi que Pli. Ed. Pusey, S. P. N. Cyrilli archiepisc. Alex. XII Capitum Defensio ulraque. Oxford, 1875, p. 260 à 498. — Les objections -de Théodoret et d'André, ainsi que les réponses de Cyrille ont été analysées avec soin par J. Mahé, Les Anathématismes de Saint Cyrille d'Alexandrie et les évêques orientaux ..du patriarchal d'Anlioche dans R. H. E. Vil, n° 3, Louvain, 1906, p. 505-548. (2) P. G. 76, 317 C, D. (3) P. G. 76, 321 A. (4) P. G. 76, 321 G sq. (5) P. G. 76, 393 D sq. (6) P. G. 76, 392 B. 498 LES ANATHÉMATISMES DE CYRILLE ET SON PSEUDO-MONOPHYSISME. Nous aussi, nous confessons un seul Christ selon les saints enseignements des Apôtres ;: et, à cause de l'union, nous le nommons Dieu et homme tout ensemble. Mais pour exprimer cette croyance, il suffît de dire simplement union. Pourquoi venir parler d'union selon Vhyposiase (ëvcooiç xaG' Ô7u6aTaoiv), sinon pour introduire l'idée de mélange et de fusion entre l'humanité et la divinité^ ? Cyrille riposte en faisant remarquer que par l'union selon l'hypostase,. il voulait indiquer « une union vraie et réelle de l'hypostase du Logos- avec l'humanité, mais sans aucune altération ou fusion^ » et qu'il ne faut pas regarder cette expression êvwffiç xa8' uTcôoTacriv comme syno- nyme de xpôcCTiç (mélange)^. 3^ Anaîhémaiisme André de Samosate s'étonne que Cyrille refuse ici de diviser les deux, hypostases. « Il confessait autrefois les deux hypostases » et comme preuve de son assertion, il allègue quelques lignes de la lettre de Cyrille aux moines*. L'évêque de Samosate ne se rend pas compte que Cyrille emploie en. cet endroit les façons de parler de Nesborius pour les désapprouver. Un peu plus loin, il s'étonne de l'expression svwctiç cpucrtx-;^ ; cette union serait-elle donc nécessaire ? Dans ce cas, plus de grâce, plus de mystère !' Cyrille est encore ici mal compris ; il n'enseigne pas que l'Incarnation a été un fait naturel, conforme aux lois de la nature, mais que l'union est véritable, intime et substantielle, et non pas simplement externe et morale, comme le voudrait Nestorius^. Théodoret, de son côté, blâme la distinction entre ouvàcpeia et tytSvoSoç : ces mots sont synonymes ! Mais l'évêque de Cyr n'a pas remarqué que l'opposition est établie ^ntre : x wç 6sov cpiiasi. yevvYjCTacyav, àXX' wç àvOpcùTcov Tqi SiaTrXdcCTavTi auTov riV(ùjievov ôew (593 B). On peut remarquer qu'avôpcoTcov se trouve au cas direct. Entre 431 et 433, la querelle se poursuivit et les divergences de vocabu- laire et de conception continuent de se manifester. Dans le courant de l'année 432, les Orientaux tinrent une série de conciliabules à Tarse et à Antioche en particulier, pour essayer de se mettre d'accord avec Cyrille. Mais, ils ne parvinrent même pas, tout d'abord, à s'entendre pleinement entre eux. Nestorius, au fond de son exil, croira jusqu'à la fin de sa vie qu'il était orthodoxe et que saint Léon avait prêché sa doctrine dualiste. La reconnaissance de la communication des idiomes appliquée au Christ qui lui permit plus tard d'admettre le titre de Théotokos ne changea pas le fond de sa pensée : il rejeta toujours expressément l'idée d'une unité (1)P. G. 77,241 A, B, G. (2) Ep. I ; Ilom. 15, Incarn. (3) P. G. 77, 1449 sq. 1456 B. l'union de 433 507 physique ou hypostatique ; le Christ et non le Logos était pour lui le sujet dernier des attributs divins et humains et des activités divines et humaines. Parmi les Orientaux, Alexandre d'Hiérapolis, Maxime d'Anazarbe, Helladius de Tarse, Euthérius de Tyane, Himérius de Nicomédie, se 'déclarèrent obstinément opposés à toute relation avec « l'Égyptien ». André de Samosate et Théodoret de Cyr, influencés par Acace de Bérée, se montrent plus conciliants, mais ils ne sont pas encore décidés à souscrire ■à la déposition de Nestorius {Synodicon LX). La majorité des évêques orientaux avec Jean d'Antioche et Acace de Bérée désirent la paix immédiate^. Paul d'Émèse fut chargé de négocier auprès de Cyrille 2. Cyrille lui rendit personnellement sa communion à la condition de reconnaître Maximien comme évêque de Constantinople, de professer le Théotokos ■et d'anathématiser la doctrine de Nestorius. Le 25 décembre et le 1^^ jan- vier, il prend la parole dans l'église d'Alexandrie^. Pendant ce temps, le tribun Aristolaûs parvint à faire souscrire -Jean d'Antioche à une lettre dans laquelle, il est vrai, il n'était pas question •des anathématismes mais où l'anathème était prononcé contre l'ensei- •gnement de Nestorius. , • Jean d'Antioche adressa ensuite sa profession de foi à Cyrille. Sauf une phrase, le texte n'est autre que celui d'une lettre envoyée d'Éphè par les évêques orientaux à l'empereur Théodose au début d'août 431, En voici l'introduction : Nous voulons exposer ici en abrégé et en conformité avec l'Écriture et la tradition sans cependant rien ajouter à la foi de Nicée, ce que nous croyons et enseignons au sujet de la Vierge, Mère de Dieu, et sur la manière dont le Fils de Dieu s'est fait homme. Nous le faisons parce que c'est nécessaire, non pour innover mais pour satisfaire aux difficultés ; car ainsi que nous l'avons déjà fait, la foi de Nicée suffit parfaitement à l'exposition de la religion et à la réfutation des hérésies. Nous donnons cette nouvelle explication non pour résoudre ce qui est incompréhensible, mais pour réfuter par la ■ confession de notre propre faiblesse, ceux qui nous reprochent d'expliquer des questions au-dessus de l'intelligence humaine. Nous avons eu l'occasion de citer ce texte intégralement dans notre -deuxième partie. Nous y renvoyons le lecteur*. Lorsque Paul d'Émèse apporta en Egypte cette profession de foi de (1) ScHwÀRTZ, Neue Aklenslûcke, p. 65-66 ; Synodicon LXXX. (2) Neue Aklenstûche, p. 67-68. (3) Mansi, t. V, p. 293-301. (4) Mansi, V, 781-783 et P. G. 77, 176-177. Comparer avec : A. C. 0., I, 2, 4, 123, .p. 8, 27-9, 5 (Lettre à Cijrille) ; I, IV, I, 105, p. 56, 36, 57, 5 (Leffre à Théodose II, latin du Synodiconj. Voir dans notre deuxième partie, ch. II, p. 142 sq. 508 LES ANATHÉMATISMES DE CYRILLE ET SON PSEUDO-MONOPHYSISME: Jean d'Antioche, Cyrille accepta la formule et dans une lettre enthou- siaste, il fit éclater sa joie : « Que les cieux se réjouissent et que la terre tressaille» (Cyrille, Episi., XXXIX). Par des lettres parties d'Alexandrie et d'Antioche, la bonne nouvelle de la paix se répandit bientôt à Rome et à Gonstantinople^. Un examen attentif de la formule d'union que souscrivit Cyrille, prête à des remarques intéressantes. Il n'y est pas question des anathématismes. On y parle non du Verbe mais de Jésus-Christ qui naît du Père selon la. divinité, de Marie selon l'humanité. Le Théoiokos n'est admis qu'avec l'explication demandée par les Orientaux ; on y/retrouve le mot « temple » qui leur était familier ; la locution « une seule personne, unioh de deux natures », remplace « une seule nature, union physique ». Toutefois, le mot CTUvàçEta est écarté ; l'identité personnelle du Verbe avant l'Incar- nation et de Jésus-Christ est plusieurs fois affirmée ; le principe de la communication des idiomes et avec lui le théoiokos est accepté. On voit que Cyrille, sans renoncer à l'essentiel de sa doctrine, se montra, prêt aux concessions indispensables et se plia aux tractations susceptibles- de rétablir la paix. Cependant, malgré ses efforts de conciliation, sa. doctrine ne cessa pas d'être attaquée. Ses amis ne tardèrent pas à mur- murer contre les termes de l'acte d'union ; Cyrille dut s'expliquer^ et modérer le zèle de ses partisans qui se manifestait d'une manière excessive en Syrie, surtout contre Jean d'Antioche^. Entre 438 et sa mort qui advint le 27 juin 444, Cyrille put voir l'Église jouir d'une paix relative. Mais jusqu'en 438, malgré l'acte d'union de 433,. l'agitation ne disparut jamais complètement. Théodoret de Cyr ne pouvait se consoler du sort fait à Nestorius^. Dans un synode d'Anazarbe, les évêques de la Cilicie seconde séparent Cyrille de leur communion jusqu'à ce qu'il condamne ses anathématismes. Mélèce de Mopsueste refuse de lire une lettre irénique de Jean d'Antioche et la jette au visage da messager qui l'apportait*. Euthérius de Tyane et Helladius de Tarse^en appellent à Sixte III qui venait de succéder à Célestin ; ils exaltent l'évêque de Rome comme un nouveau Moïse par qui Dieu veut que le monde soit délivré du nouveau Pharaon et de l'erreur égyptienne^. Parmi les nestoriens irréductibles contre lesquels on crut devoir procéder avec rigueur, il faut citer : Zénobius de Zéphyra, Mélèce de Mopsueste, Dorothée (1) Cf. Lettres à Acace de Mélitène. Ep. XL; au prêtre Euloge, son apocrisiaire à Constantinople, Ep. XLIV ; à Valerien d'Iconium, Ep. L ; à Succenslis de Diocésarée- en Isaurie, Ep. XLV et XLVI. (2) Episi. LVII et LVIII, à Maxime, diacre. (3) Synodicon 178, 180-193. (4) TiLLEMONT, Mémoires, t. XIV, p. 558-559. (5) Syiwdicon 117. APRÈS l'union de 433 509 -de Marcianopolis, Euthérius de Tyane, Anastase de Ténédos et surtout .Alexandre de Hiérapolis^. Mais voici qu'au moment où tout allait se calmer, où André de Samosate, non sans mérite, se réconciliait avec Acace de Mélitène et Rabbulas d'Edesse, où Théodoret de Cyr lui-même se soumettait, voici que l'affaire rebondit de plus belle. Les cyrilliens, pour pousser plus loin leurs avantages, attaquèrent les écrits de ceux qui avaient été les maîtres ,de l'École • d'Antioche, Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste. Ils étaient morts, il est vrai, dans la communion de l'Église ; mais après la condam- nation de Nestorius, certains esprits curieux relirent leurs ouvrages et y -^découvrirent une étrange ressemblance avec ceux du condamné d'Éphèse. Celui-ci était même dépassé dans son duophysisme. Dans l'Église arménienne qui, sous le patronage du catholicos Sahag et de Mesrob, était en pleine renaissance intellectuelle, on traduisit les ouvrages de Théodore. Des Apollinaristes qui avaient déjà attaqué les livres des Antiochiens, puis deux cyrilliens fervents, Acace' de Mélitène ■ et Rabbulas d'Edesse, s'insurgent contre cette influence pernicieuse^. . On réunit un synode qui envoie deux prêtres à Proclus de Constanti- nople afin de tirer au clair ce conflit doctrinal. Dans une lettre dogma- tique, le fameux Tome aux Arméniens, Proclus réfute le duophysisme exagéré des docteurs antiochiens et propose la doctrine orthodoxe. Nous confessons que le Dieu Verbe, un de la Trinité, s'est incarné... Je confesse une seule hypostase du Dieu Verbe incarné. Non content d'envoyer sa lettre aux évêques arméniens, Proclus la propose aussi à la signature des Orientaux ; une lettre impériale est même jointe à ce tome, enjoignant aux Syriens de ne plus troubler la paix^. Jean d'Antioche répond à Proclus qu'il anathématise la doctrine • de Nestorius mais se refuse à condamner Théodore. Dans une lettre à l'empereur, il fait de plus remarquer combien il est grave de jeter l'anathème sur des personnages morts dans la paix de l'Église*. Cyrille d'Alexandrie, auquel Jean d'Antioche avait aussi écrit dans le même sens, flt voir une fois de plus ses sentiments iréniques. Il prend la peine d'écrire à Proclus et il lui fait remarquer que si le concile d'Éphèse -avait condamné un symbole attribué à Théodore, aucun nom n'avait été cité par lui. Au reste, il ne fallait pas trop exiger des Orientaux^. Tout s'apaisa. Seul, semble-t-il, le fougueux Ibas d'Edesse ne parvint pas à retrouver son calme. (1) TiLLEMONT, Mémoires, t. XIV, p. 562 à 603. (2) LiBERATus, Breviarium. (3) Synodicon 219. (4) Synodicon 196-197-200. ,(5) Mansi, t. IX, 409. 510 LES ANATHÉMATISMES DE CYRILLE ET SON PSEUDO-MONOPHYSISME * « w Dans la note suivante, nous donnerons au lecteur quelques brèves indications sur le sort de la doctrine cyrillienne jusqu'au concile de- Constantinople de 681. On sait que les monophysiies se réclamèrent de l'autorité de Cyrille : Eutychès de Constantinople, Dioscore d'Alexandrie, les Sévériens d'Antioche ; mais on sait aussi combien leur pensée dépassa la doctrine cyrillienne, même celle des anathématismes, et ne laissa rien subsister de la distinction et de l'intégrité des deux natures. Les monoihélites, Serge, Pyrrhus et Paul de Constantinople, Théodose de Césarée et Macaire d'Antioche croiront aussi pouvoir se couvrir de l'autorité de l'évêque-théologien du concile d'Éphèse. Saint Léon n'aura pas de peine à montrer aux uns et aux autres combien ils se trompent sur la pensée de Cyrille et combien cette pensée peut se comprendre dans- un sens orthodoxe. Justinien, Léonce de Byzance, le cinquième concile (553) ainsi que lé sixième concile de Constantinople (681), se feront les défenseurs de la doctrine cyrillienne. Quelques mots enfin sur le concile de Latran qui eut lieu en 649 sous Martin I®^ achèveront cet aperç^u sur l'influence de Cyrille en Orient et en Occident. NOTE E Destin de la doctrine ehiistologiaue cyrillienne jusqu 'an sixième concile œcuméniQ.ne (681) Les uns après les autres, les hérétiques, monophysites d'abord, puis monothélites, ont essayé de mettre leurs erreurs sous le patronage de saint Cyrille. Maxime le Confesseur^, le théologien grec le plus éminent du vu® siècle, le vainqueur du monothélisme sur le terrain scientifique,, en a fait la remarque. Quatre ans après la mort de Cyrille, Eutychès^ interrogé sur sa foi, au synode de Constantinople de 448, répond : « J'ai lu les écrits du Bienheu- reux Cyrille et des Saints Pères... Ils disent bien : de deux natures avant l'union : sx S6o çiScrecùV Trpô tyjç sv(î>oejv svépyeiav'-. Signalons, par exemple, Serge, patriarche de Constaniinople (610-618), le premier fondateur de la nouvelle hérésie, qui écrivait à Cyrus de Phase : «Nous savons qu'entre autres Pères illustres, le très saint Cyrille, arche- vêque d'Alexandrie, a parlé dans quelques-uns de ses ouvrages d'une seule énergie vivifiante du Christ, notre vrai Dieu^ ». Notons aussi la réponse de Pyrrhus de Constantinople à saint Maxime : «Comment donc Cyrille, cette lumière de l'Église, a-t-il pu enseigner le contraire de ce que nous voyons maintenant être la vérité et dire, en parlant du Christ, qu'il a manifesté une seule et même énergie par ses -deux natures : [xiav CTuyyevTJ Si' à(X«potv sTC^SeSstyfxévou èvspysiav^. Un peu plus tard, Théodose, évêque de Césarée de Biihynie, discutant lui aussi avec saint Maxime, se réclamera du même texte de Cyrille*. Le patriarche, Paul de Constantinople, écrivant à Théodore, s'était appuyé sur la justification opposée par Cyrille à Théodoret à propos du 4^ anathématisme : il ne faut pas diviser entre deux personnes ou hypostases les expressions employées au sujet du Christ par l'Écriture^. Au VI® Concile œcuménique, Macaire d'Antioche prétend montrer, par le début de l'ouvrage : Sur la vraie foi à Théodose, que Cyrille admet une seule volonté^. * Les Orthodoxes^ de leur côté, ont toujours attaché une très grande ^importance à la doctrine de saint Cyrille, malgré l'abus qu'en faisaient leurs adversaires, monophysiies et monothélites. Dès l'origine du monophysisme, au moment où Eutychès se réclame de Cyrille, Flavien de Constantinople dénonce à Rome le novateur, parce qu'il «pervertit la vraie foi... que Cyrille a enseignée dans ses lettres à .TMestorius et aux Orientaux' ». Dans sa réponse, Episiola dogmatica ad Flavianum^, le pape saint Léon Lîie nomme pas Cyrille ; mais un peu plus tard, en 450, il fait un recueil ,(1) P. G. 73, 577 ; Pusky, t. I, p. 630. ■ (2) Mansi, t. XI, 525. (3) P. G. 91, 344 ; Mansi, t. X, 752. (4) Cf. CoMBEFis, Opéra Maximi, t. I, p. m. {5) Mansi, t. X, 1025. (6) Mansi, t. XI, 216 sq., 384. (7) P. L. Si, 725. .(8) P. L. 5d, 755-781. DESTIN DE LA CHRISTOLOGIE CYRILLIENNE 513 de textes patristiques et il en emprunte trois aux Scholies sur l'Incar- nation'^. Cette même année, envoyant aux évêques de Gaule sa lettre à Flavien, il leur fait remarquer qu'elle est en parfaite conformité de doctrine avec Cyrille d'Alexandrie^. En cette- même année 450, il écrit à l'empereur Théodose II à propos du nouvel évêque de Constantinople, Anatolius : Qu'il lise avec soin la lettre de Cyrille d'Alexandrie à ISÎestorrus, où se trouve une explication claire du symbole de Nicée et il verra qu'elle s'accorde en tout avecl'ensei- gnemei^t des anciens Pères^". Dans une lettre à l'impératrice Pulchérie, saint Léon ajoute : Je demande une chose très simple, mais je l'exige. C'est qu'Anatolius accepte la lettre de Cyrille à Nestorius, dans laquelle se trouve l'explication du symbole de Nicée, ou ma propre lettre à l'évêque Flavien*. Si donc, en 452, dans une lettre à Paschasinus de Lilybée, il repousse la formule : TJnam Verhi naturam încarnaiam^, c'est au sens que lui donnaient les monophysites ; le contexte d'ailleurs ne permet pas d'y voir une condamnation de la doctrine cyrillienne. En 452, après le concile de Chalcédoine, saint Léon continuera encore à recommander les écrits du patriarche d'Alexandrie^. La doctrine christologique de saint Léon atteint une clarté qui n'avait pas été atteinte jusque-là. Le Christ n'est qu'une personne : Unus enim idemque est... vere Dei filius et vere hominis filius {Ep. ad. FI. 4). Les deux natures continuent d'exister sans mélange, salva proprieiate utriusque naturae et subslantiae et in unam coeunie personam [Ep. ad. FI. 3). Agit enim uiraque forma cum alterius communione, quod proprium est, Verbo- scilicet opérante, quod Verhi est, et carne exsequente, quod carnis est {Ep. ad FI., 4), L'unité de la personne permet la communication des idiomes: Notre-Seigneur, est par suite, invisibilis et visibilis, incomprehensibilis et comprehencaTa9Xuapoucyi.v et la lettre à Jean d' Antioche sur .le symbole d'union^ ». La raison en est, semble-t-il, que Vigile a identifié la lettre à Nestorius invoquée à Chalcédoine (xaTa(pXuapoucriv) avec celle des anathématismes (tou ScoT^poç), et qu'il l'a jointe dans sa pensée à la lettre de Jean d'Antio- che qualifiée après coup de « synodique », bien que cette dernière lettre soit postérieure de deux ans au concile d'Éphèse. Comment expliquer cette remise en lumière des anathématismes? C'est que depuis cent ans, les préoccupations ont changé. En 431, au concile d'Éphèse, les Pères ne semblent pas avoir approuvé les anathématismes aussi formellement et •explicitement que la première lettre de Cyrille à Nestorius*. (1) Cf. Mansi, t. IX, col. 231 sq. ; 244-246, 255, 259, 266, 268, 269, 290 sq., 308, :321. Cf. A. C. O., IV vol. 2, Johannis Maxenlii libelli. Colledio codicis Nouariensis 30. Collecîio codicis Parisi 1682. Procli tomus ad Armenos. Johannis pape II epislola ad vires illos. (2) Sur le détail des faits, relire dans Martin et Flighe, Histoire de V Église, t. IV, p. 467 sq. (3) Voici le texte de Vigile : « Synodicam ad "Nestorium.... cum duodecim capitulis, quam et sancta synodus Ephesina prima suscepit et beata Chalcedonensis synodus, ad convincendas Nestorii vesanias, in deflnitionibus fidei legitur posuisse. » Lettre à Rusticus et à Séftasfien. (Jaffé, 927). Même affirmation dans les extraits du Conslitulum (février 554) où il approuve définitivement la condamnation des trois chapitrfcs. On a accepté, dit-il, à Éphèse les lettres synodiques de Cyrille (epistolas beati Cijrilli sgnodicas ad Nestorium et ad alios per Orientem) et cependant, ajoute Vigile, Ibas traite •Cyrille d'hérétique et ses anathématismes d'impies (Jaffé, 937 ; Schwartz, A. C. 0., .t. IV, vol. II, p. 15538-15615. Mansi, IX, 474 A-C). (4) Schwartz, A. C. 0., t. I, vol. P, p. 37 et Mansi, p. 1180. 516 DESTIN DE LA CHRISTOLOGIE CYRILLIENNE En 433, Cyrille adresse à Jean d'Antioche une lettre avec le symbole' d'union oij il n'est point parlé des anathématismes. En 451, le concile de Chalcédoine approuve et confirme formellement et explicitement la lettre xaTaçXuapouaiv et la lettre à Jean d'Antioche.. Les anathématismes restent hors de cause^. Puis vint l'opposition au concile de Chalcédoine. La controverse théopaschite et la querelle des Trois Chapitres firent peu à peu passer- les anathématismes au premier plan de l'actualité. Rome semblait jusque- là ignorer la « lettre aux anathématismes » ; celle-ci, en effet, ne fait pas • partie du dossier envoyé par saint Léon contre Eutychès et n'est pas mentionnée dans les autres lettres papales^. Mais les moines scythes prennent soin que la lettre (tou SwTvjpoç) les contenant fut connue en, haut lieu. La traduction latine en avait été faite par Denys le Petit et le 12^ anathématisme avait été cité en 530 par le pape Jean II, à l'appuivi de la formule iinus de Trinitaîe . passas esi^. Vigile se conformant à la pensée des Pères de Chalcédoine défend l'orthodoxie de Cyrille ; ceux-ci. l'avaient considéré "dans leurs votes comme l'auteur des décisions- d'Éphèse ; il avait été avec Gélestin le chef du Concile*. Bien plus, à Constantinople, en faisant demander à Eutychès s'il adhérait aux décisions de Nicée et d'Éphèse, on avait ajouté « et aussi Totç xarà (xaKàpioV' K^piXXov TrôcCTtv »^ ; Rome avait traduit : et universis decretis Cyrîlli^, En résumé, ni la procédure rapide de 431, ni le silence de 451 sur les anathématismes, n'en avait signifié la réprobation ou l'abandon. A la conférence de Constantinople de 533, les catholiques expliquent aux Sévériens pourquoi Chalcédoine avait jugé inopportun de mentionner la. lettre tou SoùT^poç ; ils ajoutent que la volonté formellement exprimée de garder «toutes les formes de foi d'Éphèse » excluait qu'on eût songé, à la rejeter. Episiolam duodecim capiîulorum quae inseria est in Ephesino- concilio... car non recepit Chalcedonensis?, demandent les Sévériens. Les catholiques répondent : Si omnes formas et definitiones fidei in Epheso adversus Nesîorium facii concilii suscepit et confirmavit Chalcedonense- concilium, quemadmodum hanc habuit refellere? Sed... magis illam alleram . (1) Mansi, VI, 957 A, B, C, D. Le diacre Aétius concilie deux passages de Cyrille ■ empruntés à la lettre xaTaçXuapouoiv et au symbole d'union. Mansi, VI, 972-974 et P. G. 77, 48 A-B. (2) Cf. Silva-Tarouca, Nuovi sludi sulle aniiche leiiere dei papi, dans Gregoria— num, 1931. (3) Jaffé, 585 ; Schwartz, A. C. 0., t. IV, vol. II, p. 208. (4)Mansi, VII, 109B. (5) Mansi, 696 B. (6) Schwartz, Colleclio Novariensis, dans A. C. 0., t. II, vol. Il, p. 812. CYRILLE ET LE MONOTHÉLISME 517 'epislolam praeposueruni, quae super consensu symboli Nicaeni concilii daudaîa est, et eam quae ad Orientales scriptaest^. Quant au pape Vigile, en condamnant ceux qui avaient combattu les anathématismes comme hérétiques, il reste pleinement dans la tradition. Mais étant hors d'état comme il le dit lui-même de consulter les Actes •de Ghalcédoine, l'argument d'histoire par lequel il pensait justifier la •condamnation des hétérodoxes procédait d'une connaissance insuffisante •des délibérations qui avaient eu lieu en Orient avant 451. Ignorant le grec, Vigile avait dû faire vérifier par d'autres ce qui concernait le cas 4'Ibas ; son premier Constituium adressé à Justinien avouait les difficultés .qu'il rencontrait. « Quia graecae linguae, sicut cunctis et maxime pietati vestrae notum •est, sumus ignari, nunc per nostros, qui ejusdem linguae videntur habere notitiam, gesta sancti venerandique Chalcedonensis coricilii in rsynodalibus codicibus diligentissime perquirentes, dilucide aperteque .reperimus duabus in eodem synodo actionibus praedicti venerabilis Ibae •examinatum fuisse negotium.^». Mais Vigile ne jugea pas nécessaire de faire le même contrôle pour la «lettre synodique » à Nestorius que pour le cas d'Ibas. La lettre des anathématismes (tou ScoT^poç) portant le titre de « synodique », il conclut de la similitude des mots à l'identité des deux lettres explicitement reçues à Ghalcédoine. «Sur ce fait, note justement le R,, P. P. Galtier^, la valeur de son témoignage ne dépasse pas celle des raisons qui l'appuient. Gelles-ci se fondent toutes sur une équiVoque ; il n'y a donc pas à s'y arrêter. Les seuls documents explicitement reçus à Ghalcédoine comme exprimant la pensée du concile d'Éphèse restent bien la lettre xaTacpXuapoucriv à IMestorius et la lettre à Jean d'Antioche sur le symbole d'union ». I Nous ne pouvions passer sous silence cette attitude du pape Vigile à d'égard de la doctrine cyrillienne. Entrons maintenant dans le siècle •suivant où dans toute son acuité se posa le problème de V activité du Christ et cherchons si d'une manière ou d'une autre il y est encore question •de l'évêque d'Alexandrie. En face des monothélites, les orthodoxes auront encore recours à Cyrille. On se souvient de la suite des faits. Depuis le milieu du vi® siècle, un mot s'était introduit dans le vocabulaire christologique. Pour carac- ;tériser l'activité du Ghrist, on lui donnait l'épithète de Théandrique (1) Innocent de Maronia, Episl. de collatione cum Severianis, dans Schwartz, .A.C. 0., t. IV, vol. II, p. 173. (2) Jaffé 935 ; Mansi, IX, 98 D ; P. L. 69, 104-105. (3) P. Galtier, Les Analhémalismes de saint Cyrille et le Concile de Ghalcédoine, 4ans jRec/i. de Se. Bel., 1933, p. 56. 518 DESTIN DE LA CHRISTOLOGIE CYRILLIENNE (divino-humame) empruntée à des écrits mystiques issus de milieux sévériens et mis en circulatioii sous le nom vénéré de Denys l'Aréopagite. Accueillis d'abord avec défiance par les catholiques, les faux écrits aréopa- gitiques firent leur chemin, convoyant la fameuse opération théandrique qui forcera un jour l'entrée de la théologie officielle. Bientôt les théologiens les plus avertis de l'Église byzantine, Sophrone de Jérusalem et Maxime de Constantinople devinèrent dans ce monoénergisme une forme de mono- physisme. Maxime, dont nous avons déjà parlé plus haut, qui fut l'un des plus illustres champions du dyothélisme, rappella le véritable sens des formules cyrilliennes, [lioc te xal cruyysvyjç di à{xçotv èTrtSeSetyfjLsVT} èvépysta et (x(a çùatç Tou ©eou Aoyou CT£aapxco{i,év7j^ ;' Maxime base son argumen- tation sur saint Cyrille^ et cite de longs extraits de ses œuvres^. Le troisième concile de Constantinople (680-681) allait quelques années plus tard se réunir par l'accord du pape Agathon et de l'empereur' Constantin IV pour liquider la question du Monothélisme. Les Pères du Concile rectifieront le sens des citations de Cyrille invoquées par les hérétiques*.' Parmi les textes patristiques auxquels on demande la doctrine traditionnelle, plusieurs sont empruntés à Cyrille^. L'édit,. promulgué aussitôt après le Concile par l'empereur Constantin Pogonat, se réfère également à la doctrine de Cyrille sur les deux volontés et les deux énergies*. L'abbé Anasiase le Sinaïte (mort peu après 700) qui se signala vers; cette époque par son zèle infatigable en faveur de l'orthodoxie, doit être aussi mentionné parmi les plus fermes partisans de la doctrine cyrillienne'^.. * Après avoir jeté un coup d'œil sur l'influence de Cyrille en Orient jusqu'au vu® siècle, on peut se demander quelle a été son influence en. Occident. Nous avons déjà parlé du pape saint Léon ; nous n'y revenons- pas ici. Il est certain que l'œuvre de l'évêque d'Alexandrie n'a pas eu une aussi grande influence qu'en Orient. Mais ce serait une erreur, nous semble-t-il, d'affirmer que sa doctrine a été tenue en suscipion. On a. (1) P. G. 91, 84, 100-109, 253, 344-345. (2) P. G. 91, 176, 224, 273, 496, 565. (3) P. G. 91, 121, 281, 284, 472. (4) Mansi, t. XI, 216, 409, 412, 417, 428, 429, 432. (5) Mansi, ibid., 260 sq., 265. (6) Mansi, ibid., 704, 708. (7) P. G. 89, 92, 112 sq., 136, 145, 149sq., 173 sq., 183 sq., 193 sq., 292 sq. Sur- Anastase, cf. Vailiié, D. T. C, 1167 ; Janin, Dicl. d'Ere et de Géogr. eccL, 1482-1483., INFLUENCE DE CYRILLE EN OCCIDENT 519 prétendu que la Christologie de Cyrille avait été accueillie en Occident •avec'réserve et même avec défaveur^, et que la défiance ne serait tombée qu'au bout d'un siècle, lorsque le pape Jean II (534) eut cité le « douzième anathématisme « : « Quiconque ne confesse pas que le Verbe de Dieu a «ouffert dans sa chair, a été crucifié dans sa chair,. a goûté la mort dans •sa chair, et est devenu ensuite le premier-né d'entre les morts, lui qui est lié et qui donne la vie comme .Dieu, qu'il soit anathèrtie »^. En réalité, le silence en Occident sur les œuvres de saint Cyrille n'est pas aussi absolu qu'on l'affirme. Le pape Hilaire (462) a approuvé « tout ce qui a été fait à Éphèse ». Le pape Gélase (492-496), à qui on reproche de ne pas avoir cité saint Cyrille dans son mémoire De duabus naluris, cite les œuvres du patriarche égyptien parmi celles que l'Église romaine accepte^. Ce silence ne prouverait pas d'ailleurs nécessairement que les idées de Cyrille fussent tenues en suspicion. Depuis le pape Vigile (553) jusqu'à Martin I^^ (649), c'est-à-dire pendant près d'un siècle, les papes n'ont point fait, semble-t-il, mention de Cyrille ; il est impossible cependant de conclure qu'à cette époque, la foi de Cyrille fût suspecte. Ne faut-il pas simplement affirmer que Cyrille, comme les autres Pères grecs, a été relativement peu connu et peu utilisé chez les Latins; on n'a été amené à penser à lui et à le citer, que lorsque certains événements l'exigeaient. C'est ainsi que le Pape Vigile a parlé de lui au moment de l'affaire des Trois Chapitres*. Vigile de Tapse en fera aussi mention^ ainsi que Facundus d'Hermiane^. Au concile de Latran, sous Martin I^r, on citera encore des extraits de Cyrille^. Il ne faut point s'en étonner, puisqu'il s'agissait de mettre au point la question du dyothélisme que Serge, patriarche de Constantinople (610-638) avait un peu embrouillée. Serge avait en effet présenté cette question au pape Honorius sous un tel jour que celui-ci prescrivit simplement le silence sur le point de l'unique ou de la double opération et même craignant qu'on ne parlât de deux vouloirs contraires, il demanda que l'on confessât «l'unique volonté du Seigneur Jésus». L'empereur Héraclius s'empare aussitôt du document pontifical ^et impose à tous la confession de l'unique volonté ; et c'est ainsi que (1) SGHA.FER, Die Chrislologie dcshl. Cyrillus von Alexandrien in der rômischen Kirche^ dans Theolog. Quarlalschrifl, 1895, p. 421 sq. (2) Jaffé, 585 ; Schwartz, A. C. 0„ t. IV, vol. II, p. 208. (3) Thiel, Epislolae Romanorum ponîificum genuinae, t. I, p. 457. Cf. L. Saltet, jReoue d'histoire ecclésiastique, 1905, Louvain, p. 513 sq. Migne, P. L. 56. (4) Mansi, t. IX, 93, 99, 100. (5) P. L. 62, 104, 137, 148, 154. (6) P. L. 77, 529, 530, 552-554, 600-608, 631-633, 816-820. (7) Mansi, t. XI, 1040 sq. 1076 sq., 1080 sq., 1093 sq,, 1105 sq. 520 DESTIN DE LA CHRISTOLOGIE CYRILLIENNE prit naissance un monothélisme bien différent de celui que proposait le- Pape Honorius. Mais il y eut des protestations et elles furent si énergiques- que l'empereur Constant, le successeur d'Héraclius, ne prescrivit plus la- confession de l'unique volonté, mais simplement que Ton gardât le silence sur la question. Un peu plus tard, en 649, le pape saint Martin 1^^, dans- un concile réuni au Latran, jugea nécessaire d'exprimer clairement la- doctrine des deux volontés et des deux opératioyis ; c'était une conséquence de la doctrine des deux natures distinctes ; Martin I^r transposa aussi la. formule de l'opération théandrique, pour lui faire signifier la double opération. Dans l'exposé de cette question, on cite des extraits de Cyrille^.. Tel fut le destin de la doctrine christologique de Cyrille dans les trois- premiers siècles qui suivirent le concile d'Éphèse de 431. Nous ne chercherons pas à étendre davantage notre enquête sur l'influence de Cyrille en Occident ; cette recherche nous ferait sortir du. cadre fixé ; il suffit de rappeler quand et comment notre docteur y a fait ses premières apparitions. P. Courcelle, dans son magistral ouvrage sur Les Lettres en Occident, a donné pour la période qu'il étudie et qui s'étend de Macrobe à Cassiodore quelques indications que nous recueil- lerons ici précieusement ; car le contrôle des sources nous en a fait cons- tater la justesse. L'auteur note en particulier comment les écrits cyrilliens- sont parvenus d'une manière partielle à la connaissance de Léon le Grand, de Gennade de Marseille, de Denys'le Petit, de Cassiodore^. Comme nous avons eu l'occasion de le remarquer plus haut, malgré les^ relations entre les clergés de Rome et de Constantinople, malgré la présence d'apocrisi aires romains auprès de la cour de Byzance, le grec n'était pas connu ou mal connu dans les milieux pontificaux. Steinacker a montré que le pape Célestin et ses légats ignoraient le grec et que Léon le Grand fut contraint de demandera un Grec, Julien de Cos, une traduction des Actes du Concile de Chalcédoine^. On comprend mieux dès lors les difficultés et même certaines sévérités de l'Église romaine qui,, s'en tenant aux formules de la théologie augustinienne, ne semble pas toujours entrer à fond dans les débats théologiques de l'Orient. D'après Steinacker, ce déclin de la langue grecque s'étendrait jusqu'au vi^ siècle et il faudrait dater du vii^ siècle la renaissance des études grecques dans- les milieux cléricaux. P. Courcelle fait remarquer à juste titre que cette assertion est sans doute exagérée ; car elle ne semble pas tenir compte (1) Mansi, t. XI, col. 1040 sq. ; 1076 sq., 1080 sq., 1093 sq., 1105 sq. (2) P. Courcelle, Les Lettres grecques en Occident. De Macrobe à Cassiodore, E. de- Boccard, Paris, 1943. Sur Cyrille, voir surtout p. 135, 165, 223, 226, 314, 315, 318^ 336, 339 (n. 4), 340 (n. 4). (3) H. Steinacker, Die rômische Kirche und die griechischen Sprachkennlnisse des- Frulimilielallers, dans Feslschrift Th. G.omperz, Vienne, 1902, p. 333-334. CYRILLE EN OCCIDENT 521 du gros effort tenté au temps de Denys le Petit et de Rusticus et qui est «ontemporaiii de la renaissance des lettres profanes sous Théodoric- Toujours est-il que le Saint-Siège n'a à sa disposition qu'un petit nombre de spécialistes : Arnobe le Jeune par exemple et Marins Mercator. Arnobe le Jeune est capable de s'aider de la version des Septante dans son Commentaire sur les Psaumes et il traduit, daias ses écrits dogma- tiques, telle lettre de Cyrille d'Alexandrie^. Quant à Marins Mercator, non seulement il assemble et traduit quantité de textes de Cyrille, de Nestorius et de Théodore de Mopsueste mais il écrit un traité entier en grec 2. Il est vrai que, par souci d'exactitude, il ne sort pas des limites ■d'un littéralisme étroit et ne redoute même pas d'aller jusqu'au solécisme : '■«Scio etiam ab istis exprobranda nobis esse aliqua dicta vitiosa, quae nobis vis servandae Graecse proprietatis exorsit ))^. Léon le Grand demandera à ses scripiores des traductions d'une absolue ■fidélité* ; pour justifier sa position doctrinale, il cherchepa à se constituer Vin dossier des Pères Grecs, mais il ne sera capable de travailler que sur traductions. Ainsi étudiera-t-il Cyrille d'Alexandrie d'après la traduction ■de Mercator^ et d'après la Colledio Quesnelliana^. A l'époque de la renaissance des lettres grecques en Occident, l'on voit Gennade de Marseille faire figure de grand helléniste dans son entourage. Hérésiologue averti, comme nous le montre son De ecclesiasiicis dogma- iibus, il écrit, entre autres ouvrages, cinq livres contre Nestorius. Pour ■élaborer ce traité, il a parcouru Nestorius, Atticus de Constantinople, Théodore d'Ancyre, Cyrus d'Alexandrie, Jean d'Antioche et bien entendu Cyrille d'Alexandrie'. A-t-il lu les «infiniti tractatus diversarum» utto- . T. C, tome 7, 2533 sq.). Les traductions latines ont paru, semble-t-il, au vi^ siècle en connexion avec la controverse des Trois Chapitres (Concile de Constantinoplç, 553). 'L^^olleclio Casinensis est plus vaste. Le diacre romain Rusticus (564-565 à. Constantinople) rassembla et traduisit les documents. Son i)ut était de prouver que les Trois Chapitres avaient été condamnés à tort en 553. Il emprunta 216 pièces sur- 236. La l'fi partie de la collection reproduit une traduction latine des Actes d'Éphèse- faites peu auparavant à Constantinople (Colleclio Turonensis). La Colleclio Veronensis {A- C. 0., I, vol. 2) met en relief l'intervention de- Célestin I". La Colleclio Palalina (Vat. Pal. 234 ; A. C. 0., I, vol. 5, pars 1) contient les écrits de Marius Mercator et d'autres documents ; l'auteur est un moine scythe qui fit cette compilation avant 550, d'après Nisters, entre 500 et 519. La Colleclio Sichardiana (après 563, A. C. O., I, 5, 245-318) et la Colleclio Winteriana A. C. O., I, 5, 341-381) sont peu volumineuses. On ne peut les dater avec précisi en AUTRES ÉDITIONS OU COLLECTIONS CONCILIAIRES BouRiANT, Fragments copies sur le Concile d'Éphèse, dans les Mémoires publiés par- les Membres de la Mission archéologique française au Caire, Paris, 1892, t. 8. Harduin, Conciliorum Colleclio, t. I sq. Hefele, Parisiis, 1715. Kraatz, Koptische Akten zum ephesinischen Konzil von Jahre é31, Leipzig, 1904. Labbe, Concilia, t. I, sq. Mansi, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima colleclio. Florent et Venet., 1759,. sq., t. III, IV et V, Paris-Leipzig, 1901, t. IV. RîJCKER, Ephesinische Konzilsaklen in armenisch-georgischer Ueberlieferung, dans les Sitzungsberichte der bayer. Akad. der Wissenschafl, Munich, 1930. RtJCKER, Ephesinische Konzilsaklen in lateinischer Ueberlieferung, Oxenbronn, 1931.. PATROLOGIE DE MIGNE Patrologie grecque: T. 25-28. Athanase. T. 65. Proclus (C. P.), Flavien (C. P.), Atticus (C. P.) Sermons et lettres. T. 66. Théodore de Mopsueste. T. 67. Socrate, Sozomène. T. 68 à 77. Paris 1850. Cyrille d'Alexandrie, Œuvres complètes. Migne reproduit redit. AuBERT, 1638, avec les nouveaux écrits publiés par le Cardinal Mai sous le nom de Cyrille. Cf. supra, p. 53. S36 DOGME ET SPIRITUALITÉ CHEZ SAINT CYRILLE d'AEEXANDRIE De adoratione in spiriiu el veriîale, t. 68, 133-1125. , Glaphyres, t. 69, 9-796. Commentaire sur Isole, t. 70, col. 10-1149. Commentaire sur les douze petits prophètes, t. 7Î et t. 72, col. 9-364. Commentaire sur Saint Jean, t. 73 et 74, col. 9-756. Fragments de commentaires perdus dans les t. 69, 70, 72, 74. Thésaurus, t. 75, col. 9-654. De consubstantiali Trinitate, t. 75, col. 658-1124. Scholia de Incarnatione Ûnigeniti, t. 75, col. 1369-1472. De recta flde ad Theodosium Imperatorem, t. 76, col. 1133-1200. De recta flde ad Principissas (ad Reginas I), t. 76, col. 1201-1336. -De recta flde ad Augustas (ad Reginas II), t. 76, col. 1336-1425. Adversus Nestorii blasphemias, t. 76, col. 9-248. Anathémalismes, t. 77, col. 120-121. Apologeticus coidra Orientales, t. 76, col. 316-386. Apologeticus contra Theodoretum, t. 76, col. 385-452. Explicatio duodecim capitum, t. 76, col. 293-312. Apologeticus ad Theodosium, t. 76, 453-488. Adversus nolenies conflteri sanctam Virginem esse Deiparam, t. 76, 259-292. Dialogue « Quod unus Christus », t. 75, col. 1253-1362. Fragments d'ouvrages dogmatiques incomplets. Liber contra Synousiasîas, t. 76, col. 1427-1435." Librî adversus Diodorum Tarsensem el Theodorum Mopsuestanum, t. 76, col. 1437-1452 (extraits en latin). Liber textuum, t. 76, col. 145 (quelques fragments insignifiants). De Synagogœ defeciu, t. 76, col. 1421-1422. Contra Julianum imperatorem, t. 76, col. 503-1064. Homélies pascales, t. 77, col. 391-981 (29 homélies pour les années 414 à 442), Homélies diverses, t. 77, col. 981-1176 (17 homélies et cinq fragments). Lettres, t. 77, col. 9-390. Ouvrage douteux : Adversus anthropomorphitas, t. 76, col. 1065-1132. Ouvrages apocryphes : De Incarnatione Domini, t. 75, col. 1419-1478. De Trinitate, t. 75, col. 1148-1189. De sancla Trinitate, t. 77, col. 1119- 1174. Collectanea, t. 77, col. 1176-1289. De Incarnatione Verbi Dei, t. 75, col. 1413-1420. Dialogus cum Nestorio, t. 76, col. 247-257. T. 77. Sermons et correspondance des évêques Jean d'Antioche, Paul d'Émèse, Firmus de Césarée, Acace de Bérée, Acace de Mélitène, Théodote d'Ancyre, Rabbulas d'Edesse. T. 78. Isidore de Péluse, Lettres. Voir infra Aigrain, p. 539. T. 79. Nil le Sinaïte. T. 83 à 84. Théodoret. Le De Incarnatione Domini de Théodoret se trouve dans les œuvres de Cyrille, t. 75, col. 1419. Le tome 84 reproduit le Synodicon Casinense de Rusticus. Édition médiocre à corriger par SCHWARTZ, A. C. O., t. IV. T. 85. Antipater de Bostra et Basile de Séleucie (sermons sur la Vierge). T. 86. EvAGRius. Historia Ecclesiastica, I-XII, col. 2420-2453. Cf. plutôt, édition BiDEz et Parmentier, Ecclesiastical History of Evagrius, Londres, 1898. T. 90, 91. Maxime le Confesseur. T. 92. Chronicon Paschale, col. 800. 'T. 93, Hésychius de Jérusalem (sermons sur la Vierge). INDEX DES SOURCES 53T Palrologie latine T. 67. Facundus d'Hermiank, Prod efensione trium capitulorum. T. 68. LiBERATUs. Breviarium caasae Neslorianorum et Eulgchianoram, col. 969-1052. Je l'ai cité ci-dessus p. 70, n. 3 ; p. 361, n. 1 ; 466 ; 509, n. 2.. T. 31. Leporius. Libellus èmendationis. T. 33 sq. Saint Augustin. T. 48. Marius Mercator, col. 699-1241. Cf. édit. Baluze, Paris, 1684, et Gahnier, Paris, 1673. T. 50. Cassien. De Incarnatione. T. 50, S. Célestin et Sixte III. Lettres, cf. Coustant. Epislolae Pontificum. Romanorum. T. 50. Vincent de Lérins. Commonitorium. T. 52. S. Pierre Ghrysologue. Sermons. T. 53. Arnobius Junior. Dialogue. Voir supra, p. 521, 521, n. 1 ; 522. T. 54. Saint Léon le Grand. Sermons et Correspondance. On complétera facilement la bibliographie patristique en se reportant aux ouvrages; de O. Bardenhewer, Geschichte der allkirchlichen Literatar, t. IV et V. Fribourg-en- Br., 1924-1932 ; de B. Altaner, Précis de Patrologie, traduit par l'abbé M. Grand- CLAUDON, Mulhouse, 1941 ; et aux articles des grandes encyclopédies. Ea ce qui concerne saint Cyrille, lire l'important article : Chaînes exégéliques grecques- de Mgr R. Devreesse, dans le supplément au Dictionnaire de la Bible, col. 1084-1234. Dans Studi e testi, LVII, cité du Vatican, 1932, Mgr Devreesse a édité l'ouvrage de- Pélage, In Defensione trium capitulorum; avec le Breviarium de Liberatus et le Pro defensione trium capitulorum de Facundus d'Hermiane, cet écrit fait bien connaître- r histoire du Nestorianisme. J'indiquerai en terminant les trois grandes collections suivantes, comme indis- pensables pour le travail que nous avons entrepris : Corpus scriptorum christianorum orientalium, de Chabot, Paris. Griechische chrisiliche Schriftsteller, édit. par la Kirchenvâier Kommission, Leipzig. Pairologia orientalis de Graffin-Nau, Paris. Ces trois collections ne peuvent guère être utilisées que pour l'étude du milieu cyrillien et de l'influeilce cyrillienne ; car si Chabot nous donne les Commentaires sur Luc, Graffin, que je sache, ne nous fournit aucun traité de Cyrille, mais seulement deux écrits utiles pour notre présent travail : The history of the patriarchs of ihe coptic church of Alexandrie (P. 0., tome I, Paris, 1903) et lo.. Chronique de Séerl (édit. Adçai Scher, p. 0., t. IV, 3; t. V, 2 ; t. XIII, 4, Paris, 1908-1919). — Nous attendons encore l'édition critique de Cyrille dans la collection des Griechische christlicher Schriftsteller. RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES ^COMPLÉMENTAIRES POUR L'ÉTUDE DE CYRILLE ET DE SON MILIEU Socrate, Sozomène et Théodoret peuvent guider pour l'histoire des premières années -du v« siècle. On peut compléter par l'histoire ecclésiastique de Zacharie de Mytilène (vi« s.) insérée dans les livres III, VI d'une chronique syriaque en douze livres s'étendant jusqu'en 568-569 (éd. Brooks dans le Corpus Scriptorum chrislianorum . orienlalium, Scriptores Syri, t. V et VI, 1919-1924; trad. allemande par Ahrenset Krueger, 1899. Texte grec perdu). Théodore le lecteur est l'auteur d'une Histoire ^ecclésiastique allant de 450 à 527 dont on n'a que des fragments et d'une Historia Tripartita rédigée d'après Socrate, Sozomène et Théodoret. Jean d'Éphèse (t586) avait écrit une Histoire ecclésiastique en trois parties : première partie, perdue ; - deuxième, insérée dans une Chronique de 774-775 ; troisième, conservée dans une traduction syriaque. Evagrius (f vers 600) est l'auteur d'une Historia ecclesiàstica comprenant six livres et allant de 431 à 594. Pour l'histoire des Trois-Chapitres et du nestorianisme : Facundus d'Hermiane, Pro defensione trium capitulorum ; Liberatus, Breviarium causas Nestorianorum et Eutychianorum ; Pelage, In defensione trium capitulorum. Sur l'Orient et spécialement l'Egypte : Histoire des Patriarches d'Alexandrie, édit. H. EvETTs, The hislory of Ihe Pairiarchs of Ihe Coplic Church of Alexandria : Chronique de Séert; Chronique de Michel le Syrien, édit. Chabot, Paris, 1899-1924 ; Plérophories de Jean de Haiouma, trad. Nau, dans Bévue de VOrient chrétien, t. III, 1898. Lettres des Papes jusqu'à Saint Léon l", éd. Goustant, Paris, et Palrologie latine de Migne, passim. Enregistreihent et résumé des lettres pontificales dans Jaffé-Wattenbach, Begesta pontificum romanorum, Leipzig, 1885. Cf. K. Silva-Tarouca, Beifrâ^e zur Ueberlieferungsgeschichte der Papstbriefe des 4, 5 und 6 Jahrhunderts, dans Zeitschrift fur Kalholische Théologie, t. XLIII, 1919, p. 467-481 et 657-692. Liber Pontificalis, éd. L. Duchesne, Paris, 1886.. V. Grumel, Les Begestes des Actes du Patriarcat de Constanlinople, t. I, Les actes des patriarches, Kadi-Koy, 1931. On peut consulter aussi pour cette période : E. Caspar, Geschichte des Papsttums, t. II, Tubingue, 1933 ; J. 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B. — ■ Une liste utile à consulter des encyclopédies et dictionnaires se trouve dans la Bibliograpliie de VHistoire de VÉglise de Martin et Fliche, tome III. "Nous y renvoyons le lecteur. Il nous a paru inutile de donner ici le catalogue des revues tiiéologiques, philoso- phiques, historiques ou philologiques qui nous ont servi dans notre travail, par leurs recensions ou par leurs articles. Je mentionnerai entre beaucoup d'autres la Revue des Études grecques, la Revue de Philologie et pour ce qui concerne les études byzantines : Byzanlion, Byzantinische Zeitschrift (Leipzig), Échos d'Orient (Paris), 'ExxXYjataoTixàç Oàpoç (Alexandrie), Orientalia christiana periodica (Rome), Orien- ialische Literaturzeitung (Leipzig). Revue de l'Orient chrétien (Paris), Analecta JBollandiana (Bruxelles). TABLE DES NOMS DE PERSONNES Aaron : 209:;342; 349. Abbl : 349 ; 350, n. 1 ; 377 ; 449. .Abel (F. M.).: 40, n. 2 ;.89, n. 3 ; 539. Abraham :: 107 ; 121 ; 265 ; 274 ; 377.. Agace de Bérée : 69 ; 112 ; 119 ; 133 ; 333 ; 445 ; 478 ; 507 ; 537. Agace de Mélitène : 68 ; 69 ; 117 ; 142 ; 143 ; 508 ; 509 ; 536. . Adam (premier) : 9; 47; 50; 51 ; 52; 95; 151, n. 4.; 158; 175, n. 4; 177; 178; 207; 260; 383; 411 ; 427. Adam (second) : 10 ; 50 ; 177 ; 231 ; 260 ; 262 ; 264 ; 270 ; 296 ; 296, n. 8 ; 297 ; 301 ; 316; 401. Addai Scher : 537. .Aétius, diacre : 516, n. 1. Agapit, pape : 522. Agathon, pape : 518. Ahrenset : 538. AiGRAiN (R.) : 23 ; 536 ; 539. Albert le Grand : 373. Alès (Adh. d') : 88 ; 139 ; 336, n. 3 ; 347, n. 1 ; 459, n. 4 ; 539. Alexandre d'Alexandrie : 441 ; 481. Alexandre d'Antioche : 61. Alexandre d'Aphrodise : 17 ; 40 ; 75 ; 451 ; 486, n. 1. Alexandre d'Hiérapolis : 143 ; 445 ; 509. Alfionov (J.) :: 539. Allard (P.) : 57 ; 79 ; 448. Allatius : 225 ; 225, n. 1 ; 228, n. 2 et 3 ; 539. Alphonse de Liguori : 41, n. 1. Altaner : 537 ; 539. Alvarez de Paz : 373. .AlYiPjus .: 18 .; 480,. Amann (E.) : 33, n. 4 ; 115 ; 275, n. 11 ; 291, n. 1 ; 333, n. 2; 347, n. 1 ; 459, n. 4 ; 473, n. 4 ; 539. Ambroise de Milan : 206 ; 223, n. 2 et 3 ; 279 ; 300, n. 1 ; 442 ; 459 ; 462 ; 463 ; 464 ; 467 ; 476 ; 478 ; 479. Amélineau (E.) : 539. Ammon d'Andrinople : 112 ; 474 ; 476 ; 479. Ammone le Parote.: 26, n. 1. Amphiloque d'Igonium : 112 ; 277 ; 277, n. 7 ; 334 ; 460, n. 3 ; 461 ; 462 ; 463 ; 468 ; 473 ; 474 ; 476 ; 477 ; 478 ; 479 ; 483 ; 497. Amphiloque de Side : 68. Amos : 86, n. 5. Ananie : 352. Anastase le Sinaïte : 18; 19, n., 2 ; 126 ; 158 ; 325 ; 442 ; 518. Anastase de Ténédos : 509. Anastase, prêtre de Gonstantinople : 290, n. 1. Anatole de Gonstantinople (f 458) : 61. Anaximandre : 449. Anaximène : 449. André de Samosate : 56; 116; 273 ; 445 ; 485, n. 4 ; 492 ; 496 ; 497 ; 497, n. 1 ; 498 ; 499 ; 500 ; 501 ; 502 ; 503 ; 505 ; 507. Anselme : 46 ; 279. Anthime : 59 ; 541 ; 543. Antiochus : 112; 473; 474; 476; 479, Antipatbr de Bostra : 536. Antoine l'Ermite (f 356) : 21 ; 22 ; 290, n. 1 ; 418; 441 ; 481. Apollinaire de Laodigée : 7 ; 12 ; 16 39, n. 1; 45; 115; 225; 441; 465 466 ; 470 ; 471 ; 471, n. 4 ; 472 ; 474 475. n. 1 ; 495 ; 504 ; 545. 554 TABLE DES NOMS DE PERSONNES Arcadie, sœur de Théodose II : 27 ; 55 ; 209 ; 330. Arcadius, légat de Célestin : 339 ; 362 ; 444. Arcudius : 398. Aristobule : 449. Aristolaûs : 61 ; 507. Aristote : 17 ; 46, n. 3 ; 47 ; 75 ; 281, n. 2 ; 451 ; 451, n. 3 ; 486, n. 1 - 543. Aristoxène : 449. Arius : 12; 54; 441 ; 471. Arnauld : 40 ; 40, n. 3. Arnobe le Jeune : 521 ; 521, n. 1 ; 522 ; 537. Arnou (R.) ': p. 43, n. 7 ; 44, n. 1 ; 57 ; 319, n. 1 ; 452; 486, n. 1 ; 539 ; 544. Arsace : 61. Arséniev :/547. AscLÉPius : 452. AssEMANUS (J. L.) : 540, Athanase (t 373) : 6 ; 15 ; 16 ; 16, n. 1 17; 18; 19; 22 ; 30 ; 46, n. 1 ; 49 51 ; 52 ; 61 ; 69 ; 101 ; 111 ; 112 ; 122 132 ; 134 ; 136 ; 139 ; 146 ; 151 ; 157 160 ; 181, n. 10 ; 223, n. 3 ; 225 ; 315 328 ; 348 ; 373 ; 374 ; 376 ; 441 ; 456 456, n. 8 ; 457 ; 462 ; 463 ; 465 ; 466 473 ; 473, n. 1 ; 474 ; 476 ; 477 ; 478 479 ; 480 ; 481 ; 482 ; 482, n. 2 ; 483 485 ; 489, n. 1 ; 495 ; 497 ; 503 ; 505 511 ; 535. Atticus de Constantinople : 20. n. 4 ; 24; 61; 112; 121; 222, n. 3; 331, n. 1 ; 333 ; 333, n., 1 ; 461 ; 461, n. 1 ; 462 ; 463 ; 468 ; 473 ; 474, n. 2 ; 476 ; 478 ; 479 ; 484 ; 521 ; 535. Attila : 446. Aubert : 398, n. 1 ; 533 ; 535. AuDius : 25. Augustin : 13 ; 18 ; 26 ; 41 ; 46, n. 1 ; 72 ; 101, n. 6 ; 167 ; 223, n. 3 ; 238, n. 4 ; 254, n. 2 ; 280 ; 312, n. 4 ; 339, n. 6 ; 373 ; 374 ; 389 ; 413 ; 442 ; 454 ; 459 ; 469 ; 482 ; 537. B Babaï le Grand : 543. Backes (J.) : 36, n. 2 ; 540. Baluze : 463 ; 466 ; 467 ; 537. Baphides (Ph.) : 540. Bardenhewer (O.) : 11 ; 23, n. 3 ; 25,. n. 3 ; 53 ; 55 ; 56 ; 58 ; 371, n. 1 ; 459,. n. 1 ; 475 ; 537 ; 540 ; 543. Bardy (G.) : 16 ; 27, n. 2 ; 33, n. 4 ;: 116, n. 4 ; 331, n. 7 ; 336, n. 2 ; 540.. Barhadbesabba-Arbaya : 540. Baronius : 340, n. 3 ; 461, n. 3 ; 540. Bartsch (R.) : 281, Baruch : 54 ; 106 ; 107 ; 349 ; 350, Basile le Grand, év, de Gésarée : 15 ;: 42 ; 49, n. 4 ; 51 ; 60 ; 67 ; 93 ; 112 ;. 223, n, 3 ; 225 ; 238, n. 4 ; 277 ; 277, n. 7 ; 278 ; 279 ; 280 ; 281 ; 300, n. 1 ;. 312 ; 312, n. 3 ; 334, n. 2 ; 334, n. 2 ;. 418, n. 6 ; 459 ; 459, n. 3 ; 462 ; 467 ; 471 ; 473, n. 2 ; 478 ; 479 ; 482, n, 2 ;. 485 ; 499 ; 499, n, 5 ; 522 ; 523, Basile, auteur de la Supplicalio: 476 ; 479. Basile de Séleucie : 536. Basile d'Antioche : 61, Batiffol : 33, n. 4 ; 34, n. 3 ; 142 ; 186,. n. 4 ; 201 ; 331, n. 1 ; 333, p.- 1 ; 346> n. 2 ; 347, n. 1 ; 348, n. 1 ; 540, Bauer : 278 ; 540. Baur (L.) : 201 ; 540. Bavard : 456, n. 3, Bedjan : 534 ; 541. Bélisaire : 522. Bellacasa (Puig. de la) : 56 ; 491, n, 1.. Benoit XIV : 398, n. 1. Bernard de Clervaux : 13. Bernard (J.-H.) : 540. Bernardakis : 347 ; 540, Bertram ; 540. Bérulle : 373. • Bessarion : 225, n, 1, Béthune-Baker (J, F,) : 23 ; 540.. Bidez : 536. Blatt (F,) : 521, .bollandus : 23, Bôminghaus : 540. BoNAVENTURE : 13 ; 373. Boniface I, pape (t 422) : 61 ; 442'.. BoNNETAiN : 19, n. 3, BooR : 327. BossuET : 371, n, 1. BouR R. S. : 541. BouYER (L,) : 16, n, 2, BovER : 541. BoYER (G.) : 246, n, 1. TABLE DES NOMS DE PERSONNES 555 Bréhier (E.) : 541. Brière : 534 ; 541, Bright (W.) : 347, ti. 1 ; 541. Brooks : 538. Brosgh (J.) : 334, n. 2. Bruce : 154, n. 1. Brugnier : 126. Burkitt (F.) : 312, n. 4. Cabrol : 279, n. 7. Caïn : 151, n. 4 ; 158. Caïphe : 352. Cajétan : 223, n. 1. Calosyrios : 73. Cambyse : 270. Candidien : 336, n. 3 ; 339, n. 7. Canisius : 533. Caspar (E.) : 347, n. 1 ; 365 et 365, n. 2 ; 541 ; 548. Caspari : 465 ; 466. Cassien (J.) : 25, n. 2 et 3 ; 373 ; 482, n. 2 ; 485, n. 4 ; 537. Cassiodore : 327, n. 1 ; 520 ; 522 ; 522, n. 1 et 3. Cavallera (F.) : 19, n. 4 ; 464, n. 2 ; 541. Cayré : 19, n. 3 ; 24, n. 2 ; 27, n. 2 ; 28, n. 1 ; 541. Ceillier : 89 ; 278; 541. CÉLESTiN I, pape (t 432) : 31 ; 38 ; 61 ; 66 ; 336 ; 339 ; 343, n. 2 ; 348 ; 348, n. 1 ; 360 ; 361 ; 361, n. 1 ; 362 ; 363 ; 364 ; 442 ; 444 ; 462 ; 508 ; 516 ; 524 ; 528 ; 529 ; 534 ; 535 ; 537. Celse : 116, n. 3; 268, n. 4. • CÉPHAS :' 358. Chabot : 327, n. 1 ; 433, n. 2 ; 533 ; 537 j 538. Ghapman : 541. Gharisius : 38 ; 44 ; 290 ; 290, n. 1 ; 400. Chevalier (U.) : 541. Christ : 533 ; 541. Ghrysologue (P.) : 537. Chrysostome (J.) : 14 ; 15 ; 16 ; 17 ; 24 51 ; 61 ; 72 ; 86 ; 88 ; 93 ; 101 ; 167 205, n. 3 ; 206, n. 2 ; 223, n. 3 ; 278 279 ; 280 ; 281 ; 307, n. 1 ; 309 ; 309 n. 4 ; 333 ; 348 ; 389 ; 406 ; 418, il. 6 442 ; 455, n. 2 ; 473 ; 475 ; 476 ; 479 522 ; 523. Clédonlus : 467. Clément (voir Dillenschneider) : 541, Clément d'Alexandrie : 14 ; 16 ; 40 ; 49, n. 4 ; 369 ; 455 ; 455, n. 2 ; 522, Clément de Rome ; 41, n. 1. Climaque. Voir : Jean Climaque. GoMBEFis : 512. Combes (A.) : 3, 13. commelin : 464. Condren : 373. Constantin : 441. Constantin IV : 518. Constant, empereur : 520. CoNYBEARE (Fr. C.) : 58 ; 464, n. 2 ; 533. Corneille, centurion : 111. CoTELiER (J.-B.) : 364, n. 6. Courgelle (P.) : 520 ; 520, n. 2 ; 522, n. 3. CoùsTANT : 537 ; 538, Cramer : 533, Cremers (V.) : 541. Crum (W. e.) : 59 ; 541 ; 543. Cyprien de Carthage : 456 ; 456, n. 3 ; 459 ; 462 ; 463 ; 464 ; 467 ; 476 ; 478 ; 479. Cyrille de Jérusalem : 61 ; 146 ; 167 ; 309 ; 456 ; 456, n. 7. Cyrille : thiéologien de la vie spirituelle ; 5, 7, 13, 27-29 ; docteur de l'Église : 30, 525 ; a gloire de l'Église orientale », 524 ; son époque et son milieu : 15, 16, 17, 327-329. Éducation première : 17. Sources profanes : 17, 448-453 ; sources scripturaires : 19-22 ; 374-392 ; sources patristiques : 18, 454-490. Influence de saint Athanas'e : 18, Ses relations avec Isidore de Péluse et les moines : 22- 24 ; avec Oreste et Hypathie : 29 ; , avec son oncle Théophile : 24-26. Ses écrits : 26-27; 53-60. Ses écrits exégétiques : 53-54 ; dogmatiques : 54 ; antinestoriens et polémiques : 55 ; ses lettres ; 57 ; ses homélies : 58 ; son zèle apostolique : 29-33 ; 527 ; son caractère : 33-35 ; sa valeur doctri- nale : 35 ; son influence en Orient : 511-523, 525 ; en Occident : 520 ; sur saint Thomas d'Aquin : 36 ; sur D, Petau : 36-37 ; sur Scheeben : 35- 36. Sa soumission au magistère ecclé- siastique : 38-39 ; sa charité intellec- 556 TABLE DES NOMS DE PERSONNES tuelle : 39-40, 527 ; sa culture humaine : 40 ; son amour de la paix : 34, 40-41, 526 ; son estime du consensus ftdelium : 40-41 ; son esprit théologique : 41-52; son rôle dans l'Église d'Alexandrie, comme évêque et métropolite : 328- 329. Son îiccord avec le siège aposto- lique : 347-366 ; 528-530. Brèves indiCE^tions chronologiques sur sa vie et son époque : 441-447. Ses anathé- matismes : 491-510. Cyrille et Plo- TiN : 43-45. Cyrille et (le Pseudo- Denys : sa doctrine sur Dieu : 42-45 ; 65-96. Sa doctrine christo- logique et sotériologique : 45-46 ; 99-184 ; sur l'Eucharistie : 184-218. Sa Pneumatologie : 221-256 ; 422. Sa mariologie : 257-286. Son Ecclésio- logie : 287-366. Sa spiritualité : 367- 439. Cyrus : 270. Cyrus de Phase : 512. Cyrus d'Alexandrie : 521. CzAPLA : 521, n. 8. D Damase I, pape (f 384) : 441 ; 475. Daniel le Prophète : 54 ; 349 ; 350, n. 1. Daniélou (J.) : 369, n. 1. David : 106 ; 212 ; 342 ; 350 ; 377. DÉBORA : 279. Démocrite : 449. Deneffe (A.) : 56 ; 514, n. 6 ; 541. Denny (E.) : 347, n. 1 ;-541. Denys l'Aréopagite : 518. Denys d'Alexandrie : 456 ; 457. , Denys d'Haligarnasse : 451. Denys le Petit : 516 ; 520 ; 521 ; 522 ; 522, n. 2. Denys de Rome, pape : 457. Devreesse (Mgr R.) : 60 ; 347, n. 1 ; 460, n. 3 ; 537 ; 541 ; 542. Diadoque de Photigé : 369 ; 369, n. 1. Diamantopoulos : 542. DiDYME l'Aveugle : 15 ; 49, n. 4 ; 51 ; 101 ; 223, n. 2 et 3 ; 229 ; 523. DiEHL. (Ch.) : 538 ; 542. Diekamp (Fr.) : 469 ; 475 ; 542. Dillensgiineider (CI.) : 41 ; 541 ; 542. Diodore dë Tarse : 12; 15 ; 16; 56 ; 115 ; 147 ; 442 ; 445 ; 466 ; 470 ; 471 ; 471, n. 8; 473 ; 509 ; 523. Diogène : 449. DioscoRE d'Alexandrie : 61 ; 510 ; 511 . , DiSDiER (Th.) : 542. DOLLER : 271, n. 4. Dorothée de Margianopolis : 32 ; 509. Durst (M. B.) : 488, n. 1. Domnus d'Antioche : 61 ; 445. : Donat de Nicopolis : 69. I DoNDAiNE (A.) : 542. ■ D orner : 542. DouciN (L.) : 542. Draguet : 542. ; Driver (G. R.) : 542. Drceseke : 465 ; 466. DuBARLE : 151 ; 152, n. 1 ; 154, n. 2 et 3 ; 155, n. 3 ; 156; 159; 160; 542. DuGHESNE (Mgr L.) : 117, n. 1 ; 126 ; 327, n. 1 ; 331, n. 1 ; 336, n. 3 ; 339, n. 7 ; 346, n. 1 ; 365, n. 1 ; 459, n. 1 ; 511 ; 522, n. 2 ; 538 ; 542. DuvAL (R.) : 542. E Ehrhard (Alb.) : 59 ; 60 ; 125, n. 1 ; 222, n. 3 ; 263 ; 282 ; 317 ; 542 ; 551. Ehrhardt (A.) : 59 ; 543. Ehrlé : 336, n. 4. ÉLiE ; 349 ; 350. Elisabeth : 111 ; 123; 272. Emmanuel : 107; 112; 133; 136; 159; 259 ; 269 ; 274 ; 278 ; 492 ; 493 ; 494 ; 501. Empédocle : 449. Ephrem : 146 ; 465 ; 479. Épictète, de Corinthe : 69 ; 462 ; 465 ; 477; 480; 489, n. 1. Épiphàne de Salamine (t 403) : 17 ; 25 ; 93, n. 4 ; 147 ; 175, n. 1 ; 223, n. 3 ; 275 ; 331 ; 331, n. 6 ; 346, n. 2 ; 442. Erdin : 126. Erwand-Ter-Minassiantz : 464, Esaû : 90. Eschyle : 449. Esdras : 349 ; 350. Etienne : 59 ; 541 ; 543. Etienne, proto martyr : 349, TABLE DES NOMS DE PERSONNES 557 Eudes (J.) : 373. EuDOXiE : 27 ; 55 ; 209 ; 330. EuLOGE d'Alexandrie (f 607) : 465 ; 466. EuLOGE, prêtre de Constantinople : 39 ; 119; 128, n. 2; 143; 508, n. 1. EuNOMius : 49, n. 4 ; 54 ; 471. EuRiNGER (S.) : 59 ; 533. EusÈBE DE GÉSARÉE (f 340) : 36 ; 39, n. 1 ; 46, n. 3 ; 441 ; 451 ; 455, n. 2 et 5 ; 472. EusÈBE d'Émèse : 39, n. 1. EusÈBE : 263. EusTHATE : 476 ; 479. EuTHÉRius DE Tyane : 445 ; 507 ; 508 ; 509. EuTYCHÈs, prêtre de Constantinoble : 117, n. 1 ; 446 ; 464 ; 466 ; 485, n. 4 ; 510; 511; 516. EuTHYMius : 279. ÉVAGRE LE PoNTiQUE (f 399) : 22 ; 418, n. 6. ÉVAGRE LE SCOLASTIQUE (t VCrS 600) ; 361, n. 1 ; 536 ; 538. EvETTS (H.) : 538. EvoPTius : 27 ; 56 ; 476. EzÉCHiEL : 54 ; 273 ; 349 ; 350, n, 1. . F Facundius d'Hermane : 23, n. 2; 465 ; 519; 536; 537; 538. Faux (A.) : 449. FÉLIX, pape (t 274) : 441 ; 462 ; 463 ; 466 ; 474 ; 476 ; 484. Ferguson (A. d.) : 449 ; 450. Feron (F.) : 543. Fesgler : 543. FiDus de Joppé : 68. FiRMUS, év. de Césarée : 68 ; 363 ; 364 ; 496 ; 536. Flavien d'Antioche : 61. Flavien de Constantinople : 61 ; 117.. n. 1 ; 512; 535. Flavien de Philippe : 59 ; 68 ; 444. Fliche (A.) : 33, n. 4 ; 331, n. 1 ; 336, n. 2; 543; 551. Franses : 543. Franzelin : 223, n. 1 ; 236 ; 236, n. 2 ; 425, n. 6. Froget : 425, n. 6. FuLFORD (fl. W.) : 334, n. 2. FuNK (F. X.) : 456, n. 1 ; 475. Gabriel : 349 ; 350, n. 1. Gallaud : 514. Galtier (P.) : 36, n. 4 ; 56 ; 58 ; 157 ; 237, n. 2 ; 239 ; 239, n. 3 ; 244 ; 245 249; 336, n. 3.; 347, n. 1 ; 459, n. 4 491, n. 1 ; 514, n. 6 ; 517 ; 517, n. 3 543. Gardeil : 36, n. 2. Garnier : 128, n. 3 ; 225, n. 1 ; 443 ; 463 ; 472 ; 537 ; 547. Gélase, pape (t 496) : 5l9. Gelser : 543. Gennade : 25 ; 59 ; 520 ; 521 ; 521, n. 7 et 8 ; 522. Gennade de Constantinople : 61. Genséric : 446. Georges de Laodicée : 441. Gerland (E.) : 336, n. 4 ; 339, n. 7 ; 543. Ghellinck (J. de) : 46, n. 3 ; 451 ; 454 ; 473, n. 4 ; 543. Gilson (E.) : 3, 13. Glotz (G.) : 538 ; 542. Glubokovskij : 540. GoAR : 398. GoMPERZ (Th.) : 520, n. 3. Gonzalez (S.) : 67, n. 1. GooDSPEED : 456, n. 2. GoRE : 347, n. 1 ; 365 et 365, n, 2. ' Graffin : 537. Grandclaudon : 537. Grapin (E.) : 455, n. 2. Grégoire le Grand : 93, n. 4; 331, n. 7 ; 389 ; 543. Grégoire de Naziance : 15; 42; 51 85 ; 93, n. 4 ; 101 ; 112; 167; 313 418, n. 6 ; 454 ; 456 ; 456, n. 6 ; 462 463 ; 467 ; 478 ; 479 ; 482, n. 2 ; 487, n. 2 ; 523. Grégoire de Nysse : 15 ; 42 ; 51 ; 52 73 ; 86 ; 147 ; 223, n. 3 ; 238, n. 4 307, n. 1 ; 315 ; 369 ; 413 ; 418, n. 6 459 ; 461, n. 1 ; 462 ; 463 ; 478 ; 479 503. Grégoire le Thaumaturge : 466 ; 476; 479. Groot (de) : 236, n. 2 ; 543. 558 TABLE DES NOMS DÉ PERSONNES Gross (J.) : 50 ; 173, d. 8 ; 352, n. 2 ; 253, n. 3 ; 543. Grumel (V.) : 42, n. 2 ; 347, n. 1 ; 538 ; 543 ; 544. GuiBERT tJ. de) : 334, n. 2 ; 544. GuiCHARDAN : 42, n. 2. H Haase : 544. Habacuc : 349 ; 350, n. 1 ; 353. Haid : 544 ; 545. Halbband : 473, n. 4. Halkin (Fr.) : 544. Harduin : 444; 447; 461, n. 1; 464, n. 1 ; 476, n. l ; 496. Harnack (A.) : 46 ; 142 ; 202 ; 263, n. 4 ; 317 ; 317, n. 1 ; 318 ; 544. Harvey : 455, n. 1. Hauck : 263, n. 1. Hauret (Ch.) : 145, n. 1. Hausen (I.) : 281. Hébensperger (J. n.) : 544. Hefelé : 143, n. 4 ; 333, n. l ; 340 ; 496, n. 1 ; 544. Hégésippe : 472. Heinze ; 35, n. 2. Helladius de Tarse : 445 ; 507 ; 508. Hemmer : 455, n. 3 ; 456, n. 1 et 5. Henry (P.) : 43 note 7 ; 44 ; 60 ; 452 ; 480 ; 544. Hennecke : 275, n. 11 ; 334, n. 2. Héraclide de Damas : 340, n. 3 ; 361, n. 1 ; 471 ; 471, n. 6 ; 534. Héraclius, empereur: 519 ; 520. HiSRCULE : 39. Heredia : 544. Hermès Trismégiste : 17; 75; 449; 452 ; 486. Hérodote : 17 ; 449 ; 486. Hésiode : 17 ; 75 ; 449 ; 486, n. 1. Hésychius de Jérusalem (t après 450) : 537. Hilaire, pape : 519. Hilaire de Poitiers : 72 ; 93 ; 223, n, 1 ; 300, n. 1 ; 373 ; 374. Himérius de Nicomédie : 445 ; 507. HippoLYTE, archimandrite : 40. Hippolyte de Rome : 49, n. 4 ; 54. Hobnsbroech (von) : 281. Holzmeister : 222, n. 8. Homère : 17 ; 486. n. 1. Honorius, pape : 446 ; 519 ; 520. HoRN : 369, n. 2. Horsiesi : 418, n. 6. Hugues Etherianus : 225, n. 1. Hypathie (t 415) : 29 ; 29, n. 4 ; 60 ; 329 ; 442. Hypathius d'Éphèse : 465. Ibas d'Édesse : 509 ; 515 ; 517. Innocent I, pape (t 417) : 61 ; 442. Innocent de Marona : 517, n. 1. Irénée (Gomte) : 445 ; 446 ; 535. Irénée, évêque de Lyon : 300, n. 2 ; 312 ; 312, n. 3 ; 455 ; 455, n. 1 ; 476 ; 479. IsAAC : 54 ; 274. Isaïe : 89 ; 106 ; 137 ; 176 ; 185 ; 259 ; 305 ; 349 ; 350 ; 377, n. 1 ; 396, n. 2 ; 535. Isidore de Péluse (f vers 435) : 22 ; 23 ; 24 ; 29, n. 3 ; 93, n. 4 ; 116, n. 3 ; 126 ; l'41 ; 333, n. 3 ; 536.' Jacob : 54 ; 90 ; 274 ; 349 ; 350, n. 1. Jacques, apôtre : 275 ; 351 ; 351. n. 9. Jacques, prêtre de Gonstantinople : 290. Jacquin : 41, n. 2. Jaffé : 443 ; 515,, n. 3 ; 516, n. 3 ; 517 ; 519 n. 2 ; 538. Janin : 518, n. 7. Janssens (Al.) : 181, n. 1 ; 544. Janssbns (L.) : 104; 139, n. 2; 168, n. 8 ; 171, n. 1 ; 173, n. 8 ; 175, n. 4 ; 177 ; 179 ; 181, n. 1 ; 190 ; 291, n. 1 ; 297, n. 2 ; 302, n. 1 ; 318 ; 319 ; 319, n. 1 ; 544. Jean II, pape (t 535) : 446 ; 515 ; 516 ; 519. Jean III, pape (t 573) : 523. Jean d'Antioche (t 441) : 6 ; 23 ; 33 ; 34 ; 61 ; 66 ; 70 ; 116 ; 143 ; 224 ; 225 ; 337 ; 339 ; 339, n. 7 ; 340 ; 346 ; 346, n. il ; 364 ; 364, n. 1 ; 444 ; 445 ; 470 ; 470, n. 1 ; 473, n. 2 ; 489, n. 1 ; 496 ; 506 ; 507 ; 508 ; 509 ; 516 ; 521 ; 536. Jean d'Asie : 327, n. 1. Jean-Baptiste : 8 ; 109 ; 111 ; 121 ; 123 ; 272 ; 349 ; 350 ; 377 ; 394 ; 410 ; 426 ; 429. TABLE DES NOMS DE PERSONNES 559 -Jean Chrysostome : 17 ; 61 ; 112 ; 238, n. 4. Cf. Chrysostome, -Jean Climaque : 373. Jean Damascène : 15 ; 49, n. 4 ; 52 ; 59; 136, n. 7; 413, n. 1. -Jean d'Émèse : 52. .Jean d'Éphèse (f 586) : 538. Jean l'Évangéuste : 14 ; 28 ; 48 ; 54 101 ; 106 ;. 120 ; 123 ; 150 ; 178, n. 2 179 ; 183 ; 202 ; 205 ; 215 ; 218 ; 221 226 ; 231 ; 253 ; 276 ; 294 ; 299 > 301 301, n. 5 ; 305 ; 336 ; 349 ; 350 ; 350, n. 1 351 ; 351, n. 9 ; 353 ; 356 ; 357 ; 358 359 ; 377, n. 1 ; 389 ; 412 ; 442 ; 497. Jean de Jérusalem ; 17 ; 61. Jean de Maiouma : 538. -Jean de ISikion : 327. Jean Maxence : 515, n. 1. . Jérémie : 54 ; 349. JÉRÔME : 17 ; 39, n. 1 ; 7 2 ; 89, n.3 223, n. 2 ; 279 ; 313 ; 441 ; 459 ; 475 JÉSUS : 134 ; 149 ; 258 ; 268 ; 269 ; 270 351 ; 352 ; 354 ; 377 ; 383 ; 384 ; 385 386 ; 387 ; 389 ; 391 ; 394 ; 405 ; 410 500 ; 519. Job : 215, n. 4. Joël : 176; 226, n. 6. JoLY (E.) : 544. . JoNAS : 39 ; 358. Josaphat : 168, n. 1. Joseph : 258; 269; 270; 272; 275; 277 ; 280 ; 377. . JosuÉ : 53. Jouassard (G.) : 60 ; 544. JoviEN : 147. .JuDA : 258. Judas le traître : 47 ; 196 ; 333 ; 409. Judith : 279. JuGiE (M.) : 33, n. 4 ; 115, n. 1 ; 117, n. 1 ; 147, n. 5 ; 155, n. 1 ; 277 ; 277, n. 6 ; 347, n. 1 ; 544. .Jules I, pape (f 352) : 122 ; 441 ; 462 ; 463 ; 465 ; 474 ; 476 ; 484. Julien d'Éclane (f 455) : 446. ..Julien, empereur (f 363) : 12; 16; 17, n. 3 ; 28 ; 32 ; 39 ; 43 ; 57 ; 79 ; 84 ; 106 ; 212 ; 307 ; 350 ; 412 ; 441 ; 448 ; 449 ; 449, n. 1 ; 453 ; 533. Julien de Ces : 520. -JuNGLAss : 544. ,JuNGMANN : 223, n. 1 ; 543. Juster (J.) : 327, n. 1 ; 544. Justin : 300, n. 2 ; 472. Justinien I (527-565) : 446 ; 472; 511 ; 514; 517. JuvÉNAL de Jérusalem ; 61 ; 68 ; 363 ; 364 ; 443. ' K Karapet-Ter-Mekertitschian : 464. Kattenbusch (K.) ; 142, n. 5. KiRCH (C.) : 147, n. 5;' 544. Kirsch (J. P.) : 551. KoHLHOFER : 236, n. 2 ; 425, n. 6 ; 544. KoPALLiK (J.) : 544. Kosters : 283, n.,5. Kratkoe : 544. Kruger (G.) : 538 ; 545. Kruger : 263, n, 1 ; 317, n. 1. Labbe : 464 465 ; 466 ; 746, n. 1. Labriolle (P. de) : 57 ; 448, n. 2 ; 456, n. 4;545. Lagrange : 57 ; 450 ; 545. Largent (A.) : 545. La Taille (M. de) : 185, n. 1 ; 205, n. 3 ; 545. Laurent (V.) : 336, n. 4; 339, n. 7; 543 ; 545. Lazare : 153 ; 158 ; 260 ; 395, n. 2. Lazzati (G.) : 25, n. 3 ; 545. Lebedev (Al.) : 545. Lebon (J.) : 54 ; 67, n. 1 ; 140, n. 2 ; 289, n. 1 ; 459, n. 4 ; 464, n. 2 ; 534 ; 538 ; 545. Lebreton (J.) : 100, n. 1 ; 151 ; 157 ; 162, n. 1. Lecky : 281. Leclercq (Dom) : 333, n. 2. Le Gaudier : 373. Lehaut (A.) : 26, n. 1. Lejay : 455, n. 3 ; 456, n. 1 et 5. Lenain de Tillemont : voir Tilleniont. Lenormand (Ch.) : 545. LÉON LE Grand : 6; 61; 114; 122; 141 ; 149 ; 432 ; 145 ; 446 ; 466 ; 485, n. 4 ; 506 ; 512 ; 513 ; 516 ; 518 ; 520 ; 521 ; 524 ; 537 ; 538. Léon XIII; 30. Léonce de Byzance : 15 ; 19, n. 2 ; 59 ; 472 ; 474 ; 485, n. 1 ; 486 ; 514 ; 543. 560 TABLE DES NOMS DE PERSONNES Lepin : 545. Leporius : 476 ; 479 ; 536. Lequien : 222, n. 3 ; 465 ; 466 ; 545. Lezana : 282. LiACHTCHENKO (Th.) : 545. Liberatus, diacre : 70, n. 3 ; 361, n. 1 ; 466 ; 509, n. 2 ; 536 ; 537 ; 538. Libère, paoe (t 366) : 441. Lietzmann (H.) : 147 ; 465 ; 466 ; 473 ; 475, n. 1 ; 545. LiGuoRi : voir Alphonse. LoBECK : 449. LooFS (F.) : 46; 111, n. 3; 126; 142; 202 ; 259, n. 1 ; 263, n. 4 ; 317 ; 499, n. 7 ; 534; 546. Lot : 393.' LoT-BoRODiNE : 369, n. 2 ; 546. LuBAC (H. de) : 123, n. 8 ; 190, n. 1 ; 546. Luc, évangéliste : 54 ; 79 ; 106 ; 202 214 ; 217 ; 218 S 231 ; 258 ; 273 ; 277 305, n. 1 ; 353 ; 357 ; 358 ; 359 ; 383 442 ; 483 ; 533 ; 537. LuEBECK : 333, n. 1. Lycophron : 39. Lycurgue : 449. M Macaire d'Alexandrie : 22; 418, n. 6. Macaire d'Antioche : 512. Macédoniub : 441 ; 471. Macrobe : 520 ; 520, n. 2. Madoz (J.) : 461, n. 3; 546, Mahé (J.) : 23, n. 3 ; 29 ; 53 ; 54 ; 93, n. 2 ; 154 ; 185, n. 1 ; 210, n. 4 ; 236, n. 2 ; 252, n. 2 ; 291, n. 1 ; 425, n. 6 ; 443 ; 497, n. 1 ; 546. Mahomet : 447. Maï (Cai) : 51 ; 57 ; 59 ; 278, n. 2 ; 433, n. 2 ; 533 ; 535. Maïmonide : 455, n. 2. Malachie : 350, n. 1. Maldonat : 390. Malevez (L.) : 291, n. 1 ; 319, n. 1 ; 546. Mangenot : 333, n. 2. Manoir (H. du) : 34, n. 1 ; 324, n. 4 ; 542 Mansi : 34, n. 2 ; 56 ; 334, n. 1 ; 335 n. 1 et 3 ; 443 ; 444 ; 447 ; 464 ; 465 466 ; 485, n. 1 ; 496, n. 1 et 2 ; 507 n. 3 et 4 ; 509, n. 5 ; 511, n. 2, 3 et 4 512, n. 2, 3, 5 et 6; 513, n. 7 et 8 514, n. 1,2,3,4,5 ; 515 ;515, n. 3et4 516, n. 1, 4 et 5 ; 516, n. 2 ; 5J7, n. 4,. 5, 6 ; 518, n. 4 et 7 ; 519, n. 1 ; 524 ; 529.. Marc, évangéliste : 383. Marc, pape : 441. Marçais (G.) : 538 ; 542. Marcel : 102. Marcellin : 19. Marïc (J.) : 54 ; 151, n. 1 ; 546. Marie, mère de Dieu ; 8 ; 28 ; 31 ; 106 ;. 107; 108; 111 ; 112; 118; 122; 134 ;. 142 ; 199 ; 217 ; 230 ; 237 ; 256 ; 257 ;.: 258 ; 259 ; 262 ; 264 ; 265 ; 267 ; 268 ;: 269 ; 271 ; 272 ; 273 ; 274 ; 275 ; 276 ^ 277 ; 278 ; 279 ; 280 ; 281 ; 282 ; 283 ;. 284 ; 285 ; 286 ; 371 ; 377 ; 478 ; 482 ;-. 504; 506; 508; 525. Marie, femme de Clopas : 278. Marie-Madeleine : 25 ; 278. Mariés (L.) : 54 ; 546. Marine : 27 ; 55 ; 209 ; 330. MARir^i : 348, n. 1. Marius Mercator : 115; 460, n. 3 ;, 461, n. 1 ; 465 ; 521 ; 522, n. 2 ; 535 ;. 537. Marius Victorinus : 223, n. 2. Martin (Ch.) : 58 ; 546. Martin, pape : 520. Martin (V.) et Fliche : 33, n. 4 ; 58 ;. 331, n. 1 ; 336, n. 2 ; 515, n. 2 ; 543 ;. 546; 551. Maspero (J.) : 538 ; 546. Matthieju, évangéliste : 110 ; 185 ; 231 ;. 258 ; 349 ; 350, n. 1 ; 354 ; 356 ; 359 ;. 383. Maxime d'Anazarbe : 445. Maxime d'Antioche (f 455) : 61. Maxime, diacre : 508, n\ 2; 512. Maxime le Confesseur (t 662) : 15 ;, 49, n. 4 ; 52 ; 59 ; 369 ; 369, n. 1 ; 511 ;. 518; 536. Maxime de Turin : 279. Maximien, év. de Gonstantinople : 61 ;.. 339 ; 380, n. 7 ; 444 ; 445 ; 507. Maximin, évêque d'Alexandrie : 462. Mélèce de Mopsueste : 508. Memnon d'Éphèse : 68 ; 443 ; 444. Mondrone : 546. Mercati (Mgr) : 58 ; 546. Mercati ; 533 ; 546. Mercier (Gard.) : 5 ; 12 ; 369 ; 369,.n..l.;. 372 ; 374 ; 432. TABLE DES NOMS DE PERSONNES 501 .■Mersch (E.) : 291, n. 1 ; 297, n. 1 ; 313, n. 5 ; 319, n. 1 ; 320, n. 4 ; 432, n. 1 ; 546. Mesrob : 509. TMÉTHODE : 476 ; 479. Méthode d'Olympe : 16. MiCHAUD (E.) : 201 ; 202 ; 546 ; 547. MiCHÉE : 305. Michel (A.) 145 ; 157, n. 3. -Michel le Syrien : 327, n. 1 ; 538. Migne : 11 ; 53 ; 54 ; 58 ; 59 ; 159 ; 291, n. 1 ; 433, n. 2 ; 433, n. 2 ; 455 ; 456, n. 2 ; 519, n. 3 ; 533 ; 535 ; 538. :Mingana : 546. Miriam : 279. Moïse : 9; 54; 106; 138; 176; 178 179 ; 181 ; 209 ; 253 ; 270 ; 349 ; 350 369 ; 369, n. 1 ; 377 ; 378 ; 396 ; 429 448 ; 508. Montcheuil (Y. de) : 13. MoNTDÉSERT (Cl.) : 40, n. 1. MoRiN (G.) : 521, n, 1 ; 546. Mynors : 522, n. 1 et 3. N "Nau : 111, n. 3 ; 259, n. 1 ; 361, n. 1 ; 534 ; 537 ; 538 ; 541 ; 546. Nectaire : 61 ; 457 ; 458. NÉMÉsiNOs : 222. "Nestlé : 57 ; 448, n. 1. Nestorius : 12; 16; 23; 27; 30; 31 32 ; 33 ; 45 ; 46 , 55 ; 56 ; 61 ; 67 ; 68 69; 70; 106; 110; 111 ; 115; 116 119 ; 122 ; 129 ; 130 ; 131 ; 132 ; 133 266 ; 284 ; 299 ; 307 ; 335 : 336 ; 340 345 ; 346 ; 360 ; 361 ; 361, n. 1 ; 363 442 ; 443 ; 444 ; 445 ; 459, n. 4 ; 460 471 ; 472 ; 473 ; 473, n. 2 ; 485, n. 4 491 ; 496 ; 498 ; 499 ; 500 ; 501 ; 505 506 ; 507 ; 508 ; 509 ; 512 ; 514, n. 10 515 ; 515, n. 3 ; 521 ; 527 ; 528 ; 529 533 ; 534 ; 535 ; 536. Neubert : 257, n. 1. Neumann : 51 ; 448 ; 533. Neveut : 547. Newman (J. h.) : 279 ; 280 ; 281 ; 282 ; 547. NicÉPHORE Galliste : 327 ; 333, n. 3. Nicktas d'Héraclée : 433, n. 2. ."NicoDÈME : 79 ; 109 ; 120 ; 391, n. 3 ; 410. Nil d'Ancyre : 418, n. 6. Nil le Sinaïte : 536. Nisters : 535. NoË : 68 ; 377, O Oberderffer : 236, n. 2. Opitz : 547. Optimus : 60 ; 476 ; 479. Oreste : 27 ; 329. Origène : 6 ; 14 ; 16 ; 26 ; 39 ; 41 ; 47 49, n. 4 ; 88 ; 101 ; 116 ; 146 ; 160 223, n. 2 ; 268, n. 4 ; 277 ; 277, n. 7 278 ; 3.15 ; 369 ; 446 ; 455 ; 482, n. 2 514, n. 7; 523. Orphée : 452. Osée : 21 ; 78 ; 90 ; 299 ; 377. Oudin (G.) : 89. Pacôme : 22; 418, n. 6. Pagidas : 547. Palamas : 42, n. 2. Palanque (J. R.) : 331, n. 1. Palladius, év. d'Amase : 68. Palladius, magistrianus : 443. Palmieri (A.) : 229 ; 230, n. 1. Pantène : 455. PAPAiopouLOS (Ghr.) : 58 ; 347, n, 1 ; 365 et 365, n. 1 ; 460, n. 1 ; 547. Paphnuge : 24 ; 25. Pargoire (J.) : 538 ; 547. Parmentier : 536, Paschasinus, év. de Lilybée : 446. Passaglia : 283. Paul de Gonstantinople : 512. Paul, apôtre : 9 ; 14 ; 18 ; 81 ; 84 ; 120 ; 174 ; 207 ; 209 ; 231 ; 264 ; 301, n. 5 ; 306 ; 349 ; 350 ; 350, n. 1 ; 351 ; 351, n. 9 ; 375 ; 377 ; 383 ; 387 ; 404 ; 405 ; 407 ; 412; 414 ; 484 ; 529. Paul d'Émèse : 58 ; 445 ; 507 ; 537. Paul de Samosate : 476 ; 479 ; 480. Pauly-Wissowa-Kroll : 547. Payne Smith : Voir Smith : 547. PELAGE, diacre : 337 ; 538. Peeters (P.) : 461 ; 547. Peltanus (Th.) : 464. Pesch (Gh.) : 223, n. 1 ; 547. Petau (D.) : 36 ; 36, n. 4 ; 126 ; 132 ; 145 ; 148, n. 5 et 7 ; 151, n. 1 ; 236, 562 TABLE DES NOMS DE PERSONNES n. 2 ; 238, n. 4 ; 239 ; 239, n. 2 ; 244 ; 244, n. 1 ; 246 ; 425, n. 6 ; 427 ; 432 ; 547. Peterson : 369, n. 2. Philippe, légat romain : 339 ; 362 ; 363 ; 364 ; 444. Philippe, apôtre : 109 ; 158. Philon : 49, n. 4. Photin de Sirmium (t 377) : 102; 441. Philarète : 547. Phoklydes : 547. Photius, év. de Constantinople : 59 ; 225 ; 466 ; 547. Photius, prêtre de Constantinople : 290, n. 1. Photius, év. de Tyr : 446. Pie XI : 30 ; 134 ; 547. Pie XII : 30 ; 525 ; 526 ; 530. Pierre, apôtre : 37 ; 47 ; 111 ; 121 ; 123 ; 158 ; 348 ; 351 ; 364 ; 528. Pierre d'Alexandrie : 20, n. 4 ; 116 305 ; 349 ; 350 ; 352 ; 353 ; 354 ; 355 356 ; 358 ; 359 ; 363 ; 462 ; 463 ; 464 476 ; 477 ; 478 ; 479 ; 483 ; 523. Pierre II d'Alexandrie : 16 ; 61. Pierre Lombard : 239. Pierre, prêtre d'Alexandrie : 461. PiLATE : 161 ; 205. Pindare : 17 ; 486, n. 1. PiTRA : 523 ; 534. Places (E. des) : 369, n. 2. Platon : 17 ; 46 ; 47 ; 281, n. 2 ; 448 ; 451 ; 452; 486, n. 1. Plotin : 17 ; 43 ; 44 ; 451 ; 452. Plutarque : 17 ; 75 ; 451 ; 486. Polycarpe : 456 ; 456, n. 1. Pourrai (P.) : 16, n. 1 ; 547. Porphyre, phil. néoplatonicien : 17 ; 40 ; 46, n. 3; 84; 451 ; 452 ; 486, n. 1. Porphyre (Hier.) : 547. Posidonius : 442 ; 443 ; 491. Prat : 222, n. 8. Praylius de Jérusalem : 61. Prestige (L.) : 55 ; 547. Proclus de Constantinople (t 446) : 61 ; 279 ; 446 ; 515, n. 1 ; 535. Projectus : 339 ; 362 ; 363 ; 444. Prosdocius : 462; 465. Protérius : 61. Pseudo-Athanase : 108 ; 474, n. 1 ; 476 ; 477 ; 478 ; 479 ; 484. Pseudo-Augustin : 279. Pseudo-Basile : 223, n. 3. Pseudo-Chrysostome : 277 ; 277, n. 7^ Pseudo-Denys : 49, n. 4 ; 52. Pseudo-Félix : 477 ; 479 ; 484. Pseudo-Jules : 477 ; 479 ; 484. Pseudo-Justin : 39 ; 40 ; 448. Pseudo-Léonce : 514. Puech (A.) : 547. Puech (H. Ch.) : 13 ; 60 ; 70, n. 3 ; 547- PuLCHÉRiE : 27 ; 55 ; 209 ; 330. Pusey : 11 ; 53 ; 55 ; 56 ; 57 ; 58 ; 291, n. 1 ; 433, n. 2 ; 473 ; 474 ; 475 ; 476 ;. 497, n. 1 ; 512, n. 1 ; 534. Pyrrhus de Constantinople : 510 ; 512. Pythagore : 17 ; 448 ; 449 ; 486, n. 1- R Raban Maur : 223, n. 1. Rabbulas d'Èdesse (t 435) : 55 ; 445 ;. 484, n. 4 ; 509 ; 536 ; 547. Rachel : 300 ; 300, n. 2 ; 426. Raynaud : 406, n. 1. Rébecca : 300, Regazzoni (P.) : 57 ; 448, n. 2. Régnon (de) : 100, n. 1 ; 236, n. 2 ;: 237, n. 1 ; 239 ; 244 ; 244, n. 2 ; 432.. Rehrmann : 125, n. 1 ; 126 ; 271, n. 4.. Reitzenstein : 369, n. 2. Renaudin (P.) : 36, n. 2 ; 533. Resch (P.) : 22, n. 2 ; 405, n. 6. Richard (M.) : 116, n. 2; 149, n. 5 y 225, n. 2; 502, n. 7; 548. Richard de Saint- Victor : 373. Rodriguez (A.) : 373. RosKOVANY : 282 ; 282, n. 8. Rucker (Ad.) : 54 ; 59 ; 75 ; 433, n. 2. Rucker (J.) : 278, n. 2 ; 534. Rufin : 17. RuFus DE Thessalonique : 363. Rusticus, diacre : 139, n. 1 ; 365 ; 446 ;. 461 ; 462, n. 1 ; 515, n. 3 ; 521 ; 522 ; 536. Sahag, catholicos : 509. Salaverri (J.) : 319, n. 1. Salomon : 212 ; 349 ; 350. Saltet (J.) : 128, n. 3 ; 469, n. 3 ; 485, „ n. 4; 513; 519, n. 3; 549. TABLE DES NOMS DE PERSONNES 56a: Samuel : 48. Sansom : 426. Sartori : 549. ScHAFER : 29, n. 4 ; 329, n. 6 ; 519, n. 1 ; 549. ScHANz : 521. ScHEEBEN (M.) : 35 ; 37 ; 236, n. 2 ; 237, n. 2 ; 432 ; 549. SCHEMMEL : 549. ScHÉNOUDi d'Atrépé (t 466) : 22. ScHERMANN : 469, n. 3 ; 549. ScHOLARios (G.) : 42, n. 2. ScHULTE (E.) : 151 ; 154 ; 155, n. 1 ; 159; 160, ScHWALM : 151 ; 154, n. 1. SCHWANE : 549. ScHWARTz (E.) : 11 ; 18 ; 55 ; 56 ; 58 ; 336, n. 4 ; 445 ; 460, n, 3 ; 462, n. 2 ; 507, n. 1 ; 513, n. 3; 514, n. 4 ; 515, n. 3 et 4 ; 516, n. 3 et 6 ; 517, n. 1 ; 519, n. 2; 534; 536; 547; 549. ScHWEiTZER : 549. ScoT (D.) : 42, n. 2. Scott (H.) : 347, n. 1 ; 365, n. 2 ; 549. S.COTT (W.) : 449 ; 450. SÉBASTIEN : 515, n. 3. SEtïARRA (Fr.) : 549. SÉLEUcus : 451. SÉRAPiON : 25.; 49, n. 4 ; 151, n. 2. Serge, patr. de Constantinople : 446 ; 510; 512; 519. Sévérien de Gabala : 72 ; 112 ; 473 ; 475 ; 476 ; 479 ; 523. Sickenberger (J.) : 54 ; 433, n. 2 ; 534. SiMÉON LE Vieillard : 277 ; 281. Silva-Tarouca : 348, n. 1 ; 485, n. 4 ; 513 ; 516, n. 2; 538 ; 549. Simonin (H. D.) : p. 86, n. 1 ; 549. SiRicE, pape (t 398) : 442. SisiNNius : 61 ; 442 ; 458. Sixte III, pape (f 461) : 40 ; 61 ; 69 ; 339 ; 348 ; 444 ; 445 ; 508 ; 529 ; 537. Smith (W.) : 549. Smith (Payne) : 54 ; 330, n. 7 ; 398, n. 1 ; 433, n. 2; 534^ Smits (G.) : 549. " SoCRATE, historien : 24, n. 5 ; 25, n. 2 29 ; 32, n, 1 ; 327, n. 1 ; 329, n. 6 ; 331 331, n. 7 ; 444 ; 457 ; 457, n. 1 ; 458 458, n. 1 ; 459 ; 472 ; 472, n. 1 ; 535 538. SocRATE, philosophe : 449. SoLON : 448 ; 449. Sohm : p. 333. SoNVAY : 56 ; 491 ; 549. Sophocle : 17 ; 449 ; 486, n. 1. SoPHONiE : 305. Sophrone de Jérusalem : 518. sotchnineniia : 534. Sozime : 61. SozoMÈNE : 25, n. 2 et 3 ; 459 ; 459, n. 1 ;: 535 ; 538. Stahlin : 455, n. 2. Stahlin : 549. Steidle (B.) : 549. Steinacker (H.) : 520 ; 520, n. 3. Steitz (E.) : 201 ; 202; 550. Stephanon : 550. Stiglmayr : 142, n. 5. Stolz (A.) : 236, n. 2 ; 550. Strotmann : 236, n. 2 ; 550. Struckmann (A.) : 185, n. 1 ; 202, n. 3- et 4 ; 210, n. 4 ; 550. Strucker (A.) : 176. SuccENSus : 69 ; 117, n. 1 ; 127, n. 4 et 6 ; 140 ; 141 ; 506 ; 508. Suzanne : 279. Sylvestre I, pape : 441. Synésius de Cyrène : 32. Tatien : 49, n. 4, Taille (de la) : 185, n. 1 ; 205, n. 3 ; 545 Tertullien : 7 ; 93, n. 4 ; 279 ; 496. Thalès de Milet : 448 ; 449. Theiler (W.) : 558. Théodora, impératrice : 515. Théodore : 512. Théodore Askidas : 514. Théodore le Lecteur : 538. Théodore de Mopsueste : 12 ; 15 ; 16 20, n. 1; 56; 115; 147; 445; 466 469 ; 470 ; 471 ; 471, n. 8 ; 472 ; 473 473, n. 2 ; 509 ; 512 ; 514, n. 7 ; 515 521 ; 535. Théodoret de Cyr : 6 ; 15 ; 27 ; 34 ; 46, n. 3 ; 49, n. 4 ; 51 ; 56 ; 72 ; 86 ; 116 ; 128, n. 3 ; 129 ; 132 ; 149 ; 152 ;. ;564 TABLE DES NOMS DE PERSONNES 159 ; 200 ; 206 ; 223, n. 3 ; 224 ; 225 225, n. 1 ; 346 ; 346, n. 1 ; 433, n. 2 445 ; 446 ; 451 ; 469 ; 472 ; 476 ; 485 486 ; 492 ; 496 ; 497 ; 497, n. 1 ; 499 500 ; 501 ; 502 ; 502, n. 7 ; 503 ; 505 506 ; 507 ; 508 ; 509 ; 515 ; 536 ; 538 542 ; 549. Théodoric : 521. Théodose II, empereur : 27; 55; 66; 119, n. 1 et 8; 129; 149; 303; 331, n. 7 ; 339 ; 350, n. 1 ; 361, n. 1 ; 443 ; 444 ; 507 ; 512 ; 524 ; 536 ; 543. Théodose de Césarée : 510. TttÉoDOTE d'Angyre : 536. Théodote d'Antioche : 61. THÉpN : 329. Théophane : 327, n. 1. Théophile d'Alexandrie : 22;- 23 24 ; 25 ; 26 ; 27, n. 3 ; 30 ; 39, n. 1 61 ; 72 ; 112 ; 331 ; 442 ; 462 ; 463 473 ; 475 ; 476 ; 478 ; 479. Théophile d'Antioche : 55. "Théophylacte : 279. Thiel ; 469 ; 519, n. 3. Thomas, apôtre : 109 ; 260 ; 349 ; 350 ; 351, n. 1. Thomas d'Aquin : 13 ; 36, n. 1 et 2 ; 89 ; 93, n. 1 ; 138 ; 139 ; 190, n. 4 ; 245 ; 373 ; 432 ; 533. Thomasius : 201. Thomassin : 432 ; 482, n. 2 ; 550. Thucydide : 449. TiBERius : 51. Tillemont : 23, n. 5; 40; 278; 340, n. 3 ; 361 ; 443 ; 497 ; 508, n. 4 ; 509, n. 1 ; 550. TiMOTHÉE : 387, n. 1. TiMOTHÉE, év. d'Alexandrie (t 385) : 61 ; 331. TiMOTHÉE Œlure : 61 ; 464 ; 464, n. 2 ; 466 ; 467 ; 473 ; 474 ; 475 ; 478. TiMOTHÉE Salefaciol : 61. TixERONT (J.) : 33, n. 4 ; 124 ; 145 ; 150 ; 155 ; 482, n. 2 ; 550. ToTiLA : 522. TousEV (A.) : 550. Tromp : 312, n. 1. Tronson (L.) : 406, n. 1. TuRMEL : 36, n. 2 ; 550. TvoRENiiA : 534. Tyconius : 312, n. 4. Tyszkiewicz : 348, n. 1 ; 550. U Ueberweg : 35. Urbina (Ortiz de) : 67, n. 1. Umberg : 541. V Vacant (A.) : 151, n. 1. Vagcari : 550. Vailhé : 518. Valentinien- III : 338, n. 4 ; 339 ; 443. Valérien d'Iconium : 142; 508, n. 1. Van Hove (A.) : 550. Vasilief : 538. Vekkos : 225. Victor de Capoue : 523. ViEUJEAN (J.) : 550. Vigile, pape (t 555) : 365, n. 1 ; 472 ; 515 ; 515, n. 3 ; 516 ; 517; 519. Vigile de Tapse : 519. Viller ; 16 ; 550, Vincent de Lérins : 461 ; 461, v. 1 et 3 ; 465 ; 485 ; 537. Vis (de) : 550. Vital : 112; 473; 475 ; 479. Voisin (G.) : 116 ; 147, n. 3 et 4 ; 465 ; 466 ; 471, n. 4 ; 475 ; 550. W Wade (H.) : 549. Watkins : 398, n. 1. Wattenbach : 538. Weigl (E.) : 88 ; 134, n. 7 ; 175, n. 4 ; 260 ; 263 ; 283 ; 318 ; 425, n. 6 ; 550. Weisliebersdorf (Ed.) : 369, n. 2. Wendland (P.) : 49, n. 4. WOLF (J. B.) : 236, n. 2 ; 551. Wright (W.) : 54 ; 433, n. 2. X Xénophane : 449. XÉNOPHON : 17 ; 449 ; 486, n. 1. Zacharie, père de Jean-Baptiste : 272 ; 273. TABLE DES NOMS DE PERSONNES 56&- Zacharie le Prophète : 206 ; 305 350, n. 1 ; 355. Zacharie de Mitylène : 538. Zachée : 409. Zalm : 275. Zénobius de Zéphyra : 508. Zenon de Kition : 451. Zenon, empereur : 446. ZoïLE : 514. ZosiME : 442. ZOTENBERG : 327, n. 1. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Abnégation, 321 sq. ; 407 sq. (détache- ment) ; 380 ; 381 (mortification) ; 120 ; 211 ; 385 ; 386, n. 3 ; 404 (crucinxion, crucifiement) ; 380 (renoncement) ; 380, n. 7; 381 ; 404 ; 411. Action de grâces, 414. Voir : Eucharistie, EûXoy^a. Activité. Activité thaumaturgique du Christ, 134; 224; 251. Activité du S. E. dans l'âme, 252. Activité (unique ou double) du Christ. Cf. : Énergie, svépyeia, théandrique, monothélisme : 512; 517; 518; 238; 238, n. 1 ; 241, n. 2 ; 247 ; 252 ; 425, n. 6. Adam. Cf. ce mot dans la table des « Noms propres ». Comparaison des deux Adams 177 ; 301. Condition originelle et filiation divine du l^' Adam : 175 ; 401 ; 176, n. 4. ■ Adoption, 174 ; 174, n. 4 ; 176, n. 4 ; . 178, n. 2 ; 425, n. 6 ; 213 ; 395. Adop- tion et imitation, 183. Voir : uloQeala, uîéç, Qéaiq. Adoration. Adoration unique du Christ : 136 ; 500. Adoration (en esprit et en vérité) : 26; 199; 389; 400; 413; 413, n. 2 ; 428 ; 429. Cf. TtpoaxiivTjoiç. Agennésie. Voir : àyévvvjTOç et àyev- V7)ota ; 44 ; 100 ; 547. Agneau, 109 ; 121 ; 197 ; 204 ; 357 ; 396, n. 3 (a. pascal). Agnosticisme, 72. Alexandrie (Église d'), 327 sq. ; 16; 17; 61. (École d'), 14 ; 15. (Théologie d'), 504 ; 505. Ambition, 357 ; 410. Cf. humilité, Ta7i;ei,v6Tif]ç, xaTrebcoaiç. Ame. A. humaine, 138 ; 140 ; 141 ; 234 ;;: 266. A. du monde, 46, n. 3. Union de- l'A. et du corps, 138 ; 140 ; 141 ;. 94. Voir : «{"^X^- Amour. Amour de Dieu pour nous, 252 (philanthropie de D.). Amour de Dieu par nous, 380 ; 381 ; 382. Amour du ' prochain, 380 ; 381 ; 382 ; 402, n. 3 ; . 302. Amour du Christ pour nous, 379 ; 388. Amour du Christ par nous, 302. Amour du Christ pour sa mère, 285 sq. Cf. : 'AyàTtT). Anathématismes, Traduction française, 492-493. Analyse, 493-^497. Défense et explication : 1^ an. 497; 2° an. 497; 3^ an. 498 ; 4« an. 498 ; 149 ; 159 ; 5e an. 499; 6« an. 499; 149; 7^ an. 500; 8« an. 500; 9« an. 201; 501; 221 ; 10« an., 502 ; 167 ; U^ an., 201 ; 502; 149; 213; 12« an., 503; 516; 519. Ancien Testament, 375 sq. ; 19-22. Prophètes de l'A, T, ; voir ce mot. Miracles et rites de la loi ancienne, 197 sq. Angélologie : Anges et Christ, 168 ;. Anges, 399; 411; 411, n. 2; 107; 245 ; 253. Vie angélique, 399 ; 402, n. 2. Anoméens, 451 ; 50, n. 3. Anthropologie cyrillienne, 47 ; 234 ; 138 ; 140 ; 141 ; 94 ; 247. Cf. : âme et corps, ']>Mxhi otùua, voGç, oàp^. Anthropomorpliisme, Anthropomorphite, 25 ; 26; 57; 72; 73. Antioche (Église d'), 6; 14; 15; (Évêques d'), 61 ; 16 ; 24 sq. (Théophile) ; (Tliéolo- gie d'), 471, n. 4 ; 504-505. Cf. : Diodore de Tarse, Théodore de Mopsueste,. Nestorius, Tbéodoret, Jean d'Antioche.. .'568 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES Apocryphes cyrilliens, 59-60 ; 205 ; 536. ApoUinarisme, 7; 45; 115; 116, n. 1; 139 ; 147 ; 147, n. 4 ; 258. Cf. : Apollinaire. Apostolat, 255 (v. apôtres). A. de Cyrille, 29 ; 525 sq. Cf. : prédication, ministère 29 ; 525 sq. Cf. : prédication, ministère, sacrement, x'if)puY[J!.a, 'Aizàa- TOXOÇ- ..Apôtres. Pouvoirs, 340 ; 341. Cf. : évêques successeurs des apôtres, pasteurs, noms propres des apôtres à la table des noms propres : Jean, 349; 350...; Paul, 349; 350... ; Tliomas, 349. Église apostolique, . 290. Cf. àTcécTToXoç ànoaToliKÔq. .Arche d'alliance, 137. Archétype, 183 ; 253 ; 91 ; 94 ; 323. Argumentation théologique. Argumen- tation scripturaire, 37 ; 120 ; 487. Argumentation patristique, 454 sq. ; 457 ; 471 sq. (a. de Nestorius) ; 37 ; 18 ; 121. Argumentation- de raison, 458; 459 ; 487, n. 2 ; 37 ; 112. Arianisme, Ariens, 249 ; 451 ; 26 ; 355. Aristotéliciens, 451 ; 318 ; 434 . Voir : Aristote. Ascension de N.-S., 170 ; 290. Ascendance davidique de N.-S. et de Marie, 258. Cf. David. Ascèse, 71. Sur la pratique des vertus. Cf. : vertus. Attributs divins, 82-85 ; distinction, 44. Cf. : Transcendance, Perfection, Justice, Bonté, xiipioç. Aumône, 394 ; 394; n. 11. Autel, 210. A. de David 212. Auteurs profanes mentionnés par Cyrille, 17; 18; 448-453. Autorité, 357 ; 336 (évêques). Autorité d'un Père de l'Église, 482. Avarice, 407. B Baptême, 8 ; 178 ; 178, n.3 ; 215. n. 4 234 ; 255 ; 303 ; 304 ; 380 ; 380, n. 3 384 ; 387 ; 398 ; 424, n.3; 276 ; 289 298. Béatitudes, 381 ; 381, n. 2. .'Beauté. Beauté du monde, 79 80 ; Beauté supraterrestre, 96 ; 253 ; Beauté spirituelle, 424, n. 3. Cf. xàXXoç. Bénédiction, Béni, 211. Cf. sôXoyta, Bible, 19-22; 375-392. Bonté, vertu, 84. Le Bien, 84. B. de Dieu, 84 ; 295 ; 345. Bonté du Christ, 379 ; 388. Cf. Amour, àyàTO], Charité. Brebis et pasteur, 301 sq. ; 302 ; 379 ; 104; 356; 357. Bonheur, 189 ; 381. Cf. Ciel, Béatitudes. Buisson ardent, 396, n. 3 ; 274. Cachet, 323. Cf. : sceau, ejcppayk- Cractère, 91 ; 256. Causalité de l'humanité du Christ, 181. Cep et Sarments, 301 ; 390 ; 390, n. 7. Chair, 140. Chair vivifiante, 199 ; 198; 200; 201. Voir cràpt Chapitres. Trois C, 516. Chapitres sur la charité, la perfection, 369. Douze chapitres, 339, n. 7 (Kephalaia), voir Anathématismes. Charbon ardent, 137. Charismes, 394, n. 2. Cf. x'J'Piotxa. Charité. Charité de Cyrille, 35 ; 39 527. Charité fraternelle, 311, n. 1 326, n. 1 ; 384 ; 400 ; 369 ; 167, n. 3 298 ; 310 ; 376. Union au Christ par la Charité, 192. Cf. : amour ; àyânT]. Chef, 342 ; 530. Cf. : tête, corps, membres, xeçaX-/). Chrême, 324, n. 1 ; 402, n. 5. Cf. Onction. Christ. Sa place dans le dogme et dahs la vie chrétienne, 97-218. Cf. : Fils de Dieu, Verbe Incarné, Divinité du Christ, Humanité du Christ, Intel- ligence, Volonté, T^ptùTÔTOxoç, (xovoye- v/jç, xévwcrtç. Conception et Naissance : 1 18 ; 266 ; 267 ; 271 ; 272 ; 273 ; 274 ; Ascendance davidique, 258. Sa prière ; 418 sq. Son activité thaumaturgique, 134; 285 (Cana) ; 224; 251. Son agonie, sa Passion, sa . Croix, 207 385 ; 385, n. 2 et 6 ; 205 ; 206 ; 278 Sa mort, 215 ; 211 (m. commémorée) mort rédemptrice, 168 ; 169 ; 206 384; 388; 396. Sa Résurrection, 160 170; 323; 215. Son Ascension, 170 290; 196. Sa science, 144; 150-162 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 569' Sa volonté, 144; 205; 206; 211; Volonté unique ou double, 519 ; 520. Christ roi ; 167 ; 168 ; 378, n. 5 ; 379 ; 379, n. 4. Juge : 168. Prêtre, 204 ; 208. Daigne d'adoration, 136; 500. Christologie. Ghristologie cyrillienne, 28. Christologie antiochienne et alexan- drine, 15 ; 504-505. Cf. : Arianisme, Apollinarisme, Nestorianisme, Mono- physisme, Monothélisme, Incarnation, Rédemption, Anathématismes. Chronologie. Vie de Cyrille, 441-447. Chronologie des évêques d'Orient au yo siècle, 61. ' Ciel: 8; 198; 400; 120. Pain du Ciel, 212. . R. des cieux, 354 ; 108 ; 121 ; 341 ; Homme céleste, 262 ; 290. Festin céleste, 387, n. 3. Père céleste, 9 ; 275 ; 276. Circoncision, 427; 191. Code théodosien, 334 ; 334, n. 2. Collines (apôtres), 342. Commandements. Commandements du Père, 206 ; 207. Commandements de Dieu : Cf. Décalogue. Communion. Communion ecclésiastique, 332 ; 334 ; 335 ; 345 ; 339. Communion à l'Esprit, 422, n. 4. Communion eucharistique, Cf. Eucharistie. Communication des idiomes, 6 ; 144 ; 145; 146; 148; 506; 134; (Théodoret) 149 ; (Léon) 149. .Comparaisons scripturaires ou autres, figures et images, employées par Cyrille: cire, 192; 298; 311; 323; argent et piomb, 188 ; pierre précieuse, 137; 138; charbon ardent, 138; eau et feu, 138; 192; 199; lys et parfum, 138; 246; temple orné, 139 farine et levain, 192; 192, n. 2 ; 196 308 ; étoffe teinte, 137 ; montagnes 342 ; vigne et rameau, vigneron, 235 241 ; 301, n. 5, 304, n. 9 ; 309 ; 420 pain trempé, 199 ; fer et feu, 199 ; 345 âme et corps, 139 sq. ; métaphores concernant la grâce, 49 ; sources, fleuves et rivières, 20 ; 342. Composé. Composé théandrique, 139 ; . 141. Composé humain, 139. Cf. âme et corps, cj6v6£atç. Compréhensibilité, 513, Conciles. Conciles d'Elvire, 334, n. 1. Concile d'Arles (316), 334, n. 1. Concile de Nicée (325), 334 ; 65 ; 66 ; . 67 sq.; 69. Concile d'Antioche (341), 334. Concile de Sardique (343), 334. Concile de Constantin ople (381-382),. 334, 524. Conciliabule du Chêne (403),. 24. Concile Romain, 335 ; 336. Concile de Constantinople (448), 513. Concile de Chalcédoine (451), 485, n. 4 ; 513 ;. 514; 515; 524. Concile de Constan- tinople (553), 510; 513. Concile de Constantinople (681),: 510; 511; 512 (contre Monothélisme). Concile de Latran (649), sous Martin ' 1 contre Monothélisme, 510. Concile d'Éphèse (431) : Évêques présents, 336, n. 4 ; ouverture, 336 ; n. 3 ; histoire, 284 ;. 336, n. 2; 6e session, 290, n. 2 ; chro- nologie, 442-445 ; attitude de Cyrille,. 336, n. 3 ; 68 ; 361. Convocation, 55 ; 338 ; 361, n. 1 ; 339. Célébration, 339. Confirmation, 339, n. 2. Légats : 336,, n, 3 ; 362, 363. C:. : Arcadius, Pro- jectus, Philippe. Concile d'Ephèse désiré par Nestorius, 361, n. 1 ; Primat de l'évêque de Rome, 359 sq. Quinzième centenaire, 347. Conciliabule d'Eusèbe, 339 ; 339, n. 7 ;„ 340. Concupiscence, 95 ; 89 ; 188. Confiance, 189 ; 345. Conflrmsition, 402, n. 5 ; 422, n. 5. Conformité. Conformité à la pensée et à la volonté divine, au Père, au Fils : 227; 314; 423, n. 5; 229; 242. Cf. image, ressemblance, imitation, forme, similitude, eJxwv, Gu(i,(j!,6p xàpia[La. Dossier. Dossier patristique, 462 ; 476. Duophysisme, 7 ; 45 ; 118. Duophysisme hétérodoxe, cf. Nestorianisme. E Eau. Eau vive, 324, n. 1. Eau du baptême, 234. Cf. : baptême, pà7ïTia[ia. Eau du rocher, 197 ; 198. Eau et feu, 234; 192. Échange entre Dieu et l'homme, 171. Économie, 157 ; 158 ; 161 ; 169 ; 207. Économie nouvelle, supériorité, 176 sq.; 245. Cfr. olxovotita. Écriture Sainte. Œuvres exégétiques de Cyrille, 53-54. Source de doctrine spirituelle, 378 sq. Inspiration, 192. Cf. : Sens, Ancien Testament, Bible, Psaumes, Évangiles, Tradition. Efficacité de l'humanité du Christ, 180. Efficacité de l'Eucharistie sur les âmes, 187. Efficacité sur les corps, 188. Église. Écclésiologie de Cyrille, 287-366. Écclésiologie de Célestin, 343, 344 ; 345. Église une, 289 ; 293 sq. ; 297 sq. ; sainte, 289; 289, n. 1. Église catho- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 571 îique, 289; 289, n. 1 ; 335; 339; apostolique, 289 ; 289, n. 1 ; 335. Église, épouse, 299 ; mère, 8 ; 286. Église, organisme vivant, 291-325. Église, organisation visible, 326 sq. ;■ 341. Images scripturaires de l'Église, 299. Église et sacrifice, 171. Église et Marie, 8 ; 286. Éelise et Eucharistie, 217. Église dans le Christ, 316 sq. Voir : Alexandrie (é?lise d') ; Antiocbe (église d') ; Jérusalem ; Gonstantinople ; Rome ; Corps du Christ, É\ êques. Docteur, 'EjtxXYjaÊa. \Encratisme, 79. ^Encycliques « Orientalis Ecclesiae », 524 ; 30; 30, n. 6; «Lux veritatis », 525 ; 30 ; 30, n. 6. « Quas primas », 167. Énergie, 512. Voir : svépyeia, activité, théandrique. Enfant. Enfant de Dieu. Cf. ul6ç 6eou, Téxvov. Enfant prodigue, 377, n. 1 ; 395, n. 2. Enfer, 379 ; 379, n. 2 et n. 6 ; 400. Ennéades. Voir, Néo-platonisme, Plolin, Bréhier, Henry, Arnou et spécialement, p. 43 ; 44 ; 46, n. 3 ; 60 ; 451 ; 452. Envoyé, 96; 163 ; 164 ; 91. Épbèse : cf. Concile d'Éphèse. Épicuriens, 451. Épitbètes donnés à Pierre, 349. Épithètes aux saints personnages de l'A. T et du N. T., 349 ; 350 ; 351. Époux, 299. Voir : mariage. Eschatologie individuelle et générale, 168 ; 168, n. 1 ; 379, n. 6 ; 400. Cf. : mort, jugement, ciel, enfer, Parousie, Résurrection, royaume, Gàvaxoç, àvdca- xaoïç. Esclave. Forme d'esclave, 105 ; 120 ; 127 ; 129; 132; 159; 500; 504; 171. Cf. SoOXoÇ, (XOpÇTQ. Espérance, 384; 384, n. 8; 387; 400; 298. Cf. : confiance, vertus théologales, ciel. iEsprit-Saint. Vrai Dieu, 93 ; 222 ; pro- cède du Père et du Fils, 224 ; 225 ; 226. Consubstantiel, 221 ; 222 ; 225 ; 226 ; 242 sq. Image du Fils, 223 ; 227. Assiste les Conciles, 336 ; 337 ; 338 . Habite dans rÉglise et les fidèles, les déifie, '232; 92; 221. Est vertu sanctifica- trice, 243 sq. Agit dans le Christ, 223 ; 230. Opération propre, 236, Union spéciale, 238 sq. Voir : nvEO(i.a, àytoç. Éternel, Éternité, 100. Eucharistie. Terminologie, 308, n. 4; Eucharistie et doctrine spirituelle, 28. Principaux textes sur Eulogie vivi- fiante, 185 sq. ; 309 sq. ; efficacité sur les âmes, 187 sq. ; sur les corps, 188 ; 191.' Réception fréquente, 191 et condi- tionnée, 191. Nature de l'union eucha- ristique, 191 sq. Comparaisons eucha- ristiques, 192 sq. ; symbole et cause d'union sociale, 194 sq. Réalisme euchalristique, 196 sq. Pain et vin, corps et sang, 197. Miracles et rites de la loi ancienne, 197 sq. Chair vivifiante (11° anath.), 135 ; 200 ; 198 ; 201 ; remède contre maladies et mort, 191. Chair du Verbe, 135 ; 200 ; opère des miracles, 200. Sacrifice, 204 sq. Le Christ s'offre, 204, spontanément 205, soumis à un précepte, au sens large, 206 ; 207 ; par amour, 207 ; 208. Sacer- doce perpétuel, 209. Intercession, 210. Croix et Eulogie, 210; 221. Participa- tion à l'offrande, 211. Agrandissement de l'autel davidique, 212. Viatique, 213. Eucharistie, Résurrection, Immor- talité, 214. Sacrifice et Église, 216 ; 309 ; 331 ; Sacrifice et Trinité, 216. Eucharistie et Incarnation collective, 436. Voir : EôXoyta, Ei/apioTta. Eutychianisme, 146, n. 1. Cf. Eutychès, monophysisme. Évoques, 335 ; 341 ; 342. Leur rôle et leurs obligations, 329 ; 344 ; 357. Leur juridiction, 332 ; leur union, 332. Liste des év êques d'Orient au v siècle, 61. Évêques présents au Concile d'Éphèse, 336, n. 4. Cf. : ÈTttcxoTTOç, Ron:e. Excommunication. Excommunication en général, 334 ; 335. Déposition de Nestorius, 339, n. 5 ; 362 ; 284 ; 335 ; 361 ; 363. F Feu, 324, n. 1 ; Feu du sacrifice, 208; 209 ; Feu et fer, 261 ; 323 ; 324 ; 324, n. 1. 572 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES Figures. Figures du Christ, 198 ; 197 ; 305. Figures de Marie, 279. Figures de l'Eucharistie, 197. Figures de l'Église, 299 sq. Sens figuré. Cf. : Écriture Sainte . Fils. Christ, fils de David : Cf., Ascen- dance davidique, David. Christ, Fils unique et premier-né, 119, 119, n. 3. Filiation divine adoptive (Adam), 296, n. 8 ; 175 ; 175, n. 4. Filiation divine (chrétiens), 296, n. 8 ; 178 ; 382 ; 383, n. 3; 183 ; 184 ; 270. Cf. : uE6ç ; uîoBeota ; Qéaic, ; xiiptoç ; TrpcùxoToxoç ; {xovoyev:/)?. Fins dernières. Cf. Eschatologie indivi- duelle et générale: jugement particulier, dernier ; mort ; ciel ; enfer. Florilèges, 454, n. 2; (Chaînes) 60. Foi, 326 ; 330 ; 303 ; 530. Foi objective, 370. Profession de foi, cf. symbole. Règle de foi, 460. Foi chrétienne (unité), 525 sq. Foi 'et raison, 37 (Cfr. arg. théologique). Foi au mystère, 199 (v. mystère). Fidéisme, 489. Foi dans le Christ, 380, n. 4 ; 192. Foi de Pierre, 380, n. 4 ; 302 ; 326, n. 1 ; 358 ; Foi et baptême, 304; 326, n. 1. Foi et charité, 305 ; 304. Cf. : ■Kiaxiç. Force. Force de Dieu. Cf. 86va[xiç, puissance, 96 ; 101 ; 207 ; 256. Forme. Forme d'esclave, 105 ; 120 ; 500 ; 129; 132; 159; 504. Cf. SouXoç, Forme (grâce), 424 ; 255. Cf. : [lopcpi]. Formation du chrétien, 254 ; 255 ; 424, n. 3. Fraction du pain, 211. Fraternité avec le Christ, 173 ; 174 ; 107 ; Fraternité des chrétiens entre eux, 173; 437; 530; 296. «Frères de Jésus », 275. Voir : à8eXç6ç. Gloire. Gloire du Père, 96 ; 100 ; 284. Gloire du Christ, 390, n. 3 {8" anath.), 492 ; 183 ; 214. Cf. : 86^a. Gnose, 234 (gnose et foi) ; 258 (gnosti- cisme). Cf. yvéùciç. Grâce. Grâce sanctiflante, 9 ; 27 ; 28 ; 424, n. 3 ; 49 ; 252 (définition). Grâce actuelle, 386, n. 1 ; 393, n. 3. Grâce individuelle, 342. Grâce et libre arbi- tre, 89. Grâce créée, 251. Grâce capi- tale, 168, n. 8 ; 302; 302, n. 1. Grâce- (vêtement), 424, n. 3. Grâce justifiante,. 424, n. 3. Grâce (forme), 424. Cf. : xapiç.- Guérisons, 395. H Habitation. Habitation du Saint-Esprit,. 235 ; 256 ; 387, n. 1 ; 401, n. 4 ; 408,. n. 10 ; 232 ; 92 ; 221. Voir : èvoUr)aiç. Hérésie, hérétiques. Hérésie et progrès du dogme, 334 ; 334, n. 2. Cf. : ariens, nestoriens, monophysites,. monothélices, etc. aïpeaiç, Hermelica, 449; 449, n. 3 et 4 ; 450. Hiérarchie ecclésiastique, 328 ; 329. Voir : évêque, prêtre, diacre, èTzLaxoizoz. Homme (homme nouveau, 386) (homme parfait), 402, n. 5 ; (homme céleste), 262; (homme universel ou individuel),. 263; 264. Cf. : composé, âme, corps,. àv6pcû7roç ; humanité ; nature humaine,. personne. Hostie, 187 ; 204 ; 205 ; 213. Humanité. Humanité réelle du Christ,, 133. Humanité du Christ, instrument du Verbe, 139, n. 2; 181. Humilité, 30; 357; 358; 366; 409. Cf. Ta7cei.v6Tir)ç. Hypostase, 7 ; 43 ; 126-133 ; 495 sq.. Cf. : çiioiç ; Û7u6aTaoi.ç. I Idiomes. Cf. Communication des. Idiomes. Ignorance du Christ. Cf. Intelligence du Christ, Image. Image de Dieu, 321 ; 11 ; 26 ; 78 ;. 79 ; 80 ; 81 ; 87 ; 88 ; 94 ; 96 ; 48 ; 176 et 176, n. 2; 251; 293. Cf. slxciv. Image du Père, 96 ; 101 ; 227. Image du Fils, 433; 227; 235; 314, n. 1. Image de la grâce, 251. Cf. : Compa- raisons, symbolisme ; ressemblance ; imitation ; elxciv, à[).oi(ùaiq. Imitation de Dieu, 81 ; 388 ; 403, n. 10. Imitation du Christ, 166 sq. ; 388. Imitation et participation, 182 ; 183 ;. 184. Voir : (^({ztjctiç. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 573 Immortalité, 186 ; 187 ; 189 ; 214 ; 233 ; 215. Cf. : àcpôapcrCa, ôàvaToç, incor- ruptibilité. Impassibilité. Impassibilité du Christ, 513. Impassibilité du Christ et impas- sibilité humaine, cf. ànd-dsicc; ànaBi](;; Ttaa/EÏv ; théopaschisme . Incarnation du Verbe, 103 ; 167, n. 4. Incarnation collective, 129 ; 263 ; 317 ; 320 ; 435. Cf. Fils de Dieu ; câpxœcTiç ; èvffàpxcooiç. Incorporation au Christ, 165 ; 165, n. 4. Cf. Corps du Christ, baptême, église, eulogie sainte, c[xa XpioTOu, pàîc- Ttcjjia, 'ExxX7)o(a, EùXoyia. Incorruptibilité: 232 ; 233 ; 96; 186 ; 188. Cf. Immortalité ; corruption ; àçGap- al(x. Instrument, 181. Intelligence. Intelligence du Christ, 144 sq. ; 159, n. 3 ; 158 ; 159. Intelligence et Verbe, 100. Cf. vouç, lxovo(jitoa. Intercession du Christ, 209 ; 210. Jean (Influence de S, Jean), 389 sq. Cf. : table des noms propres. Jérusalem. Jérusalem nouvelle, 305 ; 306. Liste des évêques de Jérusalem au v" siècle, 61. Jeûne, 394 ; 394, n. 10. Jugement. Christ juge, 168. Jugement particulier et dernier: 168 ; 168, n. 1 ; 400. .Juifs : 179 ; 180 ; 197 ; 205, n. 3 ; 268 ; 327, n. 1. Justice. Justice de Dieu, 84. Justice intérieure, 255. Voir : Slxatoç. lettres. Lettres de communion, 332. Lettre aux moines, 360. Lettres syno- diques, 515, 517. Lettre d'indiction du concile d'Éphèse, 339. Lettres pascales, 57. Lettres œcuméniques, 57. Lettres en Occident. Cf. Courcelle. Liberté: 89; 90; 91. Spontanéité du Christ, 205 . Libération, 213. l.iturge : 209; 212, Logos. Cfr. Trinité, Christ, Fils, Aôyoç, Verbe. Loi. Loi ancienne, 384, n. 9 ; 271 ; 285. Lois et œuvres, 437, note . Loi morale, 399. Lumière. Dieu lumière, 390 ; 390, n. 4 ; Christ, lumière, 123; 163; 371. Marie porteuse de lumière, 282; 371, Apôtres, luminaires, 338; 341. Voir : çûç. M Mages, magie, 312 ; 153. Magistère de l'Église, 38 ; 336 ; 344. Cf. : 'ExxX7)oCa, SiSàoxaXoç, Main de Dieu, 229. Manichéens, manichéisme, 258 ; 259 ; 259, n. 1. . Manifestation, p. 154, n. 1 ; 160, n. 3 ; 214, n. 3 ; 107. Cf. 86Ça. Manne, 197 ; 311 ; 396, n. 3. Mariage, 276; 330; 409; 268; 269- 299 . Supériorité objective du célibat et de la virginité, 330 ; 267 ; 269. Union entre Christ et Église, âme et Dieu, 299 sq. Époux et épouse, 299. Rôle des femmes, 330. Faiblesse de la femme; 278, 281. Secondes noces, 409. Marie. Mariologie cyrillienne, 257-287. Ma^^ernité divine, 8; 29; 111; 118; 142 ; 265-267. Maternité humaine, 258 ; 259. Virginité en général de M., 267 sq. ; avant l'enfantement, 269 sq. ; pendant, 272 sq., après, 274 sq. Impeccabilité, 277. Son trouble au Calvaire, 359 ; 277 sq. Immaculée Conception, 282 sq. Culte de Marie, 284 sq.; 285. Marie, temple, 282; 284. Marie et l'Église, 286. Cf. : OeoTéxoç, TrapOévoç, Médiation. Médiation de Moïse, 179-180. Médiation du Christ, 178; 204; 218; 398 ; 296. Membres. Membres du Christ, 387 ; 314 (diversité) ; 298 ; 307. Union entre eux, 363, M. du C. ecclésiastique, 530. Cf. : corps, tête, chef, église, incor- poration. Métropolite, 329-332. 574 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES Mérites. Mérites surabondants du Christ, 168. Ministres. Ministres du Christ, 530. Miracles. Miracles de la Loi ancienne et Eucharistie, 197. Miracles eucharis- tiques, 200. Miracles du Christ, 134 ; 224; 251. Mission. Mission du Christ, 91 ; 96 ; 163 ; 164. Mission des apôtres, 407, n. 1 ; 326, 327. Modalisme, 6 ; 43. Moines, 381, n. 2 ; 22 ; 404 ; 22 sq. Moïse. Sa médiation, 179. Cf. : Loi, décalogue, Moïse (table des noms propres). Monophysisme, 6 ; 7 ; 15 ; 146, n. 1 ; 510 ; 511. Monothélisme, 510 ; 511 ; 518 ; 519. Morale. Place de la morale, 71. Connais- sance de Dieu et moralité, 76 ; 77. Voir, loi. Mort. Mort du Christ, rédemptrice, 168 ; 169 ; 206 ; 207 ; 384 ; 388 ; 396 ; 103. Commémoraison de la mort du Christ, 211. Mort vaincue par le Christ, 168 ; 396 ; 96 ; 191 ; 197 ; 2te5 ; 214. Mort en. général. Cfr. Immortalité, incor- ruptibilité, Gàvaxoç, àçGapGta, Escha- tologie individuelle et générale ; Juge- ment des vivants et des morts. Mort au péché, au monde, à soi-même, cf. Abnégation, détachement, 380; 381. Mystère. Vérité cachée, 66; 180; 199; 209 ; 290 ; 342. Mystère du Christ, 213 ; 205; 292; 337. Mystère de l'Église, 304, n. 8. Mystère eucharistique, 215 ; 186 ; 191 ; 210. Cf. : (xucT^piov. Mystique, 313 ; 313, n. 2. Voir : (jluotixoç. N Nature. Deux natures ou une nature dans- le Christ, 139 ; 140 ; 495. Cf. monophysisme, duophysisme, Christ, personne. Cf. forme, cpiiatç, sTSoç, (jiopçv), ÛTOOTaoLç. Nature et surna- turel, 48. Nature universelle ou indi- viduelle, 263 ; 264. Cf. Incarnation collective. Néophyte, 329 ; 289 ; 320. Néoplatonisme, 44 ;46, n. 3 ; 60 ; 43 j, 451 ; 452. Cf. Plotin, Bréhier, Henry,. Arnou. Nestorianisme. Voir le mot : Nestorius. Nestorianisme, passim, 6, 15 ; 27 ; 45 ; . 46 ; 68 ; 69 ; 115. Œuvres anti-nesto- riennes, 55 ; 56. Critique de Nestorius, - 118 sq. ; 122. Déposition de Nestorius, 339, n. 5 ; 362 ; 284 ; 335 ; 361 ; 363. Nestorianisme et Doctrine Eucharis- tique, 199. Sources pour l'étude de Nestorius, 534. Histoire du Nestoria- nisme, 33, n. 4 ; 115. Nicée. Symbole ou profession de foi de N., 65-67; 112; 99, n. 1. Noms. Noms divins, voir attributs de Dieu.* Noms des personnes divines, 43 ; 250. Nom du Christ, 107. Noms et. épithètes donnés à Pierre, 349 sq., aux apôtres, 349. « Nom » signifiant « gloire )., 390, n. 3. Cf. Gloire, S6^a, , ëvo[xa. Novatiens, novatianisme, 329 ; 290. O Obéissance. Obéissance du Christ, 207;. 208 ; 209. Obéissance à l'Église, 328, n. 2. Obéissance et autorité, 328. Cf. xiTzccKo-}] ; eÙTTstOeta ; TreiGap/ta. Oblats, 197 ; 308 ; 309. Oblation du Christ, 204; 207; 208; 209; 210. Oblation du chrétien, 311, n. 1 ; 414, n. 9 ; 211, Occident, 335 ; 290. Cf. Lettres grecques : en Occident et Courcelle (table des noms propres). Occidentaux : 116. Orientaux, 116. Influence de Cyrille en Occident. Cf. Thomas d'Aquin, Petau, Scheeben et p. 519. Onction, 108 ; 230 ; 243 ; 250 ; 290. Voir Chrême. Opération, Opération du S. E., 236. Opération (unique ou double) du Christ, 519 ; 520. Voir : svépyeta ; activité théandrique. Oraison. Oraison dominicale, 378, n. 6 ; 416 ; 418. Oraison en général, voir prière. Organe, 139. Origénisme, 39, n. 1 ; 17. Voir Origène- (table des noms propres). TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES 575 Orthodoxie, 524. Voir le motj ôp668oÇoç. Orthodoxie des Pères, 484; 118. Églises orthodoxes, 331. Pain, 191 ; 308 ; 194 ; 196 ; 197 ; 198 ; 211; 212; 216; 216, n. 2; 306-312. Paix, 526; 327; 528; 194; 298; 308, n. 4. Le Christ, notre paix, 308, n. 2 ; 371. Paix de l'Église, 345; 258. Union de 433 : 507 ; 142 sq. Cf. slp^v)- Papauté. Primauté de Pierre, 347-366. « Papauté alexandrine », 331. Cf. Pierre et noms des Papes dans la table onomastique. Pâques. Table pascale, 58. Lettres ou Homélies pascales, 57. Paraboles. Parabole del'EnfantProdigue, 395, n. 2. Parabole de la Vigne, 235 241 ; 301, n. 5 ; 304, n. 9 ; 309 ; 420 Paradis, 403, n. 4. Gf. Ciel, 198 ; 400 387, n. 3. Paraclet, 235 ; 228 ; 235. Cf. IlapàxXYjToç Pardon. Pardon des injures, 394 ; 397 Pardon des péchés, 397 ; 398, n. 1. Parenté. Parenté avec Dieu, 104; 241 295; 175. Parenté radicale, 176; 177 Parenté surnaturelle, 178 ; 178, n. 1 Cf. Suyyéveia. Parousie. Cf. Eschatologie générale et individuelle, Ilapouata. Participation. Participation et imitation, 182 ; 183 ; 184, Cf. : [/.éGe^iç, xoi- vwvta. Passibilité et Passion. Passion du Christ, 208; 127; 205; 301. Passibilité de Dieu (un de la Trinité), 515 ; passibihté du Christ, 513. Passion et Résurrec- tion, 52. Cf. Croix, Rédemption, souffrance, théopaschisme, nÔLaytoi. Pasteur, aOJ ; 301, n. 1 ; 341 ; 354. Cf. Comparaisons. Paternité. Paternité divine, 378 sq. ; 382; 382, n. 2; 402, n. 5. Paternité spirituelle, 253 ; 254 ; 255 ; 456. Patriarches. Patriarches de l'A. T. et esprit d'adoption, 425, n. 0. Patriarches orientaux, 333; 333, n. 1. Liste des patriarches orientaux au v*^ siècle, 61. Pauli Portrait: 350, Influence, 383. Voir table des noms propres. Pauvreté, 407. Péché, 89 ; 90 ; 393 sq. ; .396 ; 396, n. 3 ; 169; 283. Cause du péché, 89; 90. Péché originel, 95; 186 ; 282 ; 282, n. 9;. 301, Rémission et pardon des péchés, 3^7; 398, n. 1; 330; 364. Libération du péché, 168. Occasions de péché, 409. Immunité du péché pour la Vierge Marie, 277 sq. Pénitence, 393 sq. ; 396, n. 3 ; 330. Père. Dieu Père, 80 ; 85 ; 86 ; 91 ; 92 ; 108 ; 121 ; 109 ; 230 ; 250 ;,342. Père de famille, 342; 344. Pères de l'Église, argument patristique, 455, Perfection. Perfection divine, 83; 91. Perfection chrétienne, 84 ; 380 ; 381 ; 401 ; 402 ; 402, n, 5 ; 412, n. 4 ; 306. Personne, Personne unique dans le Christ, 6; 7;. 114; 495 sq. Cf. : TrpôowTTOv ; ÛTciSoTaoïç ; çtictç ; nature, substance ; hypostase. Pharisien : 416, n. 4 ; 417. Philanthropie divine : 252. Physis : 126-133. Cf. 9\iciç, ÛTCÔoTaciç : TzpàacùTZOv. Pierre. Portrait, 351 sq. ; noms et épithètes, 349 sq. ; porte-parole des apôtres, 352 sq. Primat, 354 sq. ; 359 ; clavifère, 355 ; sa foi, 355 ; 356. Fondement de l'Église, 354 sq. ; premier pasteur, 356 sq. Piété, 412 ; 526 ; 191 ; 189. Cf: eùosêsia. Platonisme, 263; 317; 434. Cf. Platon (table onomastique). Plérôme. Cf. TcXifjptofjia. Plotinisme. Cf. ISTéo-pIatonisnib. Pneumatologie cyrillienne : 221 ; 250. Cf. Esprit. Pontife. Christ Pontife, 204; 209. Cf. prêtre. Prédestination, 47 ; 88-93 ; 227 ; 433. Prédication: 329 (prédication des apôtres), 341 ; 344 ; 405 ; 406 ; 406, n. 8 ; 407, n. 1 ; 303. Cf. XTjpriYfJia. Préexistence du Verbe, 99-1 U3. Premiér-né. Cf. TcptoToroxoç, Prémices, 165 ; 208 ; 256 ; 323. Prescience, 87 ; 90 ; 205. Cf. Providciico, prédestination, TrpéYvtooiç ; 7Tp6voia. 49 576 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES Présence divine, 412 ; 412, n. 2 ; 420 ; 431 ; 72 ; 237 (présence spéciale). Présence du Saint-Esprit. Cfr. Habita- tion, temple. Présence réelle du Christ dans l'Eucharistie, 196-204 ; 187 ; 196 ; 201 sq. ; 422, n. 4. Présents offerts par Cyrille à Constan- tinople, 34, n. 3 ; 346, n. 2. Prêtre, 329 ; 406. Christ, prêtre, 204 ; 208; 209. Cf. tepoupyéç. Prière. Définition, 413, n. 1. Repentir, 394; 394, n. 9; 414. Adoration, 413. (Cf. Adoration, Kpoo}tùvy]oiç). Recon- naissance, 414. Demande, 414. Invita- tion de Célestin à la prière, 345. Prière du Christ, 418 sq. Primauté romaine, 347 sq. Primauté de Pierre, 348-359. Primauté de l'évêque de Rome, 359 sq. Procession divine. Cf. êx7Copeii(o. Profession de foi. Profession de Charisius, 290. Profession de Nicée, cf. Symbole, 65 ; 66 ; 67 ; 68 ; 290, n. 2 ; 337 ; 67 ; 69; 70; 337; 338. Profession de 433 : 142, n. 5 ; 507 ; 12 ; 528. Progrès. Progrès dans le Christ, 153 ; 150. Progrès et croissance de l'Église, 314. Progrès dans la divinisation de l'huma- nité, 164- Progrès du Chrétien (degrés de perfection), 388 ; 388, n. 5. Progrès du dogme, 38. Prophètes, 376 ; 384 ; 384 ; 384, n. 9 ; 425, n. 6 ; 245. Prophètes et Saint- Esprit, 426 ;< 427 ; 253. Comment, sur petits prophètes, 53. Connaissance prophétique du Christ, 159. Cf. Isaïe, Jérémie, Daniel, Ezéchiel ; Tipo- 9Y)T7)ç. Prophétie de Siméon, 277. Propriétés. Cf. ISicîjfxa ; ÏSioç ; Commu- nication. Prosôpon : 126-133. Cf. les mots Tupô- awTuov ; çiicriç ; ijTrôaTaotç. Prosôpon d'union, 147 ; 148. Providence : 47 ; 48 ; 86 ; 91. Psaumes : 54 ; 376 ; 416. Publicain : 416, n. 4 ; 417. Puissance : 492; 493 (3« et 11" an.);" 235 ; 234 ; 326 ; 230 ; toute-puissance de Dieu ; 87. Cf. Fils, puissance du Père ; Siivaptiç. Esprit, puissance sanc- tificatrice : 92 ; 226 ; 252. Pureté : 408 ; 409. Pureté de conscience, 82. Purification pour connaître Dieu, 77 ; 395, n. 2, et s'unir à lui, 83. O Qualité (Grâce) : 424 ; 255 ; 303. Qualité de la prière, 417 ; 418. Cf. 7COi6t7]ç. R Racine (1" et 2^ Adam), 169; 304, n. 9. Raison. Raison et Foi, 37. Arg. de raison, 95 ; 458 ; 459. Réalisme. Réalisme Eucharistique, 196 ; 197. Récapitulation, 315. Réception. Réception Eucharistique, 191. Réception fréquente, 191 ; réception préparée, 191. Récompense : 91. Réconciliation avec Dieu, 384, n. 3. Rédemption. Restauration : 96 ; 168 169. Mort rédemptrice du Christ, 168 169 ; 206 ; 384 ; 388; 396; 207. Christ prêtre et Sauveur: 204; 208; 256 258. Christ, hostie et victime, 187 204 ; 213. Christ médiateur: 178; 218 204 ; 296 ; 398. Cf. Croix, Sacrifice, Salut, Mort. Régénération. Régénération, de l'huma- nité, 169 ; 391, n. 3. Règne. Cf. Christ, roi et royaume. Renoncement. Cf. . Abnégation. Ressemblance. Ressemblance avec Dieu, 431, 433; 81; 251. Ressemblance humaine, J05; 107.; 151, n. 4 d; 179; 290. Imitation du Christ, 182 ; 183; 184; 189. Cf. Im.age, etx(î)V, ô(xo[watç, (JitfXTjotç. Résurrection. Résurrection de Lazare, 153 ; 395, n. 2. Résurrection du Christ, 215, 210. Résurrection et science du Christ, 160. Union à la 'RéstiiTection du Christ, 170 ; 323 ; 165 ; 188. Résur- rection et Eucharistie, 188 ; 189 sq. Résurrection des morts, 188 ; 189 ; 200. Retour au Père, 423, n. 5 ; 433 ; 196 ; 230; 341. Roi. Christ-Roi, 167; 168; 379;379, n. 4. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 577 Rome. Évêques de Rome au v« siècle, 61 . Primat de l'évêque de Rome, 359 sq. Concile romain, 335, 336. Cf. : noms des Papes dans la, table : Innocent, Sozime, Boniface, Célestin, Sixte, Léon I, Pie XI, Pie XII, Léon XIII, Benoît XIV, etc. Royaume. Royaume de Dieu, 167 ; 378 sq. ; 380 ; 380, n. 1 ; 378, n. 5. Royaume des cieux, 427, note ; 192; 256; 354. Cfr. Roi et Christ-Roi. Sacerdoce. Sacerdoce du Christ, 208 ; 209 '; 204. Sacerdoce en général, 338 ; 342 ; 406. Cf. Prêtre, Pontife, Sacrifice. Sacrifice. Sacrifice du Christ, 186 ; 208 ; 204; 212. Cfr. lepoupyéç ; àytàÇtû. Sacrifice eucharistique, 204 sq. Union au sacrifice, 394 ; 394, n. 1, 2. Sagesse. Sagesse divine, 242; 248; Christ, sagesse du Père, 388, n. 9 ; 165 ; 96; 194; 207; 226. Sagesse de la chair, 212. Livre de la Sagesse, 74. Cf. ooçCa. Sainteté, 189 ; 395, n. 1 ; 412 ; 412, n. 4. Sainteté de Dieu, 88, 89. Sainteté du Christ, 77. Cf. àytoç, àyiaap.àç, àyictî^co. Salut, 207; 208; 218; 264; 296. Cf. Rédemption, crtûT'/jp, Christ sauveur, atùTTjpta, Sanctification, 9 ; 10 ; 243 sq. ; 395, n. 1 ; 246 ; 240. Sanctification par l'Eucha- ristie, 199 ; 187. Cf. &yiaay.6ç ; déifica- tion. Esprit Saint, Sainteté. Sang, 186 ; 187 ; 193 ; 196 ; 197 ; 198 ; 213; 345; 301. Cf. atfjia. Sauveur, 256; 268. Cf. ctOT'^p, Christ . Sauveur, Salut, Rédemption, Vie. Sceau. Cyrille, 94 ; 19 ; 325. Grâce, 323 ; 423 ; 424, n. 3 ; 253 ; 255 ; 324 ; oçpaytç. Schisme : 334 ; 334, n. 2. Science. Science de Dieu, 82 ; 87 ; 90 ; 91. Science du Christ, 144; 150-162; 214, 'n. 2 et 3. Seigneur, nom du Christ, 223 ; 120 ; 119 ; 260. Sens. Sens scripturaires, 7; 8; 19-22; 377, n. 9. Sens spirituel de l'A. T., 428. Sens spirituel du culte, 429 ; 430. Sens des fidèles. Cfr. Consensus. Sévériens, 541 ; 514. Siège apostolique, 348 ; 362 ; 528. Similitude, 94 ; 95. Cfr. Ressemblance, image, eIxc»>v, ôjxoCcùoiç. Soleil, 324, n. 1. Souffle, 228 ; 233 ; 425, n. 6 ; 178, n. 2. Souffrance, 504. Cfr. Passion, Croix, Théopaschisme, Tràoxeiv. . Sources. Christ, source : 342. Sources du présent ouvrage, 533-537. Sources du Sauveur, 483. Cf. tutjy^. Spiritualisation. Cf. IIveup.a, tîvsu- (/,aTix6ç, TcveupLaTtxôç, 7tveu[iaTocp6poç, divinisation, pureté. Stoïciens, stoïcisme, 379 ; 451 ; 319. Cfr. Zenon. Subordinatianisme, 6 ; 43. Succession apostolique, 329, n. 1. Suc- cesseurs de Pierre, 348 sq. ; 364. Successeurs des apôtres, 340 ; 344. Succession apostolique (d'après Céles- tin), 344. Symbolisme, 77 ; 78 ; 299 "sq. ; 197. Symbolisme du pain, 306. Cf. Compa- raisons. Symbole. Symbole des apôtres, 289. Symbole Quicumque, 138. Symbole de Nicée, 55 ; 65 ; 66 ; 67 ; à Éphèse, 68 ; 290, n. 2; 337; avant Éphèse, 67; après Éphèse, 69 ; 70. Voir passim^ 337 ; 337, n. 1 ; 338 ; 370 ; 460 ; 460, n. 2 ; 526. Symbole de Nicée-Constan- tinople, 289, n. 1 . Symbole de Charisius, 290, n. 2. Symbole d'union (433), 12 ;. 142 ; 507 ; 528. Marie dans le symbole, 257, n. 1. Synousiastes, 57. Syrie. Église de Syrie, 14 ; 15. Cfr. Antioche, 61 ; 16 ; 24 sq. ; 584-505, 6. Tabernacle, 301, n. 5 ; 305 ; 306 ; 342. Table. Table pascale, 58. Table sainte, 212; 217. Témoignage. Témoignage des Prophètes, 106. Témoignage des disciples (saint Jean) 105. Témoignage de Jean- Baptiste, 108. Témoignage du Christ, 19-1 578 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES 109 ; de ses œuvres, 110, Témoins du Verbe, 337. Temple, 243 ; 239, n. 2 ; 301, n. 5 ; 305 ; 306. Christ temple, 500 ; 243; 287. Marie, temple, 282. Ame humaine, temple, 386 ; 401, n. 4 ; 408 ; 408, n. 10. Église temple, 301, n. 5 ; 305. Temple de Jérusalem, 138. Vendeurs du temple, 407 ; 416. Temple maison de prière, 416. Cf. va6ç. Terminologie. Terminologie christo- logique, 114. Terminologie christo- logique cyrillienne, 116; 124-134; sa souplesse, 117-132. Testament. Cfr. Bible, Ancien Testament, Écriture Sainte, prophètes. Tête. Tête du corps ecclésiastique, 363. Pierre, 364. Cf. xsçaX-/]. Thaumaturge, Cfr. Activité thaumatur- gique du Christ, 134; 224; 251. Grégoire le Thaumaturge ; miracles. Théandrique. Activité théandrique, 517. Théologie. Théologie et théologiens, 142 ; 142, n. 5. Théologie négative, 74. Théologie alexandrine et théologie antiochienne, 504 sq. Ressemblances, 504. Divergences, 505. Cf. ôsoXoyta ; 6eoX6Yoç. Théophore, 499 ; 492. Tbeotokos, 41; 56; 8; 29; 111; 118; 142; 265-267; 492; 497; 506; 508. Cf. QeoTéxoç ; Anath. 1 ; maternité divine. Tome. Tome aux Arméniens (Proclus), 509. Tome de Léon, 512. Tradition, 65 ; 66 ; 344. Cf. izocpàSoaiq, progrès, argumentation théologique. ■ Transcendance divine, 73 ; 87 ; 82. Transformation de l'âme, 421 ; 422. Union transformante, 322 sq. Travail, 405. Trinité. Triade plotinienne, 42 ; 43 ; 434. Trithéisme, 6 ; 42 ; 238. Doctrine trinitaire, 43. Trinité et sanctification, 91 ; 92. Trinité et Eucharistie, 217. Trinité et salut, 420, n. 1 ; 423, n. 5. Distinction dans la Trinité, 44, Cf. modalisme ; subordinatianisme ; Père ; Pils ; Esprit-Saint; Verbe; Adoption; Divinisation et mots grecs correspon- dants dans la table des mots grecs, Tptaç ; IlaTT^p ; Tl6ç ; nvei5(xa ; Aàyoc, ; uicôeafa, etc. U Unicité. Unicité de personne dans le Christ, 114-144. Union, Union des deux natures dans le Christ, 120 (preuve scripturaire) ; 121 (preuve par la tradition). Cf. Ivwatç ; 7c7jotç, 50 ; 59 ; 153, n. 2. êveïvat, 76. Ivépysia, 238 ; 238, n. 1 ; 241, n. 2 ; 247 ; 252 ; 425, n. 6 ; 512 ; 518. héç)yf][L«,, 238, n. 1, ëvvoia, 21 ; 132. ëvvooç, '18. èvolx-riaiq, 124 ; 316. tvàxTiç, 125 ; 125, n. 3 ; 147 ; 194 ; 286, n. 3 ; 397 ; 308. èvoàpxwaiç, 50. èvuTcéoTaciç, 130, n. 1 ; 130, n. 2. évtùôsÊç, 264, n. 4 ; 266, u. 1. ëvcùoiç, 117 ; 117, n. 1 ; 118 ; 124 ; 125 ; 125, n. 3 ; 126 ; 128, n. 2 ; 129 ; 130 ; 134 ; 142 ; 194 ; 239 ; 307 ; 316 ; 438; 439 ; 484 ; 495 ; 498 ; 505 ; 511. è^'/)Yï)otç, 84. n. 3. gÇtç, 252 ; 255. IÇouaÉa, 160, n. 4. èmaovploc, 38. êTriXuoiç, 73. êTT^voia, 42. ÈTrCoxoTTOç, 290 ; 456, n. 7 ; 457 ; 481. ÈTtiaToXoçàpoç, 350. è'pxo[i.at, 79, n. 1 ; 102. ÉCTTcépa, 290. TABLE DES MOTS GRECS 58S ^Tepoç, 127, n. 7 ; 134 ; 152, n. 1 ; 181, n. 8 ; 240 ; 255 ; 296, n. 1 ; 307, n. 2 ; 466. érepoiiotoç, 254. érépoiç, 227, n. 5. zùonyyéXiov, 131, n. 4. eôXoyéoi, 308, n. 4. eôXoyCa, 190, n. 1 ; 197 ; 307, n. 2 ; 308, n. 4. sÔTTsCOeia, 328, n. 2. EÔoé6eia, 85. sûxapioTÔJ, 155, n. 6 ; 308, n. 4. e^xaptoT^a, 308, n. 4. idioc, 290. ti<à-ïl, 177, n. 2 ; 187 ; 232, n. 3 ; 247, n. 3 ; 290 ; 321 ; 383, n. 6 ; 386, n. 6 ; 387, n. 3 ; 401, n. 4 ; 436. î^woTTofoç, 59 ; 308, n. 4. riYoii[ji.evoç, 350 ; 359. Y)[jLspa, 99, n. 1 ; 158, n. 1 ; 158, n. 4. ■^vûaOai, 132, n. 1 ; 180. Oàvaxoç, 155, n. 8 ; 160, n. 2. ôaufiàotoç, 350. Oeia, 116 ; 130, n. 2 ; 239 ; 239, n. 6 241, n. 2 ; 245, n. 5 ; 247, n. 7 ; 290 307, n. 2 ; 357 ; 380, n. 3 ; 388 , n. 9 438 ; 487. Oeixûç, 157, n. 2. 0éX7]ciç, 238, n. 1. Oe^éXeia, 356 ; 356, n. 5 ; 356, n. 7. GeoeiSéç, 49, n. 4. OeoeiSécxaToç, 49, n. 4. OeoXoyetv, 142, n. 5. eeoXoyia, 47 ; 115 ; 142, n. 5 ; 157 ; 157, n. 2. SeoXôyoç, 142 ; 142, n. 5-; 349. OeoTcoiéw, 49, n. 4 ; 93 ; 254. Qeonolriaiq, 49, n." 4 ; 50 ; 438 ; 439. QeoTzxla, 401 ; 401, n. 4. Qeôq, 22, n. 1 ; 26 ; 48 ; 50 ; 71 ; 72 ; 85 87 ; 99 ; 99, n. 1 ; 100 ; 104, n. 7 ; 119 n. 2 ; 132 ; 133, n. 4 ; 139 ; 141 ; 141 n. 1 ; 147 ; 151, n. 2 ; 151, n. 3 ; 155 n. 6 ; 158, n. 1 ; 158, n. 3 ; 170, n. 3 172, n. 1 ; 172, n. 12 ; 173, n. 1 ; 183 n. 3 ; 184, n. 1 ; 190, n. 6 ; 227, n. 5 231, n. 7 ; 232, n. 2 ; 239 ; 239, n. 7 242 ; 246 ; 254 ; 254, n. 3 ; 266, n. 2 275 ; 315 ; 337, n. 1 ; 337, n. 4 ; 384, n. 2 ; 395, n. 1 ; 425, n. 3 ; 466 ; 474 ; 477 ; 495 ; 505 ; 506 ; 512 ; 514 ; 518. 6eooé6sia, 85, ee6T7]ç, 42, n. 5 ; 42, n. 6 ; 43, n. 1 ; 102 ; 127 ; 172, n. 10 ; 238, n. 1 ; 247, n. 8 ; 248, n. 1 ; 402, n. 5. OsoTàxoç, 8 ; 58 ; 70 ; 105 ; 134 ; 147 ; 149 ; 257 ; 265 ; 265, n. 1 ; 267 ; 472 ; 475 ; 481 ; 497 ; 506. Oeouv, 49, n. 4. 6eoOa0at, 49, n. 4. 6eo(p6poç, 58 ; 499. Qe(ùpLa, 7 ; 377 n. 9. QspccTzela, 85. Géaiç, 183, n. 1 ; 183, n. 3 ; 184 ; 184, n. 1 ; 425, n. 3 ; 465. OeoreéCTtoç, 349 ; 357. Qéaaiç, 49, n. 4. Bépuêoç, 155, n. 5. 6pr]CT)te£a, 85. Oiipa, 232, n. 3. OùpaOev, 232, n. 2. ESixèç, 42, n. 5 ; 238, n. 1 ; 402. [Sixôiç, 238 ; 238, n. 1. ISiOTtoieiv, 134 ; 148 ; 160, n. 4. ÏSioç, 127, n. 7 ; 134 ; 148 ; 159 ; 170, n. 3 ; 172, n. 11 ; 173, n. 1 ; 173, n. 6 ; 177, n. 3 ; 190, n. 6 ; 226 ; 231, n. 7 ; 240 ; 243, n. 5 ; 246, n. 1 ; 247, n. 7 ; 247, n. 8 ; 248 ; 250 ; 259, n. 5 ; 266, n. 1 ; 321 ; 422, n. 5 ; 436 ; 485 ; 505. IStoTvjç, 141, n. 1. IStwpta, 145 ; 148, n. 2. Iep6ç, 349 ; 459 ; 485. Ispoupyôç, 209 ; 212 ; 849 ; 350. lepoupyetv, 204. laTopioc 7 ; 377 n. 9. xaOoXtxoç, 289 ; 289, n. 1 ; 290. xàXXoç, 96 ; 253. xav(iôv, 460. xaTaXa(Ji6aveïv, 87 ; 101 ; 102. xaTa9Xuapoijat{v), 117, n. 1 ; 141 ; 171 ; 515 ; 516 ; 516, n. 1 ; 517. xaToixr]ctç, 124. xévojciç, 173, n, 9 ; 383, n. 5. xeçaX'/), 315. xsxwpicrjjLévoç, 133, n. 1. xrjpuyfia, 353. xowoç, 238, n.l ; 290 ; 339, n. 4 ; 345. 584 TABLE DES MOTS GRECS xoivtûveïv, 22, n. 1. xoivcùvta, 49 ; 81 ; 314. xoivtdv6ç, 239 ; 239, n. 6 ; 245, n. 5 ; 307, n. 2. xopuçaïoç, 350 ; 357 ; 358. xpSciç, 498 ; 505. XTtÇeiv, 94. XTÊotç, 170, n. 3 ; 231, n. 6 ; 238, n. 1 ; 243, n. 5 ; 395, n. 1. xiiptoç, 59 ; 99, n. 1 ; 222 ; 223 ; 400 ; 505. XaXeïv, 248. Uyziv, 134 ; 141, n. 1 ; 152, n. 1 ; 153, n. 2. MOoç, 356. X6yoç et Aoyoç, 22, n. 1 ; 78 ; 93, n. 4 100 ; 101 ; 104, n. 7 ; 131 ; 131, n. 3 131, n. 4 ; 132 ; 139 ; 141 ; 141, n. 1 147 ; 153, n. 2 ; 158, n. 3 ; 170, n. 3 173, n. 1 ; 173, n. 3 ; 173, n. 5 ; 173 n. 6 ; 173, n. 9 ; 186 ; 243, n. 5 ; 247 n. 7 ; 259, n. 5 ; 316 ; 320 ; 459 ; 466 475 ; 477 ; 485 ; 495 ; 497 ; 505 ; 506 512; 514; 518. XtiTCY), 155, n. 7. (xaeyjToç, 351 ; 353 ; 355 ; 357 ; 358 ; 359. [xaxàptoç, 349 ; 516. fiéOe^tç, 49 ; 81 ; 181, n. 8 ; 182 ; 184 ; 190, n. 6 ; 192 ; 193 ; 193, n. 3 ; 194 ; 232, n. 2 ; 239 ; 241, n. 2 ; 243 ; 247, n. 6 ; 314. ltsQiaTï)[i.i, 255. jjiéaoç, 252. txeTacyxeudc^cù, 231, n. 7. y-troxh, 81 ; 187 ; 190, n. 2 ; 190, n. 6 ; 245 ; 246 ; 254 ; 314 ; 380, n. 3. jxeToxtxôç, 252. jxéxoxoç, 290. (XsTpov, 152, n. 1 ; 157, n. 2 ; 226. [i-f]rï]p, 266, n. 1 ; 266, n. 2. y.la, 42, n. 5 ; 42, n. 6 ; 43, n. 1 ; 102 ; 115 ; 131 ; 131, n. 4 ; 132 ; 139 ; 141, n. 1 ; 147 ; 289 ; 289, n. 1 ; 339, n. 4 ; 495 ; 496 ; 505 ; 512 ; 514 ; 518. {jL^fjLTjCTtç, 49 ; 81 ; 182 ; 183, n. 1 ; 183, n. 6; 184; 425, n. 2 ; 425, n. 3. [lilLq, 505. (jLovoyevriç, 99, n. 1 ; 127, n. 7 ; 128, n. 3 ; 141, n. 1 ; 173, n. 9 ; 177, n. 3 ; 184, n.l ; 231, n. 7 ; 468. (xdvoç, 131, n. 3 ; 253 ; 275 ; 425, n. 2 ; 425, n. 3 ; 485. (xopç^, 127 ; 130, n. 2 ; 132, n. 1 ; 133 ; 171, n. 4 ; 253 ; 506. [xuarriptov, 238, n. 1; 292; 313 ; 313, n. 2 ; 350 ; 383, n. 3. [jtuCTTixéç, 190, n. 1 ; 307, n. 2 ; 308, n. 4 ; 313 ; 313, n. 2. va6ç, 243, n. 5. veôcviç, 272. voeîv, 42, n. 5 ; 102 ; 141, n. 1 ; 248, n. 1 ; 499. vouç, 51 ; 66 ; 78 ; 401 ; 401, n. 4 ; 437 ;. 485. ôS7)y6ç, 19 ; 158, n. 6. ô86ç, 232, n. 3. olxEÏoç, 159, n, 3. olxeiÔTYjç, 239, n. 7. olxetouaOai, 134 ; 148 ; 157, n. 2 ; 174, n. 1. oïxQÔev, 95. ohcovo[ieïv, 151, n. 4 (S) ; 157, n. 5 ; 158, n. 4. olxovo[xÉa, 115 ; 152, n. 4 (d) ; 153, n. 2 ; 155 ; 157 ; 157, n. 2 ; 157, n. 5 ; 158, n. 1 ; 158, n. 4 ; 173, n. 1 ; 475 ; 483. otxovopLixôç, 157, n. 2 ; 157, n. 5 ; 158 ; 173, n. 9. , oîxovofxôv, 157, n. 5. olxo6(xevoç, 339, n. 4. ôfjLOYSvéç, 172, n. 11 ; 173, n. 6. ô(xoioç, 254. Ô(jloi6t/]ç, 81 ; 183, n. 1 ; 184, n. 1 ; 243, n. 5 ; 422, n. 5. 6\ioi(ù\i(x,, 81. ôjxottùç, 238, n. 1. ô(jt,otû)CTCç, 52 ; 83 ; 95 ; 152,. n, 4 (d) ; 253. ôfjioXoyeîv, 134 ; 473 ; 477 ; 506. ôfjLoXoyta, 265, n. 1, ôfjiooiioioç, 93, n. 4 ; 99, n. 1 ; 103, n. 3 ; 170, n. 3 ; 172, n. 11 ; 290-456. ôfjiocpuifiç, 103, n. 3. ovofxa, 170, n. 3. ôpaxéç, 71, n. 1. opQàBoioq, 38 ; 290. Ôpoç, 172, n. 10. ouata, 99, n. 1 ; 102 ; 115 ; 125, n. 3 ; 126 ; 127 ; 172, n. 8 ; 238, n. 1 ; 247 ; 249, n. 3 ; 495. TABLE DES MOTS GRECS 585 ■oùoicùSûç, 94 ; 95 , 246 ; 247, n. 3 ; 249. TcàSoç, 169 ; 208. Tcavayta, 283. Tcavàpiaxoç, 349. TcovàxpavToç, 283. - jrapàéaciç, 95 ; 170, n. 3. TrapaYûiY'r), 47, n. 1. irapàSsiYM'a>.44 ; 78. TtapàSo^oç, 113. :7rapàSooiç, 66. TrapàxXvjToç, 290. TcapOevta, 112, n. 8. TrapÔévoç, 134 ; 265, n. 1 ; 272 ; 275 ; 282 ; 506. Tcapouoia, 48 ; 241 ; 345. Traaxeïv, 99, n. 1 ; 141 ; 155, n. 5 ; 506. Ttar^p, 19 ; 20 ; 43, n. 1 ; 71, n. 1 ; 87 99, n. 1 ; 100 ; 104, n. 7 ; 155, n. 6 157, n. 2 ; 158 ; 158, n. 4 ; 170, n. 3 172, n. 1 ; 172, n. 10.; 173, n. 9 190, n. 6 ; 224 ; 227, n. 5 ; 230, n. 2 238, n. 1 ; 239 ; 239, n..7 ; 243, n. 5 246 ; 248, n. 1 ; 250 ; 250, n. 2 ; 290 325 ; 337, n. 1 ; 337, n. 4 ; 370 ; 383 n. 3 ; 395, n. 1 ; 422, n. 5 ; 454 ; 455 455, n. 3 ; 456 ; 456, n. 7 ; 457 ; 470, n. 1 ; 485 ; 487 ; 487, n. 1. TTstOapx^a, 328, n. 2. 7ire7cepa(j[j!.évoç, 82. Tûérpa, 356 ; 356, n. 7. TZ7]yr], 100 ; 895, n. 1, TCTjSàXiov, 86. ttCotiç, 42, n. 6 ; 66 ; 304 ; 337, n. 1 355; 358; 384, n. 2; 402, n. 1 402, n. 5 ; 437 ; 460 ; 465 ; 466 ; 475 485 ; 514. TcXif)pa)[xa, 226. 7tveu(j.a et IIveîjtAa, 43, n. 1 ; 79 ; 174, n. 1 ; 177, n. 2 ; 177, n. 3 ; 183, n. 5 ; 190, n. 1 ; 190, n. 2 ; 221 ; 222 ; 227, n. 5 ; 230, n. 2 ; 231, n. 6 ; 231, n. 7 ; 232, n. 2 ; 232, n. 3 ; 238, n. 1 ; 239, n. 6 ; 240, n. 4 ; 247, n. 8 ; 248, n. 1 ; 254 ; 290 ; 307, n. 2 ; 328 ; 337, n. 1 ; 337, n. 4 ; 342, n. 2 ; 370 ; 380, n. 3 ; 385, n. 6 ; 395, n. 1 ; 408, n. 10 ; 422, n. 5 ; 483, n. .1. 7TveuaaTtx6ç, 21 ; 93, n. 4 ; 197 ; 239, n."7 ; 308 ; 308, n. 4 ; 342, n. 3 ; 386, n. 4 ; 402, n. 2. TTveufJtaTtxûç, 190, n. 1 ; 192 ; 193 ; 385, n. 6. 7tveu(xaTO(p6poç, 102 ; 425, n. 6. 7coieïcrtç, 90, TTpééeotç, 90. TcpoxÔTtTetv, 153, n. 2. TTpdxpiToç, 359. Tcpévota, 86. TrpooâYetv, 205. TzpoasMxh^ 155 ; n, 6 ; 217 ; 418, n. 6. TTpoojtuvetv, 286, n. 3. 7UpO(TXl!)V7)ClÇ, 79. 7cpo(yXa(j(.6àveiv, 133. Tcp6cyX7]4'tÇî 124. 7tp6cftù7Tov, 7.; 26 ; 115 ; 116 ; 126 ; 129 ; 130 ; 131 ; 131, n. 4 ; 132 ; 152, n. 1 ; 170, n. 3 ; 173, n. 7 ; 238, n. 1 ; 422, n. 5 ; 496 ; 505. Ttpoiixoiv, 350 ; 353 ; 353, n. 7 ; 353, n. 8. TTpocpTQTiQÇ, 22, H. 1 ; 84, n. 3. Tupoàopixoç, 101. Trpoxeiv, 223, n. 8 ; 226 ; 230, n. 2. TTpCùTOÇ, 275. TrpojTéToxoç, 173, n. 9 ; 275 ; 387, n, 3. capxtxtoç, 497. aapxcùG^vat, 99, n. 1 ; 141. oàpxtociç, 505. câpl, 104, n. 7 ; 127 ; 127, n. 7 ; 133 ; 133, n. 6 ; 134 ; 141, n. 1 ; 148 ; 160, n. 4 ; 170, n. 3 ; 173, n. 1 ; 173, n. 6 ; 173, n. 9 ; 184, n. 1 ; 190, n. 6 ; 192 ; 192, n. 2 ; 194 ; 240 ; 246, n. 1 ; 264, n. 4 ; 266, n. 1 ; 383, n. 5 ; 385, n. 6 ; 474 ; 503 ; 505 ; 506. creaapxwtxévoç, 131, n. 4 ; 132 ; 139 ; 141, n. 1 ; 147 ; 477 ; 495 ; 505 ; 506 ; 512 ; 514 ; 518. CT7][jieïov, 77. oxoTÎa, 102. aocp£a, 70 ; 80 ; 101 ; 157, n. 2 ; 158, n. 4 ; 247, n. 3 ; 437 ; 438. CToçoç, 349. 586 TABLE DES MOTS GRECS 07tép[i,a, 231, n. 7 ; 254. OTr)piY(jia, 358 ; 359. cuyysvsta, 173, n. 8 ; 241. GuyYsviQç, 512 ; 518. a\)yx >^^ W221F X^4M M ^«24 '(2 ,(^ ^^„,: â Jtn2d H J«!« 1 8 196 ^°^ j^'t^i 2 8 m ^'?>^ s